lundi 16 mars 2009 :
Sedlacek ferme le ban.
Il
y a un premier et un dernier, Norbert
Sedlacek
(Nauticsport Kapsch), sur cette sixième édition du Vendée
Globe. Norbert aura bouclé son parcours en 126 jours 5 heures
et 31 minutes et sempare de la 11ème et dernière place
du classement sur les 30 engagés au départ. Lautrichien,
à la barre du seul bateau construit en aluminium, devient également
le « meilleur dernier » de lhistoire de la course.
On navait jamais parlé autant allemand au sein du village
du Vendée Globe. Dans le soleil couchant, Norbert a eu droit
un chaleureux bain de foule, les centaines de Sablais agitant frénétiquement
des petits drapeaux autrichien. Radieux, en pleine forme, lancien
barman et conducteur de tramway a retrouvé son public qui la
adopté depuis quil sest lancé dans laventure
il y a maintenant huit ans. « Cest extraordinaire. Merci
les Sablais pour ce moment fabuleux que je suis entrain de vivre ».
Son abandon il y a quatre ans suite à une avarie de quille est
désormais aux oubliettes. « Lesprit du Vendée
Globe, cest de partir et de revenir, peu importe la place. Je nai
jamais eu peur pour moi, pour le bateau, tout le temps. Il faut un peu
de chance pour arriver jusquici, jen ai une même si
jai eu ma dose de soucis techniques. Quand tu pars avec un vieux
bateau comme le mien, tu sais que tu vas avoir des problèmes, jétais
donc préparé en conséquence ».
Plus rapide quil y a quatre ans
Il y a quatre ans, Karen
Leibovici fermait la marche, soctroyant la
13ème place au classement sur les 20 inscrits au départ.
Son temps de course : 126j 08h 02, soit 2h30 de plus que Norbert
Sedlacek! La lecture des classements laisse dailleurs apparaître
une amélioration régulière des temps de course des
derniers, exception faite de lédition 2000/2001 où
litalien Pascale De Gregorio avait mis 158 jours. Cette édition,
la première gagnée par Michel Desjoyeaux,
marque également le plus grand écart entre un premier et
son dernier : 65 jours, contre 42 jours aujourdhui, le plus
petit datant de 1996/97 avec 35 jours entre Christophe
Auguin et Catherine
Chabaud. Mais le concurrent le plus « lent
» de toute lhistoire reste bien sûr Jean-François
Coste, avec ses163 jours de mer lors de la première édition.
Il était arrivé 53 jours après Titouan
Lamazou.
Extraits de la conférence de presse
« Cest après avoir fait le tour de lantarctique
en solitaire que jai songé au Vendée Globe. Je ne
me voyais pas uniquement naviguer en croisière, javais besoin
de compétition. Cest là où jai rencontré
Thierry Dubois qui ma fait naviguer sur son bateau, aujourdhui
aux mains de Rich. Cest là que tout a commencé. Jai
monté les marches unes à unes, à mon rythme, jusquà
cette dernière marche aujourdhui. Huit ans de ma vie sachèvent.
Jai vraiment réalisé cela il y a deux ou trois jours.
Demain est un autre jour ».
« Je ne sais pas si je serai là dans quatre ans. Pas avec
mon vieux bateaux en tous cas. On a vécu une belle histoire damour,
mais comme dans tout couple, on a vécu aussi de gros problèmes.
Je lui ai donné un dernier baiser après la ligne ».
« Jai reçu beaucoup de mails dencouragements,
je ne savais pas que javais autant de fan. Merci à eux ».
« Le meilleur souvenir, cest ce soir. Jai été
le plus vite possible, faire 90 jours avec mon bateau, ce nest tout
simplement pas possible ».
dimanche 15 mars 2009 :
Sedlacek aujourd'hui aux Sables
Le
navigateur autrichien Norbert
Sedlacek fermera
cet après-midi la marche du Vendée Globe 2008-2009 (photo).
Le skipper de Nauticsport-Kapsch était positionné ce dimanche
matin (04h30 locale) par 3° 21.58' de longitude Ouest et 46° 11.00'
de latitude Nord, c'est à dire à la hauteur de l'île
de Ré. Le monocoque jaune n'était plus qu'à 67,4
milles de l'arrivée et marchait à 8,5 noeuds cap à
l'Est. Norbert devrait donc comme prévu couper la ligne d'arrivée
de son Vende Globe aujourd'hui en fin d'après-midi.
Norbert boucle la boucle
Clap de fin sur le Vendée Globe aujourdhui dimanche 15 mars
à 18h 33 avec larrivée de Norbert Sedlacek
(Nauticsport-Kapsch). A 46 ans, lautrichien soctroie la 11ème
et dernière place de cette sixième édition qui comptait
trente concurrents au départ.
Norbert aura mis 126 jours 5 heures 31 minutes et 56 secondes pour
boucler son parcours long de 27 707 milles, soit 9,15 nuds de moyenne
sur leau. Contraint à labandon il y a quatre ans, lancien
fonctionnaire des transports urbains autrichiens a réussi cette
fois à aller au bout de son rêve.
100% amateur !
Cette estampille, Norbert Sedlacek la partage avec laméricain
Rich Wilson (9ème). Deux sur trente, ce nest pas beaucoup
et on retiendra que tous deux ont réussi à revenir à
bon port, ce qui représente, tout le monde la bien compris,
une performance qui suffit à leurs bonheurs. Le public Sablais
ne sy est pas trompé et a accueilli lautrichien merveilleusement.
Soleil, grand bleu et petits airs ont favorisé la sortie dominicale
sur la grande bleue, si bien quil ny jamais eu autant de monde
sur leau, même pour le roi Desjoyeaux.
Cette arrivée de toute beauté restera sans aucun doute à
jamais ancrée dans la mémoire de Norbert.
samedi 14 mars 2009 :
Raphaël Dinelli, 10e du Vendée Globe
2008-2009
Raphaël
Dinelli a franchi la ligne d'arrivée du Vendée Globe,
ce samedi 14 mars à 15h, 34mn et 24s, au terme de 125 jours, 02
heures, 32 minutes et 24 secondes de course, à la moyenne de 8,23
noeuds sur le parcours théorique. De retour au port en dixième
position, le skipper Sablais s'apprête à goûter aux
ovations du public. Raphael aura parcouru sur l'eau 28 140 milles à
la moyenne de 9,37 noeuds.
Fondation Ocean Vital était le onzième monocoque à
sortir du port le 9 novembre dernier. A son bord, un Raphaël Dinelli
serein et conscient des faiblesses de son bateau dont les capacités
ne pouvaient égaler celles des bateaux de dernière génération.
Comme il le disait, au-delà de l'enjeu sportif, ce Vendée
Globe était un bon moyen de mettre à l'épreuve et
de tester les moyens énergétiques embarqués : éolienne
à axe vertical et nouveaux panneaux solaires.
Il embarquait pour son quatrième Vendée
Globe et il n'allait pas faire exception à la règle des
avaries. Un gennaker qui part à l'eau et se déchire dès
les premiers jours de course, puis un surgainage de drisse qui l'empêche
d'affaler sa grand-voile. Le cap de Bonne-Espérance le verra passer
en 22ème position, en compagnie de Norbert
Sedlacek - premier d'une série
de tête-à-têtes pour les deux skippers. Il prend ensuite
une option Nord au passage des îles Kerguelen, puis les ennuis reprennent
le 25 décembre : "Gros départ au lof, ce matin avec
trois ris et trinquette. Grain à 50 nuds suivi de plusieurs
empannages violents. Dégâts sur les lazy-jacks cassés,
gros vrac à l'intérieur, je navigue maintenant sous trois
ris seul mais ce n'est pas stable." Quelques jours plus tard,
toilé de sa seule trinquette, avec un pilote tribord hors-service,
un déssalinisateur défectueux et tout son système
en déficit d'énergie à cause du manque de soleil,
il se pose alors la question d'une éventuelle escale technique.
Cependant, Fondation Ocean Vital tient bon et entre dans le Pacifique,
avec l'espérance d'un peu de calme.
En guise de calme, c'est une véritable guerre des nerfs qui lui
est proposée : bord à bord avec le skipper autrichien, le
Pacifique va être traversé au près, nourrissant plus
que jamais l'impatience de voir le Cap Horn... Rocher qu'il passera le
2 février, entre grains et baleines. Au début de sa remontée
de l'Atlantique, le 4 février se signale par une tentative de mouillage
infructueuse, dans la baie de Port Stanley, aux Malouines. Inquiet de
l'usure de sa drisse, mais ne pouvant stabiliser le bateau pour effectuer
les réparations nécessaires, le skipper y recevra néanmoins
une assistance médicale, sous la forme d'un paquet de médicaments
pour soigner une tendinite chronique au coude.
La prudence qui semblait désormais s'imposer est vite prise de
cours : trois jours de violents grains le cueillent dans sa remonté
vers le Brésil, faisant de Fondation Ocean Vital, le jouet d'une
dépression que le skipper définira comme "bestiale".
C'est usé par cet épisode et une longue route sous le soleil
brésilien, que l'homme et le bateau arriveront dans l'Atlantique
Nord. C'est pourtant la fin du parcours qui va faire payer le prix fort
au skipper Sablais. Le 2 mars, à 500 milles dans le Sud-Ouest de
larchipel des Açores, il voit sa bôme se briser en
deux lors du passage d'une dépression. Alors qu'il se trouve en
pleine réparation, une vague le déséquilibre et le
projette sur le balcon arrière. Diagnostic : une côte fêlée
ou cassée.
C'et donc une arrivée sous le signe du courage et de la persévérance
qui marque la fin de ce quatrième Vendée Globe de Raphaël
Dinelli. Le skipper s'était déjà distingué
en remportant la Transat Jacques Vabre 1997, ainsi qu'une troisième
place dans la Route du Rhum 1998."
vendredi 13 mars 2009 :
Raphaël Dinelli ce samedi aux Sables dOlonne
Raphaël
Dinelli vit son dernier jour de mer dans
ce 6e Vendée Globe. Le skipper vendéen est attendu chez
lui aux Sables dOlonne demain samedi dans laprès-midi,
où il va prendre une 10e place méritée après
environ 125 jours de mer
comme il y a quatre ans !
Fondation Ocean Vital na plus devant lui que quelques heures de
navigation solitaire avant de franchir la ligne darrivée
du Vendée Globe, en 10e position. Même sil a été
contraint de remonter vers le nord pour conserver de la pression dans
le système de vents faibles qui se prélasse sur le golfe
de Gascogne il faisait route ce vendredi matin au large de la baie
dAudierne, avant de plonger à la latitude de Belle-Ile
Raphaël Dinelli va en terminer avec son tour du monde demain
samedi 14 mars. De toutes les éditions depuis 1996 cest
donc sa 4e participation il glanera demain à la fois sa
deuxième boucle réussie (chavirage en 96/97 alors quil
était parti en « pirate » et abandon sur avarie de
safrans en 2000/2001) et à la fois son meilleur classement dans
lépreuve puisquil avait terminé 12e voilà
quatre ans.
Au terme denviron 125 jours de mer, une quarantaine de plus que
le vainqueur Michel Desjoyeaux, Raphaël
devrait recevoir un accueil chaleureux de ses compatriotes Sablais, lui,
le seul Vendéen de lépreuve. Joint ce matin par le
PC Presse du Vendée Globe, il se montrait dhumeur joviale
en précisant ses estimations darrivée : «
Je couperai la ligne à 15h30 comme prévu, bâbord amures
au travers dans de louest-nord ouest dune quinzaine de nuds
et il fera grand beau ! Comme je nai ni spi ni gennaker, je vais
descendre dabord vers Jard-sur-mer, pour remonter ensuite vers Les
Sables, bien lancé. Les Sables dOlonne cest mon jardin,
alors je veux faire ça bien ! »
Remontée du chenal vers 16h30
La remontée du chenal devrait suivre vers 16h30
« cest toujours un grand moment démotion et je
pense que les Sablais seront au rendez-vous, comme il y a quatre ans où
javais eu beaucoup, beaucoup de monde. Ce sera un grand moment,
pas seulement pour moi mais pour toute léquipe de la Fondation
Ocean Vital qui a prouvé que lon pouvait faire un tour du
monde en produisant son énergie uniquement avec des systèmes
propres, éolienne et des panneaux solaires. » Côté
bilan sportif, « je suis à ma place, pas de souci. Lécart
avec les bateaux de dernière génération est le même
que voilà quatre ans et en à peu près 125 jours je
serai pile dans mon objectif ».
« Cest marrant dailleurs, car je vais faire le même
temps que voilà 4 ans » samuse encore le skipper
de Fondation Ocean Vital. En effet, si Raphaël coupe la ligne à
15h30 comme il lannonce, il bouclera ce Vendée Globe en 125
jours et 2 heures contre
125 jours et 4 heures en 2004/2005 !
Pour lheure, il « gère les derniers instants de
mer » en discutant à la VHF avec des marins pêcheurs,
en tenant les comptes de sa production dénergie propre «
des données qui seront utiles à la Fondation », en
se félicitant de lexcellente réparation de sa bôme
brisée « qui pourrait presque repartir pour un tour du
monde » et en remerciant les dieux de lui accorder du petit
temps pour finir, plus confortable pour supporter la douleur de sa côte
cassée.
Au pointage de 11h ce vendredi, il ne lui restait plus que 156 milles
à couvrir et Fondation Ocean Vital marchait à 8,6 nuds.
La dernière nuit devrait être magnifique « sous
un clair de lune splendide comme la nuit dernière, passée
dans le rail des cargos ». De derniers instants à savourer,
en attendant la grande fête sablaise de demain et les retrouvailles
avec femme et enfants.
Sedlacek dimanche soir ou lundi matin
LAutrichien Norbert
Sedlacek, lui, devra patienter 30
à 48 heures de plus pour connaître ce même bonheur
de boucler un tour du monde en solitaire sans escale et sans assistance.
Le skipper de Nauticsport-Kapsch, qui ferme la marche en 11e position,
était pointé ce matin à 427 milles de larrivée
et tenait une moyenne de 8 nuds. Il devrait arriver aux Sables dOlonne
au dimanche soir ou lundi matin.
En bref
. Pour accueillir Raphaël Dinelli, demain, suivre son
évolution sur le site Internet www.vendeeglobe.org. Compte tenu
de la marée à gros coefficient, il ne devrait pas remonter
le chenal avant 16h - 16h30.
. Steve White est rentré à la
maison, à Gosport en Angleterre, avec son bateau, convoyé
depuis Les Sables dOlonne avec un des militaires qui bénéficie
des actions de lorganisation « Toe in the Water », dont
le monocoque de Steve portait les couleurs pendant ce Vendée
Globe terminé à la 8e place. Steve a été
accueilli par Dee Caffari,
Brian Thompson et Alex
Thomson
et na pas fait mystère de son intention
dechercher un budget pour revenir dans 4 ans, avec un bateau neuf.
jeudi 12 mars 2009 :
Raphaël Dinelli dans le golfe de Gascogne
Dans son 123e jour de Course, Raphaël
Dinelli vient de franchir la longitude 10°
ouest, à hauteur de Sables d'Olonne. Autrement dit il entre dans
le golfe de Gascogne, dernière épreuve qui lui est imposée
avant l'arrivée, dans des vents faibles.
Sur son Fondation Ocean Vital, le Sablais Raphaël Dinelli
n'avait plus que 318 milles à couvrir au pointage de 10h30 ce jeudi
matin pour regagner son port dattache et ainsi boucler ce sixième
Vendée Globe. Mais comme on le craignait hier, sa vitesse avait
fortement chuté : 4 noeuds de moyenne depuis le classement de la
nuit, 5 noeuds en instantané. Autant dire que Raphaël Dinelli
ne devrait pas pouvoir arriver avant samedi aux Sables d'Olonne, où
il coupera la ligne d'arrivée à la 10e place de ce Vendée
Globe. Avec la satisfaction d'avoir réussi à réparer
efficacement la bôme brisée de son monocoque et surtout,
bien sûr, le sentiment du devoir accompli après plus de quatre
mois de mer.
Le dernier, l'Autrichien Norbert
Sedlacek, devra vraisemblablement
patienter un à deux jours de plus pour connaître ce même
bonheur d'avoir bouclé une circumnavigation solitaire complète
en course, avec une place de 11e à la clé. Son Nauticsport-Kapsch
a été quelque peu ralenti lui aussi par les vents faibles
au grand large du cap Finisterre, mais il parvenait tout de même
à progresser à un peu plus de 7,5 noeuds de moyenne au dernier
pointage. Norbert se trouvait alors à 593 milles des Sables d'Olonne,
où il est attendu dimanche, ou plus vraisemblablement lundi.
mercredi 11 mars 2009 :
Derniers jours de mer pour Dinelli et Sedlacek
Les deux concurrents encore en mer - Raphaël
Dinelli et Norbert
Sedlacek - vont prendre respectivement
les 10e et 11e place de ce Vendée Globe. Et ce probablement d'ici
samedi pour Raphaël et dimanche ou lundi pour Norbert.
Au pointage de 11h ce mercredi, alors que sachève le 122e
jour de course, Raphaël Dinelli n'est plus qu'à 416 milles
de la ligne d'arrivée aux Sables d'Olonne. Son Fondation Ocean
Vital est à la latitude du port vendéen et marche à
un peu plus de 9 noeuds de moyenne efficace sur la route (9,3 exactement).
Si les conditions de vent portant se maintenaient, Raphaël pourrait
donc en terminer en deux jours et couper ainsi la ligne dès vendredi.
Mais il y a un risque de pétole sur la fin de parcours qui pourrait
différer légèrement son arrivée, plus probable
samedi dans ce cas. Raphaël Dinelli bouclera ainsi son tour
du monde à une 10e place inespérée pour lui au départ.
Le 11e et dernier, l'Autrichien Norbert Sedlacek, est également
dans ce cas de toucher du doigt un classement quil nimaginait
pas voilà quatre mois. Norbert tente actuellement de prendre le
wagon du flux de Sud-Ouest au très grand large du cap Finisterre.
Mais il lui reste encore 821 milles à couvrir et sa moyenne journalière
actuelle tourne aux environs de 255 milles. Son Nauticsport-Kapsch ne
devrait donc pas arriver aux Sables d'Olonne avant dimanche ou lundi,
pour mettre un point final à ce Vendée Globe 2008/2009.
Longtemps compagnons de route par exemple dans un Pacifique quils
ont traversé quasiment bord à bord les deux hommes
devraient être accueillis par une foule encore enthousiaste, comme
le veut la très respectable tradition de lépreuve,
du premier au dernier. Ils lauront bien mérité eux
aussi
après plus de quatre mois de mer en solitaire !
mardi 10 mars 2009 :
Rich Wilson 9ème du Vendée Globe
Après son arrivée vers 13h30, il ne restera
que 2 marins en mer, Raphaël
Dinelli (Fondation Ocean Vital) et Norbert
Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) se trouvent
respectivement à 691 et 1141 milles de Port Olonna.
A bord de son Great American III construit en 1999, l'américain
Rich
Wilson vient de s'octroyer la 9ème
place du Vendée Globe (voir photo).
Il a coupé aujourd'hui mardi 10 mars, à 13h43, la ligne
d'arrivée située au pied du port des Sables d'Olonne. Son
temps de parcours est de 121 jours 00 heures 41 minutes et 19 secondes,
sa vitesse moyenne de 8,55 nuds.
Rich Wilson aura donc mis 36 jours et 21 heures de plus que le
vainqueur Michel Desjoyeaux, arrivé
le dimanche 1er février. Les deux prochains et derniers concurrents,
Raphaël Dinelli (Fondation Ocean Vital) et Norbert Sedlacek
(Nauticsport Kapsch), devraient en finir ce week-end.
Le ciel est gris, la mer est forte, le vent d'ouest souffle encore à
plus de 25 nuds mais, comme d'habitude, le doyen de cette édition
aura eu droit à son entrée triomphante. Beaucoup de bateaux
sont venus à sa rencontre, avec sur l'un d'eux l'anglaise Samantha
Davies (4ème). Pour cet Américain de 58 ans,
haut diplômé de Harvard et résidant à Rockport
dans le Massachusetts, ce Vendée Globe est l'aboutissement d'une
carrière de navigateur amateur démarrée en 1980 avec
une victoire dans la course Newport - Les Bermudes. Il vient de boucler
avec panache son premier tour du monde en solitaire.
lundi 9 mars 2009 :
Rich Wilson demain à Port Olona
Le Vendée Globe de l'Américain Rich
Wilson (Great American III) devrait trouver
son épilogue demain mardi 10 mars. Situé ce lundi midi à
quelques 200 milles de la ligne d'arrivée, le deuxième Américain
de l'histoire du Vendée Globe devrait faire son entrée demain
après-midi dans le chenal menant à Port Olona.
Après Bruce Schwab
(Ocean Planet), lors du Vendée Globe 2004-2005, Rich Wilson
sera donc le deuxième citoyen américain à boucler
le Vendée Globe. A bord de son plan Bernard Nivelt construit en
1999 pour Thierry Dubois, ce diplômé de Harvard va donc pouvoir
savourer comme il se doit son juste retour à terre, après
plus de 120 jours passés en mer.
Progressant à près de 10 noeuds vers Les Sables d'Olonne,
Rich Wilson se prépare donc à passer sa dernière
nuit en mer, alors que ses deux poursuivants, Raphaël
Dinelli (Fondation Ocean Vital) et Norbert
Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) se trouvent
respectivement à 670 et 1114 milles dans son tableau arrière.
Pour cet Américain résidant à Rockport dans le Massachusetts
(USA), ce Vendée Globe sera l'aboutissement d'une carrière
de navigateur démarrée en 1980 avec une victoire dans la
course Newport - Les Bermudes. Il bouclera demain son premier tour du
monde en solitaire, sans escale et non sans panache.
dimanche 8 mars 2009 :
Estimations d'arrivées
Ce dimanche 8 mars, l'estimation d'arrivée des
3 derniers concurrents du Vendée Globe est la suivante :
- Rich
Wilson : entre le 9 à 18h et le 10
à 12h
- Raphaël
Dinelli : entre le 12 à 00h et le
13 à 06h
- Norbert
Sedlacek : entre le 14 à 00h
et le 15 à 18h
samedi 7 mars 2009 :
Jean-Pierre Dick déjà dans le Vendée
Globe 2012
Alors que les derniers concurrents du Vendée
Globe 2008-2009 en terminent avec leur tour du monde, Jean-Pierre
Dick a annoncé hier qu'il se fixait comme nouvel objectif
de participer au Vendée Globe 2012, à la barre d'un tout
nouveau monocoque signé Guillaume Verdier/VPLP* et dont la construction
devrait démarrer dès l'été prochain en Nouvelle-Zélande.
Rencontre avec le skipper du prochain Paprec-Virbac 3
Rich Wilson tire des bords vers Les Sables
Ce samedi matin, le navigateur Rich
Wilson (Great American III) est toujours
porté par un flux d'ouest qui l'oblige à enchaîner
les empannages vers Les sables d'Olonne qu'il pourrait atteindre dans
la journée de mardi prochain. Malgré une vitesse sur l'eau
de plus de 10 noeuds, sa vitesse de progression vers l'arrivée
n'est en effet que de 7,7 noeuds. Il est toujours suivi par Raphaël
Dinelli (Fondation Ocean Vital) qui a repris
de la vitesse depuis la réparation de sa bôme et se situait
ce matin à près de 600 milles dans son sillage. L'Autrichien
Norbert
Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) se trouve
pour sa part à 1700 milles de l'arrivée et progressait à
près de 7 noeuds à la latitude de Madère.
vendredi 6 mars 2009 :
Moins de 1000 milles
Ce vendredi 6 mars, 117e jour de course, le prochain
skipper à boucler son Vendée Globe, l'Américain Rich
Wilson, est passé au pointage de ce
matin sous la barre des 1000 milles (912,8 milles) de l'arrivée.
Il naviguait ce matin babord amure cap au nord-est en direction des îles
Britanniques afin de trouver le meilleur angle de vent pour sa descente
vers les Sables d'Olonne. Le skipper de Great American III est attendu
entre dimanche soir et lundi à Port Olona.
A 1000 milles exactement de Rich Wilson se trouve le dernier concurrents
de la course, l'Autrichien Norbert
Sedlacek à bord de son Nauticsport-Kapsch
qui poursuit sa remontée de l'Atlantique nord. Il maintenait une
moyenne de près de 8 noeuds et se trouvait ce matin à la
latitude des îles Canaries.
Quant au monocoque Fondation Ocean Vital de Raphaël
Dinelli, il n'était pas localisé
au classement de 5h00 ce matin. Raphael qui a terminé les
réparations de sa bôme, devrait pouvoir continuer sa course
à un meilleur rythme. Le skipper qui souffre d'une côte cassée
déclarait hier qu'il n'avait pas beaucoup dormi et que la position
allongée le faisait souffrir.
jeudi 5 mars 2009 :
Cap à l'ouest pour Rich Wilson
Rich
Wilson a réussi à contourner
l'anticyclone des Açores situé en plein milieu de l'Atlantique,
mais sa position tout au nord de l'anticyclone n'est pas facile à
gérer pour la suite de son parcours. Le skipper de Great America
III fait désormais un cap vers l'ouest et n'est plus ce matin qu'à
1137 milles des Sables d'Olonne.
Rich Wilson : "Le problème hier, c'était
que le vent était plein ouest. Nous ne pouvions pas naviguer avec
le vent plein arrière, mais seulement à 35 degrés,
ce qui signifie que nous devions mettre le cap au nord-est ou au sud-est.
En ralentissant, peut-être que nous aurions pu rattraper le vent
de sud-ouest pour prendre la route directe vers les Sables. Je n'ai pas
compris ce qui s'est passé durant la nuit dernière, le vent
s'est renforcé et on surfait à 18 nuds. J'ai regardé
les fichiers sur l'écran et j'ai enfin compris. Nous progressions
si rapidement que nous sommes passés au nord-est de l'anticyclone
et nous étions en train de retrouver le vent de nord-ouest. Cela
n'allait hélas être que temporaire, car plus tard nous étions
positionnés à nouveau tout en haut de l'anticyclone. J'étais
si fatigué que je me suis endormi à la table à cartes.
Je me suis réveillé plusieurs fois, mais j'ai trouvé
un prétexte chaque fois pour ne pas aller dehors et hisser la trinquette.
Je me suis dit que cela allait peut-être changer, que la mer devait
se calmer, que le vent devait mollir avant de la hisser
Mais j'ai
fini par sortir sur le pont et le vent a adonné un peu avec le
déplacement du système. J'ai empanné et là,
normalement, nous sommes sur une meilleure trajectoire
"
Rich progresse ce jeudi matin à plus de 10 noeuds alors
que pour Raphaël
Dinelli, l'histoire n'est pas la même,
suite à son avarie de bôme et à sa blessure à
une côte. Le skipper de Fondation Ocean Vital n'avançait
ce matin qu'à 4,7 noeuds cap au nord, il était situé
à l'ouest des Açores. Raphael se trouve encore à
1677 milles des Sables, quant à Norbert
Sedlacek, il poursuit son bonhomme
de chemin à un peu plus de 2000 milles de l'arrivée.
mercredi 4 mars 2009 :
Wilson accélère, Sedlacek réduit
son retard
L'Américain Rich
Wilson était ce matin le plus rapide
des trois derniers marins en course dans ce Vendée Globe. Il marchait
à 10,4 noeuds cap au 48°, soit sur une route directe vers la
ligne d'arrivée qu'il espère franchir le week-end prochain.
Derrière lui, Raphaël
Dinelli qui a subit une avarie de bôme
hier, a perdu quelques dizaines de miles cette nuit sur son poursuivant
direct, le navigateur autrichien Norbert
Sedlacek qui a touché les alizés.
Ce dernier ne se trouve plus en effet qu'à moins de 600 milles
de Fondation Ocean Vital et progresse ce mercredi matin 5 noeuds plus
vite sur la route directe.
Joint par téléphone hier, le skipper de Nauticsport-Kapsch
commençait à penser à l'arrivée et donnait
quelques premières estimations sur son arrivée : "Je
suis en route pour les Sables" déclarait l'Autrichien
Norbert Sedlacek ! "Les conditions sont bien celles des
alizés. Un vent est de secteur nord-est force 4 à 5. Il
fait nuageux, mais la température est de 22°C. Et j'ai réussi
à parcourir 220 milles en 24 heures, ce qui n'est pas si mauvais.
J'attends l'arrivée d'une dépression cette nuit, qui devrait
générer un vent de trente nuds pendant quelques heures.
Je suis un peu fatigué. La vie n'est pas facile lorsqu'on se retrouve
penché à 30°".
Mi-mars pour Sedlacek ?
Norbert pense de plus en plus à l'arrivée mais cela
ne l'empêche pas de rester très nerveux en raison d'une possible
avarie qu'il redoute toujours : "La casse arrive facilement et
j'essaie d'éviter de penser à cela. Pour les repas cela
va encore. J'ai encore du muesli le matin, des pâtes à midi
et puis je mange du poisson le soir. J'ai gardé les meilleurs plats
pour les dernières semaines. Cela me permet de bien manger. Il
me reste assez de gazole. Je peux ainsi mettre en marche l'ordinateur
et répondre à tous mes mails. Je crois que je vais arriver
d'ici 13 à 14 jours. Le 15 mars ce serait possible en théorie,
mais je dirais plutôt le 16 ou le 17. Autour des Açores les
prévisions ne sont pas très stables. On verra à la
fin de la semaine. Si j'ai de la chance, peut-être que j'aurai droit
à un régime d'ouest
"
mardi 3 mars 2009 :
Le chemin des trois
Les
trois derniers concurrents du Vendée Globe attendus aux Sables
dOlonne ne sont pas tous logés à la même enseigne.
À chacun son menu météo et à chacun son destin
dans les eaux de lAtlantique Nord. Tandis que Raphaël
Dinelli (Fondation Ocean Vital) déplore une avarie de bôme
et cherche les calmes de lanticyclone des Açores pour réparer,
Rich Wilson (Great American III), le prochain
sur la liste des retours au port, a désormais touché des
vents portants et fait route directe. Quant à Norbert
Sedlacek (Nauticsport-Kapsch), il progresse au près
dans lalizé
Cette fois, ça y est ! Rich Wilson semble en avoir bien
terminé avec des conditions météorologiques qui rendaient
sa progression en Atlantique Nord laborieuse. Le doyen de la course, qui
na pas dû ménager sa peine pour déjouer les
pièges et les embûches tendus par lanticyclone des
Açores, progresse désormais dans le Nord de cette zone de
hautes pressions. Dans des vents dOuest à Sud-Ouest, Great
American III a ouvert les voiles et met le cap sur les Sables dOlonne.
Il progresse désormais à plus de 10 nuds. Au 124è
jour de course, il lui reste 1500 milles à parcourir pour rallier
la ligne darrivée en terre vendéenne.
De son côté, Raphaël Dinelli
connaît des heures difficiles depuis que sa bôme sest
brisée en deux dans les vents forts et soudains générés
par une copieuse dépression orageuse. À 500 milles dans
le Sud-Ouest de larchipel des Açores, le skipper de Fondation
Ocean Vital fait route au Nord pour se dégager de cette zone peu
propice aux réparations. En quête de vents moins soutenus
et dune mer mieux rangée, il a déjà freiné
lallure et progresse à 7 nuds sous trinquette seule.
Quant à Norbert Sedlacek, le voilà bien engagé
au louvoyage dans les alizés de Nord-Est. Nauticsport-Kapsch tape
et cogne sur une mer courte et croisée. Mais à 2434 milles
de larrivée ce mardi matin, il vogue vaille que vaille vers
la ligne de la délivrance
lundi 2 mars 2009 :
Réparations
Beaucoup de casse cette année, les bateaux commencent
à être rapatriés, c'est le cas pour PRB, Ecover et
Hatfield
Avarie de bôme pour Raphael Dinelli
Cet après midi entre 13 et 14 h (Heure française) la bôme
de Fondation Ocean Vital s'est brisée. Raphaël
Dinelli naviguait alors dans une dépression orageuse
qui générait des vents de 35 à 40 nuds, levant
une houle très forte et croisée (voir
photo).
Lorsque Raphaël a voulu prendre un ris le bateau a été
embarqué par une vague et la bôme s'est cassée sur
un hauban.
Raphaël fait actuellement cap au nord à 7,5 nuds sous
trinquette seule. Il essaye de rejoindre une zone anticyclonique afin
de trouver du vent et une mer plus calmes afin d'essayer de réparer.
Selon Météo France il devrait atteindre cette zone d'ici
12 à 15 heures.
dimanche 1er mars 2009 :
Lente procession vers l'arrivée
Ce dimanche 1e mars, les trois derniers navigateurs
encore en course, Rich Wilson
(Great American III), Raphaël
Dinelli (Fondation Ocean Vital) et Norbert
Sedlacek (Nauticsport-Kapsch), continuent leur lente
progression (8 à 10 noeuds) vers l'arrivée dans des conditions
météorologiques assez clémentes (situation anticyclonique
variable et mer peu agitée).
L'Américain se trouvait ce matin à l'ouest des Açores,
à la latitude des côtes portugaises; Raphael Dinelli au plein
coeur de l'Atlantique nord se situait à la hauteur des Canaries.
Quant à Norbert Sedlacek, il devrait franchit sous peu la latitude
des îles du Cap Vert.
A ce jour, les dernières estimation d'arrivée pour ces trois
bateaux sont les suivantes :
- Rich Wilson : entre le 6 ou le 7 mars prochain
- Raphael Dinelli : entre le 9 et le 11 mars
- Norbert Sedlacek : entre le 13 et le 15 mars
samedi 28 février 2009 :
Les derniers en bavent dans l'Atlantique
La météo n'est pas tendre avec les derniers,
voir la carte
vendredi 27 février 2009 :
Le dernier trio
Depuis le 1er février
dernier, huit concurrents ont réussi à boucler leur tour
du monde en solitaire, au terme dune édition extrême.
Le dernier sur la liste des terriens sappelle Steve
White, arrivé hier sur les côtes vendéennes
après 109 jours et 36 minutes de course. Ils ne sont donc plus
que trois en mer. Dans lordre : lAméricain Rich
Wilson, le Français Raphaël
Dinelli et lAutrichien Norbert
Sedlacek entré il y a 36 heures dans lhémisphère
nord.
Il faudra attendre la fin de la première semaine de mars, entre
le 5 et le 7 pour voir le neuvième navigateur amarrer son 60 pieds
sur les pontons de port Olonna.
Actuellement coincé entre deux anticyclones dans le sud-ouest des
Açores, Rich va bientôt passer dune situation
extrême à lautre. Après une période de
calmes de début de journée, il devra dès ce soir
affronter des vents de face de 20 à 25 nuds et ce pendant
au moins 36 heures. Avec en prime lobligation de virer à
nouveau pour gagner vers le nord
Pour lheure, le skipper de Great American III dispose de 580 milles
davance sur Raphaël Dinelli, mais ce dernier pourrait
gagner du terrain dici larrivée.
Dans le nord-ouest du cap Vert, Dinelli se fait toujours fortement
secouer au près dans les alizés et une forte houle de travers.
Dès le début du week-end, en revanche, la situation va se
calmer et le vent chuter autour de 10 à 15 nuds. Le skipper
de Fondation Ocean Vital se rapproche à son tour des hautes pressions
mais daprès Sylvain Mondon (Météo France),
son contournement de lanticyclone des Açores pourrait être
moins laborieux que pour Rich
loccasion de réduire
lécart qui le sépare du seul concurrent américain
de la course.
Dernier navigateur en mer, Norbert Sedlacek est enfin entré
dans lhémisphère nord. Dans la nuit de 25 au 26 février,
à 01h29 GMT, le navigateur autrichien a franchi léquateur.
Le voici désormais aux prises avec les mêmes conditions de
navigation que celles rencontrées depuis presque une semaine par
Dinelli. A plus de 3000 milles de larrivée, cest
parti pour une session de saute-mouton dans les alizés !
jeudi 26 février 2009 :
Les dernières minutes de mer de Steve
Attendu dans la matinée,
Steve White a
finalement franchi la ligne en tout début daprès-midi.
Il entre dans le chenal à 15 heures, accueilli par une foule toujours
aussi compacte venue accueillir une des révélations de cette
édition 2008 - 2009.
A 13 heures, Toe in the water nest plus quà cinq milles
de ligne darrivée. Il fait grand beau sur les Sables dOlonne,
mais le vent nest pas au rendez-vous. Les premières vedettes
daccompagnement le rejoignent dont un semi-rigide avec à
son bord, sa femme Kim et ses trois fils Jason, Isaac et Euan. Steve
navigue sous grand-voile haute et gennaker à près de huit
nuds. Le skipper de Toe in the Water semble en bonne forme. Il parait
presque embarrassé dun tel accueil. Rasé de près,
les cheveux lavés, il sapproche de la ligne. Il reste à
espérer quil a réussi à trouver un autre shampooing
que lhuile de cuisine quil a utilisé jusque là
; Kim, sa femme, la prévenu quil était hors
de question pour elle de sapprocher de lui sil sentait lodeur
de frite ! Steve a roulé sa trinquette pour les derniers
milles, le vent mollit
Autour de lui, ses amis, sa famille agitent
des pieds en plastique, en référence à lorganisation
« Toe in the water ». La ligne sapproche peu à
peu, Steve agite le bras mais reste concentré jusquau
bout.
A 13h 38 mn 55s, Steve franchit
la ligne entre la bouée de Nouch Sud et le bateau comité.
Il ne bondit pas de joie, reste là, ébahi, juste à
sourire tranquillement et faire de grands signes. Il semble incroyablement
calme.
« Il faut que je prenne le temps de réaliser ce que jai
fait. Jai juste ce sentiment de revenir de longues vacances en mer
je nai jamais pensé que je pourrais ne pas finir cette course,
même dans les moments difficiles. Dans ces cas-là, il suffit
de faire ce que lon doit
Le résultat ? Cest incroyable
dune certaine manière. Jai eu beaucoup de chance. Je
sais aussi que certains qui ont dû abandonner étaient dexcellents
marins ; jaurais préféré parfois faire ce que
jai fait sans bénéficier de la casse et voir les rêves
de certains sévanouir. Jaurais préféré
finir plus proche de Dee et Cali, mais la météo distribue
les cartes comme bon lui semble. La réparation du vit-de-mulet
a été aussi solide que possible même si cela provoquait
dhorribles bruits de craquements. Le temps perd tout son sens. Je
suis réellement perdu. Tout est allé si vite
»
Le parcours de Steve en quelques étapes
- 9 novembre : départ, mais maigre sommeil pour Steve
: "je ne me suis pas couché avant 2 h du mat' car on avait
encore plein de choses à faire..."
- 11 novembre : traverse la tempête dans le Golfe de Gascogne sans
subir trop de dégâts. Un départ prudent qui lui permet
de fêter tranquillement son 36ième anniversaire.
- 12 novembre : petit incendie à bord à cause d'un problème
électrique. Grosse fumée à lintérieur
du bateau.
- 16 novembre : bagarre avec deux de ses compatriotes, Dee
Caffari (Aviva) et Jonny
Malbon (Artemis), mais les bateaux plus modernes creusent l'écart.
- 20 novembre : se fait doubler par Mich' Desj'.
- 21 novembre : Steve est ralenti dans le pot au noir et perd 200 milles
sur les leaders en lespace de deux jours.
- 24 novembre : Steve franchit l'Equateur. Il porte un toast à
Neptune avec un peu de vin offert par Norbert Sedlacek, mais ne fait pas
des bêtises : "Je ne me suis pas couvert de porridge!"
- 2 décembre : jusqu'à ce jour Steve n'avait pas jamais
passé plus de 22 journées consécutives en mer.
- 8 décembre : Toe in the Water franchit la longitude du Cap de
Bonne Espérance. Steve est le 18ème skipper à entrer
dans l'Océan Indien.
- 11 décembre : après s'être trompé, Steve
passe la seconde porte des glaces : j'aurais bien voulu dire que
c'était un problème technique, mais j'ai tout simplement
oublié d'entrer ces données dans mes calculs ! »
- 18-19 décembre : des soucis de pilote automatique. Toe in the
Water couche plusieurs fois le mât dans l'eau.
- 24 décembre : le vent dépasse 50 noeuds. La fixation du
vit de mulet casse, mais la mer est trop forte pour pouvoir s'occuper
des réparations.
- 26 décembre : 367 milles en 24 heures , la meilleure moyenne
ce jour-là de toute la flotte.
- 29 décembre : en 13ème position à 310 milles au
sud-ouest de la Nouvelle Zélande.
- 1er janvier : passe sa journée à réparer ses pilotes.
- 5 janvier enfin du calme et de bonnes vitesses, mais à l'intérieur,
"C'est le bazar. Cela ressemble à une chambre d'étudiant.
J'ai des vêtements qui sèchent partout, des éléments
du vit de mulet et de la plomberie."
- 7-9 janvier : Toe in the Water est ralenti dans l'anticyclone qui règne
sur le Pacifique. Steve perd 350 milles en trois jours sur Arnaud
Boissières et Dee Caffari.
- 19 janvier : Steve devient cap-hornier et effectue des réparations
sur son chariot de grand-voile.
- 30 janvier : ralenti au large de Rio.
- 4 février : un temps superbe, mais des conditions monotones et
aucun adversaire dans un rayon de 500 milles.
- 6 février : Armel Le Cleac'h
termine second au moment où Steve se prépare à entrer
dans le pot au noir.
- 8 février : Toe in the Water franchit l'équateur. Retour
dans l'hémisphère Nord.
-26 février : Steve termine huitième du Vendée Globe
2008-2009.
Steve White a mis plus dun pouce dans leau
(*)
Steve White a franchi la ligne darrivée ce jeudi 26 février
2009 à 13 heures 38 minutes et 55 secondes (heure française),
soit après 109 jours 00 heures 36 minutes et 55 secondes de course.
Sa vitesse théorique sur le parcours est de 9,49 nuds. Sa
vitesse réelle est de 10,78 nuds sur une distance réellement
parcourue de 28 197milles.
(*) « Toe in the water », le nom de la fondation qui
a permis à Steve White dêtre présent au départ
de ce Vendée Globe, signifie littéralement mettre un orteil
dans leau. Histoire de tester, avant de savoir si on y plongera
tout le corps. Pour son coup dessai, Steve qui termine huitième
de cette édition 2008-2009, sest jeté goulûment
dans le grand bain.
mercredi 25 février 2009 :
Steve White: cest pour demain
En pleine session de louvoyage
à 150 milles de larrivée, le skipper de Toe in the
Water est attendu aux Sables dOlonne à partir de jeudi 26
février en milieu de matinée.
White, la bonne surprise
Qui aurait pu croire que ce jeune anglais inconnu du grand public terminerait
8e du Vendée Globe 2008-2009 ? Peu de pronostiqueurs pariaient
sur ce discret blondinet de 35 ans, père de 4 enfants, et qui a
débuté la voile en compétition il y a moins de 10
ans. Qui plus est, le projet de Steve White fait partie de ceux
bouclés à la dernière minute. Quinze jours avant
le départ, on se souvient que le bateau était encore désossé
sur les quais du port de commerce, en pleine préparation durgence.
On se souvient aussi de larrivée in extremis de lassociation
caritative britannique « Toe in the Water » comme partenaire,
sans lequel Steve White aurait probablement perdu sa maison
hypothéquée pour le projet !-.
A bord de lancien Gartmore de son compatriote Josh Hall,
un solide plan Finot-Conq de 1998, Steve White a été
une des bonnes surprises de ce tour du monde en solitaire et sans escale.
Dabord parce quil est en passe de boucler sa boucle quand
de nombreux favoris ont dû jeter léponge, mais aussi
parce que tout au long de son périple, Steve sest révélé
un navigateur plein denvie et dhumour.
Sil franchit la ligne jeudi en fin de matinée, il pourrait
embouquer le chenal des Sables dOlonne vers 15 heures. Mais en attendant,
le marin britannique tire toujours des bords dans le golfe de Gascogne,
dans un vent qui va progressivement satténuer autour des
10-15 nuds. Ses derniers jours de course face au vent auront été
fastidieux, à limage de sa remontée de lAtlantique.
Wilson et Sedlacek dans les calmes
Derrière lui, à 2000 milles du but, le sort de Rich
Wilson nest pas très enviable. Coincé
dans les calmes entre deux anticyclones, le vétéran américain
séloigne de la route et sait quil devra affronter des
vents contraires et très mous jusquaux premiers jours du
mois de mars.
De son côté, Raphaël
Dinelli se fait toujours chahuter dans de costauds alizés
de nord-est et attend avec impatience que le vent adonne pour pouvoir
choquer un peu des écoutes et accélérer. Lui aussi
devra faire du chemin pour contourner un énorme anticyclone qui
reprend sa place sur les Açores.
Enfin, Norbert
Sedlacek nest pas au bout de ses peines dans
le pot au noir. Entre les deux premiers classements de ce mercredi matin,
il na progressé quà 1,8 nuds de moyenne.
Il ne sortira pas de ce marasme avant demain après-midi, après
avoir franchi léquateur.
mardi 24 février 2009 :
Problématique Atlantique
Les quatre solitaires encore
en course voient leur progression contrariée par des situations
météo variées, décrites ce matin par Météo
France : vents contraires et soutenus pour les uns, dorsale anticyclonique
ou encore pot au noir à géométrie variable pour les
autres. Des premiers aux derniers, cette remontée de latlantique
naura épargné aucun des navigateurs.
50 milles au nord du cap Finisterre, Steve White
continue denchaîner douloureusement les virements de bord
en direction du but, 300 milles devant les étraves de son monocoque
Toe in the Water. Le skipper britannique sera malheureusement soumis à
ce régime de louvoyage jusquà son arrivée aux
Sables dOlonne prévue jeudi dans la journée. Sa progression
est dautant plus contrariée quil subit actuellement
25 à 30 nuds de vent dEst dans une mer encore plus
creuse aux abords des côtes espagnoles. Des conditions sportives
qui vont peu à peu sadoucir au fil de son évolution
dans le golfe de Gascogne, avec une quinzaine de nuds seulement
prévus au moment du finish.
Pour Rich Wilson
à 2070 milles de larrivée -, la situation nest
pas non plus idéale, mais pour des raisons différentes.
Un anticyclone barre la route de Great American III. Il devrait connaître
une progression erratique pendant deux bonnes journées avant de
pouvoir attraper des vents portants qui le propulseront vers les côtes
françaises. Son heure estimée darrivée se précise
autour du 5 mars.
Autre lieu, autres conditions. Dans le sud-ouest au large du cap Vert,
cest toujours aussi musclé pour Raphaël
Dinelli. Le skipper de Fondation Ocean Vital se fait encore
malmener au près dans de solides alizés de 25 à 30
nuds et une formée. Le voici en mode penché-secoué
pendant les quatre ou cinq prochains jours.
Rien à voir avec les conditions rencontrées par Norbert
Sedlacek en queue de peloton. Malheureusement pour
le navigateur autrichien, le pot au noir est en train de sétendre
à mesure de sa remontée vers léquateur. Daprès
Sylvain Mondon de Météo France, Nauticsport-Kapsch devra
encore parcourir 200 milles environ pour sortir de la zone de convergence
intertropicale.
lundi 23 février 2009 :
Quatre en mer
Après larrivée
dimanche dArnaud Boissières,
7e concurrent de retour aux Sables dOlonne à l'issue d'une
circumnavigation solitaire dun peu plus de 105 jours, il reste encore
quatre concurrents en course. Le Britannique Steve
White qui tire actuellement des bords à 430 milles des
côtes vendéennes, est le prochain sur la liste des terriens.
Le skipper de Toe in the Water est attendu sur la ligne à partir
de jeudi matin
Entre la fin du mois de février et la mi-mars, les quatre derniers
concurrents du Vendée Globe vont mettre un terme à leur
périple. Sur ces quatre navigateurs, deux disputent ici leur tout
premier tour du monde en solitaire sans escale et sans assistance : le
Britannique Steve White (35 ans) et lAméricain Rich
Wilson (58 ans). LAutrichien Norbert
Sedlacek (47 ans), après une première tentative
infructueuse en 2004-2005 où il avait abandonné sur avarie
de quille, pourrait bien cette fois réussir son pari. Raphaël
Dinelli (40 ans), avec ses 3 précédentes participations
(dont deux inachevées), fait quant à lui figure de multi
récidiviste.
Malgré les milles qui les séparent, leur différence
dâge, de parcours et dorigine, ces quatre marins ont
de nombreux points communs. Ils ne se sont pas embarqués pour la
gagne, mais pour réaliser laventure de leur vie, à
bord de bateaux anciens et avec des budgets modestes, voire très
serrés. Ils réalisent une course à leur mesure, à
la hauteur de leurs moyens et de leur expérience nautique. Ils
arriveront certes avec entre 25 à 45 jours de retard sur le vainqueur
Michel Desjoyeaux, mais
leur périple restera lui aussi un exploit.
Steve White attendu jeudi
Cest le cas de Steve White, promis à une belle huitième
place, jeudi ou vendredi aux Sables dOlonne. Le Britannique fait
actuellement son entrée dans le golfe de Gascogne et se trouvait,
au classement de 11h00, à 434 milles de la ligne darrivée.
Calé au sud dun anticyclone, il devra malheureusement tirer
des bords dans un vent dEst de 15 à 20 nuds jusquau
terme de son voyage.
Ses poursuivants sont relégués loin derrière, entre1500
à 3000 milles de son tableau arrière. Aucun naffronte
évidemment les mêmes conditions météo. Rich
Wilson, vétéran de cette édition, navigue au
près dans les alizés de nord-est, au grand large de larchipel
des Canaries. A court terme, il sait quil est à la merci
dun anticyclone venu de la Nouvelle-Ecosse. Sil souhaite le
contourner pour trouver des vents portants, il devra sensiblement rallonger
sa route jusquau 45e degré de longitude ouest. Sinon, ce
sera encore un régime de près pour le skipper américain,
décidemment abonné à cette allure depuis son passage
du Horn. Son heure estimée darrivée aux Sables dOlonne
se situe autour du 5 ou 6 mars.
Raphaël Dinelli (Fondation Ocean Vital) qui a passé
léquateur le 21 février à 21h45, est lui aussi
soumis au régime dalizés (18 à 23 nuds
de nord-est sorientant est) pour les trois prochains jours au moins,
avant daborder les fronts ou les zones de haute pression qui circulent
plus au nord.
Norbert bientôt dans le pot
A lheure actuelle, seul lAutrichien Norbert Sedlacek
navigue encore dans lhémisphère sud. Dimanche, Sedlacek
a profité des petits airs aux abords du pot au noir pour grimper
dans son mât et tenter de réparer son rail de grand-voile
défectueux. A laube de cette 15e semaine de course, Nauticsport-Kapsch
avait bien du mal à dépasser les 5 nuds. A la pointe
du Brésil, le voici dans un périmètre de navigation
délicat où les grains et les calmes peuvent se succéder
rapidement. Prochaine étape pour le vaillant et bricoleur skipper
du bateau jaune : léquateur, dici environ 48 heures
dimanche 22 février 2009 :
Boissières devant Les Sables
Ne pouvant entrer dans le port
des Sables avant midi à cause de la marée, Arnaud
Boissières patiente depuis la fin de nuit au large des
Sables dOlonne. LArcachonnais franchira
la ligne darrivée et s'engouffrera dans la foulée
dans le chenal en début daprès-midi.
Le jour du Cali
Il est là, devant Les Sables dOlonne, et attend patiemment
que la marée le laisse entrer dans le port. Du coup, il attend
aussi pour couper la ligne darrivée et profite de ses dernières
heures de mer avant le grand bain de foule.
Derniers instants de solitaire pour Arnaud Boissières (Akena
Vérandas) qui tourne au large des Sables dOlonne en attendant
de vivre le dénouement de son Vendée Globe. Le ciel est
gris, le vent faible et la mer calme pour accueillir le septième
concurrent de ce Vendée Globe.
Steve White
(Toe in the Water) devra patienter encore quelques jours pour vivre pareille
fête. A 300 milles au large du Cap Finisterre, le Britannique remonte
au près face à 20 nuds de vent dest. Son arrivée
est désormais prévue jeudi prochain. Rich
Wilson (Great American III) va lui aussi devoir sarmer de
patience. Pour linstant, lAméricain remonte toujours
plein nord face à des alizés de 15-20 nuds de nord-est.
Le problème est plus au nord, avec lanticyclone des Açores
qui lui barre toujours la route. Seule solution : faire un grand tour
par louest.
Raphaël Dinelli
(Fondation Océan Vital), qui a franchi léquateur samedi
soir vers 21h, navigue désormais dans un alizé soutenu de
20 nuds de nord-est. Derrière lui, Norbert
Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) est le dernier concurrent
encore dans lhémisphère Sud. Petit réconfort
pour lAutrichien, le pot au noir, assez virulent avec Dinelli,
sest en grande partie dissipé et devrait le laisser passer
sans trop dencombres.
Arnaud Boissières termine septième
Cest à 15h35 ce dimanche 22 février quArnaud
Boissières, skipper dAkena Vérandas, a franchi
la ligne darrivée du Vendée Globe 2008-2009 après
105 jours 02 heures 33 minutes 50 secondes de course. Il sempare
de la septième place 20 jours 23h36 après le vainqueur Michel
Desjoyeaux (Foncia). Il a parcouru 27 841 milles à
la moyenne de 11,04 nuds, soit 9,85 nuds de moyenne sur la
route théorique de 24 840 milles.
Cest le rêve dun adolescent qui vient de saccomplir
aujourdhui. Celui dun jeune homme de 17 ans venu assister
avec son père au départ du premier Vendée Globe en
1989. Un voyage aux Sables dOlonne pour voir ces premiers héros
du Vendée Globe et permettre au jeune homme doublier quelques
instants la leucémie qui sest déclarée six
mois plus tôt. Guéri après deux ans et demi de chimiothérapie,
Arnaud Boissières décide de vivre de sa passion pour
la mer. Vingt ans plus tard, en ce dimanche 22 février, Arnaud
Boissières a bouclé plus quun tour du monde. Cest
une grande boucle de sa vie qui le fait revenir aujourdhui en héros
aux Sables dOlonne, accueilli par des dizaines de milliers de spectateurs,
comme les six concurrents qui lont précédé
sur la ligne.
Dans ce Vendée Globe particulièrement musclé,
revenir aux Sables dOlonne est déjà un véritable
exploit. Cali, le surnom dArnaud, naurait jamais imaginé
au départ terminer à cette septième place. Une cerise
sur le gâteau dun tour du monde que le natif dArcachon
a parfaitement géré sur sa vieille monture mise à
leau en 1998. Un plan Finot-Conq à quille fixe qui a déjà
terminé 6e puis 5e du Vendée Globe aux mains de Thomas
Coville en 2001 et Sébastien
Josse en 2005. Hormis son Solent déchiré
dans le grand sud, léolienne et son antenne satellite arrachée
par une déferlante dans le Pacifique, il ne déplore aucune
grosse avarie. Pourtant, comme les autres, Cali a subi de véritables
tempêtes, dont une qui ne lui fera jamais oublier son premier passage
du Cap Horn le 16 janvier.
Longtemps à la lutte avec les Britanniques Dee
Caffari et Brian Thompson,
Arnaud Boissières sest fait décrocher dans
la remontée de lAtlantique, handicapé par labsence
de son Solent déchiré. Après une dernière
grosse dépression dans lAtlantique Nord le 6 février,
Cali termine son Vendée Globe dans les petits airs du golfe
de Gascogne. Une arrivée toute en douceur, à limage
de ce skipper discret mais tenace qui a vécu pleinement son aventure
planétaire en 105 jours de course. A peine la ligne franchie, il
déclare : « ce nest pas moi qui suis formidable,
cest mon bateau. Je lui dois tout. Je vais revenir dans quatre ans
avec un bateau plus moderne pour faire mieux que septième. Je vais
me battre dès demain pour réaliser un projet sur quatre
ans ! »
Les temps de passage dArnaud Boissières
Passage de léquateur (aller) : 13 jours 22h38 (17e position)
Passage de Bonne-Espérance : 28 jours 21h25 (17e position)
Passage de Leeuwin : 42 jours 13h08 (13e position)
Passage du Horn : 67 jours 11h28 (8e position)
Passage de léquateur (retour) : 86 jours 6h41 (7e position)
Arrivée aux Sables : 105 jours 2 h33 (7e place)
Arrivées du Vendée Globe 2008-2009
1 Michel Desjoyeaux (Foncia), arrivé le 1er février à
16h11 (84 j. 3h. 9min. 8s)
2 Armel Le Cléach (Brit Air), arrivé le 7 février
à 9h41 (89 j. 9h. 39min. 35s, 11h de bonus)
3 Marc Guillemot (Safran), arrivé le 16 février à
2h21 (95 j. 3h. 19min. 36s., 82h de bonus)
4 Sam Davies (Roxy), arrivée le 14 février à 1h41
(95 j. 4h. 39min. 1s., 32h de bonus)
5 Brian Thompson (Bahrain Team Pindar), arrivé le 16 février
à 9h31 (98 j. 20h. 29min. 55s)
6 Dee Caffari (Aviva), arrivée le 16 février à 14h12
(99 j. 1h. 10min. 57s.)
7 Arnaud Boissières (Akéna Vérandas), arrivé
le 22 février à 15h35 (105 j. 2h. 33min. 50s.)
samedi 21 février 2009 :
Le vent dans le nez
Arnaud Boissières
doit tirer des bords aujourd'hui, il ne lui reste que 160 milles ce matin.
Si près, si loin
Sauf retournement de situation, Arnaud Boissières devrait
couper la ligne darrivée devant la bouée de Nouch
Sud demain dans la matinée
Plus que 150 milles avant la fin
du voyage. Entre satisfaction davoir bouclé laventure
et nostalgie du bonheur dêtre en mer, les sentiments se bousculent.
Plus quune petite journée et cen sera terminé.
A bord dAkena Vérandas, Arnaud Boissières doit
savourer ces dernières heures avec gourmandise. Il sait que dici
peu de temps, il va se retrouver happé
par la foule qui va laccueillir, les proches, son équipe
technique. Alors, forcément, ces heures-là comptent peut-être
plus que dautres. Cest le moment de faire une sorte de bilan,
de pouvoir se dire : « je lai fait », de rester encore
à lécoute de la carène qui progresse dans la
vague, de sentir encore une fois le bateau qui prend de la gîte
sous leffet dune risée un peu plus puissante. On imagine
aussi que derrière la petite inquiétude de se retrouver
propulsé brutalement dans le monde des terriens, se profile aussi
la joie de retrouver les intimes, constater que le petit a grandi, accueillir
à son bord sa copine Dee
Caffari dun tonitruant
« cest parti mon kiki
» ou autre marque de la
complicité qui a uni les deux navigateurs solitaires dans ce tour
du monde. Plus que vingt-quatre heures, ce nest rien et cest
une éternité.
Steve White
(Toe in the water) devra quant à lui, attendre au moins jusquau
26 pour passer la ligne. Un choix de route légèrement hasardeux
retarde son ETA : plutôt que de gagner dans le nord pour pouvoir
contourner la bulle anticyclonique, Steve a privilégié
la route directe qui va lobliger maintenant à tirer des bords
jusquà larrivée. Fatigue et manque de lucidité
? Fatalisme lié au bonheur dêtre en mer ? Toujours
est-il que le navigateur britannique aura réalisé une course
totalement remarquable et témoigné dune joie de vivre
en mer épatante.
Rich Wilson (Great American III) devrait quant
à lui arriver dans la première semaine de mars. Il devrait
être accueilli par le vainqueur du Vendée Globe qui la
grandement aidé et conseillé en amont de la course pour
valider ses choix techniques. Raphaël
Dinelli (Fondation Océan Vital) subit les premiers
effets du pot-au-noir quand Norbert
Sedlacek (Nauticsport Kapsch) profite des alizés
de sud-est pour engranger des milles sous le soleil. Un tour du monde
peut parfois prendre des airs de vacances
vendredi 20 février 2009 :
Après la messe
A 262 milles de larrivée
ce matin à 11h, Arnaud Boissières
a retrouvé un bon petit vent et peut espérer embouquer le
chenal des Sables dimanche midi lorsque le marée sera suffisamment
haute. Steve White file à plus de 14
nuds et pourrait arriver dès mardi aux Sables dOlonne.
Raphaël Dinelli entre aujourdhui
dans le pot au noir.
Il est monté jusquà la latitude de Brest et replonge
maintenant dans le golfe de Gascogne. Arnaud Boissières
compose intelligemment avec un anticyclone et trouve les bords les plus
rapprochant pour rejoindre au plus vite les Sables dOlonne. Ralenti
à seulement 2,4 nuds jeudi après-midi, le skipper
dAkena Vérandas sillonne la mer à près de 10
nuds ce matin grâce à un flux dest de 10-15 nuds.
Lantiyclone étant assez stable pour le week-end pour
le plus grand bonheur des terriens Cali va devoir tirer
des bords jusquà larrivée.
A moins de 650 milles derrière, Steve White (Toe
in the Water) plane à plus de 14 nuds au portant. Le Britannique
profite toujours dun bon flux de sud-sud-est 15-20 nuds pour
aligner les milles. Mais une dépression orageuse arrivant par son
sud devrait changer la donne ce week-end et lui opposer des vents de nord-est
de 20-25 nuds avec rafales à 35 nuds. Néanmoins,
il pourrait rejoindre les Sables en 8e position dès mardi prochain,
deux jours après Cali. A la latitude du Cap Vert, Rich
Wilson (Great American III) continue sa remontée des alizés.
Lanticyclone des Açores lui bouche toujours la route et pourrait
lobliger à faire un très grand tour par louest
pour contourner cette zone sans vent.
Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) entre aujourdhui
dans le pot au noir. Le skipper olonnais contournait ce matin larchipel
Fernando de Noronha, au large du nordeste brésilien. Deux jours
difficiles pour traverser le pot au noir lattendent avec de nombreux
grains actifs en ce moment. Norbert
Sedlacek (Nauticsport-Kapsch), qui ferme la marche en 11e
position, profite encore dune belle journée dalizés
par son travers tribord. Avec environ 60 heures de retard sur Dinelli,
il fera son entrée dans le pot au noir dimanche.
J moins 2 pour Arnaud Boissières
Deniers jours de mer pour le septième concurrent du Vendée
Globe qui bouclera son tour du monde dimanche aux Sables dOlonne.
Ça sent lécurie pour Akena Vérandas ! Dautant
que le monocoque dArnaud Boissières est le seul de
la flotte avec celui de Raphaël Dinelli à être
basé aux Sables dOlonne toute lannée. Larrivée
du Vendée Globe marquera donc le retour à la maison pour
ce duo skipper/bateau avec laccueil que cela suppose. En arrivant
un dimanche, Cali sait dores et déjà que les
Vendéens seront nombreux pour laccueillir et le féliciter
pour sa belle performance. En attendant, il remonte doucement au près
sur une mer clapoteuse et a fait son entrée dans le golfe de Gascogne
aujourdhui à la latitude de Nantes. Reste 225 milles à
avaler avant linstant tant attendu du passage de la ligne au niveau
de la bouée Nouch Sud.
Arnaud Boissières devrait devancer denviron deux jours
le huitième, Steve White (Toe in the Water), qui a réalisé
deux belles journées de navigation à près de 300
milles par jour. Profitant dun bon flux de sud-est, le Britannique
a dévoré les milles au large de la péninsule ibérique.
Mais ce bonheur sera de courte durée avec la rotation du vent au
nord-est, soit face à la route, et son renforcement avec des rafales
possibles à 35 nuds. Au large du Cap Vert, lAméricain
Rich Wilson (Great American III) va tellement devoir arrondir sa
route vers louest pour contourner lanticyclone des Açores
quil se demande, non sans humour, sil ne devrait pas rentrer
directement chez lui à Boston dont il sera plus proche que des
Sables dOlonne
Les alizés ont pris du coffre pour le
doyen de la course qui a dû réduire la toile la nuit dernière
et progresser à moins de 10 nuds sous tourmentin.
jeudi 19 février 2009 :
Plutôt dimanche !
Arnaud Boissières
progressait encore ce matin à 12 nuds de moyenne. Mais le
vent devrait rapidement chuter et tourner aujourdhui, ralentissant
au passage sa progression vers Les Sables dOlonne.
469,7 milles ! Cela pourrait être le nouveau record de distance
parcourue en 24h, soit juste un mille de mieux que lactuel record
détenu par Alex Thomson
depuis 2003. En réalité, cest la distance quil
restait à parcourir à Arnaud Boissières ce
matin au pointage de 5h00. Et malheureusement pour Cali, il lui
faudra bien plus de 24h pour couvrir ces derniers milles qui le séparent
des Sables dOlonne.
Malgré la traversée de grains orageux cette nuit,
le skipper dAkena Vérandas va devoir composer dans les prochains
jours avec des vents faibles et de face dus à un bel anticyclone
centré demain sur la mer dIrlande. Ce nest donc pas
24h mais plutôt le triple quil devrait falloir à Cali
pour parcourir ces 469,7 milles. Ce qui donne une arrivée probable
dans la journée de dimanche.
