2008-2009
   
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Mise à jour :
16 mars 2009

Origine et histoire

Le Vendée Globe est né en 1989 du fruit de l’imagination d’un marin, Philippe Jeantot, qui rêvait d’infini, d’un tour du monde sans escale et sans assistance.
Véritable expédition traversant les trois océans de la planète, le parcours du Vendée Globe voit, au terme de la descente de l’océan Atlantique, se succéder le cap de Bonne Espérance au sud de l’Afrique, le cap Leeuwin au sud de l’Australie et le cap Horn au sud de l’Amérique du Sud.
Quarantièmes rugissants, cinquantièmes hurlants, vagues hautes comme des immeubles, solitude et solidarité, courage et témérité…
Le Vendée Globe est bien plus qu’une course : une authentique aventure humaine avec ses joies et ses drames.
Le grand public ne s’y est pas trompé qui au fil des éditions, en 1992, 1996, 2000, 2004 lui a accordé une place sans égale et toujours grandissante en son coeur.
Cette épreuve d’exception a forgé ses héros, Titouan Lamazou, Alain Gautier, Christophe Auguin, Michel Desjoyeaux, mais aussi ses aventuriers, comme « l’extraterrestre » Yves Parlier.

Rendez-vous le 9 novembre 2008, date de départ de la 6ème édition du Vendée Globe.

 

Les Skippers et leur bateau pour le

Vendée Globe 2008– 2009 :
Liste définitive

 
Les bateaux

Roland Jourdain
Jérémie Beyou
Jean-Pierre Dick
Jean Le Cam
Samantha Davies
Yann Eliès
Kito de Pavant
Arnaud Boissières
Marc Guillemot
Michel Desjoyeaux
Loïck Peyron
Rich Wilson
Bernard Stamm
Dominique Wavre
Derek Hatfield
Mike Golding
Jean-Baptiste Dejeanty
Yannick Bestaven
Raphaël Dinelli
Unai Basurko
Armel Le Cleac'h
Alex Thomson
Sébastien Josse
Dee Caffari
Steve White
Marc Thiercelin
Jonny Malbon
Vincent Riou
Brian Thompson
Norbert Sedlacek

Véolia
Delta Dore

Virbac-Paprec
VM Matériaux
Roxy
Générali
Groupe Bel
Akena Vérandas
Safran
Foncia
Gitana Eighty
Great America III
Cheminées Poujoulat
Temenos II
Spirit of Canada
Ecover
Maisonneuve
Energies Autour du Monde
Fondation Océan Vital
Pakea Bizkaia
Brit'Air
Hugo Boss
BT
Aviva
Toe in the water
DCNS
Artemis
PRB
Pindar
NauticSport

Les vainqueurs précédent :

Édition 2004 Vincent Riou sur PRB

Édition 2000 Michel Desjoyeaux sur PRB

Édition 1996-97 Christophe Auguin sur GEODIS

Édition 1992-93 Alain Gauthier sur Bagages Superior

Édition 1989-90 Titouan Lamazou sur Ecureuil Aquitaine II


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Le parcours ici ou ci-dessous

 

Les palmarès du Vendée Globe.

1989-1990 : 1. Titouan Lamazou (Écureuil d'Aquitaine) en 109 jours ; 2. Loïck Peyron (Iada Pock) en 110 jours ; 3. Jean-Luc Van Den Heede (3615 met) en 112 jours ; 4. Philippe Jeantot (Crédit agricole) en 113 jours ; 5. Pierre Follenfant (TBS/Charente-Maritime) en 132 jours.

1992-1993 : 1. Alain Gautier (Bagages Superior) en 110 jours ; 2. Jean-Luc Van Den Heede (Sofap Helvim) en 116 jours ; 3. Philippe Poupon (Fleury Michon) en 117 jours ; 4. Yves Parlier (Cacolac d'Aquitaine) en 124 jours ; 5. Nandor Fa (kh Bank Ma Tav) en 128 jours.

1996-1997 : 1. Christophe Auguin (Geodis) en 105 jours ; 2. Marc Thiercelin (Crédit immobilier de France), 3. Hervé Laurent (Groupe LG) ; 4. Éric Dumont (Legal le Goût) ; 5. Pete Goss (Aquacorum).

2000-2001 : 1. Michel Desjoyeaux (PRB) en 93 jours ; 2. Ellen MacArthur (Kingfisher) en 94 jours ; 3. Roland Jourdain (Sill Mtines la Potagère) en 96 jours ; 4. Marc Thiercelin (Active Wear) en 102 jours ; 5. Dominique Wavre (Union bancaire privée) en 105 jours.

2004-2005 : 1. Vincent Riou (PRB) en 87 jours ; 2. Jean Le Cam (Bonduelle) ; 3. Mike Golding (Ecover) ; 4. Dominique Wavre (Temenos) ; 5. Sébastien Josse (VMI)

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Des statistiques
Avec déjà cinq éditions du tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance, les chiffres donnent le tournis par la dimension exceptionnelle de cette course ! Et si les statistiques ont un sens pour le Vendée Globe, un portrait-type du vainqueur de cette édition se dégage…
L’âge du capitaine :
• Le plus jeune participant : Ellen MacArthur en 2000 - 2001 : elle avait 24 ans
• Le plus âgé : Jose de Ugarte en 1992-1993 : il avait 62 ans
• Le plus jeune vainqueur du Vendée Globe : Alain Gautier en 1993, il avait 30 ans
• Le vainqueur le plus âgé : Christophe Auguin à 37 ans

Les multi-récidivistes :
• Marc Thiercelin : 4eme Vendée Globe dont deux classés (2e en 1996-1997, 4e en 2000-2001, abandon en 2004-2005).
• Raphaël Dinelli : 4eme Vendée Globe dont un en « hors-course » (1996-1997), un abandon (2000-2001) et un classé (12ème en 2004-2005).

Les écarts entre le vainqueur et son dauphin :
• 1990 : Titouan Lamazou avec 16h30 d’avance sur Loïck Peyron
• 1993 : Alain Gautier avec 6 jours 12h40 d’avance sur Jean-Luc Van Den Heede
• 1997 : Christophe Auguin avec 7 jours 11h50 d’avance sur Marc Thiercelin
• 2001 : Michel Desjoyeaux avec 1 jour 00h50 d’avance sur Ellen Mac Arthur
• 2005 : Vincent Riou avec 6h30 d’avance sur Jean Le Cam

Les grandes cavalcades :
Les meilleures journées réalisées lors de chaque Vendée Globe (Record du nombre de milles parcourus en 24h)
• En 1989, Titouan Lamazou avec 304 milles
• En 1992, Alain Gautier avec 339 milles
• En 1996, Yves Parlier avec 374 milles
• En 2000, Dominique Wavre avec 430 milles
• En 2004, Roland Jourdain avec 439 milles

Nota : le record de distance parcourue en 24 h sur un 60’ open IMOCA est toujours détenu par Alex Thomson, en solitaire comme en double:
- En solitaire : 468.72 milles / 24h, soit 19.53 nœuds de moyenne (2003)
- En double (avec Andrew Cape) : 501,9 milles / 24h, soit 20,91 nœuds de moyenne (2007)

Du plus court au plus long :
• Il a passé le moins de temps en mer : Patrick de Radiguès en 2000, échoué sur les côtes portugaises après quatre jours de mer.
• Il a passé le plus de temps en mer : Jean-François Coste en 1989-1990 qui boucle son Vendée Globe en 163 jours, 01 heure et 19 minutes sur le ketch « Cacharel » plus connu sous le nom de Pen Duick III.

Les pourcentages de réussite :
Le nombre de concurrents à avoir bouclé la boucle
• En 1989-1990 : 7 concurrents à l’arrivée sur 13 au départ, soit 54% de la flotte.
• En 1992-1993 : 7 concurrents à l’arrivée sur 15 au départ, soit 46,7% de la flotte.
• En 1996-1997 : 6 concurrents à l’arrivée sur 16 au départ, soit 37,5% de la flotte.
• En 2000-2001 : 17 concurrents à l’arrivée sur 26 au départ, soit 65,4% de la flotte.
• En 2004-2005 : 13 concurrents à l’arrivée sur 20 au départ, soit 65% de la flotte.

Le nombre de partants :
Sachant que plusieurs concurrents ont pris le départ plusieurs fois, le nombre de skippers ayant participé au Vendée Globe est 64.

Expérience :
Le record en termes d’expérience accumulée par l’ensemble des skippers du Vendée Globe 2008, les 30 skippers totalisent 32 tours du monde et 21 Vendée Globe

Sommeil :
la durée moyenne de sommeil par 24 heures durant les 3 mois de course : 5 heures.

Meilleurs rôles féminins
• En 1989-1990 : 0 femme
• En 1992-1993 : 0 femme
• En 1996-1997 : 2 femmes, Catherine Chabaud (classée 6ème) et Isabelle Autissier, arrivée hors course, après escale.
• En 2000-2001 : 2 femmes, Ellen MacArthur classée 2ème (Meilleur classement d’une femme sur le Vendée Globe à ce jour), Catherine Chabaud, abandon
• En 2004-2005 : 2, Anne Liardet classée 11ème, et Karen Leibovici, 13ème
• En 2008-2009 : 2 femmes au départ, Dee Caffari 6ème et Samantha Davies 4ème

Venus d’ailleurs :
Le nombre de concurrents étrangers au départ
• En 1989 : 3 concurrents sur 13, soit 23%, 4 nationalités au départ
• En 1992 : 7 concurrents sur 15, soit 47%, 6 nationalités au départ
• En 1996 : 5 concurrents sur 16, soit 31%, 5 nationalités au départ
• En 2000 : 11 concurrents sur 26, soit 42%, 7 nationalités au départ
• En 2004 : 7 concurrents sur 20, soit 35%, 5 nationalités au départ
• En 2008 : 13 concurrents sur 30, soit 43%, 7 nationalités au départ

Distance et Vitesse :
Distance effectivement parcourue et la vitesse surface par chacun des vainqueurs
• Titouan Lamazou : 25 485 milles à 9,7 nœuds
• Alain Gautier : 25 315 milles à 9,58 nœuds
• Christophe Auguin : 26 520 milles à 10,44 nœuds
• Michel Desjoyeaux : 26 700 milles à 11,94 nœuds
• Vincent Riou : 26 714 milles à 12,73 nœuds

Records de vitesse à battre sur les partiels autour du monde :
• Des Sables d’Olonne à l’Equateur : Jean Le Cam en 10j, 11h, 28’
• Des Sables d’Olonne au Cap de Bonne Espérance : Vincent Riou en 24j, 02h, 18’
• Des Sables d’Olonne au Cap Leeuwin : Vincent Riou en 36j, 12h, 48’
• Des Sables d’Olonne au Cap Horn : Jean Le Cam en 56j, 17h, 13’
• Des Sables d’Olonne à l’Equateur : Vincent Riou en 72j, 13h, 58’
• Des Sables d’Olonne aux Sables d’Olonne : Vincent Riou en 87j, 10h, 47’, 55’’ (11.28 nœuds de moyenne).

Les Records de vitesse à battre sur la traversée des 3 Oceans :
• Descente de l’Atlantique (Les Sables / Cap des Aiguilles) : PRB en 24j, 07h, 20´ (11.7 nœuds de moyenne). A noter que la moyenne de Bonduelle (Jean Le Cam) est très proche (11.6 nœuds)
• Traversée de l’Océan Indien (Cap de Bonne Espérance / Cap Leeuwin) : Ecover en 14j, 21h, 30´ (13.7 nœuds de moyenne), devant VMI (Sébastien Josse)
• Traversée de l’Océan Pacifique (Cap Leeuwin / Cap Horn) : Ecover en 16j, 06h (12.8 nœuds de moyenne).
• Remontée de l’Atlantique (Cap Horn / Les Sables) : PRB en 30 j, 01h, 40’ (9.7 nœuds de moyenne).

Portrait du vainqueur potentiel :
Il a 34 ans de moyenne d’âge, il est père de famille à 100%, c’est un ancien vainqueur de la Solitaire du Figaro à 60%, c’est son premier Vendée Globe à 80% et il court sur un plan Finot à 80%.

haut
Podium 2004-2005
© Jean-Marie Liot
 
  Le groupe 2008-2009
  © Vincent Curutchet / DPPI / Vendée Globe
et les photos du départ 2004 de Matthieu Dumont
   
  Le podium 2008-2009
  ©
Le classement final
 
  • 1er Michel Desjoyeaux
  • 2ème Armel Le Cleac'h
  • 3ème Marc Guillemot
  • 3ème ex-aequo Vincent Riou avec réparation
  • 4ème Samantha Davies
  • 5ème Brian Thompson
  • 6ème Dee Caffari
  • 7ème Arnaud Boissière
  • 8ème Steve White
  • 9ème Rich Wilson
  • 10ème Raphaël Dinelli
  • 11ème Norbert Sedlacek
 
Les news
 

 