Derrière lui, Steve White
(Toe in the Water) navigue en bordure dune forte dépression
centrée sur Terre-Neuve. Dexcellentes conditions avec un
vent de secteur sud à sud-est qui lui permettent dallonger
la foulée en direction des Sables dOlonne. Ces conditions
devraient laccompagner au moins toute la journée et probablement
vendredi. Rich Wilson est moins bien loti
à bord de Great American III. Bonne nouvelle : lalizé
de nord-est doit adonner dans la journée. Mauvaise nouvelle : en
plus dune mer courte, le doyen de la course va rencontrer une houle
de nord-ouest qui devrait ralentir sa progression. A cela sajoute
lanticyclone des Açores qui lui barre la route et ne laisse
entrevoir pour linstant aucun passage possible.
Les deux sudistes Raphaël Dinelli (Fondation
Océan Vital) et Norbert Sedlacek
(Nauticsport-Kapsch) profitent quant à eux dun bon alizé
de sud-est pour remonter plein nord le long des côtes du Brésil.
Cet alizé devrait mollir dans la journée pour Dinelli
au fur et à mesure quil progresse vers le nord. Il pourrait
entrer demain dans un pot-au-noir particulièrement actif en ce
moment. La situation est encore plus agréable pour lAutrichien
de la course qui dispose dun alizé stable en force et direction.
mercredi 18 février 2009 :
LETA cest moi
Dans le meilleur des cas, il reste
encore plus de mille milles à parcourir au premier des cinq navigateurs
encore en mer avant de franchir la ligne darrivée aux Sables
dOlonne. Et pourtant, tous doivent répondre à cette
question lancinante : « Quand est-ce que tu rentres ? », que
lon traduira officiellement par « cest quoi ton ETA
? ». Et si la réponse était ailleurs ?
Partir, revenir
Du port des Sables dOlonne au Cap Horn laventure
est encore à sens unique. Mais sitôt franchie la porte de
lAtlantique, la bascule sopère : comme si ne comptait
plus que le jour du retour à terre. Il reste alors presquun
tiers du parcours à boucler, mais pour tous ceux qui attendent
à terre, on finit par oublier le plaisir dêtre en mer,
les heures passées à la barre dans les alizés, les
changements de températures au fur et à mesure que le bateau
progresse en latitude, les signes annonciateurs des changements deaux
de navigation.
Et si finalement, à linstar dArnaud
Boissières (Akena Vérandas), cétait
celui qui sait donner du temps au temps qui avait raison ? « Arnaud,
cest quoi ton ETA ? Dautant que le classement est figé,
çà fait quoi de voir les autres arriver ? Journée
plaisir, bonheur, liberté absolue, belle brise qui se lève
après dix-huit heures de pétole. Grand-voile, gennaker,
de beaux surfs à la barre avec lIpod pas trop fort pour sentir
le bateau et les vagues chargées dembruns. Il reste 900,
2000, 20 000 milles, quimporte ! Linstant présent et
la journée peuvent durer des jours, le bateau est heureux et glisse,
un peu chahuté par les vagues désordonnées. Le moindre
mille sur leau est un combat comme un plaisir.
Et ton ETA ? Il fait gris, on croise des casiers dérivants, des
bouteilles plastiques. On nest plus dans les mers du sud mais en
tous les cas ces surfs te rappellent quelques beaux moments.
Et ton ETA ? Demandez à Eole : moi je suis juste son serviteur,
sa muse. Moi et ma véranda, on va bien, entre hâte darriver
et celle de repartir vers de nouveaux défis, conscient du privilège
que jai dêtre là, dêtre toujours
en course.
Et ton ETA ? Le bateau véranda de 18 mètres, noir avec un
petit bonhomme à bord (voir photo),
quand tu le verras à vue de la Nouch Sud, là, tu pourras
te dire que son ETA est proche. Pour plus de précisions, consulter
les horaires TGV, SNCF au 3635, à 0,36€ par mn
»
Plein est vers Les Sables
Arnaud Boissières a désormais en ligne de mire le
port vendéen quil espère atteindre au plus tôt
dimanche prochain. Après 101 jours de course, les cinq derniers
concurrents en mer, étalés sur tout lAtlantique, progressent
tous à bonne vitesse.
Après les arrivées groupées de Marc
Guillemot,
Brian
Thompson
et Dee
Caffari lundi, le calme
est revenu sur le village du Vendée Globe aux Sables dOlonne.
Le prochain concurrent à rejoindre Port Olona en septième
position sera Arnaud Boissières (Akena Vérandas),
attendu dimanche ou lundi prochain, soit une semaine après Dee
Caffari. Depuis larrivée de la Britannique, ils
ne sont plus que cinq en mer, tous à bord de monocoques de plus
de dix ans dâge. Par 46°23 Nord, Cali a déjà
atteint la latitude des Sables dOlonne. Il ne lui reste plus que
617 milles à parcourir plein est pour boucler son tour du monde.
Mais si la Vendée est pile dans laxe de son étrave,
Cali sattend à tirer des bords face à des vents
faibles et contraire dans le golfe de Gascogne.
A moins de 150 milles dans louest de larchipel des
Açores, Steve White
(Toe in the Water), huitième, a enfin retrouvé du vent en
bordure de lanticyclone des Açores et progressait à
10 nuds vers le nord-est. Bonne vitesse également pour le
doyen de la course, Rich Wilson (Great American
III) à près de 10 nuds dans les alizés de nord-est.
Après le coup de blues dhier en pensant au 93e anniversaire
de sa mère auquel il ne pourra assister, lAméricain
a retrouvé le moral à moins de deux semaines de son arrivée
en France.
Au large du Brésil, les deux derniers concurrents dans lhémisphère
Sud progressent également à moins de 10 nuds, au large
de Recife pour Raphaël Dinelli (Fondation
Océan Vital) et au large de Porto Seguro pour lAutrichien
Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch).
Petit réconfort pour Dinelli, en traversant une zone de
grain, il a pu récupérer de leau douce dans sa grand-voile,
lui qui a du mal à fabriquer de leau avec son dessalinisateur.
La route est encore longue pour ces deux marins à trois ou quatre
semaines de leur retour sur terre.
mardi 17 février 2009 :
Dis moi, Dee
Cest
une Dee
Caffari lumineuse et
enjouée qui est apparue sur les pontons de Port Olona hier lundi
En pleine forme, la navigatrice britannique qui avait coupé la
ligne en début daprès-midi a du attendre dix-huit
heures trente pour pouvoir embouquer le chenal, toujours sous les applaudissements
de plusieurs dizaines de milliers de spectateurs.
Si cest devenu une sorte de routine pour les organisateurs et les
journalistes, larrivée sur les pontons est toujours aussi
exceptionnelle pour les navigateurs débarquant là au terme
de trois mois de mer. Certains peuvent paraître parfois submergés
par lémotion, presque intimidés par la foule qui se
presse quand dautres sont transcendés par la ferveur qui
sexprime autour deux. Visiblement
Dee Caffari est à ranger dans cette deuxième
catégorie : à laise, prompte à manier la blague,
prête à croquer la vie à pleine dents, la navigatrice
britannique a livré quelques uns des moments qui ont accompagné
son Vendée Globe.
Laccueil aux Sables dOlonne :
« Je ne réalise pas encore, cest énorme.
Tous ces gens, cest incroyable, pour une « english »,
merci. Aujourdhui, jai réalisé mon rêve
et jai même progressé en Français grâce
à mes conversations avec Cali. Des phrases pas toujours
bien, mais on verra plus tard dans la soirée. Ce soir, je suis
prête à aller danser, faire la fête
»
Sur la course elle-même :
« Le rythme était très soutenu, cétait
incroyable. Dans le sud, cétait difficile : les vagues, le
bateau à maîtriser. Et puis, il ya eu le Cap Horn et après
la tempête que lon a subi jai pris plus confiance en
moi, dans le bateau malgré ma grand-voile et je crois que jai
fait une belle remontée de lAtlantique : des bonnes options,
de la vitesse, jai réussi à recoller Brian
Et puis dans les mers du sud, la course bord à bord avec Arnaud
Boissières a été fantastique : on sappelait
tous les jours, et chaque jour japprenais une nouvelle phrase. Mais
je ne vous dirai pas lesquelles. »
Le tour du monde dans les deux sens :
« Le tour du monde à lenvers, cest dur
mentalement, cest long, mais lintensité na rien
à voir avec une course comme le Vendée Globe. Dans un premier
cas on est dans laventure pure, dans lautre dans une épreuve
sportive dune densité incroyable
Mon objectif était
de finir en moins de 100 jours, jen ai fait 99, contrat rempli
»
Les projets à venir :
« Jai déjà une « job list »
complète pour toute mon équipe. Il y pas mal de travail.
Tout doit être « aux petits oignons » (en Français
dans le texte). Ensuite, je suis engagée avec Aviva jusquà
la fin de lété et je compte participer à la
« Calais Round Britain Race », peut-être avec un équipage
exclusivement féminin. Loccasion dinscrire un nouveau
record sur cette course. »
Cent jours pour cinq grognards
Ce nest pas vraiment un parcours impérial pour les cinq
derniers concurrents encore en course. Arnaud Boissières
(Akena Vérandas) et Steve
White (Toe in the water) doivent composer avec un anticyclone
qui leur barre la route vers les Sables dOlonne. Les trois autres
mangent leur dernier pain blanc dans les alizés avant daffronter
les ultimes obstacles avant larrivée.
Cent jours : on imagine ce quil faut de persévérance
quand on est encore en mer et que les arrivées ségrènent
dans le port des Sables dOlonne. Le plus souvent les proches, les
équipes techniques se font lécho assourdi des réjouissances
aux abords des pontons de Port Olona
sans toutefois trop en rajouter,
histoire que la marche en avant des demi-soldes de la course nen
soit pas plombée par limpatience de retrouver la terre.
On le sent bien, plus léchéance approche et plus il
devient difficile dêtre en mer. Comme le soulignait Rich
Wilson (Great Américan III) lors de la vacation de ce jour,
nul ne se sent la trempe dun Moitessier qui décidait
de prolonger son tour du monde de peur de perdre son âme en touchant
terre. De même, Norbert Sedlacek
(Nauticsport-Kapsch) se débat avec des problèmes de gréement
de plus en plus récurrents : non content de constater les avaries
de son rail de chariot de grand-voile, le navigateur autrichien doit maintenant
faire avec la rupture de ses drisses de tête de mât qui lui
interdisent provisoirement détablir tout spinnaker ou voile
davant denvergure. Pour compenser ses pertes de moral, Norbert
se fixe des objectifs précis et limités à tenir chaque
jour : se laver les dents, nettoyer lintérieur du bateau,
faire du rangement
Les tâches quotidiennes sont parfois le
meilleur dérivatif pour combattre les glissements de lâme.
Moins de mille milles pour « Cali »
Raphaël Dinelli (Fondation Océan
Vital) profite, quant à lui, des alizés de l'hémisphère
sud pour se reposer et tracer sa route au mieux. Steve White (Toe
in the water) continue, contre vents et marées, de brandir lindéfectible
optimisme qui ne le quitte pas depuis le début de cette aventure.
Malgré des dernières heures catastrophiques où le
navigateur britannique a cumulé un spinnaker en lambeaux, une collision
évitée avec un cargo sourd aux appels VHF, une route erratique
qui loblige à faire le tour de la paroisse pour rejoindre
les Sables dOlonne, Steve continue de brandir comme un étendard
son plaisir dêtre en mer.
Arnaud Boissières, quant à lui, espère toujours
pouvoir en terminer le week-end prochain. Le skipper dAkena Vérandas,
auteur dune course remarquable jusque là, doit aussi composer
avec la position parfaitement inhabituelle de lanticyclone des Açores
qui bloque la route vers la Vendée. Petit temps, allures de près
risque dêtre le lot commun de lArcachonnais qui avouait,
quelques jours plus tôt à la vacation, ressentir une certaine
lassitude. Quil se rassure, une fois la ligne darrivée
franchie, les petites misères et grandes galères de ces
trois mois de course sont vite reléguées dans les oubliettes
de la mémoire. Ainsi fonctionnait la Grande Armée : la satisfaction
du devoir accompli compensait grandement les tributs de la bataille.
lundi 16 février 2009 :
Le parcours dun combattant
En coupant
la ligne darrivée ce lundi 16 février à 2h
21 36 (heure française), Marc
Guillemot
sadjuge la troisième place de ce Vendée Globe avec
seulement quatre-vingt minutes davance sur Samantha
Davies
qui lui concédait 50 heures pour son intervention aux côtés
de Yann Eliès.
Le skipper de Safran a donc mis 95 jours 03h heures 19 minutes 36 secondes
pour faire le tour du monde (bonification incluse).
Marc Guillemot aura finalement réussi son challenge : arriver
jusquaux Sables dOlonne sans quille ! Après plus de
1 000 milles de navigation et des bords à tirer contre une brise
de secteur Est
Un nouvel exploit pour le Trinitain qui a cumulé
les aventures et les émotions depuis son départ : labordage
dun cétacé avant les Kerguelen, le détournement
vers Yann Eliès et son soutien pendant deux jours, larrêt
à lîle dAuckland pour réparer une première
fois son rail de grand voile, la course poursuite avec Samantha
Davies, un nouveau mouillage aux Malouines, une route à
raser le Brésil au milieu des pêcheurs, un contournement
judicieux de lanticyclone des Açores par lOuest et
une quille qui descend dans un premier temps de quelques centimètres
Pour finir par casser et couler ! Heureusement les conditions météorologiques
samélioraient progressivement lorsque le solitaire abordait
le golfe de Gascogne sans son lest : du petit temps, même si le
vent était contraire. Mais Marc Guillemot avait déjà
eu le temps de prendre la mesure de ce monocoque handicapé et réussissait
à maintenir des vitesses étonnantes jusquà
larrivée : jusquà plus de douze nuds...
1 000 milles sans quille
Le Trinitain a eu le droit à une arrivée triomphale
puisque nombre de concurrents malchanceux du Vendée Globe étaient
venus rendre hommage au navigateur (voir
la photo) qui a contribué au sauvetage de Yann Eliès
: Kito de Pavant, Roland
Jourdain, Jean Le Cam, Yannick
Bestaven, Mike Golding
mais
aussi Samantha Davies et Armel
Le Cleac'h. Même Yann Eliès toujours
en rééducation, sest déplacé avec ses
béquilles et a tenu à accompagner Marc Guillemot
dans sa remontée du chenal. Et en coupant la ligne devant Les Sables
dOlonne à 2h 21' 36'', le solitaire obtient pour seulement
une heure et vingt minutes (le plus petit écart entre deux concurrents
depuis la création du Vendée Globe en 1989), la troisième
marche du podium devant Samantha Davies
! Et malgré la nuit, malgré le froid, malgré une
lune bien blafarde et sous un ciel magiquement étoilé, le
public et les amis de Marc Guillemot étaient venus en nombre
laccueillir sur leau
puis lapplaudir sur les quais
des Sables dOlonne. Cest un combattant, un dur au mal avec
un cur gros comme ça qui a enthousiasmé les spectateurs
et les internautes pendant plus de trois mois.
Bravo ! A larrivée, Marc Guillemot a parcouru sur leau
28 401 milles à la moyenne de 12,44 nuds
Les temps de Marc Guillemot
Passage à léquateur : 13j 03h 59
Passage à Bonne Espérance : 27j 06h 08
Passage au cap Leeuwin : 38j 11h 28
Passage de lantiméridien : 49j 22h 13
Passage du cap Horn : 63j 19h 28
Passage à léquateur : 81j 12h 13
Arrivée aux Sables dOlonne : 95j 03h 19 36
Arrivées du Vendée Globe
1-Michel Desjoyeaux (Foncia) 84j 03h 09 08
2-Armel Le Cléach (Brit Air) 89j 09h 39 35
(bonification de 11h incluse)
3-Marc Guillemot (Safran) 95j 03h 19 36 (bonification
de 82h incluse)
4-Samantha Davies (Roxy) 95j 04h 39 01 (bonification
de 32h incluse)
Brian
Thompson cinquième
Le skipper de
Bahrain Team Pindar Brian Thompson
a franchi la ligne darrivée devant les digues des Sables
dOlonne à 9h 31 55 (heure française)
ce lundi matin. Le Britannique aura mis 98 jours 20 heures 29 minutes
55 secondes pour boucler la boucle et prendre la cinquième place
de ce sixième Vendée Globe.
Il semble que Brian Thompson a dû contenir ses ardeurs
ces dernières heures pour des raisons de quille affaiblie ! Le
solitaire a dû aussi composer avec un vent contraire et mollissant
en atterrissant sur la Vendée au lever du jour. Le Britannique
a connu bien des problèmes techniques à bord de son monocoque
surpuissant quil a toujours réussis à résoudre.
À limage des soucis structurels dans la partie avant de son
bateau quil a stratifié pendant trois jours dans les coups
de vent sous lAustralie !
Le skipper de Bahrain Team Pindar a rarement
pu tirer la quintessence de son monocoque qui avait démâté
par deux fois avant le départ du Vendée Globe : très
peu de préparation et peu de navigation à bord ont entraîné
beaucoup de temps pour prendre la mesure du comportement de ce monocoque
très large. Le Britannique a tout de même réussi à
préserver son matériel car son bateau est arrivé
aux Sables dOlonne dans un état extérieur remarquable,
sous un ris dans la grand voile et génois dans une petite brise
dEst. Le solitaire aura parcouru sur leau 28 700 milles à
la moyenne de 12,10 nuds et finit cinquième à 14j
17h 20 du vainqueur.
Les temps de Brian Thompson
Passage à léquateur : 12j 22h 23
Passage à Bonne Espérance : 27j 23h 33
Passage au cap Leeuwin : 40j 16h 03
Passage de lantiméridien : 50j 09h 28
Passage du cap Horn : 66j 15h 13
Passage à léquateur : 82j 12h 18
Arrivée aux Sables dOlonne : 98j 20h 29 55
Arrivées du Vendée Globe
1-Michel Desjoyeaux (Foncia) 84j 03h 09 08
2-Armel Le Cléach (Brit Air) 89j 09h 39 35
(bonification de 11h incluse)
3-Marc Guillemot (Safran) 95j 03h 19 36 (bonification
de 82h incluse)
4-Samantha Davies (Roxy) 95j 04h 39 01 (bonification
de 32h incluse)
5-Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) 98j 20h 29 55
Première mondiale pour Dee
Dee
Caffari qui se trouve actuellement à
quelques 30 milles de la ligne darrivée et avance à
8,8 nuds devrait prendre ce lundi 16 février la 6ème
position du Vendée Globe et réaliser une première
mondiale en devenant la première femme à réaliser
le tour du monde en solitaire sans escales dans les deux sens. En mai
2006, Dee Caffari était devenue la première femme
à avoir bouclé le tour du monde en solitaire sans escales
contre les vents et les courants dominants. Aujourdhui, elle va
en finir avec son tour du monde en solitaire sans escales mais cette fois
dans le « bon sens ».
Dans tous les sens
Larrivée de Dee Caffari
ce lundi à 14h12mn57s (heure française) senchaînait
avec celles de Marc Guillemot et de Brian Thompson quelques
heures plus tôt : une première dans un Vendée Globe
avec trois concurrents en moins de 12 heures ! La Britannique réalise
aussi une autre première puisquelle cumule deux tours du
monde en solitaire sans escale, à lenvers et à lendroit
Cest sens dessus dessous que Dee Caffari
a franchi la ligne darrivée devant les Sables
dOlonne : énorme émotion, acclamations du public et
résultat remarquable auront marqué ces instants où
létrave de Aviva pointait à lhorizon sous un
ciel lumineux et par une petite brise dEst. Des bords à tirer
et un final étonnant quand les spectateurs découvraient
létat de déliquescence de la grand voile, partant
en lambeaux
Car la Britannique na pas seulement ému
: elle a inspiré le respect par sa détermination à
finir la course malgré bien des ennuis et en particulier avec ce
délaminage du tissu de sa voile principale. Un problème
récurrent qui est apparu dès la latitude de la Nouvelle-Zélande,
soit quasiment à la mi-parcours ! Il a fallu à la solitaire
trouver des solutions de secours à coups de résine, de colle
et de joint pour mettre des patchs sur un film qui peluchait.
99 jours, 1 heure, 10 minutes et 57 secondes
Il y a à peine trois ans, Dee Caffari
bouclait un tour du monde en solitaire et à lenvers, contre
les vents et les courants dominants, en 178 jours 03 heures 05 minutes
et voilà quen ce 16 février 2009, la Britannique
réalise le même exploit mais cette fois, dOuest en
Est, en course, en moins de cent jours
Une performance remarquable
puisquils ne sont que quinze navigateurs au monde à avoir
bouclé la boucle en monocoque et en solitaire sous cette barre
symbolique ! Dee Caffari en fait désormais
partie, avec le panache en prime, car la skipper de Aviva ne cachait pas
au départ le 9 novembre dernier, son manque dexpérience
de la régate pure. En deux années de préparation
dont une saison sur son nouveau monocoque, la solitaire na cessé
de sentraîner et de progresser. Son plan Owen Clarke Design,
sistership de ceux de Mike Golding et de Dominique
Wavre, savérait tout de même très puissant
pour lAnglaise, mais elle a réussi à sadapter
au point que son début de parcours la maintenait dans les douze
premiers jusquaux Canaries.
Une petite erreur dappréciation, la même que celle
de Marc Guillemot, la stoppe dans son élan sous le vent
des îles, mais la solitaire ne lâche rien : seizième
au passage de léquateur, elle conserve le rythme dans toute
la descente de lAtlantique et maintient sa place au cap de Bonne
Espérance. Avec les abandons des Kerguelen, Dee
Caffari choisit la prudence et préfère passer
au Nord de larchipel en compagnie de Brian Thompson. Onzième
au passage du cap Leeuwin, la navigatrice va rester sur la même
route que son compatriote quasiment jusquà la porte de Nouvelle-Zélande
où elle constate que sa grand voile est en train de se détruire
Arnaud Boissières est aussi au contact,
mais Brian Thompson prend la poudre descampette.
Une énorme tempête !
Cest au passage du Cap Horn que le trio se regroupe car une
tempête, très brève mais très violente, sabat
sur la Terre de Feu, obligeant les trois solitaires à sabriter
ou à faire route en fuite. Dee Caffari
est alors septième lorsquelle déborde lîle
des Etats. Il reste 7 000 milles à parcourir et létat
de sa grand voile ne saméliore pas, bien au contraire
La troïka remonte vers le Brésil, mais se sépare puisque
Arnaud Boissières décroche avant la latitude de lUruguay
tandis que Brian Thompson fait parler la puissance de son monocoque.
LAnglaise revient tout de même au point de ne concéder
que 200 milles à Marc Guillemot quand il passe léquateur.
Un Pot au Noir très difficile lui coûte très cher
: elle perd plus de 200 milles en quelques heures !
Mais rien ne peut entamer sa détermination et la remontée
de lAtlantique Nord va être loccasion dun retour
impressionnant : elle grappille mille par mille pour nêtre
plus quà soixante milles de son compatriote à lentrée
du Golfe de Gascogne. En finissant ce lundi après-midi, Dee
Caffari ajoute une nouvelle page à lhistoire du
Vendée Globe. La navigatrice a parcouru 27 907 milles sur leau
soit une vitesse théorique moyenne de 10,45 nuds et une vitesse
effective sur leau de 11,74 nuds.
Les temps de Dee Caffari
Passage à léquateur : 13j 21h 53
Passage à Bonne Espérance : 28j 19h 43
Passage au cap Leeuwin : 42j 07h 28
Passage de lantiméridien : 50j 14h 58
Passage du cap Horn : 67j 22h 13
Passage à léquateur : 83j 23h 08
Arrivée aux Sables dOlonne : 99j 01h 11
Arrivées du Vendée Globe
1-Michel Desjoyeaux (Foncia) 84j 03h 09 08
2-Armel Le Cléach (Brit Air) 89j 09h 39 35
(bonification de 11h incluse)
3-Marc Guillemot (Safran) 95j 03h 19 36 (bonification
de 82h incluse)
4-Samantha Davies (Roxy) 95j 04h 39 01 (bonification
de 32h incluse)
5-Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) 98j 20h 29 55
6-Dee Caffari (Aviva) 99j 01h 10 57
dimanche 15 février 2009 :
Coeur brave
Sauf contrariété
de dernière minute, Marc
Guillemot
devrait franchir la ligne darrivée en début de nuit,
à bord de son Safran privé de quille depuis plus de 900
milles. Un exploit à la mesure du talent du bonhomme qui a montré
un des plus beaux visages de la course au large alliant une combativité
de tous les instants à une générosité affirmée
chaque jour. Retour sur le parcours dun combattant
Tout commence de la meilleure des manières pour Marc Guillemot
qui, dès la première nuit, prend la tête de la flotte
dans le Golfe de Gascogne à la faveur dun décalage
dans le sud judicieusement négocié. Alors quune partie
de la flotte sapprête à faire le dos rond, le navigateur
trinitain est toujours en mode régate. A linverse, le 14
novembre, pour avoir serré dun peu près sous le vent
larchipel des Canaries, Marc se retrouve englué dans
des calmes à quelques cinquante milles à louest de
lîle de La Palma. En lespace de vingt-quatre heures,
le navigateur compte un débours de plus de 200 milles sur la tête
de flotte. Grosse déception pour Marc qui met du temps à
évacuer cette désillusion même si le skipper de Safran
ne baisse pas les bras. Mais il paie cher ce retard et passe léquateur
le 22 novembre en compagnie de Brian
Thompson, Dee
Caffari et
Sam
Davies.
Sa descente de lAtlantique sud continue et signe prémonitoire,
Marc passe à proximité de lîle Gough
où il se retrouve en grande conversation avec une scientifique
en séjour sur lîle. Ce ne sera pas sa dernière
rencontre. Le 11 décembre commence la litanie des incidents de
mer qui vont transformer sa course en une longue bagarre contre un destin
contraire. Ce jour-là il heurte violemment un cétacé
et brise sa dérive tribord. Il ne sait pas que sa quille a aussi
été endommagée dans le choc. Le 16, cest son
rail de chariot de grand-voile qui sarrache en partie lui imposant
de naviguer avec au minimum deux ris dans la grand-voile.
Drôle dendroit pour une rencontre
Le 18 décembre, la course de Marc bascule. Alerté
par la direction de course, il apprend que Yann
Eliès vient de se briser la jambe, quil est
à bord de son Generali et quil ne peut pas bouger. En accord
avec la direction de course, le navigateur trinitain se déroute
immédiatement : il sait ce que Yann endure car il a connu
la même situation quelques vingt années plus tôt quand
il avait dû attendre les secours à bord de Jet Services IV,
le bassin fracturé, après le chavirage du catamaran. Pour
Marco, il ny a pas lombre dune hésitation
: il ira à la rencontre de Yann et mettra en uvre
tout ce quil pourra tant que les secours australiens nauront
pas pris en charge son camarade. Pendant des heures, Marco va tourner
autour du bateau de Yann, lencourageant à la VHF,
tentant de lui jeter par louverture de la cabine les calmants dont
Yann a besoin et quil ne peut pas atteindre. Son soutien
psychologique sera essentiel et est sûrement à lorigine
du sursaut de volonté de Yann qui, dans un effort intense,
parviendra à attraper ses calmants, un peu de nourriture et un
peu deau. Marco ne reprendra la course quune fois que
la frégate australienne aura embarqué à son bord
le navigateur de Generali. Mais on imagine à quel point il est
difficile de revenir dans une partie quand on est resté sur le
banc de touche à assister un copain blessé. Malgré
tout, Marc continue de se battre : il sarrêtera une
première fois à lîle dAuckland, à
plusieurs centaines milles dans le sud de la Nouvelle-Zélande pour
tenter de réparer son mât, sous le regard ébahi de
deux scientifiques venus procéder à des travaux détudes
sur la plage. Il récidivera dans larchipel des Malouines,
à Port Stanley, sous les yeux de centaines de touristes venus visiter
les coins perdus des mers du sud en paquebot. Au bout du compte, Marc
Guillemot est bien le navigateur solitaire qui aura fait le plus de
rencontres dans ce Vendée Globe.
Et puis viendra la perte de sa quille à presque mille milles du
but : les conditions météos rencontrées ne sont pas
trop défavorables, le dernier mauvais temps vient de passer. Son
compagnon Roland Jourdain a montré
en quelque sorte le chemin en parcourant les 600 milles qui le séparait
des Açores sans son appendice. Si dautres lont fait,
pourquoi pas lui. Il décide de continuer, affirme haut et clair
quil est toujours en course, toujours à la lutte pour le
podium. Il nest pas de la trempe de ceux qui renoncent aux moindres
vents contraires.
Une fois la ligne darrivée, Marc sétait
fait une promesse : celle dinviter à son bord dautres
navigateurs qui navaient pas eu la chance de pouvoir boucler laventure.
Pour remonter le chenal, il a demandé la compagnie de Jean
Le Cam, Roland Jourdain, Kito de Pavant
et Yann Elies. Les quatre navigateurs seront à ses côtés,
Yann restant dans une embarcation pneumatique bord à bord
avec Safran. Quil sagisse de surmonter des défis ou
de partager ses bonheurs, décidément, cet homme a un gros
cur.
samedi 14 février 2009 :
Sans faute
En
coupant la ligne darrivée ce samedi à 1h41, Samantha
Davies
sadjuge la troisième place dans le port des Sables dOlonne.
La Britannique devra patienter encore deux jours et deux heures pour confirmer
ou non quelle monte aussi sur la troisième marche du podium
de ce sixième Vendée Globe, dans lattente de larrivée
de Marc
Guillemot.
Retour sur un parcours sans faute
95 jours 01 heure 41 minutes 01 seconde : Roxy a coupé la ligne
darrivée dans la nuit après 27 470 milles parcourus
sur leau à la moyenne de 12,02 nuds ! Samantha
Davies termine ainsi son premier tour du monde en solitaire,
sans escale et sans assistance, mais finit surtout première Britannique
dune armada de sept partants le 9 novembre dernier. Elle serait
aussi la deuxième femme à monter sur le podium (sous réserve
de larrivée de Marc Guillemot avant lundi matin) et
la troisième Anglaise après Ellen Mac
Arthur en 2000-2001 et Mike Golding
en 2004-2005. Un résultat exceptionnel pour cette jeune femme de
34 ans qui a préparé avec toute son équipe, un bateau
mythique déjà vainqueur des deux dernières éditions,
mais qui commençait à accuser le poids de ses neuf années.
La clé du succès est sûrement à chercher dans
la confiance, lénergie, léternel bonheur dêtre
en mer et le talent de Samantha Davies
qui a été lune des rares solitaires de ce Vendée
Globe à franchir la barre symbolique des 400 milles quotidiens
(414 milles en 24 heures)
Quand prudence rime avec entrain
Dès le coup de canon, la jeune anglaise tient le rythme et jusquà
léquateur, oscille au classement entre la dixième
et la quinzième place : après le Pot au Noir et au passage
vers lhémisphère Sud, Samantha
Davies pointe à la quatorzième place, à
235 milles du premier, Loïck
Peyron. La descente dans les alizés de sud-est est
plus difficile pour le monocoque qui ne possède pas la même
puissance que les bateaux de la dernière génération
mais la Britannique a de la ressource malgré un passage de lanticyclone
de Sainte-Hélène qui ne lui est pas du tout favorable :
elle perd en quatre jours plus de 300 milles
plantée dans
les petits airs quand les premiers déboulent déjà
dans les Quarantièmes et que ses poursuivants peuvent couper le
fromage avec de la brise ! Mais quà cela ne tienne : Roxy
glisse ensuite sur la longue houle du Grand Sud et franchit la longitude
du cap de Bonne Espérance toujours à la quatorzième
place avec 560 milles de décalage par rapport à Jean-Pierre
Dick, alors en tête.
Mais au delà des performances, cest son plaisir de participer
à cette aventure et sa capacité à le transmettre
qui marque le public et les coureurs : rien ne semble entacher son bonheur
dêtre en mer, de naviguer en course face à un plateau
de coureurs exceptionnels. Là encore, la préparation du
monocoque rose est son atout maître car la solitaire ne subit pas
davarie majeure. Elle rencontre un iceberg avant même datteindre
larchipel des Kerguelen ! Une zone qui va commencer à faire
un grand ménage dans la flotte
Au point quau passage
du cap Leeuwin, Samantha Davies est
dixième à 1035 milles de Michel
Desjoyeaux. Quand Yann
Eliès est en difficulté au large de lAustralie,
la navigatrice met immédiatement entre parenthèse la course
pour cravacher vers le Briochin afin de lui porter assistance aux côtés
de Marc Guillemot. Elle arrivera quelques heures seulement après
le navire militaire qui embarque Yann Eliès et reprend la
course avec le Trinitain dans des conditions météorologiques
peu favorables : petit temps, grosse houle.
Seule au monde
Samantha retrouve la solitude totale
quand Marc Guillemot fait son pit-stop à lîle
dAuckland. Ce qui nenlève rien à sa détermination
: chaque jour qui passe est loccasion pour elle de souligner à
quel point elle aime ces grands déserts salés où
les seuls albatros lui servent de compagnons de route. La remontée
vers les portes des glaces du Pacifique est particulièrement musclée
avec une succession de dépressions assez actives, au point que
plusieurs leaders sont définitivement éliminés
Aux antipodes, la Britannique est déjà remontée à
la huitième place ! Mais il y a tout un océan à traverser
: après un peu moins de 63 jours de mer, le Cap Horn est passé
et Samantha Davies est quatrième
au classement. Certes il y a toujours Marc Guillemot dans son sillage
qui est virtuellement devant puisquelle lui rend 50 heures de bonification.
Il reste alors 7 000 milles à parcourir avant les Sables dOlonne.
Une nouvelle fois, la navigatrice se retrouve sans compagnon de route
car Marc Guillemot a mouillé aux Malouines pour réparer
une nouvelle fois son rail de grand voile. Sa remontée de lAtlantique
Sud va être un véritable calvaire : alors quelle parvient
à la latitude de lUruguay, une zone orageuse lenglue
dans des calmes dont elle ne se sort que très difficilement, permettant
à Marco de la contourner par lOuest, le long des côtes
brésiliennes. Pour la première fois perce une pointe de
lassitude. Entre la demoiselle de Port-la-Forêt, son port dattache
en France et le petit temps, il existe comme un contentieux. Le duel entre
les deux concurrents est à son apogée, chacun prenant à
son tour lavantage sur lautre, parfois pour quelques heures.
Mais la jeune anglaise réussit à conserver le leadership
au passage de léquateur, toujours quatrième au classement.
Elle choisit une route un peu risquée pour aborder lanticyclone
des Açores et les calmes sont de nouveau au rendez-vous quand Marc
Guillemot les contourne par lOuest : le chassé-croisé
continue
Jusquà ce que Safran perde sa quille. La troisième
place est désormais à portée détrave
!
Les temps de Samantha Davies
Passage à léquateur : 13j 01h 51
Passage à Bonne Espérance : 28j 05h 28
Passage au cap Leeuwin : 40j 00h 48
Passage de lantiméridien : 48j 11h 43
Passage du cap Horn : 62j 21h 18
Passage à léquateur : 81j 02h 28'
Arrivée aux Sables dOlonne : 95j 01h 41'
(Incluant la bonnification de 32h attribuée pour s'être déroutée
lors du sauvetage de Yann Eliès)
vendredi 13 février 2009 :
Sam
Samedi
Samantha
Davies
est toujours attendue vendredi en milieu de nuit ou samedi matin sur la
ligne darrivée des Sables dOlonne. Le petit temps qui
a régné toute la nuit commence à prendre fin et cest
dans un léger flux de Nord-Ouest que la solitaire devrait couvrir
les derniers 150 milles vers la Vendée.
La jeune Britannique a passé une nuit câline au large des
côtes bretonnes : elle na progressé que de vingt milles
en dix heures ! Et ce vendredi matin à 9h00, sa vitesse nétait
encore que de quatre nuds
Mais la situation devrait se décanter
dans les prochaines heures avec larrivée dun régime
plus consistant et plus régulier de Nord-Ouest. Une arrivée
avant la nuit semble toutefois impossible et cest plutôt après
les douze coups de minuit que Samantha Davies
(Roxy) pourrait boucler les 24 840 milles de ce tour du monde. Et paradoxalement,
la navigatrice a été la moins rapide de toute la flotte
! Marc
Guillemot
(Safran) a profité dune légère brise encore
portante pour revenir sur lAnglaise
Plus de six nuds
de moyenne pendant la nuit lui permettent de nêtre plus quà
350 milles environ de la ligne darrivée et finalement, sil
arrive à gagner vers le Nord-Est après la traversée
dune bulle sans vent, il pourrait aussi toucher le flux qui va propulser
Sam ! Ce serait un énorme soulagement pour le solitaire
et toute son équipe car il naviguerait bâbord amure sur un
même bord, et surtout travers au vent. Il naurait donc pas
à louvoyer : la possibilité de concéder moins de
50 heures à la Britannique refait donc surface !
Du suspens jusquau quai
Reste que linstabilité de son monocoque ne joue pas en
sa faveur : le plus efficace est une brise stable qui permet de porter
suffisamment de toile sans prise de risque. De là à contrer
le retour des deux autres Britanniques qui le poursuivent, il y a un pas
difficile à franchir. Brian
Thompson (Bahrain Team Pindar) peut faire parler
la poudre : avec un peu plus de cent milles de retard, le Britannique
a désormais de grandes chances de devancer Marc Guillemot
sur la ligne darrivée, mais pas assez pour le dépasser
au classement avec la bonification due à lintervention auprès
de Yann Eliès.
Quant à Dee
Caffari (Aviva), elle était tout simplement
la plus véloce du plan deau avec une grand voile qui ne ressemble
plus à rien : les photos
quelle a fait parvenir en disent plus quun long discours !
Bonne pioche pour Arnaud
Boissières (Akéna Vérandas)
qui peut faire route directe vers le cap Finisterre sans passer par la
case Açores : ce raccourcissement lui est ouvert par un front sur
le milieu de lAtlantique et lArcachonnais peut de nouveau
glisser sur leau plutôt que de planter des pieux face à
lalizé. Ce nest pas encore le cas pour Steve
White (Toe in the water) qui naura probablement pas
la même chance de tourner à droite aussi tôt : derrière
le front, la situation météo revient à la normale
et le Britannique devra très certainement contourner lanticyclone
des Açores par lOuest.
La tête à lenvers
Du côté de lhémisphère Sud, Rich
Wilson (Great American III) voit le début du tunnel sapprocher
: pratiquement à la hauteur de Recife (Nord-Est du Brésil),
lAméricain profite dune brise qui tourne progressivement
au Sud-Est. Il va pouvoir aborder le Pot au Noir dans trois jours car
celui-ci est positionné sur léquateur. Sera-t-il aussi
actif après le week-end que maintenant ? Ne le souhaitons pas au
doyen du Vendée Globe qui a encore 3 700 milles à parcourir
Enfin pour Raphaël
Dinelli (Fondation Océan
Vital) et Norbert
Sedlacek (Nauticsport-Kapsch), ce vendredi a des
allures de pause après la tempête qui les a secoués
avant-hier et avant un nouveau coup de vent de Nord.
jeudi 12 février 2009 :
Tout droit !
À
lentrée du golfe de Gascogne et à moins de 300 milles
des Sables dOlonne, Samantha
Davies
conforte sa place de troisième, mais va devoir composer avec des
vents plus faibles et devenant contraires dès ce jeudi midi. Quant
à Marc
Guillemot,
sa fin de parcours sannonce extrêmement délicate face
à une brise qui sorientera à lEst pour ce week-end.
Finalement, Samantha Davies (Roxy)
a maintenu une bonne vitesse toute la nuit en restant sur une route assez
Nord : la Britannique est déjà à la latitude de Saint-Nazaire
et sur la longitude du cap Finisterre. Mais la brise encore portante qui
la propulse vers larrivée devrait sécrouler
dans les heures qui viennent avec linstallation dune bulle
anticyclonique dans le golfe de Gascogne. Et comme ces hautes pressions
semblent se centrer plus au Nord que prévu initialement, cest
face à des vents de secteur Est que la solitaire devrait franchir
la ligne mouillée devant les Sables dOlonne, très
certainement samedi matin. Car sil ne reste effectivement que 300
milles à courir pour le monocoque déjà double vainqueur
du Vendée Globe, le cumul dun net ralentissement ce jeudi
associé à un louvoyage pour atteindre le but ultime ne plaide
pas en la faveur dun final avant le week-end. Et puis peut-on imaginer
arriver en pleine nuit quand on a passé plus de trois mois en mer,
lorsquon aime par-dessus tout, les couchers et les levers de soleil
et de lune ? Rien de mieux quun matin blafard pour conclure un tour
du monde de plus de 25 000 milles
Nouvelle contrariété
Marc Guillemot (Safran) semble avoir pris la mesure de la difficulté
à faire marcher un monocoque sans quille : pour maintenir la stabilité
tout en essayant dêtre performant, il faut être en constance
vigilance. Une configuration qui ne peut sétaler sur une
semaine, surtout lorsque le skipper a cumulé autant dévènements,
démotions, de fatigue, de stress et de difficultés.
La raison impose sa loi pour préserver les acquis surtout lorsque
les prévisions météorologiques changent le synopsis
: les calmes prévus seront certes bien là dans les heures
à venir, mais derrière, ce ne sont plus des vents de secteur
Nord qui sannoncent, mais des brises de secteur Sud-Est tournant
à lEst ! Il va donc falloir faire du près, voir même
tirer des bords pour atteindre les Sables dOlonne
Le défi
devient nettement plus complexe quand il manque une quille car Marc
Guillemot va devoir sous-toilé son monocoque pour ne pas risquer
le chavirage.
Brian Thompson
(Bahrain Team Pindar) pourra en profiter pour revenir dans son tableau
arrière, voire même lui griller la politesse sur la ligne
darrivée : il na plus que 350 milles de retard en bénéficiant
encore dun flux portant assez soutenu. Quand toute la flotte va
compresser dans le petit temps du golfe de Gascogne, le géant britannique
sera certainement très à laise face au vent avec son
monocoque hyper puissant
Même Dee
Caffari (Aviva) ne sera pas très loin malgré
sa grand voile qui continue à partir en lambeau : lAnglaise
démontre une nouvelle fois que son incroyable détermination
fait fi des plus ennuyeuses avaries ! Rappelons que le « syndrome
de lépluchage » date de la Nouvelle-Zélande
Et que la Britannique na cessé de jouer les infirmières
en collant sparadraps sur rustines, en renouvelant les opérations
chirurgicales pour limiter lhémorragie de fibres baladeuses.
Il ne serait pas étonnant daccueillir les trois marins (Marc,
Brian, Dee) à quelques heures dintervalle, probablement
lundi.
mercredi 11 février 2009 :
Un trou dans
le golfe
Alors
que Samantha
Davies
est à moins de 600 milles de larrivée ce mercredi
matin et que Marc
Guillemot
arrive à maintenir une vitesse supérieure à dix nuds
malgré labsence de quille, les conditions météorologiques
sont en plein chambardement sur les derniers milles de course
Il y a un trou dans le golfe, un trou de vent béant qui impose
de faire route au Nord à Nord-Est pour les quatre prochains navigateurs
attendus aux Sables dOlonne. Mais heureusement, en bordure de cette
zone sans vent qui sinstalle en plein milieu du golfe de Gascogne,
un flux de secteur Sud-Ouest à Ouest permet de maintenir une vitesse
très correcte sur une mer enfin assagie, pour quelques heures encore.
De quoi rassurer Marc Guillemot (Safran) qui en labsence
de quille, peut tout de même faire des pointes à plus de
quatorze nuds et une moyenne supérieure à onze nuds
ce mercredi matin
Dailleurs Samantha
Davies (Roxy) qui a pris la troisième place au classement
provisoire depuis hier, nest pas beaucoup plus rapide dans cette
brise qui dépasse rarement plus de quinze nuds. Et à
ce rythme-là, la jeune Britannique pourrait bien en finir dès
samedi !
Une approche par à-coups
Mais voilà : sil y a encore du gradient de pression entre
les Açores et le golfe de Gascogne, cela va totalement changer
dès jeudi midi ! Cest un véritable magma sans consistance
qui va se propager de la Vendée à Ouessant jusquau
grand large de la pointe de la Bretagne
Seule solution : contourner
par le Nord cette énorme bulle en sachant que les calmes vont de
toute façon freiner considérablement la progression, mais
au moins, le retour du vent se fera par cette voie du Nord. En bref, pour
parer le trou, il faut faire un grand swing vers Ouessant, pour une approche
délicate et progressive, afin damerrir sur le « fair-way
» vendéen pour putter vers les Sables
En évitant
les « bunkers » répartis sur la route et à position
fluctuante ! Les golfeurs sauront retrouver leurs marques dans ce jeu
pour faire « birdy »
Donc il devient très délicat de prédire une arrivée
car si ce mercredi, la progression des quatre prochains solitaires attendus
aux Sables dOlonne est plutôt bonne, cest à partir
de demain jeudi que les choses se gâtent
Brian
Thompson (Bahrain Team Pindar) qui est bien revenu
la nuit dernière grâce à un flux de Sud puissant,
a pu faire le break face à sa compatriote Dee
Caffari (Aviva) et revenir sur Marc Guillemot
: malheureusement, ce nest un effet éphémère
puisque les deux Britanniques seront les premiers à se faire engluer
Quant aux autres navigateurs, les conditions sont très modérées
et il ny a pas beaucoup de solutions, si ce nest patienter
jusquà ce que Eole reprenne des couleurs : Arnaud
Boissières (Akéna Vérandas)
peine dans un vent peu coopératif au large des Canaries et sil
tente de revenir par la terre, cela risque dêtre très
provisoire car quand lanticyclone va revenir à son état
normal, la solution de couper le fromage pourrait être pénalisante.
Steve White (Toe
in the Water) na pas dautre choix que de monter au près
contre les alizés de Nord-Est capverdiens alors que Rich
Wilson (Great American III) arrive à sextraire des
côtes brésiliennes. Pour Raphaël
Dinelli (Fondation Océan
Vital) et Norbert
Sedlacek (Nauticsport-Kapsch), il faut encore affronter
des vents contraires, au moins jusquà la latitude de Rio
de Janeiro
mardi 10 février
2009 :
La tempête
des Sables
Cette
nuit, comme prévu, le vent a soufflé en tempête sur
la ville de départ et darrivée de ce 6e Vendée
Globe. Les violentes rafales se sont abattues sur les Sables dOlonne
dès 21h00 et ont duré toute la nuit causant quelques dégâts
urbains : barrières, arbustes ou panneaux de signalisation arrachés.
Le Village Arrivée a également subi des dégâts
importants, il est donc fermé au public jusquà nouvel
ordre.
Cest une de ces fortes dépressions quon rencontre en
hiver sur les côtes de lEurope. Cette nuit, elle na
pas épargné toute la façade ouest de la France sest
engouffrée à lintérieur des terres. Même
si un beau ciel de traîne sest installé en Vendée,
ce matin, les Sables dOlonne conservait les séquelles de
ce violent coup de vent (rafales à 140 m²). En dehors des
belles déferlantes qui balayent la plage, les dégâts
sont visibles au détour des rues. A Port Olona, le Village Arrivée
est partiellement endommagé.
Heureusement, cette dépression qui sest
creusée au fil de sa progression vers les côtes françaises
a précédé les marins, notamment Marc
Guillemot
et Samantha
Davies, potentiellement
les plus exposés.
Safran évolue sans quille depuis lundi après-midi mais malgré
labsence de son appendice, le plan VPLP-Verdier a maintenu cette
nuit une très honorable moyenne de 9,2 nuds. Il est désormais
devancé de 35,7 milles par Roxy, forcément plus rapide depuis
36 heures.
Marc Guillemot sait que la troisième place va probablement
lui échapper (au moins en temps réel) au profit de la navigatrice
anglaise. Quimporte. Son objectif est de terminer la course, quelle
que soit sa position au classement.
Hier après-midi, lors dune vacation exceptionnelle, le marin
trinitain semblait même galvanisé par ce nouveau défi,
malgré la fatigue et le stress accumulés. 500 milles dans
louest de la Corogne, les deux compères font route parallèle,
Samantha positionnée dans le sud de Marco. Un nouveau
challenge les attend dici la ligne darrivée : négocier
sans trop de dégâts un anticyclone qui gonfle et les rattrape.
Ils devront probablement orienter leur cap vers le nord pour conserver
des vents portants et un brin de vitesse.
lundi 9 février 2009 :
Problème
de quille à bord de Safran
Ce
matin à 6h40, Thierry Brault, responsable de l'équipe technique
de Marc
Guillemot,
a appelé la Direction de Course du Vendée Globe pour lui
signaler une avarie sérieuse à bord de Safran, au niveau
de la quille.
Pour rappel, le 11 décembre, alors que Marc Guillemot naviguait
à plus de 20 nuds en direction des Îles Kerguelen,
Safran percutait violemment un mammifère marin. Ce choc pourrait
être à lorigine du problème rencontré
aujourdhui.
En effet, la quille du monocoque a du jeu dans sa boîte et elle
est aussi descendue de quelques centimètres.
Depuis ce constat, Marc Guillemot a réussi
à sécuriser la quille par plusieurs brêlages en textile,
reliant la tête de quille au mât et au winch de mât.
L'étanchéité et la stabilité du bateau sont
donc préservées mais la réparation demeure précaire.
Marc Guillemot ne demande pas dassistance pour linstant.
Il est en bonne santé et continue sa route.
De plus amples informations dans le courant de la journée.
Safran se trouvait à 9h20 par 24° 54.28 W 42° 4.00 N et
avançait à 10 nuds dans une mer forte et avec 30 à
35 nuds de vent.
Marc Guillemot na pas réussi à circonscrire
complètement son problème de quille qui sest déplacée
dans son puits, au point que la mer a finalement eu raison du système
de brélage réalisé par le solitaire pour sécuriser
le bateau. Le lest a coulé et Safran navigue donc à vitesse
réduite, ballasts pleins. Et une tempête est annoncée
pour la nuit prochaine et mardi matin sur la Vendée
Crise dappendicite
Après Dominique
Wavre (Temenos II) avant les Kerguelen, Jean
Le Cam (VM Matériaux) avant le cap Horn et Roland
Jourdain (Veolia Environnement) en approchant des Açores,
cest au tour de Marc Guillemot de voir que son appendice
nest plus opérationnel. Et pour cause : tout le bas de la
quille repose désormais par plus de trois milles mètres
de fond, à 250 milles au Nord de Sao Miguel, à 800 milles
de la pointe espagnole et à environ 1 000 milles des Sables dOlonne
! Le skipper de Safran semblait en fait plutôt soulagé de
ne plus avoir sa quille à moitié sortie de son logement
: bien que Marc Guillemot ait pu la bloquer dans laxe en
la retenant par des cordages traversant le rouf pour se fixer sur le mât,
les trois tonnes de plomb plongé à 4,50 mètres de
profondeur avaient toujours de quoi déplacer le voile de quille.
Le bras de levier est tel que lappendice aurait pu détruire
le puits, voire les fonds du bateau, provoquant une voie deau impossible
à colmater !
Pour la troisième marche
Comme Roland Jourdain avant les Açores, Marc Guillemot
a donc réduit la toile et remplit tous ses ballasts au vent
pour alourdir le bateau et lui donner plus de stabilité. En fait,
la dépression qui va balayer la Vendée la nuit prochaine
et mardi matin, est loin devant Safran qui navait plus quune
quinzaine de nuds de vent de Nord-Ouest sur une mer qui sassagissait.
Pour linstant, le navigateur essaye toujours de faire route vers
Les Sables dOlonne pour finir le parcours et être classé
: les simulations laissent entendre que le solitaire pourrait atteindre
le but en fin de week-end ou en début de semaine, selon les pièges
météorologiques de lAtlantique
Et pendant ce temps, Samantha
Davies (Roxy) sest
aussi fait sérieusement brasser au large des Açores lors
du passage dun front très actif avec une mer déferlante
et de grosses rafales à plus de cinquante nuds. La Britannique
était ce lundi après-midi à moins de 1 000 milles
de larrivée et devait repasser devant Marc Guillemot
avant la nuit. Reste à savoir si la navigatrice pourra finir avec
plus de 50 heures de marge pour lacquisition de la troisième
marche du podium
puisque les deux solitaires ont été
redressés, Marc avec 82 heures de bonus, Samantha
avec 32 heures. Mais lAtlantique réserve encore des rebondissements
car après cette tempête dans le golfe de Gascogne, lanticyclone
des Açores sinstalle pile sur la position des deux skippers
De quoi faire une pause sur Safran après ces journées harassantes
pour Marc Guillemot et de quoi tenter une échappée
pour Sam Davies !
Un laborieux final
Pour les deux autres Britanniques qui poursuivent les deux prétendants
au podium, la situation ne va pas être des plus simples : justement
avec ces hautes pressions qui vont bloquer le passage entre les Açores
et le golfe de Gascogne
Brian
Thompson (Bahrain Team Pindar) et Dee
Caffari (Aviva) vont probablement devoir incurver
leur route vers le Nord-Nord Est pour éviter les calmes anticycloniques.
Leurs estimations darrivée oscillent entre lundi matin et
mercredi soir, alors que Samantha Davies
est plutôt attendue entre jeudi après-midi et vendredi soir
! Alors que pour Arnaud
Boissières, ce déplacement
des hautes pressions est plutôt une bonne nouvelle : dès
mardi, le skipper de Akéna Vérandas va enfin quitter des
alizés dEst pour un bon flux de Sud-Ouest. Il devrait pouvoir
grignoter des milles sur Brian et Dee.
Et avec un peu de chance (enfin !), Steve
White ne va pas naviguer trop longtemps au près
: lui aussi va voir les alizés de Nord-Est sincurver vers
le Sud, puis le Sud-Ouest à la latitude des Canaries, mais il lui
faudra auparavant, traverser une zone de transition avec des vents faibles.
Rich Wilson (Great American III) progresse
lui aussi dans des alizés dEst, mais dans lhémisphère
Sud : lAméricain a encore 1 300 milles avant de franchir
léquateur
Quant à Raphaël
Dinelli (Fondation Océan
Vital), la dépression qui la cueillie après les Malouines
a été dure à vivre : plus de cinquante nuds
contraire, ce nest pas très agréable mais le vent
est ce lundi après-midi devenu portant et nettement moins musclé.
Les conditions de navigation sont à peu près les mêmes
pour Norbert
Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) car lAutrichien
sort enfin des mers du Sud.
dimanche 8 février 2009 :
Pressé
mais stressé
Au
nord des Açores, à 1200 milles du dénouement, le
skipper de Safran endure des conditions de portant musclé. Comme
Armel
Le Cleac'h,
Marc
Guillemot
a décidé de jouer « la sécurité et la
prudence » pour ne pas hypothéquer son finish aux Sables
dOlonne. Sa pressante envie de finir est ternie par la fatigue et
langoisse de casser du matériel. Du coup, son heure estimée
darrivée en Vendée est légèrement repoussée
: pas avant le mercredi 11 février à 7h00 du matin.
« Mollo jusquà larrivée »
Le Vendée Globe semble réclamer un ultime droit de passage
à ses prétendants. Après Armel Le Cléach,
fortement secoué à 4 jours de larrivée, Marc
Guillemot navigue sur le fil du rasoir avec 35 nuds de vent
portant et 6 à 8 mètres de creux. En temps normal, ces conditions
sportives seraient propices à des moyennes journalières
fulgurantes. Mais cest sans compter sur la fatigue accumulée
après 3 mois de mer. A la vacation du jour, Marc Guillemot,
savouait stressé et angoissé. La faute à un
probable déficit de sommeil mais aussi à la peur de casser
du matériel, en plus dun rail de mât désormais
endommagé au dessus du deuxième ris. Il sait aussi que lundi,
à larrière dune forte dépression qui
sabattra sur louest de la France, les conditions vont encore
se corser. Avec trois ris dans la grand-voile, sa décision est
prise : « y aller mollo », soit tout de même une moyenne
de 16 nuds entre les deux derniers classements de la journée.
Richard Silvani de Météo France prévoit son arrivée
aux Sables dOlonne à partir du mercredi 11 février
à 07h00. Mais comme pour Armel, les heures estimées
darrivée conçues pour des vitesses et des routages
optimums doivent aussi prendre en compte le rythme qua choisi de
simposer le marin dans ses dernières journées de mer.
Surf session pour Samantha
Plus au sud, à 107 milles du plan VPLP/Verdier, Samantha
Davies expérimente
le même vent, mais avec beaucoup moins de mer, doù
de belles sessions de glisse pour Roxy, dont la configuration ressemble
à nouveau à celle du grand sud. Après avoir réduit
la toile toute la journée dhier, la navigatrice anglaise
a déplacé ses 500 kilos de matériel à larrière
du bateau : en route pour des surfs à 20 nuds aux abords
de larchipel des Açores quelle devra traverser cette
nuit.
A moyen terme, lavenir de Brian
Thompson et surtout de Dee
Caffari semble plus compliqué. Le navigateur
de Bahrain Team Pindar subissait ce matin le passage dun front,
synonyme de manuvres pour sadapter au nouveau flux de nord-ouest.
Il sinquiétait également de la formation de deux anticyclones
sur sa route
Bref, le chemin vers les côtes françaises
sannonce plus tortueux pour les deux anglais attendus aux Sables
dOlonne à partir du week-end prochain, dans le sillage de
Marco et Sam.
Pour Arnaud
Boissières qui a vécu deux
jours pénibles sous les grains dans une mer de face, rendez-vous
est pris autour du 20 février
Une rasade de vin pour Neptune
A plus de 3000 milles de larrivée, Steve
White (Toe in the Water) a fêté son passage
de léquateur ce matin à 04h25. Il tenait à
être éveillé pour la circonstance : une mignonnette
de vin a fait laffaire pour remercier Neptune. Le marin britannique
qui navigue en compétition depuis moins de 10 ans est une des révélations
de ce Vendée Globe. Avec un projet bouclé à la dernière
minute, que ce soit au plan technique (il finissait de préparer
son bateau quelques jours avant le départ) ou financier, Steve
White réalise une course à sa mesure, mais toujours
avec plaisir et bonne humeur.
Pour les trois derniers solitaires de lhémisphère
sud, la situation nest pas très réjouissante, pour
des raisons diamétralement opposées. Rich
Wilson, dans un anticyclone au sud du Brésil, évolue
au près serré. De leurs côtés, Raphaël
Dinelli et Norbert
Sedlacek, en pleine dépression argentine,
sont au portant dans des conditions musclées, les rafales de sud-est
atteignant les 50 nuds, et les creux 6 à 7 mètres.
samedi 7 février 2009 :
Les mots dArmel
Sourire
accroché aux lèvres, Armel
Le Cleac'h
a tenu une longue conférence de presse quelques minutes après
larrivée de Brit Air au ponton de Port Olona. Cest
un marin heureux, décontracté et ému qui a répondu
avec humour aux questions des journalistes et qui sest même
fendu de la lecture dune lettre envoyée par son grand oncle
Monseigneur Le Cléach, ancien évêque aux îles
Marquises !
Morceaux choisis
Fierté
« Je ne réalise pas vraiment encore la performance, mais
je suis très fier d'avoir fait mon tour du monde, ce n'était
pas facile et les derniers jours, le matériel a commencé
à souffrir, mais on est arrivé, avec le bateau et cest
le principal. »
Atterrissage
« Je crois que je suis encore dans ma bulle. C'est incroyable,
depuis ce matin, dès les premières vedettes autour du bateau,
le gens ont été de plus en plus nombreux
. C'est fou,
toute cette émotion ! Et puis cette incroyable remontée
du chenal, c'est des moments qu'on est venu chercher et après trois
ans de travail, on en a profité. Ça fait chaud au cur
de voir tous ces gens, sur l'eau, sur les quais, merci, merci à
tous !
Vivres
« Ma mère est un peu inquiète, c'est souvent la
question importante dans la famille : bien manger, et là, ça
manquait un peu. En fait, je navais plus rien à manger depuis
deux jours. Avant le départ les anciens, enfin, les mecs expérimentés,
disaient « on va mettre moins de 80 jours », donc j'ai pris
90 jours de nourriture en me disant que javais de la marge. Mais
dans le Sud, j'ai grignoté sur les réserves à cause
du froid, javais très faim. Je peux vous dire que les crêpes
fraîches et le pain-beurre apportés par l'équipe ce
matin, cétait un bonheur ! Le stress, la fatigue physique
et mentale, tout ça fait qu'on maigrit. Mais bon ça va,
j'arrivais encore à aller manuvrer sur le pont. »
Objectifs
« Pour moi l'objectif numéro un, c'était d'aller
au bout de ce tour du monde. Deuxièmement, bien naviguer, faire
une belle trajectoire et bien gérer mon rythme dans les mers du
sud. Voilà, j'ai fait en fonction de cette philosophie pendant
toute cette course, je me suis tenu à cette ligne de conduite et
ça a payé. J'ai rempli mes objectifs à 100%. »
Bilou et la seconde place
« Je suis triste pour Bilou, il méritait d'être
là sur le podium, mais voilà, c'est la dure loi de la course
au large. Quant à ma deuxième place en tant que bizuth et
bien je suis un habitué. A mon premier Figaro, j'ai fait deuxième,
ma première transat anglaise j'ai fait deuxième et voilà,
mon premier Vendée Globe, deuxième, donc finalement, c'est
dans lordre des choses »
La jeunesse et le métier
« Je me suis dit, avant le départ : le plus jeune a trente
ans, c'est bizarre qu'il n'y ait pas de concurrent plus jeune... Maintenant,
j'ai compris pourquoi. C'est une course qui demande beaucoup d'expérience,
beaucoup d'investissement. On ne peut pas partir comme ça. C'est
une course à part, dure, mentalement et physiquement. Il faut du
métier et ce n'est pas un hasard si Michel a gagné. Ceux
qui se battaient aux avant-postes étaient des gens qui avaient
déjà fait le tour du monde, qui connaissaient bien leur
bateau, qui avaient beaucoup d'expérience et de métier.
»
Brit Air
« Brit Air, ils s'y connaissent en voyage... On avait programmé
un vol des Sables d'Olonne aux Sables d'Olonne. Le seul problème
cest que je devais tout faire : pilote, copilote, hôtesse,
mécano... C'est une grande aventure que je leur ai fait vivre et
qu'on a vécu ensemble. »
Avaries
« J'ai eu quelques avaries, que je n'ai pas forcément
dévoilées, mais jamais de souci majeur qui m'aurait obligé
à m'arrêter ou à ralentir pour réparer. J'ai
peut-être pris moins de risques que les autres, notamment dans les
mers du sud. Au niveau de la porte de sécurité Pacifique,
j'ai couché le bateau dans un gros vrac. La tête de mât
sest retrouvée dans l'eau et mes girouettes aussi. Pendant
les quinze jours qui ont suivi, elles ont commencé à ne
plus marcher, donc depuis le cap Horn, j'ai navigué aux penons,
comme en dériveur... J'ai aussi eu quelques problèmes de
batteries. Puis ces derniers jours, dans les rafales violentes, la casquette
du cockpit a été arrachée. Une première vague
a commencé à la soulever, puis une seconde qui l'a faite
voler. Dans la nuit, le chariot de têtière est sorti du rail.
J'ai pris trois ris, ça a commencé à être un
souci. Mais au pire, j'aurais aussi pu affaler ma grand-voile et finir
avec un petit foc.»
Expérience et vitesse
« On a de belles machines et un niveau sportif qui grimpe. Par
moments ça va vite sur les bateaux, alors oui, l'expérience
des hautes vitesses comme en multicoque par exemple - aide à
un peu moins stresser quand on est à 17 ou 18 nuds. Dans
les mers du sud par exemple, je me sentais moins à l'aise, moins
habitué, j'allais moins vite. Je n'avais pas de regrets car je
restais dans ma philosophie « je fais ma course et on verra ».
Je n'ai pas fait de bêtise, car j'aurais pu très bien me
dire « je renvoie de la toile », mais non, je me suis vraiment
tenu à ma ligne de conduite et ça a marché. »
Le Grand Sud
« Même si on ny est jamais allé, on apprend
en écoutant les gens, ceux qui l'ont fait, qui l'ont vécu.
Mais c'est sûr quune fois quon y est, on est vite pris
par le froid, la dureté des éléments et la mer qui
change très vite. Le vent bascule rapidement d'un côté
à l'autre et la mer devient vite croisée, mauvaise... Trouver
la bonne configuration de voiles devient tout de suite compliqué.
J'ai appris énormément de choses, ce n'est pas facile au
début mais peu à peu on prend confiance. Ça s'est
vu sur les classements, l'expérience paye. Les gens qui avaient
de l'expérience ont fait une super course. Jean-Pierre
Dick , par exemple, était à l'aise, il allait
vite et il n'hésitait pas à tirer vers les glaces. Deux
tours du monde, ça aide. Je suis très content d'avoir partagé
cette expérience là. »
La gestion du temps
« C'est vrai quavec seulement 21 jours daffilée
passés en mer auparavant, je partais sur ces trois mois avec cette
appréhension de la durée. La descente de l'Atlantique a
été assez sportive, avec très vite une dizaine de
bateaux au contact, donc je n'ai pas vu le temps passer. Puis dans le
Sud, il a fallu s'adapter à un nouveau rythme un peu différent
avec des conditions nouvelles, les glaces. Par contre, pour la remontée
de lAtlantique, j'étais un peu seul par moment. Les premier
étaient loin devant et les autres loin derrière. Jai
parfois trouvé le temps un peu plus long. »
Une victoire en 2012 ?
« Il me manque encore de l'expérience et du travail. Il
n'y a pas de secret, il faut du métier et il faut naviguer. J'ai
appris énormément de choses sur le bateau, sur la façon
de naviguer. Tout ça fait que peut-être, avec encore un peu
de travail, on peut toujours faire mieux. Pour l'instant, en ce qui concerne
une éventuellement participation en 2012, je n'ai pas pris de décision,
c'est un gros projet, trois ans de travail, des sacrifices, des investissements,
ce n'est pas facile de laisser la famille seule. Il faut être sûr,
s'investir à 100% et ne pas se décider à la légère.»
Le programme 2009
« Avec Brit Air, on a décidé d'être présent
sur la Solitaire du Figaro. Puis il y aura la transat Jacques Vabre sur
le 60 pieds. On va aussi profiter du bateau pour faire naviguer les salariés
de Brit Air. C'est important car c'est le bateau de toute une entreprise.
Mais bon, d'ici là, on prendra un peu de vacances. »
La longue route (Moitessier)
« J'avais amené ce livre là, et j'essayais de lire
les chapitres au fur et à mesure de ma progression. Au final on
s'y retrouve parfois, dans sa façon de prévoir les coups
de vent, le temps qui passe, la contemplation paysages. Mais à
la fin du livre, quand il décide de repartir
je ny étais
plus du tout ! J'ai continué vers l'arrivée. C'est marrant,
quarante ans après, de faire un tour du monde sur des bateaux complètement
différents. C'était une aventure incroyable et c'est pas
mal de retrouver parfois les mêmes sentiments, les mêmes sensations
».
Hommage à Michel
« Chapeau bas, Michel, il n'y a pas grand chose à dire,
c'est la grande classe. Une course quasi parfaite : il a su revenir, se
bagarrer et être au contact. Il a imposé son rythme et sa
façon de naviguer. Il fait partie des grands champions comme Federer
ou Loeb, on sait qu'ils sont là, on sait qu'ils vont peut-être
gagner et il a prouvé son talent encore une fois. Je ne peux qu'être
fier d'être derrière lui. Même si j'aurais aimé
finir avec moins de 5 jours décart. »
Le bateau
« Mon bateau, a été conçu par le cabinet
Finot-Conq et construit par Multiplast. On a voulu qu'il soit costaud,
marin et simple, avec pour objectif de finir un tour du monde. C'est une
réussite. La transat B to B et mon démâtage ont servi
de test. Enfin, désolé de faire baisser les statistiques
de Finot-Conq. Pour une fois, ce nest pas un de leur bateau qui
a gagné. Michel était trop fort.»
vendredi 6 février 2009 :
Rendez-vous
samedi matin
Armel
Le Cleac'h
se souviendra longtemps de sa dernière semaine de course comme
celle dune ultime mise à lépreuve avant la délivrance.
Samedi en fin de matinée, Brit Air est attendu sur la ligne darrivée
des Sables dOlonne avec à la clé une deuxième
place amplement méritée.
A 170 milles du but
« Samedi avant midi, je serai sur la ligne » a promis le skipper
de Brit Air à la vacation du jour. Une arrivée qui sonnera
comme une libération pour Armel Le Cléach,
malmené depuis les Açores par une dépression qui
stagne sur sa route. Dire que le navigateur a passé une nuit «
sportive » dans le golfe de Gascogne est un doux euphémisme.
Mais le marin de Morlaix, malgré les conditions dantesques, nest
pas du style à verser dans le pathos. Pourtant, la casquette de
son monocoque (prolongement du roof qui protège lespace de
manuvre dans le cockpit) a bien explosé la nuit dernière
sous la violence dune vague et le chariot de têtière
de grand-voile est sorti de son logement. Avec 35 nuds de vent moyen
(10 de plus sous les grains) et des creux de 5 à 6 mètres
par le travers, on comprend aisément quArmel le Cléach
persiste à naviguer prudemment vers les côtes françaises.
Le plan Finot-Conq arbore trois ris dans la grand-voile et rien à
lavant
Une configuration qui a permis à Armel de faire
quelques courtes siestes de trois quarts dheure ce matin. Le moins
quon puisse dire est quil aura sacrément mérité
cette deuxième place et le steak frites qui lattend à
larrivée.
Marco à fond sous spi
Lodeur de lécurie se fait aussi plus présente
pour Samantha
Davies
et Marc
Guillemot qui rivalisent
pour un fauteuil sur la troisième marche du podium
en temps
réel. En ce 89e jour de course, la bagarre semble tourner à
lavantage du skipper de Safran. Il a réussi à contourner
par lOuest lanticyclone des Açores et a envoyé
son petit spi. Au portant dans 25 nuds de Sud-Ouest, le plan VPLP-Verdier
filait à 15 nuds tandis que Roxy progressait toujours au
près à proximité des hautes pressions, dans un vent
voué à sécrouler. Ces deux-là sont attendus
aux Sables dOlonne à partir du mardi 10 février 13
heures
Une prévision que Marc jugeait un peu optimiste.
Derrière, le duel fratricide entre Brian
(Bahrain Team Pindar) et Aviva suit son cours. Les deux concurrents britanniques
sapprêtent à négocier à leur tour le
fameux anticyclone avec un avantage pour Dee
Caffari qui a la possibilité de raccourcir
sa route. La navigatrice se réjouissait de pouvoir choquer les
voiles et de limiter les embardées de son bateau. Comme sa compatriote
Samantha Davies qui rêve dune douche chaude et de moelleuses
serviettes en éponge, Dee commence à penser aux fruits et
aux légumes frais de larrivée.
Excepté Arnaud
Boissières (Akena Vérandas),
dans la même situation que Dee Caffari, chacun compose avec
des conditions météo variées, typiques de cette remontée
de lAtlantique. Steve
White (Toe in the Water) voit les alizés sessouffler
en approche du Pot au Noir, Rich Wilson (Great
American III) est englué dans les orages au large du Brésil,
Raphaël
Dinelli (Fondation Océan
Vital) galère au près dans une dépression très
active qui pourrait permettre à son compère Norbert
Sedlacekde gagner du terrain. Devant
les étraves de Nauticsport-Kapsch, encore 6 700 milles, soit un
bon mois de course avant de boucler la boucle...
jeudi 5 février 2009 :
Statu quo et
ralentissements
Depuis cette
nuit, les vitesses des 10 concurrents encore en course sont loin de battre
des records. Armel
Le Cleac'h,
à 190 milles du cap Finisterre, progresse prudemment. De leur côté,
Samantha
Davies
et Marc
Guillemot
commencent à amorcer leur freinage aux abords de lanticyclone
des Açores.
Plutôt samedi matin ?
A 582 milles des Sables dOlonne, à la latitude du cap Finisterre,
Brit Air, probablement contrarié par un angle de vent peu favorable,
a maintenu toute la nuit une petite moyenne de 12 nuds. Si Armel
Le Cléach continue à ce train, alors, le scénario
dune arrivée samedi matin semble le plus probable.
1350 milles derrière lui, Samantha Davies
et Marc Guillemot poursuivent leur duel stratégique autour
de lanticyclone des Açores. La navigatrice anglaise se trouve
dans le sud des hautes pressions et navigue au près débridé.
Sa logique voudrait quelle poursuive à cette allure pendant
au moins 24 heures. De son côté, le skipper de Safran aborde
la face ouest de lanticyclone mais il devra persister vers le nord
dans des vents portants de faible intensité avant de mettre le
clignotant à droite. Il faudra attendre samedi matin pour connaître
le verdict concernant ces deux options. Quoi quil en soit, à
linstar dArmel Le Cléach, les deux marins
ont passablement ralenti cette nuit et les heures estimées darrivée
pourraient en prendre un coup.
Dans leur sillage, Brian
Thompson navigue toujours dans lalizé
de nord-est et semble opter pour la voie suivie par Safran. Derrière,
chacun poursuit son chemin au large des côtes sud-américaines,
y compris Raphaël
Dinelli dont lescale technique
aux Malouines a été contrariée hier après
midi.
Opération drisse de grand-voile annulée
Larrêt au stand a tourné court pour le 10e concurrent
de la flotte. Après être entré dans la baie de port
Stanley en fin daprès-midi, le skipper de Fondation Ocean
Vital na pu se maintenir au mouillage. A 17h25, son équipe
prévenait la Direction de Course que lancre du bateau avait
chassé et que ce dernier avait commencé à dériver
à la côte. Dans limpossibilité de relever les
50 mètres de câblot et de chaîne, Raphaël
a dû couper son mouillage avant de se mettre à la cape. Entre
temps, une vedette des affaires maritime est venue à sa rencontre
et a réussi à lui jeter un sac contenant des médicaments.
Après quoi, Raphaël épuisé et déçu,
a repris sa route. Ce matin, il avait laissé les Malouines à
bâbord et faisait cap au nord-est
avec une drisse de grand-voile
toujours endommagée.
mercredi 4 février 2009 :
Tous dans lAtlantique
Vers
midi, Norbert
Sedlacek, dixième et dernier
solitaire en mer, va franchir le Cap Horn et revenir dans locéan
Atlantique. Raphaël
Dinelli fera escale aujourdhui aux Malouines.
Arnaud Boissières
a passé léquateur mardi soir. Et Armel
Le Cleac'h nest plus
quà 841 milles de larrivée.
Malgré des conditions très difficiles au large du Portugal,
Armel Le Cléach (Brit Air) progresse à vive
allure (13,7 nuds de moyenne cette nuit) vers larrivée
quil espère atteindre vendredi soir ou samedi matin, soit
plus de cinq jours après le vainqueur Michel
Desjoyeaux (Foncia).
Loin derrière lui, au milieu de lAtlantique Nord, la bataille
est toujours aussi indécise entre Samantha
Davies (Roxy) et Marc
Guillemot (Safran). La Britannique
privilégie la route directe et augmente régulièrement
son avance, désormais de 177 milles. De son côté,
Guillemot poursuit son option nord-ouest pour contourner lanticyclone
et progresse toujours quelques nuds plus vite que la Miss Sam.
Suspense pour le podium !
En cinquième position, Brian
Thompson (Bahrain Team Pindar) naura pas ménagé
sa peine question bricolage pendant ce Vendée Globe. Aujourdhui,
ce sont ses vérins de quille qui fuient. Le grand Britannique pense
devoir bloquer sa quille dans laxe pour finir son tour du monde.
Plus au sud, à la sixième place, Dee
Caffari (Aviva) a retrouvé la vie penchée
quelle a tant connue lors de son tour du monde à lenvers.
Au près dans les alizés de nord-est, elle remonte lAtlantique
Nord à la poursuite de son rêve : être la première
femme à boucler le tour du monde dans les deux sens. Pour Arnaud
Boissières (Akena Vérandas), la traversée de
léquateur est toujours une fête, même pour la
sixième fois. Cest à 19h43 mardi soir quil a
franchi la ligne imaginaire et remercié Neptune comme il se doit.
Dans lAtlantique Sud, Steve
White (Toe in the Water) et Rich Wilson
(Great American III) ne sont pas logés à la même enseigne.
LAnglais profite de bons alizés pour glisser le long du Brésil
quand le doyen Américain lutte toujours au large de lUruguay
dans des grains orageux. Raphaël
Dinelli (Fondation Océan Vital), qui a passé
le Horn lundi, sapprête à faire escale aux Malouines,
à Port Stanley, là même ou sétait arrêté
Marc Guillemot. Objectif de Raphaël : monter dans le mât
et résoudre son problème de drisse de grand-voile. Quant
à Norbert
Sedlacek (Nauticsport-Kapsch), il va vivre son premier
passage du Cap Horn aux alentours de midi. Les dix solitaires encore en
mer seront alors tous revenus en Atlantique
mardi 3 février 2009 :
Chassé-croisé
Marc
Guillemot et Sam
Davies croisent actuellement
la flotte de la Transquadra au milieu de lAtlantique Nord. Armel
Le Cleac'h, deuxième
et prochain solitaire attendu aux Sables, nest plus quà
1200 milles du but.
Vigilance orange dans les alizés de nord-est !
Eux rentrent dun tour du monde de trois mois et filent plein nord
pour rejoindre la France. Les autres traversent lAtlantique en quête
des douceurs des Antilles. Samantha Davies (Roxy) et Marc Guillemot
(Safran), à la lutte pour la troisième place, croisent en
ce moment la flotte des 70 concurrents de la Transquadra. Par son option
ouest, Marco continue de progresser 3 nuds plus vite que sa camarade
mais perd encore du terrain en distance au but en sécartant
vers louest. Une tactique qui lui a au moins permis de doubler Sam
en latitude et de pointer 35 milles plus au nord que la jeune Anglaise.
Un décalage qui pourrait savérer payant lorsquil
faudra accrocher les vents portants au nord de lanticyclone des
Açores.
65 milles au sud de São Miguel
Armel Le Cléach (Brit Air), nouveau deuxième
depuis labandon lundi de Roland
Jourdain suite à sa perte de quille, naviguait ce
matin à 65 milles dans le sud du port de Ponta Delgada aux Açores
où sest justement arrêté Bilou. Fonçant
à 15,5 nuds, Armel était le plus rapide des
dix concurrents encore en mer. Son arrivée est toujours prévue
pour vendredi aux Sables dOlonne. Derrière, les sept derniers
concurrents sétalent sur tout lAtlantique et jusquà
270 milles du Cap Horn côté Pacifique. Norbert
Sedlacek (Nauticsport-Kapsch), le dernier, devrait
franchir demain pour la première fois de sa vie le rocher légendaire.
Devant lui, Raphaël
Dinelli (Fondation Océan Vital) contourne par
louest lîle des Etats. Et beaucoup plus au nord, Arnaud
Boissières (Akena Vérandas) fait son entrée
dans le pot-au-noir, à 120 milles dans le sud de léquateur.
lundi 2 février 2009 :
Le jour daprès
Le Vendée Globe continue pour onze concurrents toujours
en mer après la magnifique victoire de Michel
Desjoyeaux dimanche
après-midi (16h11) en un temps record de 84 jours 3 heures 09 minutes
08 secondes. Roland Jourdain, toujours deuxième ce matin, nest
plus quà 70 milles de São Miguel, la plus grande île
des Açores, quil devrait atteindre en fin daprès-midi
et prendre sa décision de poursuivre ou non laventure du
Vendée Globe.
Quelle fête pour célébrer limplacable victoire
de Michel Desjoyeaux (Foncia) ! Cela a commencé en mer où
des centaines dembarcations (voir
photo) lont accompagné jusquau passage de la
ligne darrivée, saluée par un rayon de soleil et une
lumière magnifique au large des Sables dOlonne. Plus de cent
mille personnes ont ensuite bravé le froid polaire pour acclamer
le héros tout le long du chenal des Sables, ces Champs-Elysées
des solitaires du Vendée Globe. Et la fête sest poursuivie
tard dans la nuit dans le village du Vendée Globe. En grand vainqueur
quil est, Mich Desj a tenu son rang et animé
la soirée, arborant amusé une écharpe Mich
Monde 2009 toute la nuit.
Mais la course continue pour les onze autres marins solitaires
encore en mer. Roland Jourdain
(Veolia), au ralenti depuis sa perte de quille jeudi matin, nétait
plus quà 70 milles de la principale île des Açores
lundi à 4h30. A une vitesse de 5-7 nuds, il devrait arriver
devant le port au plus tôt en début daprès-midi
et décider darrêter ou de poursuivre son Vendée
Globe. Une décision certainement très difficile à
prendre compte tenu des conditions météo peu favorables
prévues cette semaine dans lAtlantique Nord. Quelle que soit
sa décision, il est probable quArmel
Le Cleac'h (Brit Air), troisième à
219 milles de Bilou, sempare de la deuxième place.
Aujourdhui en cas dabandon ou bien dans les 48 heures puisquil
progresse deux fois plus vite que son adversaire.
Derrière, à la latitude du Cap Vert, Sam
Davies (Roxy) a gagné 16 milles dans
la nuit sur Marc
Guillemot (Safran) qui concède désormais
100 milles de retard sur la Britannique. Les deux autres Britanniques,
Brian Thompson
(Bahrain Team Pindar) et Dee
Caffari (Aviva), qui a franchi hier léquateur,
remontent au près dans lalizé de nord-est à
300 milles de distance lun de lautre. Arnaud
Boissières (Akena Vérandas), huitième
et proche des îles brésiliennes de Fernando de Noronha, nest
plus quà une journée de mer du pot-au-noir, et le
double voire plus de léquateur. Enfin, Steve
White (Toe in the Water), au large de Rio, et Rich
Wilson (Great American III), au large de Buenos Aires, remontent
lAtlantique Sud à vitesse moyenne.
Dans le Pacifique, la fin des mers du sud est proche pour Raphaël
Dinelli (Fondation Océan Vital) qui nétait
plus quà 70 milles du Cap Horn à 4h30 ce matin. Raphaël
devrait revenir dans lAtlantique aux alentours de midi. A 300 milles
derrière, Norbert
Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) devra sarmer
de patience avant de franchir pour la première fois le mythique
rocher. Englué dans un anticyclone, il se traînait ce matin
à seulement 1,2 nud !
dimanche 1er février 2009 :
Nouvelle victoire
de Michel Desjoyeaux !
Après 28 300 milles au compteur, soit une moyenne sur
leau de 14,02 nuds, Michel
Desjoyeaux explose
tous les temps de référence du Vendée Globe ! Le
solitaire a franchi la ligne darrivée en vainqueur pour la
deuxième fois (après 2000-2001), ce dimanche 1er février
à 16h 11 08 (heure française), soit après
84 jours 03 heures 09 minutes 08 secondes de course. Foncia a terminé
ce tour du monde face à une brise de vingt-cinq nuds et sous
un ciel ensoleillé, devant une foule compacte tant sur leau
que le long des digues du chenal dentrée des Sables dOlonne.
Tout commence pourtant très mal pour le marin de Port la Forêt
: après un départ le 9 novembre à 13h02, sous un
ciel gris et un vent de Sud-Ouest qui fraîchit, Foncia doit revenir
aux Sables dOlonne, à 200 milles de son tableau arrière
! Une fuite du ballast avant a noyé la cale moteur et cramé
le circuit électrique
Après une escale express, Michel
Desjoyeaux repart en course le 11 novembre avec 360 milles décart
et quarante heures de décalage : les premiers (Peyron,
Josse, Jourdain,
Dick
) sont déjà dans
les alizés portugais avec des vents portants modérés.
Lécart augmente car le solitaire peine dans les petits airs
au large de la péninsule ibérique : le 15 novembre, Michel
Desjoyeaux cumule 670,3 milles de retard sur Loïck Peyron,
leader du moment, le plus gros écart par rapport au premier de
tout son Vendée Globe !
Un Atlantique express !
Le navigateur commence à remonter la flotte : après
Norbert Sedlacek
au large de Madère, Michel Desjoyeaux revient sur Raphaël
Dinelli à la latitude des Canaries, puis dépasse
Rich Wilson, Unai Basurko
et Jonny Malbon avant le Cap
Vert dans des alizés qui saniment mais obligent à
une route sans option. Le Pot au Noir ralentit la tête de flotte
alors que Foncia passe léquateur le 23 novembre à
4h43 en 15ème position, avec 383,5 milles de retard sur le premier.
Après huit jours de près pour contourner lanticyclone
de Sainte-Hélène, le monocoque peut enfin tourner à
gauche à lapproche des Quarantièmes : Michel Desjoyeaux
a été le plus extrême dans loption Ouest, ce
qui lui permet de raccrocher le wagon à la treizième place
dès le 30 novembre !
Dans le Sud des hautes pressions atlantiques, le navigateur met du charbon
au point de rentrer dans le top ten le 3 décembre à 193
milles de Sébastien Josse à labord de la première
porte des glaces
Au passage de la longitude du cap de Bonne Espérance,
il ne concède plus que 89,5 milles alors que les vents des mers
du Sud commencent à prendre des tours ! La position très
basse en latitude des icebergs venus de la mer de Weddell incite la Direction
de Course à modifier le parcours : les portes des glaces vont presque
toutes être remontées ce qui nempêche pas Michel
Dejoyeaux de croiser un glaçon le 11 décembre juste
avant de laisser les Kerguelen à bâbord
Leader dès lAustralie
Les mers de locéan Indien sont violentes et les avaries
succèdent aux abandons : Loïck Peyron, Bernard
Stamm, Dominique Wavre, Yann
Eliès, Jean-Pierre Dick, Mike
Golding
et le skipper de Foncia réalise le meilleur
score de tout ce sixième Vendée Globe : 466,6 milles en
24 heures le 16 décembre, le jour même où il franchit
la longitude du cap Leeuwin, pour la première fois en tête
! Toujours sur un rythme extrêmement élevé, Michel
Desjoyeaux entre dans le Pacifique le 19 décembre avec 59,1
milles davance sur Roland Jourdain et déjà
plus de 400 milles sur Armel
Le Cleac'h. Car les mers du Pacifique sont
particulièrement traîtresses : alors que le solitaire a évité
de justesse une catastrophe qui laurait obligée le 25 décembre,
à abandonner, Sébastien Josse se fait écraser
par une déferlante ! Cest dire létat de la mer
dans ce front froid très actif que les deux leaders arrivent à
attraper : les écarts avec leurs poursuivants directs se creusent
Seul le skipper de Veolia Environnement ne le quitte pas dune étrave
: le 5 janvier à 4h10, Michel Desjoyeaux passe le cap Horn
avec moins de 100 milles davance sur Roland Jourdain, mais
le reste de la flotte est désormais reléguée à
plus de 700 milles. Le marin de Port la Forêt en profite pour rattraper
tout le retard accumulé sur le temps de référence
de Vincent Riou en 2004 : il a désormais
deux heures davance
La remontée de lAtlantique
est une nouvelle fois express ! À léquateur Michel
Desjoyeaux a déjà quasiment une journée davance
sur 2004 et il laisse son dauphin à plus de 330 milles
Et
si le Pot au Noir est peu coopératif, la fin de parcours est un
véritable sprint : une douzaine de jours pour en finir ! Et en
ce dimanche 1 février, Michel Desjoyeaux termine son deuxième
Vendée Globe, une nouvelle fois sur la plus haute marche du podium
samedi 31 janvier 2009 :
Soir ou matin
?
Dimanche cest certain
Mais quand ? Les dernières
analyses météorologiques fournies par Météo
France sont claires. Michel
Desjoyeaux a
encore la possibilité darriver dimanche matin devant le port
des sables dOlonne. A condition toutefois que le leader décide
de chauffer à blanc la chaudière. Car avant de rallier le
port vendéen, le skipper de Foncia va devoir composer avec une
petite dorsale anticyclonique quil faudra traverser : des vents
faibles devraient ralentir sa progression entre 22 heures et 3 heures
du matin.
Léquation est simple : plus Michel Desjoyeaux ira
vite dans les prochaines heures, moins longtemps il sera retenu par la
zone de vents faibles quil devra traverser. Plus sud-ouest il sera,
plus sa progression sera ralentie. Deuxième paramètre à
intégrer : le monocoque blanc du vainqueur sera interdit daccès
pour cause de marée basse entre 11 heures et 17 heures. Actuellement,
seul le skipper de Foncia connait la réponse.
Veolia Environnement aura subi cette nuit un excellent test sur
sa capacité à relier larrivée dans sa nouvelle
configuration, sans quille et ballasts remplis. 8000 litres deau,
soit 8 tonnes, font office actuellement de lest mobile et permettent au
dauphin actuel de Michel Desjoyeaux de continuer de progresser
correctement vers la ligne. Mieux, Roland
Jourdain préserve actuellement sa place puisquil
a repris depuis hier soir près de 80 milles à Armel
Le Cleac'h (Brit Air) qui sest fait
piéger dans le centre de lanticyclone des Açores.
Le navigateur de la Baie de Morlaix avançait au classement de onze
heures à la vitesse dérisoire de 1,6 nuds.
Ils sont maintenant six dans lhémisphère nord puisque
Brian Thompson
(Bahrain Team Pindar) a franchi léquateur cette nuit. Si
le navigateur britannique pouvait espérer être enfin sorti
des pièges du pot-au-noir, il nen est pas de même pour
Dee Caffari
(Aviva) qui devrait se débattre avec les calmes de la Zone de Convergence
Intertropicale pour encore au moins vingt-quatre heures. Arnaud
Boissières (Akena Vérandas) devrait en avoir
fini avec les vents erratiques : il peut maintenant faire route vers léquateur
dans un alizé stable mais relativement faible. Steve
White (Toe in the water) devra négocier une zone
de transition avant de récupérer les fameux régimes
dest. Enfin Rich Wilson (Great American
III) nen a pas fini avec son pensum : les vents de nord-ouest forts
quil affronte depuis plusieurs jours vont sorienter au nord
puis au nord-est sous linfluence dune dépression orageuse
en formation sur lArgentine. Ne dit-on pas des allures de près,
deux fois la route, trois fois la peine ?
Encore dans le Pacifique pour deux ou trois jours, Raphaël
Dinelli (Fondation Océan Vital) et Norbert
Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) devraient passer le
Cap Horn sous le soleil et dans vents relativement modérés
Comme en 2000-2001, cest bien un océan complet qui séparera
la tête de flotte de son arrière-garde.
vendredi 30 janvier 2009 :
Lire entre les
lignes
A regarder les lignes formées par les trajectoires des
concurrents, on pourrait brosser un petit portrait de leur manière
de naviguer et des conditions quils rencontrent. Des trajectoires
en escalier dun Michel
Desjoyeaux (Foncia)
à celles dune exemplaire continuité dun Armel
Le Cleac'h (Brit Air),
elles en disent peut-être plus long quon ne pense sur la manière
dont ils vivent leur course.
Une courbe parfaitement fluide et tout dun coup, un petit décrochage
avant de reprendre son chemin. Atlantique Nord, Atlantique Sud, Michel
Desjoyeaux a une manière bien à lui de tracer sa route.
Comme un trois-quarts centre au rugby qui lance sa course, fait un changement
dappuis pour effacer un adversaire, puis reprend son envolée
vers len-but. Plus prosaïquement, ces petits décrochements
traduisent bien la capacité du leader de la course de saisir une
opportunité quand le vent nest pas aussi favorable que souhaité,
puis de profiter du recadrage pour continuer son chemin. Atavisme résurgent
des années Figaro ? Toujours est-il que la méthode est visiblement
payante.
Armel Le Cléach, depuis quil est passé
dans lhémisphère nord, na pas besoin de ces
subtilités. Sa trajectoire traduit bien la tranquillité
des gens sans histoires. Incroyablement linéaire depuis le passage
de léquateur, sa route est le reflet dune navigation
heureuse où les vents se mettent en ordre devant son étrave
et lui permettent de tracer son sillon. A force de régularité,
sans faire de bruit, celui qui est devenu le benjamin de la course depuis
le retrait de Jean-Baptiste Dejeanty, sest
hissé tranquillement sur le podium et peut envisager de devenir
aux Sables dOlonne, le dauphin de Michel Desjoyeaux.
A rebours, les trajectoires dun Marc
Guillemot (Safran)
ou dun Arnaud Boissières (Akena
Vérandas) le long des côtes du Brésil, traduisent
bien lampleur du piège dans lesquels les deux navigateurs
se sont trouvés englués : vents erratiques, obstacles en
tous genres, incitent à dessiner des lignes brisées qui
ne sont que le juste reflet des efforts consentis pour sextraire
dune situation peu enviable.
Ligne de flottaison, Roland Jourdain a
bien perdu son bulbe
Il nest pas sûr que ces considérations géométriques
soient actuellement le souci premier dun Roland
Jourdain. Pour lheure, lobsession du navigateur
est de conserver son Veolia Environnement dans des lignes qui, si elles
ne sont pas empreintes de la plus grande des orthodoxies en matière
de performance, lui permettent de conserver une relative stabilité.
Enfoncée dans leau, la carène du monocoque de Bilou
perd en efficacité ce quelle gagne en sécurité.
En tout état de cause, la ligne de conduite de Roland qui
va déjà tenter de ramener son voilier vers les Açores,
avant de décider sil pousse laventure jusquaux
Sables dOlonne, ne peut que forcer le respect.
Considération plus terre à terre : pour nombre de navigateurs,
ce Vendée Globe sera aussi loccasion daffiner sa ligne
: dun Raphaël
Dinelli (Fondation Océan Vital) qui avouait
commencer à compter ses réserves de nourritures quand il
était encore à lorée du Pacifique à
un Armel Le Cléach qui sait quune arrivée
au-delà du 6 février lui imposerait un régime de
diète sévère, ils sont plusieurs qui vont revenir
au port affutés comme jamais, le poil luisant, le corps endurci
et quelques petites ridules supplémentaires au bord des yeux. Ces
petits signes-là sont autant de témoignages de ce quils
viennent de vivre : trois mois de mer en solitaire ne forgent pas seulement
le caractère. Ils modèlent aussi les apparences
jeudi 29 janvier 2009 :
Foncia à
1090 milles du but
Propulsé par de forts vents douest-nord-ouest,
Foncia est sorti cette nuit de larchipel des Açores. Sil
maintient ses moyennes quotidiennes de plus de 300 milles, Michel
Desjoyeaux devrait
franchir la ligne darrivée des Sables dOlonne samedi
après-midi ou dimanche matin.
A fond dans les îles
Hier soir, Michel Desjoyeaux sest engouffré au beau
milieu de larchipel des Açores, se payant même une
ballade sportive au portant, à 13 milles des côtes de lîle
principale de Sao Miguel quil a finalement laissée à
tribord. Auteur de belles moyennes nocturnes (entre 15 et 17 nuds),
le skipper de Foncia a légèrement ralenti ce matin. Dans
le sud dune dépression qui lui prodigue de vigoureux vents
douest-nord-ouest (30 à 40 nuds moyens), il y a de
fortes chances pour que Michel ait réduit la toile et fasse
le dos rond. Ce flux généreux devrait laccompagner
toute la journée en mollissant légèrement cet après-midi.
Mais avec des moyennes journalières de plus de 300 milles, le scénario
dune arrivée victorieuse aux Sables, samedi soir ou dimanche
matin se précise.
Bilou sorti du trou
Après 24 heures de calmes presque blancs dans lanticyclone
des Açores, Roland Jourdain
a inévitablement perdu du terrain. Ce matin, il accuse presque
800 milles de retard sur le leader et voit Armel
Le Cleac'h revenir à 350 milles de
son tableau arrière. Mais le retour de Brit Air devrait être
contenu au moment où Armel traversera à son tour
la dorsale : cest justement son programme en ce 81e jour de course.
En attendant, Bilou a renoué avec des vitesses dignes de
son grand monocoque rouge. Comme Michel Desjoyeaux, il se dirige
vers le chapelet dîles portugaises, mais avec un angle de
vent nettement moins favorable : ce matin, Veolia Environnement naviguait
au près océanique.
Équateur en vue pour Sam et Marco
A lordre du jour pour Samantha
Davies et Marc
Guillemot : le pot au noir et le passage
de léquateur. Dans des vents faiblissants aux abords de la
zone de convergence intertropicale, Safran, handicapé par une grand-voile
bloquée à deux ris, a logiquement du mal à tenir
la cadence face à sa concurrente britannique qui progresse deux
à trois nuds plus vite. Victimes dune remontée
de lAtlantique sud contrariante, Sam et Marco commencent
aussi à surveiller dans leurs rétroviseurs larrivée
de Brian Thompson.
Mais sa fulgurante ascension pourrait subir un coup darrêt
dès aujourdhui. Ce matin, le plan Juan K était pointé
à 1,4 nuds sur une heure ! Brian est-il encalminé
entre deux grains ou est-il contraint à une énième
séance de bricolage ? Dee
Caffari (Aviva), qui caracole à 13 nuds,
en profitera certainement pour combler son retard.
Un peu esseulé, Arnaud
Boissières sest enfin écarté
de la zone côtière délicate où il vient de
vivre deux journées sans sommeil. « Lhomme et le
bateau commencent à accuser les milles et la fatigue »
confiait-il hier à la vacation. Après une session de slalom
entre les plates-formes pétrolières, ses échanges
acerbes avec les pêcheurs brésiliens, les manuvres
entre les grains et les multiples bricoles à bord dAkena
Vérandas, « Cali » a enfin retrouvé la vitesse
et bien progressé vers le nord.
Loin dans son sillage, Steve
White (au large du Brésil) et Rich
Wilson (dans le nord-est des Malouines) naviguent contre les vents.
Quant à Norbert
Sedlacek et Raphaël
Dinelli, il ne leur reste que 1080 milles avant de
quitter définitivement locéan Pacifique. Ce matin,
la distance qui les sépare du Horn est la même que celle
qui sépare Michel Desjoyeaux de son arrivée en Vendée
.
Avarie de quille sur Veolia Environnement
Vers 5 heures (heure française) ce jeudi matin, Roland Jourdain
a appelé son équipe technique pour signaler un problème
de quille. Pour le moment, le bateau est stable et poursuit sa route en
direction de lîle de Sao Miguel aux Açores distante
de 640 milles.
Ce matin à 9h40 locales, Denis Horeau, Directeur de Course du Vendée
Globe recevait à son tour un appel de Nicolas De Castro, chef de
projet de Veolia Environnement, linformant du problème.
Alors quil naviguait en fin de nuit, sous grand-voile et génois,
Roland a entendu un bruit suspect à bord de Veolia Environnement
et a alors cherché à identifier son origine. Il a donc arrêté
son bateau pour linspecter sans rien constater danormal. Ce
nest quaprès avoir rebordé ses voiles que le
bateau a gîté anormalement permettant à Roland den
déduire une avarie sur la quille. Pour le moment, il na pas
réussi à identifier sil avait perdu son bulbe ou si
le voile de quille était touché.
Le problème rencontré aujourdhui est probablement
une conséquence ultérieure du choc avec un cétacé
le 8 janvier dernier, car le bateau nest pas entré en collision
avec un ofni.
Pour lheure, Veolia Environnement est stable et poursuit sa route
à petite vitesse en direction des Açores. Roland est actuellement
en concertation avec son équipe technique pour décider de
la suite des événements.
mercredi 28 janvier 2009 :
Le tour du monde
en 83 jours ?
Pour battre le temps de référence du Vendée
Globe établi en 2004 par Vincent Riou
en 87 jours, 10 heures et 47 minutes, il faut que Michel
Desjoyeaux franchisse
la ligne darrivée des Sables dOlonne avant le 4 février
à 23h49.
Scénario plus que probable puisquil est attendu, sauf pépin,
entre le 31 janvier 15h00 et le 1er février à minuit. Ce
faisant, le skipper de Foncia (voir photo)
améliorerait le chrono de Vincent de quatre jours environ
pour un tour du monde en 83 jours.
Un gain dun peu moins de 5 % qui ne correspond pas tout à
fait à laugmentation de performance estimée des nouveaux
bateaux. Jean Le Cam, lors de la conférence
de presse davant départ déclarait : « on
devrait tutoyer les 80 jours. En tout cas, si lon considère
que lon va 8 à 9 % plus vite que lors du dernier Vendée
Globe. Or, quand on sait ce quon sait et que lon voit ce quon
voit
on devrait y arriver. ». Mêmes prévisions
de la part de Mike Golding : « avec
les VPP dont nous disposons, nous pouvons passer sous la barre des 80
jours. Cest possible, mais encore faut-il que la météo
soit optimale ».
Or, on ne peut pas dire que la remontée de lAtlantique
ait été favorable à la progression des marins. Par
ailleurs, si ce temps de référence est calculé quel
que soit la longueur du parcours du Vendée Globe, il est bon de
préciser que la présence des portes de sécurité
glaces remontées au fil de cette édition a
rallongé le tracé de presque 1200 milles.
En dépit de ces facteurs contrariants, le temps de Vincent
sera bel et bien battu peut-être même par Roland
Jourdain, attendu entre le 3 et le 5 février. Il
est loin le temps ou lon sinterrogeait sur la capacité
dun bateau à faire le tour du monde en 80 jours base
de lancement au début des années 1990 du fameux Trophée
Jules Vernes, record autour du monde à la voile- ! Désormais,
en course, en solitaire et sans choix de sa fenêtre météo,
il est possible de sapprocher des élucubrations de lécrivain
nantais dont limagination visionnaire a donné naissance aux
aventures de Phileas Fogg et à de sacrés défis nautiques.
La double peine de Roland
Roland Jourdain a passé toute
la nuit à larrêt dans lanticyclone des Açores.
Pendant ce temps, Michel Desjoyeaux file grand train, à
15 nuds de vitesse, à moins de 1500 milles de la ligne darrivée.
Lécart entre les deux hommes se monte ce matin à 633
milles !
Le troisième Armel
Le Cleac'h subira t-il lui aussi les affres des hautes
pressions açoriennes, dernière grande difficulté
de cette remontée Atlantique ? Le skipper de Brit Air, qui semble
vouloir couper le fromage avec un léger décalage à
lest, profite de ses dernières 36 heures dans les alizés
avant de savoir à quelle sauce il sera mangé.
Sam et Marco bientôt dans le pot
Derrière, lactualité de Samantha
Davies et de Marc
Guillemot sappelle le pot au noir. Le tandem franco-britannique
qui communique beaucoup par email pour agrémenter leur long pas
de deux, nest plus très loin de la zone de convergence intertropicale,
ce no mans land météorologique parsemé de vents
erratiques, de grains et dorages. Pour une fois depuis trois jours,
la navigatrice anglaise est moins rapide que son adversaire. Safran, handicapé
par une bastaque intermédiaire cassée et sa grand-voile
réduite, était pourtant un des bateaux les plus véloces
cette nuit.
Mais dans cette catégorie, la palme revient à
Brian Thompson
dont le puissant Bahrain Team Pindar se régale aux allures de largue,
des angles de vents pour lequel ce bateau large et toilé a été
conçu. Le long du Brésil, Dee
Caffari est toujours sur ses talons (157 milles)
et saccroche tant bien que mal pour ne pas se faire distancer. Mais
la navigatrice dAviva perd tous les jours une poignée de
milles sur son homologue masculin.
En 8e position, à proximité des terres Brésiliennes,
Arnaud Boissières
est en train de vivre la même pénible expérience endurée
par Marc Guillemot quelques jours plus tôt. Hier soir sous
les grains, « Cali » nétait pas à la fête.
Il déplorait un cruel manque de vitesse et confiait devoir faire
attention à ses réserves de nourriture et dénergie.
Akena Vérandas a fini par virer à 50 milles des côtes.
Ce matin, sa vitesse était toujours inférieure à
10 nuds.
Pour les autres, les conditions de navigation sont aussi variées
que les positions sont espacées : Steve
White semble se sortir lentement de lanticyclone
dans lequel il était englué depuis 24 heures ; Rich
Wilson qui a laissé lÎle des États sur
la gauche, progresse prudemment vers le nord. Enfin, Raphaël
Dinelli et Norbert
Sedlacek, par 47 degrés sud, poursuivent
leur descente en route directe vers le cap Horn, à 1400 milles
de leurs étraves.
mardi 27 janvier 2009 :
Un océan
décart
900 milles
au large de Madère, Michel
Desjoyeaux est allé
chercher le flux perturbé qui pourrait laccompagner jusquà
larrivée ce week-end aux Sables dOlonne. Presque 7000
milles plus loin, lautrichien Norbert
Sedlacek fête aujourdhui son anniversaire,
après avoir passé la dernière porte de sécurité
Pacifique
Foncia à la chasse au front
Michel Desjoyeaux a empanné hier en fin daprès
midi pour gagner dans le nord, à la rencontre du flux perturbé
qui balaye lAtlantique à la latitude de Madère. Le
leader bénéficie actuellement dun bon vent de sud-ouest
qui devrait fraîchir tout au long de la journée. De quoi
aligner les milles en direction de larrivée, toujours prévue
ce week-end.
Calé sur la même trajectoire, Roland
Jourdain vit avec 40 heures de retard les mêmes péripéties
que son prédécesseur : il sapproche aujourdhui
de lanticyclone des Açores. Mais en attendant un probable
ralentissement, Veolia Environnement était le plus rapide de la
flotte cette nuit avec 13,7 nuds de vitesse moyenne.
Question vitesse, pas de quoi sinquiéter pour Armel
Le Cleac'h qui allonge la foulée depuis deux
jours dans les alizés de nord-est. Le skipper de Brit Air a gagné
44 milles ces dernières 24 heures et semble pouvoir raccourcir
sa route en navigant plus à lest que ses devanciers.
Samantha Davies sempare de la 4e
place
Plus rapide que Marc
Guillemot depuis au moins deux jours, Samantha
Davies a fini par lui voler la vedette cette nuit.
La voici placée en quatrième position, 11 milles devant
Safran qui souffre toujours à proximité des côtes
nord brésiliennes. En sécartant de la terre, Samantha
a touché des vents plus frais et sest probablement épargné
les nombreuses manuvres. Ce double mixte est bien parti pour se
livrer une belle bagarre en direction de léquateur.
Derrière Dee
Caffari en perte de terrain sur Brian
Thompson pour cause de finition sur les réparations
de grand-voile -, Arnaud Boissières
doit faire attention. Certes, « Cali » est encore 75
milles au large du continent sud-américain, mais sil continue
de la sorte, il pourrait bien commencer à apercevoir lombre
des footballeurs brésiliens sur la plage ! Chose quil redoute
par-dessus tout. Il a dailleurs passablement ralenti cette nuit
et affichait avec Steve White
(empêtré dans une bulle anticyclonique au large de lUruguay),
les moyennes les plus lentes.
Wilson double lÎle des États
Après son entrée lundi à 14h50 dans locéan
Atlantique, Great American III, à la pointe sud-est de lAmérique
du Sud, est en train de laisser lIle des États à bâbord.
Dans un message envoyé hier soir, le vétéran de ce
Vendée Globe a indiqué quil était très
fatigué, malgré leuphorie de doubler le Horn. En pleine
grisaille, voire en plein brouillard, il a quand même réussi
à entrevoir le rocher. Il a également aperçu un patrouilleur,
son premier bateau depuis la descente de lAtlantique et a été
survolé par un avion chilien avec qui il est entré en contact.
Le vétéran du Vendée Globe ferme la liste des concurrents
navigant en atlantique.
Joyeux anniversaire Norbert !
Le skipper autrichien, dernier du classement, a passé lundi à
20h00 TU la dernière porte de sécurité Pacifique,
la veille de souffler ses 47 bougies. Aujourdhui, alors quil
entame une longue plongée vers le sud derrière son compagnon
de route Raphaël Dinelli,
Norbert fête son anniversaire. Les deux hommes doivent encore
patienter une bonne semaine avant de doubler le Horn.
lundi 26 janvier 2009 :
Au front !
Michel
Desjoyeaux est passé
de lautre côté de lanticyclone des Açores
: à plus de quatorze nuds de moyenne, il bénéficie
maintenant de vents dOuest portants qui devraient le pousser jusquaux
Sables dOlonne. La hiérarchie semble établie même
si Samantha
Davies revient très
fort sur Marc Guillemot.
Cétait lincertitude de ce denier sprint final : combien
de temps Michel Desjoyeaux (Foncia) allait-il rester bloqué
dans la dorsale qui prolonge lanticyclone des Açores au large
des Canaries ? Mais finalement le passage de la nuit dernière na
pas été très long et malgré des ralentissements
à moins de huit nuds, le monocoque blanc a traversé
plutôt rapidement cette zone de vents mollissants qui basculaient
progressivement du secteur Sud-Est au Sud-Ouest. Désormais, il
ne reste plus au leader quà piquer sur le golfe de Gascogne,
cap au 45° pour moins de 1900 milles à courir ! Mais ce rush
nest pas si simple que cela : dabord, il faut que le premier
aille chercher les vents portants établis qui sont encore à
quelques centaines de milles dans son Nord ; puis il va lui falloir négocier
le passage des Açores et ce nest pas si simple avec la formation
dune dépression sur larchipel jeudi ; enfin, il faudra
éviter de le gros de la tempête qui est annoncée au
large du cap Finisterre avant dembouquer le golfe de Gascogne qui
pourrait finir par être paresseux
Dernière cartouche aux Açores
Le premier objectif de Michel Desjoyeaux est de se dégager
très vite des hautes pressions pour aller chercher un front associé
à une première dépression attendue pour demain mardi
soir avec du vent de Sud-Ouest trente nuds. Ensuite, il faudra au
solitaire choisir de quel côté il va passer larchipel
car après une zone de transition avec des brises moins soutenues
de secteur Ouest, cest une dépression très creuse
qui se forme
sur les Açores ! Et cette perturbation semble
extrêmement vigoureuse : plus de 55 nuds sont prévus
dans sa partie Sud. Logiquement, la route semble laisser à bâbord
larchipel que le navigateur aura à cur de ne pas trop
approcher car le relief volcanique et létat de la mer peuvent
sensiblement aggraver la situation.
Dautre part, si la mer se forme assez rapidement en prenant de lampleur,
cela pourrait offrir lopportunité de réaliser la plus
grande distance parcourue sur 24 heures
Mais Michel Desjoyeaux
na pas intérêt à prendre des risques à
quelques jours de larrivée dun Vendée Globe
quil a marqué de son empreinte ! Tout déprendra de
lenchaînement vent-houle-vagues mais sur le papier, cest
au minimum 400 milles qui vont défiler sur son compteur de milles
en 24 heures
Notons toutefois que le leader a indiqué quil
avait rangé son « arme fatale », une trinquette en
Cuben Fiber, spécialement conçue pour les mers du Sud. Voudra-t-il
remettre une dernière couche à lapproche du golfe
de Gascogne ? En tous cas, une fois cette dépression violente accroché,
cest un long bord de portant qui sannonce vers le cap Finisterre
dans une brise dune quarantaine de nuds vendredi alors quune
nouvelle perturbation arrive samedi sur les Açores
Pas le même programme
Roland Jourdain
(Veolia Environnement) nest pas sûr denchaîner
de même façon cette fin de parcours : derrière ces
dépressions açoriennes, lanticyclone se compresse
en perdant de son intensité, ce qui risque fort de rendre sa traversée
plus laborieuse. Le dauphin pourrait peiner à retrouver les vents
portants au-dessus du 35° Nord mais ensuite, cest aussi dans
un violent coup de vent que le poursuivant va se faire cueillir au large
des Açores ! Quant à Armel
Le Cleac'h (Brit Air), avec quatre jours de décalage,
ce passage pourrait être beaucoup plus mou, donc moins véloce
Dans lAtlantique Sud, les alizés de Sainte-Hélène
sont toujours aussi inconstants : Marc Guillemot (Safran) a dû
mal à séloigner des côtes brésiliennes
où la brise est assez molle tandis que Samantha
Davies (Roxy) est revenue très fort ces dernières
heures grâce à sa route au large. Il est probable que les
deux solitaires vont aborder le Pot au Noir en milieu de semaine, quasiment
en même temps. Ils peuvent être assurés que le duo
britannique nest plus inquiétant : Brian
Thompson (Bahrain Team Pindar) et Dee
Caffari (Aviva) sont ce lundi matin moins pressants
dans une zone orageuse, certes moins active que précédemment,
mais qui va les ralentir quelque peu. Arnaud
Boissières (Akéna Vérandas) pourra
en profiter pour grappiller des milles, même sil est toujours
au près
Quant à Steve White
(Toe in the water), il continue sa progression au large de lUruguay
en se décalant vers le Nord-Est, ce qui nest pas très
productif en ce moment, mais pourrait lêtre dans la semaine
quand les alizés dEst vont sinstaller à nouveau.
Rich Wilson (Great Americain III) aborde le
cap Horn quil doit franchir dans laprès-midi de ce
lundi avec du vent portant maniable et une belle houle, quand Raphaël
Dinelli (Fondation Océan Vital) et Norbert
Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) vont passer la dernière
porte des glaces du Pacifique. LETA de Michel Desjoyeaux
est toujours prévue ce week-end alors que les deux derniers ont
encore 1900 milles avant dentrer dans lAtlantique : il y aura
bien un océan décart à larrivée
du vainqueur !
Après le passage de lAméricain Rich Wilson
au cap Horn cet après midi vers 14h30 (voir
photo), ils sont désormais 10 concurrents à naviguer
en Atlantique. Restent Raphaël
Dinelli et Norbert
Sedlacek qui quitteront le Pacifique quand Michel
Desjoyeaux aura franchi la ligne darrivée vendéenne
samedi ou peut-être dimanche
tout dépend de loption
du leader dans les prochaines heures.
dimanche 25 janvier 2009 :
Pause dominicale
Pour clore cette onzième semaine de course, ce week-end
se présente sous le signe de la tranquillité : des brises
modérées pour toute la flotte répartie du large des
Canaries au milieu du Pacifique. Il y aurait comme un moment de détente
météorologique sur le Vendée Globe !
Quasiment aucun changement dans les écarts entre tous les solitaires
après une nuit plutôt paisible, de lAtlantique Nord
au Pacifique Sud. À quelques milles près, ce sont les mêmes
distances parcourues pour tous les concurrents, ce qui indique bien quil
ny a pas ce dimanche, de grands évènements météorologiques
sur le plan deau. Presque tout le monde navigue dans des conditions
agréables, entre neuf et treize nuds de moyenne, sur une
mer maniable et des températures clémentes. Mais le grand
gagnant de ce week-end est bien Armel
Le Cleac'h (Brit Air) qui semble être déjà
sorti du Pot au Noir, une Zone de Convergence Inter Tropicale (ZCIT) qui
ne la pratiquement pas ralenti ! Lair de rien, il a grappillé
deux cents milles à son prédécesseur Roland
Jourdain (Veolia Environnement) sur ce passage toujours assez
incertain
Ce dernier est à son tour au large du Cap Vert,
dans de bons alizés dEst qui lui permettent de maintenir
son écart face au leader. Michel
Desjoyeaux na
pas beaucoup de questions à se poser : les conditions sont telles
que son dauphin ne peut que suivre sa trace avec 500 milles décart.
Ralentissement progressif mais temporaire
Après quarante jours de domination, le skipper de Foncia peut
dérouler tranquillement une fin de course qui annonce un vent dEst
qui adonne pour passer au secteur Sud ce dimanche en mollissant, mais
ce passage délicat ne devrait pas durer plus dune journée.
Au fur et à mesure quil gagne en latitude, Michel Desjoyeaux
peut arrondir sa courbe vers Les Sables dOlonne sur une mer qui
se lisse lentement. Mais la semaine prochaine se présente sous
dautres auspices : un autre train de dépressions arrive sur
la Vendée et va sérieusement brasser le golfe de Gascogne
avec de très forts vents dOuest !
Ce nest pas le même scénario pour les concurrents de
lAtlantique Sud : Marc
Guillemot (Safran) est arrivé doucement à
sextraire de la zone orageuse brésilienne et doit passer
près de Salvador de Bahia ce dimanche. Le Trinitain est encore
assez proche des côtes (60 milles) et navigue dans un alizé
très modéré dEst, tout comme Samantha
Davies (Roxy) qui a aussi réussi à
retrouver des brises plus établies depuis hier soir. Lhémorragie
de milles face à Brian
Thompson (Bahrain Team Pindar) est enfin circonscrite
et il semble même que le Britannique a dû fait un arrêt
technique en plein milieu de locéan pour réparer quelque
chose, car il y perdu bien des milles sur Dee
Caffari (Aviva). Les réparations de la grand
voile de lAnglaise font donc leur effet dans cette brise de secteur
Est modérée : quatorze nuds de moyenne...
Même environnement pour Arnaud
Boissières depuis le début du week-end :
les brises se sont installées durablement dEst et Akéna
Vérandas peut tracer sa route directement vers léquateur.
Tout comme Steve White
(Toe in the water) qui tire un trait rectiligne depuis son passage de
lîle des Etats
Pour Rich Wilson
(Great American III), le cap Horn sapproche à 350 milles
de son étrave et lAméricain doit le franchir lundi
dans des conditions météorologiques très maniables.
Une situation similaire pour les deux derniers qui filent à une
dizaine de nuds vers lultime porte des glaces. En ce onzième
dimanche en mer depuis le départ des Sables dOlonne le 9
novembre dernier, cest probablement lun des plus agréables
pour tous les solitaires !
samedi 24 janvier 2009 :
Le Village Arrivée
La grande caravane du Vendée Globe reprend la route
le lundi 26 janvier et quitte son PC parisien de la Tour Maine-Montparnasse
pour rejoindre les Sables dOlonne qui redeviendra dès lors
le centre névralgique de la course. Le Village Arrivée sera
officiellement inauguré le 30 janvier à 10h30 tandis que
le premier concurrent est attendu en Vendée entre le 31 et le 2
février.
Thompson au charbon
Tandis que lécart se stabilise entre les deux concurrents
de tête, Brian Thompson,
en 6e position, était lhomme le plus rapide de la nuit. En
compagnie de sa compatriote Dee
Caffari, le marin britannique est en train de se rapprocher
dangereusement de Samantha
Davies, ralentie depuis trois
jours.
Desjoyeaux-Jourdain : écart stabilisé
Lhémorragie des milles qui séparent Michel
Desjoyeaux
de Roland Jourdain semble être enrayée
ce matin. Calé dans le sillage de Foncia, qui poursuit son cavalier
seul dans le nord-ouest du Cap Vert, Veolia Environnement a bien accéléré
cette nuit et affichait, poussé enfin par de solides alizés
de nord-est, des moyennes de 14 nuds.
A 150 milles dans le sud de léquateur, Armel
Le Cleac'h, est sensé aborder le pot au noir,
un passage qui a piégé son prédécesseur pendant
presque 48 heures. Mais comparée aux récits de Roland
Jourdain, qui relatait une nuit cauchemardesque coincé sous
un grain gigantesque et une pluie diluvienne, la traversée de cette
zone tant redoutée semble pour linstant indolore pour le
skipper de Brit Air. Cette nuit, il navait pas encore ralenti !
Marc Guillemot
et Sam Davies à la recherche
du vent perdu
La situation est moins agréable pour les 4e et 5e du classement.
Marc Guillemot, fidèle à sa stratégie «
côtière », continue de tirer des bords 30 milles au
large du Brésil. Une vraie partie de slalom entre les plates-formes
de forage et les bateaux de pêche comme en témoignent les
images expédiées au petit matin par le skipper de Safran.
Les vents thermiques et autres effets de sites recherchés par Marc
Guillemot ont un prix : une grosse fatigue générée
par une veille constante et lobligation de manuvrer au portant.
Bien plus au large, la première femme de ce Vendée Globe
nest pas mieux servie, bien au contraire. Depuis trois jours,
Marco et Sam, coincés entre lignes de grains et dorsale
anticyclonique, sont en recherche de vent et de vitesse. Résultat
: une nette bien que discrète remontée de leurs poursuivants.
Brian à lattaque
Brian Thompson est en effet le plus rapide au pointage de ce samedi
matin. Dans des conditions idéales pour faire parler son puissant
Barhain Team Pindar, le navigateur Britannique a passé toute la
nuit à glisser au largue à plus de 15 nuds. Il y a
une semaine, Brian accusait encore 1000 milles de retard sur Samantha
Davies. Ce matin, il nest plus quà 350 milles
! Englué dans une bulle anticyclonique uruguayenne que Brian
et Dee ont réussi à éviter, Arnaud
Boissières voit ses compagnons de route séchapper.
Ce matin, Akena Vérandas était toujours deux fois moins
rapide.
Au large de lArgentine, tout va bien pour Steve
White, dernier de la troupe à évoluer en
Atlantique. Hier, Steve a pu enfin choquer les écoutes et
progresse à 12 nuds. Lui aussi opère depuis une semaine
une timide mais constante remontée, avec pas loin de 300 milles
de gagnés sur Akena Vérandas.
Lactualité est différente pour les trois bateaux qui
ferment la marche. Rich Wilson plonge doucement
vers le sud pour doubler, dici deux jours environ, le mythique cap
Horn. Quant à Raphaël
Dinelli et Norbert
Sedlacek, ils vont devoir infléchir leur
route vers le nord pour passer la dernière porte de sécurité
Pacifique. Les deux hommes ont franchi ce matin la barre des 7000 milles
de retard sur les leaders.
vendredi 23 janvier 2009 :
Place nette
Mich Desj a fait place nette,
tout comme Bilou devant Armel.
En ce 75e jour de course, jamais les écarts nont été
aussi importants depuis le départ de ce Vendée Globe. Il
est loin le temps du convoi compact et homogène où lon
pouvait assister à des croisements torrides entre deux concurrents
au milieu de lAtlantique !
535 milles entre Foncia et Veolia Environnement, puis 507 pour arriver
jusquà Brit Air et encore 941 de plus pour trouver Marc
Guillemot qui nest pas loin de poser sa serviette
sur les plages brésiliennes, tant il sest approché
de la côte pour y capter des vents thermiques. A moins dun
bouleversement météo aussi soudain quimprobable, à
moins dun gros pépin technique que personne de souhaite,
on ne voit pas très bien ce qui pourrait révolutionner cette
hiérarchie.
Restent quelques mini régates éparpillées
sur deux océans : le duel qui oppose Marc Guillemot à
Samantha
Davies, le ménage à trois entre Brian
Thompson, Dee
Caffari et Arnaud
Boissières et le pas de deux des retardataires Sedlacek
et Dinelli.
Mais pour Michel Desjoyeaux, Roland Jourdain, Armel Le Cléach,
et beaucoup plus loin pour Steve
White et Rich Wilson, tout
le travail dès à présent, consister à faire
marcher la monture, peaufiner ses trajectoires et préserver le
matériel.
Aussi faut-il sattendre à des arrivées relativement
espacées en Vendée, avec des écarts de deux ou trois
jours pour le tiercé de tête. Pour linstant, lheure
estimée darrivée calculée quotidiennement par
Météo France, na pas bougé dun iota.
Le vainqueur de cette édition est toujours attendu entre le 31
janvier 01heure et le 2 février à la même heure.
Trois semaines après larrivée de Temenos II (Dominique
Wavre ) à Fremantle (Australie), le plan Owen Clarke a
été chargé sur un porte container en route pour la
Malaisie. Le monocoque sera ensuite chargé sur un second cargo
qui partira pour Le Havre fin janvier. « Avec les équipes
de Mike Golding et de Loïck
Peyron, on a choisi de mettre nos forces en commun. Cest
ainsi que le "Gitanover" a vu le jour ! Tous ensemble on se
consacrait à un bateau puis lautre, ça nous a permis
dêtre beaucoup plus efficace. On a effectué un gros
travail de démontage et de préparation en vue du chargement
des bateaux. Les bateaux vont effectuer un demi-tour du monde, on a essayé
de les protéger au maximum avec des étuis, des bâches,
des mousses de protection. ?Le chargement à bord du Maersk Garonne
sest très bien passé, les dockers australiens ont
pris le plus grand soin de nos bateaux.?Le bateau va arriver au Havre
le 15 février, le mât et la coque seront chargés sur
deux camions et regagneront La Rochelle en convoi exceptionnel. »
jeudi 22 janvier 2009 :
La loi de Murphy
Les orages sont au programme pour tous les solitaires qui sont dans lAtlantique
Sud : autant pour Roland Jourdain qui est
toujours dans un Pot au Noir plutôt actif, que pour Armel
Le Cleac'h au large de Recife, que pour Marc
Guillemot devant Rio et Samantha
Davies au large, et même
pour le trio franco-britannique et lAnglais Steve
White.
Faites tomber une tartine et vous constaterez quelle va systématiquement
retomber du côté beurre, que celui-ci soit salé ou
pas
Et ce nest pas un problème de gravité, de
répartition de masse ou deffet de glisse du support gras
: ça marche aussi avec de la confiture ! Cest la loi de Murphy
: « si le pire existe, il ne manquera pas de se réaliser.
» Cest un peu le scénario qui se profile à
lhorizon pour presque tous les poursuivants de Michel
Desjoyeaux (Foncia).
Celui-ci déroule désormais tranquillement son sillage vers
Les Sables dOlonne et avec plus de 450 milles de marge sur son dauphin
et des alizés qui nont pas lintention de mollir, le
delta pourrait rapidement atteindre les 500 milles et plus. Rien ne semble
pouvoir freiner le dernier sprint du leader qui va théoriquement
ralentir (un tout petit peu) lorsquil devra traverser le bout du
bout de lanticyclone des Açores, au large des Canaries. En
attendant, cest un bon alizé de Nord-Est à plus de
vingt nuds qui souffle dans ses voiles, un alizé qui va en
plus lentement tourner à lEst dici ce jeudi soir, ce
qui permettra au solitaire de faire route plein Nord à plus de
quinze nuds de moyenne !
Orages sans espoir
Ce nest pas du tout le même synopsis pour les autres navigateurs
: Roland Jourdain (Veolia Environnement) vient tout juste de passer
léquateur, mais a encore une petite demie journée
à galérer dans un Pot qui lui colle au tableau arrière.
Au fur et à mesure quil gagne dans le Nord, le Noir sétend
sur sa route et il lui faut grappiller mille par mille les 70 qui restent
avant que les grains ne laissent place à un ciel moins chargé.
Perte de terrain et chance de revenir sur le leader qui sétiole
un peu plus
Rien nest jamais acquis en voile, mais le canevas
semble de plus en plus solide : Michel Desjoyeaux devrait conserver
un matelas (et pas un oreiller !) de marge sil na aucun avatar
technique, facteur par nature impondérable
Quant à
Armel Le Cléach (Brit Air), les dés ne roulent
pas en sa faveur : les alizés sont toujours aussi asthmatiques
! À peine une dizaine de nuds de secteur Est, mais surtout
des masses orageuses qui perturbent le régime et ce, jusquà
lentrée du Pot au Noir
Même motif, même punition : Marc Guillemot (Safran)
est lui aussi proche des côtes brésiliennes, là où
les bulles dair chaud séchappent pour aller rejoindre
lAfrique du Sud
Un véritable rail de dépressions
orageuses qui entraîne des grains, des vents erratiques, des pluies
diluviennes et
des prises de tête ! La sortie sannonce
laborieuse. Et si Samantha Davies
(Roxy) semble sêtre sortie du tunnel, il ne faut pas quelle
pousse trop tôt un soupir de soulagement : après la pluie,
vient le beau temps, mais le problème cest quil va
faire très beau ! Au point que cest une dorsale anticyclonique
quil lui faudra traverser ensuite
Alors y a-t-il des rescapés dans ce « 24 heures chrono »
haletant ? Même pas le « gang des trois » qui sengluent
doucement dans un anticyclone uruguayen ! Petit répit pour Brian
Thompson (Bahrain Team Pindar) et Dee
Caffari (Aviva) qui vont profiter dun petit
flux de Sud pendant quelques heures
Avant que la bulle ne les couvre.
Et Arnaud Boissières
(Akéna Vérandas) va patienter 24 heures pour que cet anticyclone
glisse aussi lentement vers le Sud-Est : il pourra ensuite glisser vers
le Nord. La vie nest pas une longue mer tranquille
Sauf pour
Michel qui se fait de plus en plus la belle !
mercredi 21 janvier 2009 :
Quelques références
Alors que Michel
Desjoyeaux en a fini avec le Pot au Noir,
très Sud ces derniers temps, les classements du leader depuis le
départ du Vendée Globe donnent un idée plus précise
des tranches de parcours où il a sensiblement fait lécart
par rapport à ses concurrents.
Le départ de la sixième édition du Vendée
Globe ayant été donné le 9 novembre à 13h02
pour tous les concurrents, les données fournies se référent
à un classement quotidien effectué à 11h00. On note
ainsi que les écarts entre Michel Desjoyeaux et la tête
de flotte ont été les plus importants quelques jours après
son deuxième départ des Sables dOlonne, le solitaire
ayant alors 360 milles de retard. Le plus gros retard a été
enregistré le 15 novembre lorsque Loïck
Peyron était en tête (entre les Canaries et
le Cap Vert), avec 671 milles de marge sur Michel Desjoyeaux (alors
à Madère), le skipper de Foncia ayant été
englué dans le golfe de Gascogne alors que les premiers touchaient
déjà les alizés.
Michel Desjoyeaux sadjuge le leadership le 16 décembre
lorsque Jean-Pierre Dick alors premier, percutait
un objet flottant qui abîmait sérieusement son safran tribord,
Mike Golding reprenant la main quelques heures
avant de démâter. Et si depuis cette date, il na pas
quitté la première place, notons que Roland
Jourdain na pas non plus laissé à un
autre concurrent la position de dauphin ! Il a fallu attendre le passage
du cap Horn, le 5 janvier, pour que le delta dépasse les cent milles
Et la plus grande marge entre les deux compères na été
atteinte que juste avant le passage de Michel Desjoyeaux dans le
Pot au Noir, le 19 janvier, avec 462 milles décart !