 

lundi 16 mars 2009 :
Sedlacek ferme le ban.
Il y a un premier et un dernier, Norbert Sedlacek (Nauticsport Kapsch), sur cette sixième édition du Vendée Globe. Norbert aura bouclé son parcours en 126 jours 5 heures et 31 minutes et s’empare de la 11ème et dernière place du classement sur les 30 engagés au départ. L’autrichien, à la barre du seul bateau construit en aluminium, devient également le « meilleur dernier » de l’histoire de la course.
On n’avait jamais parlé autant allemand au sein du village du Vendée Globe. Dans le soleil couchant, Norbert a eu droit un chaleureux bain de foule, les centaines de Sablais agitant frénétiquement des petits drapeaux autrichien. Radieux, en pleine forme, l’ancien barman et conducteur de tramway a retrouvé son public qui l’a adopté depuis qu’il s’est lancé dans l’aventure il y a maintenant huit ans. « C’est extraordinaire. Merci les Sablais pour ce moment fabuleux que je suis entrain de vivre ». Son abandon il y a quatre ans suite à une avarie de quille est désormais aux oubliettes. « L’esprit du Vendée Globe, c’est de partir et de revenir, peu importe la place. Je n’ai jamais eu peur pour moi, pour le bateau, tout le temps. Il faut un peu de chance pour arriver jusqu’ici, j’en ai une même si j’ai eu ma dose de soucis techniques. Quand tu pars avec un vieux bateau comme le mien, tu sais que tu vas avoir des problèmes, j’étais donc préparé en conséquence ».
Plus rapide qu’il y a quatre ans
Il y a quatre ans, Karen Leibovici fermait la marche, s’octroyant la 13ème place au classement sur les 20 inscrits au départ. Son temps de course : 126j 08h 02’, soit 2h30 de plus que Norbert Sedlacek! La lecture des classements laisse d’ailleurs apparaître une amélioration régulière des temps de course des derniers, exception faite de l’édition 2000/2001 où l’italien Pascale De Gregorio avait mis 158 jours. Cette édition, la première gagnée par Michel Desjoyeaux, marque également le plus grand écart entre un premier et son dernier : 65 jours, contre 42 jours aujourd’hui, le plus petit datant de 1996/97 avec 35 jours entre Christophe Auguin et Catherine Chabaud. Mais le concurrent le plus « lent » de toute l’histoire reste bien sûr Jean-François Coste, avec ses163 jours de mer lors de la première édition. Il était arrivé 53 jours après Titouan Lamazou.
Extraits de la conférence de presse
« C’est après avoir fait le tour de l’antarctique en solitaire que j’ai songé au Vendée Globe. Je ne me voyais pas uniquement naviguer en croisière, j’avais besoin de compétition. C’est là où j’ai rencontré Thierry Dubois qui m’a fait naviguer sur son bateau, aujourd’hui aux mains de Rich. C’est là que tout a commencé. J’ai monté les marches unes à unes, à mon rythme, jusqu’à cette dernière marche aujourd’hui. Huit ans de ma vie s’achèvent. J’ai vraiment réalisé cela il y a deux ou trois jours. Demain est un autre jour ».
« Je ne sais pas si je serai là dans quatre ans. Pas avec mon vieux bateaux en tous cas. On a vécu une belle histoire d’amour, mais comme dans tout couple, on a vécu aussi de gros problèmes. Je lui ai donné un dernier baiser après la ligne ».
« J’ai reçu beaucoup de mails d’encouragements, je ne savais pas que j’avais autant de fan. Merci à eux ».
« Le meilleur souvenir, c’est ce soir. J’ai été le plus vite possible, faire 90 jours avec mon bateau, ce n’est tout simplement pas possible ».

dimanche 15 mars 2009 :
Sedlacek aujourd'hui aux Sables
Le navigateur autrichien Norbert Sedlacek fermera cet après-midi la marche du Vendée Globe 2008-2009 (photo). Le skipper de Nauticsport-Kapsch était positionné ce dimanche matin (04h30 locale) par 3° 21.58' de longitude Ouest et 46° 11.00' de latitude Nord, c'est à dire à la hauteur de l'île de Ré. Le monocoque jaune n'était plus qu'à 67,4 milles de l'arrivée et marchait à 8,5 noeuds cap à l'Est. Norbert devrait donc comme prévu couper la ligne d'arrivée de son Vende Globe aujourd'hui en fin d'après-midi.
Norbert boucle la boucle
Clap de fin sur le Vendée Globe aujourd’hui dimanche 15 mars à 18h 33 avec l’arrivée de Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch). A 46 ans, l’autrichien s’octroie la 11ème et dernière place de cette sixième édition qui comptait trente concurrents au départ.
Norbert aura mis 126 jours 5 heures 31 minutes et 56 secondes pour boucler son parcours long de 27 707 milles, soit 9,15 nœuds de moyenne sur l’eau. Contraint à l’abandon il y a quatre ans, l’ancien fonctionnaire des transports urbains autrichiens a réussi cette fois à aller au bout de son rêve.
100% amateur !
Cette estampille, Norbert Sedlacek la partage avec l’américain Rich Wilson (9ème). Deux sur trente, ce n’est pas beaucoup et on retiendra que tous deux ont réussi à revenir à bon port, ce qui représente, tout le monde l’a bien compris, une performance qui suffit à leurs bonheurs. Le public Sablais ne s’y est pas trompé et a accueilli l’autrichien merveilleusement. Soleil, grand bleu et petits airs ont favorisé la sortie dominicale sur la grande bleue, si bien qu’il n’y jamais eu autant de monde sur l’eau, même pour le roi Desjoyeaux. Cette arrivée de toute beauté restera sans aucun doute à jamais ancrée dans la mémoire de Norbert.

samedi 14 mars 2009 :
Raphaël Dinelli, 10e du Vendée Globe 2008-2009
Raphaël Dinelli a franchi la ligne d'arrivée du Vendée Globe, ce samedi 14 mars à 15h, 34mn et 24s, au terme de 125 jours, 02 heures, 32 minutes et 24 secondes de course, à la moyenne de 8,23 noeuds sur le parcours théorique. De retour au port en dixième position, le skipper Sablais s'apprête à goûter aux ovations du public. Raphael aura parcouru sur l'eau 28 140 milles à la moyenne de 9,37 noeuds.
Fondation Ocean Vital était le onzième monocoque à sortir du port le 9 novembre dernier. A son bord, un Raphaël Dinelli serein et conscient des faiblesses de son bateau dont les capacités ne pouvaient égaler celles des bateaux de dernière génération. Comme il le disait, au-delà de l'enjeu sportif, ce Vendée Globe était un bon moyen de mettre à l'épreuve et de tester les moyens énergétiques embarqués : éolienne à axe vertical et nouveaux panneaux solaires.
Il embarquait pour son quatrième Vendée Globe et il n'allait pas faire exception à la règle des avaries. Un gennaker qui part à l'eau et se déchire dès les premiers jours de course, puis un surgainage de drisse qui l'empêche d'affaler sa grand-voile. Le cap de Bonne-Espérance le verra passer en 22ème position, en compagnie de Norbert Sedlacek - premier d'une série de tête-à-têtes pour les deux skippers. Il prend ensuite une option Nord au passage des îles Kerguelen, puis les ennuis reprennent le 25 décembre : "Gros départ au lof, ce matin avec trois ris et trinquette. Grain à 50 nœuds suivi de plusieurs empannages violents. Dégâts sur les lazy-jacks cassés, gros vrac à l'intérieur, je navigue maintenant sous trois ris seul mais ce n'est pas stable." Quelques jours plus tard, toilé de sa seule trinquette, avec un pilote tribord hors-service, un déssalinisateur défectueux et tout son système en déficit d'énergie à cause du manque de soleil, il se pose alors la question d'une éventuelle escale technique. Cependant, Fondation Ocean Vital tient bon et entre dans le Pacifique, avec l'espérance d'un peu de calme.
En guise de calme, c'est une véritable guerre des nerfs qui lui est proposée : bord à bord avec le skipper autrichien, le Pacifique va être traversé au près, nourrissant plus que jamais l'impatience de voir le Cap Horn... Rocher qu'il passera le 2 février, entre grains et baleines. Au début de sa remontée de l'Atlantique, le 4 février se signale par une tentative de mouillage infructueuse, dans la baie de Port Stanley, aux Malouines. Inquiet de l'usure de sa drisse, mais ne pouvant stabiliser le bateau pour effectuer les réparations nécessaires, le skipper y recevra néanmoins une assistance médicale, sous la forme d'un paquet de médicaments pour soigner une tendinite chronique au coude.
La prudence qui semblait désormais s'imposer est vite prise de cours : trois jours de violents grains le cueillent dans sa remonté vers le Brésil, faisant de Fondation Ocean Vital, le jouet d'une dépression que le skipper définira comme "bestiale". C'est usé par cet épisode et une longue route sous le soleil brésilien, que l'homme et le bateau arriveront dans l'Atlantique Nord. C'est pourtant la fin du parcours qui va faire payer le prix fort au skipper Sablais. Le 2 mars, à 500 milles dans le Sud-Ouest de l’archipel des Açores, il voit sa bôme se briser en deux lors du passage d'une dépression. Alors qu'il se trouve en pleine réparation, une vague le déséquilibre et le projette sur le balcon arrière. Diagnostic : une côte fêlée ou cassée.
C'et donc une arrivée sous le signe du courage et de la persévérance qui marque la fin de ce quatrième Vendée Globe de Raphaël Dinelli. Le skipper s'était déjà distingué en remportant la Transat Jacques Vabre 1997, ainsi qu'une troisième place dans la Route du Rhum 1998."

vendredi 13 mars 2009 :
Raphaël Dinelli ce samedi aux Sables d’Olonne
Raphaël Dinelli vit son dernier jour de mer dans ce 6e Vendée Globe. Le skipper vendéen est attendu chez lui aux Sables d’Olonne demain samedi dans l’après-midi, où il va prendre une 10e place méritée après environ 125 jours de mer… comme il y a quatre ans !
Fondation Ocean Vital n’a plus devant lui que quelques heures de navigation solitaire avant de franchir la ligne d’arrivée du Vendée Globe, en 10e position. Même s’il a été contraint de remonter vers le nord pour conserver de la pression dans le système de vents faibles qui se prélasse sur le golfe de Gascogne – il faisait route ce vendredi matin au large de la baie d’Audierne, avant de plonger à la latitude de Belle-Ile – Raphaël Dinelli va en terminer avec son tour du monde demain samedi 14 mars. De toutes les éditions depuis 1996 – c’est donc sa 4e participation – il glanera demain à la fois sa deuxième boucle réussie (chavirage en 96/97 alors qu’il était parti en « pirate » et abandon sur avarie de safrans en 2000/2001) et à la fois son meilleur classement dans l’épreuve puisqu’il avait terminé 12e voilà quatre ans.
Au terme d’environ 125 jours de mer, une quarantaine de plus que le vainqueur Michel Desjoyeaux, Raphaël devrait recevoir un accueil chaleureux de ses compatriotes Sablais, lui, le seul Vendéen de l’épreuve. Joint ce matin par le PC Presse du Vendée Globe, il se montrait d’humeur joviale en précisant ses estimations d’arrivée : « Je couperai la ligne à 15h30 comme prévu, bâbord amures au travers dans de l’ouest-nord ouest d’une quinzaine de nœuds et il fera grand beau ! Comme je n’ai ni spi ni gennaker, je vais descendre d’abord vers Jard-sur-mer, pour remonter ensuite vers Les Sables, bien lancé. Les Sables d’Olonne c’est mon jardin, alors je veux faire ça bien ! »
Remontée du chenal vers 16h30
La remontée du chenal devrait suivre vers 16h30 – « c’est toujours un grand moment d’émotion et je pense que les Sablais seront au rendez-vous, comme il y a quatre ans où j’avais eu beaucoup, beaucoup de monde. Ce sera un grand moment, pas seulement pour moi mais pour toute l’équipe de la Fondation Ocean Vital qui a prouvé que l’on pouvait faire un tour du monde en produisant son énergie uniquement avec des systèmes propres, éolienne et des panneaux solaires. » Côté bilan sportif, « je suis à ma place, pas de souci. L’écart avec les bateaux de dernière génération est le même que voilà quatre ans et en à peu près 125 jours je serai pile dans mon objectif ».
« C’est marrant d’ailleurs, car je vais faire le même temps que voilà 4 ans » s’amuse encore le skipper de Fondation Ocean Vital. En effet, si Raphaël coupe la ligne à 15h30 comme il l’annonce, il bouclera ce Vendée Globe en 125 jours et 2 heures contre… 125 jours et 4 heures en 2004/2005 !
Pour l’heure, il « gère les derniers instants de mer » en discutant à la VHF avec des marins pêcheurs, en tenant les comptes de sa production d’énergie propre « des données qui seront utiles à la Fondation », en se félicitant de l’excellente réparation de sa bôme brisée « qui pourrait presque repartir pour un tour du monde » et en remerciant les dieux de lui accorder du petit temps pour finir, plus confortable pour supporter la douleur de sa côte cassée.
Au pointage de 11h ce vendredi, il ne lui restait plus que 156 milles à couvrir et Fondation Ocean Vital marchait à 8,6 nœuds. La dernière nuit devrait être magnifique « sous un clair de lune splendide comme la nuit dernière, passée dans le rail des cargos ». De derniers instants à savourer, en attendant la grande fête sablaise de demain et les retrouvailles avec femme et enfants.
Sedlacek dimanche soir ou lundi matin
L’Autrichien Norbert Sedlacek, lui, devra patienter 30 à 48 heures de plus pour connaître ce même bonheur de boucler un tour du monde en solitaire sans escale et sans assistance. Le skipper de Nauticsport-Kapsch, qui ferme la marche en 11e position, était pointé ce matin à 427 milles de l’arrivée et tenait une moyenne de 8 nœuds. Il devrait arriver aux Sables d’Olonne au dimanche soir ou lundi matin.
En bref
. Pour accueillir Raphaël Dinelli, demain, suivre son évolution sur le site Internet www.vendeeglobe.org. Compte tenu de la marée à gros coefficient, il ne devrait pas remonter le chenal avant 16h - 16h30.
. Steve White est rentré à la maison, à Gosport en Angleterre, avec son bateau, convoyé depuis Les Sables d’Olonne avec un des militaires qui bénéficie des actions de l’organisation « Toe in the Water », dont le monocoque de Steve portait les couleurs pendant ce Vendée Globe terminé à la 8e place. Steve a été accueilli par Dee Caffari, Brian Thompson et Alex Thomson… et n’a pas fait mystère de son intention dechercher un budget pour revenir dans 4 ans, avec un bateau neuf.

jeudi 12 mars 2009 :
Raphaël Dinelli dans le golfe de Gascogne
Dans son 123e jour de Course, Raphaël Dinelli vient de franchir la longitude 10° ouest, à hauteur de Sables d'Olonne. Autrement dit il entre dans le golfe de Gascogne, dernière épreuve qui lui est imposée avant l'arrivée, dans des vents faibles.
Sur son Fondation Ocean Vital, le Sablais Raphaël Dinelli n'avait plus que 318 milles à couvrir au pointage de 10h30 ce jeudi matin pour regagner son port d’attache et ainsi boucler ce sixième Vendée Globe. Mais comme on le craignait hier, sa vitesse avait fortement chuté : 4 noeuds de moyenne depuis le classement de la nuit, 5 noeuds en instantané. Autant dire que Raphaël Dinelli ne devrait pas pouvoir arriver avant samedi aux Sables d'Olonne, où il coupera la ligne d'arrivée à la 10e place de ce Vendée Globe. Avec la satisfaction d'avoir réussi à réparer efficacement la bôme brisée de son monocoque et surtout, bien sûr, le sentiment du devoir accompli après plus de quatre mois de mer.
Le dernier, l'Autrichien Norbert Sedlacek, devra vraisemblablement patienter un à deux jours de plus pour connaître ce même bonheur d'avoir bouclé une circumnavigation solitaire complète en course, avec une place de 11e à la clé. Son Nauticsport-Kapsch a été quelque peu ralenti lui aussi par les vents faibles au grand large du cap Finisterre, mais il parvenait tout de même à progresser à un peu plus de 7,5 noeuds de moyenne au dernier pointage. Norbert se trouvait alors à 593 milles des Sables d'Olonne, où il est attendu dimanche, ou plus vraisemblablement lundi.

mercredi 11 mars 2009 :
Derniers jours de mer pour Dinelli et Sedlacek
Les deux concurrents encore en mer - Raphaël Dinelli et Norbert Sedlacek - vont prendre respectivement les 10e et 11e place de ce Vendée Globe. Et ce probablement d'ici samedi pour Raphaël et dimanche ou lundi pour Norbert.
Au pointage de 11h ce mercredi, alors que s’achève le 122e jour de course, Raphaël Dinelli n'est plus qu'à 416 milles de la ligne d'arrivée aux Sables d'Olonne. Son Fondation Ocean Vital est à la latitude du port vendéen et marche à un peu plus de 9 noeuds de moyenne efficace sur la route (9,3 exactement).
Si les conditions de vent portant se maintenaient, Raphaël pourrait donc en terminer en deux jours et couper ainsi la ligne dès vendredi. Mais il y a un risque de pétole sur la fin de parcours qui pourrait différer légèrement son arrivée, plus probable samedi dans ce cas. Raphaël Dinelli bouclera ainsi son tour du monde à une 10e place inespérée pour lui au départ.
Le 11e et dernier, l'Autrichien Norbert Sedlacek, est également dans ce cas de toucher du doigt un classement qu’il n’imaginait pas voilà quatre mois. Norbert tente actuellement de prendre le wagon du flux de Sud-Ouest au très grand large du cap Finisterre. Mais il lui reste encore 821 milles à couvrir et sa moyenne journalière actuelle tourne aux environs de 255 milles. Son Nauticsport-Kapsch ne devrait donc pas arriver aux Sables d'Olonne avant dimanche ou lundi, pour mettre un point final à ce Vendée Globe 2008/2009.
Longtemps compagnons de route – par exemple dans un Pacifique qu’ils ont traversé quasiment bord à bord – les deux hommes devraient être accueillis par une foule encore enthousiaste, comme le veut la très respectable tradition de l’épreuve, du premier au dernier. Ils l’auront bien mérité eux aussi… après plus de quatre mois de mer en solitaire !

mardi 10 mars 2009 :
Rich Wilson 9ème du Vendée Globe
Après son arrivée vers 13h30, il ne restera que 2 marins en mer, Raphaël Dinelli (Fondation Ocean Vital) et Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) se trouvent respectivement à 691 et 1141 milles de Port Olonna.
A bord de son Great American III construit en 1999, l'américain Rich Wilson vient de s'octroyer la 9ème place du Vendée Globe (voir photo). Il a coupé aujourd'hui mardi 10 mars, à 13h43, la ligne d'arrivée située au pied du port des Sables d'Olonne. Son temps de parcours est de 121 jours 00 heures 41 minutes et 19 secondes, sa vitesse moyenne de 8,55 nœuds.
Rich Wilson aura donc mis 36 jours et 21 heures de plus que le vainqueur Michel Desjoyeaux, arrivé le dimanche 1er février. Les deux prochains et derniers concurrents, Raphaël Dinelli (Fondation Ocean Vital) et Norbert Sedlacek (Nauticsport Kapsch), devraient en finir ce week-end.
Le ciel est gris, la mer est forte, le vent d'ouest souffle encore à plus de 25 nœuds mais, comme d'habitude, le doyen de cette édition aura eu droit à son entrée triomphante. Beaucoup de bateaux sont venus à sa rencontre, avec sur l'un d'eux l'anglaise Samantha Davies (4ème). Pour cet Américain de 58 ans, haut diplômé de Harvard et résidant à Rockport dans le Massachusetts, ce Vendée Globe est l'aboutissement d'une carrière de navigateur amateur démarrée en 1980 avec une victoire dans la course Newport - Les Bermudes. Il vient de boucler avec panache son premier tour du monde en solitaire.

lundi 9 mars 2009 :
Rich Wilson demain à Port Olona
Le Vendée Globe de l'Américain Rich Wilson (Great American III) devrait trouver son épilogue demain mardi 10 mars. Situé ce lundi midi à quelques 200 milles de la ligne d'arrivée, le deuxième Américain de l'histoire du Vendée Globe devrait faire son entrée demain après-midi dans le chenal menant à Port Olona.
Après Bruce Schwab (Ocean Planet), lors du Vendée Globe 2004-2005, Rich Wilson sera donc le deuxième citoyen américain à boucler le Vendée Globe. A bord de son plan Bernard Nivelt construit en 1999 pour Thierry Dubois, ce diplômé de Harvard va donc pouvoir savourer comme il se doit son juste retour à terre, après plus de 120 jours passés en mer.
Progressant à près de 10 noeuds vers Les Sables d'Olonne, Rich Wilson se prépare donc à passer sa dernière nuit en mer, alors que ses deux poursuivants, Raphaël Dinelli (Fondation Ocean Vital) et Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) se trouvent respectivement à 670 et 1114 milles dans son tableau arrière.
Pour cet Américain résidant à Rockport dans le Massachusetts (USA), ce Vendée Globe sera l'aboutissement d'une carrière de navigateur démarrée en 1980 avec une victoire dans la course Newport - Les Bermudes. Il bouclera demain son premier tour du monde en solitaire, sans escale et non sans panache.

dimanche 8 mars 2009 :
Estimations d'arrivées
Ce dimanche 8 mars, l'estimation d'arrivée des 3 derniers concurrents du Vendée Globe est la suivante :

- Rich Wilson : entre le 9 à 18h et le 10 à 12h
- Raphaël Dinelli : entre le 12 à 00h et le 13 à 06h
- Norbert Sedlacek : entre le 14 à 00h et le 15 à 18h

samedi 7 mars 2009 :
Jean-Pierre Dick déjà dans le Vendée Globe 2012
Alors que les derniers concurrents du Vendée Globe 2008-2009 en terminent avec leur tour du monde, Jean-Pierre Dick a annoncé hier qu'il se fixait comme nouvel objectif de participer au Vendée Globe 2012, à la barre d'un tout nouveau monocoque signé Guillaume Verdier/VPLP* et dont la construction devrait démarrer dès l'été prochain en Nouvelle-Zélande. Rencontre avec le skipper du prochain Paprec-Virbac 3
Rich Wilson tire des bords vers Les Sables
Ce samedi matin, le navigateur Rich Wilson (Great American III) est toujours porté par un flux d'ouest qui l'oblige à enchaîner les empannages vers Les sables d'Olonne qu'il pourrait atteindre dans la journée de mardi prochain. Malgré une vitesse sur l'eau de plus de 10 noeuds, sa vitesse de progression vers l'arrivée n'est en effet que de 7,7 noeuds. Il est toujours suivi par Raphaël Dinelli (Fondation Ocean Vital) qui a repris de la vitesse depuis la réparation de sa bôme et se situait ce matin à près de 600 milles dans son sillage. L'Autrichien Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) se trouve pour sa part à 1700 milles de l'arrivée et progressait à près de 7 noeuds à la latitude de Madère.

vendredi 6 mars 2009 :
Moins de 1000 milles
Ce vendredi 6 mars, 117e jour de course, le prochain skipper à boucler son Vendée Globe, l'Américain Rich Wilson, est passé au pointage de ce matin sous la barre des 1000 milles (912,8 milles) de l'arrivée. Il naviguait ce matin babord amure cap au nord-est en direction des îles Britanniques afin de trouver le meilleur angle de vent pour sa descente vers les Sables d'Olonne. Le skipper de Great American III est attendu entre dimanche soir et lundi à Port Olona.
A 1000 milles exactement de Rich Wilson se trouve le dernier concurrents de la course, l'Autrichien Norbert Sedlacek à bord de son Nauticsport-Kapsch qui poursuit sa remontée de l'Atlantique nord. Il maintenait une moyenne de près de 8 noeuds et se trouvait ce matin à la latitude des îles Canaries.
Quant au monocoque Fondation Ocean Vital de Raphaël Dinelli, il n'était pas localisé au classement de 5h00 ce matin. Raphael qui a terminé les réparations de sa bôme, devrait pouvoir continuer sa course à un meilleur rythme. Le skipper qui souffre d'une côte cassée déclarait hier qu'il n'avait pas beaucoup dormi et que la position allongée le faisait souffrir.

jeudi 5 mars 2009 :
Cap à l'ouest pour Rich Wilson
Rich Wilson a réussi à contourner l'anticyclone des Açores situé en plein milieu de l'Atlantique, mais sa position tout au nord de l'anticyclone n'est pas facile à gérer pour la suite de son parcours. Le skipper de Great America III fait désormais un cap vers l'ouest et n'est plus ce matin qu'à 1137 milles des Sables d'Olonne.
Rich Wilson : "Le problème hier, c'était que le vent était plein ouest. Nous ne pouvions pas naviguer avec le vent plein arrière, mais seulement à 35 degrés, ce qui signifie que nous devions mettre le cap au nord-est ou au sud-est. En ralentissant, peut-être que nous aurions pu rattraper le vent de sud-ouest pour prendre la route directe vers les Sables. Je n'ai pas compris ce qui s'est passé durant la nuit dernière, le vent s'est renforcé et on surfait à 18 nœuds. J'ai regardé les fichiers sur l'écran et j'ai enfin compris. Nous progressions si rapidement que nous sommes passés au nord-est de l'anticyclone et nous étions en train de retrouver le vent de nord-ouest. Cela n'allait hélas être que temporaire, car plus tard nous étions positionnés à nouveau tout en haut de l'anticyclone. J'étais si fatigué que je me suis endormi à la table à cartes. Je me suis réveillé plusieurs fois, mais j'ai trouvé un prétexte chaque fois pour ne pas aller dehors et hisser la trinquette. Je me suis dit que cela allait peut-être changer, que la mer devait se calmer, que le vent devait mollir avant de la hisser… Mais j'ai fini par sortir sur le pont et le vent a adonné un peu avec le déplacement du système. J'ai empanné et là, normalement, nous sommes sur une meilleure trajectoire…"
Rich progresse ce jeudi matin à plus de 10 noeuds alors que pour Raphaël Dinelli, l'histoire n'est pas la même, suite à son avarie de bôme et à sa blessure à une côte. Le skipper de Fondation Ocean Vital n'avançait ce matin qu'à 4,7 noeuds cap au nord, il était situé à l'ouest des Açores. Raphael se trouve encore à 1677 milles des Sables, quant à Norbert Sedlacek, il poursuit son bonhomme de chemin à un peu plus de 2000 milles de l'arrivée.

mercredi 4 mars 2009 :
Wilson accélère, Sedlacek réduit son retard
L'Américain Rich Wilson était ce matin le plus rapide des trois derniers marins en course dans ce Vendée Globe. Il marchait à 10,4 noeuds cap au 48°, soit sur une route directe vers la ligne d'arrivée qu'il espère franchir le week-end prochain.
Derrière lui, Raphaël Dinelli qui a subit une avarie de bôme hier, a perdu quelques dizaines de miles cette nuit sur son poursuivant direct, le navigateur autrichien Norbert Sedlacek qui a touché les alizés. Ce dernier ne se trouve plus en effet qu'à moins de 600 milles de Fondation Ocean Vital et progresse ce mercredi matin 5 noeuds plus vite sur la route directe.
Joint par téléphone hier, le skipper de Nauticsport-Kapsch commençait à penser à l'arrivée et donnait quelques premières estimations sur son arrivée : "Je suis en route pour les Sables" déclarait l'Autrichien Norbert Sedlacek ! "Les conditions sont bien celles des alizés. Un vent est de secteur nord-est force 4 à 5. Il fait nuageux, mais la température est de 22°C. Et j'ai réussi à parcourir 220 milles en 24 heures, ce qui n'est pas si mauvais. J'attends l'arrivée d'une dépression cette nuit, qui devrait générer un vent de trente nœuds pendant quelques heures. Je suis un peu fatigué. La vie n'est pas facile lorsqu'on se retrouve penché à 30°".
Mi-mars pour Sedlacek ?
Norbert pense de plus en plus à l'arrivée mais cela ne l'empêche pas de rester très nerveux en raison d'une possible avarie qu'il redoute toujours : "La casse arrive facilement et j'essaie d'éviter de penser à cela. Pour les repas cela va encore. J'ai encore du muesli le matin, des pâtes à midi et puis je mange du poisson le soir. J'ai gardé les meilleurs plats pour les dernières semaines. Cela me permet de bien manger. Il me reste assez de gazole. Je peux ainsi mettre en marche l'ordinateur et répondre à tous mes mails. Je crois que je vais arriver d'ici 13 à 14 jours. Le 15 mars ce serait possible en théorie, mais je dirais plutôt le 16 ou le 17. Autour des Açores les prévisions ne sont pas très stables. On verra à la fin de la semaine. Si j'ai de la chance, peut-être que j'aurai droit à un régime d'ouest…"

mardi 3 mars 2009 :
Le chemin des trois
Les trois derniers concurrents du Vendée Globe attendus aux Sables d’Olonne ne sont pas tous logés à la même enseigne. À chacun son menu météo et à chacun son destin dans les eaux de l’Atlantique Nord. Tandis que Raphaël Dinelli (Fondation Ocean Vital) déplore une avarie de bôme et cherche les calmes de l’anticyclone des Açores pour réparer, Rich Wilson (Great American III), le prochain sur la liste des retours au port, a désormais touché des vents portants et fait route directe. Quant à Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch), il progresse au près dans l’alizé…
Cette fois, ça y est ! Rich Wilson semble en avoir bien terminé avec des conditions météorologiques qui rendaient sa progression en Atlantique Nord laborieuse. Le doyen de la course, qui n’a pas dû ménager sa peine pour déjouer les pièges et les embûches tendus par l’anticyclone des Açores, progresse désormais dans le Nord de cette zone de hautes pressions. Dans des vents d’Ouest à Sud-Ouest, Great American III a ouvert les voiles et met le cap sur les Sables d’Olonne. Il progresse désormais à plus de 10 nœuds. Au 124è jour de course, il lui reste 1500 milles à parcourir pour rallier la ligne d’arrivée en terre vendéenne.
De son côté, Raphaël Dinelli connaît des heures difficiles depuis que sa bôme s’est brisée en deux dans les vents forts et soudains générés par une copieuse dépression orageuse. À 500 milles dans le Sud-Ouest de l’archipel des Açores, le skipper de Fondation Ocean Vital fait route au Nord pour se dégager de cette zone peu propice aux réparations. En quête de vents moins soutenus et d’une mer mieux rangée, il a déjà freiné l’allure et progresse à 7 nœuds sous trinquette seule.
Quant à Norbert Sedlacek, le voilà bien engagé au louvoyage dans les alizés de Nord-Est. Nauticsport-Kapsch tape et cogne sur une mer courte et croisée. Mais à 2434 milles de l’arrivée ce mardi matin, il vogue vaille que vaille vers la ligne de la délivrance…

lundi 2 mars 2009 :
Réparations
Beaucoup de casse cette année, les bateaux commencent à être rapatriés, c'est le cas pour PRB, Ecover et Hatfield
Avarie de bôme pour Raphael Dinelli
Cet après midi entre 13 et 14 h (Heure française) la bôme de Fondation Ocean Vital s'est brisée. Raphaël Dinelli naviguait alors dans une dépression orageuse qui générait des vents de 35 à 40 nœuds, levant une houle très forte et croisée (voir photo).
Lorsque Raphaël a voulu prendre un ris le bateau a été embarqué par une vague et la bôme s'est cassée sur un hauban.
Raphaël fait actuellement cap au nord à 7,5 nœuds sous trinquette seule. Il essaye de rejoindre une zone anticyclonique afin de trouver du vent et une mer plus calmes afin d'essayer de réparer. Selon Météo France il devrait atteindre cette zone d'ici 12 à 15 heures.