Quelques chiffres sur le parcours de Michel Desjoyeaux
Les Sables-équateur : 13j 15h 41 (retard sur Loïck
Peyron : 1j 06h 43)
Les Sables-cap Bonne Espérance : 27j 00h 34 (retard sur Sébastien
Josse : 4h 56)
Les Sables-cap Leeuwin : 37j 07h 23 (avance sur Roland Jourdain
: 50)
Les Sables-Antiméridien : 43j 23h 33 (avance sur Roland
Jourdain : 2h 55)
Les Sables-cap Horn : 56j 15h 08 (avance sur Roland Jourdain
: 8h 50)
Les Sables-équateur : 71j 17h 12
Écart par rapport au temps du vainqueur du Vendée Globe
2004
Les Sables-équateur 2004 : 10j 12h 13 (retard de Michel
Desjoyeaux : 3j 03h 28)
Les Sables-cap Bonne Espérance 2004 : 24j 02h 18 (retard
de Michel Desjoyeaux : 2j 22h 16)
Les Sables-cap Leeuwin 2004 : 36j 11h 48 (retard de Michel Desjoyeaux
: 19h 35)
Les Sables-cap Horn 2004 : 56j 17h 13 (avance de Michel Desjoyeaux
: 2h 05)
Les Sables-équateur 2004 : 72j 13h 58 (avance de Michel
Desjoyeaux : 20h 46)
Les Sables-Les Sables 2004 : 87j 10h 47 (Michel Desjoyeaux
doit arriver avant le 4 février à 23h 55)
mardi 20 janvier 2009 :
Un autre trou dans la grand-voile de Caffari
Dee Caffari
(Aviva) : « On savait que le vent allait arriver et que cela
allait durer 24 heures. Cela devrait nous aider en termes de performance.
Jai payé le prix pour avoir essayé de rester en contact
avec les gars, car jai perdu une autre partie du taffetas, et ma
grand-voile est encore plus trouée mais qui sait une ventilation
au niveau de la GV pourrait être lavenir ! Aviva avance majestueusement.
Elle a une mission à accomplir. Jai fait le choix de bien
naviguer pendant que nous avons encore une bonne brise afin de rester
avec les garçons autant que possible, car je travaille sur le principe
que nous devrions toucher des vents plus faibles au même moment
et que nous serons ainsi ralentis en même temps. A ce moment-là,
je perdrais moins de milles. Je suis contente de pouvoir rester en contact
malgré létat de ma grand-voile. Depuis léquateur
je suis à moins de 100 milles dAkena et depuis ma rencontre
avec Pindar, nous restons bien groupés. Il est incroyable de voir
tous ces milles parcourus ensemble. La fête à la fin va être
impressionnante ! »
Steve White, 9ème au Cap Horn
Steve White (Toe in the Water) au passage
du Cap Horn hier soir :
« Je suis content dêtre ici, content davoir laissé
tous nos soucis derrière nous et dy être arrivé
en bon état. Avant, ce nétait quune marque sur
les cartes à atteindre aussi rapidement que possible, mais cela
mérite bien sa réputation. Jai 43 nuds de vent
avec des pointes à 58, mais cela a molli un peu. Sur la remontée
du plateau continental, cétait incroyable. Des murs deau.
On remonte une vague et on se heurte contre la suivante tout de suite
après. Il y a un sentiment désolant de solitude et cela
vous fait penser aux voiles carrées dautrefois. Cela a dû
être affreux dans ces parages et on peut se demander si cela valait
vraiment le coup pour un peu de thé. Jai hâte de retrouver
une mer plus calme pour pouvoir accélérer et rattraper ceux
de devant. Avec un peu despoir ils seront bien ralentis dans le
Pot au Noir. » Plus que trois concurrents dans le Pacifique
Desjoyeaux à léquateur
Leader depuis 35 jours, Michel
Desjoyeaux devrait franchir léquateur
ce mardi sur les coups de 7h du matin. Cette nuit dans le pot-au-noir,
son avance a encore fondu de 45 milles sur Roland
Jourdain, pointé à 334 milles derrière.
Michel Desjoyeaux (Foncia) est-il sorti de ce satané pot-au-noir
avant même de franchir léquateur ? Cest possible
au regard des vitesses de retour à la hausse ce matin (9,9 nuds).
Mais la méfiance reste de mise tant cette zone imprévisible,
où la violence des grains na dégal que leur
soudaineté (voir photo),
peut réserver encore bien des surprises à lincontestable
leader de ce 6e Vendée Globe. A 334 milles au sud, Roland Jourdain
(Veolia Environnement) ne se pose pas de questions. En 36 heures, il a
repris 160 milles à son compère et ça doit suffire
à lui remonter le moral. A 13,3 nuds de vitesse ce matin,
il exploite toujours un alizé conséquent pour grappiller
tous les milles possibles sur son adversaire. Pointé à 22
milles de léquateur à 4h30 mardi, Mich Desj
devrait signer son retour dans lhémisphère Nord aux
alentours de 7h00. En 2004, Vincent Riou avait
coupé léquateur 14 jours avant son arrivée
triomphale aux Sables-dOlonne. Mais le pot-au-noir se trouvait encore
sur sa route
Pour Samantha
Davies (Roxy), quatrième au sud de Rio, ce
nest pas le pot-au-noir mais le résultat est le même.
La jeune Anglaise lutte depuis plus de 24 heures avec des vents très
faibles et affiche une moyenne journalière de seulement 6,5 nuds.
Au même moment, Marc
Guillemot (Safran), plus près de la côte
brésilienne, conserve une vitesse constante (11,6 nuds) qui
lui permet de revenir à seulement 35 milles de son adversaire (contre
250 il y a 48 heures !). La régate est à peine moins serrée
entre le trio Brian
Thompson (Bahrain Team Pindar) / Dee
Caffari (Aviva) / Arnaud
Boissières (Akena Vérandas) au large de la
péninsule de Valdès (Argentine). Sur son bateau de dix ans
dâge, le Français ne peut tenir le rythme imposé
par ses concurrents britanniques. Dee Caffari, flashée ce
matin à 16,9 nuds malgré sa grand-voile ajourée,
signe une nouvelle fois la plus grande performance en 24 heures.
Enfin Steve White (Toe in the Water) a franchi le Cap Horn lundi
soir à 21h30. Mais dans une mer agitée, à plus de
11 milles du cap, lAnglais na pu admirer le mythique rocher
quil contournait pour la première fois. Il ne reste plus
que trois solitaires dans le Pacifique qui devront respectivement patienter
une et deux semaines avant de connaître la délivrance des
mers du sud. Le doyen américain Rich Wilson
(Great American III) précède de 1500 milles le duo de queue
Raphaël Dinelli
(Fondation Océan Vital) / Norbert
Sedlacek (Nauticsport-Kapsch).
lundi 19 janvier 2009 :
Grand écart
Si Michel
Desjoyeaux (Foncia) a baissé dun
ton dans sa chevauchée vers les sables dOlonne, cest
toujours le grand écart avec son camarade de jeu de Port-la-Forêt,
Roland Jourdain
(Veolia Environnement) qui na eu lui-même de cesse que de
creuser avec son poursuivant Armel
Le Cleac'h (Brit Air). Pour dautres, cest
leur différentiel de vitesse qui les distingue. Sam
Davies (Roxy) a battu, hier au soir, ses records
de lenteurs quand Marc
Guillemot (Safran) filait ce matin à plus
de 16 nuds.
Ils vont bientôt cesser de naviguer la tête en bas, pouvoir
regarder les siphons de leur évier se vider dans le sens inverse
des aiguilles dune montre, voir le soleil de midi dans leur sud.
Toute une série de détails quils avaient finis par
oublier depuis deux mois quils se promènent dans lhémisphère
austral. Le passage de léquateur, sil a un caractère
symbolique évident annonce surtout lune des deux dernières
difficultés à négocier avant larrivée
en Vendée. Il y a fort à parier que les navigateurs du Vendée
Globe sont plus préoccupés par les caprices du pot-au-noir
que par le fait de voir à nouveau les chiffres des latitudes croître
à nouveau sur leur compteur. Dautant que celui-ci sannonce
hors norme cette année : positionné usuellement aux abords
du 5ème ou 6ème degré nord, il semble sétendre
jusquaux limites de lhémisphère sud et manifeste
un caractère anormalement actif aux longitudes de la flotte sur
le chemin du retour. Il reste que le matelas que chacun des trois premiers
possède sur son poursuivant immédiat devrait leur permettre
de gérer ce passage sans trop dinquiétudes. Il sagira
plutôt dêtre prudent, de ne pas se faire piéger
par une brusque montée des vents sous un grain, accepter de perdre
quelques milles en jouant la sécurité plutôt que la
gagne.
La fin du Pacifique pour Steve White
Ce qui disparait peu à peu du quotidien des solitaires, ce
sont ces écarts de route forcés quils ont subi dans
les mers du sud quand, emporté par une vague un peu plus puissante
que les autres, le bateau partait en survitesse et finissait sur la tranche
Les petits écarts de conduite restent dans lordre du plus
que raisonnable, quand on fait une entorse à son régime
ascétique pour soffrir un verre dune bonne bouteille
où que lon abandonne les règles monastiques qui président
aux journées pour soffrir une petite douceur, telle la tablette
de chocolat retrouvée par hasard au gré dun rangement
du bateau. Restent sûrement quelques écarts de langage quand
tombe un classement particulièrement décevant où
que lon a raté une manuvre pourtant répétée
cent fois
La course au large suppose aussi quelques petites contrariétés.
Toujours pas décarts significatifs en tous les cas, entre
Arnaud Boissières
(Akena Vérandas), Brian
Thompson (Bahrain team Pindar) et Dee
Caffari (Aviva). Ces trois-là vont avoir
des histoires à se raconter dans les bars de La Chaume et nul doute
quils sauront trouver le langage adéquat pour le faire. Steve
White (Toe in the water) sapprête, quant à lui,
à faire route vers le nord après le passage du Horn. Enfin,
Raphaël Dinelli
(Fondation Océan Vital) et Norbert
Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) ont trouvé
la vitesse de croisière qui convient à leur navigation collée-serrée.
Pour eux, le Horn est encore loin. Quand ils franchiront le Cap Dur, il
y a de fortes chances que le Vendée Globe ait déjà
consacré son nouveau roi. Un océan décart,
cest parfois un monde.
dimanche 18 janvier 2009 :
421, les dés
sont jetés
421 milles, cest le nouvel écart entre Michel
Desjoyeaux (Foncia)
et Roland Jourdain (Veolia Environnement).
A ceux qui supputaient des soucis techniques à partir des faibles
vitesses de Foncia tout au long de la remontée de lAtlantique
Sud, le leader de la course depuis maintenant 33 jours apporte un démenti
cinglant : à la manière du personnage, sans précautions
oratoires particulières avec ce mélange de confiance et
de capacité danalyse. En ce dimanche 18 janvier, la tentation
est grande de considérer que la messe est dite.
Jean de la Fontaine doit se retourner dans sa tombe : le lièvre
Desjoyeaux est en train de manger tout cru les tortues rescapées
de ce Vendée Globe 2008-2009. Même si son retour aux Sables
dOlonne navait rien dune partie de campagne dans la
luzerne, « Miche » na eu de cesse depuis, de
naviguer un cran au dessus de la concurrence et davaler mille après
mille jusquà prendre le pouvoir dans lOcéan
Indien pour ne plus le lâcher par la suite. 421 milles, cest
plus dune journée de mer, un monde quand tout est sous contrôle,
une poussière en cas de pépin. Ses concurrents commencent
à en convenir eux-mêmes : seuls des soucis techniques pourraient
maintenant faire que leur copain de Port-la-Forêt nempoche
pas la mise aux Sables dOlonne. Et la question nest visiblement
pas à lordre du jour.
Ateliers de réparation
Derrière le patron, la flotte sétale maintenant
des côtes du Brésil aux portes du Pacifique. Les plus à
louest, Raphaël Dinelli
(Fondation Océan Vital) et Norbert
Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) semblent se tenir
à leur pacte de collaboration. Les deux navigateurs sont séparés
de 0,7 milles seulement et adaptent visiblement leur vitesse lun
à lautre. Qui va doucement, va sûrement : une chose
est certaine, la navigation en convoi nest sûrement pas le
meilleur aiguillon pour tenir des vitesses élevées. Steve
White (Toe in the water) a dû, lui aussi, ralentir aux abords
du cap Horn. Le navigateur britannique a quelques soucis de rail de grand-voile
et attend une accalmie pour réparer et retrouver des vitesses plus
conformes aux impératifs de la course au large. Dee
Caffari (Aviva) sapprête à ravauder
sa grand-voile : une opération complexe puisque la navigatrice
va devoir affaler de nouveau au quatrième ris, étaler les
surfaces endommagées dans son cockpit et coller, par dessus les
zones les plus abîmées, des pièces découpées
dans une de ses voiles davant. Pour finir un Vendée Globe,
il faut savoir faire tous les métiers : mécanicien de fortune,
maître voilier, technicien composite, électronicien, léclectisme
est devenu une des vertus cardinales du parfait circumnavigateur
Grand-voile affalée pour Steve
"Tout va bien à bord, mais mon chariot de têtière
est cassé et jai dû affaler la GV, ce qui explique
mon ralentissement. Il est coincé au niveau des barres de flèche,
et je ne peux pas monter là-haut pour le moment pour des raisons
évidentes......." Steve White, Toe in the Water
Punition pour Rich Wilson
"Le bateau subit une vraie punition avec une mer croisée
et des creux de sept mètres. Le mouvement du bateau est violent,
ce qui rend la vie dangereuse sur le pont et également dangereuse
à l'intérieur. Il faut s'accrocher tout le temps. J'ai modifié
l'angle de la quille pour que le bateau retombe sur son flanc plutôt
que sur son fond et cela semble le soulager. Avant d'entrer dans le compartiment
il fallait mettre le casque, car j'aurais pu voler dans cet espace. Je
n'ai dormi que deux heures depuis 40 heures, car j'étudie les instruments
afin d'essayer de trouver les moyens de faire face à cette offensive.
La mer est énorme et désordonnée et régler
les voiles ne change en rien cela." Rich Wilson, Great
American III, dans son carnet de bord hier soir
samedi 17 janvier 2009 :
Rendez-vous
dans le Pacifique
Raphaël
Dinelli et Norbert
Sedlacek, les deux derniers marins en course, se
sont donné rendez-vous au milieu du Pacifique Sud, à
moins de 70 mètres lun de lautre. A 6670 milles
devant eux, Michel
Desjoyeaux a enfin touché les alizés,
accéléré et augmenté son avance de 60 milles
en 24h sur Roland Jourdain.
Brian Thompson,
Arnaud Boissières
et Dee
Caffari semblent sortis indemnes de la violente
tempête du Cap Horn.
Samedi, jour de répit
Tout vient à point pour qui sait attendre. Depuis plusieurs jours,
Michel Desjoyeaux attendait de pouvoir toucher les alizés
qui allaient le propulser vers léquateur. Cest bel
et bien fait depuis cette nuit : Foncia file maintenant à plus
de quatorze noeuds de moyenne et creuse à nouveau lécart.
Le trio du Horn est définitivement à labri de la dépression
tempétueuse et peut se concentrer à nouveau sur sa route.
La tension tombe, on décompresse, cest le week-end.
Francis Joyon disait à lissue
de son tour du monde : « la nature ma laissé passer
» A lheure où Thomas Coville
arrive à Brest sans avoir pu déloger le menhir trinitain
de son trône, malgré un parcours en tous points remarquables,
les trois rescapés du Horn doivent se dire quau final la
mer a été bonne fille. Tous trois filent actuellement à
bonne allure vers le nord poussés par des vents de sud-ouest, forts
mais maniables. Comble de bonheur, la situation devrait leur permettre
de recoller légèrement Marc
Guillemot (Safran) et peut-être même
Sam Davies
(Roxy). Les deux navigateurs butent actuellement sur une zone de transition
et doivent composer avec des vents variables faibles. Plutôt que
de profiter du soleil et de goûter le charme des chaleurs retrouvées,
le week-end risque pour eux dêtre un peu occupé, comme
quand on a des étagères à poser à la maison
et que lon na quune envie, cest de paresser sous
la couette.
Roland Jourdain (Veolia Environnement) comme Armel
Le Cleac'h (Brit Air) vont devoir prendre leur mal
en patience et accepter de voir Foncia creuser lécart. Au
classement de 11h (TU+1), linamovible leader de la course comptait
déjà plus de 350 milles davance sur Bilou et
plus de 800 sur Armel. Les écarts devraient logiquement
continuer de se creuser jusquà lundi matin où Foncia
devrait subir un léger ralentissement quand ses poursuivants pourraient
espérer grappiller quelques milles. Pas de quoi, néanmoins
inquiéter un meneur de revue bien installé à lavant-scène.
Après avoir bataillé toute la semaine pour essayer de revenir
au contact, les deux dauphins de Michel doivent bien convenir quil
ny a rien dautre à faire que de laisser les choses
suivre leurs cours. Le samedi parfois, il est urgent dattendre la
fin du week-end.
vendredi 16 janvier 2009 :
Longues heures
dattente
Autour
du Cap Horn, le trio de navigateurs Thompson/Boissières/Caffari
fait le dos rond au passage dune violente tempête sur la pointe
sud-américaine (voir photo).
En tête depuis 31 jours, Michel
Desjoyeaux maintient son avance aux alentours
de 270 milles sur Roland Jourdain.
Depuis 16h30 jeudi après-midi, Brian
Thompson (Bahrain Team Pindar), 6ème de ce
Vendée Globe, a mis sa course entre parenthèses. Arrivé
à lextrémité est de lîle des Etats,
il a compris que Neptune ne le laisserait pas passer. Face à des
vagues de plus en en plus grosses (7 à 9 mètres de creux)
et un vent de nord de force 11 avec des rafales possibles de 70 à
85 nuds, le skipper britannique, en bon marin, a fait demi-tour
pour sabriter sous le vent de lîle des Etats en attendant
que la tempête poursuive son chemin vers le sud-est. Depuis jeudi
après-midi, il zigzague donc à vitesse quasi nulle, grand-voile
à 4 ris et le tourmentin prêt à lemploi (plus
petites voiles du bord), le long de la côte sud de cette île
qui marque la pointe orientale de la Terre de Feu. Derrière lui,
Arnaud Boissières
(Akena Vérandas) a franchi la longitude du Cap Horn cette nuit
à 0h25, à 45 milles dans le sud du rocher. Trop tard pour
espérer rejoindre son prédécesseur britannique à
labri des îles. Du coup, il a opté pour un cap au sud-est
afin déviter la zone la plus forte de la tempête qui
se trouve au nord. Arnaud attend ainsi la rotation du vent au sud-ouest
pour reprendre sa route vers larrivée. Autre stratégie
pour Dee
Caffari (Aviva). Handicapée par une grand-voile
endommagée (voir photo), la
Britannique progresse tout doucement à 45 milles dans le sud-ouest
du Cap Horn. Elle attend sûrement elle aussi que le vent redevienne
portant dans la journée de vendredi pour franchir le mythique rocher.
Mais une fois le pire de la tempête passé vendredi, le fort
vent de sud-ouest combiné avec la mer croisée (houle de
nord et vagues de sud-ouest) rendront encore la navigation délicate
pendant quelques dizaines dheures. Vivement dimanche
Changement de décor en tête de course où Michel
Desjoyeaux (Foncia), sous les tropiques, poursuit son cavalier seul
devant son ami Roland Jourdain (Veolia Environnement). A 250 milles
au large de la ville brésilienne de Porto Seguro, où débarquèrent
les premiers explorateurs portugais en 1500, il poursuit sa remontée
plein nord vers léquateur, à 1000 milles devant son
étrave, léquivalent de quatre à cinq jours
de navigation. En troisième position, Armel
Le Cleac'h (Brit Air) est ralenti par des vents
de nord qui le contraignent à naviguer au près dans une
mer formée. Ambiance rodéo garantie ! Pour une partie de
la flotte, cette remontée de lAtlantique ressemble sérieusement
à une longue ascension
Jean et Vincent sont dans un bateau
Vincent Riou et Jean
Le Camétaient ensemble de passage à Paris pour revenir
sur le chavirage de Jean et son sauvetage par Vincent. Des
premières heures de laccident à leur arrivée
à Ushuaia, morceaux choisis de la conférence de presse donnée
au PC Course, ce jour. (voir photo)
la
conférence ici
Le chavirage
Jean Le Cam : « je venais juste dempanner pour filer
bâbord amures vers le Horn. Pile poil au bon moment, juste au moment
où le vent venait de basculer. Jétais super content.
Vincent mappelle au téléphone, on commence à
discuter et là je sens un choc. Derrière, le bateau commence
à avoir une attitude bizarre. Je crie et je donne ma position à
Vincent
»
Vincent Riou : « en fait, la communication coupe juste
au moment où il crie. Je ne savais pas trop si cétait
parce que le bateau était parti au tas, mais javais quand
même un mauvais pressentiment. Trente minutes plus tard, je reçois
lappel de la direction de course qui me demande de me dérouter
»
Jean Le Cam : « quand le bateau a commencé de chavirer,
jai tenté de fermer les portes. Jai réussi à
en fermer une, pas la deuxième. Jai tout de suite sauté
sur ma TPS (combinaison de survie) et sur un sac de vêtements enfermés
dans un sac étanche. A lavant, javais un endroit plus
ou moins sec. Je revenais de temps en temps à larrière
pour récupérer une caisse de nourriture, de leau,
mon pouf, une couverture de survie
Je faisais mon petit marché
! »
Lattente
Jean Le Cam : « quand jai entendu lavion me
survoler, jai su que jétais repéré. Jétais
rassuré
je savais que le temps jouait pour moi. Quand Vincent
est arrivé ensuite et que jai entendu sa voix, je me suis
dit dans un premier temps que je rêvais. Au deuxième coup,
je nai plus eu de doute. Ce sont des situations où il faut
être sûr du coup : cest oui ou cest non, ce nest
pas peut-être. »
Vincent Riou : « le temps de descendre sur la position
de jean, javais préparé du matériel : des trucs
à lancer sur la coque de Jean pour me faire reconnaître,
une amarre avec une pomme de touline au bout. Javais bien un lance-amarre,
mais je ne voulais pas trop lutiliser, je sais à quel point
ce genre dengin peut être imprécis
»
Fusée de détresse
Vincent Riou : « une fois que je suis arrivé,
il fallait que je sache sil allait bien. Je suis passé à
côté, jai crié
Crier cest bien mais
il faudrait avoir quelque chose qui fasse du bruit. Après il sest
signalé par un petit drapeau par le passe-coque. Il nous a même
fait un spectacle pyrotechnique, une fusée parachute par un passe-coque,
cest balèze. Jai même eu un peu peur ! ça
aurait très bien pu finir dans la grand-voile de PRB ! Je me suis
dit, il sait que je suis là
Sil décide de sortir,
il faut que je sois à côté. Jai commencé
à tirer des bords à proximité le temps quArmel
arrive. »
Jean Le Cam : « Lhistoire de la fusée,
cest terrible. Je regarde la fusée. Cest écrit
en tout petit, cest pratique. Il y aurait des trucs avec des signes
simples et idiots, comme on est dans ce genre de cas
Quand il y
a trois pages écrites sur une fusée avec un diamètre
comme ça, la seule crainte quon a cest de se faire
éclater en utilisant des trucs de la pyrotechnie
Jen
avais trouvé une avec des trucs lisible, une grosse flèche,
jai dit celle-là, elle me va bien ; avec un coup de pot cest
peut-être le diamètre du passe coque de speedo. Et là,
cétait diamètre pour diamètre, mais ça
ne rentrait pas dans le passe coque. Quand tu mets la fusée à
lentrée du passe coque, il ne faut pas mollir. Si tu dévies
un peu, tu vois le truc ! Jai tiré la fusée, mais
une fusée, ça dégage de la fumée. A lintérieur
de VM, il y avait de la fumée partout et je me suis dit : maintenant
tarrêtes tes c
, le petit pavillon ça suffit.
»
Le passage du Horn
Jean Le Cam : « Jai fait un film. Jai dit
à Vincent, ce nest pas possible. Quatre ans auparavant, on
était concurrents et là, on se retrouve sur PRB, les deux,
en train de passer le Cap Horn. Là, jai dit, on va passer
tout à côté du Cap Horn. Le dernier coup jétais
passé de nuit, avec Tabarly on était bien au large, je lui
dis, on va passer à côté. Cest moi le metteur
en scène en plus
Cest quand même une situation
complètement exceptionnelle. Tu veux lécrire cette
histoire, tu ny arrives pas. Forcément, je perds mon lest
au Cap Horn ; évidemment, cest Vincent qui vient me récupérer.
Evidemment, il y a quatre ans, on est concurrents ; évidemment
on passe le cap Horn ensemble
Evidemment on démâte
vingt-quatre heures après. On se retrouve bloqués au Chili.
»
Vincent : « Pour notre bien psychologique, il fallait
tourner ça à la dérision. On a fait ça très
bien, on a bien rigolé. Cétait prioritaire de regarde
les choses simplement, de prendre du recul. Ce qui était important,
cétait quon soit là tous les deux, il fallait
en profiter. »
jeudi 15 janvier 2009 :
Leffet
accordéon
Michel
Desjoyeaux a repris
une trentaine de milles dans la nuit sur son principal adversaire, Roland
Jourdain. Exténué par sa réparation, Marc
Guillemot a quitté son mouillage mercredi soir après
une escale de sept heures aux Malouines.
Brian Thompson (Bahrain
Team Pindar) a doublé le Cap Horn ce matin à 4h15. La flotte
de concurrents encore en course est désormais scindée en
deux, entre Atlantique et Pacifique. Six solitaires remontent vers Les
Sables dOlonne quand six autres rêvent de Cap Horn et de retour
dans un océan plus clément. Pour Arnaud
Boissières (Akena Vérandas) et Dee
Caffari (Aviva), les deux prochains candidats au passage
du cap cet après-midi et ce soir, la symbolique du Horn ne sera
pas synonyme de soulagement à cause dune tempête qui
les attend vers lîle des Etats. Plus au nord, devant des spectateurs
insolites répartis sur un bateau de pêche, un petit cargo
et un paquebot, Marc Guillemot (Safran) a salué de loin
les Malouines après une réparation exténuante de
son rail de mât. Les douze travaux de Guillemot nentament
pas la motivation du marin trinitain qui a passé plus de quatre
heures perché dans son mât avec 30 nuds de vent. Sans
parler du froid qui règne dans ces latitudes. Dans ces conditions,
le moindre geste est une épreuve
En tête depuis maintenant 30 jours, Michel Desjoyeaux
(Foncia) a repris comme il lavait prévu
une trentaine de milles cette nuit sur son plus tenace adversaire Roland
Jourdain (Veolia Environnement). Mais Jourdain na pas eu besoin
semble-t-il denchaîner les virements de bord pour traverser
la dorsale anticyclonique qui avait tant ralenti Mich Desj
hier. Derrière le duo de tête, Armel
Le Cleac'h (Brit Air), après une journée
à batailler dans les petits airs, a enfin touché les alizés
de Sainte-Hélène. Les chaleurs tropicales ne sont plus quune
question dheures
Alerte météo
Une tempête exceptionnelle doit passer la nuit prochaine sur le
Cap Horn et engendrer localement (dans le détroit de Le Maire notamment)
des rafales de vent jusquà 85 nuds ! Pour Brian
Thompson, Arnaud Boissières et Dee Caffari, lobjectif
sera de se mettre à labri sous le vent de la Terre de Feu.
« Sur les trois derniers mois, cest la première dépression
aussi grosse dans les parages » avoue Sylvain Mondon de Météo
France. « Il y avait longtemps quon navait pas vu ça
sur une course au large. Cest le genre de dépression qui
a obligé lannée dernière Gitana 13 à
se mettre à labri pendant cinq jours lors de son record New
York-San Francisco. » En clair, cette dépression très
creuse de Force 11 génèrera localement dans sa moitié
nord des rafales de 70 à 85 nuds avec des creux jusquà
11 mètres. Ce nest donc pas au passage du Cap Horn en lui-même
que le danger sera le plus élevé, mais au niveau de lîle
des Etats dont le détroit de Le Maire sannonce infranchissable.
Pour Sylvain Mondon, la seule solution pour les trois marins dans les
parages consiste « à rejoindre un abri sous la Terre de Feu
lorsque le vent soufflera de nord, puis faire route lentement vers le
large de lîle des Etats après la bascule au sud-ouest
en laissant partir la dépression devant. » Brian Thompson
a franchi le Cap Horn ce matin à 4h15 avec seulement 6 nuds
de vent et dispose de temps pour décider de sa stratégie.
Pour Arnaud et Dee, qui ne passeront le Cap Horn que ce soir, le
timing est nettement plus serré.
Sisyphe navigue
Faire et défaire
Se dire quon en a peut-être
fini et devoir remettre du cur à louvrage. La vie des
navigateurs du Vendée Globe est ponctuée par ces épreuves
quil faut affronter de nouveau quand on pensait souvrir de
nouveaux horizons. Arnaud Boissières (Akena vérandas),
Dee Caffari (Aviva) et Brian Thompson
(Bahrain Team Pindar) se préparent à affronter une forte
tempête venue du Pacifique alors quils auront juste passé
le Horn (voir photos des voiles
de Dee). Marc Guillemot (Safran), malgré six heures
descales aux Malouines, na pu réparer la totalité
de son rail de grand-voile quand Roland Jourdain (Veolia Environnement)
voit son compagnon déchappée lui reprendre à
nouveau des milles.
Il faut avoir la foi chevillée au corps pour ne pas baisser les
bras par moments
Alors quils espéraient en avoir fini
avec les coups de vent des mers du sud, le trio franco-britannique en
approche du Cap Horn sapprête à vivre une forte tempête.
Selon Météo France, ce sont des vents moyens de secteur
nord de 55 nuds, avec rafales possibles à 80, qui marqueront
leur entrée dans lAtlantique. Sylvain Mondon depuis le centre
de prévision de Toulouse lannonçait : « Le
Détroit de Lemaire sera, quoi quil advienne, impraticable
» A la mer du vent, viendra sopposer une houle douest
puissante qui pourrait lever des creux de 9 à 12 mètres.
On comprend mieux le choix de Dee Caffari et dArnaud Boissières
de ne pas tenter le diable et de venir naviguer à labri des
îles au plus vite, dès le Horn franchi. Brian Thompson,
quant à lui, au regard des informations qui lui ont été
fournies par la direction de course et des prévisions de Météo
France, a fait le choix de revenir sabriter sous le vent de la
Terre de Feu de manière à trouver une mer plus maniable.
Une prudence indispensable au vu de lintensité du phénomène
météo attendu. Il reprendra sa route après le passage
du système perturbé. Pour ces trois-là, les heures
dattente risquent dêtre longues et il y a fort à
parier quils aimeraient bien être plus vieux de quelques quarante-huit
heures. Le franchissement du Horn nest pas toujours une délivrance.
Marc Guillemot, est reparti des Malouines après une
escale éclair sur un coffre de Port Stanley. En six heures de temps,
le navigateur trinitain a du entreprendre quatre ascensions successives
de son mât pour réparer son rail de grand-voile. Pour un
résultat finalement inférieur à ses espérances
: compte tenu des dégâts occasionnés, il aurait fallu
pouvoir déboulonner la partie supérieure de son rail entre
le premier ris et la tête de mât et la fixer un étage
plus bas. Une opération qui aurait demandé trop de temps
pour Marco, pressé de repartir à la chasse à la Sam
Davies (Roxy). Et le monocoque gris souris de repartir
en solitaire des Malouines sous le regard incrédule des passagers
dun paquebot (voir photo),
venus chercher leur visa pour le Cap Horn. Les deux solitaires bénéficieront
provisoirement dun vent de sud-ouest qui les propulsera à
bonne vitesse vers le nord, avant de retrouver les allures de près.
Faire et défaire
mercredi 14 janvier 2009 :
A chaque jour,
suffit sa peine
Beaucoup de solitaires ont des raisons despérer ce matin.
En tête de flotte, les deux leaders devraient voir le bout du tunnel
de Sainte-Hélène dici peu de temps, quand les concurrents
en approche du Cap Horn ont droit à une pause bienvenue après
les très forts vents subis ces dernières heures. Enfin,
Marc Guillemot (Safran)
est en approche des îles Malouines où il espère pouvoir
réparer son rail de grand-voile.
Prendre les choses dans lordre où elles viennent. Ne pas
chercher à forcer le destin. Quil sagisse des navigateurs
aux portes du Cap Horn ou des premiers englués dans les calmes
de Sainte-Hélène, la navigation en bon marin, comme on dit
dans les livres, suppose avant tout une capacité à ne pas
se laisser dépasser par les événements. Cest
en quelque sorte ce que résume Brian
Thompson (Bahrain Team Pindar) au plus fort de la tempête
quil affrontait comme Dee
Caffari (Aviva) et Arnaud Boissières
(Akena Vérandas). Le plus dur reste lattente : une fois que
le vent est rentré, on peut avoir des moments dinquiétude,
mais on est dans laction. On a l'occasion de valider les choix qu'on
a du faire auparavant quand le gros temps menaçait. Et Brian
davouer même quil prenait un certain plaisir à
dévaler les vagues comme sil était sur une planche
de snowboard de 60 pieds dans la poudreuse
Pour Dee Caffari,
cette dernière tempête aura été fatale à
sa grand-voile. La navigatrice britannique doit naviguer avec quatre ris
et ne sait pas encore quelle solution de rechange envisager. Car remonter
lensemble de lAtlantique avec un bateau notoirement sous-toilé
peut vite tourner au calvaire. Cest dailleurs bien ce qui
motive Marc Guillemot, qui se trouvait au classement de 5h (TU+1)
à une petite dizaine de milles sous le vent de larchipel
des Malouines. Marc devrait, dans les heures qui viennent, entamer
son approche et chercher une baie abritée pour faire sa réparation
de rail de grand-voile. Pendant ce temps, à larrière
de la flotte, Raphaël Dinelli (Fondation
Océan Vital) et Norbert Sedlacek
(Nauticsport-Kasch) semblaient retrouver un rythme de navigation plus
conforme à leurs objectifs de progression.
Langueurs monotones
En tête de course, cest encore le régime des petits
airs qui domine. Michel
Desjoyeaux (Foncia) tente de contenir le
retour de Roland Jourdain
(Veolia Environnement) à qui le travail datelier semble avoir
donné des ailes. En 24 heures, Bilou a repris 70 milles
à son compère de Port-la-Forêt. Les deux naviguent
dans des vents variables et relativement faibles, mais devraient dici
peu retrouver des régimes plus stables. Il ne serait donc pas étonnant
de voir laccordéon sétirer alors dans lautre
sens. Mais parfois le temps peut sembler long : quand on a goûté
aux plaisirs de la survitesse, voir sa progression rester obstinément
en deçà des dix nuds de moyenne peut vite avoir un
caractère frustrant. Dans ce type de conditions, il sagit
de ne pas se mettre martel en tête, de continuer de naviguer proprement,
de prendre du repos
Ce nest pas lheure de se mettre
en surrégime, il reste encore plus de quinze jours de mer sous
haute tension. Armel
Le Cleac'h (Brit Air) marque le pas après
sa remontée des derniers jours : il subit lui aussi les calmes
de lanticyclone de Sainte-Hélène. A bord de Roxy,
Sam Davies
est toujours gratifiée de la meilleure moyenne de la flotte atlantique.
Et pourtant, la demoiselle a du lutter contre du kelp (sortes dalgues
filamenteuse géante) qui freinait la progression de son bateau.
Et comme il vaut toujours mieux voir le bon côté des choses,
Sam se réjouissait de navoir pas du se mettre à
leau pour sen débarrasser. Entre bouteille à
moitié vide et moitié pleine, la jeune navigatrice britannique
a définitivement choisi son camp.
Safran est reparti des Malouines
Marc Guillemot a quitté
son abri aux Malouines ce soir après six heures descale pour
réparer son rail de mât.
Il est arrivé à Stanley Bay aux Malouines à 11h mercredi
matin. Prendre une bouée à la voile en solitaire sur un
monocoque de 18 mètres représente déjà un
sacré exploit. Grimper dans le mât tout seul pour réparer
un rail défectueux en deux endroits différents en moins
de six heures en est un autre
Vers 17h15, Marco avait remis les
voiles et repris son cap vers le large. La course a repris pour lui avec
encore 6588 milles à parcourir avant le bonheur du retour aux Sables.
Un océan à remonter en surveillant de près ce rail
récalcitrant.
mardi 13 janvier 2009 :
Inextricable
La remontée de lAtlantique Sud est souvent considérée
comme la zone la plus piégeuse du Vendée Globe
Entre
la sortie des Quarantièmes et les alizés de Sud-Est, la
zone de transition est une des plus complexes à négocier.
Les navigateurs doivent jouer avec les excroissances de lanticyclone
de Sainte-Hélène et de petites dépressions orageuses
qui viennent perturber le jeu.
Qui pourrait maîtriser les phénomènes de cyclogénèse
sur lAtlantique Sud deviendrait maître es stratégie
pour cette partie de parcours entre la latitude des îles Malouines
et celle de Salvador de Bahia. Car leur formation est pour le moins imprévisible
: sur les hauts plateaux de lUruguay et du Sud brésilien,
la température au sol crée des conditions propices à
une forte instabilité. Par ailleurs, cette instabilité est
renforcée par la proximité de la Cordillère des Andes
qui provoque des descentes dair froid. Soit les conditions idéales
pour la formation daffrontements entre masses dair chaud et
dair froid. Il suffit que le phénomène se déplace
sur leau pour quil soit alimenté en humidité
et que se forme immédiatement de petites dépressions orageuses
au caractère très actif. Conjugué aux velléités
de lanticyclone de Sainte-Hélène, le passage de ces
dépressions provoque des situations au caractère imprévisible,
incroyablement changeantes dun jour à lautre.
Un matelas plus solide qu'il n'y parait
Visiblement le caractère profondément instable de la
météo dans cette zone devrait avoir bénéficié
au duo de tête : Michel
Desjoyeaux (Foncia)
comme Roland Jourdain
(Veolia Environnement) ont pu ainsi remonter le long des côtes de
lAmérique du Sud en ne négociant quun seul passage
de centre dépressionnaire. La situation risque dêtre
beaucoup plus compliquée pour Sam
Davies (Roxy) et Marc
Guillemot (Safran) : la formation de plusieurs petits
fronts successifs risque de déboucher sur un train de petites dépressions
orageuses. Avec au menu des vents qui pourraient varier considérablement
en force comme en direction.
Au bout du compte, même si le skipper de Foncia peine à sextirper
des langueurs ectoplasmiques de lanticyclone de Sainte-Hélène,
il pourrait avoir, ici encore, consolidé son petit matelas davance.
Roland Jourdain devrait, quant à lui, sen tirer à
moindre mal. La situation risque dêtre un peu plus complexe
pour Armel Le
Cleac'h (Brit Air)
Même si Michel
Desjoyeaux doit, pour lheure, faire route plein Est pour récupérer
les alizés salvateurs, il risque sauf accident, de repasser rapidement
la peau dâne à ses poursuivants.
Grand-voile déchirée pour Caffari
Marc Guillemot (Safran), qui a franchi le cap Horn hier, devrait
arriver aux Malouines demain pour tenter une nouvelle réparation
de son rail de mât endommagé. Une intervention dautant
plus complexe quil na plus dancre pour mouiller et devra
soit tenter la prise dune bouée de la Marine britannique,
soit se laisser dériver sous le vent de lîle. Derrière,
la situation est toujours aussi délicate pour les concurrents encore
dans le Pacifique. Notamment pour Dee
Caffari (Aviva) qui, en plus de subir lun des plus
gros coups de vent de son tour du monde, déplore désormais
la déchirure de sa grand-voile sous le 3e ris. Elle navigue donc
désormais avec 4 ris dans la grand-voile. Pour linstant,
sa préoccupation est de franchir le cap Horn dans la tempête.
Elle réfléchira plus tard aux possibilités de réparer.
Les deux derniers jours avant le Horn sannoncent en effet exceptionnellement
musclés pour Brian Thompson
(Bahrain Team Pindar), Arnaud Boissières
(Akena Vérandas) et Dee Caffari. Pour ces trois-là,
le passage du mythique rocher sera véritablement synonyme de libération
lundi 12 janvier 2009 :
La peau de l'ours
Rien ne sert de vendre la peau de lours avant de lavoir tué.
La tentation serait quand même grande pour certains de commencer
à se projeter vers un avenir de moins en moins incertain. En tête
de flotte, Michel
Desjoyeaux (Foncia)
conforte sa place de leader quand Roland Jourdain
(Veolia Environnement) savouait particulièrement content
de la tenue de son chantier dhiver. Sam
Davies (Roxy) goûte
à plein son bonheur de cap-hornière nouvellement adoubée
quand Marc Guillemot
(Safran) va soffrir son premier passage du caillou en solo. Il reste
que pour tous la prudence est plus que jamais de mise.
La course au large est faite de cette alternance de moments de fortes
tensions et de périodes de rémission où lon
saperçoit que lon peut desserrer une étreinte
que lon navait pas toujours senti venir
En tête
de flotte Michel Desjoyeaux, qui ne cesse de creuser lécart
sur son pote de Port-la-Forêt, Roland Jourdain doit forcément
se dire que les statistiques commencent à jouer en sa faveur. A
près de 5000 milles de larrivée, il a constitué
un petit matelas davance de près de 300 milles. Soit un gain
de plus de 5%, eu égard à la route quil reste à
parcourir : ce nest pas encore le Klondike, mais nombre de rentiers
sen contenteraient. « Bilou » quant à
lui, peut dores et déjà se satisfaire de voir son
bateau en état de naviguer proprement : après des heures
de chantier à malaxer du carbone, il a terminé son boulot.
Du travail dartisan, bien fait, sans fioriture, mais qui devrait
lui permettre de rallier la ligne darrivée sans encombre
et qui sait, si les circonstances sy prêtent, rester en lice
pour la victoire finale ? Armel Le
Cleac'h (Brit Air), pour sa part, est bien accroché
à son fauteuil de troisième et seules des circonstances
exceptionnelles pourraient le déloger du podium. Mais comme chacun
sait, une régate nest jamais terminée tant que la
ligne darrivée nest pas franchie ; récemment,
Michel Desjoyeaux avait beau jeu de rappeler quil ne tenait
pas à rallonger la litanie des concurrents du Vendée Globe
qui avaient vu leur marche en avant sarrêter aux portes du
Golfe de Gascogne.
Terre promise
Pour tous ceux qui naviguent encore dans le Pacifique, le Cap Horn
constitue la prochaine marche à franchir. Ce devrait être
chose faite dici quelques heures pour Marc Guillemot qui
continue dafficher des moyennes impressionnantes malgré ses
trois ris dans la grand-voile. Pour lui, la délivrance viendra
réellement après les Malouines quand il aura pu réparer
son rail de grand-voile endommagé. Jusquà cette échéance,
une prudence de bon aloi reste de mise. Une remontée de lAtlantique
sans pouvoir utiliser le potentiel de son bateau aurait des allures de
pensum
Même circonspection pour Brian
Thompson (Bahrain Team Pindar) qui espérait que
les multiples travaux de bricolage de lhandicaperait pas face aux
ambitions du couple franco-britannique, Dee
Caffari (Aviva) Arnaud Boissières
(Akena Vérandas), même si lun comme lautre ont
leur part de petits soucis. Pour Cali, il sagit danticiper
une remontée de lAtlantique sans son solent déchiré
à lentrée des mers du sud, quand Dee devra
composer avec une grand-voile qui continue de se délaminer dangereusement.
Si pour Steve White (Toe in the water) et
Rich Wilson (Great American III), le Pacifique
rime avec répit en cette journée de lundi, Raphaël
Dinelli (Fondation Océan Vital) et Norbert
Sedlacek (Nauticsport - Kapsch) sapprêtent
à vivre des heures particulièrement difficiles. Ces deux-là
se sentent plutôt dans la peau de lours aux prises avec la
violence du Pacifique et quoi quil advienne, nont aucune envie
de se faire dépecer.
Jonny Malbon
(Artemis) vient daccoster à Auckland. Il devrait être
rejoint dans la journée par Jean-Pierre Dick
(Paprec Virbac 2). Le navigateur niçois sera accueilli par
trois membres de son équipe technique et sest dores
et déjà assuré du soutien logistique de Bruno Troublé,
organisateur de la Louis Vuitton Cup en Nouvelle-Zélande.
Cest lantienne des retours maussade au bureau quand on sait
que la semaine va être pénible. « Comment va ? Bof,
comme un lundi
» Les employés de la grande fabrique
Vendée Globe devraient quasiment tous être soumis au même
régime pour ce début de semaine. Tous sauf le boss qui se
frise les moustaches
Déprime et dépression. La flotte du Vendée Globe
nen a donc pas fini avec les régimes perturbés. Dernière
en date, la petite dépression orageuse qui sest formée
sur le Brésil touche de plein fouet Roland Jourdain (Veolia
Environnement) qui affronte actuellement des vents forts de nord-est.
A la mer formée, sajoutent des grains pouvant monter jusquà
50-60 nuds. Pas vraiment lidéal quand il sagit
de tester une réparation de fortune et que lon na pas
encore pu valider totalement la solidité du travail effectué.
Cette même petite dépression devrait ensuite affecter Armel
le Cléach (Brit Air) qui sera soumis au même régime
de douche écossaise. Seul Michel Desjoyeaux (Foncia) à
la faveur de son petit décalage dans le nord devrait échapper
aux caprices de cette petite perturbation particulièrement active.
Et continuer de creuser lécart
Cap Horn, cap dur
Pour tous ceux qui sont dans le Pacifique et particulièrement
Arnaud Boissières (Akena Vérandas), Dee
Caffari (Aviva) et Brian Thompson (Bahrain Team Pindar),
la descente jusquau Horn devrait être scabreuse. Les prévisions
de Météo France annoncent des vents de 45 à 50 nuds
avec rafales à 60 voire 70 nuds et surtout des creux de 10
à 12 mètres. Des conditions particulièrement musclées
qui devraient accompagner les trois solitaires jusquà virer
lîle des Etats à la pointe orientale de la Terre de
Feu. Pour ces trois-là, le Cap Horn aura parfaitement mérité
son surnom.
Mais ceux qui risquent de souffrir le plus sont les deux derniers de la
flotte, Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) et
Norbert Sedlacek (Nautic-Sport Kapsch). Le navigateur autrichien
qui risquait dêtre mangé tout cru par une dépression
tropicale venant de lAustralie, ne doit actuellement son salut quau
choix dun cap plein sud pour rejoindre un centre anticyclonique
plus calme. Raphaël, quant à lui, semblait temporiser
sur la route directe
A ce régime, le retard sur la tête
de course ne cesse de grandir. La barre des 7000 milles devrait être
franchie dici la fin de semaine. Définitivement, il est plus
facile dêtre riche et bien portant que pauvre et malade.
Décisions du jury pour PRB et Brit Air
Le jury international a rendu ses décisions concernant la réparation
demandée par Vincent Riou (PRB) et la bonification
de temps accordée à Armel
Le Cleac'h (Brit Air) lors du sauvetage de Jean
Le Cam.
Armel Le Cléach se voit donc créditer de 11 heures
pour sa participation au sauvetage de Jean Le Cam. Ces 11 heures seront
retranchées de son temps final à larrivée.
Vincent Riou, troisième au moment du sauvetage
de Jean (en considérant que Jean était de fait hors course
suite à son chavirage), sera classé troisième ex-æquo
du Vendée Globe avec le (ou la) concurrent(e) arrivé(e)
en 3e position.
dimanche 11 janvier 2009 :
Une Anglaise et le continent
En approchant du Cap Horn quelle devrait franchir aujourdhui
entre 11h et 12h (heure française), Sam
Davies (Roxy) redécouvre les contraintes
de la navigation côtière. Entre les empannages à négocier,
les îles Ildefonso au nord et Diego Ramirez au sud à parer,
les glaces, tout en veillant à la position de lépave
de VM Matériaux, Sam en viendrait à regretter les
grands espaces vierges. En tête de flotte, Michel
Desjoyeaux (Foncia) qui a retrouvé
du vent le premier creuse à nouveau lécart sur un
Roland Jourdain (Veolia Environnement) qui
doit sûrement tester sa réparation avant de monter en puissance.
Décidément Sam Davies a le goût des choses
bien faites. Pointée en quatrième position à quelques
heures de franchir le Cap Horn, elle devrait avoir lélégance
de franchir le cap mythique vers 12h (heure française), juste au
moment de la grand-messe médiatique du dimanche, la vacation en
direct avec les navigateurs. Et pourtant cest juste un concours
de circonstances qui devrait lamener à franchir cet ultime
barrière avant la longue remontée, « back home ».
Et compte tenu de lenvergure de la dame, il serait étonnant
quelle ne manifeste pas une légère pointe de regret
de quitter ces mers du sud que dautres nen finissent plus
de subir
Dans son sillage, Marc
Guillemot (Safran) continue malgré son handicap
de trois ris dans la grand-voile, de gratifier la flotte de la meilleure
moyenne du jour. Ce qui doit aviver encore plus les regrets du navigateur
trinitain qui démontre là quil possède bien
une machine exceptionnelle pour peu quelle ne soit pas freinée
par des soucis techniques.
Chats et souris
Dans le rôle du matou vigilant, Michel Desjoyeaux semblait
ce matin avoir réussi à sextirper des calmes de la
petite bulle anticyclonique qui le bloquait sur sa route. Si tel est le
cas, la souris Roland Jourdain peut se faire du souci. Pour le
skipper de Veolia Environnement, une voie de salut pourrait être
dinfléchir sa route vers le nord afin daller chercher
des vents plus soutenus. Mais, rayon de courbure de lanticyclone
oblige, il bénéficiera plus tard que son adversaire du moment
de la rotation des vents à lest. Faisons les comptes : une
route au près sur un bateau fragilisé peut difficilement
rivaliser avec une voie triomphale aux allures de largue. Entre les griffes
du skipper de Foncia et la tapette à fromage au large des côtes
du Brésil, il semble bien que les quelques heures à venir
soient plutôt difficiles pour le navigateur quimpérois. "Bilou",
en bon stratège, a tenté un coup, mais tous les tacticiens
le savent : quand on est derrière, sous pression de ladversaire,
trouver la martingale qui permettra dempocher la mise tient plus
de laudace ou du coup de génie que de la logique cartésienne.
Entre Arnaud Boissières (Akena Vérandas)
et Dee Caffari
(Aviva), les deux skippers ont la délicatesse dalterner les
rôles du chasseur et de sa proie. Alors quils naviguaient
à vue depuis la porte « Pacifique Est », Cali semble
vouloir prendre la poudre descampette. Il comptait 13 milles davance
sur sa compagne de navigation, hier au soir ; il en a 21 ce matin. Il
reste que moins de deux heures de décalage à léchelle
dune course autour du monde nest pas vraiment significatif.
A lévidence, lArcachonnais, qui perfectionne chaque
jour ses acquis dans la langue de Shakespeare, doit se dire que les sujets
dAlbion sont décidément nos plus fidèles adversaires.
A chacun sa croix
Pain blanc, pain noir
De la tête de course aux derniers, les
navigateurs solitaires du Vendée Globe se préparent à
des lendemains qui déchantent. Une dépression orageuse en
phase de constitution sur le Brésil devrait générer
des vents forts sur les deux leaders quand un train de profondes dépressions
accompagne tous ceux qui nont pas encore franchi le Horn. Seul Armel
Le Cleac'h (Brit Air) devrait tirer quelques marrons du
feu.
« Qui trop écoute la météo perd ses heures
au bistrot ». Il est des jours où lon ferait mieux
de ne pas tenir compte des préceptes des marins baromètres
et rester tranquillement attablé derrière le comptoir dun
bar. La dépression orageuse qui est en train de se former sur le
Brésil va singulièrement modifier la donne pour les deux
leaders. Au menu, des vents de nord à nord-est de 30 à 35
nuds, pouvant atteindre 40 nuds sous les rafales, devraient
cueillir à froid les skippers de Foncia et Veolia Environnement.
On imagine que devoir subir des vents forts aux allures de près
avec un bateau déjà passablement fatigué accroit
le facteur risque de manière significative.
Pacifique en colère
Pour Sam Davies, le passage du Horn ne marquera visiblement
pas la délivrance attendue. La profonde dépression qui accompagne
le groupe des poursuivants génère déjà sur
la navigatrice britannique des vents de 40 à 45 nuds. Mais
surtout, les vents forts devraient encore laccompagner au moins
jusquà lîle des Etats qui marque lextrémité
orientale de la Terre de Feu. Pour le groupe depuis Marc Guillemot
(Safran) jusquà Dee Caffari (Aviva), les vents
puissants devraient saccompagner dune mer très formée
avec des creux de 8 à 10 m. Steve White
(Toe in the water) sera un peu moins touché par cette dépression.
Mais surtout une nouvelle dépression est en formation au large
de la Nouvelle-Zélande qui touchera de plein fouet les deux derniers
Raphaël Dinelli (Fondation Océan
Vital) et Norbert Sedlacek
(Nauticsport-Kapsch) : vents de nord-est supérieurs à 40
noeuds, creux de 8 à 9 mètres, vagues courtes et croisées,
ce régime devrait durer trois à quatre jours. Trois à
quatre jours dans la froidure de lOcéan Pacifique, à
tenter de lutter aux allures de près contre une mer déchaînée,
la route des deux retardataires va ressembler à un long chemin
de croix.
samedi 10 janvier 2009 :
Lentement mais sûrement
Plus que 5 574 milles devant les étraves de Foncia tandis que Michel
Desjoyeaux sapprête aujourdhui
à vivre son 25e jour aux commandes dune course épique.
Au large de lAmérique du Sud, en compagnie de léternel
Bilou, les deux hommes naviguent à
faible vitesse aux parages dun anticyclone. Derrière, la
flotte nest pas très rapide non plus.
Bye bye les quarantièmes
Michel Desjoyeaux est sorti des 40e rugissants, tous derrière
et lui devant. Après ce quon imagine être une sérieuse
journée de bricolage pour consolider les fissures apparues autour
du puits de quille et sur la cloison de pied de mât suite à
sa collision jeudi avec un animal marin, Roland Jourdain (Veolia
Environnement) sest calé dans le sillage de Foncia. Les deux
hommes poursuivent leur remontée vers les eaux chaudes du Brésil,
au milieu dun bel anticyclone. Doù des vitesses relativement
faibles depuis hier après-midi, autour de 10 nuds de moyenne.
Troisième à plus de 750 milles, Armel
Le Cleac'h nest pas tellement plus rapide, mais pas
pour les mêmes raisons. Au nord des Malouines, le skipper de Brit
Air navigue au près océanique dans un flux de nord-ouest
qui contrarie quelque peu son ascension.
Safran le plus véloce
En fait, les deux concurrents les plus véloces ces dernières
24 heures glissent au portant autour du 55 degrés sud. Il sagit
de Samantha
Davies (Roxy) et surtout Marc
Guillemot (Safran), le seul à frôler les 15
nuds moyens dans sa plongée vers le Horn. Dans un message
envoyé cette nuit, Sam ne cachait pas son impatience de
franchir cette barrière symbolique. Il lui reste encore 390 milles
avant dentrer en Atlantique, soit encore une grosse journée
de portant dans un vent fraîchissant et des grains. Derrière,
dans le sillage de Brian Thompson
(Bahrain Team Pindar), Dee Caffari
(Aviva) et Arnaud Boissières (Akena
Vérandas) poursuivent leur éternel pas de trois. Mais à
bord dun bateau plus récent et surtout plus puissant, Dee
Caffari est la plus rapide. Vendredi, elle a réussi à
doubler Cali et ce matin, elle disposait dune petite
marge de sept milles.
Huit ont claqué la porte
Ces huit bateaux sont pour linstant les seuls à avoir franchi
la dernière porte de sécurité qui jalonne le parcours
avant le passage du dernier des trois grands caps. Steve
White (Toe in the Water) qui a repris de sa superbe après
avoir passé pratiquement 48 heures englué dans les hautes
pressions, est encore à 1 100 milles de cette porte. Comme Rich
Wilson (Great American III), Steve navigue ce matin à
la lisière dun front qui le propulse gentiment sur la route.
Enfin, Norbert Sedlacek
(Nauticsport- Kapsch) qui devance Raphaël Dinelli
(Fondation Ocean Vital) de presque 150 milles, devrait passer dans la
journée lantiméridien, la fameuse ligne de changement
de date.
Bizarre, vous avez dit bizarre
Décidément ce Vendée Globe 2008 nest en rien
conforme à ce quon aurait pu imaginer. La grande régate
planétaire a cédé en partie le pas à laventure
humaine. La régate au contact qui avait valu lors du premier mois
se transforme chez nombre de concurrents en la volonté de rallier
larrivée coûte que coûte. Des candidats au podium
se dessinent quon nattendait pas forcément à
pareille fête
et pourtant. Suivant les derniers modèles
météo, le vainqueur du Vendée Globe 2009 pourrait
exploser les données statistiques. Michel Desjoyeaux (Foncia)
nest plus quà 5500 milles de larrivée
et possède près de 400 milles davance sur le temps
de Vincent Riou en 2004 à cet endroit du parcours. Sam
Davies (Roxy) devrait, quant à elle, franchir le Horn cette
nuit.
Cette course nen est pas à un paradoxe près. Elle
a rassemblé un des plus beaux plateaux de la course au large, pour
ce qui sest avéré être une des courses transocéaniques
les plus palpitantes qui soient, avant que lOcéan Indien
puis le Pacifique ne commencent leur lent travail de sape. A ce petit
jeu, nombre de favoris sont tombés dans lescarcelle du grand
méchant sud sur avarie technique ou pire, suite à des collisions
dans une mer visiblement de plus en plus encombrée.
A ce petit jeu, Michel Desjoyeaux que beaucoup imaginaient perdu
pour le podium sinstalle chaque jour un peu plus en solide leader
dautant que les infortunes de mer semblent vouloir maltraiter tous
ceux qui tenteraient de se mettre en travers de sa marche. Dernier en
date, Roland Jourdain (Veolia Environnement) contraint de consolider
la cloison qui soutient son pied de mât et de transformer son fier
navire en atelier de matériaux composites
Sa rencontre brutale
et fortuite avec un cétacé a provoqué de sérieux
dommages que le navigateur sefforce de réparer avec les moyens
du bord. Avant de stratifier, il faut poncer : un moindre mal quand on
travaille dans un hangar équipé pour aspirer les microbilles
de carbone qui se dégagent, mais cest une toute autre paire
de manches quand il sagit daccomplir le même labeur
en navigation. On savait déjà que le seau et léponge
étaient les meilleurs amis du navigateur solitaire. Laspirateur
vient sajouter à la liste de la parfaite panoplie de lhomme
dintérieur. Mais, « Bilou » na pas
abdiqué, loin de là. Au dernier pointage, il conservait
une vitesse légèrement supérieure à celle
du leader de la course toujours aux prises avec les calmes de lanticyclone
qui sévit au large des côtes uruguayennes.
Que dire encore des frères de mer, Vincent
Riou (PRB) et Jean Le Cam (VM Matériaux), unis en
2005 pour la gloire et qui voient cette année leurs destins toujours
liés suivre une toute autre pente ? Pour lheure, les deux
navigateurs se débattent dans les méandres administratifs
liés à une arrivée inopinée dans le port de
Puerto Williams. Il semble bien que la solidarité des gens de mer
sarrête parfois aux limites dun poste de douane.
La valeur nattend pas
Dans le maelström des classements, certains se retrouvent propulsés
sur le devant de la scène sans crier gare. Ainsi de Sam Davies
qui sapprête à passer le Cap Horn dans la nuit en quatrième
position sur le bateau double vainqueur de la course. Sans oublier non
plus Armel Le Cléach (Brit Air) qui voit ses principes
de sagesse largement récompensés par une place sur le podium.
Avec un bon sens évident, il a apprivoisé doucement les
mers du sud avant de trouver son rythme et dimprimer une cadence
qui lui permettra de faire jeu égal avec Vincent Riou tout
au long du parcours. De plus, Armel retrouve ici des mers plus
familières qui devraient l'autoriser à faire parler son
talent de régatier quil a déjà largement montré
sur la Solitaire du Figaro. 700 milles de retard, cest à
la fois un monde et une goutte deau à léchelle
de la traversée de deux océans sur des bateaux déjà
bien éprouvés par la mer cassante de des Quarantièmes.
Deux bizuths cap-horniers aux troisième et quatrième places,
voilà qui démontre une fois de
plus que le talent peut compenser une bonne part de lexpérience.
Dernier des paradoxes : alors quils affichent déjà
plus de 6000 milles de retard sur la tête de flotte (soit plus que
la distance quil reste à parcourir à Michel Desjoyeaux),
Norbert Sedlacek (Nauticsport Kapsch) et Raphaël
Dinelli (Fondation Océan Vital) se retrouvent aux prises avec
un anticyclone qui risque de les engluer dans des calmes durant de longues
heures. Des côtes de lUruguay aux portes du Pacifique, il
existe encore des correspondances
vendredi 9 janvier 2009 :
RTT
Même sil a ralenti en tête de la course, le tandem Michel
Desjoyeaux et Roland
Jourdain est nettement en avance : après deux mois de course,
les deux solitaires nont plus que 5 800 milles à parcourir
en moins de 27 jours pour améliorer le temps de référence
du Vendée Globe alors quils auront parcouru 1 160 milles
en sus
Réduction du Temps de Traversée : la RTT Atlantique sannonce
marquée si on en juge par la facilité avec laquelle le duo
leader sest déjoué de cette première partie
de la remontée de lAtlantique Sud. Trois cents milles par
jour depuis le passage du cap Horn et même si on sait, au vu des
conditions météorologiques à venir, que la glissade
le long des côtes brésiliennes va être un peu laborieuse,
il ne fait presque pas de doute que le vainqueur (si cest lun
des deux premiers actuels !) arrivera avant le 4 février au soir
Vincent Riou avait en effet mis 87 jours 10 heurs et 47 minutes pour boucler
son tour du monde en 2004.
Les aléas des alizés
Reste que les deux compères de Port la Forêt doivent
dabord traverser une belle bulle anticyclonique et dores et
déjà, les prévisions qui annonçaient un ralentissement
à partir de ce week-end semblent en avance : Michel Desjoyeaux
(Foncia) comme Roland Jourdain (Veolia Environnement) ont sensiblement
baissé de rythme ce vendredi matin avec une dizaine de nuds
au compteur
Mais cest justement la moyenne minimale quils
doivent tenir pour arriver en moins de 87 jours !
Ils sont normalement en bordure danticyclone avec des vents de secteur
Sud-Ouest dune douzaine de nuds, mais pour linstant,
ils cherchent à se décaler vers le Nord-Est pour contourner
le centre qui sest expansé au large de lUruguay. Et
dans ces conditions, le deuxième saligne sur la route du
premier
et perd des milles par rapport au but. Mais les alizés
de lanticyclone de Sainte-Hélène semblent installer
au Nord du 30° Sud, à un peu plus de 700 milles des étraves
du duo. Et même si le tempo descend dune mesure, les deux
monocoques sont loin dêtre plantés dans des calmes
: ils vont juste passer à des valeurs plus proches de 240 milles
quotidiens. On peut même imaginer quà lissue
de cette pause du week-end, le rythme reprenne de plus belle dans les
alizés dEst
Plus ou moins venté
Cette trêve estivale australe en tête de flotte
ne peut faire que les affaires de Armel
Le Cleac'h qui caracole désormais à lEst
des Malouines, contournées cette nuit. Le skipper de Brit Air cherche
aussi à glisser sous la bulle anticyclonique qui sétend
vers lui et na pas dautre solution que de séchapper
vers le Nord-Est : il devrait toutefois grignoter des milles sur les deux
leaders et cest probablement le solitaire qui va gagner le plus
ces prochains jours
Pour Samantha
Davies (Roxy) et Marc
Guillemot (Safran), lobjectif est avant tout de sextirper
enfin de cet océan Pacifique : à 700 milles du cap Horn,
la Britannique est la plus rapide de la flotte grâce à un
flux de secteur Nord-Ouest qui sétablit à une vingtaine
de nuds. Mais la journée de samedi sannonce plus agitée
avec une dépression qui se forme au large des côtes chiliennes
: il y aura des grains, des rafales, des vents instables
ce qui
nest jamais très réjouissant dans ces parages patagons.
Autre lieu, autre temps : pour la troïka Brian
Thompson (Bahrain Team Pindar), Arnaud
Boissières (Akéna Vérandas) et Dee
Caffari (Aviva), lultime porte des glaces est déjà
un souvenir ou presque ! Si le géant Britannique en a fini avec
les contraintes glaciaires, il a perdu du terrain face au couple franco-anglais
qui pointait ses étraves sur le point le plus occidental de la
porte Est Pacifique. En bordure danticyclone, tous trois vont chercher
à plonger au plus vite vers les Cinquantièmes pour ne pas
se faire avaler par des molles et attraper le flux de Nord Ouest.