dimanche 1er mars 2009 :
Lente procession vers l'arrivée
Ce dimanche 1e mars, les trois derniers navigateurs encore en course, Rich Wilson (Great American III), Raphaël Dinelli (Fondation Ocean Vital) et Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch), continuent leur lente progression (8 à 10 noeuds) vers l'arrivée dans des conditions météorologiques assez clémentes (situation anticyclonique variable et mer peu agitée).
L'Américain se trouvait ce matin à l'ouest des Açores, à la latitude des côtes portugaises; Raphael Dinelli au plein coeur de l'Atlantique nord se situait à la hauteur des Canaries. Quant à Norbert Sedlacek, il devrait franchit sous peu la latitude des îles du Cap Vert.
A ce jour, les dernières estimation d'arrivée pour ces trois bateaux sont les suivantes :
- Rich Wilson : entre le 6 ou le 7 mars prochain
- Raphael Dinelli : entre le 9 et le 11 mars
- Norbert Sedlacek : entre le 13 et le 15 mars

samedi 28 février 2009 :
Les derniers en bavent dans l'Atlantique
La météo n'est pas tendre avec les derniers, voir la carte

vendredi 27 février 2009 :
Le dernier trio
Depuis le 1er février dernier, huit concurrents ont réussi à boucler leur tour du monde en solitaire, au terme d’une édition extrême. Le dernier sur la liste des terriens s’appelle Steve White, arrivé hier sur les côtes vendéennes après 109 jours et 36 minutes de course. Ils ne sont donc plus que trois en mer. Dans l’ordre : l’Américain Rich Wilson, le Français Raphaël Dinelli et l’Autrichien Norbert Sedlacek entré il y a 36 heures dans l’hémisphère nord.
Il faudra attendre la fin de la première semaine de mars, entre le 5 et le 7 pour voir le neuvième navigateur amarrer son 60 pieds sur les pontons de port Olonna.
Actuellement coincé entre deux anticyclones dans le sud-ouest des Açores, Rich va bientôt passer d’une situation extrême à l’autre. Après une période de calmes de début de journée, il devra dès ce soir affronter des vents de face de 20 à 25 nœuds et ce pendant au moins 36 heures. Avec en prime l’obligation de virer à nouveau pour gagner vers le nord…
Pour l’heure, le skipper de Great American III dispose de 580 milles d’avance sur Raphaël Dinelli, mais ce dernier pourrait gagner du terrain d’ici l’arrivée.
Dans le nord-ouest du cap Vert, Dinelli se fait toujours fortement secouer au près dans les alizés et une forte houle de travers. Dès le début du week-end, en revanche, la situation va se calmer et le vent chuter autour de 10 à 15 nœuds. Le skipper de Fondation Ocean Vital se rapproche à son tour des hautes pressions mais d’après Sylvain Mondon (Météo France), son contournement de l’anticyclone des Açores pourrait être moins laborieux que pour Rich…l’occasion de réduire l’écart qui le sépare du seul concurrent américain de la course.
Dernier navigateur en mer, Norbert Sedlacek est enfin entré dans l’hémisphère nord. Dans la nuit de 25 au 26 février, à 01h29 GMT, le navigateur autrichien a franchi l’équateur. Le voici désormais aux prises avec les mêmes conditions de navigation que celles rencontrées depuis presque une semaine par Dinelli. A plus de 3000 milles de l’arrivée, c’est parti pour une session de saute-mouton dans les alizés !

jeudi 26 février 2009 :
Les dernières minutes de mer de Steve
Attendu dans la matinée, Steve White a finalement franchi la ligne en tout début d’après-midi. Il entre dans le chenal à 15 heures, accueilli par une foule toujours aussi compacte venue accueillir une des révélations de cette édition 2008 - 2009.
A 13 heures, Toe in the water n’est plus qu’à cinq milles de ligne d’arrivée. Il fait grand beau sur les Sables d’Olonne, mais le vent n’est pas au rendez-vous. Les premières vedettes d’accompagnement le rejoignent dont un semi-rigide avec à son bord, sa femme Kim et ses trois fils Jason, Isaac et Euan. Steve navigue sous grand-voile haute et gennaker à près de huit nœuds. Le skipper de Toe in the Water semble en bonne forme. Il parait presque embarrassé d’un tel accueil. Rasé de près, les cheveux lavés, il s’approche de la ligne. Il reste à espérer qu’il a réussi à trouver un autre shampooing que l’huile de cuisine qu’il a utilisé jusque là ; Kim, sa femme, l’a prévenu qu’il était hors de question pour elle de s’approcher de lui s’il sentait l’odeur de frite ! Steve a roulé sa trinquette pour les derniers milles, le vent mollit… Autour de lui, ses amis, sa famille agitent des pieds en plastique, en référence à l’organisation « Toe in the water ». La ligne s’approche peu à peu, Steve agite le bras mais reste concentré jusqu’au bout.
A 13h 38 mn 55s, Steve franchit la ligne entre la bouée de Nouch Sud et le bateau comité. Il ne bondit pas de joie, reste là, ébahi, juste à sourire tranquillement et faire de grands signes. Il semble incroyablement calme.
« Il faut que je prenne le temps de réaliser ce que j’ai fait. J’ai juste ce sentiment de revenir de longues vacances en mer… je n’ai jamais pensé que je pourrais ne pas finir cette course, même dans les moments difficiles. Dans ces cas-là, il suffit de faire ce que l’on doit… Le résultat ? C’est incroyable d’une certaine manière. J’ai eu beaucoup de chance. Je sais aussi que certains qui ont dû abandonner étaient d’excellents marins ; j’aurais préféré parfois faire ce que j’ai fait sans bénéficier de la casse et voir les rêves de certains s’évanouir. J’aurais préféré finir plus proche de Dee et Cali, mais la météo distribue les cartes comme bon lui semble. La réparation du vit-de-mulet a été aussi solide que possible même si cela provoquait d’horribles bruits de craquements. Le temps perd tout son sens. Je suis réellement perdu. Tout est allé si vite… »
Le parcours de Steve en quelques étapes
- 9 novembre : départ, mais maigre sommeil pour Steve : "je ne me suis pas couché avant 2 h du mat' car on avait encore plein de choses à faire..."
- 11 novembre : traverse la tempête dans le Golfe de Gascogne sans subir trop de dégâts. Un départ prudent qui lui permet de fêter tranquillement son 36ième anniversaire.
- 12 novembre : petit incendie à bord à cause d'un problème électrique. Grosse fumée à l’intérieur du bateau.
- 16 novembre : bagarre avec deux de ses compatriotes, Dee Caffari (Aviva) et Jonny Malbon (Artemis), mais les bateaux plus modernes creusent l'écart.
- 20 novembre : se fait doubler par Mich' Desj'.
- 21 novembre : Steve est ralenti dans le pot au noir et perd 200 milles sur les leaders en l’espace de deux jours.
- 24 novembre : Steve franchit l'Equateur. Il porte un toast à Neptune avec un peu de vin offert par Norbert Sedlacek, mais ne fait pas des bêtises : "Je ne me suis pas couvert de porridge!"
- 2 décembre : jusqu'à ce jour Steve n'avait pas jamais passé plus de 22 journées consécutives en mer.
- 8 décembre : Toe in the Water franchit la longitude du Cap de Bonne Espérance. Steve est le 18ème skipper à entrer dans l'Océan Indien.
- 11 décembre : après s'être trompé, Steve passe la seconde porte des glaces : “j'aurais bien voulu dire que c'était un problème technique, mais j'ai tout simplement oublié d'entrer ces données dans mes calculs ! »
- 18-19 décembre : des soucis de pilote automatique. Toe in the Water couche plusieurs fois le mât dans l'eau.
- 24 décembre : le vent dépasse 50 noeuds. La fixation du vit de mulet casse, mais la mer est trop forte pour pouvoir s'occuper des réparations.
- 26 décembre : 367 milles en 24 heures , la meilleure moyenne ce jour-là de toute la flotte.
- 29 décembre : en 13ème position à 310 milles au sud-ouest de la Nouvelle Zélande.
- 1er janvier : passe sa journée à réparer ses pilotes.
- 5 janvier enfin du calme et de bonnes vitesses, mais à l'intérieur, "C'est le bazar. Cela ressemble à une chambre d'étudiant. J'ai des vêtements qui sèchent partout, des éléments du vit de mulet et de la plomberie."
- 7-9 janvier : Toe in the Water est ralenti dans l'anticyclone qui règne sur le Pacifique. Steve perd 350 milles en trois jours sur Arnaud Boissières et Dee Caffari.
- 19 janvier : Steve devient cap-hornier et effectue des réparations sur son chariot de grand-voile.
- 30 janvier : ralenti au large de Rio.
- 4 février : un temps superbe, mais des conditions monotones et aucun adversaire dans un rayon de 500 milles.
- 6 février : Armel Le Cleac'h termine second au moment où Steve se prépare à entrer dans le pot au noir.
- 8 février : Toe in the Water franchit l'équateur. Retour dans l'hémisphère Nord.
-26 février : Steve termine huitième du Vendée Globe 2008-2009.
Steve White a mis plus d’un pouce dans l’eau (*)
Steve White a franchi la ligne d’arrivée ce jeudi 26 février 2009 à 13 heures 38 minutes et 55 secondes (heure française), soit après 109 jours 00 heures 36 minutes et 55 secondes de course. Sa vitesse théorique sur le parcours est de 9,49 nœuds. Sa vitesse réelle est de 10,78 nœuds sur une distance réellement parcourue de 28 197milles.
(*)
« Toe in the water », le nom de la fondation qui a permis à Steve White d’être présent au départ de ce Vendée Globe, signifie littéralement mettre un orteil dans l’eau. Histoire de tester, avant de savoir si on y plongera tout le corps. Pour son coup d’essai, Steve qui termine huitième de cette édition 2008-2009, s’est jeté goulûment dans le grand bain.

mercredi 25 février 2009 :
Steve White: c’est pour demain
En pleine session de louvoyage à 150 milles de l’arrivée, le skipper de Toe in the Water est attendu aux Sables d’Olonne à partir de jeudi 26 février en milieu de matinée.
White, la bonne surprise
Qui aurait pu croire que ce jeune anglais inconnu du grand public terminerait 8e du Vendée Globe 2008-2009 ? Peu de pronostiqueurs pariaient sur ce discret blondinet de 35 ans, père de 4 enfants, et qui a débuté la voile en compétition il y a moins de 10 ans. Qui plus est, le projet de Steve White fait partie de ceux bouclés à la dernière minute. Quinze jours avant le départ, on se souvient que le bateau était encore désossé sur les quais du port de commerce, en pleine préparation d’urgence. On se souvient aussi de l’arrivée in extremis de l’association caritative britannique « Toe in the Water » comme partenaire, sans lequel Steve White aurait probablement perdu sa maison – hypothéquée pour le projet !-.
A bord de l’ancien Gartmore de son compatriote Josh Hall, un solide plan Finot-Conq de 1998, Steve White a été une des bonnes surprises de ce tour du monde en solitaire et sans escale. D’abord parce qu’il est en passe de boucler sa boucle quand de nombreux favoris ont dû jeter l’éponge, mais aussi parce que tout au long de son périple, Steve s’est révélé un navigateur plein d’envie et d’humour.
S’il franchit la ligne jeudi en fin de matinée, il pourrait embouquer le chenal des Sables d’Olonne vers 15 heures. Mais en attendant, le marin britannique tire toujours des bords dans le golfe de Gascogne, dans un vent qui va progressivement s’atténuer autour des 10-15 nœuds. Ses derniers jours de course face au vent auront été fastidieux, à l’image de sa remontée de l’Atlantique.
Wilson et Sedlacek dans les calmes
Derrière lui, à 2000 milles du but, le sort de Rich Wilson n’est pas très enviable. Coincé dans les calmes entre deux anticyclones, le vétéran américain s’éloigne de la route et sait qu’il devra affronter des vents contraires et très mous jusqu’aux premiers jours du mois de mars.
De son côté, Raphaël Dinelli se fait toujours chahuter dans de costauds alizés de nord-est et attend avec impatience que le vent adonne pour pouvoir choquer un peu des écoutes et accélérer. Lui aussi devra faire du chemin pour contourner un énorme anticyclone qui reprend sa place sur les Açores.
Enfin, Norbert Sedlacek n’est pas au bout de ses peines dans le pot au noir. Entre les deux premiers classements de ce mercredi matin, il n’a progressé qu’à 1,8 nœuds de moyenne. Il ne sortira pas de ce marasme avant demain après-midi, après avoir franchi l’équateur.

mardi 24 février 2009 :
Problématique Atlantique
Les quatre solitaires encore en course voient leur progression contrariée par des situations météo variées, décrites ce matin par Météo France : vents contraires et soutenus pour les uns, dorsale anticyclonique ou encore pot au noir à géométrie variable pour les autres. Des premiers aux derniers, cette remontée de l’atlantique n’aura épargné aucun des navigateurs.
50 milles au nord du cap Finisterre, Steve White continue d’enchaîner douloureusement les virements de bord en direction du but, 300 milles devant les étraves de son monocoque Toe in the Water. Le skipper britannique sera malheureusement soumis à ce régime de louvoyage jusqu’à son arrivée aux Sables d’Olonne prévue jeudi dans la journée. Sa progression est d’autant plus contrariée qu’il subit actuellement 25 à 30 nœuds de vent d’Est dans une mer encore plus creuse aux abords des côtes espagnoles. Des conditions sportives qui vont peu à peu s’adoucir au fil de son évolution dans le golfe de Gascogne, avec une quinzaine de nœuds seulement prévus au moment du finish.
Pour Rich Wilson– à 2070 milles de l’arrivée -, la situation n’est pas non plus idéale, mais pour des raisons différentes. Un anticyclone barre la route de Great American III. Il devrait connaître une progression erratique pendant deux bonnes journées avant de pouvoir attraper des vents portants qui le propulseront vers les côtes françaises. Son heure estimée d’arrivée se précise autour du 5 mars.
Autre lieu, autres conditions. Dans le sud-ouest au large du cap Vert, c’est toujours aussi musclé pour Raphaël Dinelli. Le skipper de Fondation Ocean Vital se fait encore malmener au près dans de solides alizés de 25 à 30 nœuds et une formée. Le voici en mode ‘penché-secoué’ pendant les quatre ou cinq prochains jours.
Rien à voir avec les conditions rencontrées par Norbert Sedlacek en queue de peloton. Malheureusement pour le navigateur autrichien, le pot au noir est en train de s’étendre à mesure de sa remontée vers l’équateur. D’après Sylvain Mondon de Météo France, Nauticsport-Kapsch devra encore parcourir 200 milles environ pour sortir de la zone de convergence intertropicale.

lundi 23 février 2009 :
Quatre en mer
Après l’arrivée dimanche d’Arnaud Boissières, 7e concurrent de retour aux Sables d’Olonne à l'issue d'une circumnavigation solitaire d’un peu plus de 105 jours, il reste encore quatre concurrents en course. Le Britannique Steve White qui tire actuellement des bords à 430 milles des côtes vendéennes, est le prochain sur la liste des terriens. Le skipper de Toe in the Water est attendu sur la ligne à partir de jeudi matin…
Entre la fin du mois de février et la mi-mars, les quatre derniers concurrents du Vendée Globe vont mettre un terme à leur périple. Sur ces quatre navigateurs, deux disputent ici leur tout premier tour du monde en solitaire sans escale et sans assistance : le Britannique Steve White (35 ans) et l’Américain Rich Wilson (58 ans). L’Autrichien Norbert Sedlacek (47 ans), après une première tentative infructueuse en 2004-2005 où il avait abandonné sur avarie de quille, pourrait bien cette fois réussir son pari. Raphaël Dinelli (40 ans), avec ses 3 précédentes participations (dont deux inachevées), fait quant à lui figure de multi récidiviste.
Malgré les milles qui les séparent, leur différence d’âge, de parcours et d’origine, ces quatre marins ont de nombreux points communs. Ils ne se sont pas embarqués pour la gagne, mais pour réaliser l’aventure de leur vie, à bord de bateaux anciens et avec des budgets modestes, voire très serrés. Ils réalisent une course à leur mesure, à la hauteur de leurs moyens et de leur expérience nautique. Ils arriveront certes avec entre 25 à 45 jours de retard sur le vainqueur Michel Desjoyeaux, mais leur périple restera lui aussi un exploit.
Steve White attendu jeudi
C’est le cas de Steve White, promis à une belle huitième place, jeudi ou vendredi aux Sables d’Olonne. Le Britannique fait actuellement son entrée dans le golfe de Gascogne et se trouvait, au classement de 11h00, à 434 milles de la ligne d’arrivée. Calé au sud d’un anticyclone, il devra malheureusement tirer des bords dans un vent d’Est de 15 à 20 nœuds jusqu’au terme de son voyage.
Ses poursuivants sont relégués loin derrière, entre1500 à 3000 milles de son tableau arrière. Aucun n’affronte évidemment les mêmes conditions météo. Rich Wilson, vétéran de cette édition, navigue au près dans les alizés de nord-est, au grand large de l’archipel des Canaries. A court terme, il sait qu’il est à la merci d’un anticyclone venu de la Nouvelle-Ecosse. S’il souhaite le contourner pour trouver des vents portants, il devra sensiblement rallonger sa route jusqu’au 45e degré de longitude ouest. Sinon, ce sera encore un régime de près pour le skipper américain, décidemment abonné à cette allure depuis son passage du Horn. Son heure estimée d’arrivée aux Sables d’Olonne se situe autour du 5 ou 6 mars.
Raphaël Dinelli (Fondation Ocean Vital) qui a passé l’équateur le 21 février à 21h45, est lui aussi soumis au régime d’alizés (18 à 23 nœuds de nord-est s’orientant est) pour les trois prochains jours au moins, avant d’aborder les fronts ou les zones de haute pression qui circulent plus au nord.
Norbert bientôt dans le pot
A l’heure actuelle, seul l’Autrichien Norbert Sedlacek navigue encore dans l’hémisphère sud. Dimanche, Sedlacek a profité des petits airs aux abords du pot au noir pour grimper dans son mât et tenter de réparer son rail de grand-voile défectueux. A l’aube de cette 15e semaine de course, Nauticsport-Kapsch avait bien du mal à dépasser les 5 nœuds. A la pointe du Brésil, le voici dans un périmètre de navigation délicat où les grains et les calmes peuvent se succéder rapidement. Prochaine étape pour le vaillant et bricoleur skipper du bateau jaune : l’équateur, d’ici environ 48 heures…

dimanche 22 février 2009 :
Boissières devant Les Sables
Ne pouvant entrer dans le port des Sables avant midi à cause de la marée, Arnaud Boissières patiente depuis la fin de nuit au large des Sables d’Olonne. L’Arcachonnais franchira la ligne d’arrivée et s'engouffrera dans la foulée dans le chenal en début d’après-midi.
Le jour du Cali
Il est là, devant Les Sables d’Olonne, et attend patiemment que la marée le laisse entrer dans le port. Du coup, il attend aussi pour couper la ligne d’arrivée et profite de ses dernières heures de mer avant le grand bain de foule.
Derniers instants de solitaire pour Arnaud Boissières (Akena Vérandas) qui tourne au large des Sables d’Olonne en attendant de vivre le dénouement de son Vendée Globe. Le ciel est gris, le vent faible et la mer calme pour accueillir le septième concurrent de ce Vendée Globe.
Steve White (Toe in the Water) devra patienter encore quelques jours pour vivre pareille fête. A 300 milles au large du Cap Finisterre, le Britannique remonte au près face à 20 nœuds de vent d’est. Son arrivée est désormais prévue jeudi prochain. Rich Wilson (Great American III) va lui aussi devoir s’armer de patience. Pour l’instant, l’Américain remonte toujours plein nord face à des alizés de 15-20 nœuds de nord-est. Le problème est plus au nord, avec l’anticyclone des Açores qui lui barre toujours la route. Seule solution : faire un grand tour par l’ouest.
Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital), qui a franchi l’équateur samedi soir vers 21h, navigue désormais dans un alizé soutenu de 20 nœuds de nord-est. Derrière lui, Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) est le dernier concurrent encore dans l’hémisphère Sud. Petit réconfort pour l’Autrichien, le pot au noir, assez virulent avec Dinelli, s’est en grande partie dissipé et devrait le laisser passer sans trop d’encombres.
Arnaud Boissières termine septième
C’est à 15h35 ce dimanche 22 février qu’Arnaud Boissières, skipper d’Akena Vérandas, a franchi la ligne d’arrivée du Vendée Globe 2008-2009 après 105 jours 02 heures 33 minutes 50 secondes de course. Il s’empare de la septième place 20 jours 23h36 après le vainqueur Michel Desjoyeaux (Foncia). Il a parcouru 27 841 milles à la moyenne de 11,04 nœuds, soit 9,85 nœuds de moyenne sur la route théorique de 24 840 milles.
C’est le rêve d’un adolescent qui vient de s’accomplir aujourd’hui. Celui d’un jeune homme de 17 ans venu assister avec son père au départ du premier Vendée Globe en 1989. Un voyage aux Sables d’Olonne pour voir ces premiers héros du Vendée Globe et permettre au jeune homme d’oublier quelques instants la leucémie qui s’est déclarée six mois plus tôt. Guéri après deux ans et demi de chimiothérapie, Arnaud Boissières décide de vivre de sa passion pour la mer. Vingt ans plus tard, en ce dimanche 22 février, Arnaud Boissières a bouclé plus qu’un tour du monde. C’est une grande boucle de sa vie qui le fait revenir aujourd’hui en héros aux Sables d’Olonne, accueilli par des dizaines de milliers de spectateurs, comme les six concurrents qui l’ont précédé sur la ligne.
Dans ce Vendée Globe particulièrement musclé, revenir aux Sables d’Olonne est déjà un véritable exploit. Cali, le surnom d’Arnaud, n’aurait jamais imaginé au départ terminer à cette septième place. Une cerise sur le gâteau d’un tour du monde que le natif d’Arcachon a parfaitement géré sur sa vieille monture mise à l’eau en 1998. Un plan Finot-Conq à quille fixe qui a déjà terminé 6e puis 5e du Vendée Globe aux mains de Thomas Coville en 2001 et Sébastien Josse en 2005. Hormis son Solent déchiré dans le grand sud, l’éolienne et son antenne satellite arrachée par une déferlante dans le Pacifique, il ne déplore aucune grosse avarie. Pourtant, comme les autres, Cali a subi de véritables tempêtes, dont une qui ne lui fera jamais oublier son premier passage du Cap Horn le 16 janvier.
Longtemps à la lutte avec les Britanniques Dee Caffari et Brian Thompson, Arnaud Boissières s’est fait décrocher dans la remontée de l’Atlantique, handicapé par l’absence de son Solent déchiré. Après une dernière grosse dépression dans l’Atlantique Nord le 6 février, Cali termine son Vendée Globe dans les petits airs du golfe de Gascogne. Une arrivée toute en douceur, à l’image de ce skipper discret mais tenace qui a vécu pleinement son aventure planétaire en 105 jours de course. A peine la ligne franchie, il déclare : « ce n’est pas moi qui suis formidable, c’est mon bateau. Je lui dois tout. Je vais revenir dans quatre ans avec un bateau plus moderne pour faire mieux que septième. Je vais me battre dès demain pour réaliser un projet sur quatre ans ! »

Les temps de passage d’Arnaud Boissières
Passage de l’équateur (aller) : 13 jours 22h38 (17e position)
Passage de Bonne-Espérance : 28 jours 21h25 (17e position)
Passage de Leeuwin : 42 jours 13h08 (13e position)
Passage du Horn : 67 jours 11h28 (8e position)
Passage de l’équateur (retour) : 86 jours 6h41 (7e position)
Arrivée aux Sables : 105 jours 2 h33 (7e place)

Arrivées du Vendée Globe 2008-2009
1 Michel Desjoyeaux (Foncia), arrivé le 1er février à 16h11 (84 j. 3h. 9min. 8s)
2 Armel Le Cléac’h (Brit Air), arrivé le 7 février à 9h41 (89 j. 9h. 39min. 35s, 11h de bonus)
3 Marc Guillemot (Safran), arrivé le 16 février à 2h21 (95 j. 3h. 19min. 36s., 82h de bonus)
4 Sam Davies (Roxy), arrivée le 14 février à 1h41 (95 j. 4h. 39min. 1s., 32h de bonus)
5 Brian Thompson (Bahrain Team Pindar), arrivé le 16 février à 9h31 (98 j. 20h. 29min. 55s)
6 Dee Caffari (Aviva), arrivée le 16 février à 14h12 (99 j. 1h. 10min. 57s.)
7 Arnaud Boissières (Akéna Vérandas), arrivé le 22 février à 15h35 (105 j. 2h. 33min. 50s.)