La pieuvre anticyclonique
Englué dans des calmes au beau milieu de nulle part
! Qui aurait imaginé voir ses voiles battre la chamade dans une
longue houle du Pacifique avec une brise digne dun Pot au Noir à
plus de 2 000 milles de toute terre ? Steve White
(Toe in the Water) a eu le malheur de se faire prendre par un tentacule
anticyclonique qui la scotché pendant près dune
journée entière. Il na rien pu faire pour léviter
et sen extrait difficilement ce vendredi matin, mais nest
pas franchement sorti de « lauberge » car les hautes
pressions se décalent vers lEst, vers la prochaine porte
!
Il faut quil se dépêche pourtant, car une dépression
tropicale pointe ses mauvais vents et va sérieusement secouer le
Pacifique en son milieu : Raphaël Dinelli
(Fondation Océan Vital) et Norbert
Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) ne devraient pas être
touchés, mais lAméricain Rich
Wilson (Great American III) risque fort dêtre sur
la trajectoire de cette perturbation à caractère orageux.
Le Vendée Globe aura définitivement été plus
violent en queue de peloton
Suite à lavarie de gréement
survenue lors de lopération de sauvetage de Jean Le Cam,
Vincent Riou avait fait une demande de réparation auprès
du Jury International. Le skipper de PRB sétait en effet
dérouté à la demande de la Direction de Course conformément
aux Règles de course à la voile.
La règle fondamentale 1.1 des Règles Internationales gérant
les courses à la voile (ISAF) indique que : « un bateau ou
un concurrent doit apporter toute laide possible à toute
personne ou navire en danger ». Vincent Riou considère quaucune
faute ne peut lui être imputée dans les dommages subis par
son monocoque lors du sauvetage de Jean Le Cam. Et il note que : «
ces dommages nécessitent une intervention lourde qui ne peut être
réalisée seul et en mer ».
Après le démâtage
complet de PRB le mercredi 7 janvier 2009 provoqué par la rupture
de la réparation de fortune, le skipper a confirmé jeudi
par courrier au Jury International quil maintenait sa demande de
réparation. Vincent Riou juge en effet ces derniers « événements
directement consécutifs et intégralement imputables à
lopération de sauvetage » et note que désormais,
il lui est définitivement devenu impossible de « poursuivre
la compétition vers le port darrivée situé
aux Sables dOlonne ». À moyen terme, Vincent Riou ne
dispose en effet sur place daucun espar de remplacement ni même
dun autre espar pouvant être acheminé dans un délai
de temps raisonnable. En conséquence, le skipper de PRB précise
quil demande un reclassement de son bateau comme cela se pratique
régulièrement sur des régates internationales lorsquun
bateau est lésé dune manière ou dune
autre sans que sa responsabilité soit engagée.
Au nom du Jury International, le président Bernard Bonneau a indiqué
en substance que les derniers événements ne changeaient
rien à lacceptation par le Jury dinstruire cette demande
et en attendant, demandait à la Direction de Course dindiquer
que PRB et son skipper était « RDG » (« Redress
Given », soit « Réparation donnée »).
Ce qui signifie clairement que le principe de la réparation est
acté mais que sa nature nest pas encore tranchée.
Jusquà ce que soit connue la décision du Jury, cest
donc sous cette dénomination quapparaîtra PRB dans
le tableau officiel des positionnements de la course.
Veolia Environnement heurte un animal marin
En début de soirée jeudi
(heure française), Veolia Environnement a heurté un cétacé
au large de lArgentine. La collision avec cet animal marin a provoqué
plusieurs fissures qui contraignent actuellement Roland Jourdain
à poursuivre sa course sous voilure réduite, le temps pour
lui de réparer en mer.
Alors quil dormait dans sa bannette, Roland Jourdain a été
réveillé par un choc violent en début de soirée,
jeudi. Après être sorti en catastrophe pour choquer les voiles
et redresser Veolia Environnement parti à labattée,
il a alors constaté la couleur anormalement rouge de leau
autour de son bateau. Le skipper de Veolia Environnement a dabord
pensé avoir perdu une voile avant de très vite sapercevoir,
en reprenant ses esprits, quil avait heurté un cétacé
en voyant lanimal séloigner.
Après inspection de son bateau, la quille et le bulbe
ne semblaient pas touchés mais plusieurs fissures aux alentours
du puits de quille ainsi que sur la cloison du pied de mât sont
à dénombrer. Roland Jourdain a dabord prévenu
son équipe avant dinformer, ce vendredi à 16h30, la
direction de course du Vendée Globe.
En liaison avec le cabinet Lombard et le chantier CDK depuis lincident,
Roland et son équipe à terre ont alors analysé la
situation et échafaudé une réparation en mer que
Roland est en ce moment en train de mettre en uvre avec les moyens
du bord sous voilure réduite. Les conditions de mer plate et de
petit temps anticyclonique dans lesquels évolue actuellement Veolia
Environnement se prêtent donc plus favorablement à la situation.
Deux mois tout juste après son départ des Sables dOlonne,
Roland Jourdain occupe actuellement la deuxième place du
classement, à 178 milles de Michel Desjoyeaux.
jeudi 8 janvier 2009 :
PRB en remorque
Après le démâtage mercredi soir de son monocoque,
Vincent Riou a fait appel à une assistance
pour remorquer son bateau : le patrouilleur chilien Alacalufe est arrivé
sur zone à 3h00 (heure française) pour ramener le skipper
et son passager Jean Le Cam, à Puerto
Williams.
Décidément lincroyable aventure du Vendée Globe
ne cesse de rebondir ! Lors du sauvetage de Jean Le Cam suite au
chavirage de son monocoque, le bateau de Vincent Riou avait touché
le voile de quille en carbone de VM Matériaux et sectionné
un outrigger (barre de flèche à plat pont servant à
tenir le mât aile) de PRB. Le profil avait failli tomber, nétant
presque plus tenu latéralement sur bâbord, mais les deux
hommes réussirent à manuvrer pour sauver le mât
et assurer sa verticalité le temps de sabriter derrière
les terres patagonnes. Jean Le Cam et Vincent Riou (PRB) étaient
donc en route vers lîle des Etats après avoir passé
le cap Horn mercredi soir lorsque, vers 20h, le mât sécroulé
suite à la rupture du brêlage (ligature en cordage) qui servait
de réparation à loutrigger.
Remorquage vers Puerto Williams
Dans 25 nuds de Nord-Ouest, le bateau dérivait en direction
de lentrée du canal de Beagle sans pouvoir manuvrer
car les deux marins navaient pu récupérer que la bôme
De plus, Vincent Riou avait déjà signalé auparavant
que son moteur ne fonctionnait plus depuis plusieurs jours. Après
avoir lancé un signal de demande dassistance, les deux skippers
apprenaient que le patrouilleur chilien LSG Alacalufe était en
route et faisait la liaison à 23h00 locale (3h00 heure française).
Pris en remorque, PRB devrait arriver à Puerto Williams vers 9h45
(heure française) avec ses deux navigateurs qui nont pas
été blessés lors du démâtage. Cest
un coup dur pour Vincent Riou qui venait de sauver Jean Le Cam
et pensait pouvoir réparer les conséquences de labordage
entre PRB et VM Matériaux lors de lultime approche salvatrice.
Divergence en tête
Pour les deux leaders qui sont déjà à plus de
850 milles du cap Horn, la remontée de lAtlantique est déjà
très différente : si Michel
Desjoyeaux (Foncia) reste toujours en tête
selon les critères du classement par rapport à un parcours
théorique, Roland Jourdain semble en
position de le déstabiliser ! A 250 milles plus à lOuest,
le skipper de Veolia Environnement est déjà 20 milles plus
au Nord que son compère de Port la Forêt
Les deux solitaires
nont donc pas la même approche pour aborder les petites dépressions
qui essaiment au large de lArgentine et la position de premier nest
pas forcément la plus confortable avec seulement une centaine de
milles davance ! Il y a du match, il y a des coups à jouer,
il y a des retournements de situation à attendre
Pour Armel
Le Cleac'h (Brit Air), les conditions météorologiques
sont beaucoup plus paisibles qu'en tête de flotte et le solitaire
avance plein Nord après avoir contourner par le Sud l'île
des Etats.
Grand calme pacifique
De lautre côté de la barrière de lAmérique
du Sud, le Pacifique a changé de visage : beaucoup plus maniable,
voire carrément « pacifique » ! A limage de Steve
White (Toe in the Water) qui se retrouve encalaminé dans
un anticyclone et ne progressait ce jeudi matin quà 1,5 nuds
De même pour le dernier : Raphaël Dinelli
(Fondation Océan Vital) sest retrouvé englué
dans de petits airs du côté de lîle Stewart tout
comme son prédécesseur Norbert
Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) qui va avoir une bonne journée
de pause. De quoi faire un check-up complet du bateau avant de sengager
pleinement dans cet océan qui réserve bien des surprises...
Quant aux autres solitaires, cest dans des brises dune vingtaine
de nuds seulement et sur une mer enfin assagie quils peuvent
progresser sous des températures clémentes et même
parfois un soleil généreux ! Comme quoi dune semaine
à lautre le paysage maritime marque ses contrastes
Samantha
Davies (Roxy) sera la prochaine à passer
le cap Horn, distant de 1 000 milles ce jeudi matin.
Le duel entre Michel Desjoyeaux et Roland Jourdain semble très
incertain même si le classement de ce jeudi matin laisse encore
entendre que le leader depuis trois semaines, garde la main. Mais pour
combien de temps ? Car lun coupe au plus court vers léquateur
quand lautre sécarte sensiblement de la route directe
Dans la presse
Il nest pas dusage de commenter les fortunes de mer. Pas plus
que de contester la loi du sport. La course est ainsi faite : elle prélève
sa dime cruelle sans un remords, sans un regard sur les espoirs brisés.
Mais quon nous accorde pour une fois le droit de crier à
linjustice. Perdre la course en sauvant la vie dun autre concurrent
ne peut pas et ne doit pas être une défaite sportive. Et,
quels que soient les desseins dEole ou de Poséidon, nous
placerons en notre panthéon Vendéen le nom de Vincent le
Terrible en tête du palmarès de ce Vendée Globe.
Léquipe de Canyousea.
mercredi 7 janvier 2009 :
Paires de mer
Alors quils ne sont plus que treize concurrents en course, la
flotte sétale sur plus de 6 000 milles, mais la plupart des
solitaires naviguent de conserve
Un phénomène
surprenant puisque certains sont restés ensemble depuis pratiquement
deux mois ! Et en tête, la paire de Port la Forêt semble se
faire la belle dans des conditions particulièrement favorables
pour remonter lAtlantique.
Ça défile par-devant ! Michel
Desjoyeaux (Foncia) et Roland
Jourdain (Veolia Environnement) sont toujours ensemble à
moins de cent milles lun de lautre et suivent la même
trace pour remonter un Atlantique Sud particulièrement coopératif
: du vent portant de secteur Ouest de 15-20 nuds, sur une mer modérément
agitée pour progresser à plus de quinze nuds pratiquement
sur la route directe. Enfin presque, puisque le leader a obliqué
nettement au passage de larchipel des Malouines pour éviter
une bulle sans vent. Dailleurs plusieurs petites dépressions
se forment au large des côtes argentines et loption de prendre
le large pour en faire le tour va être extrêmement favorable
! Les deux compères vont remonter quasiment jusquau Brésil
au portant avec toujours au minimum quinze nuds et jusquà
trente nuds et plus de Sud-Ouest jeudi et vendredi
Et si tout
senchaîne comme prévu, le duo leader pourrait arriver
à léquateur en un temps record !
Les couples se font et se défont
Armel Le Cleac'h
(Brit Air) et Vincent Riou (PRB) sétaient
retrouvés une nouvelle fois ensemble autour du monocoque de Jean
Le Cam (VM Matériaux) pour lui porter secours. Depuis que
le naufragé est sauvé, Armel a pu remettre en route
vers le cap Horn et revenir progressivement dans le match. Cela va forcément
prendre un peu de temps et les conditions météorologiques
ne lui seront pas aussi favorables que pour les premiers : il devrait
perdre du terrain ces prochains jours mais aussi perdre le contact avec
son « inséparable » Vincent
Lequel est
désormais en couple avec Jean Le Cam, le temps de le débarquer,
probablement du côté du détroit de Le Maire
Après lultime porte du Pacifique Est, Samantha
Davies (Roxy) et Marc
Guillemot (Safran) glissent en direction de la Patagonie
à vitesse modérée : la brise de Nord-Ouest associée
à la dépression qui avait emmené les cinq premiers
à « fond la caisse » vers le cap Horn, sest délitée
pour faire place à un flux modéré dOuest entre
dix et vingt nuds. Une pause pour le couple franco-britannique qui
devrait pointer au large du cap Horn ce week-end : une nouvelle perturbation
étant annoncée, cest avec un régime très
musclé de Nord (trente nuds minimum) que la fin du Pacifique
sannonce pour ce tandem
Mais même si Marc Guillemot
revient sur la jeune Anglaise, il a toujours prévu de faire un
pit-stop après le cap Horn pour réparer son rail de grand
voile arraché : un divorce en perspective !
Un triumvirat en séparation
Naviguant de conserve depuis lAtlantique Sud, le trio Brian
Thompson (Bahrain Team Pindar), Dee
Caffari (Aviva) et Arnaud Boissières
(Akéna Vérandas) seffiloche : le Britannique séchappe
inexorablement depuis quil a réussi à réparer
ses cloisons détrave au Sud de lAustralie. Près
de 300 milles de décalage alors quil approche de la dernière
porte des glaces Pacifique Est. En revanche, Dee et Arnaud sont
toujours à quelques milles lun de lautre (neuf !) et
il ne serait pas étonnant quils se voient ce mercredi au
lever du jour
Steve White (Toe in the
water) est probablement le plus solitaire des solitaires de ce Vendée
Globe ! Depuis des lustres, le Britannique réalise un parcours
exceptionnel sur un monocoque qui nest pas de première jeunesse
et qui na pas été préparé aussi méticuleusement
que les autres. Il est ce jour, le plus seul au monde à plus de
3 500 km de toute terre, en plein milieu du Pacifique, en train de passer
lavant dernière porte du parcours
Rich Wilson (Great American III) va probablement
regretter labandon de Jonny
Malbon (Artemis) qui fait route vers Auckland et se trouve au
large du détroit de Cook (situé entre les deux îles
de la Nouvelle-Zélande), cap au Nord-Est à dix nuds.
LAméricain se fait brasser dans une dépression assez
active alors quil passe la porte de Nouvelle-Zélande : il
devrait toutefois bénéficier dune accalmie dès
cet après-midi avec linstallation de hautes pressions et
une brise dune vingtaine de nuds de secteur Nord. Enfin, Norbert
Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) et Raphaël
Dinelli (Fondation Océan Vital) vont aussi pouvoir faire
une pause après avoir subi trois fronts successifs mardi : une
bulle anticyclonique pointe ses calmes au Sud de lîle Stewart
et les deux navigateurs pourraient même avoir à tirer des
bords face à un régime de Nord-Est !
Une paire devant, un couple au milieu, un trio qui se sépare,
deux solitaires bien seuls, un tandem pour fermer la marche
Un véritable
inventaire à la Prévert !
Le visage de Jean Le Cam bouffi de sommeil est apparu sur les
écrans de la visioconférence, aux côtés de
son sauveur Vincent Riou (voir
photo). Les deux hommes, relayés par Armel Le Cléach,
sont revenus avec leurs mots sur lincident qui a tenu en haleine
toute de la communauté de la course au large, suspendue aux nouvelles
du skipper de VM Matériaux, bloqué pendant plus de 10 heures
à lintérieur de son monocoque chaviré. Après
de longs moments dinquiétude, lhistoire se termine
bien et presque de manière cocasse.
« Une seule balle dans le barillet »
Jean a expliqué quétonnamment, il était
au téléphone avec Vincent juste avant que son bateau
ne se couche et quil pensait avoir heurté quelque chose,
peut-être un container entre deux eaux, cause de la perte du bulbe.
Il a eu le réflexe de récupérer habits chauds et
combinaison de survie avant de se retrancher dans la soute avant, seul
endroit encore sec, larrière de son bateau étant immergé,
rendant une sortie par la trappe de secours très compliquée.
Jean, dans son cocon exigu et froid, sest inquiété
pour ses réserves dair, conscient quil ne fallait pas
quitter le bateau en labsence des secours.
Vincent, arrivé sur zone mardi à 15h21 navait
quant à lui quune crainte : que Jean nai pas réussi
à enfiler sa combinaison de survie et quil entre en hypothermie,
dans une eau à 5 degrés. Cest pourquoi les deux hommes
nont pas hésité à saisir lopportunité
qui sest présentée vers 19h00. Une opportunité
provoquée par Jean, dès quil a compris que
son ami se trouvait près de lui. Après avoir viré
des caisses qui lui barraient la route dans le compartiment arrière
inondé, puis la porte de la trappe, il a attendu quune vague
lève larrière du bateau pour sextirper, puis
samarrer à lun de ses safrans. « Et là
tu sais que tu nas quune balle dans le barillet » commentait-il
avec le recul. La suite a déjà été racontée
: cest dans sa quatrième tentative (réussie) pour
récupérer Jean Le Cam que loutrigger de PRB
sest cassé en partie, exposant le bateau orange à
un démâtage. Mais les deux marins ont vite retrouvé
leurs réflexes en empannant aussitôt et en assurant le gréement.
« Lempannage de notre vie » assurait Jean.
Isabelle Autissier
pourrait récupérer Jean
Ce mercredi à 16h00, PRB était à 30 milles du cap
Horn et faisait route à 10 nuds de moyenne vers lentrée
du canal de Beagle (sud de la Terre de Feu) où devrait lattendre
Isabelle Autissier. Jean pourrait alors être débarqué
jeudi matin à bord du bateau de la navigatrice.
Quant à Vincent, il souhaite plus que tout finir sa course,
arriver aux Sables et être classé. « Pour faire
partie des 13 encore en course, il a fallu se battre et je peux vous dire
que je me suis battu pendant toutes ces semaines ! ». Pour cela,
Vincent sait quil devra consolider son gréement. Il attend
également des précisions du jury international concernant
sa situation et les compensations qui pourraient lui être accordées.
Premier cap Horn pour Armel (voir
photo)
Le skipper de Brit Air a quant à lui repris sa route et ses esprits
après une journée chargée démotions
contradictoires. Le voici, lui le bizuth du Vendée, propulsé
sur la troisième marche dun podium provisoire, à 659
milles de Michel Desjoyeaux. Armel peut déboucher le champagne,
pour une triple occasion : le sauvetage réussi de Jean, sa position
au sein de la flotte et son premier passage du cap Horn, commenté
en direct par ses soins à la vacation du jour. Le visage barbu,
le navigateur de la baie de Morlaix ne cachait pas sa joie de croiser
le fameux rocher.
13 en course et deux devant
Armel fait partie de la nouvelle bande des 13, en espérant
que ce chiffre porte bonheur pendant les 6300 milles de course restants.
Au sein de cette bande, un homme se distingue depuis 22 jours déjà,
soit le record de durée en tête de course depuis le début
de ce Vendée Globe. Le skipper de Foncia qui met de lest
dans sa trajectoire pour négocier une paire danticyclones
sud-américains, est devenu le « Monsieur Plus » de
cette giration planétaire mouvementée. Dans ses choix stratégiques,
dans sa façon de mener le bateau, dans lapparente absence
de soucis techniques, dans sa vitesse, Mich est toujours plus.
Ce qui faisait dire à son fidèle poursuivant Roland Jourdain
: « mon Mich, il ménerve, mais il ménerve
! Il va falloir que je me gratte la tête, que je brûle des
cierges pour le dépasser ». Au classement de 16h00, le
skipper de Veolia Environnement était pointé à 108,9
milles dun Foncia plus rapide de 5 nuds ! Mais lespoir
est toujours permis pour Roland : selon Sylvain Mondon de Météo
France, il y aura des coups à jouer pour négocier les anticyclones
argentins et uruguayens devant leurs étraves.
A chacun sa porte
Derrière, toute la flotte étalée sur 6000 milles
profite aujourdhui dune relative accalmie. De belles tranches
de pétole attendent même Steve White, en plein anticyclone.
Ce dernier a franchi aujourdhui la première porte Pacifique.
Derrière lui, lAméricain Rich Wilson a respecté
le tronçon de sécurité néo-zélandais,
tandis que Samantha Davies, 5e et Marc Guillemot, 6e, se
dirigent librement vers le cap Horn.
PRB a démâté, Vincent et Jean sont sains et saufs
A 20h20 ce jour, Vincent Riou a téléphoné à
son équipe pour signaler que son bateau venait de démâter.
Le skipper et Jean le Cam sont sains et saufs. PRB se situait alors par
55°55 Sud et 66° 59 Ouest à 7,8 milles dans le nord-est
du phare du Horn. Un bateau de la Marine chilienne de 32,7 mètres
baptisé Alacalufe est en route pour tenter un remorquage. Il devrait
être sur zone à 3 heures, heure française.
Pratiquement une heure et demie après avoir doublé le cap
Horn, Vincent Riou contactait son équipe pour annoncer son démâtage
et signaler quils naviguaient dans les îles. PRB se situait
alors par 55°55 Sud et 66° 59 Ouest à 7,8 milles dans le
nord-est du phare du Horn. Juste avant, Isabelle Autissier les avait joints
par téléphone pour préparer leur rendez-vous du lendemain
et indiquait « quils avaient 25 nuds de vent de nord-ouest
».
A 21h17 lors dun nouvel appel, Vincent indiquait ne pas vouloir
lancer un SOS.
Cest le brelage effectué sur la cadène bâbord,
celle de loutrigger cassé, qui sest rompu entraînant
la chute du mât de PRB. A bord, ne restait plus que la bôme
donc aucune possibilité pour réaliser un gréement
de fortune dans limmédiat.
Les deux hommes saffairaient rapidement à couper les câbles
et dégager le pont très endommagé et privé
de chandeliers. Le bateau dérivait alors à 1,5 nud
au 25° ce qui les éloignait des îles.
Vincent contactait ensuite Denis Horeau, le directeur de course du Vendée
Globe, et émettait un PAN-PAN. A la différence dun
May-Day, il ne sagit pas dune demande dassistance pour
les hommes (ce qui les conduit à quitter obligatoirement le bord
dès les sauveteurs arrivés) mais dune « simple
» demande dassistance pour remorquage.
Denis Horeau contactait immédiatement les autorités chiliennes
qui dépêchaient un bateau polyvalent de la Marine de 32.7
mètres, le Alacalufe, qui quittait Puerto Williams (canal de Beagle)
vers 23h30. Le bateau est attendu sur zone à 3 heures jeudi matin
(heure française).
PRB se trouvait alors environ à 55 milles de Puerto Williams. Sur
zone, le vent est annoncé se renforçant progressivement
au nord-ouest en cours de nuit avec des creux de 4 à 5 mètres.
A 22 heures, Vincent signalait que le bateau progressait vers lentrée
du Beagle.
mardi 6 janvier 2009 :
Les secours mis en place
Suite au signal de détresse de Jean Le Cam,
le MRCC a mis en place les moyens disponibles sur la zone. Un cargo et
un avion seraient en route pour intervenir au plus tôt.
Le décalage horaire entre la France et le Chili est de quatre heures
: à Punta Arenas, le soleil se couche à 22h00 (locale, soit
2h00 heure française) et se lève à 5h30 (locale,
soit 9h30 heure française). Il faisait donc nuit sur la position
de Jean Le Cam (à 200 milles dans lOuest du cap Horn)
lors du déclenchement de la balise détresse à 2h40
(heure française).
Le MRCC (service international de sécurité en mer) a contacté
un cargo situé à 65 milles de la position de VM Matériaux
repérée par sa balise de détresse Sarsat-Cospas :
il devrait être sur zone vers 11h30 (heure française). Un
avion chilien de repérage aurait été missionné
pour aller sur zone au levé du jour, soit vers 9h30 (heure française).
Rappelons que Vincent Riou et Armel
Le Cleac'h se sont aussi détournés vers Jean
Le Cam et, compte tenu des conditions météorologiques,
ils sont attendus à la mi-journée (13-14h heure française)
à proximité de la position du monocoque VM Matériaux.
Jean le Cam a donné signe de vie !
Cest un grand soulagement pour tous les acteurs et organisateurs
du Vendée Globe ! Vincent Riou, arrivé sur VM Matériaux
à 15h 21 (heure française) a pu constater que Jean
était sain et sauf, réfugié à lintérieur
de son bateau.
Sous bonne escorte, Le Cam attend les secours
chiliens
Ce 58e jour de course a été
marqué par le chavirage de VM Matériaux vers 2h40 ce mardi,
à 200 milles dans lOuest du cap Horn. Il a fallu attendre
de longues heures pour avoir un signe de vie de Jean Le Cam, soit
jusquà 15h20, au moment de larrivée de Vincent
Riou à côté du monocoque retourné. Un remorqueur
chilien doit arriver sur zone mercredi vers 06h (heure française)
pour secourir le skipper enfermé dans son habitacle. Pendant ce
temps, Michel Desjoyeaux et Roland Jourdain prennent la
poudre descampette.
Rappel des faits
A 2h40, après une brève communication avec son équipe
où Jean Le Cam signalait quil était en grande
difficulté, sur le point de chavirer, sa balise de détresse
se déclenchait. VM Matériaux était alors situé
par 56° 17 Sud et 73° 46 Ouest, soit à environ
200 milles dans lOuest du cap Horn. Immédiatement, le MRCC
(service international de sécurité en mer) était
prévenu et Vincent Riou (PRB) et Armel Le Cléach
(Brit Air) déroutés vers la position de Jean Le Cam.
A 9h50, une deuxième balise de détresse était activée
sur VM Matériaux, avant quun avion de la Marine chilienne
ne survole le monocoque, confirmant que le bateau était bien chaviré
(voir photo).
Vers 11 heures, un pétrolier de 270 mètres,
le Sonangol Kassanje dérouté par le MRCC, arrivait sur zone,
se postait à quelques centaines de mètres du bateau rose,
émettait plusieurs coups de corne de brume. Mais létat
de la mer (4 à 5 mètres de creux) ne permet pas à
léquipage du navire de mettre à leau un canot
de sauvetage. A ce moment-là, Jean Le Cam na toujours
pas donné signe de vie, même si tous les acteurs de la course
sont persuadés quil est en sécurité à
lintérieur de son bateau.
Riou, le Cléach et un pétrolier en guise descorte
Sous limpulsion de Philippe de Villiers, Président de la
SEM Vendée, lorganisateur de la course, les pouvoirs français
sont en contact avec les autorités chiliennes pour activer le processus.
Un bateau de pêche se déroute et un remorqueur de la Marine
quitte Puerto Williams à 13h30. Il faudra attendre 15h21 et larrivée
de Vincent Riou pour avoir des nouvelles de Jean. Ce dernier,
qui a réussi à glisser un petit pavillon dans un des passe-coques
de son bateau retourné, répond par un cri aux appels de
Vincent ! Soulagement général au sein de la famille
du Vendée Globe. Jean Le Cam est sain et sauf à lintérieur
de son monocoque. Le bateau na plus de bulbe, ce qui explique le
chavirage. Le plan Lombard a larrière enfoncé dans
leau ; la trappe de sortie est immergée. A 16h30, Brit Air
arrivait à son tour sur zone. Les deux marins ainsi que le pétrolier
vont rester aux côtés de VM Matériaux jusquà
larrivée du remorqueur chilien attendu demain mercredi vers
6h00 du matin. Le remorqueur est équipé dun semi-rigide
et dune équipe de plongeurs qui seront vraisemblablement
sollicités pour aider Jean à sortir de son bateau.
Treize en course et deux échappées
Si Vincent Riou et Armel Le Cléach ont mis la compétition
entre parenthèses, elle se poursuit pour les hommes de tête,
et plus loin pour Samantha
Davies, Marc
Guillemot et consorts. Aux abords des Malouines, avec deux
tiers du parcours dans leur tableau arrière, Michel Desjoyeaux
(Foncia) et Roland Jourdain (Veolia Environnement) se préparent
à un combat singulier qui pourrait durer jusquau Sables dOlonne.
En tandem aux avant-postes depuis trois semaines, les deux hommes séparés
de 135 milles, sont en train de séchapper au gré dun
joli flux de Sud-Ouest qui les propulse à bonne vitesse vers le
Nord. Cest le début dune partie de « poker menteur
» comme lévoquait hier Michel Desjoyeaux, conscient
daborder une semaine de navigation aléatoire le long des
côtes sud-américaines, lendroit le plus risqué,
le plus casse-gueule, poursuivait-il, où « Bilou le farceur
» pourrait lui réserver quelques entourloupes...
Roxy cinquième
Et voilà la régulière et enjouée Sam Davies
(Roxy) propulsée malgré elle en 5e position. Navigant à
lavant dun front froid dans des vents de Nord-Ouest, Sam,
qui a respecté la dernière porte Pacifique, était
la plus rapide ce jour, alignant des moyennes de 16 à 17 nuds.
Elle devance de 418 milles un Marc Guillemot (Safran) handicapé
par son rail de mât arraché. Derrière, Brian
Thompson (Bahrain Team Pindar), Dee
Caffari (Aviva) et Arnaud Boissières
(Akena Vérandas) évoluaient dans des conditions plus instables,
tandis que Steve White (Toe in the water),
rattrapé par un anticyclone, était le plus lent de toute
la flotte.
LAméricain Rich Wilson (Great
American III), en approche de la porte néo-zélandaise, devrait
commencer à entrevoir ce soir les prémices de la belle dépression
qui a frappé toute la journée Raphaël
Dinelli (Fondation Ocean Vital) et Norbert
Sedlacek (Nauticsport-Kapsch). Entre la Tasmanie et la
Nouvelle-Zélande, les deux compères viennent de vivre leur
troisième passage de front avec des vents moyens de 45 nuds
! Comme dhabitude, malheureusement, cest en queue de peloton
que les conditions sont les plus rudes. Enfin, à noter larrivée
de Sébastien Sébastien Josse
(Nouvelle-Zélande) peu avant 1 heure ce mardi. BT est actuellement
amarré dans le Viaduct Basin, berceau légendaire de lAmericas
Cup en 2000 et 2003.
Jean Le Cam à bord de PRB !
Pendant que les secours chiliens étaient en route (hélicoptère
transportant des plongeurs et remorqueur), Vincent Riou, joint
par la direction de course à 19h10 a indiqué quil
avait récupéré Jean Le Cam à bord de
PRB ! « Cest une histoire incroyable qui se termine bien
» selon les mots dAlain Gautier,
le consultant sécurité du Vendée Globe.
Jean entre de bonnes mains mais outrigger cassé pour PRB
Revêtu de sa combinaison de survie, Jean est sorti tout seul de
son bateau. Vincent a fait quatre passages pour tenter de le récupérer.
Au quatrième passage, le bout de loutrigger bâbord
de PRB sest pris dans la quille de VM Matériaux et sest
cassé. Dans la foulée, Jean Le Cam a pu grimper à
bord, mais les deux hommes ont dû bricoler pour assurer le gréement
et virer de bord rapidement pour éviter que le mât ne tombe.
Ils font actuellement cap au 110, tribord amures, avec trois ris dans
la grand-voile et rien à lavant, en attendant de réaliser
une réparation de fortune sur le gréement.
Armel Le Cléach qui était également
sur zone, sest mis en route dans leur sillage.
Les opérations de sauvetage de la marine chilienne sont en cours
dannulation. Le pétrolier sur place depuis ce matin va pouvoir
reprendre sa route. Lhélicoptère a rebroussé
chemin, de même que le remorqueur de la marine chilienne qui devait
arriver sur VM Matériaux mercredi matin.
lundi 5 janvier 2009 :
Premier de cordée
Pour lascension de lAtlantique, Michel
Desjoyeaux est désormais louvreur
dun parcours de 7 000 milles bourré de pièges. Attendu
vers midi au passage du cap Horn, son poursuivant direct Roland
Jourdain, devrait gagner un peu de terrain ces prochaines heures
mais lincertitude règne sur la météo à
venir le long des côtes argentines
Deux heures et cinq minutes de moins quen 2004 : Michel Desjoyeaux
(Foncia) a en fait navigué depuis le départ donné
le 9 novembre 2008 à 13h02, à 13,12 nuds de moyenne
par rapport à lorthodromie (route directe théorique).
Un gain de près de 0,8 nuds puisque Jean
Le Cam en 2004 avait parcouru 1 060 milles théoriques en
moins en 56j 17h 13, indiquant bien que le rythme de course et le
potentiel des duos skipper-bateau a sensiblement grimpé
Reste
que rien nest encore acquis avec un Atlantique entier à traverser
du Sud au Nord avec des conditions météorologiques pas clairement
calées. Déjà le leader a dû faire face à
des brises nettement plus molles une fois le cap Horn paré car
le long des reliefs patagons, le vent est dévié et ralenti.
Conséquence, au pointage de 11h00, le skipper de Foncia progressait
sous le soleil à 6 noeuds de moyenne, tandis son compère
Bilou continuait à marcher à 13,5 nuds, de
quoi grappiller quelques longueurs du moins temporairement.
Quant à savoir si Michel passera ou non par létroit
détroit de Le Maire (16 milles de large) entre la pointe chilienne
et lîle des États, il faudra attendre la cartographie
du prochain classement de 16 heures. Il devrait alors retoucher une brise
plus établie après le cap San Diego, dune vingtaine
de nuds de secteur Ouest à Nord-Ouest.
La chanson de Roland
Le skipper de Veolia Environnement peut chanter tout lété
(austral) : dans le sillage et le même système météo
que son devancier, Bilou a encore de nombreuses cartes à
jouer pendant la première semaine de remontée de lAtlantique
où la stratégie est loin dêtre limpide. Il a
déjà pu voir de près le cap Horn (ce que na
pas pu faire son prédécesseur passé de nuit) et ne
concède quune centaine de milles soit environ huit heures
à son compère de Port la Forêt. Roland Jourdain
est une nouvelle fois second au passage du Pacifique à lAtlantique,
mais na cette fois pas besoin de mouiller dans une crique patagonne
pour réparer un rail de grand voile comme en 2001, ce qui ne sera
pas le cas de Marc Guillemot,
bien décidé à sarrêter soit après
le cap Horn, soit aux Malouines pour réparer son rail de mât
arraché au niveau du 3e ris.
32 heures pour Samantha
Davies
Roxy a droit à réparation en vertu
de la règle 62.1(c). Roxy reçoit une bonification de 32
heures qui devra être retranchée de son temps réel
darrivée.
Le 4 janvier 2009 par le Jury International : Bernard BONNEAU (FRA
Président) ; Ion ECHAVE (ESP) ; Trevor LEWIS (GBR) ; Christian
PEYRAS (FRA) ; Jean VERMANT (BEL)
Bonification pour Marc Guillemot
Safran a droit à réparation en
vertu de la règle 62.1(c). Safran a enfreint larticle 2.2
de lavis de course en recevant du ravitaillement et larticle
12.3 en déplombant larbre dhélice. Safran reçoit
une bonification de 82 heures qui devra être retranchée de
son temps réel darrivée. Les infractions aux articles
2.2 et 12.3 de lavis de course ayant été commises
dans le cadre de lopération dassistance, Safran est
exonéré de ces infractions en vertu de la règle 62.1(c).
Cependant, le skipper doit mettre en place un système permettant
de prouver à larrivée que larbre dhélice
na pas pu bouger. Des photos de ce système doivent être
envoyées au Directeur de Course.
Le 4 janvier 2009 par le Jury International : Bernard BONNEAU (FRA
Président) ; Ion ECHAVE (ESP) ; Trevor LEWIS (GBR) ; Christian
PEYRAS (FRA) ; Jean VERMANT (BEL)
dimanche 4 janvier 2009 :
Le Cap Horn en ligne de mire
En tête depuis 19 jours, Michel
Desjoyeaux franchira le Cap Horn en premier
la nuit prochaine. La flotte sétale désormais sur
près de 6000 milles du Cap Horn à la Tasmanie. Les premiers
sapprêtent à quitter le Pacifique quand les derniers,
Sedlacek et Dinelli,
vont y entrer.
Retrouver lAtlantique, la proximité des côtes, la civilisation
des grandes routes maritimes et, surtout, une mer un peu moins déchaînée
que celles rencontrées successivement dans les Océans Indien
et Pacifique, voilà ce que représente le passage du Cap
Horn pour les coureurs du Vendée Globe
Aussi dangereux soit-il,
le Cap Horn est attendu avec impatience. Après un mois dans les
mers du sud (pour les premiers et deux pour les derniers), il représente
un grand soulagement psychologique dêtre sorti indemne des
tempêtes des mers australes. Comme en 2001, Michel Desjoyeaux
(Foncia) devrait franchir le légendaire Cap Horn en chef de file
la nuit prochaine. Une dernière journée dans le Pacifique
où le vent souffle toujours aussi fort (40 nuds) et les vagues
restent une menace permanente.
Avec 73 milles davance sur Roland Jourdain
(Veolia Environnement), son plus tenace adversaire, et 452 milles sur
Jean Le Cam (VM Matériaux), Desjoyeaux
a nettement profité de la traversée du Pacifique pour creuser
un écart conséquent avec ses concurrents. A lentrée
du Pacifique, les six premiers se tenaient en 450 milles. Ils ne sont
désormais plus que trois sur la même distance. La sixième,
Samantha Davies
(Roxy), bien que la plus rapide sur les dernières 24h, est reléguée
à plus de 2000 milles du leader. Seuls les cinq premiers peuvent
encore rêver des honneurs du vainqueur. Et encore, renvoyés
à plus de 700 milles de Desjoyeaux alors quil reste
7000 milles à parcourir, Vincent Riou
(PRB) et Armel Le Cleac'h
(Brit Air), 4e et 5e, affichent donc un retard équivalent à
10% de la route à parcourir. Sans un bon coup de pouce météorologique,
il leur sera impossible de rattraper un tel écart en vitesse pure.
Mais la route est encore longue avec toute la remontée de lAtlantique
au programme et cette 6e édition sest déjà
révélée riche en surprises. Et avant ce dernier grand
sprint dans lAtlantique, il faut déjà franchir le
Cap Horn et ses parages redoutés. Pour Michel Desjoyeaux,
ce nest plus quune question dheures
Artemis se déroute
Jonny Malbon a décidé
de faire route vers la Nouvelle-Zélande : suite à une succession
de problèmes techniques depuis son départ des Sables dOlonne,
le skipper britannique en accord avec son sponsor a préféré
jeter léponge avant de sengager totalement dans locéan
Pacifique.
Le jeune solitaire na pas été à la fête
depuis 55 jours ! En percutant violemment un cétacé dans
lAtlantique Sud, Artemis avait perdu sa dérive tribord, ce
qui nétait pas trop gênant au portant, mais posait
déjà problème pour sa remontée de lAtlantique.
Avec en sus des soucis de charge des batteries et désormais une
grand voile qui risque à tout moment dexploser, Jonny Malbon
a pris la décision de faire route vers lîle Sud de
la Nouvelle-Zélande, probablement Dunedin, port où le trimaran
géant Groupama 3 avait été remorqué après
son chavirage lhiver dernier
« Je suis absolument effondré. Jétais encore
confiant il y a quelques jours pour traverser le Pacifique mais les avaries
de grand voile que je subis depuis deux jours ne peuvent plus me permettre
denvisager une navigation de 12 000 milles : ma grand voile se désagrège
de plus en plus par délaminage du film Mylar et du tissu Kevlar
! » indiquait le solitaire situé à environ 300
milles de lîle du Sud de la Nouvelle-Zélande. «
Cela a été un effort colossal pour toute léquipe
afin de prendre le départ et darriver jusque là. Je
remercie tous les membres du Team Artemis car je sais la chance que jai
eu de participer à ce Vendée Globe. » Jonny
Malbon devrait arriver à bon port mardi prochain.
Coucher du soleil sur le Horn
À moins de 300 milles du cap Dur, Michel Desjoyeaux (Foncia)
devrait passer la pointe mythique de lAmérique du Sud au
coucher du soleil (heure locale), cest-à-dire vers 4 heures
(heure française). Et Roland Jourdain devrait le suivre
environ cinq heures plus tard : le skipper de Veolia Environnement devrait
peut-être pouvoir regagner un peu de terrain grâce à
son arrivée par le Nord-Ouest. En effet, le vent encore très
fort qui règne au large du Chili (40 nuds de Nord-Ouest)
va mollir ce dimanche pour basculer au secteur Ouest 20-25 nuds,
mais la mer sera encore très forte
Des conditions qui devraient
aussi permettre à Jean Le Cam (VM Matériaux) de moins
souffrir pour aligner les milles en cette fin de Pacifique, alors quune
nouvelle dépression pourrait poser quelques problèmes au
couple suivant : Vincent Riou (PRB) et Armel Le Cléach
(Brit Air) devront affronter une mer très grosse dans des vents
de plus de quarante nuds à leur passage au Horn !
samedi 3 janvier 2009 :
Vite aujourdhui pour préserver
demain
Comme prévu, le mauvais temps (voir
photo) annoncé sur lapproche du Cap Horn est là.
Un flux de nord-ouest très puissant accompagne les premiers, mais
surtout la mer devient de plus en plus difficile à négocier.
Des creux de 7 à 9 mètres et un début de phénomène
de résonnance de la houle du fait des côtes du Chili provoquent
une mer particulièrement difficile à négocier. Une
seule solution : faire le dos rond
sans oublier davancer malgré
tout.
Ce nest pas dans le grand mauvais temps que les navigateurs atteignent
leurs plus belles vitesses. Pour preuve, cest bien Sam
Davies qui enregistre actuellement les meilleures moyennes
: la navigatrice britannique bénéficie en effet de conditions
idéales. Par 25 à 30 nuds de vent et une mer bien
ordonnée, elle peut donner toute la puissance de son Roxy qui allonge
ainsi la foulée. En revanche, les hommes de tête doivent
veiller à préserver avant tout leur matériel : trouver
le bon compromis entre une vitesse nécessaire pour ne pas se faire
capeler par une déferlante venant de larrière et la
nécessité de ne pas forcer la machine ni lui imposer des
sauts de vagues intempestifs. Pour la tête de course, il est important
de continuer de cravacher car cest après le Horn que la décision
pourrait se faire. Au vu des conditions actuelles, Michel
Desjoyeaux (Foncia) et Roland
Jourdain (Veolia Environnement) pourraient bénéficier
de conditions favorables pour entamer leur remontée vers le nord.
Ce sera déjà un petit peu plus limité pour Jean
Le Cam (VM Matériaux) qui devra sarracher pour rester
dans le même flux. Malheureusement pour eux, il se pourrait que
la porte se referme avant larrivée de Vincent
Riou (PRB) et Armel Le Cleac'h
(Brit Air). Néanmoins, il reste encore plus de trois jours pour
larrivée de ces deux concurrents et les systèmes évoluent
rapidement dans les quarantièmes.
Pour leurs poursuivants, cest un nouveau système perturbé
qui risque de les accompagner jusquau Cap Horn. De Sam Davies
à Arnaud Boissières (Akena Vérandas),
lensemble de la flotte pourrait bénéficier dun
régime comparable pour arriver à la dernière marque
de parcours avant les Sables dOlonne. Pour le reste de la flotte,
il nest pas encore temps de penser à la sortie. Le nombre
de milles qui restent à négocier rendraient vaines toutes
les supputations sur le passage du Cap des Tempêtes, comme avaient
coutume de lappeler certains Cap-horniers dantan.
vendredi 2 janvier 2009 :
Retour dans les Cinquantièmes hurlants
Avec les portes à franchir pour éviter les zones de glace,
les 15 concurrents encore en course étaient remontés dans
les Quarantièmes rugissants. Michel
Desjoyeaux, en tête depuis 17 jours,
vient de replonger au cur des tempêtes des Cinquantièmes
afin de franchir le Cap Horn lundi prochain.
Dans un message de la nuit, Sam
Davies (Roxy), toujours rayonnante et désormais
pointée en sixième position, se plaignait quil ny
ait plus de vent sur sa zone. 2000 milles devant la joyeuse Anglaise,
Michel Desjoyeaux (Foncia) a retrouvé lambiance marmite
des Cinquantièmes avec vent fort et mer croisée. Sa vitesse
au pointage de 5h sen ressentait puisque fait suffisamment
rarissime pour le souligner il était le moins rapide des
cinq premiers avec un petit 11,6 nuds de moyenne contre
16 nuds pour ses poursuivants. Les écarts pourraient donc
se réduire légèrement dans les prochaines heures.
A moins de 1100 milles dun Cap Horn aussi dangereux que libérateur,
les trois premiers zigzaguaient vent arrière en direction du légendaire
cap. Armel Le Cleac'h
(Brit Air) et Vincent Riou (PRB), toujours
aussi inséparables, ont franchi la dernière porte de sécurité
en milieu de nuit et ont abattu à leur tour vers ce dernier des
trois grands caps du Vendée Globe. Avec le ralentissement de Michel
Desjoyeaux, le passage au Cap Horn est plutôt prévu lundi
matin après 56 ou 57 jours de mer. Soit le même timing que
Jean Le Cam en 2004, mais avec un parcours
plus long de 1160 milles.
Lodyssée continue
Pour Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac 2),
Sébastien Josse (BT), Derek
Hatfield (Algimouss Spirit of Canada) et Unai
Basurko (Pakea Bizkaia), les quatre marins ayant abandonné
et toujours en mer, laventure nest toujours pas finie. Le
Basque Unaï, aujourdhui à la latitude de Gibraltar,
remonte toujours vers le Portugal. Le Canadien Derek espère
atteindre Hobart dimanche. Pour les deux Français, la route est
encore longue pour rejoindre la Nouvelle-Zélande. Sébastien,
à 600 milles dAuckland, pourrait y arriver mardi. Quant à
Jean-Pierre, il lui reste encore 2000 milles à parcourir
avec un seul safran, soit une bonne douzaine de jours de mer.
jeudi 1er janvier 2009 :
Un 1er janvier contrasté
A part le quinté de tête qui progresse toujours dans 30 à
40 nuds de vent, le reste de la flotte connaît un 1er janvier
plutôt clément pour les mers du sud. Un petit
répit bien venu pour célébrer une nouvelle année
que tous espèrent entamer par un retour grandiose aux Sables dOlonne.
Pour Jean-Pierre Dick, ce 1er janvier a un
goût amer. Il a envoyé la
photo hier quelques heures avant de heurter un OFNI et de devoir
quitter la course. Il ne pouvait imaginer pire façon de commencer
2009...
Les écarts se creusent et ne cessent de se creuser entre les cinq
premiers et leurs poursuivants. A lavant dune large dépression
stationnaire, ils profitent toujours de vents soutenus et caracolent à
17 nuds de moyenne vers le Cap Horn pour les trois premiers (Desjoyeaux,
Jourdain, Le Cam),
et la dernière porte pour les deux suivants (Le
Cleac'h, Riou). Derrière,
les conditions sont moins fortes et expliquent en partie la différence
de vitesse entre le quinté de tête et les dix suivants.
Le Cam à la porte
20 heures après Michel Desjoyeaux, Jean Le Cam était
le troisième concurrent à franchir la dernière porte
du parcours et pouvoir mettre le cap vers le Horn. Armel Le Cléach
et Vincent Riou passeront la porte ce soir avec un jour et demi
de retard sur le leader. Samantha
Davies, désormais 6e, est un peu isolée.
Elle pointe à plus de 1200 milles derrière le cinquième,
Vincent Riou, et possède 300 milles davance sur Marc
Guillemot. Mais dans une vidéo envoyée hier,
elle se réjouissait dune accalmie météo et
dun peu de chaleur revenue pour se filmer pieds nus, en t-shirt
et tout sourire sur le pont de son bateau.
Retour aux sources
Cest en Nouvelle-Zélande que tout a commencé pour
Jean-Pierre Dick. Cest là que sa deuxième participation
au Vendée Globe va se terminer. La Nouvelle-Zélande tient
une place à part dans le cur de Jean-Pierre Dick qui
y a construit ses deux monocoques Imoca. Il en est parti à chaque
fois avec une monture neuve pour un demi-tour du monde de mise au point
de sa monture. Les résultats ne se sont pas fait attendre avec
un doublé sur la Transat Jacques Vabre, la victoire dans la Barcelona
World Race et une belle troisième place sur la Route du Rhum. Cest
donc en Nouvelle-Zélande que, dans 8 à 10 jours, Jean-Pierre
Dick va toucher terre et mettre un terme à ce Vendée
Globe. Il y retrouvera Jean-Pierre Dick,
également victime de ses safrans, et qui progresse à 5 nuds
à 850 milles dans lest dAuckland.
mercredi 31 décembre 2008 :
Ambiance grand froid
Tous les concurrents ne sont pas logés à la même enseigne.
Au sud de la Tasmanie, Jonny Malbon
et Rich Wilson vont connaître leurs
heures les plus froides avec une tempête de neige et de grêle
prévue aujourdhui.
Si le duo de tête, séparé dune centaine de milles,
profite toujours dun vent de nord-ouest de 25-30 nuds pour
filer bon train, ses poursuivants subissent toujours des vents soutenus
à 35-40 nuds avec rafales à 45. Cest le cas
notamment de Jean Le Cam, Armel
Le Cleac'h et Vincent Riou
qui fonçaient entre 18 et 20 nuds de moyenne ce matin. Mais
ce vent plus orienté ouest les a obligé à rallonger
la route vers le sud pour conserver une bonne vitesse. Devant Michel
Desjoyeaux pensait franchir la dernière
porte aux alentours de midi et abattre ensuite vers le Cap Horn, même
sil prévoit une descente en « zigzag dans un corridor
étroit entre le Chili et la zone des glaces » !
Au sud de la Nouvelle-Zélande, la galère continue pour Steve
White qui souffre toujours dun vit-de-mulet cassé
et doit en plus faire face maintenant avec des vents contraires et des
problèmes de pilote automatique. Derrière lui, son compatriote
Jonny Malbon et lAméricain
Rich Wilson vont connaître leur première
neige avec un fort vent de sud venant directement de lAntarctique.
Un froid polaire qui ne va pas faciliter la vie à bord dun
monocoque déjà aux prises avec les dépressions des
Quarantièmes rugissants.
Peyron dans lavion, Stamm à la Réunion
A peine arrivé à Fremantle à 1h45 (HF) ce matin,
Loïck Peyron
na pas traîné sur place et a embarqué dans le
premier avion vers lEurope. Après un détour par lîle
dAmsterdam avec le navire des TAAF, le Marion Dufresne, Bernard
Stamm a débarqué hier matin à La Réunion
avec son monocoque. Sébastien Josse,
qui a abandonné lundi suite à son avarie de safran, était
ce matin à 1000 milles dAuckland et le Canadien Derek
Hatfield doit encore parcourir 600 milles avant dêtre
en sécurité à Hobart avec son gréement fragilisé.
Paprec-Virbac 2 perd son safran bâbord.
Aux alentours de 13h TU le safran bâbord de Paprec-Virbac
2 de Jean-Pierre Dick est entré violemment
en contact avec un objet solide. Dans le choc lensemble du safran
et son palier se sont arrachés. Après avoir empanné
Jean-Pierre Dick fait route actuellement au 350.
A linstant du choc Paprec-Virbac 2 était positionné
par 47°49,53S et 143°08,10W. Le bateau faisait route à
15 nuds sous gennaker et grand-voile. Après inspection des
dégâts, Jean-Pierre a immédiatement affalé
le gennaker, empanné, puis réduit la grand-voile. Son bateau
navigue actuellement sous trinquette et deux ris.
Jean-Pierre décidera par la suite, sil fait route vers la
Polynésie Française distante de 1830 milles ou vers la Nouvelle-Zélande
distante de 2000 milles.
Cest un coup dur pour le navigateur niçois qui, jusquà
lavarie qui avait affecté son safran tribord, avait remarquablement
mené sa course, prenant la tête de flotte plusieurs jours
durant. Malgré ce premier coup du sort, Jean-Pierre avait décidé
de continuer la course vaille que vaille, même sil voyait
ses rêves de podium senvoler. Lavarie qui affecte son
safran valide signifie pour lui, lobligation de mettre le cap vers
des eaux plus clémentes.
mardi 30 décembre 2008 :
Conditions pour un record
Roland Jourdain, le plus rapide de la flotte
avec Michel
Desjoyeaux, a mis le turbo depuis hier après-midi.
Avec 18,4 nuds de moyenne sur les dernières 24h (soit 441
milles parcourus), il se rapproche doucement du record en monocoque et
solitaire détenu par Alex Thomson
depuis 2003 avec 468 milles. Marc Guillemot
déplore à nouveau un problème avec son rail de mât.
Déjà mi-décembre, Michel Desjoyeaux était
venu taquiner le record de Thomson de très près avec
un joli 466 milles en 24h au sud de lAustralie. Aujourdhui,
en plein milieu du Pacifique Sud, cest au tour de Roland Jourdain
de faire parler la poudre. En survitesse permanente, la moitié
du bateau hors de leau, avec des embruns qui giclent à plusieurs
mètres de chaque côté de la coque, il trace un sillage
de hors bord dans les Quarantièmes rugissants. Et en profite pour
réduire à nouveau son retard sur Michel Desjoyeaux
qui ne le devance plus que de 59 milles au pointage de 11h. Les conditions
météo sont plus stables pour les deux premiers avec un vent
de nord-ouest qui leur permet de faire route directe vers la dernière
porte de sécurité quils passeront pour le réveillon
du jour de lan.
Nouvelle avarie pour Guillemot
Marc Guillemot est victime pour la deuxième fois du même
problème de rail de grand-voile arraché. Si sa réparation
au mouillage de larchipel dAuckland Islands s'est révélée
parfaitement efficace, le rail s'est de nouveau cassé, mais à
hauteur du deuxième ris. Guillemot est de nouveau handicapé,
il attend de voir les conditions après le passage du Cap Horn pour
savoir s'il décide de s'arrêter à nouveau...
lundi 29 décembre 2008 :
Generali perdu en mer
Alors que létat de santé de Yann
Eliès permettra son rapatriement mercredi 31décembre,
son monocoque Generali est perdu en mer. Suite à leur chavirage
respectif, le Canadien Derek Hatfield poursuit
sa route à vitesse réduite vers Hobart avec un gréement
endommagé et Sébastien Josse
continue de remonter vers le nord pour décider semble-t-il
aujourdhui de poursuivre ou darrêter la course.
En tête depuis 13 jours, Michel
Desjoyeaux creuse régulièrement
lécart avec ses plus proches adversaires.
Nouveau coup dur pour le skipper Yann Eliès. Après
sa grave blessure à la jambe gauche, son calvaire en attendant
les secours et son hospitalisation en Australie, une mauvaise nouvelle
lui est parvenu hier soir. La balise de positionnement de son bateau a
cessé démettre le 23 décembre et la balise
de détresse sest déclenchée automatiquement
le même jour. Celle-ci sest arrêtée trois jours
plus tard le vendredi 26. Face aux conditions météo dégradées
et en labsence de position récente du bateau, léquipe
partie récupérer le monocoque a renoncé dimanche
soir à poursuivre les recherches. Le monocoque Generali est donc
perdu en mer, à environ 700 milles au sud de lAustralie.
Devant, Michel Desjoyeaux (Foncia) enfonce chaque jour un peu plus
le clou. Seul Roland Jourdain (Veolia Environnement)
réussit à saccrocher à moins de 100 milles
du leader. Jean Le Cam (VM Matériaux),
troisième, pointe à 280 milles tandis que linséparable
duo Armel Le Cleac'h
(Brit Air)/Vincent Riou (PRB) est relégué
à plus de 500 milles du premier. Après 49 jours de course,
une première vraie hiérarchie semble se dessiner dans le
Pacifique Sud.
Depuis son chavirage vendredi matin, Sébastien Josse (BT)
a mis le cap au nord pour établir un diagnostic précis des
dégâts sur son monocoque 60 pieds. 450 milles plus tard,
il a enfin atteint la latitude de 40° sud où les conditions
de mer plus stable devraient lui permettre danalyser précisément
son problème de safran et décider de poursuivre ou darrêter
la course. 3000 milles derrière, sous lAustralie, Derek
Hatfield (Algimouss Spirit of Canada) ne se pose plus la question
de continuer ou pas. Avec deux barres de flèches en moins, son
premier souci est de rejoindre le port le plus proche en conservant un
mât intact. Il pointe vers Hobart à 6 nuds de moyenne
et espère atteindre le port tasmanien, distant de 1000 milles,
dans une semaine.
dimanche 28 décembre 2008 :
Barres de flèche brisées sur
Algimouss
Pendant que Michel
Desjoyeaux semble vouloir faire le break,
la flotte est toujours secouée par une série de dépressions
dans le Grand Sud. Au point que Derek Hatfield
sest fait blackbouler ce dimanche matin, couché sur leau.
Deux barres de flèche bâbord sont cassées et le Canadien
pense faire escale à Hobart (Tasmanie)
Le message est bref ce dimanche matin : quarante nuds de vent de
Sud-Ouest, bateau couché, deux barres de flèche brisées,
skipper OK
Derek Hatfield (Algimouss-Spirit of Canada) fait
route à petite vitesse (7 nuds) vers la pointe de la Tasmanie,
distante denviron 1 000 milles. Le solitaire devrait fournir plus
dexplications lors de la vacation radio de midi sur les circonstances
de son avarie et sur ses décisions à venir. Du côté
dAuckland Island, Marc Guillemot
(Safran) en a fini avec sa réparation du rail de grand voile (voir
photo) : après quelques péripéties et un
peu plus de temps que prévu, le Trinitain a repris sa route avec
un bateau désormais capable de naviguer à son potentiel
maximum. Le monocoque navait plus que 150 milles davance sur
le trio Dee Caffari
(Aviva), Brian Thompson
(Bahrain Team Pindar) et Arnaud Boissières
(Akéna Vérandas) qui navigue quasiment à vue, mais
Marc Guillemot était lun des plus rapides de la flotte
après son départ de la baie de Port Ross.
Lavant dernière porte
Pour Sébastien Josse (BT), la situation
évolue peu car le bateau est encore malmené par une mer
dure et des vents soutenus : le solitaire persévère sur
sa route Nord pour atteindre le plus tôt possible le 40° Sud
où les hautes pressions pourraient enfin lui permettre de faire
un check-up complet de son système de safran. De sa capacité
à résoudre ce problème dalignement en mer dépend
sa décision de reprendre la course ou de retourner sur la Nouvelle-Zélande
: il faudra encore patienter quelques heures voire jusquà
demain lundi matin.
Si le vent et la mer sont encore musclés au milieu du Pacifique
par 45° Sud, la situation se régule lentement avec la dépression
au Sud qui se comble désormais lentement. Mais des fronts sont
encore annoncés sur la route alors que Michel Desjoyeaux
(Foncia) toujours en tête depuis treize jours, nest plus quà
quelques milles de la porte Ouest Pacifique. Lécart dune
cinquantaine de milles par rapport à Roland
Jourdain (Veolia Environnement) est stable depuis plusieurs jours
mais cette fois, le leader a réussi à se caler plus au Nord
que son camarade, ce qui devrait lui permettre de faire cap direct plus
tôt vers lultime porte du Pacifique qui a été
remontée de plus de 300 milles à cause des glaces dérivantes.
Cest la raison pour laquelle le parcours sest allongé
de près de 450 milles (à cause de la courbure de la Terre)
: ce nest que ce dimanche quil ne restera plus que 10 000
milles à parcourir pour rallier Les Sables dOlonne
Précisions sur la situation
Côté météo, Raphaël
Dinelli (Fondation Océan Vital) et Norbert
Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) vont enfin pouvoir souffler
un peu : la dépression qui les secoue encore ce dimanche matin
continue sa route sous lAustralie en laissant derrière elle
une zone de transition importante. Les deux solitaires vont ainsi passer
la longitude du cap Leeuwin en début de semaine dans des conditions
beaucoup plus maniables avec du vent de secteur Ouest dune quinzaine
de nuds en bordure danticyclone. Pour le triumvirat anglo-saxon,
les vents sont encore très soutenus à plus de quarante nuds,
comme lindiquait Derek Hatfield ce matin : cette dépression
va passer ce midi en offrant une brise de secteur Ouest 20-25 nuds,
puis une nouvelle perturbation leur passera dessus en début de
semaine avant une pause bienvenue
Sous la Nouvelle-Zélande, une succession de fronts chauds venus
dAustralie perturbe le régime général dOuest
et le quatuor Boissières-Thompson-Caffari-Guillemot doit
parfois composer avec des vents de secteur Nord, voire Nord-Est
Mais en devant remonter pour aller chercher la porte néo-zélandaise,
ces skippers devraient retrouver un flux plus régulier de Sud-Ouest
pour quelques jours. Samantha
Davies (Roxy) fait une bonne opération ce dimanche
et continue de rattraper Jean-Pierre Dick
(Paprec-Virbac 2) empêtré dans des vents instables et modérés.
Enfin, pour le « club des cinq » devant, cest toujours
le même régime musclé ! Du vent dOuest à
Sud-Ouest 25-30 nuds minimum, qui doit tourner progressivement en
début de semaine au secteur Ouest-Nord Ouest 25-30 nuds
Mais la mer va commencer à mieux sorganiser.
Michel Desjoyeaux se fait la belle ! En ce dernier dimanche de
lannée 2008, le skipper de Foncia fonce de nouveau à
des moyennes hallucinantes, à près de vingt nuds sur
une mer qui commence à devenir plus régulière et
dans un vent de secteur Ouest dune trentaine de nuds. Le leader
a été le premier à franchir la porte Ouest Pacifique
en son milieu ce matin, avec plus de 70 milles davance sur Roland
Jourdain (Veolia Environnement) qui, par sa position plus au Sud,
devra la traverser sur sa partie la plus orientale. Mais comme la brise
va tourner progressivement au Nord-Ouest et que lultime porte Est
Pacifique est plus haute en latitude (44° Sud), il ny aura pas
doption tactique jusquà cette « barrière
de sécurité » déplacée pour parer les
glaces dérivantes du Pacifique. Cest donc de nouveau une
course de vitesse pure en tête de la flotte, avec un Jean
Le Cam (VM Matériaux) qui a perdu des milles depuis le
début du week-end.
Desjoyeaux séchappe, Hatfield vers Hobart
Victime de barres de flèche brisées, le Canadien Derek
Hatfield se déroute vers Hobart. Marc Guillemot a quitté
samedi soir son mouillage dAuckland Islands après une réparation
réussie sur le rail de mât, Dominique
Wavre est arrivé à 0h30 (HF) dimanche à
Fremantle et Michel Desjoyeaux creuse lécart sur lensemble
de ses adversaires au passage de la porte Pacifique Ouest.
Armel Le Cleac'h, 4e,
et Vincent Riou, 5e, ont quasiment suivi la
même route depuis le départ. Ils se croisent régulièrement
sur leau, se filment et discutent à loccasion. Séparé
dune trentaine de milles depuis ce matin, le couple
sest reformé ce soir
(voir
photo)
samedi 27 décembre 2008 :
Système D... pressions
Ce sixième Vendée Globe est désormais tamponné
« dantesque » ! Les dépressions qui avaient déjà
fait de gros dégâts dans locéan Indien, ont
été relayées dans le Pacifique par des perturbations
à caractère orageux extrêmement dynamiques : moins
de trente nuds de vent ont des allures de calme
Ces conditions
violentes ne vont pas affecter seulement la tête de la flotte :
la mer de Tasman sannonce aussi particulièrement mauvaise
!
La mer possède une puissance phénoménale et le tsunami
qui a balayé les côtes asiatiques il y a quatre ans, démontre
la capacité destructrice quune vague peut développer
! La déferlante qui a couché brutalement le monocoque de
Sébastien Josse (BT) vendredi après-midi
a probablement développé une force herculéenne au
point de compresser la coque, de désolidariser une cloison intérieure,
de fissurer le rouf et semble-t-il, davoir faussé un des
deux safrans
Et cette mer démontée nest pas
prête de se calmer : la dépression qui a balayé la
tête de course, ne se déplace que lentement avec un creusement
à 939 hPa.
De plus, elle va être réactivée par une nouvelle perturbation
orageuse venue de Nouvelle-Zélande, renforçant les vents
à plus de 45-50 nuds avec des lignes de grains très
violents. La mer ne va pas non plus se réguler, car les brises
de Sud-Ouest à plus de trente nuds, vont se mélanger
avec des houles de Nord-Ouest ! La position de la dernière porte
du Pacifique Est devant être remontée pour éviter
les glaces qui traînent aussi au Sud du 45° Sud, incitent les
cinq premiers à gagner vers le Nord-Est, ce qui est une bonne décision
car les vents sont (un peu) moins musclés au-dessus de cette latitude
À Auckland Island
Marc Guillemot (Safran)
a mouillé ce samedi à 10h00 (heure française) dans
la baie de Port Ross, devant Sandy Bay. Il faisait nuit quelques minutes
après la manuvre et comme ce soir est une nouvelle lune (lune
noire), le solitaire naura pas beaucoup de lumière pendant
six heures, le temps que le soleil se lève à lhorizon
dans cet été austral par 51° Sud
Cela ne devrait
pas empêcher le Trinitain dintervenir à la lampe torche
et au projecteur pour remplacer un morceau de rail de grand voile. Marc
comptait six heures pour en finir, mais cela va réellement dépendre
de la gravité de larrachement, du froid qui ne manquera pas
de ralentir les gestes, de la facilité à tarauder dans le
mât.