samedi 21 février 2009 :
Le vent dans le nez
Arnaud Boissières doit tirer des bords aujourd'hui, il ne lui reste que 160 milles ce matin.
Si près, si loin
Sauf retournement de situation, Arnaud Boissières devrait couper la ligne d’arrivée devant la bouée de Nouch Sud demain dans la matinée… Plus que 150 milles avant la fin du voyage. Entre satisfaction d’avoir bouclé l’aventure et nostalgie du bonheur d’être en mer, les sentiments se bousculent.
Plus qu’une petite journée et c’en sera terminé. A bord d’Akena Vérandas, Arnaud Boissières doit savourer ces dernières heures avec gourmandise. Il sait que d’ici peu de temps, il va se retrouver happé par la foule qui va l’accueillir, les proches, son équipe technique. Alors, forcément, ces heures-là comptent peut-être plus que d’autres. C’est le moment de faire une sorte de bilan, de pouvoir se dire : « je l’ai fait », de rester encore à l’écoute de la carène qui progresse dans la vague, de sentir encore une fois le bateau qui prend de la gîte sous l’effet d’une risée un peu plus puissante. On imagine aussi que derrière la petite inquiétude de se retrouver propulsé brutalement dans le monde des terriens, se profile aussi la joie de retrouver les intimes, constater que le petit a grandi, accueillir à son bord sa copine
Dee Caffari d’un tonitruant « c’est parti mon kiki… » ou autre marque de la complicité qui a uni les deux navigateurs solitaires dans ce tour du monde. Plus que vingt-quatre heures, ce n’est rien et c’est une éternité.
Steve White (Toe in the water) devra quant à lui, attendre au moins jusqu’au 26 pour passer la ligne. Un choix de route légèrement hasardeux retarde son ETA : plutôt que de gagner dans le nord pour pouvoir contourner la bulle anticyclonique, Steve a privilégié la route directe qui va l’obliger maintenant à tirer des bords jusqu’à l’arrivée. Fatigue et manque de lucidité ? Fatalisme lié au bonheur d’être en mer ? Toujours est-il que le navigateur britannique aura réalisé une course totalement remarquable et témoigné d’une joie de vivre en mer épatante.
Rich Wilson (Great American III) devrait quant à lui arriver dans la première semaine de mars. Il devrait être accueilli par le vainqueur du Vendée Globe qui l’a grandement aidé et conseillé en amont de la course pour valider ses choix techniques. Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) subit les premiers effets du pot-au-noir quand Norbert Sedlacek (Nauticsport – Kapsch) profite des alizés de sud-est pour engranger des milles sous le soleil. Un tour du monde peut parfois prendre des airs de vacances…

vendredi 20 février 2009 :
Après la messe
A 262 milles de l’arrivée ce matin à 11h, Arnaud Boissières a retrouvé un bon petit vent et peut espérer embouquer le chenal des Sables dimanche midi lorsque le marée sera suffisamment haute. Steve White file à plus de 14 nœuds et pourrait arriver dès mardi aux Sables d’Olonne. Raphaël Dinelli entre aujourd’hui dans le pot au noir.
Il est monté jusqu’à la latitude de Brest et replonge maintenant dans le golfe de Gascogne. Arnaud Boissières compose intelligemment avec un anticyclone et trouve les bords les plus rapprochant pour rejoindre au plus vite les Sables d’Olonne. Ralenti à seulement 2,4 nœuds jeudi après-midi, le skipper d’Akena Vérandas sillonne la mer à près de 10 nœuds ce matin grâce à un flux d’est de 10-15 nœuds. L’antiyclone étant assez stable pour le week-end – pour le plus grand bonheur des terriens – Cali va devoir tirer des bords jusqu’à l’arrivée.
A moins de 650 milles derrière, Steve White (Toe in the Water) plane à plus de 14 nœuds au portant. Le Britannique profite toujours d’un bon flux de sud-sud-est 15-20 nœuds pour aligner les milles. Mais une dépression orageuse arrivant par son sud devrait changer la donne ce week-end et lui opposer des vents de nord-est de 20-25 nœuds avec rafales à 35 nœuds. Néanmoins, il pourrait rejoindre les Sables en 8e position dès mardi prochain, deux jours après Cali. A la latitude du Cap Vert, Rich Wilson (Great American III) continue sa remontée des alizés. L’anticyclone des Açores lui bouche toujours la route et pourrait l’obliger à faire un très grand tour par l’ouest pour contourner cette zone sans vent.
Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) entre aujourd’hui dans le pot au noir. Le skipper olonnais contournait ce matin l’archipel Fernando de Noronha, au large du nordeste brésilien. Deux jours difficiles pour traverser le pot au noir l’attendent avec de nombreux grains actifs en ce moment. Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch), qui ferme la marche en 11e position, profite encore d’une belle journée d’alizés par son travers tribord. Avec environ 60 heures de retard sur Dinelli, il fera son entrée dans le pot au noir dimanche.
J moins 2 pour Arnaud Boissières
Deniers jours de mer pour le septième concurrent du Vendée Globe qui bouclera son tour du monde dimanche aux Sables d’Olonne.
Ça sent l’écurie pour Akena Vérandas ! D’autant que le monocoque d’Arnaud Boissières est le seul de la flotte avec celui de Raphaël Dinelli à être basé aux Sables d’Olonne toute l’année. L’arrivée du Vendée Globe marquera donc le retour à la maison pour ce duo skipper/bateau avec l’accueil que cela suppose. En arrivant un dimanche, Cali sait d’ores et déjà que les Vendéens seront nombreux pour l’accueillir et le féliciter pour sa belle performance. En attendant, il remonte doucement au près sur une mer clapoteuse et a fait son entrée dans le golfe de Gascogne aujourd’hui à la latitude de Nantes. Reste 225 milles à avaler avant l’instant tant attendu du passage de la ligne au niveau de la bouée Nouch Sud.
Arnaud Boissières devrait devancer d’environ deux jours le huitième, Steve White (Toe in the Water), qui a réalisé deux belles journées de navigation à près de 300 milles par jour. Profitant d’un bon flux de sud-est, le Britannique a dévoré les milles au large de la péninsule ibérique. Mais ce bonheur sera de courte durée avec la rotation du vent au nord-est, soit face à la route, et son renforcement avec des rafales possibles à 35 nœuds. Au large du Cap Vert, l’Américain Rich Wilson (Great American III) va tellement devoir arrondir sa route vers l’ouest pour contourner l’anticyclone des Açores qu’il se demande, non sans humour, s’il ne devrait pas rentrer directement chez lui à Boston dont il sera plus proche que des Sables d’Olonne… Les alizés ont pris du coffre pour le doyen de la course qui a dû réduire la toile la nuit dernière et progresser à moins de 10 nœuds sous tourmentin.

jeudi 19 février 2009 :
Plutôt dimanche !
Arnaud Boissières progressait encore ce matin à 12 nœuds de moyenne. Mais le vent devrait rapidement chuter et tourner aujourd’hui, ralentissant au passage sa progression vers Les Sables d’Olonne.
469,7 milles ! Cela pourrait être le nouveau record de distance parcourue en 24h, soit juste un mille de mieux que l’actuel record détenu par
Alex Thomson depuis 2003. En réalité, c’est la distance qu’il restait à parcourir à Arnaud Boissières ce matin au pointage de 5h00. Et malheureusement pour Cali, il lui faudra bien plus de 24h pour couvrir ces derniers milles qui le séparent des Sables d’Olonne.
Malgré la traversée de grains orageux cette nuit, le skipper d’Akena Vérandas va devoir composer dans les prochains jours avec des vents faibles et de face dus à un bel anticyclone centré demain sur la mer d’Irlande. Ce n’est donc pas 24h mais plutôt le triple qu’il devrait falloir à Cali pour parcourir ces 469,7 milles. Ce qui donne une arrivée probable dans la journée de dimanche.
Derrière lui, Steve White (Toe in the Water) navigue en bordure d’une forte dépression centrée sur Terre-Neuve. D’excellentes conditions avec un vent de secteur sud à sud-est qui lui permettent d’allonger la foulée en direction des Sables d’Olonne. Ces conditions devraient l’accompagner au moins toute la journée et probablement vendredi. Rich Wilson est moins bien loti à bord de Great American III. Bonne nouvelle : l’alizé de nord-est doit adonner dans la journée. Mauvaise nouvelle : en plus d’une mer courte, le doyen de la course va rencontrer une houle de nord-ouest qui devrait ralentir sa progression. A cela s’ajoute l’anticyclone des Açores qui lui barre la route et ne laisse entrevoir pour l’instant aucun passage possible.
Les deux sudistes Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) et Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) profitent quant à eux d’un bon alizé de sud-est pour remonter plein nord le long des côtes du Brésil. Cet alizé devrait mollir dans la journée pour Dinelli au fur et à mesure qu’il progresse vers le nord. Il pourrait entrer demain dans un pot-au-noir particulièrement actif en ce moment. La situation est encore plus agréable pour l’Autrichien de la course qui dispose d’un alizé stable en force et direction.

mercredi 18 février 2009 :
L’ETA c’est moi
Dans le meilleur des cas, il reste encore plus de mille milles à parcourir au premier des cinq navigateurs encore en mer avant de franchir la ligne d’arrivée aux Sables d’Olonne. Et pourtant, tous doivent répondre à cette question lancinante : « Quand est-ce que tu rentres ? », que l’on traduira officiellement par « c’est quoi ton ETA ? ». Et si la réponse était ailleurs ?
Partir, revenir… Du port des Sables d’Olonne au Cap Horn l’aventure est encore à sens unique. Mais sitôt franchie la porte de l’Atlantique, la bascule s’opère : comme si ne comptait plus que le jour du retour à terre. Il reste alors presqu’un tiers du parcours à boucler, mais pour tous ceux qui attendent à terre, on finit par oublier le plaisir d’être en mer, les heures passées à la barre dans les alizés, les changements de températures au fur et à mesure que le bateau progresse en latitude, les signes annonciateurs des changements d’eaux de navigation.
Et si finalement, à l’instar d’Arnaud Boissières (Akena Vérandas), c’était celui qui sait donner du temps au temps qui avait raison ? « Arnaud, c’est quoi ton ETA ? D’autant que le classement est figé, çà fait quoi de voir les autres arriver ? Journée plaisir, bonheur, liberté absolue, belle brise qui se lève après dix-huit heures de pétole. Grand-voile, gennaker, de beaux surfs à la barre avec l’Ipod pas trop fort pour sentir le bateau et les vagues chargées d’embruns. Il reste 900, 2000, 20 000 milles, qu’importe ! L’instant présent et la journée peuvent durer des jours, le bateau est heureux et glisse, un peu chahuté par les vagues désordonnées. Le moindre mille sur l’eau est un combat comme un plaisir.
Et ton ETA ? Il fait gris, on croise des casiers dérivants, des bouteilles plastiques. On n’est plus dans les mers du sud mais en tous les cas ces surfs te rappellent quelques beaux moments.
Et ton ETA ? Demandez à Eole : moi je suis juste son serviteur, sa muse. Moi et ma véranda, on va bien, entre hâte d’arriver et celle de repartir vers de nouveaux défis, conscient du privilège que j’ai d’être là, d’être toujours en course.
Et ton ETA ? Le bateau véranda de 18 mètres, noir avec un petit bonhomme à bord (voir photo), quand tu le verras à vue de la Nouch Sud, là, tu pourras te dire que son ETA est proche. Pour plus de précisions, consulter les horaires TGV, SNCF au 3635, à 0,36€ par mn… »
Plein est vers Les Sables
Arnaud Boissières a désormais en ligne de mire le port vendéen qu’il espère atteindre au plus tôt dimanche prochain. Après 101 jours de course, les cinq derniers concurrents en mer, étalés sur tout l’Atlantique, progressent tous à bonne vitesse.
Après les arrivées groupées de
Marc Guillemot, Brian Thompson et Dee Caffari lundi, le calme est revenu sur le village du Vendée Globe aux Sables d’Olonne. Le prochain concurrent à rejoindre Port Olona en septième position sera Arnaud Boissières (Akena Vérandas), attendu dimanche ou lundi prochain, soit une semaine après Dee Caffari. Depuis l’arrivée de la Britannique, ils ne sont plus que cinq en mer, tous à bord de monocoques de plus de dix ans d’âge. Par 46°23 Nord, Cali a déjà atteint la latitude des Sables d’Olonne. Il ne lui reste plus que 617 milles à parcourir plein est pour boucler son tour du monde. Mais si la Vendée est pile dans l’axe de son étrave, Cali s’attend à tirer des bords face à des vents faibles et contraire dans le golfe de Gascogne.
A moins de 150 milles dans l’ouest de l’archipel des Açores, Steve White (Toe in the Water), huitième, a enfin retrouvé du vent en bordure de l’anticyclone des Açores et progressait à 10 nœuds vers le nord-est. Bonne vitesse également pour le doyen de la course, Rich Wilson (Great American III) à près de 10 nœuds dans les alizés de nord-est. Après le coup de blues d’hier en pensant au 93e anniversaire de sa mère auquel il ne pourra assister, l’Américain a retrouvé le moral à moins de deux semaines de son arrivée en France.
Au large du Brésil, les deux derniers concurrents dans l’hémisphère Sud progressent également à moins de 10 nœuds, au large de Recife pour Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) et au large de Porto Seguro pour l’Autrichien Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch). Petit réconfort pour Dinelli, en traversant une zone de grain, il a pu récupérer de l’eau douce dans sa grand-voile, lui qui a du mal à fabriquer de l’eau avec son dessalinisateur. La route est encore longue pour ces deux marins à trois ou quatre semaines de leur retour sur terre.

mardi 17 février 2009 :
Dis moi, Dee
C’est une Dee Caffari lumineuse et enjouée qui est apparue sur les pontons de Port Olona hier lundi… En pleine forme, la navigatrice britannique qui avait coupé la ligne en début d’après-midi a du attendre dix-huit heures trente pour pouvoir embouquer le chenal, toujours sous les applaudissements de plusieurs dizaines de milliers de spectateurs.
Si c’est devenu une sorte de routine pour les organisateurs et les journalistes, l’arrivée sur les pontons est toujours aussi exceptionnelle pour les navigateurs débarquant là au terme de trois mois de mer. Certains peuvent paraître parfois submergés par l’émotion, presque intimidés par la foule qui se presse quand d’autres sont transcendés par la ferveur qui s’exprime autour d’eux. Visiblement Dee Caffari est à ranger dans cette deuxième catégorie : à l’aise, prompte à manier la blague, prête à croquer la vie à pleine dents, la navigatrice britannique a livré quelques uns des moments qui ont accompagné son Vendée Globe.
L’accueil aux Sables d’Olonne :
« Je ne réalise pas encore, c’est énorme. Tous ces gens, c’est incroyable, pour une « english », merci. Aujourd’hui, j’ai réalisé mon rêve et j’ai même progressé en Français grâce à mes conversations avec Cali. Des phrases pas toujours bien, mais on verra plus tard dans la soirée. Ce soir, je suis prête à aller danser, faire la fête… »
Sur la course elle-même :
« Le rythme était très soutenu, c’était incroyable. Dans le sud, c’était difficile : les vagues, le bateau à maîtriser. Et puis, il ya eu le Cap Horn et après la tempête que l’on a subi j’ai pris plus confiance en moi, dans le bateau malgré ma grand-voile et je crois que j’ai fait une belle remontée de l’Atlantique : des bonnes options, de la vitesse, j’ai réussi à recoller Brian… Et puis dans les mers du sud, la course bord à bord avec Arnaud Boissières a été fantastique : on s’appelait tous les jours, et chaque jour j’apprenais une nouvelle phrase. Mais je ne vous dirai pas lesquelles. »
Le tour du monde dans les deux sens :
« Le tour du monde à l’envers, c’est dur mentalement, c’est long, mais l’intensité n’a rien à voir avec une course comme le Vendée Globe. Dans un premier cas on est dans l’aventure pure, dans l’autre dans une épreuve sportive d’une densité incroyable… Mon objectif était de finir en moins de 100 jours, j’en ai fait 99, contrat rempli… »
Les projets à venir :
« J’ai déjà une « job list » complète pour toute mon équipe. Il y pas mal de travail. Tout doit être « aux petits oignons » (en Français dans le texte). Ensuite, je suis engagée avec Aviva jusqu’à la fin de l’été et je compte participer à la « Calais Round Britain Race », peut-être avec un équipage exclusivement féminin. L’occasion d’inscrire un nouveau record sur cette course. »
Cent jours pour cinq grognards
Ce n’est pas vraiment un parcours impérial pour les cinq derniers concurrents encore en course. Arnaud Boissières (Akena Vérandas) et Steve White (Toe in the water) doivent composer avec un anticyclone qui leur barre la route vers les Sables d’Olonne. Les trois autres mangent leur dernier pain blanc dans les alizés avant d’affronter les ultimes obstacles avant l’arrivée.
Cent jours : on imagine ce qu’il faut de persévérance quand on est encore en mer et que les arrivées s’égrènent dans le port des Sables d’Olonne. Le plus souvent les proches, les équipes techniques se font l’écho assourdi des réjouissances aux abords des pontons de Port Olona… sans toutefois trop en rajouter, histoire que la marche en avant des demi-soldes de la course n’en soit pas plombée par l’impatience de retrouver la terre.
On le sent bien, plus l’échéance approche et plus il devient difficile d’être en mer. Comme le soulignait Rich Wilson (Great Américan III) lors de la vacation de ce jour, nul ne se sent la trempe d’un Moitessier qui décidait de prolonger son tour du monde de peur de perdre son âme en touchant terre. De même, Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) se débat avec des problèmes de gréement de plus en plus récurrents : non content de constater les avaries de son rail de chariot de grand-voile, le navigateur autrichien doit maintenant faire avec la rupture de ses drisses de tête de mât qui lui interdisent provisoirement d’établir tout spinnaker ou voile d’avant d’envergure. Pour compenser ses pertes de moral, Norbert se fixe des objectifs précis et limités à tenir chaque jour : se laver les dents, nettoyer l’intérieur du bateau, faire du rangement… Les tâches quotidiennes sont parfois le meilleur dérivatif pour combattre les glissements de l’âme.
Moins de mille milles pour « Cali »
Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) profite, quant à lui, des alizés de l'hémisphère sud pour se reposer et tracer sa route au mieux. Steve White (Toe in the water) continue, contre vents et marées, de brandir l’indéfectible optimisme qui ne le quitte pas depuis le début de cette aventure. Malgré des dernières heures catastrophiques où le navigateur britannique a cumulé un spinnaker en lambeaux, une collision évitée avec un cargo sourd aux appels VHF, une route erratique qui l’oblige à faire le tour de la paroisse pour rejoindre les Sables d’Olonne, Steve continue de brandir comme un étendard son plaisir d’être en mer.
Arnaud Boissières, quant à lui, espère toujours pouvoir en terminer le week-end prochain. Le skipper d’Akena Vérandas, auteur d’une course remarquable jusque là, doit aussi composer avec la position parfaitement inhabituelle de l’anticyclone des Açores qui bloque la route vers la Vendée. Petit temps, allures de près risque d’être le lot commun de l’Arcachonnais qui avouait, quelques jours plus tôt à la vacation, ressentir une certaine lassitude. Qu’il se rassure, une fois la ligne d’arrivée franchie, les petites misères et grandes galères de ces trois mois de course sont vite reléguées dans les oubliettes de la mémoire. Ainsi fonctionnait la Grande Armée : la satisfaction du devoir accompli compensait grandement les tributs de la bataille.

lundi 16 février 2009 :
Le parcours d’un combattant
En coupant la ligne d’arrivée ce lundi 16 février à 2h 21’ 36’’ (heure française), Marc Guillemot s’adjuge la troisième place de ce Vendée Globe avec seulement quatre-vingt minutes d’avance sur Samantha Davies qui lui concédait 50 heures pour son intervention aux côtés de Yann Eliès. Le skipper de Safran a donc mis 95 jours 03h heures 19 minutes 36 secondes pour faire le tour du monde (bonification incluse).
Marc Guillemot aura finalement réussi son challenge : arriver jusqu’aux Sables d’Olonne sans quille ! Après plus de 1 000 milles de navigation et des bords à tirer contre une brise de secteur Est… Un nouvel exploit pour le Trinitain qui a cumulé les aventures et les émotions depuis son départ : l’abordage d’un cétacé avant les Kerguelen, le détournement vers Yann Eliès et son soutien pendant deux jours, l’arrêt à l’île d’Auckland pour réparer une première fois son rail de grand voile, la course poursuite avec Samantha Davies, un nouveau mouillage aux Malouines, une route à raser le Brésil au milieu des pêcheurs, un contournement judicieux de l’anticyclone des Açores par l’Ouest et une quille qui descend dans un premier temps de quelques centimètres… Pour finir par casser et couler ! Heureusement les conditions météorologiques s’amélioraient progressivement lorsque le solitaire abordait le golfe de Gascogne sans son lest : du petit temps, même si le vent était contraire. Mais Marc Guillemot avait déjà eu le temps de prendre la mesure de ce monocoque handicapé et réussissait à maintenir des vitesses étonnantes jusqu’à l’arrivée : jusqu’à plus de douze nœuds...
1 000 milles sans quille
Le Trinitain a eu le droit à une arrivée triomphale puisque nombre de concurrents malchanceux du Vendée Globe étaient venus rendre hommage au navigateur (voir la photo) qui a contribué au sauvetage de Yann Eliès : Kito de Pavant, Roland Jourdain, Jean Le Cam, Yannick Bestaven, Mike Golding… mais aussi Samantha Davies et Armel Le Cleac'h. Même Yann Eliès toujours en rééducation, s’est déplacé avec ses béquilles et a tenu à accompagner Marc Guillemot dans sa remontée du chenal. Et en coupant la ligne devant Les Sables d’Olonne à 2h 21' 36'', le solitaire obtient pour seulement une heure et vingt minutes (le plus petit écart entre deux concurrents depuis la création du Vendée Globe en 1989), la troisième marche du podium devant Samantha Davies ! Et malgré la nuit, malgré le froid, malgré une lune bien blafarde et sous un ciel magiquement étoilé, le public et les amis de Marc Guillemot étaient venus en nombre l’accueillir sur l’eau… puis l’applaudir sur les quais des Sables d’Olonne. C’est un combattant, un dur au mal avec un cœur gros comme ça qui a enthousiasmé les spectateurs et les internautes pendant plus de trois mois.
Bravo ! A l’arrivée, Marc Guillemot a parcouru sur l’eau 28 401 milles à la moyenne de 12,44 nœuds…

Les temps de Marc Guillemot
Passage à l’équateur : 13j 03h 59’
Passage à Bonne Espérance : 27j 06h 08’
Passage au cap Leeuwin : 38j 11h 28’
Passage de l’antiméridien : 49j 22h 13’
Passage du cap Horn : 63j 19h 28’
Passage à l’équateur : 81j 12h 13’
Arrivée aux Sables d’Olonne : 95j 03h 19’ 36’’

Arrivées du Vendée Globe
1-Michel Desjoyeaux (Foncia) 84j 03h 09’ 08’’
2-Armel Le Cléac’h (Brit Air) 89j 09h 39’ 35’’ (bonification de 11h incluse)
3-Marc Guillemot (Safran) 95j 03h 19’ 36’’ (bonification de 82h incluse)
4-Samantha Davies (Roxy) 95j 04h 39’ 01’’ (bonification de 32h incluse)

Brian Thompson cinquième
Le skipper de Bahrain Team Pindar Brian Thompson a franchi la ligne d’arrivée devant les digues des Sables d’Olonne à 9h 31’ 55’’ (heure française) ce lundi matin. Le Britannique aura mis 98 jours 20 heures 29 minutes 55 secondes pour boucler la boucle et prendre la cinquième place de ce sixième Vendée Globe.
Il semble que Brian Thompson a dû contenir ses ardeurs ces dernières heures pour des raisons de quille affaiblie ! Le solitaire a dû aussi composer avec un vent contraire et mollissant en atterrissant sur la Vendée au lever du jour. Le Britannique a connu bien des problèmes techniques à bord de son monocoque surpuissant qu’il a toujours réussis à résoudre. À l’image des soucis structurels dans la partie avant de son bateau qu’il a stratifié pendant trois jours dans les coups de vent sous l’Australie !
Le skipper de Bahrain Team Pindar a rarement pu tirer la quintessence de son monocoque qui avait démâté par deux fois avant le départ du Vendée Globe : très peu de préparation et peu de navigation à bord ont entraîné beaucoup de temps pour prendre la mesure du comportement de ce monocoque très large. Le Britannique a tout de même réussi à préserver son matériel car son bateau est arrivé aux Sables d’Olonne dans un état extérieur remarquable, sous un ris dans la grand voile et génois dans une petite brise d’Est. Le solitaire aura parcouru sur l’eau 28 700 milles à la moyenne de 12,10 nœuds et finit cinquième à 14j 17h 20’ du vainqueur.

Les temps de Brian Thompson
Passage à l’équateur : 12j 22h 23’
Passage à Bonne Espérance : 27j 23h 33’
Passage au cap Leeuwin : 40j 16h 03’
Passage de l’antiméridien : 50j 09h 28’
Passage du cap Horn : 66j 15h 13’
Passage à l’équateur : 82j 12h 18’
Arrivée aux Sables d’Olonne : 98j 20h 29’ 55’’

Arrivées du Vendée Globe
1-Michel Desjoyeaux (Foncia) 84j 03h 09’ 08’’
2-Armel Le Cléac’h (Brit Air) 89j 09h 39’ 35’’ (bonification de 11h incluse)
3-Marc Guillemot (Safran) 95j 03h 19’ 36’’ (bonification de 82h incluse)
4-Samantha Davies (Roxy) 95j 04h 39’ 01’’ (bonification de 32h incluse)
5-Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) 98j 20h 29’ 55’’
Première mondiale pour Dee
Dee Caffari qui se trouve actuellement à quelques 30 milles de la ligne d’arrivée et avance à 8,8 nœuds devrait prendre ce lundi 16 février la 6ème position du Vendée Globe et réaliser une première mondiale en devenant la première femme à réaliser le tour du monde en solitaire sans escales dans les deux sens. En mai 2006, Dee Caffari était devenue la première femme à avoir bouclé le tour du monde en solitaire sans escales contre les vents et les courants dominants. Aujourd’hui, elle va en finir avec son tour du monde en solitaire sans escales mais cette fois dans le « bon sens ».
Dans tous les sens
L’arrivée de Dee Caffari ce lundi à 14h12mn57s (heure française) s’enchaînait avec celles de Marc Guillemot et de Brian Thompson quelques heures plus tôt : une première dans un Vendée Globe avec trois concurrents en moins de 12 heures ! La Britannique réalise aussi une autre première puisqu’elle cumule deux tours du monde en solitaire sans escale, à l’envers et à l’endroit…
C’est sens dessus dessous que Dee Caffari a franchi la ligne d’arrivée devant les Sables d’Olonne : énorme émotion, acclamations du public et résultat remarquable auront marqué ces instants où l’étrave de Aviva pointait à l’horizon sous un ciel lumineux et par une petite brise d’Est. Des bords à tirer et un final étonnant quand les spectateurs découvraient l’état de déliquescence de la grand voile, partant en lambeaux… Car la Britannique n’a pas seulement ému : elle a inspiré le respect par sa détermination à finir la course malgré bien des ennuis et en particulier avec ce délaminage du tissu de sa voile principale. Un problème récurrent qui est apparu dès la latitude de la Nouvelle-Zélande, soit quasiment à la mi-parcours ! Il a fallu à la solitaire trouver des solutions de secours à coups de résine, de colle et de joint pour mettre des patchs sur un film qui peluchait.
99 jours, 1 heure, 10 minutes et 57 secondes
Il y a à peine trois ans, Dee Caffari bouclait un tour du monde en solitaire et à l’envers, contre les vents et les courants dominants, en 178 jours 03 heures 05 minutes et voilà qu’en ce 16 février 2009, la Britannique réalise le même exploit mais cette fois, d’Ouest en Est, en course, en moins de cent jours… Une performance remarquable puisqu’ils ne sont que quinze navigateurs au monde à avoir bouclé la boucle en monocoque et en solitaire sous cette barre symbolique ! Dee Caffari en fait désormais partie, avec le panache en prime, car la skipper de Aviva ne cachait pas au départ le 9 novembre dernier, son manque d’expérience de la régate pure. En deux années de préparation dont une saison sur son nouveau monocoque, la solitaire n’a cessé de s’entraîner et de progresser. Son plan Owen Clarke Design, sistership de ceux de Mike Golding et de Dominique Wavre, s’avérait tout de même très puissant pour l’Anglaise, mais elle a réussi à s’adapter au point que son début de parcours la maintenait dans les douze premiers jusqu’aux Canaries.
Une petite erreur d’appréciation, la même que celle de Marc Guillemot, la stoppe dans son élan sous le vent des îles, mais la solitaire ne lâche rien : seizième au passage de l’équateur, elle conserve le rythme dans toute la descente de l’Atlantique et maintient sa place au cap de Bonne Espérance. Avec les abandons des Kerguelen, Dee Caffari choisit la prudence et préfère passer au Nord de l’archipel en compagnie de Brian Thompson. Onzième au passage du cap Leeuwin, la navigatrice va rester sur la même route que son compatriote quasiment jusqu’à la porte de Nouvelle-Zélande où elle constate que sa grand voile est en train de se détruire… Arnaud Boissières est aussi au contact, mais Brian Thompson prend la poudre d’escampette.
Une énorme tempête !
C’est au passage du Cap Horn que le trio se regroupe car une tempête, très brève mais très violente, s’abat sur la Terre de Feu, obligeant les trois solitaires à s’abriter ou à faire route en fuite. Dee Caffari est alors septième lorsqu’elle déborde l’île des Etats. Il reste 7 000 milles à parcourir et l’état de sa grand voile ne s’améliore pas, bien au contraire… La troïka remonte vers le Brésil, mais se sépare puisque Arnaud Boissières décroche avant la latitude de l’Uruguay tandis que Brian Thompson fait parler la puissance de son monocoque. L’Anglaise revient tout de même au point de ne concéder que 200 milles à Marc Guillemot quand il passe l’équateur. Un Pot au Noir très difficile lui coûte très cher : elle perd plus de 200 milles en quelques heures !
Mais rien ne peut entamer sa détermination et la remontée de l’Atlantique Nord va être l’occasion d’un retour impressionnant : elle grappille mille par mille pour n’être plus qu’à soixante milles de son compatriote à l’entrée du Golfe de Gascogne. En finissant ce lundi après-midi, Dee Caffari ajoute une nouvelle page à l’histoire du Vendée Globe. La navigatrice a parcouru 27 907 milles sur l’eau soit une vitesse théorique moyenne de 10,45 nœuds et une vitesse effective sur l’eau de 11,74 nœuds.