Dépression sur dépression
Lunique solitaire à passer au travers des dépressions
qui se succèdent, est Jean-Pierre Dick
(Paprec-Virbac 2) qui avait sensiblement ralenti dans une bulle anticyclonique
et se faisait rattraper par Samantha
Davies (Roxy) à 400 milles de son tableau arrière,
la Britannique profitant dun bon flux portant avant de se faire
avaler par une autre dépression
Comme dailleurs presque
tous les autres concurrents : Raphaël Dinelli
(Fondation Océan Vital) et Norbert
Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) seront les premiers ce samedi
soir à supporter des vents de 60 nuds ! Puis cest le
triumvirat anglo-saxon qui va se faire cueillir au large de la Tasmanie
: Derek Hatfield (Algimouss-Spirit of Canada),
Rich Wilson (Great American III) et Jonny
Malbon (Artemis) devront faire le gros dos dimanche
Enfin,
Steve White (Toe in the water) puis Arnaud
Boissières (Akéna Vérandas), Brian
Thompson (Bahrain Team Pindar) et Dee
Caffari (Aviva) vont aussi devoir composer avec une mer
très dure à lapproche des hauts fonds au Sud de la
Nouvelle-Zélande.
Ce système dépressionnaire permanent nest pas inhabituel
dans ces mers du Sud, mais il semble que ce mois de décembre soit
particulièrement agité par une confrontation frontale entre
lair très chaud du désert australien, qui séchappe
par « bulles » vers les latitudes polaires, formant des dépressions
orageuses à très forte activité nuageuse, électrique,
éolienne ! Si Michel
Desjoyeaux (Foncia) conserve son leadership
en grattant même une dizaine de milles sur ses poursuivants directs,
Roland Jourdain (Veolia Environnement) et
Jean Le Cam (VM Matériaux), il nen
est pas pour autant très rapide : avec un peu plus de douze nuds
de moyenne en VMG, les premiers ne peuvent pas naviguer sereinement dans
une mer qui risque à tout instant de déferler violemment.
Quant au couple Vincent Riou (PRB) et Armel
Le Cleac'h (Brit Air), il a décidé de se
séparer ce samedi midi : le vainqueur du Vendée Globe 2004
part au Nord-Est quand le novice du tour du monde choisit le Sud-Est
vendredi 26 décembre 2008 :
BT couché par une vague
L'équipe à terre de Sébastien
Josse (BT) a reçu un appel de son skipper aujourdhui
à 12h47, linformant que le bateau avait été
couché sur le côté par la mer démontée.
Sébastien, dont la position était approximativement 47º37'
S - 159º14' W (soit environ 1000 milles dans l'est-sud-est de Wellington,
NZ) au moment de l'incident, est sain et sauf et ne requiert pas d'assistance
extérieure. Cette nuit dans des rafales à 60 noeuds, le
monocoque a été renversé par une vague déferlante.
Le bateau est resté sur la tranche, le haut du mât dans l'eau,
pendant plusieurs minutes avant de revenir droit, et Sébastien
doit à présent attendre le lever du jour pour estimer les
dégâts (dans laprès-midi en France).
Sébastien Josse, joint par son équipe : «
Hier soir j'ai décidé de monter plus au nord pour éviter
le plus gros de la tempête, mais les conditions étaient affreuses
avec des déferlantes et des grains à plus de 65 nuds,
avec de la grêle et de la neige. Je faisais route prudemment avec
3 ris et la trinquette quand une vague m'a balayé. Le bateau s'est
couché à 110º au moins, avec le mât dans l'eau.
J'ai mis 5 minutes à me faire une idée claire de ce qui
s'était passé, mais les éléments vitaux du
bateau sont OK - le mât, la quille... et on flotte toujours ! Je
vais avoir la lumière du jour d'ici deux heures et je pourrai alors
estimer précisément les dégâts et la suite
des opérations - pour le moment il faut que j'y aille doucement.
»
Cap au nord à sec de toile, le skipper attend le lever du jour
pour inspecter sa monture.
Chaviré par une vague
A la vacation du jour, Jean Le Cam ne cachait
pas sa crainte de naviguer dans une mer aussi chaotique. Une mer casse
bateau. Des craintes malheureusement confirmées quelques heures
plus tard lorsque le monocoque de Sébastien Josse (BT),
en pleine nuit australe et dans des rafales à plus de 60 nuds
de vent, sest fait couché sur la tranche par une vague plus
violente que les autres. Tête de mât dans leau, le voilier
est resté couché plusieurs minutes avant de se redresser.
Actuellement quatrième, Séb Josse a mis le cap au nord à
petite vitesse en attendant le lever du jour (ce soir en France) pour
constater létendue des dégâts.
Neige et grains à plus de 65 nuds !
Dans une mer fracassante, le décor des océans du sud ne
déroge pas à sa mauvaise réputation. Au milieu du
Pacifique, la tête de flotte néchappe pas à
la règle. « Cest vraiment lenfer ! » déclare
Jean Le Cam (VM Matériaux). « Y a de quoi traumatiser
un mec ! » confirme à distance Vincent
Riou (PRB). « Cest vraiment impressionnant. Je
nai même pas pu déballer mes cadeaux car jai
peur quils valsent nimporte où » ajoute Roland
Jourdain (Veolia Environnement). Pas de trêve de Noël
pour les skippers du Vendée Globe. Les dépressions se succèdent
et engendrent une mer terriblement violente. « On a eu jusquà
6 mètres de creux avec des crêtes hautes de 2 mètres
qui déferlent » précise Riou. Et cette situation devrait
durer encore au moins 24 heures pour les premiers. Malgré les conditions,
la course continue et Roland Jourdain reste la principale menace pour
le solide leader Michel
Desjoyeaux, en tête depuis 10 jours.
Escale en vue
Marc Guillemot (Safran)
devrait arriver demain matin dans lîle dAuckland (250
milles au sud de la Nouvelle-Zélande) pour réparer son rail
de mât endommagé depuis plus dune semaine. Il espère
ny rester que quelques heures, le temps de mouiller son bateau et
de monter dans son mât. Raphaël Dinelli
(Fondation Océan Vital) envisage lui aussi de faire escale, mais
plutôt vers Stewart Island, juste au sud de la Nouvelle-Zélande,
où Parlier avait réparé son mât en 2000. Outre
la drisse de grand-voile, Dinelli déplore également
la défaillance dun pilote automatique et des problèmes
dénergie. Il navigue actuellement sous trinquette seule,
grand-voile affalée, à 4300 milles derrière le premier.
Avec lAutrichien Norbert Sedlacek
(Nauticsport-Kapsch), ils nont pas encore franchi la longitude du
cap Leeuwin.
Premier bilan de Josse
La tête de course vit les pires heures de ce 6e Vendée Globe.
Chacun leur tour, les six skippers de tête relatent lenfer
des conditions quils rencontrent actuellement dans les Quarantièmes
Rugissants. Dans des grains à plus de 65 nuds, le pont balayé
par la neige ou la grêle, ils font le dos rond en espérant
ne pas casser. Malheureusement, Sébastien Josse a croisé
sur sa route une vague plus violente que les autres qui lui a envoyé
un sérieux uppercut. Mis au tapis, son monocoque a mis quelques
minutes avant de se relever. En pleine nuit australe, le skipper a préféré
réduire lallure pour attendre le lever du jour et compter
les bleus.
Aux premières lueurs, Jojo a dabord découvert le capharnaüm
à lintérieur de son bateau où tout a volé.
Plongée plusieurs minutes dans leau, la tête de mât
est ressortie sans les instruments de navigation. Lanémomètre
et plus embêtant la girouette ont disparu. A priori,
le skipper de BT ne peut donc plus utiliser son pilote en mode vent. Le
gouvernail aussi semble avoir souffert dans le chavirage mais, pour linstant,
les conditions sont encore trop violentes pour aller ausculter lappendice
de près. Le rouf est fissuré en trois endroits. Lune
de ces fissures court sur toute la longueur du rouf et laisse leau
sinfiltrer lentement à lintérieur du bateau.
Une cloison intérieure (jonction pont-rouf) est également
endommagée.
La course est donc sérieusement mise entre parenthèses pour
linstant. Si, daprès son équipe à terre,
les dégâts structurels ne semblent pas remettre en cause
la sécurité du marin, la bagarre pour la première
place ne semble plus dactualité. Une nouvelle course commence
pour Sébastien Josse
Il y a quatre ans, le 26 décembre,
dans les mêmes parages quaujourdhui, Jojo se lançait
déjà dans une nouvelle course. Trois jours après
avoir heurté un growler (le 23 décembre 2004 donc), il terminait
les réparations de son étrave et repartait en course. Aujourdhui,
lhistoire se répète malheureusement un peu. Josse
doit surmonter un nouveau coup dur et espérer profondément
que les dégâts ne se révèlent pas plus importants
dans les prochaines heures
jeudi 25 décembre 2008 :
Un traîneau de dépression
Ce jour de Noël nest pas très festif pour les dix-huit
solitaires du Vendée Globe qui naviguent presque tous dans une
succession de dépressions très creuses et violentes. La
situation la plus complexe est à lactif des quatre premiers
qui ont dû et doivent encore ce matin, négocier des vents
contraires de Nord pour aller chercher la porte néo-zélandaise
Santa Klaus avait dans sa hotte des paquets cadeaux plutôt explosifs
! Surtout pour le leader Michel
Desjoyeaux (Foncia) qui a dû naviguer
cette nuit au près contre des vents de plus de trente nuds
avec rafales, au point de longer à 120 milles dans son Sud, la
porte de Nouvelle-Zélande. Le problème, cest que le
solitaire doit absolument gagner dans le Nord-Est pour respecter cette
marque de parcours située par 48° Sud
Heureusement le
puissant vent de Nord était en train ce jeudi matin, de basculer
au Nord-Ouest ce qui va permettre au vainqueur 2000 dincurver sa
route pour remonter, mais toujours au près dans une mer très
chaotique. Michel Desjoyeaux devrait donc perdre du terrain ces
prochaines heures en passant à lextrémité Est
de la porte. Comme le centre de cette dépression orageuse passe
sur lui, ses poursuivants directs sont moins affectés par ses vents
contraires : Jean Le Cam (VM Matériaux)
va pouvoir allonger la foulée avec du vent de Sud-Ouest, mais devra
enchaîner les empannages, alors que Sébastien
Josse (BT) peut faire une route directe très rapide vers
cette porte. Mais cest probablement Roland Jourdain
(Veolia Environnement) qui va sen sortir le mieux au point de revenir
dans le tableau arrière du leader !
Du près aussi derrière !
À trois cents milles derrière, Vincent
Riou (PRB) qui a dépassé Armel
Le Cleac'h (Brit Air) dans la nuit, va aussi sensiblement
réduire son écart grâce à un bon flux de Sud-Ouest
: une belle journée qui sannonce. De même pour Jean-Pierre
Dick (Paprec-Virbac 2) qui va aligner les milles toute la journée
sur une mer devenue plus ordonnée et dans un flux de Sud-Ouest
bien régulier. Ce ne sera pas du tout les mêmes conditions
pour ses deux suiveurs : Samantha
Davies (Roxy) et Marc
Guillemot (Safran) sont en avant dune autre dépression
avec des vents de Nord à Nord-Est ! Pas les meilleures conditions
pour traverser la mer de Tasman
Et plus loin, le trio Arnaud Boissières
(Akéna Vérandas), Dee
Caffari (Aviva) et Brian
Thompson (Bahrain Team Pindar) subissent les assauts dun
front froid alors quils vont entrer dans locéan Pacifique,
au Sud de la Tasmanie. Et ce nest pas bon du tout pour tous les
autres qui sont encore dans locéan Indien : deux grosses
dépressions se succèdent avec des vents de 60 nuds
! Il faudra attendre le Pacifique pour espérer voir sarrêter
cette alternance de tempêtes qui durent 24 heures et daccalmies
qui noffrent un bref répit que de six heures
mercredi 24 décembre 2008 :
Le clan Campbell
Depuis quils ont débordé le plateau Campbell, les
six premiers ne se lâchent plus le kilt et à fond sur les
Highlands antipodiens, ils mènent la charge au son strident des
cornemuses éoliennes
Ca envoie du lourd dans une dépression
néo-zélandaise qui va avoir le mauvais goût de glisser
juste derrière (ou juste devant) les étraves des leaders
pour générer un gros flux de secteur Sud-Ouest ou un régime
puissant de Nord-Est
.
Ils sont passés à lOuest ! Les « révoltés
du Bounty » (petit îlot perdu aux antipodes par 48° Sud
et 179° Est), ont passé lantiméridien
Direction
la porte de Nouvelle-Zélande qui pourrait bien être fermée
pour cause de dépression orageuse sur le chemin. Une perturbation
qui peut créer un sacré remue ménage dans les eaux
pacifiques car de sa vitesse de déplacement, de sa trajectoire
réelle, va dépendre la direction du vent et létat
de la mer. Cette dernière risque fort dêtre plus quagitée
: bouillonnante ! Car à quelques dizaines de milles près,
le centre de la dépression va passer devant les étraves
ou derrière les tableaux arrières, du moins pour les deux
leaders, Michel
Desjoyeaux (Foncia) et Roland
Jourdain, (Veolia Environnement), voir même pour leurs deux
poursuivants, Sébastien Josse (BT)
et Jean Le Cam (VM Matériaux)
Et si la situation ne sera quéphémère, elle
pourrait provoquer un énorme rebondissement hiérarchique
car si les premiers doivent faire du près contre 40 nuds
de vent pendant que Armel Le Cleac'h
(Brit Air) et Vincent Riou (PRB) mettent le
propulseur à près de vingt nuds en route directe vers
la porte, il y aura du grand chambardement !
À quelques milles près
Lil de la dépression ne va de toute façon
pas passer loin, ce qui laisse augurer dune mer démontée
! Et même si cest du vent portant si les premiers sont «
chanceux », les vagues déferlantes et dépareillées
risquent fort dimposer un rythme nettement en dessous des valeurs
des polaires. Le but va être avant tout de ne pas casser
Jean-Pierre
Dick (Paprec-Virbac 2) a en revanche cravaché ces dernières
heures et il a bien fait : il a réussi à devancer lanticyclone
descendu dAustralie et devrait ainsi échapper aux tentacules
des calmes antipodiens ! Cest probablement lui qui va grappiller
le plus de milles ces prochaines heures
Car pour le peloton dispersé
de la Tasmanie, où naviguent Samantha
Davies (Roxy) et Marc
Guillemot (Safran), jusquau cap Leeuwin où
Steve White (Toe in the water) ouvre la voie
au trio anglo saxon (Malbon,
Wilson, Hatfield),
ça cartonne sévère !
Le couple qui fait son entrée dans locéan Pacifique
ce mercredi va devoir affronter une dépression très creuse
et très rapide qui génère des vents de Nord à
Nord-Est violents, et donc une mer par le travers qui va imposer une sérieuse
réduction de voilure
Pour le triumvirat au Sud de lAustralie,
Brian Thompson (Bahrain
Team Pindar) a pu valider la solidité de sa consolidation structurelle
à lavant de son bateau : ce mercredi matin, il a vu passer
au-dessus de lui le centre dune dépression qui la profondément
marqué, tout comme Dee
Caffari (Aviva) qui a repris lascendant sur Arnaud
Boissières (Akéna Vérandas) dans la nuit.
Enfin, les deux derniers Raphaël Dinelli
(Fondation Océan Vital) et Norbert
Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) ne sont pas sortis de lauberge
: une dépression très étendue les cueille au large
des Kerguelen avec des vents de plus de 40 nuds annoncés
Écarts à lantiméridien
Les quatre premiers solitaires ont passé la ligne virtuelle
de changement de longitude Est-Ouest dans la nuit : Michel Desjoyeaux
a été le premier après 43 jours 23 heures et trente-trois
minutes depuis le coup de canon du départ des Sables dOlonne
le 9 novembre. Il a laissé Roland Jourdain à 3h 55
derrière qui a donc perdu plus de deux heures sur la tranche de
parcours entre le cap Leeuwin et lantiméridien. Sébastien
Josse a quant à lui concédé plus de sept heures
sur cette même tranche et Jean Le Cam environ quatre heures
et demie
mardi 23 décembre 2008 :
Lantiméridien, cure de jouvence
?
Quand Phileas Fogg, le héros du roman de Jules Verne, décida
de faire le tour du monde en 80 jours, il ne savait pas que lheureux
épilogue se serait joué quelque part à la longitude
des antipodes. Le fameux antiméridien venait de lui sauver la mise,
lui qui était persuadé de rentrer dans les locaux de son
club londonien avec une journée de retard sur son plan de marche.
En faisant un tour du monde dOuest en Est, il avait en fait gagné
une journée par rapport à son horloge personnelle.
La nécessité dimposer lantiméridien date
de la constatation dune évidence. Quand Magellan entreprit
sa première circumnavigation, le navigateur, en bon capitaine,
consigna chaque jour ses observations. Aussi quand léquipage
rentra en Espagne, leur surprise fut grande de constater quils possédaient
un jour de décalage avec leurs compatriotes restés au pays.
En faisant le tour du monde dEst en Ouest et en vivant aux heures
locales, ils avaient en réalité navigué un jour de
moins que ceux qui étaient comptabilisés
Le problème,
bien que parfaitement compréhensible au vu des connaissances de
lépoque, nen provoqua pas moins des débats sophistiqués
au point denvoyer une délégation de lexpédition
se justifier auprès du Pape. Aujourdhui, aucun des navigateurs
du Vendée Globe naura besoin de lonction du chef de
lEglise catholique romane pour pouvoir justifier de son temps de
navigation. La référence du temps de parcours est, une bonne
fois pour toutes, ancrée en terre de Vendée, qui sait faire
la part du bon sens et des élucubrations.
Il reste que pour résoudre cette quadrature du cercle, il a bien
fallu adopter un méridien de ligne de changement de date. Si Greenwich
constituait le temps de référence universel, il fallait
donc que le méridien 180°E ou 180°W, devienne la ligne
imaginaire de changement de date. En quelques heures nos navigateurs qui
vont arriver le 23 décembre vont devoir, une fois passé,
le fameux méridien accepter de revenir au 22 décembre pour
ensuite laisser filer le cours du temps. Le phénomène na
au fond guère dimportance si ce nest par sa brutalité
: imaginons maintenant que notre navigateur arrive dans les parages le
jour de Noël, il devra, dès la ligne du changement de date
passée, remballer tous ses cadeaux et attendre 24 heures avant
de découvrir ce que le Père Noël a amené dans
sa hotte. A moins despérer dêtre servi deux fois,
mais lantiméridien nest pas encore magicien.
Un jour de plus ou un jour de moins ?
Dans la pratique, les conséquences de ce dispositif ne se font
sentir que pour les voyageurs qui franchissent cette ligne imaginaire.
Pour ceux qui résident dans les parages, les géographes
nont pas hésité à distordre lantiméridien
et prendre quelques libertés avec la rigueur de la ligne droite
: le méridien 180° laisse ainsi Nouvelle-Zélande et
îles Fidji à lOuest quand il fait basculer les îles
aléoutiennes dépendant des Etats Unis dans son Est. On imagine
sinon la vie dun habitant de lantiméridien qui pourrait
au gré de ses allées venues entre son domicile et son travail
changer de journée plusieurs fois par vingt-quatre heures. De quoi
rendre schizophrène la plus rigoureuse et la plus solide des personnalités.
Cest cette situation absurde quavait dailleurs mis en
scène Umberto Eco dans son roman, lîle du jour davant.
Petit élément de polémique : le record à battre
de cette épreuve détenu en 2004 par Vincent Riou sur PRB
de 87 jours 10 heures et 47 minutes est-il vraiment réel ? En reculant
dun jour lors de son passage de lantiméridien, le vainqueur
du Vendée Globe 2004-2005 naurait-il pas navigué en
88 jours sans que nous nen sachions rien ?
lundi 22 décembre 2008 :
Le train soufflera trois fois
Un train de trois dépressions successives va cueillir la flotte
des solitaires du Vendée Globe qui, à lexception du
trio composé de Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec
2), Marc Guillemot (Safran)
et Sam Davies
(Roxy) vont tous affronter des conditions pour le moins rugueuses. Vents
moyens de 40 nuds voire plus, rafales à plus de 50. Aux portes
du Pacifique, les conditions de vent comme de mer devraient rappeler que
le chemin des mers du sud est toujours aussi chaotique.
Gros dos et clairvoyance : tel devrait être le mot dordre
à lentame de cette nouvelle journée. La queue de flotte
qui navigue entre larchipel des Kerguelen et le Cap Leeuwin subit
déjà des vents forts à très forts. Le milieu
de peloton qui a dépassé la première porte australienne
sapprête à subir les foudres dun deuxième
centre dépressionnaire qui sest formé depuis la pointe
de lAustralie, quand la tête de flotte de Vincent
Riou (PRB) à Michel
Desjoyeaux (Foncia) va devoir négocier
le passage dun petit centre dépressionnaire à caractère
orageux
Pour les deux premières, le schéma classique devrait être
respecté : orientation progressive des vents au nord-ouest avec
baisse du plafond et renforcement progressif des vents
La mer grossit
peu à peu et le bateau est entraîné dans des surfs
de moins en moins gérables. Tout lart consiste à trouver
la juste mesure entre bonne gestion du matériel, nécessité
de conserver une vitesse minimale et sens de lanticipation. Une
prise de ris à bon escient fatigue moins le matériel et
les hommes quune manuvre effectuée quelques dizaines
de minutes trop tard qui peut vite de se transformer en galère.
Casse-tête néo-zélandais
Pour la tête de flotte, la situation est un peu plus complexe. La
position très nord de la dépression inciterait les concurrents
à venir se positionner très au nord de la route pour être
certain de bénéficier de vents portants. Un bateau qui serait
positionné dans le sud du centre de la dépression se retrouverait
confronté à des régimes de vents dest à
nord-est. Autant dire que faire du près dans quarante nuds
de vent nenthousiasme personne. Mais dans un premier temps, le salut
tactique passe par le sud : des vents faibles à lamont de
cette dépression et la logique de lorthodromie poussent les
concurrents à plonger vers des latitudes plus méridionales.
En dautres termes, il va falloir trouver jusquoù il
est possible de savoir aller trop loin
Yann Eliès à bon port
A 4h10 ce matin, la frégate HMAS Arunta, est
arrivée au Port de Fremantle à Perth. Yann
Eliès, récupéré par la marine
australienne samedi dernier à 10h30, a été accueilli
par son équipe, Philippe Laot et Jean-Baptiste Epron dépêchés
sur place et Benoît Gilles représentant le Groupe Generali.
Le skipper, affaibli mais heureux de voir des visages connus, a été
transféré directement au Royal Perth Hospital.
dimanche 21 décembre 2008 :
Se méfier de leau qui dort
Après une journée du 20 décembre riche en émotions,
le cours des choses redevient plus tranquille
Les premiers de la
classe continuent leur partie de yoyo, Sam
Davies (Roxy) sest trouvé un nouveau compagnon
de route en la personne de Marc Guillemot
(Safran), la queue de flotte continue son bonhomme de chemin quand les
éclopés de lIndien voient se profiler le bout du tunnel.
Mais la vigilance reste de mise.
Pause bienvenue sur la route Pacifique. La flotte continue de glisser
à une allure correcte vers le sud de la Nouvelle-Zélande
pour les six premiers, vers le méridien 147°E qui marque la
fin de lIndien pour les autres. Après des heures intenses,
les esprits comme les corps ont besoin de retrouver des habitudes, de
sancrer à nouveau dans une sorte de routine
Dans la
journée, la tête de flotte atteindra la moitié du
parcours : loccasion pour chacun de mesurer ce qui a été
accompli et ce quil reste à faire.
A lavant, les quatre continuent de se tenir dans un mouchoir de
poche à léchelle de la planète : si Michel
Desjoyeaux (Foncia) mène toujours
la danse, cest Jean Le Cam (VM Matériaux)
qui sest révélé le plus rapide sur les dernières
vingt-quatre heures, reprenant près de 50 milles au leader de la
course
Sur une route un peu plus sud que ses trois compagnons déchappée,
Jean a réussi à maintenir une cadence plus élevée
démontrant toujours sa propension à choisir des trajectoires
atypiques mais souvent diablement efficaces. Visiblement entre voisins
de palier, ce nest pas encore lheure des étrennes et
derrière le statu quo, chacun est prêt à lancer son
coup de griffe si loccasion se présente.
Tapis dans lombre
Plus à larrière, personne na encore abdiqué.
DArmel Le Cleac'h
(Brit Air) à Marc Guillemot (Safran) en passant par Vincent
Riou (PRB) chacun attend lopportunité de passer à
lattaque à la faveur dun regroupement météo,
voire de petits pépins techniques pour les premiers. Tous lont
dit : il sest créé une véritable fracture au
sein de la flotte entre ceux qui ont embrayé dans le sillage du
rythme imposé par Michel Desjoyeaux et ceux qui pensent
que la route est encore longue et que le matériel a de la mémoire
Après le Cap Horn, il reste encore un tiers de la route à
parcourir pour rallier les Sables dOlonne et ils sont plusieurs
à penser quun voilier en parfait état de marche peut
faire la différence le long dune remontée de lAtlantique
Sud qui, si elle se déroule aux allures de près, risque
de solliciter encore sérieusement le matériel. Ceux-là
ne sont pas encore sortis du bois mais ils sauront prendre leur chance
si elle se présente.
Coup de vent à l'horizon
A larrière de la flotte, Raphaël
Dinelli (Fondation Océan Vital), Norbert
Sedlacek (Nauticsport Kapsch) et dans une moindre mesure
Derek Hatfield (Algimouss Spirit of Canada)
ont aussi de bonnes raisons de se méfier. Une profonde dépression
se creuse actuellement dans louest de larchipel des Kerguelen,
générant des vents puissants de force 9 à 10 et une
mer particulièrement difficile à négocier. Sa trajectoire
estimée interdit la route du sud aux navigateurs de larrière-garde
et les inciterait même à mettre un peu de nord dans leur
trajectoire. Pour lheure tout est calme, mais les promesses de lOcéan
Indien nengagent le plus souvent que ceux qui veulent bien y croire.
Les éclopés de la flotte en savent quelque chose qui, contre
mauvaise fortune, tentent de faire bonne figure. Dominique
Wavre (Temenos 2) a fait la jonction avec Loïck
Peyron (Gitana Eighty) : à deux, les revers de médaille
sont parfois plus faciles à supporter. Mike
Golding (Ecover) devrait être ravitaillé en gazole
par le HMAS Arunta qui devient la providence des navigateurs du Vendée
Globe. Quant à Yann Eliès,
il recouvre petit à petit des forces et du moral. Il devrait être
opéré à Perth à son arrivée, mais une
chose est sûre : le navigateur briochin est entre de bonnes mains.
samedi 20 décembre 2008 :
Yann Eliès : les secours sont à bord
de Generali
Vers 10h française (TU+1) ce samedi matin, la frégate HMAS
Arunta de la Marine Australienne est arrivée sur la zone (voir
photo) où se trouve Generali. Joint lors dun point presse
qui sest tenu ce matin à 10h30 au PC Course du Vendée
Globe, Marc Guillemot aux côtés
et en communication avec Yann depuis jeudi soir, relatait les faits.
Marc Guillemot : « Actuellement la Frégate est
sur zone et un Zodiac avec 5 membres d'équipage a été
mis à l'eau. Cela n'a pas été simple car il y a de
la mer sur zone. Le semi-rigide tourne autour du bateau Generali. Ils
sont à 10 mètres du bateau de Yann. ça y est, deux
personnes viennent de monter à bord. Il y a donc 2 personnes à
bord et 3 autres qui sont restés dans le semi-rigide. Un médecin
vient de monter sur Generali, la vedette continue de tourner autour du
bateau. Vous devez imaginer la joie et le soulagement de Yann dans ce
moment. c'est un grand moment.... C'est pas une nouveauté de constater
que la marine australienne est un concentré de compétences.
»
Erwan Steff : " C'est un gros soulagement de savoir la
marine australienne à bord de Generali. je pense aussi à
Sam Davies
qui fait tout ce qu'elle peut pour arriver au plus vite près de
son copain. Yann a prévenu son équipe qu'il parlera d'abord
à sa famille dès qu'il sera en mesure de le faire. Nous
avons suivi Yann cette nuit en l'appelant tous les 2 heures, il a pu dormir
et s'alimenter un peu. Nous attendons la suite des opérations."
Jean-Yves Chauve, médecin de la course : "Grâce
au fait qu'il a pu prendre des médicaments cette nuit, il a pu
dormir. On a décidé de réduire le dosage pour qu'il
soit plus opérationnel lors des sauvetages. Il commence à
voir son calvaire se terminer. Les 48h ont été très
difficiles et je garderai longtemps en mémoire le premier appel
de Yann en détresse qui a été très dur à
entendre et à vivre car on ne pouvait répondre à
la demande d'aide du skipper qui ne pouvait arriver à atteindre
ses médicament. J'ai pu parler plusieurs fois avec le médecin
australien, la solidarité médicale et des gens de mers a
très bien fonctionné. La suite des opérations et
l'examen direct va nous permettre se savoir si le premier diagnostic sur
la fracture de Yann est la bonne. Yann va maintenant être très
entouré et on va pouvoir s'occuper de sa jambe dès qu'il
sera à bord de la frégate. Il y a tous les moyens à
bord de cette Frégate et nous saurons dans quelques temps le type
d'intervention médicale ou chirurgicale qui sera mise en oeuvre
à bord".
Les conditions météo sur place sont relativement bonnes
pour procéder au débarquement du navigateur : le mer est
encore formée, mais le vent a molli autour de 15 nuds. Comme
nous lavion indiqué ce matin, le skipper de Generali doit
être débarqué sur une civière, puis transféré
dans un semi-rigide avant dêtre reçu à bord
du bateau australien qui dispose d'un bloc opératoire où
il recevra les soins médicaux adéquats.
Samantha Davies
qui a été ralentie dans sa progression, ne devrait rejoindre
la position de Yann que vers 14h00, alors que les secours seront déjà
en cours. Mais pas question pour la navigatrice de reprendre sa route
en course avant de sêtre assurée que Yann a été
évacué et se trouve entre de bonnes mains.
Fin du calvaire pour Eliès, début
du Pacifique pour les autres
Happy end pour Yann Eliès
efficacement secouru ce matin à 10h30 par la Marine australienne.
Le skipper blessé est désormais à bord de la frégate
Arunta, en route pour Perth. Côté course, Michel
Desjoyeaux (Foncia) peut fêter son
5e jour en tête et son entrée dans locéan Pacifique
en compagnie de ses fidèles poursuivants Roland
Jourdain, Sébastien Josse et
Jean Le Cam.
Happy end
Dans les annales du Vendée Globe 2008-2009, ce 41e jour de course
restera gravé à jamais comme celui du soulagement et de
lémotion partagés par toute la communauté de
la course au large, marins, équipes à terre et organisateurs.
Le témoignage émouvant de Marc Guillemot, commentant
en direct larrivée des secours et lévacuation
de Yann Eliès, parle de lui-même : « je ne
sais pas si jai rêvé mais jai vu des dizaines
de dauphins se mêler à la fête quand le bateau australien
est arrivé. Parce que cest une fête aujourdhui,
un grand jour, un Noël avant lheure. Je suis hyper ému.
Sur cette course, nous sommes devenus des boules de sensibilité
et il arrive quon craque un peu ». « Cest une
histoire normale, une simple histoire dhommes » (voir
photo) poursuivait le skipper de Safran. Pourtant, lescorte
sensible de « Marco » qui a accompagné Yann dans son
calvaire de 48 heures aura été déterminante. Celle
de Samantha Davies qui a fait son possible pour arriver à
temps sur zone en vain- également. Au sein de la flotte,
tous les concurrents ont retenu leur souffle en attendant les bonnes nouvelles
de ce matin.
Les sauveteurs australiens rapides et efficaces
A 10h00 (TU+1) ce samedi, la frégate Arunta, armée par cent
hommes déquipage, est arrivée sur la position de Generali.
Les opérations menées par la marine australienne sous les
ordres du commandant Stephen Bowater ont été un modèle
de professionnalisme et defficacité. En moins dune
heure, après avoir été embarqué sur une civière
dans un semi-rigide, Yann était à bord du navire, confié
aux soins dun médecin urgentiste du « Royal Flying
Doctor Service ». Daprès les informations livrées
par le Commandant Bowater, Yann souffre bien dune fracture du fémur
mais aussi de côtes fêlées. Il était cet après-midi
en cours dexamen médical.
Quant au bateau lui-même, il devrait être récupéré
dans les jours prochains par léquipe de Generali. Philippe
Laot et Jean Baptiste Epron ont été dépêchés
sur place pour mener les opérations de récupération.
Actuellement, le 60 pieds Generali dérive lentement vers le nord,
à 700 milles au sud des côtes australiennes. Sa configuration
de voilure a été conservée (grand-voile 3 ris et
trinquette) et il est équipé de deux balises qui indiquent
en permanence sa position.
Les anges gardiens reprennent leurs ailes à 1300 milles de Foncia
Marc Guillemot, coiffé dun bonnet offert par la Marine
australienne, peut dès lors retirer ses ailes dange gardien
et retrouver, comme Sam Davies, celles du compétiteur reprenant
le fil de sa circumnavigation.
Loin devant, dans le sud-est de la Tasmanie, la course est menée
tambour battant depuis le 16 décembre par Michel Desjoyeaux.
Depuis 5 jours, le skipper de Foncia impose un rythme quil est le
seul à tenir. Roland Jourdain, accroché dans son
sillage le reconnaissait volontiers : « Mich va toujours plus
vite et ce nest pas étonnant venant de lui ». La
nuit dernière, les deux marins quittaient lOcéan Indien,
reléguant leurs poursuivants les plus proches entre 150 et 400
milles derrière. Aujourdhui, ils étaient suivis par
Sébastien Josse et Jean Le Cam, entrés à leur
tour dans le Pacifique.
Même sil est prématuré de parler de «
décrochage » alors que la flotte nest pas tout à
fait à la mi-parcours, le fameux top 10 qui a longtemps animé
la régate a explosé sous la pression conjointe du rythme
de course, des soucis techniques, des chutes de moral et des coups de
fatigue.
Jean-Pierre Dick en sait quelque chose, lui
qui a perdu énormément de terrain pour réparer son
safran tribord. Ce faisant, le Niçois signe un véritable
exploit en matière de bricole, fait darme salué par
plusieurs de ses adversaires. Toutefois, fatigue et inquiétude
quant à la fiabilité de sa réparation transperçaient
dans la voix du marin à la vacation du jour.
Côté performance, Sébastien Josse (BT), Jean
Le Cam (VM Matériaux), Armel
Le Cleac'h (Brit Air) et Vincent Riou
(PRB) ont eu aujourdhui une petite opportunité à saisir
: profiter de la dépression qui les propulsait vers lest
pour combler leur retard sur une tête de course provisoirement ralentie
dans une dorsale. Jean le Cam, notamment, na pas hésité
à mettre du charbon. Au pointage de 16h00, VM Matériaux
glissait à plus de 19 nuds en direction de la prochaine porte
Néo-zélandaise.
vendredi 19 décembre 2008 :
Tant quil y aura des hommes
La vie continue : alors que la tête de flotte nest plus
quà 250 milles de la frontière du Pacifique, Marc
Guillemot (Safran) continue son travail de soutien psychologique
(voir photo) de Yann
Eliès (Generali) quand Sam
Davies (Roxy) cravache pour rejoindre les deux navigateurs.
En tête, le quatuor se délite petit à petit pour un
double pas de deux. Michel
Desjoyeaux (Foncia) et Roland
Jourdain (Veolia Environnement) jouent au chat et à la
souris quand Sébastien Josse (BT) et
Jean Le Cam (VM Matériaux) ont du
concéder des milles aux deux leaders. A larrière de
la flotte, tout le monde goûte un répit bienvenu.
La faculté de lêtre humain à reprendre pied
est phénoménale
En ce 40ème jour de course,
alors que Yann Elies sous leffet du soutien psychologique
et de la présence de Marc Guillemot a retrouvé une
certaine sérénité, les navigateurs du Vendée
Globe continuent leur course. Non quils se désintéressent
du sort de Yann, mais parce quils savent bien que leur pote
de Generali naurait pas compris quil en soit autrement. La
solidarité des gens de mer se démontre minute par minute
: la frégate australienne lancée à pleine vitesse
avec les sauveteurs à son bord devrait arriver sur zone un peu
plus tôt que prévu ; Marc Guillemot et Sam Davies
sont décidés à tout faire pour entretenir le moral
de leur pote. Ce matin, Marc a tenté de lancer à
travers la porte de la cabine une bouteille deau sur laquelle étaient
scotchés des médicaments et plus anecdotique, une boite
de pâté Hénaff. Le pâté Hénaff
fait partie de la symbolique des navigateurs bretons : son goût
inimitable est en quelque sorte la madeleine de Proust des coureurs au
large.
Côté course, Michel Desjoyeaux et Roland Jourdain
impriment une cadence toujours aussi soutenue. Ils ont creusé un
écart, qui sil na pas de caractère irrémédiable,
nen est pas moins significatif. Derrière lineffable
Desjoyeaux, Roland Jourdain mène une course toute
en sagesse et discrétion. Le Quimpérois, toujours aux avant-postes,
sest glissé progressivement dans le groupe de tête
jusquà se retrouver à quelques milles à peine
de son voisin de Port-la-Forêt. On aura sûrement encore l'occasion
de reparler de la jolie prose de Monsieur Jourdain.
Pour le reste, quil sagisse des messages des navigateurs toujours
engagés dans la course, du travail fantastique des opérations
de sauvetage, de la solidarité sans retenue de Sam et Marc ou des
messages des Internautes tous ne peuvent enlever dun coin de leur
tête que si la casse matérielle fait partie de la course,
la blessure ou le risque humain reste toujours aussi insupportable.
jeudi 18 décembre 2008 :
Yann Eliès se blesse gravement
Ce jeudi matin, alors quil manoeuvrait à lavant
de son bateau, Yann Eliès
sest fracturé le fémur. En attendant dêtre
évacué de son bateau, Marc
Guillemot sest dérouté à la
demande de la direction de course afin de porter une assistance psychologique
à Yann. Safran nétait alors quà une centaine
de milles de Generali.
Ce jeudi matin 18 décembre, sur les coups de 10 heures, Yann
Eliès, engagé dans le 6è Vendée Globe,
manoeuvrait à lavant. En appui sur le balcon avant, alors
quil préparait une voile, Generali, son voilier, sest
brutalement arrêté dans une vague. Le solitaire a ressenti
une douleur très vive. Il sest écroulé sur
la plage avant et a dû ramper pour rejoindre lintérieur
de son bateau et contacter son équipe. Daprès le premier
diagnostic du docteur Jean- Yves Chauve, le médecin de la course,
Yann souffre dune fracture du fémur.Le monocoque Generali,
que son skipper a mis à la cape, se situe à 800 milles dans
le sud de lAustralie dans locéan Indien. Les secours
australiens ont été aussitôt alertés, ils étudient
les meilleures solutions à apporter pour évacuer Yann au
plus vite.
mercredi 17 décembre 2008 :
La locomotive Foncia
Emmenés par Michel
Desjoyeaux, Roland Jourdain,
Sébastien Josse et Jean
Le Cam ont franchi cette nuit la longitude du cap Leeuwin, deuxième
des trois grands caps de ce Vendée Globe. En maintenant une cadence
élevée, ce quatuor bénéficie désormais
de plus de 200 milles davance sur leurs proches poursuivants.
Desjoyeaux léclaireur
On se demandait si une fois en tête, Michel Desjoyeaux (Foncia)
retrouverait la pédale de frein. Que nenni ! Le nouveau leader
assume pleinement son rôle de locomotive et séchine
à faire marcher toujours un peu plus vite que ses congénères.
Le consensus que Roland Jourdain (Veolia Environnement) appelait
hier de ses vux nest donc pas pour demain. Cest pourtant
à force de vitesse que ce nouveau carré das a fait
exploser le peloton. Désormais, il y a plus de 200 milles détendues
liquides entre Jean Le Cam (VM Matériaux) et Armel
Le Cleac'h (Brit Air). Ce dernier endosse de fait le statut
de guide du premier groupe de chasseurs composé de Vincent
Riou (PRB), Marc Guillemot
(Safran) et Yann Eliès
(Generali).
Quant à Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac
2), il ne joue plus le même jeu depuis 48 heures : il fait cap au
Nord-Est, à 90 degrés de la route, dans lespoir de
réparer son safran tribord, un exercice délicat quil
ne manquait pas de qualifier de « réparation à la
Parlier ». Pas de « réparation à la Parlier
» en revanche pour Mike Golding (Ecover
3) qui a perdu son mât hier à 7h47 (heure française)
et cherche à gagner un abri. David Adams, le consultant sécurité
du Vendée Globe basé en Australie, a prévenu les
autorités de Freemantle et de Hobart (en Tasmanie), mais ce matin,
on ne savait toujours pas vers quel port comptait se diriger le marin
britannique.
Excepté Jean Pierre Dick, les neuf premiers plongent vers
le Sud-Est dans un vent dOuest de 25 nuds, en direction de
la deuxième porte de sécurité australienne. La course
de vitesse continue dans un océan Indien mal pavé.
A chacun son Indien
Ce mercredi matin, les 19 concurrents encore en course sétirent
en un long chapelet de 3200 milles. Les lanternes rouges Raphaël
Dinelli (Fondation Océan Vital) et Norbert
Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) ont laissé la porte
des Kerguelen dans leur sillage ; le Canadien Derek
Hatfield (Algimouss-Spirit of Canada), un peu esseulé,
navigue au Nord des îles Crozet ; Rich Wilson
(Great American III) et Jonny Malbon
(Artemis) pointent vers larchipel des Kerguelen que Steve
White (Toe in the water) a contourné par le Nord ; Arnaud
Boissières (Akena Vérandas) et Dee
Caffari (Aviva) poursuivent leur route en tandem à
21 milles lun de lautre, tout comme Samantha
Davies (Roxy) et Brian
Thompson (Bahrain Team Pindar) qui visent la première
porte australienne. De Desjoyeaux à Sedlacek, les objectifs, les
motivations et les conditions météo varient
à
chacun son Indien.
Excès de vitesse
Du Cap de Bonne espérance au Cap Leeuwin, ils ont affolé
les compteurs. Au prix de quelques belles frayeurs, ils ont aligné
des moyennes impressionnantes. Certains dentre eux estimant même
parfois quon allait au-delà de ce que la raison demande
En quelques chiffres lévolution des vitesses en quelques
éditions.
Le meilleur temps depuis le départ jusquà la longitude
de la pointe ouest de lAustralie est toujours détenu par
Vincent Riou (PRB) en 36j11h48mn puisque Michel Desjoyeaux
(Foncia) aura coupé la même ligne en 37j07h23mn.
Par rapport à 2004, la flotte accuse toujours un retard de 19h35mn
sur le record absolu de lépreuve. Mais les navigateurs ont
dores et déjà comblé leur déficit de
45h45mn.
On le voit bien, les temps de référence montrent une première
chose : de la pointe sud de lAfrique à lAustralie les
navigateurs ont poussé les feux de leurs machines. LOcéan
Indien a permis à la flotte de combler une partie de son retard
Si lobjectif des 80 jours semble maintenant hors de portée,
il serait étonnant que le record de 2004 se maintienne solidement
sur son socle
mardi 16 décembre 2008 :
La bande des quatre
Ils en sont à plus de 37 jours de course et ils sont quatre
à se tenir dans un mouchoir de poche à léchelle
dun tour du monde. En chef de meute, Michel
Desjoyeaux (Foncia) endosse à nouveau
le costume de patron quil connaît si bien ; à ses trousses
un trio quil connaît parfaitement en les personnes de Sébastien
Josse (BT), Roland Jourdain (Veolia
Environnement) et Jean Le Cam (VM Matériaux).
Et la grande question est de savoir le tempo quils vont adopter
Quatre gros bras ont pris les commandes aux avant-postes du Vendée
Globe. Quatre marins dexception aux tempéraments affirmés
qui ont tous de bonnes raisons de vouloir gagner ce tour du monde.
A tout seigneur tout honneur, Michel Desjoyeaux qui depuis ce matin
a pris la tête de la course : parti avec une quarantaine dheures
de retard sur le reste de la flotte le vainqueur du Vendée Globe
2000-2001 sest retrouvé dans une situation inédite
pour lui, celle de loutsider. Témoignant dune faculté
dadaptation phénoménale, Michel a navigué libéré
plaçant le curseur de la marche de son bateau à un niveau
nettement plus élevé que le reste de la flotte. Une navigation
parfaite conjuguée à une situation météorologique
plutôt favorable aux poursuivants lui ont permis de dévorer
les milles de retard jusquà reprendre la tête de flotte.
Michel nous avait habitués depuis le début de ce Vendée
Globe à des aphorismes multiples, à nous faire partager
son bonheur de vivre en mer
Conservera-t-il cette même capacité
à sépancher alors quil vient de reprendre les
commandes ? Rien nest moins sûr. Le goût de la gagne
est souvent propre à faire taire les états dâme.
Un contre tous, tous contre un
Ce pourrait être la devise de chaque membre de quatuor inédit.
Sébastien Josse a déjà bien intégré
cette notion. Le benjamin de lédition 2000-2001 est revenu
sur cette course, moins disert, mais aussi plus mûr et incroyablement
serein. Jojo, sil na rien perdu de ses qualités humaines,
nen a pas moins appris quil existe une part de psychologie
indispensable pour accéder au sommet et que parfois il vaut mieux
ne pas trop dévoiler ses intentions. Gérant sa course avec
une parfaite maîtrise, il déclare pourtant refuser de tirer
sur son bateau et garder ses forces pour la grande bagarre finale.
Roland Jourdain est aussi trop avisé du grand jeu de la
course au large pour tout dévoiler de ses batteries. Il nest
pas de meilleur moyen de ne pas trop focaliser lattention sur sa
stratégie que de savoir rester dans lombre. Entre les petits
moments de vie à bord, ses élevages de grillon, Roland veille
constamment à ne pas trop en dire tout en restant fidèle
à lui-même. Un exercice de haute voltige où le navigateur
quimpérois excelle.
Jean Le Cam enfin, a acquis cet art de détourner les questions
indiscrètes par des pirouettes dont lui seul a le secret. Capable
de répéter à lenvi que le rythme de cette course
est déraisonnable, il sait aussi hausser le ton quand il le faut
pour marquer son territoire et montrer quil faudra compter sur lui.
Même sil lui faut parfois se faire violence pour maintenir
le cap, il sait toujours trouver les moments opportuns pour revenir dans
la partie.
Ces quatre-là se connaissent trop bien pour attendre un cadeau
quelconque les uns des autres. Mais ils savent aussi saisir toutes les
opportunités pour enfoncer le clou vis-à-vis de la concurrence.
Leur trajectoire de la nuit dernière est un modèle décole.
Flirtant tous avec le record de vitesses des vingt-quatre heures, ils
sont su garder, par delà la fatigue, la lucidité nécessaire
pour pousser les feux de leur machine. Et créer ainsi un écart
de plus de 200 milles sur leurs poursuivants. Deux bateaux construits
spécialement pour le Vendée Globe sont ainsi à la
lutte avec deux bateaux de 2004, très largement optimisés
par leurs skippers. Visiblement, dans cette bataille, au-delà des
petits handicaps qui ont pu affecter les uns et les autres, il semble
bien que ce soit la capacité des navigateurs à puiser dans
leurs ressources qui fait la différence. Quoi détonnant
que dans ces conditions, le poker menteur redevienne un jeu fort à
la mode.
Golding démâte, Dejeanty se déroute
Ce matin, à 06h47 GMT, la direction de course a été
prévenue par léquipe dEcover que le bateau de
Mike Golding venait de démâter.
Le marin britannique est sain et sauf, il fait route vers lAustralie,
à plus de 1000 milles dans son nord-est. Par ailleurs, Jean-Baptiste
Dejeanty (Maisonneuve) a fait part à la direction de course
de sa décision de rallier lAfrique du Sud.
lundi 15 décembre 2008 :
Les malheurs de Stamm, les gros tracas de Dick
Cheminées Poujoulat déséchoué aux Kerguelen,
safran tribord HS pour Paprec-Virbac 2, étai cassé pour
PRB : lIndien se montre impitoyable avec les concurrents du Vendée
Globe qui connaissent ces derniers jours leurs lots de petits soucis et
gros tracas. Les dépressions senchaînent et toutes
les 12 heures, un nouveau coup de vent sabat sur la flotte. Dur
pour le matériel, peut-être plus que pour les hommes.
Cheminées Poujoulat bientôt sauvé des eaux ?
Le cauchemar de Bernard Stamm a trouvé ce matin une
issue heureuse. Son bateau a pu être déséchoué
(voir photos) au terme dune
opération extrêmement délicate qui a mobilisé
les équipes du TAAF, dont un camion et des plongeurs. Le marin
suisse était arrivé dimanche soir à Port-aux-Français
(Kerguelen) pour y trouver refuge après avoir constaté une
avarie de safran. Mais avec des rafales à 50 nuds dans la
baie, impossible de stopper le bateau et daccrocher le mouillage
qui lui avait été préparé, et ce malgré
laide des hommes du TAAF et de Dominique Wavre, présent
à bord. Cheminées Poujoulat sest trouvé drossé
à la côte, couché sur le flanc bâbord. Comme
le relatait Frédéric Martineau, chef du district des Kerguelen
joint à la vacation du jour, les deux marins ont du gonfler le
bib (canot de sauvetage du 60 pieds) pour évacuer le bateau. Et
ce nest que ce matin à marée haute que lopération
de déséchouage a pu avoir lieu
avec succès.
Mais le plan Farr souffre dune importante voie deau à
larrière. Désormais, Bernard Stamm a entamé
une course contre la montre pour charger son 60 pieds à bord du
Marion Dufresne (bateau de ravitaillement des TAFF), et tenter de rejoindre
la Réunion pour entreprendre des réparations.
Cette mauvaise fortune rappelle à quel point ces régions
australes sont extrêmes : une manuvre ratée peut prendre
une tournure catastrophique, et le matériel est plus que jamais
sollicité par les chevauchées à haute vitesse dans
les mers croisées.
Dick sans safran tribord
Pourtant, cest le hasard qui est à lorigine de lavarie
survenue cet après-midi à 13h30 sur Paprec-Virbac 2. Après
avoir percuté un objet flottant, Jean-Pierre
Dick a constaté que la barre de liaison de ses safrans
était cassée et que le support de fixation du safran tribord
(au niveau du pont) était endommagé. Seul le safran bâbord
est pour linstant utilisable. « JP » a donc ralenti
lallure pour étudier les modalités dune réparation.
Au pointage de 16h00, toujours au sud de la porte ouest Australie, il
menait encore la flotte mais navait plus que 51,5 milles davance
sur son dauphin Mike Golding.
Terrible Indien
Depuis trois jours, les dépressions se succèdent presque
toutes les 24 heures noffrant que peu de répit entre deux
coups de vent. Or, la semaine qui commence risque de se jouer sur le même
tempo. Dans ces conditions, larrière de la flotte est pour
ainsi dire aux premières loges. Aujourdhui, Rich
Wilson, 19e à bord de Great American III, confiait naviguer
sous tourmentin seul, grand-voile affalée, après deux départs
au tapis par 50 nuds de vent ! Jean-Baptiste Dejeanty qui
évolue dans le même secteur, prévenait aujourdhui
la direction de course dune accumulation de problèmes techniques
(pilotes automatiques défaillants, génois déchiré,
drisse de grand-voile abîmée) lobligeant à ralentir
lallure. La balise de positionnement de Maisonneuve est également
passée à leau, mais le bateau est suivi par la Direction
de Course via son standard C.
Premiers à toucher le vent, les retardataires sont aussi les premiers
à connaître laccalmie comme cétait le
cas en cette fin daprès midi. A contrario, les leaders positionnés
à lavant du front, notaient déjà une bonne
quarantaine de noeuds à lanémomètre. La nuit
sera rude pour ces derniers.
Leeuwin mardi soir
Derrière Jean-Pierre Dick, contraint de réduire la
cadence il marchait à 12 nuds au pointage de 16 heures,
contre 18 à 20 nuds pour ces poursuivants -, Mike Golding,
Roland Jourdain et Michel
Desjoyeaux sont les premiers à avoir
respecté la porte ouest Australie située sur le 47e degré
sud. Dans 24 heures, les leaders auront franchi la longitude du cap Leeuwin,
deuxième des trois grands caps de ce tour du monde, situé
à la pointe sud-ouest de lAustralie. Mais ce ne sera pas
encore la fin du terrible Indien qui sétend géographiquement
jusquà la Tasmanie.
Cheminées Poujoulat déséchoué
Petits
soucis et gros tracas ce matin sur la flotte. Mais la bonne nouvelle de
cette fin de matinée est que Cheminées Poujoulat a pu être
déséchoué à lissue dune opération
extrêmement délicate qui a mobilisé un camion et plusieurs
plongeurs.
Le bateau de Bernard Stamm
est désormais au mouillage mais souffre dune voie deau
importante à larrière. Les dégâts sont
en cours dexpertise. Rappelons que Bernard Stamm, arrivé
hier soir aux Kerguelen suite à son avarie de safrans- dans
des conditions météo exécrables, navait pas
réussi à amarrer son bateau sur le mouillage qui lui était
destiné et ce malgré lassistance de Dominique
Wavre et des équipes des TAAF (terres australes et antarctiques
françaises). Cheminées Poujoulat avait été
drossé à la côte, larrière bâbord
couché sur les rochers.
Dejeanty victime de nombreux soucis techniques
Depuis 48 heures, les conditions de navigation dans locéan
indien sont très mouvementées notamment pour larrière
de la flotte qui a enduré le passage de deux dépressions
générant des vents moyens de 45 nuds rafales à
60, et une mer très forte. Ce matin, Jean-Baptiste
Dejeanty (19e à 2278 milles des leaders) a révélé
quil était victime dune succession de problèmes
techniques : pilotes automatiques, génois déchiré,
drisse de grand-voile défaillante. Il avait également perdu
sa balise de positionnement, doù sa vitesse réduite.
Le skipper de Maisonneuve prévenait quil allait ralentir
pendant quelques heures pour rejoindre une zone de vents plus calmes.
Il est actuellement en contact avec son équipe technique pour tenter
de trouver des solutions à tous ses problèmes.
Semaine agitée en perspective
Daprès les informations de Sylvain Mondon de Météo
France, cest une nouvelle semaine agitée qui sannonce
dans locéan indien avec une succession de dépressions
rapides et très actives. Et là encore, ce sont les poursuivants
qui seront exposés en première ligne, après une brève
accalmie aujourdhui pour ces derniers.
La première perturbation est en train de rattraper les leaders
et déjà Samantha
Davies relatait ce matin 40 nuds établis et
de grosses vagues. Au pointage de 11 heures, les vitesses étaient
montées dun cran dans la première moitié de
la flotte. Dans le sillage de Jean-Pierre Dick,
positionné 40 milles au sud de la porte ouest Australie, Sébastien
Josse (BT) était le plus rapide entre deux pointages avec
19,8 nuds de moyenne !!
dimanche 14 décembre 2008 :
Léchappée belle
Jean-Pierre Dick a profité de
la nuit pour semer ses petits camarades et soctroyer une avance
record de 72 milles sur le deuxième Mike Golding.
Ils ne sont plus que quatre dans un rayon de moins de 100 milles.
Trente-quatre jours après le départ, jamais lécart
entre les deux premiers concurrents navait été aussi
important. Dans la nuit de samedi à dimanche, Jean-Pierre Dick
(Paprec-Virbac 2) a navigué au moins 2 nuds plus vite que
lensemble de ses adversaires. Le résultat est sans appel.
Son avance sur Roland Jourdain (Veolia Environnement),
3e, a doublé dans la nuit, passant de 45 à 92 milles entre
samedi 20h et dimanche 5h du matin. Jean Le Cam
(VM Matériaux), 6e, est relégué à près
de 200 milles et le suivant Vincent Riou
(PRB) à plus de 300 milles ! Avec 444 milles avalés
sur les dernières 24h, lex-vétérinaire flirte
une nouvelle fois avec les distances records. Les angles des premiers
et de leurs poursuivants montrent quils nont plus les mêmes
conditions de vent. Là où Le Cam, Riou, Le
Cleac'h, Guillemot
et autres enchaînent les empannages avec des angles serrés,
les premiers tracent une longue courbe plus proche de la route directe
qui explique en partie laugmentation des écarts de la nuit.
A lassaut des Kerguelen
Le Suisse Dominique Wavre (Temenos II), arrivé à
Port-aux-Français samedi après-midi pour réparer
sa quille, pourrait être rejoint par son compatriote Bernard
Stamm (Cheminées Poujoulat), victime pour sa part de ses safrans,
et qui nétait plus ce matin quà 100 milles de
la Baie du Morbihan. Sil décide de sy arrêter,
il sera sur place en fin daprès-midi. De lautre côté
de lîle, le Britannique Brian
Thompson (Bahrain Team Pindar) joue à
se faire peur et a failli attaquer la falaise. Il nest passé
quà un petit mille des îles Nuageuses, au nord-ouest
de larchipel, par des fonds de moins de 100 mètres ! Au passage,
Thompson sest fait doubler par sa compatriote Samantha
Davies (Roxy), remontée en 24h de la 14e à
la 11e place. La jeune Britannique réalise un tour du monde exemplaire,
et frappe désormais à la porte du top 10.
La longue route
Pour les retardataires, les conditions météo ne sont pas
favorables aux grandes vitesses. Les six derniers progressaient à
moins de 10 nuds ce matin, dont deux à moins de 5 nuds
Jean-Baptiste Dejeanty (Groupe Maisonneuve)
et Rich Wilson (Great American III). LAméricain
suit une route nord-est très à lécart des chemins
empruntés par ses prédécesseurs.
samedi 13 décembre 2008 :
Coup dur pour les Suisses
En moins de 24 heures, les deux navigateurs helvètes de ce
Vendée Globe ont été victimes davaries sérieuses.
Dominique Wavre est hors course depuis quil
a atteint Port-aux-Français à 13h30 samedi pour réparer
sa tête de quille cassée. Et Bernard
Stamm nest pas très optimiste
sur sa capacité à réparer seul les articulations
de ses safrans endommagées. En tête, Jean-Pierre
Dick conserve la main devant le duo Jourdain/Golding,
ex-æquo à 41,1 milles.
Pour gagner le Vendée Globe, il faut dabord le terminer !
Cette Lapalissade rappelle surtout à quel point le Vendée
Globe reste la plus éprouvante des courses au large en solitaire,
aussi bien pour le marin que pour sa monture. Une course à élimination.
La casse fait partie intégrante des risques auxquels sont confrontés
les solitaires. Cest une véritable épée de
Damoclès qui, à chaque choc dans une vague, à chaque
sortie de route, peut sabattre irrémédiablement. Après
un choc avec un mammifère, Marc
Guillemot (Safran) a raconté avoir vécu une
grosse frayeur. Dautres solitaires comme Yann
Eliès, Jean-Baptiste Dejeanty,
Brian
Thompson ou Jonny
Malbon ont relaté récemment dinquiétants
empannages involontaires qui peuvent se traduire par des casses importantes.
La mer furieuse et désordonnée, avec des creux de 6 à
8 mètres, peut envoyer nimporte quel bateau au tapis.
Neuvième avarie
Si Bernard Stamm ne peut réparer seul ses safrans, cela
portera à quatre le nombre de concurrents hors course en moins
dune semaine après le Basque Unai Basurko (Pakea Bizkaia,
safran), dimanche, Loïck Peyron (Gitana Eighty, démâtage),
mercredi et le Suisse Dominique Wavre (Temenos II, quille) aujourdhui.
Et à neuf depuis le départ après Bestaven,
Pavant, Thiercelin (démâtages), Thomson
(structure) et Beyou (gréement). Stamm, qui avait
fait demi-tour après le départ suite à une collision
avec un cargo, nest pas très confiant quant à sa capacité
à réparer. Les articulations de ses safrans sont composées
de roulements à crayons. Ces crayons sont écrasés,
cassés. Le Suisse a mis le cap sur lAustralie avec la possibilité
de sarrêter en cours de route aux Kerguelen si besoin. A 16h,
ces îles françaises qui font partie des TAAF (Terres Australes
et Antarctiques Françaises) étaient distantes de 230 milles
dans son nord-ouest.
En escale
Dominique Wavre, pour sa part, est arrivé aux Kerguelen
samedi à 13h30 et a déclaré son abandon peu après.
Il compte y réparer provisoirement sa quille afin de rejoindre
plus tard lAustralie avec un appendice bloqué en position
verticale. Mais le marin helvète attendra pour cela que le très
mauvais temps prévu sur zone dans les prochaines 48 heures soit
passé.
Mers hostiles
Du brouillard, des températures glaciales ou des grains à
60 nuds. Chaque concurrent décrit latmosphère
dans les 50es Hurlants à sa façon. Seul point commun, laspect
à la fois inhospitalier et magique de ces latitudes australes peuplées
uniquement doiseaux marins, de poissons et dicebergs. En tête
de course, Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac 2) saffirme en nouveau
patron de la course. Mise à part lincursion en tête
de Sébastien Josse (BT) sur un classement
mercredi, le skipper niçois mène la flotte depuis maintenant
une semaine. Sans faire de bruit, Roland Jourdain
(Veolia Environnement) et Mike Golding (Ecover)
restent à porté de fusil du leader. Si les écarts
se sont accentué par lavant, les dix premiers se maintiennent
encore dans un rayon de 300 milles. Rien de majeur après 34 jours
de mer
vendredi 12 décembre 2008 :
Léclat Desjoyeaux
Si Jean-Pierre Dick est encore et toujours
leader au passage de larchipel des Kerguelen, Michel
Desjoyeaux a désormais endossé
le maillot de chasseur à laffût de sa proie. Plus proche
des îles australes, le skipper de Foncia est en effet un peu mieux
placé pour la remontée vers la porte de sécurité
australienne.
Pour dire vrai, personne naurait imaginé il y a un mois que
le vainqueur de 2000 allait revenir dans le match aussi rapidement puisquil
concédait une semaine après son retour express aux Sables
dOlonne, jusquà 670 milles de retard sur le premier
du moment : Loïck
Peyron
Depuis de leau a coulé
sous la quille et Michel Desjoyeaux (Foncia) a réalisé
un retour express exceptionnel grâce à des conditions météorologiques,
certes devenues plus favorables pour les poursuivants, mais surtout grâce
à une persévérance et une fougue pour cravacher son
bateau qui laisse pantois ! Résultat : dites « 33 »
et vous voyez un « revenant » vous fondre dessus en autant
de jours
Une longue ligne droite
Alors que le premier, Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac 2) a
choisi une voie plus proche de lîle Heard, talonné
par Roland Jourdain (Veolia Environnement)
et Mike Golding (Ecover 3), Michel Desjoyeaux
emmène deux autres chasseurs dans ses traces sur une trajectoire
qui rase le plateau continental des Kerguelen : Sébastien
Josse (BT) et Jean Le Cam (VM Matériaux).
A priori, les deux jours à venir vont nêtre quune
course de vitesse pure dans un flux soutenu de Nord-Ouest et le groupe
de tête devrait aligner ses meilleures distances parcourues en 24
heures depuis le départ des Sables dOlonne le 9 novembre
dernier. Un flux puissant de plus de trente nuds avec rafales, une
mer qui va se régulariser après larchipel, des températures
plus douces en remontant vers le 47° Sud, une trajectoire rectiligne
: paradoxalement, les solitaires vont pouvoir se reposer (en mettant des
boules Quiès !) car il ny aura pas de manuvre à
faire pendant un bon bout de temps
Et si le match est toujours aussi intense en tête de flotte, il
y a aussi de sacrés duels derrière ! A limage de celui
du trio Yann Eliès
(Generali), Marc Guillemot
(Safran) et Dominique Wavre (Temenos II) qui
bataille sec dans un rayon de moins de vingt milles, en approche des Kerguelen.
Trois solitaires au caractère bien trempé qui connaissent
le Grand Sud et leurs montures, comme par hasard dessinées par
trois architectes différents : là encore, il va être
intéressant de voir les différences de vitesse pure sur
cette droite des « Hunaudières » de 1 300 milles de
long
De même, le duel entre Brian
Thompson (Bahrain Team Pindar) et Bernard
Stamm (Cheminées Poujoulat), lui aussi
revenu du diable vauvert, va être palpitant puisque les deux hommes
convergent vers le même point (la porte australienne), mais par
deux chemins bien différents. Le Britannique semble en effet le
seul concurrent à lheure actuelle, à tenter un passage
par le Nord des Kerguelen
Contre mauvaise fortune
Enfin, Loïck Peyron (Gitana Eighty) fait route rapidement
au vu de son gréement de fortune, vers le Nord-Est à plus
de dix nuds : il est déjà à la latitude des
îles Crozet sur le 46° Sud, ce qui devrait lui éviter
les mauvaises surprises dune dépression australe. Le Baulois
se donne encore la possibilité dobliquer vers lAfrique
dès que les conditions météorologiques lui permettront
de naviguer plus près du vent, mais il conserve lopportunité
de prolonger sa route vers lAustralie-Occidentale (Perth), à
2700 milles
jeudi 11 décembre 2008 :
Salut lartiste
Loïck
Peyron (Gitana Eighty) faisait route ce matin au nord-est
à 6 nuds. Cest un des grands favoris de la course qui
la quitte prématurément. Reste à savoir si le démâtage
du navigateur baulois influera sur le comportement de la flotte. Pour
lheure, il semble bien que le tempo soit resté le même.
Michel Desjoyeaux (Foncia)
est maintenant en 5ème position quand Bernard
Stamm (Cheminées Poujoulat) nest plus quà
14 milles de Brian Thompson
(Barhain Team Pindar)
Il avait quasiment tout gagné à la barre de son Gitana Eighty
bleu nuit. Et depuis le départ du Vendée Globe Loïck
Peyron démontrait quil navait rien perdu de sa vista
: trajectoires au cordeau, initiatives inspirées, vitesse
Mine de rien, il sétait imposé comme un des patrons
de cette course, jouant avec son habileté coutumière de
silences nécessaires et de vérités distillées
au compte-gouttes. Parfaitement à son aise dans ce rôle de
gentleman-skipper, Loïck participait à la bataille de chiffonniers
qui animait la tête de flotte sans donner lair dy toucher
comme si les contingences bassement matérielles nétaient
que vils petits détails à régler. Son abandon rappelle
instamment que la casse, encore plus sûrement que tout autre biais,
est encore la plus implacable des guillotines. La sortie de piste de Gitana
Eighty portent maintenant à sept le nombre de concurrents ayant
du jeter léponge dans ce Vendée Globe
.
Top five
Il reste que ce coup du sort na visiblement pas atteint un Jean-Pierre
Dick (Paprec-Virbac 2), toujours aussi incisif, qui a repris les
commandes à la faveur de la nuit. Pointé à plus de
17 nuds de moyenne, le navigateur niçois a visiblement décidé
de montrer quil ne fallait pas compter sur lui pour changer de tempo
et adopter un rythme moins endiablé. Dans son sillage, Roland
Jourdain (Veolia Environnement) et Sébastien
Josse (BT), relégués à 35 milles, sont sous
la menace directe dun certain Michel Desjoyeaux qui pourrait
bien monter sur le podium à la faveur de la journée. Alors
quil sapprête à croquer Mike
Golding (Ecover), le navigateur de Port-la-Forêt montre
quil a encore suffisamment dappétit pour sattaquer
à quelques autres gros morceaux. Dautant que dores
et déjà, Michel na pas grand-chose à perdre
: quil arrive à maintenir la cadence et il entrerait dans
la légende du Vendée Globe. Quil soit contraint de
rentrer dans le rang, il restera, de toutes les manières, lauteur
dune des plus belles courses-poursuites jamais enregistrées
dans un tour du monde. A près de 50 milles derrière, Jean
Le Cam (VM Matériaux) mène un petit groupe qui reste
sur une position dattente entre besoin de rester dans la course
et souci de préserver le matériel. Au regard du retour flamboyant
de Michel qui focalise toute lattention, ce nest certainement
pas la position la plus confortable
Plus en arrière encore, le peloton de queue sapprête
à faire le gros dos : des vents de 45 à 50 nuds avec
rafales entre 55 et 60 attendent les navigateurs solitaires dès
leurs premiers jours dans lOcéan Indien. Dans ce genre de
cas, il ne sagit plus de faire le malin : la meilleure façon
de passer entre les gouttes est de se faire le plus humble possible, de
faire face sans en remontrer
On ne vient pas tirer la queue du malin
quand il a décidé de vous faire danser la sarabande.
Lheure
de Heard
À une journée de mer du passage
entre les Kerguelen et lîle Heard, le groupe de tête
converge à grande vitesse vers ce goulet large de 230 milles mais
pavé dune mer très chaotique. Jean-Pierre Dick a refait
le break alors que plusieurs solitaires ont un peu levé le pied
après le démâtage de Loïck Peyron hier mercredi.
Les écarts oscillent sensiblement, depuis que le vent est de nouveau
rentré fort de secteur Ouest (25-30 nuds), selon que les
skippers estiment quil faut tout de même trouver des limites
aux excès de vitesse ou quils pensent que si les machines
sont arrivées à ce point de sophistication, elles se doivent
de tenir le choc
Mais entre une transat musclée dune
douzaine de jours et un tour du monde de près de trois mois, lusure
et la fatigue du matériel ne sont pas les mêmes, surtout
dans les mers du Sud qui noffrent que peu de répit pendant
trois semaines. Du répit, il y en a eu après le week-end
au passage dune dorsale, mais cela est désormais bien terminé
avec larrivée dune bonne perturbation glissant au Sud
de lîle Heard.
mercredi 10 décembre 2008 :
Gitana Eighty a démâté
Vers 14h00 (heure
française) ce mercredi, le monocoque de Loïck Peyron a démâté
alors quil se trouvait à environ 180 milles dans le Sud des
îles Crozet et 650 milles de larchipel des Kerguelen.
Alors quil était pointé
ce mercredi midi en troisième position à une quinzaine de
milles du nouveau leader Sébastien Josse
(BT), Loïck Peyron
(Gitana Eighty) a signalé à la Direction de Course quil
avait démâté. Le solitaire naviguait à cet
instant, sous un ris dans la grand voile et foc solent poussé par
une trentaine de nuds de vent, et se trouvait à lintérieur
de son habitacle quand il a constaté que le mât sétait
cassé. Le skipper na donc pas été touché
et est donc en parfaite santé.
La cause de cette avarie nest pas encore connue mais le Baulois
indiquait quil avait conservé sa bôme et réfléchissait
à une destination sous gréement de fortune. Rappelons que
Loïck Peyron avait été lun des grands animateurs
de ce premier tiers du parcours puisquil avait été
pointé en tête seize jours (au classement de 11h00) particulièrement
lors de sa descente de lAtlantique, avant de passer la main, dabord
à Sébastien Josse, puis à Jean-Pierre
Dick (Paprec-Virbac 2). Sans aucun doute, ce démâtage
va sensiblement refroidir les ardeurs des autres solitaires qui indiquaient
tous ces derniers jours quils avaient particulièrement tiré
sur le matériel. Rappelons aussi que Loïck Peyron avait
connu des problèmes avec sa drisse de gennaker avant lentrée
dans locéan Indien et quil navait pu monter dans
son mât que hier mardi
Par 49°36 Sud et 52°47 Est ce mercredi à 16h00, le monocoque
armé par le Baron Benjamin de Rothschild progresse à allure
réduite. Dans des déclarations succinctes, Loïck Peyron
est revenu rapidement sur les circonstances de son démâtage
: « Il y avait 30 nuds de vent et Gitana Eighty était
sous un ris dans la grand voile et le Solent à lavant. Il
ny avait pas de raison de se faire mal et tout allait très
bien à bord quand le mât est tombé brutalement sans
aucun signe avant-coureur. Jétais à lintérieur
quand jai entendu un énorme bruit. En sortant sur le pont,
jai constaté quil ny avait plus de mât.
Il me reste la bôme et nous réfléchissons actuellement
sur la suite des opérations. »
Le droit de rêver
Ils ont repris leur chemin conjoint. Ils sont encore une petite quinzaine
à pouvoir légitimement prétendre encore à
la victoire finale. A la faveur du tassement opéré par le
passage de la dorsale anticyclonique, le peloton sest encore resserré.
Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac 2) mène
toujours la danse même si Sébastien Josse
(BT)se fait de plus en plus menaçant. Le dernier, Norbert
Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) pointe désormais à
plus de 2000 milles du leader.
Tous ont maintenant le passage de larchipel des Kerguelen en ligne
de mire
Et bon an, mal an, tous semblent avoir choisi de laisser
les îles et leur plateau dans le nord. Entre le petit coup de mou
enregistré hier qui naffectait pas seulement la vitesse des
bateaux et le repositionnement stratégique, les écarts se
sont à nouveau resserrés puisquils sont à nouveau
huit à se tenir en moins de cent milles. En tête, Jean-Pierre
Dick continue dimprimer la cadence quand Sébastien Josse
revient à moins de 10 milles. Au tiers de la course, cest
un écart denviron 40 minutes qui sépare les deux premiers
de la flotte. La prédiction de Michel
Desjoyeaux (Foncia) qui envisageait une arrivée
à vue en rade des Sables dOlonne serait-elle en passe dêtre
réalisée ?
Porte étroite
Devant la flotte se profile maintenant le passage de larchipel
des Kerguelen. Les îles de la Désolation sont un des derniers
obstacles tangibles avant le Horn. Si leur relief nest pas toujours
de nature à provoquer des dévents aussi puissants que certains
archipels comme les Canaries, les hauts-fonds qui les bordent incitent
les navigateurs à prendre un large tour. En effet, pour éviter
de rencontrer une mer cassante, il faut accepter de passer à plus
de 150 milles au nord et de 60 milles au sud. On imagine facilement que
la route du nord, sauf circonstances météorologiques exceptionnelles,
est quasiment interdite aux solitaires du Vendée Globe. Le passage
entre larchipel et lîle Heard située environ
230 milles dans le sud sera un bon moyen de faire un premier bilan, dautant
que les écarts en latitude seront faibles. Plus que les distances,
les temps de passage seront un premier révélateur dune
hiérarchie qui risque encore dêtre bousculée
avant la sortie du Pacifique. Il restera alors près de deux mois
de mer pour dessiner le portrait du futur vainqueur de cette édition
2008. Si lon considère la barre des 700 milles comme une
limite absolue, ils sont encore quinze à pouvoir prêcher
la bonne parole
En 2004, Mike Golding
postulant au podium à moins de vingt-quatre heures du leader, avait
encore plus de 700 milles de retard au passage de larchipel. Bernard
Stamm, pointé aujourdhui à 534 milles
de la tête de course, a mathématiquement le droit de rêver
mardi 9 décembre 2008 :
Intermezzo
Comme dans toute bonne dramaturgie, il faut bien par moments permettre
aux spectateurs comme aux acteurs de reprendre leur souffle. Cette journée
du 9 décembre est à la fois loccasion de faire les
comptes, de remettre en ordre ce que le vent et la mer ont bousculé,
de préparer le prochain acte. Jean-Pierre
Dick (Paprec-Virbac 2) continue demmener une flotte qui
sétire en langueur, même si le vent qui revient de
larrière devrait permettre une nouvelle compression. Etre
ou ne pas être distancé, telle est la question
Océan Indien, acte premier, scène finale
Les acteurs
ont joué leur rôle à la perfection : Jean-Pierre Dick
endosse celui de la divine surprise qui démontre quil na
plus grand-chose à envier aux monstres sacrés de la course
au large. Michel Desjoyeaux
(Foncia) sest mis dans la peau du chasseur de prime dont on ne sait
sil faut admirer ou craindre le savoir-faire. Sébastien
Josse (BT), Roland Jourdain (Veolia
Environnement) ou Loïck Peyron
(Gitana Eighty) nous jouent la partition des enfants terribles que rien
ne sépare et qui ne cessent de se chamailler. Un peu plus en retrait,
Yann Eliès (Generali),
Vincent Riou (PRB) ou bien encore Jean
Le Cam (VM Matériaux) se verraient bien dans le rôle
de la cavalerie dont on a craint quelle ne manque et qui, comme
dans les bons westerns, arrive toujours à temps. Rattrapés
par la dorsale qui étendait ses ramifications sur larrière
de la flotte, les leaders marquent aussi un temps de pause. Pour affoler
les compteurs, il faudra attendre des jours meilleurs.
Nettoyage et balisage
Pour autant, il serait étonnant que ce mardi soit décrété
férié à bord des bateaux. Car cest un des paradoxes
de la course au large. Que le vent vienne à mollir et voilà
que ressurgissent quelques tâches annexes : nettoyer le grand bazar
quont souvent laissé quelques jours à la limite du
raisonnable, réparer les ineffables bobos, combler le déficit
de sommeil et dores et déjà se projeter vers le deuxième
acte. Dans les coulisses, on sactive pour essayer de se positionner
au mieux dans lattente de la nouvelle dépression qui les
emportera : les modèles météos tournent à
plein sur les ordinateurs, car chacun sait que ces quelques heures de
répit sont peut-être celles qui vont permettre doptimiser
les routes à venir. Dautant que venant du fond de la scène,
les poursuivants ont déjà repris leur route avec fifres
et tambours. Bernard Stamm
(Cheminées Poujoulat) et Marc
Guillemot (Safran) étaient ainsi crédités
de la meilleure progression de cette nuit quand Samantha
Davies (Roxy) empochait la meilleure moyenne sur la dernière
heure de course.
A lavant Jean-Pierre Dick se préparait à abandonner
« Joséphine » dans lOcéan Indien. «
Joséphine » est la première des balises Argos qui
seront jetées à la mer dans le cadre du projet Argonautica
qui permettra de recueillir des informations sur les courants circumpolaires.
Cette opération menée par le CNES servira de support pédagogique
à destination denfants dune cinquantaine de classes
dans toute la France. Arnaud Boissières
(Akena Vérandas), puis Dominique Wavre
(Temenos) devraient répéter lopération, pour
le premier au large des Kerguelen et pour le second, après le passage
du Cap Horn. Entre la longue route de Bernard
Moitessier et les coureurs docéans du Vendée
Globe 2008, les liens sont peut-être moins ténus quon
ne limagine.
lundi 8 décembre 2008 :
Lièvres et tortues
A force de jouer sur la tension de lélastique, on peut imaginer
quun jour il se casse. Une fois de plus, la tête de flotte
semble avoir pris un avantage non négligeable sur les poursuivants
immédiats. Mais depuis le début de ce Vendée Globe,
le même scenario se répète, qui voit ceux qui étaient
relégués à une centaine de milles revenir. Jusquà
quand ? Ce matin, Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac
2) mène toujours la flotte avec une quarantaine de milles davance
sur Roland Jourdain (Veolia Environnement)
et Sébastien Josse (BT).
Il y a deux manières de considérer une course par élimination.
La première, la plus insidieuse, consiste à observer petit
à petit les candidats à la victoire finale se laisser distancer
à la faveur dune option mal négociée, dune
baisse de rythme, de soucis techniques mineurs. La seconde, nettement
plus brutale, relève de la casse qui, au mieux vous laisse sur
le flanc pendant quelques jours, au pire vous contraint à labandon.
Après quatre semaines de course, force est de constater que lécrémage
continue. A la lecture des classements, il apparait que pour la majorité
des concurrents, un écart de plus de cent milles sur la tête
de course constitue une sorte de point de non-retour. Le rythme de la
course est si dense, que faire leffort de revenir dans le match
se paye de plus en plus difficilement. Insensiblement, certaines têtes
de série ont perdu pied avec la tête de course : on a ainsi
vu à la défaveur dune option mal négociée
ou dune baisse de régime, certains favoris décrocher
tels Dee Caffari
(Aviva), Brian Thompson
(Bahrain Team Pindar) ou bien encore Marc
Guillemot (Safran). Dans le groupe des dix, Armel
Le Cleac'h (Brit Air) ne semble plus donner la même
assurance tranquille depuis quil est entré dans les mers
du sud : le baptême du feu peut-être
Quant à
Jean Le Cam (VM Matériaux) ou Vincent
Riou (PRB), les deux navigateurs ne semblent pas tout à
fait dans le même tempo que leurs prédécesseurs. Gestion
personnelle dun rythme de navigation ou pause contrainte, les prochaines
heures devraient amener des éléments de réponse.
Derrière, les écarts continuent de se creuser : Dominique
Wavre (Temenos 2) ou bien encore Brian Thompson, décalés
dun système météo ne bénéficient
plus des mêmes régimes de vent. Le plus pénalisé
par cette distorsion est sans aucun doute Bernard
Stamm (Cheminées Poujoulat) qui voit tous ses efforts
pour revenir sur la tête de flotte freinés, tout au moins
provisoirement.
Vérité daujourdhui, mensonge de demain ?
A bord de Foncia, Michel Desjoyeaux
ne semble pas sémouvoir de ces considérations. Comme
un métronome, le navigateur de Port-la-Forêt, continue de
mener la cadence sur un rythme constamment plus élevé que
les autres. Et bien évidemment, la question que tout le monde se
pose est de savoir qui aura, au final, raison. Le Cap Horn sera bien évidemment
un premier juge de paix, mais il ne faut pas oublier que la remontée
de lAtlantique Sud est longue et particulièrement éprouvante
pour les bateaux et les hommes. Il reste alors encore un tiers de la course
à parcourir et les précédentes éditions ont
montré que cest bien souvent là que surviennent de
nombreuses avaries qui handicapent parfois gravement la marche du bateau.
Des deux côtés, on joue un jeu dangereux : ceux qui lèvent
le pied en invoquant la mémoire du matériel ne voient certainement
pas dun très bon il la cavalcade de certains et prennent
le risque de laisser séchapper définitivement des
adversaires. Mais les autres, qui impriment un tempo denfer, doivent
aussi se souvenir quà force de monter vers le soleil, Icare
avait fini par se brûler les ailes.
dimanche 7 décembre 2008 :
Avantage à loption sud
Si Sébastien Josse conserve ce matin
son leadership, les grands gagnants de la nuit sont les concurrents qui
ont tiré au sud à partir de Bonne Espérance. Ils
sappellent Jean-Pierre Dick, Roland
Jourdain et Mike Golding. Ces trois
navigateurs ont gagné des places ou des milles grâce à
une fort belle trajectoire dans le vent douest, quand leurs poursuivants
ont dû se résoudre à quelques empannages nocturnes.
Deuxième porte
Trois concurrents ont passé cette nuit la deuxième porte
de sécurité glaces ( BT, Paprec-Virbac et Generali). Comme
le pressentaient hier Loïck
Peyron ou encore Dominique Wavre,
loption sud entre le cap de Bonne Espérance et cette deuxième
porte dite des Kerguelen, a été la meilleure, ses partisans
profitant dun angle de vent plus favorable à la vitesse.
Jean-Pierre Dick, premier de la meute à plonger hier dans les basses
latitudes (par 47 sud), a donc été récompensé
: il a grignoté 21 milles cette nuit et revient dans le tableau
arrière du leader BT. Ce matin, Dick persiste et signe : à
peine respecté le deuxième segment de sécurité,
son plan Farr fait à nouveau cap au sud. Autres lauréats
de la nuit : Mike Golding (Ecover) qui a gagné trois places et
se voit propulsé au 4e rang, sa meilleure position depuis le départ
du Vendée Globe ; mais aussi Roland Jourdain (Veolia Environnement)
qui fait une incursion sur le podium après avoir « mangé
» les nordistes Eliès
et Peyron. Le skipper de Generali est ce matin le plus haut sur la cartographie,
il naviguait en effet à 150 milles au nord de Dick.
Foncia plus rapide sur une heure
Quant aux vitesses de progression, elles restent relativement stables
: entre 15 et 18 nuds pour les leaders. Ce matin, Jean
Le Cam (VM Matériaux) et Michel
Desjoyeaux (Foncia) étaient les plus rapides, crédités
respectivement de 17,8 et 18,5 nuds de moyenne sur une heure. Mich
Desj a remis du charbon aux premières lueurs du jour
par 45 sud, la nuit commence à sestomper vers 2 heures du
matin- et vise désormais Vincent Riou
(PRB).
Cette 28e journée devrait perdurer sur ce rythme avec encore beaucoup
de jeu dans les options et quelques empannages à la clé
pour ceux qui souhaiteraient gagner dans le sud.
samedi 6 décembre 2008 :
Et revoilà Josse
Trois leaders successifs en 24h ! Après Yann
Eliès et Loïck
Peyron, Sébastien Josse
retrouve la première place quil avait quittée vendredi
matin. Dans la matinée, les premiers franchiront la longitude du
cap de Bonne-Espérance et feront leur entrée officielle
dans lOcéan Indien.
Ce nest que le 21e changement de leader en moins de
27 jours de course ! Du jamais vu ! Inimaginable sur nimporte quelle
course au large, et notamment sur les précédents Vendée
Globe. Mais le plateau exceptionnel au départ répond aux
attentes suscitées. Et la météo instable déroule
un scénario hitchcockien où le suspense jette chaque jour
un coup de projecteur sur le talent de ces marins. Semaine après
semaine, jour après jour, minute après minute, sans la moindre
relâche, les solitaires du Vendée Globe doivent remettre
sur le métier leur ouvrage. Une tension permanente exacerbée
par le bruit infernal des chocs avec les vagues et langoisse dune
casse rédhibitoire. La moindre erreur est sanctionnée sur
le champ. Un pilote qui décroche, une voile qui tombe à
leau, et voilà une dizaine de nautiques qui senvolent.
Plus facile de perdre des milles que den gagner. Michel
Desjoyeaux (Foncia) en sait quelque chose, lui qui bataille
depuis trois semaines pour revenir sur le groupe de tête à
cause dun fichu capuchon de ballast. 10e à seulement 118
milles du leader et à seulement 16 milles de Mike
Golding (Ecover) Mich Desj a réalisé
un incroyable retour en tête que peu de monde imaginait possible.
Bernard Stamm (Cheminées
Poujoulat), 15e, peut lui aussi garder espoir. En 24h, il a encore repris
plus de 100 milles sur les premiers (558 milles de retard ce matin).
Léternelle valse des positions
Les classements se suivent et se ressemblent dans leur inconstance. Par
rapport à vendredi soir, Roland Jourdain
(Veolia Environnement) a repris trois places (8e à 5e). Sébastien
Josse, 1er, Yann Eliès (Generali), 2e, Jean-Pierre
Dick (Paprec-Virbac 2), 4e, et Jean Le Cam
(VM Matériaux), 8e, remontent dune place quand Vincent
Riou (PRB), 7e en perd une. Loïck Peyron désormais
3e, Armel Le Cleac'h
(Brit Air), 6e, et Mike Golding (Ecover), 9e en perdent deux. Ces classements
en perpétuel mouvement prouvent à quel point la lutte est
intense. En revenant vers le groupe du milieu, Loïck Peyron cède
donc le leadership et laisse Armel Le Cléach se démarquer
seul au nord de la flotte. Les traces des sillages, leurs angles entre
eux et les différentes vitesses laissent à penser que les
configurations de voiles, synonymes de la cylindrée du moment,
varient dun bateau à lautre. Avec un incroyable 19,8
nuds de moyenne sur la dernière heure, Sébastien Josse
déboule juste 4 à 5 nuds plus vite que ses trois premiers
poursuivants ! Dans un environnement aussi hostile que les mers du sud,
certains nhésitent pas à passer la cinquième
vendredi 5 décembre 2008 :
Nuit torride
Après 40 nuds de nord-ouest dans une nuit presque noire,
les marins vivent ce matin quelques heures de relative accalmie. Yann
Eliès a profité de cette première
colère du grand sud pour semparer des commandes de la course
dun cheveu. A moins de 300 milles du cap de Bonne Espérance,
chacun a choisi sa voie en Atlantique Sud, en attendant un deuxième
renforcement du vent dans la journée.
Pointe à 30,44 nuds pour Foncia
Choses promise, chose due. Hier soir et cette nuit, le vent a escaladé
léchelle de Beaufort pour atteindre les 40 nuds et
dans une mer désordonnée, les monocoques ont frôlé
lexcès de vitesse. Dans un message envoyé au petit
matin, Michel Desjoyeaux
(10e à 21 milles de Golding) annonçait avoir battu le record
de son propre bateau, avec 30,44 nuds affiché sur son GPS
! « A quand les 35 nuds » se demandait en trépignant
le skipper de Foncia ? Mais la vitesse a un prix et quelques violents
enfournements dans les vagues ont rappelé à lordre
des marins qui péchaient par excès de griserie.
Josse et Eliès qui naviguent
en couple depuis jeudi ne se quittent plus dune semelle. Aussi,
devait arriver ce qui arriva : Generali a pris le dessus avec deux infimes
milles davance sur son ancien lièvre BT ! Qui aurait pu croire
à ce fantastique match racing par 43 degrés de latitude
sud ? Très rapide cette nuit, Loïck Peyron a retrouvé
de sa superbe, en même temps que sa place dans le trio de tête.
Il nest quà 12,8 milles dEliès. Toujours
plus véloce ce matin, il sest calé sur une trajectoire
au nord de ses adversaires.
Portant stratégique par 43° sud
Car désormais, cest chacun sa voie pour aller chercher la
deuxième porte de sécurité des Kerguelen, 589 milles
devant. Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac 2)
a littéralement plongé au sud, et se retrouve sur le 45e,
au risque de flirter avec une zone de vent mous. Le top 10 est désormais
dispersé sur 250 milles entre Dick au sud et Le
Cleac'h/Peyron
au nord. Cest reparti pour une formidable régate de portant,
dans une brise qui ne cessera de fraîchir aujourdhui.
Dans moins de 24 heures, les leaders auront franchi la longitude du premier
des trois grands caps qui jalonnent ce tour du monde. Bonne Espérance
est à moins de 300 milles des étraves.
jeudi 4 décembre 2008 :
Champ de bataille autour de la porte
(voir la carte)
Sept concurrents ont respecté la première porte de sécurité
glaces. Les empannages se multiplient autour de cette ligne virtuelle
et le classement de ce jeudi matin sen ressent. Mais la hiérarchie
et les écarts infimes à laube de ce 25e jour
de course - sont à considérer au regard de ces multiples
manuvres et des bords plus ou moins rapprochants par rapport à
la route optimale théorique.
Sac de noeuds
Ça croise dans tous les sens aux abords de la porte de sécurité
glaces que sept concurrents ont respectée depuis mercredi après-midi.
Ce matin, au sein des 10 hommes de tête, seuls Jean-Pierre
Dick (Paprec-Virbac 2), Loïck
Peyron (Gitana Eighty) et plus loin Michel
Desjoyeaux (Foncia) devaient encore se soustraire à
cette obligation, à savoir, laisser un point de cette ligne virtuelle
à tribord.
Les trajectoires des leaders forment sur la cartographie un vrai sac de
nuds et le pointage de ce matin révèle quelques évolutions
dans le classement.
Sébastien Josse (BT), nest plus
quun fragile leader au regard de ces 1,7 milles davance sur
son nouveau second Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac), très rapide
sur une heure avec 17,7 nuds au compteur. Troisième, à
3,7 milles, Yann Eliès
(Generali) navigue littéralement bord à bord avec Josse.
Les deux hommes ont plongé vers le sud pour aller chercher du vent
plus fort, de même que Roland Jourdain,
Vincent Riou et Mike
Golding.
Vitesses disparates
Une seule chose est sûre : le skipper de BT est toujours plus lent
que ses poursuivants (plus de deux nuds en moyenne), doù
un retour tonitruant de quelques-uns dans son tableau arrière,
à linstar de Loïck Peyron et Jean
Le Cam qui ont gagné une trentaine de milles dans la nuit.
Deuxième certitude ce matin : les vitesses de progression sont
toujours aussi variables. Il y a fort à parier que le vent soit
très irrégulier sur le plan deau. Dans un message
envoyé cette nuit, Michel Desjoyeaux (10e à 154 milles)
relatait des transitions rapides de 20 à 30 nuds, doù
des manuvres incessantes de changement de voile. Il suffit dêtre
un temps sous-toilé, ou simplement moins bien servi par Éole
que ses camarades, pour perdre immédiatement 1, 2 voire 3 nuds
de vitesse.
Troisième (quasi) certitude: avec des écarts aussi infimes
et des options nuancées sur la route du cap de Bonne Espérance,
les pointages de la journée devraient continuer de semer le trouble
dans la hiérarchie.
mercredi 3 décembre 2008 :
Négociation de la porte et premier
coup de vent en perspective
Le front est passé sur la tête de flotte qui glisse en direction
de la première porte de sécurité. Au pointage de
11 heures, Sébastien Josse se situait
à 90 milles dans le Nord-Ouest de cette ligne virtuelle longue
de 445 milles et quil faut laisser au Sud en un point. Les concurrents
aux avant-postes doivent désormais composer avec des vents dOuest
un peu plus faibles et du coup, les empannages sont à nouveau à
lordre du jour. Les manuvres ont repris cette nuit et elles
devraient perdurer cet après-midi, notamment pour tous ceux situés
ce matin au Sud de la porte, à linstar de Jean-Pierre
Dick (3e), Loïck Peyron
(4e), Vincent Riou (6e), Jean
Le Cam (7e) et Mike Golding (9e).
Le leader Sébastien Josse est bien moins rapide ce matin que son
second Yann Eliès
(Generali) : le skipper de BT a ainsi perdu 20 milles entre deux classements.
Mais ces deux hommes, comme Roland Jourdain
(Veolia Environnement) et Armel Le
Cleac'h (Brit Air), se sont judicieusement positionnés
au Nord de la latitude de la porte. A noter que Michel
Desjoyeaux (Foncia) est entré dans le top 10 et
devance désormais Marc Guillemot
(Safran) dune quinzaine de milles.
A larrière, le deuxième groupe de chasse, de Samantha
Davies (Roxy) à Unai Basurko
(Pakea Bizkaia), va connaître cet après midi les signes avant-coureurs
dune dépression venue du Brésil. Concrètement
un net renforcement du vent orienté au Nord-Nord Ouest : 35 à
40 nuds moyens, rafales à 45-50 noeuds. La mer sera très
forte avec des creux de 4 à 6 mètres.
Ce flux ne cessera de fraîchir la nuit prochaine mais ne devrait
atteindre la tête de flotte que jeudi après-midi.
Au sein du groupe qui ferme la marche (on note la remontée de Derek
Hatfield en 22e position, devant Jean-Baptiste
Dejeanty et Norbert Sedlacek),
seul Raphaël Dinelli (Fondation Océan
Vital) connaîtra des vents forts aujourdhui tandis que ses
camarades seront relativement épargnés puisque positionnés
dans le Nord de cette dépression.
mardi 2 décembre 2008 :
Sébastien Josse enfonce le clou
Cest le propre des différents leaders de cette édition
2008 du Vendée Globe : une fois installés aux commandes,
ils nont de cesse dasseoir leur domination à coup de
milles grappillés ça et là. Sébastien
Josse (BT) ne déroge pas à la règle. Seuls
Yann Eliès (Generali)
et Jean Le Cam (VM Matériaux) ont
repris des milles au leader. Michel
Desjoyeaux (Foncia), quant à lui, vise maintenant
le top ten.
Dici 36 heures, les premiers concurrents devraient être à
la hauteur de la première porte des glaces, la Porte Atlantique.
Pour lheure, la flotte continue de descendre au gré des empannages
dans un couloir entre les 40ème et 41ème degrés sud.
Les gains respectifs des uns et des autres se jouent avant tout sur la
capacité des navigateurs à conserver une toile adaptée
et sur leur angle de descente par rapport au vent arrière. Plus
langle est proche de laxe du vent, moins la vitesse est grande
: il sagit alors de trouver le meilleur compromis entre cap et vitesse.
En la matière, la gestion du navire dépend de nombre de
facteurs : létat de la mer, la capacité du bateau
à partir au surf, la toile portée et bien évidemment,
la fatigue du navigateur. Car naviguer ainsi sur le fil du rasoir suppose
une vigilance de tous les instants : pour pouvoir dormir un peu, les solitaires
doivent alors adapter leur voilure, réduire et bien souvent accepter
un petit déficit de vitesse ou de cap. Et cest bien souvent
la nuit que se fait la différence. Si Jean Le Cam a pu reprendre
30 milles à Mike Golding (Ecover)
dans la nuit, il y a fort à parier que le skipper de Port-la-Forêt
a du passer plus de temps à régler le bateau que dans la
bannette. Un autre navigateur qui a du puiser dans ses réserves,
cest Michel Desjoyeaux qui, au classement de 4h30 (TU+1),
ne se trouvait plus quà 6,8 milles du Safran de Marc
Guillemot. Michel était encore crédité
de la meilleure vitesse de la nuit avec un respectable 16,5 nuds
de moyenne. Il est actuellement aux portes du top ten et peut de nouveau
prétendre à la victoire, même sil sait bien
que les places vont devenir de plus en plus chères.
Mises en ordre et petits soucis
Dans le deuxième peloton, cest lheure des mises
à jour. Ainsi Norbert Sedlacek
(Nauticsport-Kapsch), comme Steve White (Toe
in the Water), ont effectué leur pénalité de 30 mn
pour navoir pas respecté une marque lors du départ.
Norbert doit aussi faire face à quelques infiltrations deau
sur le pont de son bateau, de même quà quelques soucis
de transmissions. Rien de très pénalisant, mais cest
le genre de petits détails qui pourrissent le quotidien du navigateur
solitaire. Steve White continue dépater la galerie
: bien calé en 17ème position, il prouve jour après
jour, une étonnante capacité dadaptation et tire visiblement
parfaitement partie de son bateau. Enfin, Dee
Caffari (Aviva), après diagnostic du Docteur Chauve,
le médecin de la course est en partie rassuré. Il semble
bien que son inflammation au genou soit superficielle et puisse être
guérie rapidement avant daborder lOcéan Indien
La vigilance reste de mise, mais Dee peut toujours envisager daller
au bout de ses rêves.
lundi 1er décembre 2008 :
Portes, mode demploi
Pour cette édition 2008-2009 du Vendée Globe, huit portes
ont été définies par lorganisation. Le rôle
de ces portes est de contribuer à renforcer la sécurité
des solitaires en course
Pour certaines, il sagit de limiter
une descente éventuelle des navigateurs vers des latitudes trop
proches des zones dicebergs. Pour deux autres, il sagit de
rester à portée déventuelles interventions
de sauveteurs.
Le parcours possède donc 8 portes :
Les portes Atlantique, Kerguelen, Ile Heard, Nouvelle Zélande,
Ouest Pacifique, Est Pacifique sont définies pour que les concurrents
ne puissent pas descendre trop sud, où les risques de collision
avec des glaces dérivantes seraient plus importants.
Les portes Ouest Australie et Est Australie sont définies pour
que les concurrents ne naviguent pas à plus de 1000 milles des
côtes sud de lAustralie. Ce qui permettrait aux secours australiens
de faire un repérage par avion de plus dune heure sur un
éventuel skipper en détresse. Ce repérage serait
dune durée plus courte si léloignement du skipper
était supérieur à 1 000 milles.
Le changement possible de position des portes
En cas de risque important pour les concurrents (glaces dérivantes
ou autres risques importants) la direction de course pourra changer la
position dune ou de plusieurs portes en latitude et en longitude.
Elle en avertira les concurrents avec une porte davance.
Le passage des portes
Une porte est un ensemble de points dune même latitude
limité à lOuest et à lEst par des points
de longitude différente. Pour la Porte Atlantique, première
de la série, tous les points sont à 42° sud. Les extrémités
sont par 01°00 Est et 11°00 Est.
Une porte représente un segment de 445 milles, soit environ 36
heures de navigation pour un concurrent.
Comment passer une porte
Chaque concurrent doit laisser au moins une fois, un point de chaque
porte dans son sud. Il peut donc franchir la porte du nord vers le sud,
la franchir du sud vers le nord ou plus simplement rester sur une trajectoire
au nord de la porte.
dimanche 30 novembre 2008 :
Vincent, Jojo, Loïck et les autres
Cest l'ironie de la course au large. Si ce Vendée Globe est
formidable, cest aussi parce quil y a trente acteurs de talents.
Et si les premiers brillent, cest en partie parce que derrière,
dautres permettent de marquer les différences entre un couple
bateau-skipper affuté pour la gagne et dautres qui nont
pas toujours les mêmes arguments. Mais qui méritent autant
de considération.
Pendant que la tête de flotte croise au large de Tristan da Cunha,
le gros du peloton continue sa longue descente de lAtlantique Sud.
Quand certains se battent pour la gagne, dautres sont là
avant tout pour rendre une copie propre, pour engranger de lexpérience
parfois, pour aller au bout dun rêve. Sans oublier ceux que
la malchance a forcé à revenir au port pour ensuite partir
à la chasse.
Favoris et seconds couteaux mêlés
Il y a déjà tous ceux qui savaient par avance : bateau dancienne
génération, budgets comprimés, manque de temps de
navigation, les raisons sont multiples pour expliquer le débours
de milles entre ces sans-grades de la flotte et les éclaireurs
avancés en route vers les Quarantièmes. Dautant que
bien souvent, ils ne sont pas épargnés par les mille et
un petits soucis qui affectent des navigateurs en course sollicitant leur
machine. Cest Dee Caffari
qui à bord de Aviva voit chaque jour la liste des travaux à
effectuer qui sallonge, cest Derek Hatfield
qui doit barrer pendant des heures, par la faute dun générateur
récalcitrant sur Algimouss Spirit of Canada
Cest enfin
Raphaël Dinelli contraint de chercher
un mouillage pour son Fondation Ocean Vital, par la faute dun surgainage
qui coince sa drisse de grand-voile. Dautres continuent leur bonhomme
de chemin à leur mesure, bien souvent talentueuse : comment ne
pas être épaté par la vitalité dune Samantha
Davies qui témoigne chaque jour de son bonheur de
mener son Roxy devant plusieurs prototypes de nouvelle génération
? De même, Arnaud Boissières,
tout en discrétion, promène son Akena Vérandas avec
beaucoup de justesse et démontre quil mérite pour
lavenir de disposer dune machine plus performante. Tous ceux-là
ne paient pas forcément de beaucoup de mots : mais leur parcours
en dit plus que de péremptoires déclarations dintention.
Pendant ce temps Jean-Baptiste Dejeanty sur
son Maisonneuve se paie, quant à lui, le luxe dempocher le
record de cette édition entre les Sables dOlonne et léquateur.
On noubliera pas dans cet inventaire, les favoris handicapés
par la malchance dès le début de course. Cest ainsi
quon découvre un Michel
Desjoyeaux (Foncia) qui a su faire fi de certaines pudeurs
bien compréhensibles quand on joue sa réputation de maître
des océans pour adopter une défroque bien plus humaine.
Cest un Dominique Wavre jovial qui,
jour après jour, nous fait goûter le plaisir de naviguer
à bord de Temenos II plutôt que se complaire dans ses malheurs
de début de course. Cest enfin un Bernard
Stamm (Cheminées Poujoulat) qui ne lâche rien
pour pouvoir, quelque soit le résultat final, se dire quil
est allé au bout de ce quil savait faire et quil ny
a rien à regretter.
Bord à quai
Tous savent quau bout du compte, tant quon est en course,
il reste du bonheur à prendre. Il suffit de penser à la
détresse de ceux qui dores et déjà ont vu leurs
espoirs abandonnés le long dun quai. Kito
de Pavant (Groupe Bel), Alex Thomson
(Hugo Boss) ou bien encore Yannick Bestaven
(Aquarelle.com) et Marc Thiercelin (DCNS)
en savent quelque chose qui ont du ravaler leur déception pour
reprendre pied dans la vie commune du terrien
Sans oublier non plus
la tristesse dun Jérémie Beyou
qui, à bord de son Delta Dore blessé, a tenté de
retarder ce quil savait inéluctable après une première
inspection de son mât trahi par ses barres de flèche. Ceux-là
auraient finalement donné cher pour pouvoir être dans la
bagarre, même retardé, même en butte à des circonstances
hostiles
Pendant ce temps, en tête de flotte, Sébastien
Josse, à bord de BT, confirme tout le bien que lon
pensait de lui. Celui qui disait au départ des Sables dOlonne
ne pas avoir de crainte particulière dun concurrent ou dun
autre navait finalement pas tort. La course est loin dêtre
terminée mais beaucoup paieraient cher pour pouvoir être
assis à sa place.
samedi 29 novembre 2008 :
Eliès, nouveau leader
Avec ce vent de secteur Sud-Est qui ne veut pas changer de direction depuis
une semaine, la flotte est toujours contrainte de piquer plein Sud, mais
certains se décalent légèrement plus à lEst,
à limage de Yann Eliès
qui prend les commandes ! ...
Cest le week-end ! Et ça sent le grand chambardement dans
la hiérarchie, du moins pour les tout premiers
Ainsi, en
glissant plus à lEst pour se recaler devant Jean
Le Cam (VM Matériaux), Yann Eliès (Generali) simpose
comme le nouveau leader mais la marge est plus quétroite
face à Armel Le Cleac'h
(Brit Air) qui devance un pack serré (Dick, Riou, Jourdain, Golding)
à portée de lance-pierre. Car les deux précédents
leaders, Sébastien Josse (BT) et Loïck
Peyron (Gitana Eighty) ont choisi
de confirmer franchement leur volonté de gagner avant tout dans
le Sud pour sortir au plus vite des hautes pressions qui traînent
à se déplacer vers lAfrique
Encore du gain derrière
Cest aussi pour les poursuivants une bonne nouvelle car eux
aussi grappillent de précieux milles sur la tête de la flotte
: Marc Guillemot (Safran) nest plus quà une centaine
de milles du premier, Brian Thompson
(Bahrain Team Pindar) et Dominique Wavre (Temenos
II) à 180 milles tandis que Michel
Desjoyeaux (Foncia), désormais le plus extrême
à lOuest ne concède plus que 265 milles ! Et encore
derrière, Bernard Stamm
(Cheminées Poujoulat), le plus rapide sur leau (16,1 nuds)
et nest quà 800 milles : de quoi fêter un bon
anniversaire au Suisse de Genève
Et Jean-Baptiste
Dejeanty (Maisonneuve) est en train de dépasser le Canadien
Derek Hatfield (Algimouss-Spirit of Canada)
Il y a encore de quoi bouleverser la donne avec ce passage de lautre
côté de la barrière anticyclonique, dimanche !
vendredi 28 novembre 2008 :
Régate au contact
Sébastien Josse et Loïck
Peyron alternent à lavant
de la course. Le groupe de tête de plus en plus serré traverse
une zone météorologique instable où les cartes sont
régulièrement redistribuées. Seul Jean
Le Cam fait cavalier seul et tente une option à lEst.
Dun point de vue météo, les 36 prochaines heures sannoncent
cruciales
« On a limpression de régater en baie de Quiberon
» ont déclaré en chur plusieurs navigateurs
aujourdhui. Et pour cause ! Après 19 jours de mer et pas
loin de 5 000 milles parcourus, ils se retrouvent bord à bord,
à portée de canon. A léchelle dun tour
du monde (environ 24 000 milles marins, près de 45 000 km), naviguer
à vue entre concurrents est tout simplement insolite. Hier, Sébastien
Josse (BT) a aperçu Loïck Peyron (Gitana Eighty) sengluer
sous un nuage noir et en a fait le tour pour prendre la tête de
la course. Ce matin, il a opéré un contre-bord décole
pour se recaler dans laxe de son adversaire direct. Tout le groupe
de tête progresse dans un mouchoir de poche et se surveille du coin
de lil. Tous sauf Jean Le Cam (VM Matériaux), irréductible
Breton qui se décale régulièrement de ses rivaux.
Son option orientale laisse dubitatifs ses adversaires. Tel Icare trop
proche du soleil, Le Cam se rapproche dangereusement du centre anticyclonique
où règnent des calmes piégeurs. Mais sil a
vu juste, cette tactique osée lui rendra les rênes de la
course quil a lâchées depuis le Cap-Vert.
Nouveau départ
Ils arrivent à lentrée des mers du Sud et des fameux
40es Rugissants quils atteindront dimanche. Cette descente de lAtlantique
na pas défini de hiérarchie précise dans ce
6e Vendée Globe. Malgré sa longue domination, Loïck
Peyron sait que rien nest établi. Que la route est encore
très longue. Ses passes darmes régulières depuis
hier avec Sébastien Josse prouvent à quel point cette régate
est serrée. Nimporte quel solitaire du peloton de tête
peut pointer en haut de chaque classement. Et la situation météorologique
actuelle et à venir savère plutôt compliquée
à négocier.
Retour par derrière
Le ralentissement du groupe de tête à lapproche de
cet anticyclone offre la plus belle opportunité aux "retardataires"
de fondre sur le peloton de devant. Même si les écarts se
réduisent plus ou moins rapidement, cest un cadeau du ciel
qui se présente à eux. 22e de la course, le Suisse Bernard
Stamm (Cheminées Poujoulat) a établi la plus
forte progression sur les dernières 24h (257,9 milles en VMG).
Même à 900 milles des premiers, tous les espoirs sont bons
jeudi 27 novembre 2008 :
Josse au contact de Peyron
Au pointage de 11h, Sébastien Josse est revenu à 3,7 milles
du leader. Depuis le passage de léquateur, jamais Loïck
Peyron na été
aussi menacé de perdre le leadership. Les neuf premiers se tiennent
désormais en 61 milles après 18 jours de course ! Et la
situation météo très instable avec des passages de
grains aujourdhui pourrait continuer à jouer les trouble-fêtes.
Avec une vitesse de seulement 4,1 nuds sur une heure, contre 10,6
nuds pour Sébastien Josse (BT),
Loïck Peyron (Gitana Eighty) rencontre soit un problème à
bord soit des conditions météo bien différentes de
ses adversaires. Cette dernière solution est plus que probable
tant la situation météo au milieu de lAtlantique Sud
est instable. Joint ce matin par téléphone, Sylvain Mondon
de Météo France annonçait que des passages de grains
sur la tête de flotte pourraient entraîner des différences
de caps et vitesses importantes entre les coureurs. Illustration immédiate
au pointage de 11h. Et cela devrait durer toute la journée. Du
chamboulement au classement est donc à prévoir.
Comme prévu, un grand anticyclone barre toujours la route des leaders
qui nont depuis une semaine dautre choix que de continuer
plein Sud alors que le cap de Bonne-Espérance se trouve quasiment
dans leur Est ! Depuis le passage du Pot-au-Noir, les marins naviguent
entre le près et le travers, bâbord amures, dans une mer
souvent chaotique et des conditions instables qui obligent à manuvrer
régulièrement. Et cela devrait durer encore jusquà
dimanche.
Conséquence immédiate de ce tassement en tête, Mike
Golding (Ecover) retombé en 9e position pointe néanmoins
à 61 milles du leader. A 1000 milles derrière, le plus rapide
de la flotte sappelle Bernard
Stamm (Cheminées Poujoulat), flashé à
14,6 nuds. Classé 22e au large de Recife, Bernard revient
très fort sur Raphaël Dinelli
(Fondation Océan Vital) et Rich Wilson
(Great American III), désormais à moins de 100 milles. Le
Canadien Derek Hatfield (Algimouss-Spirit
of Canada) et Jean-Baptiste Dejeanty (Groupe
Maisonneuve), les deux derniers concurrents, devraient franchir léquateur
la nuit prochaine. Les 25 solitaires encore en course navigueront alors
tous dans lhémisphère Sud, étalés sur
1 500 milles du Nord au Sud
mercredi 26 novembre 2008 :
Abandon de Jérémie Beyou
Arrivé ce mercredi matin au Brésil, Jérémie
Beyou a confirmé son abandon : le skipper de Delta Dore
a dû mettre en route son moteur pour samarrer à quai
à Recife. Le solitaire est le cinquième à devoir
jeter léponge sur avarie grave. Pendant ce temps, la course
continue avec un groupe de tête qui se compresse à lapproche
de hautes pressions, positionnées très au Sud
Toujours stable
Du côté des leaders, la situation évolue peu si
ce nest que les neuf premiers se tiennent désormais en moins
de 85 milles avec une grande stabilité des positions, même
avec des écarts à quelques milles près : Sébastien
Josse (BT) est ainsi un peu plus proche du leader Loïck
Peyron (Gitana Eighty) mais cela nest
pas très significatif, tout comme Jean-Pierre
Dick (Paprec-Virbac 2) et Mike Golding
(Ecover 3), légèrement décalés plus à
lOuest qui savéraient les plus véloces ces dernières
heures. Effet local ou volonté de marquer un ascendant : il semble
que lobjectif des solitaires est de rester au contact sans se démarquer
en attendant que la situation anticyclonique évolue devant les
étraves. Et ce nest pas encore au programme ! Pour le trio
poursuivant, Marc Guillemot
(Safran) est toujours le plus rapide : il est désormais à
moins de 200 milles du leader et à 110 milles de Jean
Le Cam (VM Matériaux), neuvième et le plus décalé
vers lEst du groupe de tête.
Michel Desjoyeaux (Foncia)
est encore à 415 milles et na donc pas encore tout à
fait rattrapé son retard de son deuxième départ des
Sables dOlonne (360 milles) : il devrait toutefois bénéficier
de conditions météorologiques plus favorables à lorée
du week-end car Météo France annonce un ralentissement par
devant dû à cet anticyclone qui sécroule sur
lui-même
Enfin, ils ne sont plus que trois solitaires dans
lhémisphère Nord : lAutrichien Norbert
Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) devrait franchir la ligne
équatoriale ce mercredi ; le Canadien Derek
Hatfield (Algimouss-Spirit of Canada) et Jean-Baptiste
Dejeanty (Maisonneuve) profitent de conditions très favorables
puisquils naviguent déjà dans les alizés de
Sud-Est sans avoir été ralentis au passage du Pot au Noir
mardi 25 novembre 2008 :
Vitesse ou précipitation ?
Alors que depuis quatre jours, les solitaires en tête de la flotte
progressent toujours au près contre les alizés de Sud-Est,
la stabilité de lanticyclone ancré au large de lUruguay
pose le problème du choix de la route : faut-il continuer plein
Sud pour faire de la vitesse ou obliquer vers le Sud-Est au risque de
se planter dans les hautes pressions ?
Lanticyclone de Sainte-Hélène est dans tous les esprits
: va-t-il oui ou non bouger, et quand, et comment ? Car de sa position
dans deux jours, cest-à-dire jeudi soir, dépend la
trajectoire à suivre
Et celle-ci nest pas forcément
la même si le solitaire est devant comme Loïck
Peyron (Gitana Eighty), toujours leader
avec près de vingt milles davance sur Sébastien
Josse (BT), ou un peu derrière comme Michel
Desjoyeaux (Foncia) à plus de quatre cent milles
du premier. Le vent est certes plus favorable ces dernières heures
pour grappiller de langle afin darrondir la route vers le
cap de Bonne Espérance, puisque les alizés prennent un peu
dEst dans leur Sud-Est. Serrant moins le vent, les monocoques peuvent
accélérer et progressent ainsi à plus de quinze nuds.
Mais le choix est désormais de piquer plein Sud (180°) pour
aller plus vite vers les 40èmes (à plus de 1 200 milles
des étraves) ou dobliquer pour se rapprocher de la route
directe (140°). Quarante degrés dangle à bord
dun voilier, cela fait un différentiel de vitesse conséquent
: plus de quatre nuds !
Des alizés inconstants
Sur leau, le groupe de tête na pas tout le temps
les mêmes conditions avec un alizé qui mollit puis reprend
du souffle, qui oscille entre Sud-Est et Est-Sud Est, voir Est
De
fait, les vitesses ne sont pas toujours aussi constantes et les caps varient
de plus ou moins vingt degrés ! Dans lensemble, le leader
a perdu du terrain ce mardi midi face à sa meute de poursuivants,
et Sébastien Josse naviguant plus haut et plus vite, a gagné
quasiment dix milles en six heures
Et Jean
Le Cam (VM Matériaux) est encore le plus rapide de la flotte
en compagnie dArmel Le Cleac'h
(BritAir) qui dépasse 17,5 nuds sur une heure de pointage
! Enfin, pour Derek Hatfield (Algimouss-Spirit
of Canada) et Jean-Baptiste Dejeanty (Maisonneuve),
lapproche du Pot au Noir seffectue très rapidement
: à plus de treize nuds de moyenne
lundi 24 novembre 2008 :
Statu quo
Alors que les leaders sont déjà à la latitude de
Salvador de Bahia (Brésil), le vent a légèrement
(mais éphémèrement) tourné vers lEst
ce qui a permis au groupe de tête daccélérer.
Mais cette bascule nétait que passagère et il faudra
encore attendre deux jours pour que la situation météorologique
puisse évoluer.
Pas de changement radical en ce quinzième jour de course : les
alizés étaient ce midi toujours présents, de secteur
Sud-Est quinze nuds pour le peloton, de secteur Est vingt nuds
pour les premiers. De cette petite différence dorientation
et de force est né un différentiel de vitesse de près
de trois nuds entre ces deux groupes, tandis que les cinq solitaires
qui ont franchi léquateur en ce début de semaine (White,
Bazurko, Malbon, Dinelli, Wilson) commençaient seulement à
toucher des prémices dalizés. Quant à Bernard
Stamm, il a pu sextraire très rapidement dun
Pot au Noir très Nord, alors que lAutrichien Norbert
Sedlacek ouvre une voie (peu rapide) très à
lEst... Et pour les deux « revenants » des Sables dOlonne
(Derek Hatfield, Jean-Baptiste
Dejeanty), larchipel du Cap Vert est déjà
dans le tableau arrière
Malgré plus de 1 500 milles
de décalage Nord-Sud, les conditions de navigation sont finalement
assez semblables, sous le soleil et dans une brise modérée.
dimanche 23 novembre 2008 :
Avarie de gréement sur Delta Dore
Jérémie Beyou se détourne
depuis 9h00 ce matin vers le Brésil, probablement Recife, afin
de trouver un mouillage et dexpertiser son avarie de gréement
tribord (barres de flèche sous le vent). Le skipper de Delta Dore
nabandonne pas et espère pouvoir réparer par lui-même
cette avarie.
samedi 22 novembre 2008 :
Derrière la ligne
Lhorizon est désormais penché derrière
la ligne de séparation des hémisphères : le vent
de Sud-Est est bien installé entre 15 et 20 nuds et ce régime
devrait durer au moins quatre jours, si ce nest plus ! Les dix premiers
ont passé léquateur, poursuivis par quatre autres
solitaires qui devraient franchir la ligne en début de nuit prochaine.
Ce nest pas très important, mais si cela continue à
ce rythme comme en ce début de week-end, il va y avoir du doute
dans lair ! Car maintenant que les dix leaders ont franchi léquateur,
les conditions météorologiques sont stables : constater
que Loïck
Peyron (Gitana Eighty) arrive à
gratter encore trois milles par jour sur ses deux dauphins, Sébastien
Josse (BT) et Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac
2) et jusquà vingt milles sur Jean Le
Cam (VM Matériaux) et Jérémie
Beyou (Delta Dore), nest pas de bon augure ! Surtout que
les vents de Sud-Est qui soufflent désormais sur la tête
de la flotte sont au programme pendant quelques jours
Quatre ou
cinq au moins, voire plus. Car lanticyclone de Sainte Hélène
a des velléités vacancières du côté
du Brésil, loin, très loin de sa position habituelle au
Sud du golfe de Guinée. En conséquence, les leaders vont
devoir faire du près dans une mer assez hachée au moins
jusquà la latitude de Salvador de Bahia, soit plus de 1 200
milles !
Vitesse pure
Deux facteurs vont donc jouer sur le différentiel de vitesse dans
ce « club des dix » : le bateau avec son concept architectural
et son optimisation ; le skipper avec sa présence sur le pont pour
affiner les réglages. Or les quatre premiers sont tous des plans
de larchitecte néo-zélandais Bruce Farr ! Le Baulois
a lart de mettre la pression sur ses concurrents en marquant son
ascendant par touches homéopathiques : il lavait déjà
fait lors de la descente dans les alizés canariens, il recommence
dans les alizés de Sainte-Hélène
Il est probable que le vent est un peu moins établi pour le groupe
suivant comprenant Dominique Wavre (Temenos
II), Brian Thompson
(Bahrain Team Pindar), Samantha
Davies (Roxy) et Marc
Guillemot (Safran) : ils ont passé léquateur
quen milieu daprès-midi. Mais dors et déjà,
il va falloir surveiller le plan Juan Kouyoumdjian du Britannique : très
puissant, très lourd et très toilé, ce monocoque
est attendu au tournant car ce sont les conditions idéales pour
quil sexprime et à première vue, il grappille
déjà presque un nud sur ses plus proches concurrents
!
Changement de Pot
Michel Desjoyeaux (Foncia)
peut souffler : il a passé le Pot au Noir la nuit dernière
avec quelques grains mais peu de ralentissement alors que celui-ci est
en train de gonfler, de se reformer et même de se refermer sur Steve
White (Toe in the water)
Sans parler des plus « extrémistes
» qui ont voulu « couper le fromage » en cherchant un
passage sur le 23° Ouest, trop près des côtes africaines
! Le Basque Unai Basurko (Pakea Bizkaia) en
fait les frais avec une des plus faibles progressions vers le but de toute
la flotte : cette situation pourrait lui coûter cher, tout comme
au Britannique Jonny Malbon
(Artemis) qui voit revenir dans son tableau arrière, lAméricain
Rich Wilson (Great American III) et Raphaël
Dinelli (Fondation Ocean Vital) qui a pourtant perdu son gennaker.
Vu de larrière
Jean-Baptiste Dejeanty (Maisonneuve) est
toujours le plus rapide de la flotte avec une moyenne journalière
de plus de treize nuds : le benjamin du Vendée Globe a ainsi
pu rattraper une grande partie du terrain perdu lors de son deuxième
départ, quand le golfe de Gascogne a été très
mou
Il nest plus quà 1 660 milles du leader.
Tout comme Bernard Stamm
(Cheminées Poujoulat) qui est sorti de larchipel du Cap Vert
la nuit dernière : avec plus de dix nuds de moyenne sur la
route, le Suisse a pu repasser sous la barre des 900 milles en écart
par rapport au premier. Bonne pioche !
vendredi 21 novembre 2008 :
Changement de décor
Fini le pot-au-noir, finalement peu actif, et place à
lhémisphère Sud qui se profile avec le passage cette
nuit de léquateur. Derrière Loïck Peyron toujours
en tête, neuf solitaires se tiennent en moins de 60 milles. Ce top
10 attaque lAtlantique Sud les écoutes entre les dents !
Les traditions se perdent ! Peu de marins joints aujourdhui à
la vacation nont prévu de fêter dignement le passage
de léquateur la nuit prochaine. Quasiment pas la moindre
offrande à Neptune qui, pourtant, leur a concocté un pot-au-noir
des plus complaisants. Un ersatz de pot même, sans orages ni grains
à 40 nuds. Une version allégée que les premiers
ont traversé comme des fleurs. Et selon certains, le plus facile
pot-au-noir quils aient connu ! Finalement, le groupe de tête
a plus été ralenti dans son approche de la zone de convergence,
lorsque lalizé était faible, que dans la traversée
elle-même de cette zone redoutée. Pour les retardataires
aussi le pot-au-noir semble des plus cléments. Mais méfiance.
Dhumeur ombrageuse, Neptune pourrait se vexer de lingratitude
des premiers et se venger sur les suivants.
Statu quo en tête
Grâce à cette traversée express, le classement na
pas été chamboulé. Linamovible Loïck
Peyron (Gitana Eighty) mène
la flotte depuis maintenant neuf jours, avec Sébastien
Josse (BT) toujours collé dans son sillage. Plutôt
discret jusque-là, le vainqueur du dernier Vendée Globe
se hisse sur le podium provisoire. Vincent Riou
(PRB) profite dune position décalée dans lest
par rapport à ses adversaires directs pour grappiller quelques
places. Tout ce petit monde navigue désormais penché, au
près bâbord amures dans une mer désordonnée.
Le top 10 de ce Vendée Globe, toujours aussi groupé en 75
milles, a changé de garde-robe, rangé les spis et ressorti
les génois ou trinquettes. Au menu des prochains jours, du près
et encore du près. Et en labsence dun anticyclone de
Sainte-Hélène bien établi, les options stratégiques
vont de nouveau fleurir au large du Brésil.
Gasoil ou baignade
Au registre des petites avaries du quotidien, Jean
Le Cam (VM Matériaux) a déploré une fuite
de gasoil au fond de son bateau, lobligeant à éponger
les 30 litres nauséabonds qui se baladaient dans la cale moteur.
De son côté, Jean-Pierre Dick
(Paprec-Virbac 2) a perdu quelques milles en accrochant un filet de pêche
dans sa quille. Comme à son habitude, Jean-Pierre na pas
traîné longtemps avant daffaler les voiles et plonger
sous la coque de son navire un couteau à la main. Enfin une tradition
qui ne se perd pas
jeudi 20 novembre 2008 :
A la merci du pot
Victimes de la mobilité du pot au noir, les bateaux
de tête se sont embourbés ce matin dans les calmes, pour
la seconde fois en 24 heures. Conséquence immédiate de ce
deuxième ralentissement : un tassement de la flotte et un retour
tonitruant de larrière garde. A 344 milles de léquateur
et après 11 jours de course, le top 10 se tient en 80 milles et
nul ne sait quelle en sera la hiérarchie au sortir du pot au noir.
Hier, aux abords du 7e degré de latitude nord, les leaders du Vendée
Globe ont vécu un premier épisode de calmes. Voiles faseyantes
et claquant dans une houle sans vent, douches tièdes sous les orages,
de nombreux empannages et des changements de voiles ont été
le lot de la nuit. Manque de chance, le pot au noir persiste aujourdhui
à leur faire des misères.
Cette zone de conflit entre les deux alizés (hémisphère
nord et sud) sest en effet décalée dans le sud pour
se placer à nouveau en travers de leur route. Conclusion : à
la mi-journée, lavant-garde de la course subissait un nouveau
coup de frein.
Pétole, moiteur et guerre des nerfs
Vaillant leader depuis 8 jours, Loïck
Peyron avait la voix fatiguée
et la verve fataliste. A la vacation du jour, il avouait navoir
aucune idée de lissue de cette affaire, ne plus regarder
les infos météo et tenter simplement davancer droit
devant, cap au sud. Depuis ce matin, le skipper de Gitana Eighty avait
en effet de quoi se faire des cheveux blancs. Dans son rétroviseur,
se profile lombre de ses adversaires qui profitent de ses difficultés
pour peaufiner leur trajectoire et avancer. De fait, ils sont désormais
dix en 80 milles à se bagarrer comme des chiffonniers au prix de
quelques litres de sueur. Car latmosphère est toujours aussi
torride à 344 milles de léquateur. Dans les habitacles
de carbone, le thermomètre dépasse les 30 degrés
tandis quun soleil cuisant inonde les cockpits, ce qui a valu à
Dominique Wavre quelques vilains maux de
crâne, tandis que Samantha
Davies se baladait sur le pont de Roxy en bikini. Dans
ce contexte, les quelques grains pluvieux croisés dans le pot étaient
accueillis comme des douches providentielles. Mais les conditions de navigation
restent éreintantes, dautant que ce pot au noir est en train
de devenir le lieu dun nouveau départ.
Au pointage de 16h00, Loïck Peyron, crédité dune
vitesse de 7 nuds (contre 2,2 nuds ce midi !), conservait
certes une avance de 20 milles. Mais dans son tableau arrière,
cest la guerre entre Sébastien Josse (BT), Jean Pierre Dick
(Paprec-Virbac 2), Vincent Riou (PRB), Armel Le Cléach (Brit
Air), Yann Eliès (Generali), Mike Golding ( Ecover), Roland Jourdain
(Veolia Environnement), Jérémie Beyou (Delta Dore) et enfin
Jean Le Cam (VM Matériaux). Daprès les données
météo, tout ce petit monde pourrait entrevoir la porte de
sortie dans la soirée et toucher cette nuit ou demain matin les
premiers signes de lalizés du sud-est. Mais dans quel ordre
? Peyron, lui, avait déjà sorti son génois
116 milles de gagnés pour Foncia
En deuxième et troisième rideau, les bateaux de chasse assistent
de loin à ce spectacle en applaudissant des deux mains. Crédités
de vitesses parfois deux à trois fois supérieures à
leurs prédécesseurs, ils sont les grands gagnants de ces
dernières 48 heures. Onzième, Dominique Wavre (Temenos II)
a récupéré une quarantaine de milles ; Marc Guillemot
(Safran), émerveillé par le spectacle dun groupe de
gros mammifères marins, en a rattrapé 70. Enfin, Michel
Desjoyeaux (Foncia) qui a passé sa nuit allongé dans le
cockpit à admirer les étoiles, a quant à lui gagné
116 milles en 24 heures. Mais en navigateur prudent et expérimenté
quil est, il estimait à raison quil était bien
trop tôt pour se réjouir !
mercredi 19 novembre 2008 :
Bienvenue dans un univers aléatoire
Emmenés par Loïck
Peyron, les
premiers concurrents ont abordé le pot au noir et expérimentent
depuis cet après midi le douloureux exercice dune navigation
sans vent. Contraints à une veille de tous les instants pour extirper
de leurs grands monocoques quelques dixièmes de nuds, les
voici plongés pour 24 à 36 heures dans un univers aléatoire.
Un regroupement est à prévoir.
La ligne de départ est fermée
En ce 10e jour de course, 2100 milles séparent les chefs de file
du dernier concurrent. Quand les premiers pensent déjà au
franchissement de léquateur, dautres abordent ou sextirpent
de larchipel du Cap Vert. Plus haut sur la carte de lAtlantique
nord, Bernard Stamm
arrondit les Canaries, Derek Hatfield glisse
à louest de Madère et Jean-Baptiste
Dejeanty file au large du Portugal. Le skipper de Maisonneuve
surveille létanchéité du pont de son bateau
comme du lait sur le feu. Il est le dernier concurrent à avoir
profité des 10 jours douverture de la ligne de départ
pour rentrer aux Sables dOlonne et réparer à terre.
La ligne est dailleurs définitivement fermée depuis
ce mercredi 13h02.
Le Cam puni par ses pilotes
Les autres, depuis longtemps déjà, sont contraints de résoudre
sur leau le moindre pépin technique, à la force des
bras et des méninges.
Jean
Le Cam en a fait la douloureuse expérience
la nuit dernière : ses quatre pilotes automatiques hors service,
il a passé plusieurs heures en travers de la route pour résoudre
la panne et estime avoir perdu 45 milles dans lopération.
A ce contretemps viennent sajouter les milles envolés au
cours de son recalage obligatoire dans louest. Résultat des
courses : VM Materiaux a dégringolé à la 8e place,
à 93 milles de Loïck Peyron.
mardi 18 novembre 2008 :
Resserrement en tête de flotte
Le ralentissement
du groupe de tête à cause dun alizé erratique
profite à lensemble des poursuivants qui réduisent
leur retard. La flotte se resserre à lapproche du pot-au-noir
que les premiers aborderont dans la journée de mercredi. Derrière
Loïck
Peyron, impérial
aux avant-postes depuis cinq jours, la lutte des places est soutenue entre
les sept poursuivants. Et la traversée du pot-au-noir pourrait
bien redistribuer les cartes
La course au large nest pas très morale ! Le malheur des
uns fait le bonheur des autres
quand ça tamponne devant,
les attardés se frottent les mains et retrouvent un grand sourire.
De Brian Thompson (Bahrain
Team Pindar), actuellement 12e à Michel
Desjoyeaux (Foncia), 18e et qui continue de remonter ses
adversaires les uns après les autres, les écarts au premier
ont fondu de 100 à plus de 200 milles en moins de 24 heures. Quel
bonheur de voir tant defforts récompensés ! En repartant
des Sables deux jours après tout le monde, Mich Desj
avait rapidement vu son retard doubler, passant de 340 à près
de 700 milles à cause de conditions météo moins favorables
derrière. Ce nest finalement que justice que la tendance
sinverse enfin. Avec 444 milles de déficit mardi à
16h, son solde reste encore négatif. Mais à ce rythme, les
compteurs pourraient être remis à zéro demain.
lundi 17 novembre 2008 :
Jean Le Cam seul contre tous
La valse des positions entre les deux leaders se poursuit ce lundi soir.
A la faveur dune route décalée à lest
(donc plus proche du but) et dun empannage de Loïck Peyron
vers louest pour se recaler dans laxe dun club des cinq
dangereux poursuivants, Jean Le Cam a repris les commandes de ce 6e Vendée
Globe. Comme ce matin au pointage de 5h
Et une nouvelle fois, pour
combien de temps ?
Si la théorie sappliquait immanquablement en course au large,
Loïck
Peyron (Gitana Eighty) et Jean
Le Cam (VM Matériaux) devraient continuer
à séchanger la première place à chaque
fois quils naviguent sur des bords opposés. Ainsi, le classement
provisoire profite à celui (actuellement Jean Le Cam) qui file
bâbord amures vers le sud (bord le plus rapprochant) lorsque lautre
a empanné tribord amures pour se recaler vers le sud-ouest (le
cas de Peyron ce soir). Lorsque les deux hommes empanneront de nouveau,
cest logiquement Loïck Peyron, alors sur le bord favorable,
qui reprendra les commandes. Voilà pour la théorie. A vérifier
demain au premier classement du matin
A 126 milles décart latéral, mais quasiment à
la même latitude, le duel à distance entre les deux leaders
traduit deux stratégies différentes. Dun côté,
Loïck Peyron et Sébastien Josse
(BT) se recalent dans laxe du club des cinq pour mieux les contrôler
et aussi se positionner en vue de lentrée du pot-au-noir
dans les 48 heures à venir. Ces contre-bords coûtent chers
puisquil ont permis à Jean-Pierre Dick
(Paprec-Virbac 2), Vincent Riou (PRB), Armel
Le Cleac'h (Brit Air), Yann
Eliès (Generali) et Roland Jourdain
(Veolia Environnement) de réduire leur retard sur Peyron de près
de 40 milles en 4 heures !
Du coup la flotte se resserre, à lexception de Jean Le Cam
qui se retrouve bien seul dans son option à lest. Toujours
en théorie, la porte dentrée pour traverser au plus
vite la zone de convergence inter-tropicale se situe entre 27° et
28° de longitude ouest. Naviguant actuellement par 24° Ouest,
trois solutions se présentent à Jean Le Cam.
1) Tirer plein sud et tenter une traversée du pot-au-noir dans
sa partie théoriquement la plus large. Très
risqué ! Loïck Peyron la payé comptant lors de
la Transat Jacques Vabre lannée dernière et
pour beaucoup moins décart latéral que ça !
2) Profiter de régulières variations de lalizé
entre le nord-est et le nord pour se recaler dans louest vers ses
adversaires. Solution la plus préférable que tente semble-t-il
Le Cam qui a déjà contre-border une fois aujourdhui.
Encore faut-il que le vent le permette.
3) Se recaler dans louest coûte que coûte pour éviter
la partie large du pot-au-noir sans avoir bénéficié
de variations régulières du vent pour minimiser la perte
des contre-bords. Solution conservatrice qui évite le pari risqué
de lest seul contre tous, et permet de revenir au contact des autres,
quitte à perdre la position de leader.
Les prochaines 48 heures de course seront-elles déterminantes ?
dimanche 16 novembre 2008 :
La tendance se confirme
Le classement de 11h00 ce dimanche matin confirme la tendance : Loïck
Peyron (Gitana Eighty), Sébastien
Josse (BT) et Jean
Le Cam (VM Matériaux), à 150 milles
dans le Nord de larchipel du Cap Vert, ont réussi à
sextirper de la meute en glissant cette nuit vers le Sud.
Depuis samedi soir, ils bénéficient dun vent plus
soutenu que leurs poursuivants positionnés à lOuest.
Deux à trois nuds supplémentaires, qui se concrétisent
automatiquement par deux à trois nuds de vitesse en plus.
Derrière, Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac
2) était un peu perplexe de sêtre fait coincer dans
une zone de vent plus faible, à proximité dune bulle
anticyclonique que tous navaient pas anticipée.
Ce tiercé de tête a donc trouvé le bon couloir dans
un alizé perturbé et instable, voire parfois aux abonnés
absents. En milieu de paquet, Dominique Wavre
(Temenos II), stoppé pendant quatre bonnes heures cette nuit, décrivait
à nouveau des conditions lacustres. Plus loin, au sortir des Canaries
où il est allé empanner près des plages, Jonny
Malbon (Artemis) confiait à la vacation avoir passé
deux heures, voiles faseyantes
Prochain casse-tête à venir : larchipel du Cap Vert.
samedi 15 novembre 2008 :
Soleil, chaleur et instabilité
Les premiers concurrents ont doublé vendredi les Iles
Canaries et poursuivent leur descente cap Sud-Ouest en direction du Cap
Vert, dans une atmosphère très estivale.
Lalizé soutenu ces dernières 48 heures a perdu de
sa ferveur, pour cause de dorsale anticyclonique qui sétale
vers le Sud-Ouest. Les vitesses moyennes ont chuté (10 à
11 noeuds contre 15 à 16 vendredi) et la tête de course sest
légèrement regroupée. Marc
Guillemot a été le grand perdant de ces dernières
24 heures. Passé trop près de larchipel des Canaries,
le skipper de Safran est resté plusieurs heures « tanqué
» sous le vent de Palma, progressant à 3 ou 4 nuds
de vitesse, soit quatre fois moins vite que ses adversaires. Ce matin,
le bilan est lourd pour « Marco » : 141 milles de perdus.
En cette sixième journée de course, un top 10 circonscrit
sur une centaine de milles, se détache désormais du reste
du peloton, Loïck
Peyron en éclaireur. Dans son sillage,
comme prévu, les places valsent au gré des classements.
Les marins joints à la vacation de ce samedi midi ont décrit
des conditions de navigation pour le moins agréables : grand soleil,
25 degrés sur le pont, mer calme. La plupart dentre eux en
profitent pour faire sécher leurs petites affaires, faire leur
toilette, voire raser pour la première fois les barbes naissantes.
Pas question cependant de céder au farniente. Les conditions de
vent restent instables et obligent les marins à rectifier en permanence
leurs réglages.
vendredi 14 novembre 2008 :
Peyron leader, Le Cam rapide dans les alizés
musclés
Alors que la flotte
sétale au large de larchipel des Canaries, Loïck
Peyron (Gitana Eighty) mène la danse depuis plus
dune journée maintenant et tient les rennes dun quatuor
de tête où sest illustré Jean
Le Cam, très rapide ces dernières 24 heures.
Au classement de 11 heures ce jour, le skipper de VM Materiaux est passé
en seconde position, 27,5 milles derrière le leader (classement
de 11h00) tandis que Sébastien Josse (BT) et Jean Pierre Dick (Paprec-Virbac2)
complètent ce carré das qui se tient en 36 milles
à peine.
Dans les alizés de nord-est (20 à 25 nuds
de vent et des grains), les moyennes de vitesse des bateaux sont montées
dun cran et les conditions de navigation sont loin de ressembler
à « la croisière samuse ». Sous gennaker,
les grands monocoques glissent à 17 nuds moyens, avec des
pointes à 25. Latmosphère est humide et sportive.
La concentration est de mise pour éviter les sorties de route.
Seule consolation : les températures relativement douces de leau
et de lair.
Stratégiquement, chacun a placé ses pions. Dans le groupe
des 10 premiers bateaux, la flotte est éparpillée douest
en est sur 170 milles et au sein de ce peloton, cest Marc Guillemot
(Safran) qui est le plus oriental de tous. Safran est en effet en train
de croiser 30 milles au large de Palma. A lopposé, Vincent
Riou (PRB) et Armel Le Cléach (BritAir) sont les plus
à louest et naviguent littéralement à vue,
à 3 milles lun de lautre. Tant et si bien que le deuxième
a reçu un coup de fil du premier cette nuit, lors du passage dun
grain
Dès maintenant, et tant que les pilotes automatiques continuent
de bien maîtriser les grandes glissades au portant, chacun se penche
sur sa stratégie pour le passage du pot au noir, un des points
clés de ce parcours de 24 000 milles.
jeudi 13 novembre 2008 :
Bestaven et Pavant de retour, Stamm reparti
Yannick Bestaven (Aquarelle.com) sous
gréement de fortune, puis Kito de Pavant (Groupe Bel), au moteur,
sont arrivés à 2h40 et 2h55 au ponton des Sables dOlonne.
Une heure plus tard, ils souhaitaient bon vent à Bernard Stamm
(Cheminées Poujoulat) qui, après 74h descale, repartait
en mer.
mercredi 12 novembre 2008 :
En bordure danticyclone
Les solitaires ont définitivement quitté le mauvais temps
du golfe de Gascogne et presque tous naviguent dans les alizés
portugais à plus de douze nuds de moyenne en direction de
larchipel de Madère. Jean-Pierre Dick
a repris la main.
Le petit train en direction de léquateur est sur des rails
! Le vent de secteur Nord qui sévit au large du Portugal est désormais
plus régulier en soufflant à une quinzaine de nuds
et les vitesse des monocoques sont (à quelques dixièmes
de nud près) identiques. Sous grand voile haute et spinnaker
maxi, les skippers peuvent reprendre des forces, salimenter correctement
et dormir plus sereinement après le coup de vent de la veille.
Mais attention tout de même : le portant sous spi peut rapidement
devenir une galère si la brise rentre
mardi 11 novembre 2008 :
Le point sur les avaries
Le très mauvais temps qui a sévi danx le golfe de Gascogne
na pas ménagé la flotte des trente concurrents du
Vendée Globe. Dans laprès-midi du 10 novembre, les
monocoques ont dû affronter des vents de 45 à 50 nuds
dans une mer confuse mettant à mal une partie des concurrents.
-Dominique Wavre (Temenos II) : problème
électrique, retour aux Sables dOlonne le 9 novembre. Il a
repris la course le 9 novembre au soir.
-Bernard Stamm (Cheminées
Poujoulat) : abordage avec un cargo, retour aux Sables dOlonne dans
la nuit du 9 au 10 novembre. Il a prévu de repartir le 11 novembre
vers midi.
-Michel Desjoyeaux (Foncia)
: problèmes électriques consécutifs à une
fuite de ballast. Arrivée aux Sables dOlonne dans la nuit
du 10 novembre. Il a prévu de repartir le 11 novembre au matin.
-Jean-Baptiste Dejeanty (Maisonneuve) : panneau
de pont endommagé dans la matinée du 10 novembre. Arrivée
prévue aux sables dOlonne dans laprès-midi du
11 novembre. Escale technique dau moins deux jours.
-Derek Hatfield (Algimouss-Spirit of Canada)
: problèmes électriques dans laprès-midi du
10 novembre. Arrivée prévue aux Sables dOlonne dans
laprès-midi du 11 novembre. Escale technique dau moins
une journée.
-Yannick Bestaven (Aquarelle.com) : démâtage
dans laprès-midi du 10 novembre. Arrivée prévue
aux Sables dOlonne dans la nuit du 11 au 12 novembre.
-Kito de Pavant (Groupe Bel) : démâtage
dans laprès-midi du 10 novembre. Arrivée prévue
aux sables dOlonne dans la nuit du 11 au 12 novembre.
-Alex Thomson (Hugo Boss) : problème
de structure dans laprès-midi du 10 novembre. Voie deau.
Arrivée prévue aux Sables dOlonne dans la nuit du
11 au 12 novembre.
À noter que malgré les conditions météorologiques
déplorables, hormis les deux démâtages de Groupe Bel
et de Aquarelle.com et le problème de structure affectant Hugo
Boss, les autres retours au port sont motivés par la volonté
des solitaires deffectuer leur tour du monde dans les meilleures
conditions de navigation possible.
Le service communication de DCNS a indiqué à la Direction
de Course que le monocoque de Marc Thiercelin
avait démâté 7h30 ce mardi par 44°15 Nord
et 8°43 Ouest. Le solitaire a précisé que les dégâts
étaient importants et quil lui paraissait difficile de repartir
en course. Le solitaire na pas confirmé vers quel port il
comptait se diriger.
À 6h00, Michel Desjoyeaux
était sorti du port des Sables dOlonne : il devait repartir
incessamment en course en passant au Sud de la bouée Nouch. Foncia
concède environ 360 milles sur les leaders en approche du cap Finisterre.
« Foncia est reparti en mer vers 5h40 après un pit-stop digne
de Ferrari, comme neuf. Un grand bravo à léquipe technique
et aux deux gars de chez Nanni. La mer est toujours formée et le
vent a bien molli en passant à lOuest-Nord Ouest. Les Sablais
étaient encore ne nombre sur les quais et au ponton : cétait
top ! » indiquait Michel Desjoyeaux par mail.
lundi 10 novembre 2008 :
Les deux navigateurs Suisse de retour
aux Sables
Difficile début de Vendée Globe pour les deux navigateurs
suisses de cette sixième édition. Dominique
Wavre (Temenos) et Bernard
Stamm (Cheminées Poujoulat) sont tous les deux revenus
au port des Sables dOlonne. Problème dénergie
pour le premier déjà reparti. Casse du bout-dehors dans
une collision pour le second toujours à quai. Pendant ce temps-là,
Marc Guillemot (Safran) a pris la tête de la course dès le
premier classement de 16h00 dimanche et ne la lâche plus.
Michel Desjoyeaux est
le troisième concurrent à revenir samarrer au quai
de Port-Olona après les Suisses Dominique Wavre et Bernard Stamm.
La course contre la montre a commencé pour léquipe
technique et les électriciens afin de réparer le problème
électrique au plus vite. Le vainqueur du Vendée Globe 2000-2001
espère repartir avant 4h30 ou à partir de midi.
On pressentait que ce début de Vendée
Globe serait sélectif. Il lest au-delà
de toutes les supputations. Les vents forts et la mer désordonnée
qui balayent le golfe de Gascogne frappent sans discrimination, des favoris
aux sans-grades, des amateurs éclairés aux professionnels
les plus aguerris. On oublie parfois quavant davoir le droit
de tutoyer les mers du Sud, il existe des examens de passage impitoyables.
La mer, quand elle décide de corriger les devoirs, ne fait pas
toujours dans la dentelle. Elle peut décider dinfliger une
correction à ses meilleurs élèves comme aux petits
nouveaux de la classe.
Et pourtant, quand on y regarde bien, ce sont rarement des problèmes
de structure qui affectent les malheureux qui doivent en rabattre et prendre
la décision difficile de retourner à la case départ.
Dans ce jeu de loie grandeur nature, il suffit parfois dun
détail pour mettre à mal un projet élaboré
patiemment depuis des années : fortune de mer comme pour Bernard
Stamm, le skipper de Cheminées Poujoulat, victime dune
collision avec un cargo, problèmes électriques à
bord de Téménos II, Foncia, Algimouss Spirit of Canada,
violence dune vague capable dendommager les superstructures
comme pour Jean-Baptiste Dejeanty à bord de Groupe Maisonneuve
ou de provoquer le démâtage dAquarelle.com, le voilier
de Yannick Bestaven, tout comme celui de Kito de Pavant (Groupe Bel),
les causes sont multiples, mais le constat est le même. Il nest
pas toujours besoin daller très loin pour subir les colères
de locéan. Le golfe de Gascogne tient à rappeler quil
nest pas de danger que dans les mers du Sud et que certains quarantièmes
Nord valent bien parfois les cinquantièmes hurlants de locéan
Pacifique.
Cette première série de retours au port ne doit pas masquer
que le reste de la flotte souffre aussi. Il serait étonnant que
les rescapés de cette première série se soient sortis
sans aucun dommage collatéral de cette furie qui a assailli la
flotte. A ce petit jeu, la guerre psychologique risque de reprendre ses
droits dans les jours à venir. Il faudra faire bonne figure, ne
pas laisser transparaître ses éventuels points de faiblesse.
Ceux qui seront passés à travers les mailles du filet mesurent
aussi quentre lexploit et la catastrophe, la marge est parfois
ténue. On comprend mieux pourquoi les navigateurs solitaires ne
se départissent jamais dune forte dose dhumilité.
Ils savent
A 9h19 (heure française) ce lundi matin,
alors qu'il était à 200 milles nautiques des Sables d'Olonne,
Michel Desjoyeaux - skipper de FONCIA - a informé son équipe
technique de sa décision de faire demi-tour et de revenir au port.
Une fuite d'eau venant de l'un des ballasts a provoqué un problème
électrique empêchant de démarrer le moteur nécessaire
au rechargement des batteries. Michel Desjoyeaux : « Jai
senti une odeur de cramé
Javais une petite fuite sur
un capot de ballast, javais un peu sous-estimé son importance
et les dégâts quelle pourrait faire. De leau
est entrée dans la cale moteur
Je pensais quil y en
avait très peu et ce matin quand jai fait tourner mon moteur,
au bout de 40 minutes de charge, jai senti une odeur de cramé
A priori, le faisceau du moteur a appris à nager. Cétait
sa première leçon ce matin et cela ne lui a pas plu du tout
!... Je sais déjà ce que cest de faire un bout de
tour du monde avec un moteur qui ne démarre pas facilement, alors
avec un moteur qui ne démarre pas du tout, cela ne me plaît
pas trop. Jai donc décidé de faire demi-tour et de
revenir aux Sables dOlonne pour réparer. Jespère
arriver ce soir aux Sables dOlonne en espérant que la mer
me permettra de passer lentrée du port. Quand je vois déjà,
hors plateau continental, comment la mer est formée, je me dis
que devant nous, cela va être assez fort. Mais bon, je pense que
cela passera ! Je pense entrer vers 22h (heure française) dans
le chenal.»
« Léquipe technique est déjà prévenue
de lampleur des dégâts que jai pu constater,
maintenant je nai pas tout ouvert non plus. Léquipe
va déjà rassembler les morceaux mis en cause dans les dégâts.
On repartira au mieux à la marée du lendemain matin sachant
que nous devons faire un diagnostic très précis, chose quil
est impossible de faire dans les conditions actuelles ».
dimanche 9 novembre
2008 :
Face à la mer
Bon départ pour cette sixième éditon
du Vendée Globe ce dimanche à 13h02 : dans une brise de
secteur Sud-Ouest modérée et sur une belle houle du large,
Mike Golding prenait le meilleur au coup
de canon, mais volait de quelques mètres lalignement... Mais
grâce à sa surface de voile plus importante, Alex
Thomson partait très vite vers lOuest devant une
foule compacte de bateaux accompagnateurs.
Les trente solitaires sont donc partis pour environ 80 à 100 jours
de mer autour du monde ! Sous un ciel gris, couvert, parfois légèrement
pluvieux, mais avec une petite éclaircie au moment du coup de canon,
les monocoques pouvaient envoyer presque toute leur voilure car la brise
ne dépassait pas les douze nuds
Seul Michel
Desjoyeaux se retrouvait en difficulté en raison
dun virement de bord imprévu juste avant le départ
!
Ecover 3 se présentait le plus favorablement sur la ligne de départ,
une ligne mouillée pour que les skippers sélancent
directement vers le large en bâbord amure, cap vers lOuest
dans cette brise et cette mer contraire. Mais le Britannique préférait
sadjuger le meilleur départ en tribord amure : malheureusement,
Ecover 3 mordait légèrement la ligne avant le coup de canon.
Il revenait passer le ligne ! La majorité des monocoques avait
pris un ris dans la grand voile et envoyé la trinquette à
lexception de trois Britanniques, Mike Golding,
Dee Caffari,
Alex Thomson et des Français Vincent
Riou, Michel Desjoyeaux
avec certains sous trinquette et dautres sous foc solent !
Cest donc dans la soirée que les conditions météorologiques
vont se dégrader avec larrivée dune dépression
sur lIrlande générant des vents de secteur Sud-Ouest
de plus de 30 nuds avec des rafales à plus de 45 nuds
au passage des fronts. Après quelques minutes, les monocoques salignaient
avec Vincent Riou sous le vent, en compagnie de Jérémie
Beyou, Jean-Pierre Dick, Dee Caffari, Sébastien Josse
tandis
quAlex Thomson et Marc Guillemot se positionnaient plutôt
au vent de la flotte.
2 novembre 2008
:
Le 7, c'est quoi ce numéro ?
Cest celui de Cheminées Poujoulat, en réalité,
celui choisi il y a 8 ans par Bernard
Stamm pour le 60 pieds construit pas ses soins. Explications
de lintéressé : « En 2000, peu de gens croyaient
à mon projet, le fait que je sois au départ, que jarrive
à construire mon bateau. Le 7, cétait un petit clin
doeil aux joueurs de poker : si tu joues bien, avec une paire de
7, tu peux battre un carré das !».
1er novembre 2008 :
Hugo Boss a été maté
et remis à leau hier vendredi dans le port de commerce des
Sables dOlonne et devait rejoindre ce soir vers 18h00
son emplacement sur les pontons de Port Olona, après une semaine
de réparations (coque et mât) aussi efficace que stressante
pour toute léquipe dAlex
Thomson.
Une équipe composée d'une trentaine de personnes, composée
dingénieurs, de constructeurs, de gréeurs et de fabricants
du mât, a mené à bien et dans un temps record les
réparations du gréement -cassé en deux lors de la
collision avec un pêcheur le 17 octobre dernier-, ainsi que celles
de la coque du 60 pieds open, trouée sur 3 m sur 2. En tout, il
a fallu plus de mille heures de travail pour permettre au bateau désormais
en parfait état, de quitter le chantier d'Alliaura Marine hier.
L'opération, bien préparée en amont, a nécessité
la fabrication d'un manchon à Auckland, où le mât
a été initialement construit, ainsi quun gréement
dormant complet (réalisé à Valencia en Espagne),
tandis que les morceaux de la coque et du pont ont été fabriqués
à Vannes.
Lors dune conférence de presse donnée vendredi soir,
Alex Thomson, de retour aux Sables dOlonne après un court
séjour en Angleterre a déclaré:
Cest incroyable de voir ce que les gars ont pu réaliser.
Quand je pense au pétrin dans lequel nous étions jeudi dernier,
c'est absolument fabuleux, car les gars ont fait un boulot incroyable.
Maintenant, il faut que je me mette en mode course. J'ai passé
quelques journées à la maison en essayant de me reposer
autant que possible et en dormant au maximum. Je suis sûr que dès
mon retour sur le bateau et une fois sur l'eau, je serai à nouveau
dans le rythme.
Jason Carrington, responsable de la construction de Hugo Boss, a pris
un vol spécial de Malte pour assister aux réparations. Hier
soir, il a confirmé que le navigateur britannique avait eu une
certaine chance dans son malheur car si la collision avait eu lieu 50
centimètres plus loin, la réparation n'aurait pas été
possible, car cela aurait touché les cadènes et la structure,
qui tiennent le gréement dormant. Le bateau a désormais
retrouvé son état initial. Tout est résistant, bien
que plus lourd. Alex a précisé que le gréement dormant
(environ 2 kilomètres de long), a été entièrement
remplacé. Il aurait été impossible de réaliser
cet exploit ailleurs au monde, mais aux Sables dOlonne, tout le
monde a la passion du Vendée Globe. Tout le monde a rendu cela
possible.
Après quelques tests aujourdhui sur le quai du port de commerce,
le plan Finot-Conq devait regagner en fin daprès-midi les
pontons de Port Olona. Le but est aussi de réaliser une sortie
en mer aussi vite que possible pour valider les réparations. Initialement
notre but était de remporter le Vendée Globe. Après
l'accident, notre volonté était de s'aligner au départ
du Vendée Globe, ce qui est toujours le cas. Mais d'ici trois jours,
peut être que nous basculerons à nouveau vers notre objectif
initial ! a déclaré le navigateur britannique.
29 octobre 2008
Les musiques de l´Afrique du Sud
A partir de ce soir et jusqu´au 2 novembre prochain,
les musiques de l´Afrique du sud sont à l´honneur,
avec les 25 artistes de lensemble «
Matsamo cultural group » en concert "gratuit"
sur le Village du Vendée Globe. Dans leur sang coule encore celui
des guerriers Swazi qui firent trembler, en leur temps, lAngleterre
victorienne
Vêtus de costumes somptueux, les 25 artistes remontent
le temps pour faire découvrir au public vendéen les moments
de la vie quotidienne dun peuple qui fut lun des plus puissants
dAfrique, au rythme des percussions et de chants mélodieux
et poétiques. A suivre chaque soir à 21h00 sur la scène
de la brasserie "Le Vogue" au coeur du Village du Vendée
Globe. Cliquez ici
pour voir des photos et des vidéos de ce groupe
27 octobre 2008
Lanimateur vedette des émissions de télévision
de pleine nature devenu depuis le poil à gratter des responsables
politiques était de passage aux Sables dOlonne pour apporter
son soutien à Raphaël Dinelli et sa fondation
Océan Vital . Interview croisée des deux protagonistes,
et la photo ici.
Nicolas Hulot :
« Le projet de Raphaël Dinelli ma séduit
à plus dun titre. Le personnage tout dabord et sa volonté
de travailler dans le concret. Il est à la fois dans linnovation
et dans la recherche appliquée. A son niveau, il essaye de faire
franchir des étapes à la créativité écologique.
Dans le domaine des énergies renouvelables on nen est encore
quaux balbutiements et Raphaël fait partie de ces gens qui
accélèrent le processus. Au-delà dune compétition,
nous sommes en dette vis à vis de la nature. Au-delà des
mots il faut apporter notre contribution de manière concrète.
Si une compétition comme le Vendée Globe peut apporter sa
notoriété à ce combat, on a tous à y gagner.
Raphaël lui, agit. Il cherche des solutions globales. Lobligation
quon a aujourd´hui est de faire mieux avec moins. A son échelle,
Raphaël a réussi sur un panneau solaire de même surface
à diviser son poids par dix.»
Raphaël Dinelli :
"Le vrai challenge de ce bateau laboratoire, cest dêtre
totalement autonome par rapport aux énergies fossiles. On sait
que la voile est un sport mécanique qui demande pas mal de moyens
énergétiques. Certains concurrents partent ainsi avec près
de 300 litres de gazole. Maintenant, on a mis au point des systèmes
novateurs, il ne faudrait pas quils me lâchent au cours de
lépreuve. Nous autres navigateurs, on constate depuis quinze
ou vingt ans les ravages du réchauffement climatique : les remontées
dicebergs à des latitudes anormales, puisquon a trouvé
des glaces jusquau large de la Nouvelle-Zélande et lAfrique
du Sud. Ce que je sais, cest que des navigateurs connus comme Loïck
Peyron ou Vincent Riou sont venus voir ces panneaux. Si je peux prouver
quavec 1200 g de panneau solaire au mètre carré, on
peut obtenir les mêmes performances énergétiques,
les coureurs y viendront tous. Car dans ce cas, le devis de poids nest
plus un problème. Une chose est sûre, cest ma passion."
24 octobre 2008
Alain Gautier,
consultant sécurité Vainqueur de la deuxième
édition du Vendée Globe en 1992, Alain Gautier est conseiller
auprès de lorganisation de course pour la seconde fois consécutive.
Il revient sur ses deux bateaux du tour du monde en solitaire, précurseurs
des monocoques daujourdhui
Tu as participé à la première édition du Vendée
Globe en 1989: quels souvenirs ?
« Mon premier souvenir concerne la semaine avant le départ
: le bateau avait été mis à l´eau en août,
soit trois mois avant ! Les derniers jours, c´était l´enfer
: il y avait trop de monde pour préparer le monocoque et je suis
parti trois jours pour laisser faire mon équipe... Je leur ai fait
confiance. Et le jour du départ, c´était extraordinaire
sur les quais des Sables d´Olonne et sur l´eau : on a commencé
à se bagarrer tout de suite avec Loïck
Peyron ! Les conditions météorologiques étaient
hivernales, très fraîches mais très belles. »
Tu partais sur un bateau extrêmement puissant
pour l´époque, un peu un précursseur de ce que nous
voyons ici cette année !
« Generali-Concorde était le premier plan du Groupe Finot-Conq
en 60 pieds monocoque : il a donné le jour à beaucoup d´autres
bateaux ensuite, dont quatre qui ont gagné le Vendée Globe...
C´est vrai qu´il dénotait un peu par rapport au reste
de la flotte, même si Charente Maritime était déjà
large à l´époque. Mon bateau était le plus
extrême et cela m´a valu des quolibets, les mauvaises langues
disant qu´il tiendrait mieux à l´envers qu´à
l´endroit ! Certes le pont était large et plat, mais c´était
un bateau qui aurait pu gagner la première édition si je
n´avais pas eu mes problèmes techniques, de gréement
en particulier. »
Et lors de la deuxième édition,
tu pars aussi sur un plan Finot-Conq mais gréé en ketch.
« On a eu moins de temps entre les deux éditions car pour
réguler le calendrier des courses de ces bateaux, on est passé
à un rythme quadriennal, débutant aux années paires.
Il n´y a eu que trois années pour trouver un nouveau partenaire
et construire un bateau neuf : au lieu du mois d´août 1989
pour mon premier bateau, celui-ci fut mis à l´eau au mois
de juillet 1992 ! Et j´ai choisi le gréement de ketch pour
limiter les risques à l´empannage : en divisant la voilure,
la bôme du mât principal n´avait plus neuf mètres
de long... Je ne me suis jamais posé la question de l´empannage
dans les mers du Sud et je pouvais faire la manoeuvre dans les deux minutes
qui suivaient. Au vent de travers, je pouvais aussi mettre beaucoup plus
de toile qu´un sloop, et le bateau était très stable
de route car je pouvais diviser la voilure pour mieux la répartir.
C´était certes un bateau puissant mais complet. »
Justement la puissance est le maître-mot
de cette sixième édition...
« Je pense que la puissance permet de mieux gérer le potentiel
: il vaut mieux utiliser un voilier à 70% de ses performances quà
100% avec un bateau moins puissant, pour aller à la même
vitesse. Sur un Vendée Globe en solitaire, c´est important
car c´est un gage de performance et de fiabilité. »
En 2008, il n´y a que des monocoques puissants,
voir surpuissants...
« Est-ce qu´on n´est pas allé trop loin ? Nous
le saurons dans trois mois... Mais si les marins arrivent à contenir
la puissance et à la gérer au mieux, ils iront plus vite,
mais il est certain que ce sont des voiliers beaucoup plus exigeants physiquement
et ils nécessitent d´avoir toujours une bonne configuration
de voile. »
C´est aussi la deuxième fois que
tu participes à l´organisation du Vendée Globe en
tant que conseiller technique pour la sécurité.
« C´est tout de même un petit rôle quand on voit
tout le travail préparatoire qui a été effectué
par l´organisation. Je ne suis que consultant auprès de la
direction de course, pour l´aider en cas de problème, pour
la suppléer si nécessaire, pour être son porte-parole
auprès des médias pour expliquer une situation de crise.
Je n´ai presque pas été sollicité il y a quatre
ans, et j´aimerais qu´il en soit autant cette fois ! Cela
ravirait tout le monde... »
23 octobre 2008
Pour les navigateurs, les semaines qui précèdent
le départ dune grande course ne sont pas toujours les plus
sereines. Rançon du succès, les sollicitations
sont proportionnelles à la teneur de leur prochaine aventure. Si
le tumulte des jours davant est vécu comme un bien nécessaire
par la plupart des marins, ces derniers se réservent aussi quelques
sas de décompression quotidiens pour échapper au grand tourbillon.
Avec les multiples rendez-vous média, les impératifs de
partenariat et de représentation auxquels sajoutent les différents
briefings officiels, les journées, pour les 30 marins du Vendée
Globe, passent à la vitesse dun 60 pieds au portant. Dans
ce contexte, comment trouver du temps pour soi et pour ses proches ? La
plupart des navigateurs y veille pourtant, tant bien que mal. Avant leur
ultime semaine aux Sables dOlonne, la majorité dentre
eux a dailleurs choisi de séchapper quelques jours,
qui dans les montagnes corses (Jean-Pierre Dick),
qui au Maroc (Kito de Pavant), en thalasso
en famille (Bernard Stamm),
ou tout simplement à la maison. Michel
Desjoyeaux et Vincent Riou
seront les rares à rester en Vendée jusquau départ.
Apnée et bains dalgues
Sur place, leur planning quotidien prévoit néanmoins quelques
parenthèses auxquelles ils ne dérogent pas. Pour le skipper
de Foncia, prière de ne pas déranger de 13h00 à 16h30.
Vincent Riou (PRB) qui avoue avoir besoin
de s « éloigner physiquement du village pour décompresser
», passe en général tous ses après-midi dans
la maison louée avec sa famille. Sur place, Yann
Eliès (Generali) saccorde toujours un «
break entre 13h30 et 15h00 » et fera appel, la semaine avant le
départ, aux bons soins dun kinésithérapeute.
Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac 2), lui,
file tous les jours au centre de thalassothérapie pour nager, pratiquer
lapnée et les bains dalgues. « Jadore mimmerger
dans leau de mer, cest ma façon à moi dessayer
de tout oublier et de ne penser quà moi ». Quant à
Samantha Davies
(Roxy), elle réserve ses moments de pause à la natation,
au sport ou au travail sur la stratégie, dans lappartement
où loge son équipe. « Ce nest pas vraiment du
repos, ajoute t-elle, mais durant tous ces moments, au moins, je coupe
le portable ! ».
Derniers instants en famille
La navigatrice anglaise profite aussi de ses parents qui ont amarré
leur bateau aux Sables dOlonne et chez qui elle peut sinviter
de temps à autres pour le « tea time ». A laube
dune telle aventure, la présence des amis et de la famille
est évidemment fondamentale, même sil nest pas
toujours facile de se rendre disponible pour eux. Bernard
Stamm (Cheminées Poujoulat) : « ici, cest
aussi la fête des sponsors. Les gens nous accaparent et cest
normal. Mais cest vrai que dun coup, tout repose sur un seul
homme. Alors on essaie de ne pas trop compresser les plannings. Cest
bien que ma femme et mes deux filles aient limpression que je leur
appartiens aussi un peu ! ». Jérémie
Beyou (Delta Dore) : « Laprès-midi, je rentre
au moins une heure à lappartement pour couper un peu avec
les pontons. La famille vient une semaine avant le départ, javais
envie de partager cela avec eux. Je sais que ce sera de plus en plus tendu,
mais si je suis stressé, ma femme est là pour me remettre
dans mes bottes ! ». Jean-Pierre Dick
: « à chaque course, il y a maintenant un petit rituel. Ma
mère, mes frères et surs sont là et jai
mes neuf neveux et nièces qui me préparent une petite chanson
pour le jour du départ. ».Yann
Eliès, lui, avoue que lexercice déquilibriste
entre travail et famille est parfois périlleux : « je vais
passer 7 jours à la maison pour profiter deux à fond,
puis ils viendront la semaine avant le départ. Mais idéalement,
je dois dire que sils ne venaient pas, ce serait presque mieux.
Car je sais que je ne suis pas tout à fait disponible et cest
extrêmement frustrant pour tout le monde ».
22 octobre 2008
Lautre
course contre la montre Alors que les projecteurs sont braqués
sur linfortuné Alex Thomson et
son Hugo Boss en cours de réparation, un autre skipper britannique
court lui aussi après le temps. Steve White
(Spirit of Weymouth) a bouclé hier son financement et doit maintenant
rattraper son retard dans sa préparation.
Pour beaucoup de solitaires du Vendée Globe, à moins de
trois semaines du départ, les journées sont bien remplies
mais plutôt agréables. Séances de sport, interviews
avec les médias, dédicaces sur le stand de leur partenaire
ou sorties en mer pour vérifier une dernière fois que tout
va bien
Rien de véritablement stressant !
Le décor est moins rose pour deux sujets de sa majesté.
Alex Thomson
met en place son petit commando pour remettre Hugo Boss en état.
Des techniciens sont arrivés ce matin et Alex prévoit la
découpe du morceau de coque endommagé demain jeudi. Une
nouvelle pièce réalisée par le chantier Multiplast
à Vannes sera livrée demain soir ou vendredi. Steve
White, de son côté, a rejoint les Sables dOlonne
la semaine dernière sans savoir sil aurait assez de budget
pour prendre le départ du Vendée Globe, son rêve depuis
plus de dix ans. Hier mardi, il a reçu confirmation dun sponsor
de dernière minute qui va lui permettre de saligner avec
les 29 autres solitaires. Jusquà présent, Steve navait
pas de préparateur en dehors de sa propre famille. Son premier
souci est donc de trouver de la main duvre pour sattaquer
à sa longue liste des travaux à effectuer. Grâce à
des bers venus de La Rochelle et aux conformateurs (supports) du bateau
Akena Vérandas dArnaud Boissières,
Steve White a pu sortir de leau mercredi son 60 pieds monocoque,
lex-Gartmore de Josh Hall, pour repeindre la partie sous-marine
de la coque. Un travail primordial pour obtenir une bonne glisse dans
leau.
« Un générateur arrive aujourdhui. Je me sens
beaucoup moins stressé depuis hier, mais je suis sûr quil
y aura des millions de petites choses à surmonter » avoue
en souriant le jeune Anglais. « Une personne qui a réalisé
les peintures sous-marines dune partie de la flotte va soccuper
de refaire la mienne. Je suis rassuré de ce côté-là.
» Quelques jours plus tôt, Steve White
était nettement plus tendu. « Javais le sentiment de
me taper la tête sur le bateau, et de lutter contre la barrière
de la langue. Mais maintenant, tout se met en place. »
Steve White na pas conscience du nombre
darticles parus dans la presse locale vendéenne pour raconter
son rêve et ses difficultés. « Je nen sais rien
car je nai pas lu tous ces articles racontant ma bataille pour être
au départ car je nai pas de budget pour ça. Tout le
monde me dit que je devrais écrire un livre. Je ne pense pas que
les gens imaginent ce quon vit tant quon na pas écrit
un livre. Mais pour linstant, ce nest pas le sujet. Je suis
déjà tellement content dêtre là et que
tous mes problèmes soient du passé. »
LAnglais à la tignasse blonde a également commandé
quatre nouvelles voiles (spi, solent, trinquette et grand-voile) chez
North Sails France et un gréement dormant chez Lancelin pour son
60 pieds. Ce mini chantier devrait durer au moins une semaine.
21 octobre 2008
Mobilisation générale pour
léquipe renforcée dAlex Thomson qui
va tenter de réparer à temps le monocoque noir éventré
et démâté. Pour tous skippers du Vendée Globe,
et encore plus pour le skipper britannique, être au départ
du Vendée Globe sera déjà une sacré victoire
Heurté par un bateau de pêche vendredi dernier à 2h40
du matin, le 60 pieds monocoque Hugo Boss est entré en chantier
mardi après-midi sur le port des Sables dOlonne grâce
au soutien de la SEM Vendée et du chantier Alliaura Marine. Les
dégâts se résument principalement à un grand
trou dans la coque et le mât brisé en deux. Lespar,
dont une partie a été récupérée par
des plongeurs dans le week-end, sera manchonné et réparé
sur place. Les voiles nont subi que peu de dégâts.
Pour la coque, une pièce de cinq mètres sur deux réalisée
chez Multiplast à Vannes dans le moule du Generali de Yann Eliès
quasi sistership dHugo Boss sera greffée sur
le flanc de la coque. « Cela ne sera pas très joli à
voir, mais naura aucune conséquence sur la fiabilité
ou la performance du bateau. Mais pour le moment, mon souci est dêtre
sur la ligne de départ » a déclaré Alex
Thomson mardi après-midi. Le compte-à-rebours a
commencé.
20 octobre 2008
Contrôles et sécurité
Tous les skippers se retrouvaient ce lundi matin à 9h30
pour deux briefings à suivre avec la Direction de Course, le Comité
de Course, le Comité de Protestation et le Comité de Jauge
afin dexpliquer comment vont se dérouler les contrôles
de jauge et de sécurité des monocoques pendant les quinze
jours qui viennent.
18 octobre 2008
Arrivé en fin de nuit aux Sables dOlonne,
le second du dernier Vendée Globe se joue à ravir des interviews
et distille avec malice des informations parfois surprenantes. Jean
Le Cam est très content des modifications apportées
à son VM Matériaux et laisse entendre quil y a encore
plein doptimisation à réaliser sur ces monocoques
de 60 pieds. Pour dans quatre ans ?
Quest-ce qui a changé en quatre ans ?
« Le bateau a changé de couleur ! Il nest plus jaune
mais fushia rose
Mais le nombre de dossiers pour préparer
et optimiser VM Matériaux na pas diminué bien quil
y a quatre ans, on avait mis à leau au mois de mai pour un
départ six mois plus tard. Notons que les bateaux étaient
plus simples, mais ils allaient beaucoup moins vite ! Et ce nest
pas une petite amélioration, cest énorme
Lévolution
est particulièrement sensible ces deux dernières années.
Que du potentiel en plus. »
Et Jean Le Cam, a-t-il changé depuis sa première participation
au Vendée Globe en 2004 ?
« Lhomme a probablement changé : en bien ou en mal,
je nen sais rien
Côté mental et préparation,
cest toujours un peu pareil, même si la deuxième fois
nest jamais identique à la première. Il y a un saut
entre la première fois et la seconde
Et encore plus pour
la troisième ! »
Est-ce à dire que tu annonces déjà ta participation
à la prochaine édition dans quatre ans ?
« Oui ! Parce quon est sur une évolution vraiment
intéressante et je trouve cela génial. À chaque fois
quon sort en mer, on va plus vite ! Il y a du mouvement, ça
bouge
Dans quatre ans, ce sera encore plus sensible. »
Quelle optimisation vois-tu prochainement ?
« Actuellement, on est au summum de la complexité et on
ira forcément vers plus de simplicité. Tout est beaucoup
plus sophistiqué par rapport à la précédente
édition, au niveau du gréement, des voiles, des appendices,
de lénergie
Tout est beaucoup plus approfondi. Quand
tu vas chercher de la performance, le mode demploi est plus compliqué.
Disons plutôt quil y a un mode demploi à chaque
chose et que le nombre de paramètres à prendre en compte
par le navigateur est beaucoup plus important. »
Ce qui donne un atout supplémentaire à un bateau et
un skipper qui ont déjà fait le Vendée Globe !
« Certainement : jai mes atouts ! Mais chaque projet à
ses propres atouts quand même
Juste, je sais à peu
près où jen suis et où je vais. Pour le reste,
on verra bien ! »
Tous aux Sables
Ce samedi à 9h00, Yannick Bestaven
(Aquarelle.com-Charente Maritime) était lavant-dernier à
embouquer le chenal dentrée au port des Sables dOlonne,
portant à trente le nombre de monocoques arrivés pour les
trois semaines préparatoires avant le départ du Vendée
Globe. Vendredi soir, ce sont Brian
Thompson (Bahrain Team Pindar) et Loïck
Peyron (Gitana Eigthy) qui arrivaient à la nuit
tombée. Et ce samedi matin, le public pouvait découvrir
en sus, les voiliers de Bernard Stamm
(Cheminées Poujoulat), de Sébastien
Josse (BT), de Jean-Baptiste Dejeanty
(Maisonneuve) et de Marc Thiercelin (DCNS).
Ne manquait donc à lappel que le Britannique Steve
White (Spirit of Weymouth) qui était en approche des Sables
dOlonne à 9h30.
17 octobre 2008
Alors quil
était à deux milles au large du port des Sables dOlonne,
Alex Thomson sest fait aborder par un
bateau de pêche qui a percuté son monocoque par
le travers et provoqué son démâtage. Le voilier est
amarré au port de commerce pour une expertise plus précise
Cest vers 2h30 ce vendredi que Hugo Boss sest fait percuter
par un bateau de pêche ce qui a provoqué le démâtage
du monocoque et des dégâts importants sur le bordé
tribord. Celui-ci a été remorqué vers le port de
commerce des Sables dOlonne où il doit être expertisé
dans la journée. Une conférence de presse sera organisée
cet après-midi avec Alex Thomson pour
expliquer les circonstances de cet incident et donner toutes les informations
sur les décisions prises par le team Hugo Boss.
Arrivées de nuit
Il nétait que 5h00 ce vendredi quand trois monocoques sont
entrés à Port Olona pour samarrer alors que la brise
était plutôt molle au large. Jean-Pierre
Dick (Paprec-Virbac) fut le premier à rallier les Sables
dOlonne, suivi par Yann Eliès
(Generali), Jonny Malbon (Artemis)
et Samantha Davies
(Roxy). Puis vers 6h30, ce sont Jérémie
Beyou (Delta Dore), Michel
Desjoyeaux (Foncia) et Jean Le Cam
(VM Matériaux) qui ont passé leurs amarres. Dautres
skippers sont attendus à la marée de ce soir (entre 16h
et 22h) tels que Marc Guillemot
(Safran), Loïck Peyron
(Gitana Eighty), Armel Le Cléac'h
(Brit Air), Roland Jourdain (Veolia Environnement),
Bernard Stamm (Cheminées
Poujoulat)... La date limite pour rallier les
Sables dOlonne étant à la marée de samedi matin.
Le skipper de Hugo Boss abordé et démâté
ce vendredi à 3h00 au large des Sables dOlonne par un bateau
de pêche, a expliqué lors de sa conférence
de presse à 17h00, les circonstances de cet incident. Léquipe
technique et les architectes établissent un plan de travail et
une expertise fine pour évaluer les dégâts afin de
réparer le bateau et permettre au Britannique de prendre le départ
du Vendée Globe dimanche 9 novembre.
À 3h00 ce vendredi, Hugo Boss sest fait percuter par un bateau
de pêche au niveau des cadènes de haubans, ce qui a provoqué
le démâtage du monocoque et des dégâts importants
sur le bordé tribord. Le voilier a été remorqué
vers le port de commerce des Sables dOlonne où il a été
expertisé dans la journée par léquipe technique
de Hugo Boss et les architectes du bateau, le Groupe Finot-Conq.
« À 3h00 ce vendredi alors quHugo Boss était
à 1,5 mille dans le Sud des Sables dOlonne à larrêt
sous grand voile seule, avec toutes ses lumières allumées,
un bateau de pêche a percuté le bateau par le travers. Cela
a causé beaucoup de dégâts et le mât est tombé
en se cassant. Nous avons rapidement libéré le mât
pour quil ne cause pas plus davarie et nous lavons largué
avec sa voile en mouillant une bouée pour le récupérer.
Nous avons pu rentrer au port des Sables dOlonne vers 4h30 et depuis,
nous étudions les dégâts pour savoir quelles types
de réparation sont possibles et en combien de temps.
En ce moment (17h00), léquipe de Hugo Boss est en train de
récupérer le mât et la voile pour pouvoir aussi effectuer
une expertise sur le gréement. Pour linstant, je nai
pas plus dinformations. Cela fait quatre ans que je prépare
ce Vendée Globe et je nai pas lintention dabandonner
maintenant ! Il reste trois semaines et deux jours avant le départ.
Jai la chance dêtre entouré par une super équipe
et nous avons déjà eu à affronter des problèmes
aussi difficiles, et à chaque fois nous avons trouvé des
solutions. Jusquà ce que quelquun me dise quil
nest plus possible de prendre le départ le 9 novembre, je
prendrais le départ ! »
Quen est-il pour le mât ?
« Il y a plusieurs solutions pour le mât : la première
est de le réparer, la seconde est den fabriquer un nouveau,
la troisième est dutiliser un mât de rechange dune
autre équipe. Les autres teams ont proposé leur aide : celui
de Dominique Wavre, celui de Yann
Eliès ou celui de Sébastien
Josse. »
Le bateau serait réparé ici aux Sables dOlonne
ou ailleurs ?
« Pour linstant, Hugo Boss ne peut pas partir des Sables
dOlonne à cause de son trou dans la coque qui est très
proche de la flottaison. Il faudra de toute façon le rentrer dans
un hangar pour le réparer. Mais le bateau ne sera plus tout à
fait le même car il avait demandé beaucoup de temps de travail
»
Qua fait le bateau de pêche après la collision
?
« Il a fait des tours autour de nous pour savoir si tout le monde
à bord était sain et sauf. Puis il est rentré au
port des Sables dOlonne et certains marins sont revenus ensuite
en pneumatique pour vérifier que tout allait bien. Ma première
priorité a été de sécuriser léquipage
et le bateau, puis nous avons prévenu les centres de sécurité
en mer. Nous nétions pas en danger immédiat et cest
pourquoi il y a eu un délai avant que cet incident soit connu à
terre. »
Combien étiez-vous à bord ?
« Trois, deux dormaient et le troisième était sur
le pont avec tout le gréement allumé comme un sapin de Noël
! Nous avions aussi activé radar, activ-écho
Je pense
quil était difficile de voir arriver ce bateau parce quil
est venu très vite : léquipier de quart a essayé
de démarrer le moteur, mais cétait déjà
trop tard. Il y avait déjà beaucoup dautres bateaux
de pêche autour de nous avec leurs feux de route, rouge ou blanc,
en plus des lumières de la ville
Nous étions en plus
en dehors du chenal dentrée au port des Sables dOlonne.
»
Trois semaines, cela va être très court pour être
prêt ?
« Cest difficile de savoir : il faut attendre le rapport
dexpertise
Les architectes du bateau (Jean-Marie FInot et
Pascal Conq) sont à bord depuis 14h00. »
16 octobre 2008
Après le Canada, lAutriche et les
Etats-Unis, cest la Grande-Bretagne qui sest amarré
à Port Olona avec larrivée au petit matin
de Dee Caffari,
suivi deux heures avant la pleine mer de laprès-midi, par
son compatriote Mike Golding.
À eux deux, ils ont presque dix tours du monde à leur actif
! La Britannique a déjà effectué deux fois la rotation
terrestre dans le « mauvais » sens et plaisante dailleurs
à ce sujet : « Il ne faudrait pas que je me trompe de sens
cette fois-ci ! ». LAnglais va sélancer pour
son troisième Vendée Globe, mais il a déjà
fait dautres tours, à lendroit et à lenvers,
en solo ou en équipage
Tous deux ont travaillé ensemble
avec le même cabinet darchitecture, Owen Clarke Design, pour
concevoir des machines identiques et plutôt puissantes dont les
premières navigations en course ont confirmé lexcellent
potentiel.
Demain jeudi, aucun bateau nest prévu dans le chenal des
Sables dOlonne, mais en revanche, beaucoup de skippers ont annoncé
leur départ de leurs ports dattache de Brest, Lorient, Port
la Forêt, La Rochelle ou La Trinité/mer et nombre de navigateur
devraient arriver à la marée de vendredi matin, aux alentours
de 8h00, au lever du soleil, pour le petit déjeuner
En attendant,
les équipes techniques des huit bateaux amarrés au ponton
du Vendée Globe travaillent essentiellement dans leur container
atelier et tous le marins et préparateurs rencontrés à
ce jour sont incontestablement sereins, heureux dêtre enfin
à lorée du grand départ après des années
de préparation. Derek Hatfield (Algimouss-Spirit
of Canada) : « être aux Sables dOlonne me donne le sens
dune réalité de la course ! Jétais venu
aux deux précédents départs du Vendée Globe
comme spectateur, mais cette fois, je suis acteur : cest un gros
événement pour moi, surtout avec mon nouveau partenaire
Algimouss qui me permet de boucler mon budget. Je suis confiant et je
suis très heureux dêtre ici. »
PRB est arrivé aux Sables
Le vainqueur de la dernière édition du Vendée
Globe sest amarré ce jeudi au lever du jour au ponton de
Port Olona : cest le neuvième monocoque Imoca arrivé
aux Sables dOlonne. Vincent Riou avait
convoyé avec son équipe technique son nouveau PRB, un plan
Farr de dernière génération, au départ de
Port la Forêt. Rappelons que tous les voiliers et leurs skippers
seront présents au plus tard samedi matin pour linauguration
du village du Vendée Globe par Philippe de Villiers, à 10h00.
Un grand nombre de navigateurs a prévu de quitter leur port dattache
ce jeudi soir, pour une arrivée vendredi matin en Vendée,
à limage de Michel Desjoyeaux annoncé pour le petit
déjeuner demain
15 octobre 2008
Les
Sables dOlonne se préparent à accueillir les trente
skippers et leurs bateaux à Port Olona
tandis que le village du Vendée Globe se met en place sur le terre-plein
adjacent. Déjà six monocoques sont amarrés au ponton
dans une ambiance sereine et tranquille.
Cest le bon moment pour prendre la dimension de lénorme
challenge que se sont donnés les deux navigatrices et les vingt-huit
marins autour du monde ! Près de 25 000 milles à parcourir
et environ trois mois pour revenir au point de départ après
une rotation planétaire, aux Sables dOlonne
À
moins dun mois du coup de canon libérateur, les solitaires
ne le sont pas vraiment mais ne sont pas encore sous tension médiatique
: six bateaux sont déjà à Port Olona et si leffervescence
est palpable pour finir dinstaller le magnifique et immense village
du Vendée Globe, les pontons sont encore peu fréquentés
si ce nest par les équipes techniques qui commencent quant
à elles, à prendre place dans une zone dédiée
pour mettre à leau leurs pneumatiques et déposer leur
container atelier.
Les concurrents vont désormais se succéder pour entrer
à Port Olona et rejoindre les six premiers monocoques déjà
amarrés au ponton : Raphaël Dinelli
(Fondation Océan Vital) était le premier à occuper
le port puisquil a installé sa base ici même, suivi
par Arnaud Boissières (Akena Vérandas)
lui aussi Sablais dadoption pour ce tour du monde. Trois étrangers
sont venus depuis quelques jours animer Port Olona avec lAméricain
Rich Wilson (Great American III) doyen de
lépreuve, accompagné par le Canadien Derek
Hatfield (Algimouss-Spirit of Canada). Enfin à poste aux
Sables dOlonne, lAutrichien Norbert
Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) a pris ses quartiers depuis
longtemps sur lun des plus anciens monocoques de cette sixième
édition. Venu de Méditerranée vendredi dernier, Kito
de Pavant (Groupe Bel) complète ce plateau : « on
était parti avec des bonnes conditions en Méditerranée,
mais en sarrêtant en Espagne pour prendre un équipier,
Sébastien Audigane, on a raté le coche et on a fait presque
toute la remontée au près ! » Sont en route vers le
port du Vendée Globe, quatre Britanniques Dee
Caffari (Aviva) pouvant peut-être arriver à temps
pour la marée haute de ce mardi soir (pleine mer à 17h05)
Mike Golding (Ecover) et Alex
Thomson (Hugo Boss) sont partis depuis quelques jours dAngleterre,
mais en ont profité pour naviguer une dernière fois au large
avant le départ. Quant à Jonny
Malbon (Artemis), il a quitté la Grande-Bretagne ce mardi
La plupart des autres skippers sont attendus jeudi et vendredi, quittant
leur port dattache à La Trinité/Mer, Lorient, Port
la Forêt, Brest
10 octobre 2008
Plus quun mois avant le grand départ.
Le 9 novembre à 13h02, les trente concurrents du Vendée
Globe sélanceront pour donner corps à laventure
exceptionnelle que ce millésime prépare. Dans toutes les
équipes, on fourbit ses dernières armes, on finit de rayer
les derniers éléments manquants de la check-list, on essaye
dévacuer la pression qui insensiblement monte autour de chaque
navigateur.
A faire le tour des différentes équipes engagées,
ce qui frappe cest le niveau de leur préparation. Les bateaux
sont prêts comme jamais : les impératifs sont plutôt
de lister une dernière fois le matériel de rechange, de
procéder à lavitaillement du bateau, de préparer
le convoyage vers les Sables dOlonne puisque le règlement
précise que tous les bateaux devront être amarrés
à Port Olona le 18 octobre au plus tard.
Echapper au stress
Pour beaucoup de navigateurs ces dernières semaines ont marqué
un changement de rythme évident : sollicitations de plus en plus
pressantes des médias, derniers stages de navigation commune, tension
perceptible des proches qui sentent pointer léchéance.
Pour les skippers, cest le moment de commencer à se préparer
pour entrer dans sa bulle, faire le vide, ne pas se laisser gagner par
lexcitation légitime que provoque lévénement.
Jean-Pierre Dick a prévu de se ressourcer à la montagne
quand Yann Elies va chercher à profiter des derniers instants de
vie de famille dans lintimité.
Travaux dapproche et divines surprises
Pour dautres, cest déjà lheure du convoyage
: ainsi Kito de Pavant a déjà quitté sa base de Port
Camargue pour amener son Groupe Bel à temps au ponton du Vendée
Globe. Il est vrai que passer par le Détroit de Gibraltar et la
côte ouest du Portugal exige plus de patience que dembouquer
les courreaux de Groix et de Belle-Île avant de contourner le plateau
des Barges, dernier obstacle avant lentrée dans le chenal
des Sables dOlonne.
Il y a ceux qui sont tout heureux de se découvrir une nouvelle
identité, à limage de Derek Hatfield qui a vu son
bateau rebaptisé Algimouss.
18 septembre 2008
Lors de la conférence de presse de présentation du Vendée
Globe 2008-2009 mardi dernier à Paris, le
dispositif de sécurité de la course a été
révélé. Des mesures exceptionnelles ont
été pensées et mises en uvre pour le 6e Vendée
Globe, afin de garantir que la course se déroule dans des conditions
optimales de sécurité.
Des portes pour éviter les glaces
Afin déviter des collisions éventuelles avec des glaces
dérivantes, la partie la plus sud du parcours (la traversée
des mers du sud) a été légèrement remontée
en définissant des points de passage obligatoires, les portes de
glace. Le positionnement de ses portes évitera aux concurrents
dopter pour des routes trop extrêmes au sud. Par ailleurs,
certaines de ces portes permettent de garder les bateaux dans le rayon
daction des avions de secours australiens ou néo-zélandais
en cas de besoin dintervention.
Un site internet dédié aux sauveteurs
du monde entier.
Un site internet dédié à la sécurité
des skippers du Vendée Globe a été mis en place afin
de permettre aux organismes et centres de sauvetage du monde entier de
prendre connaissance des principales informations sur chaque marin et
chaque bateau et ainsi de gagner un temps précieux en cas dopération
de secours.
Alain Gautier, consultant sécurité
Alain Gautier, Vainqueur du Vendée
Globe 1992, apportera son expérience à la direction de course
pour la gestion de la sécurité des concurrents. De lautre
côté du globe, lAustralien David Adams assurera le
contact avec les différents centres de sauvetage dans lhémisphère
sud. Enfin, le Docteur Jean-Yves Chauve, médecin de la course au
large, veillera au suivi médical de chaque concurrent durant la
course.
16 septembre 2008
Ce mardi 16 septembre en présence des 30 navigateurs solitaires
qui sélanceront le 9 novembre prochain des Sables dOlonne
pour la 6e édition du Vendée Globe, Philippe de Villiers,
Président de la SEM Vendée, organisateur de lépreuve,
a présenté les points essentiels qui caractérisent
cette édition exceptionnelle. Cette édition du Vendée
Globe est marquée par le nombre et la qualité des participants.
Sept nationalités seront représentées : 17 navigateurs
français, 7 Britanniques, 1 Américain, 2 Suisses, 1 Canadien,
1 Espagnol et 1 Autrichien.
Record de participation battu !
Ils étaient 13 au départ de la première édition
du Vendée Globe en 1989, 20 en 2004. Ils seront 30 en 2008. Au-delà
du nombre, cest la qualité des candidats qui impressionne.
Deux anciens vainqueurs (Vincent Riou et Michel Desjoyeaux), cinq skippers
déjà présents sur le podium des éditions précédentes
(Jean Le Cam, Mike Golding, Roland Jourdain, Loïck Peyron, Marc Thiercelin)
et deux tourdumondistes vainqueurs dautres courses (Jean-Pierre
Dick sur la Barcelona World Race et Bernard Stamm). Ajoutez à cela
de jeunes régatiers ambitieux issus de la filière Figaro
tels Yann Eliès, Jérémie Beyou, Armel Le Cléach.
Mélangez à quelques récidivistes venus enrichir un
palmarès déjà fourni comme Sébastien Josse,
Dominique Wavre ou bien encore Alex Thomson. Ajoutez enfin une poignée
de navigateurs bardés dexpérience comme Marc Guillemot,
Brian Thompson, Jonny Malbon, ou Kito de Pavant. Remuez le tout et vous
obtenez là le plateau le plus intéressant de la course au
large.
Pour finir assaisonnez dune pincée de navigateurs qui viennent
autant pour laventure humaine que pour le défi technique.
Jean-Baptiste Dejeanty, Arnaud Boissières, Yannick Bestaven et
Raphaël Dinelli partent avant tout pour naviguer proprement, boucler
la boucle avec leurs propres armes et une volonté de fer. Noubliez
pas la touche dexotisme indispensable amenée par lidentité
basque revendiquée de Unai Basurko, la participation pour la 2e
fois consécutive de lAutrichien Norbert Sedlacek, le parcours
autodidacte de Steve White, la présence du nouveau monde avec la
venue de Rich Wilson et Derek Hatfield. Et enfin la touche féminine
indispensable incarnée par les deux navigatrices britanniques Dee
Caffari et Sam Davies.
Au total, les 30 skippers de ce 6e Vendée Globe totalisent pas
moins de 32 tours du monde et 21 Vendée Globe. Plus que jamais
dans lhistoire du Vendée Globe, ce sera bien la qualité
du marin, son expérience, son talent, sans doute alliés
à un peu de chance, qui feront à nouveau la différence.
1er août 2008
Le décompte des jours qui précèdent
le départ du 6e Vendée Globe, vient de prendre
une tournure "dramatique" au sens théâtral du terme.
Nous sommes en effet à moins de 100 jours du départ, le
dimanche 9 novembre prochain, de ce que les skippers ont pris l´habitude
d´appeler l´Everest de la Voile et plus on se rapproche de
cette date fatidique plus les interrogations se multiplient.
Qui succédera au palmarès de la course autour du monde en
solitaire ? Quel skipper inscrira son nom à la liste éloquente
des précédents vainqueurs : Titouan Lamazou (1989-1990),
Alain Gautier (1992-1993), Christophe Auguin (1996-1997), Michel Desjoyeaux
(2000-2001 et Vincent Riou (2004-2005) ? Un skipper étranger (ils
seront 12 candidats à la victoire) mettra-t-il un terme à
la suprématie française ? Combien des 30 bateaux au départ
franchiront la ligne d´arrivée au large des Sables d´Olonne
? Le record des 87 jours de Vincent Riou sera-t-il battu ?
Ce qui est déjà certain, c´est que le prochain Vendée
Globe sera celui de tous les supperlatifs ! Jamais dans l´histoire
de la course au large, un événement n´avait connu
un plateau d´un tel niveau sportif et technologique. Jamais le Vendée
Globe n´avait eu un tel impact international, avec plus d´un
tiers de skippers étrangers. Bien malin qui peut donner un premier
pronostic, mais premier début de réponse dans moins de 100
jours...
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