Les temps de Dee Caffari
Passage à l’équateur : 13j 21h 53’
Passage à Bonne Espérance : 28j 19h 43’
Passage au cap Leeuwin : 42j 07h 28’
Passage de l’antiméridien : 50j 14h 58’
Passage du cap Horn : 67j 22h 13’
Passage à l’équateur : 83j 23h 08’
Arrivée aux Sables d’Olonne : 99j 01h 11’

Arrivées du Vendée Globe
1-Michel Desjoyeaux (Foncia) 84j 03h 09’ 08’’
2-Armel Le Cléac’h (Brit Air) 89j 09h 39’ 35’’ (bonification de 11h incluse)
3-Marc Guillemot (Safran) 95j 03h 19’ 36’’ (bonification de 82h incluse)
4-Samantha Davies (Roxy) 95j 04h 39’ 01’’ (bonification de 32h incluse)
5-Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) 98j 20h 29’ 55’’
6-Dee Caffari (Aviva) 99j 01h 10’ 57’’

dimanche 15 février 2009 :
Coeur brave
Sauf contrariété de dernière minute, Marc Guillemot devrait franchir la ligne d’arrivée en début de nuit, à bord de son Safran privé de quille depuis plus de 900 milles. Un exploit à la mesure du talent du bonhomme qui a montré un des plus beaux visages de la course au large alliant une combativité de tous les instants à une générosité affirmée chaque jour. Retour sur le parcours d’un combattant…
Tout commence de la meilleure des manières pour Marc Guillemot qui, dès la première nuit, prend la tête de la flotte dans le Golfe de Gascogne à la faveur d’un décalage dans le sud judicieusement négocié. Alors qu’une partie de la flotte s’apprête à faire le dos rond, le navigateur trinitain est toujours en mode régate. A l’inverse, le 14 novembre, pour avoir serré d’un peu près sous le vent l’archipel des Canaries, Marc se retrouve englué dans des calmes à quelques cinquante milles à l’ouest de l’île de La Palma. En l’espace de vingt-quatre heures, le navigateur compte un débours de plus de 200 milles sur la tête de flotte. Grosse déception pour Marc qui met du temps à évacuer cette désillusion même si le skipper de Safran ne baisse pas les bras. Mais il paie cher ce retard et passe l’équateur le 22 novembre en compagnie de Brian Thompson, Dee Caffari et…
Sam Davies.
Sa descente de l’Atlantique sud continue et signe prémonitoire, Marc passe à proximité de l’île Gough où il se retrouve en grande conversation avec une scientifique en séjour sur l’île. Ce ne sera pas sa dernière rencontre. Le 11 décembre commence la litanie des incidents de mer qui vont transformer sa course en une longue bagarre contre un destin contraire. Ce jour-là il heurte violemment un cétacé et brise sa dérive tribord. Il ne sait pas que sa quille a aussi été endommagée dans le choc. Le 16, c’est son rail de chariot de grand-voile qui s’arrache en partie lui imposant de naviguer avec au minimum deux ris dans la grand-voile.
Drôle d’endroit pour une rencontre
Le 18 décembre, la course de Marc bascule. Alerté par la direction de course, il apprend que Yann Eliès vient de se briser la jambe, qu’il est à bord de son Generali et qu’il ne peut pas bouger. En accord avec la direction de course, le navigateur trinitain se déroute immédiatement : il sait ce que Yann endure car il a connu la même situation quelques vingt années plus tôt quand il avait dû attendre les secours à bord de Jet Services IV, le bassin fracturé, après le chavirage du catamaran. Pour Marco, il n’y a pas l’ombre d’une hésitation : il ira à la rencontre de Yann et mettra en œuvre tout ce qu’il pourra tant que les secours australiens n’auront pas pris en charge son camarade. Pendant des heures, Marco va tourner autour du bateau de Yann, l’encourageant à la VHF, tentant de lui jeter par l’ouverture de la cabine les calmants dont Yann a besoin et qu’il ne peut pas atteindre. Son soutien psychologique sera essentiel et est sûrement à l’origine du sursaut de volonté de Yann qui, dans un effort intense, parviendra à attraper ses calmants, un peu de nourriture et un peu d’eau. Marco ne reprendra la course qu’une fois que la frégate australienne aura embarqué à son bord le navigateur de Generali. Mais on imagine à quel point il est difficile de revenir dans une partie quand on est resté sur le banc de touche à assister un copain blessé. Malgré tout, Marc continue de se battre : il s’arrêtera une première fois à l’île d’Auckland, à plusieurs centaines milles dans le sud de la Nouvelle-Zélande pour tenter de réparer son mât, sous le regard ébahi de deux scientifiques venus procéder à des travaux d’études sur la plage. Il récidivera dans l’archipel des Malouines, à Port Stanley, sous les yeux de centaines de touristes venus visiter les coins perdus des mers du sud en paquebot. Au bout du compte, Marc Guillemot est bien le navigateur solitaire qui aura fait le plus de rencontres dans ce Vendée Globe.
Et puis viendra la perte de sa quille à presque mille milles du but : les conditions météos rencontrées ne sont pas trop défavorables, le dernier mauvais temps vient de passer. Son compagnon Roland Jourdain a montré en quelque sorte le chemin en parcourant les 600 milles qui le séparait des Açores sans son appendice. Si d’autres l’ont fait, pourquoi pas lui. Il décide de continuer, affirme haut et clair qu’il est toujours en course, toujours à la lutte pour le podium. Il n’est pas de la trempe de ceux qui renoncent aux moindres vents contraires.
Une fois la ligne d’arrivée, Marc s’était fait une promesse : celle d’inviter à son bord d’autres navigateurs qui n’avaient pas eu la chance de pouvoir boucler l’aventure. Pour remonter le chenal, il a demandé la compagnie de Jean Le Cam, Roland Jourdain, Kito de Pavant et Yann Elies. Les quatre navigateurs seront à ses côtés, Yann restant dans une embarcation pneumatique bord à bord avec Safran. Qu’il s’agisse de surmonter des défis ou de partager ses bonheurs, décidément, cet homme a un gros cœur.

samedi 14 février 2009 :
Sans faute
En coupant la ligne d’arrivée ce samedi à 1h41, Samantha Davies s’adjuge la troisième place dans le port des Sables d’Olonne. La Britannique devra patienter encore deux jours et deux heures pour confirmer ou non qu’elle monte aussi sur la troisième marche du podium de ce sixième Vendée Globe, dans l’attente de l’arrivée de Marc Guillemot. Retour sur un parcours sans faute…
95 jours 01 heure 41 minutes 01 seconde : Roxy a coupé la ligne d’arrivée dans la nuit après 27 470 milles parcourus sur l’eau à la moyenne de 12,02 nœuds ! Samantha Davies termine ainsi son premier tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance, mais finit surtout première Britannique d’une armada de sept partants le 9 novembre dernier. Elle serait aussi la deuxième femme à monter sur le podium (sous réserve de l’arrivée de Marc Guillemot avant lundi matin) et la troisième Anglaise après Ellen Mac Arthur en 2000-2001 et Mike Golding en 2004-2005. Un résultat exceptionnel pour cette jeune femme de 34 ans qui a préparé avec toute son équipe, un bateau mythique déjà vainqueur des deux dernières éditions, mais qui commençait à accuser le poids de ses neuf années. La clé du succès est sûrement à chercher dans la confiance, l’énergie, l’éternel bonheur d’être en mer et le talent de Samantha Davies qui a été l’une des rares solitaires de ce Vendée Globe à franchir la barre symbolique des 400 milles quotidiens (414 milles en 24 heures)…
Quand prudence rime avec entrain
Dès le coup de canon, la jeune anglaise tient le rythme et jusqu’à l’équateur, oscille au classement entre la dixième et la quinzième place : après le Pot au Noir et au passage vers l’hémisphère Sud, Samantha Davies pointe à la quatorzième place, à 235 milles du premier, Loïck Peyron. La descente dans les alizés de sud-est est plus difficile pour le monocoque qui ne possède pas la même puissance que les bateaux de la dernière génération mais la Britannique a de la ressource malgré un passage de l’anticyclone de Sainte-Hélène qui ne lui est pas du tout favorable : elle perd en quatre jours plus de 300 milles… plantée dans les petits airs quand les premiers déboulent déjà dans les Quarantièmes et que ses poursuivants peuvent couper le fromage avec de la brise ! Mais qu’à cela ne tienne : Roxy glisse ensuite sur la longue houle du Grand Sud et franchit la longitude du cap de Bonne Espérance toujours à la quatorzième place avec 560 milles de décalage par rapport à Jean-Pierre Dick, alors en tête.
Mais au delà des performances, c’est son plaisir de participer à cette aventure et sa capacité à le transmettre qui marque le public et les coureurs : rien ne semble entacher son bonheur d’être en mer, de naviguer en course face à un plateau de coureurs exceptionnels. Là encore, la préparation du monocoque rose est son atout maître car la solitaire ne subit pas d’avarie majeure. Elle rencontre un iceberg avant même d’atteindre l’archipel des Kerguelen ! Une zone qui va commencer à faire un grand ménage dans la flotte… Au point qu’au passage du cap Leeuwin, Samantha Davies est dixième à 1035 milles de Michel Desjoyeaux. Quand Yann Eliès est en difficulté au large de l’Australie, la navigatrice met immédiatement entre parenthèse la course pour cravacher vers le Briochin afin de lui porter assistance aux côtés de Marc Guillemot. Elle arrivera quelques heures seulement après le navire militaire qui embarque Yann Eliès et reprend la course avec le Trinitain dans des conditions météorologiques peu favorables : petit temps, grosse houle.
Seule au monde
Samantha retrouve la solitude totale quand Marc Guillemot fait son pit-stop à l’île d’Auckland. Ce qui n’enlève rien à sa détermination : chaque jour qui passe est l’occasion pour elle de souligner à quel point elle aime ces grands déserts salés où les seuls albatros lui servent de compagnons de route. La remontée vers les portes des glaces du Pacifique est particulièrement musclée avec une succession de dépressions assez actives, au point que plusieurs leaders sont définitivement éliminés… Aux antipodes, la Britannique est déjà remontée à la huitième place ! Mais il y a tout un océan à traverser : après un peu moins de 63 jours de mer, le Cap Horn est passé et Samantha Davies est quatrième au classement. Certes il y a toujours Marc Guillemot dans son sillage qui est virtuellement devant puisqu’elle lui rend 50 heures de bonification. Il reste alors 7 000 milles à parcourir avant les Sables d’Olonne.
Une nouvelle fois, la navigatrice se retrouve sans compagnon de route car Marc Guillemot a mouillé aux Malouines pour réparer une nouvelle fois son rail de grand voile. Sa remontée de l’Atlantique Sud va être un véritable calvaire : alors qu’elle parvient à la latitude de l’Uruguay, une zone orageuse l’englue dans des calmes dont elle ne se sort que très difficilement, permettant à Marco de la contourner par l’Ouest, le long des côtes brésiliennes. Pour la première fois perce une pointe de lassitude. Entre la demoiselle de Port-la-Forêt, son port d’attache en France et le petit temps, il existe comme un contentieux. Le duel entre les deux concurrents est à son apogée, chacun prenant à son tour l’avantage sur l’autre, parfois pour quelques heures. Mais la jeune anglaise réussit à conserver le leadership au passage de l’équateur, toujours quatrième au classement. Elle choisit une route un peu risquée pour aborder l’anticyclone des Açores et les calmes sont de nouveau au rendez-vous quand Marc Guillemot les contourne par l’Ouest : le chassé-croisé continue… Jusqu’à ce que Safran perde sa quille. La troisième place est désormais à portée d’étrave !

Les temps de Samantha Davies
Passage à l’équateur : 13j 01h 51’
Passage à Bonne Espérance : 28j 05h 28’
Passage au cap Leeuwin : 40j 00h 48’
Passage de l’antiméridien : 48j 11h 43’
Passage du cap Horn : 62j 21h 18’
Passage à l’équateur : 81j 02h 28'
Arrivée aux Sables d’Olonne : 95j 01h 41'
(Incluant la bonnification de 32h attribuée pour s'être déroutée lors du sauvetage de Yann Eliès)

vendredi 13 février 2009 :
Sam… Samedi
Samantha Davies est toujours attendue vendredi en milieu de nuit ou samedi matin sur la ligne d’arrivée des Sables d’Olonne. Le petit temps qui a régné toute la nuit commence à prendre fin et c’est dans un léger flux de Nord-Ouest que la solitaire devrait couvrir les derniers 150 milles vers la Vendée.
La jeune Britannique a passé une nuit câline au large des côtes bretonnes : elle n’a progressé que de vingt milles en dix heures ! Et ce vendredi matin à 9h00, sa vitesse n’était encore que de quatre nœuds… Mais la situation devrait se décanter dans les prochaines heures avec l’arrivée d’un régime plus consistant et plus régulier de Nord-Ouest. Une arrivée avant la nuit semble toutefois impossible et c’est plutôt après les douze coups de minuit que Samantha Davies (Roxy) pourrait boucler les 24 840 milles de ce tour du monde. Et paradoxalement, la navigatrice a été la moins rapide de toute la flotte !
Marc Guillemot (Safran) a profité d’une légère brise encore portante pour revenir sur l’Anglaise… Plus de six nœuds de moyenne pendant la nuit lui permettent de n’être plus qu’à 350 milles environ de la ligne d’arrivée et finalement, s’il arrive à gagner vers le Nord-Est après la traversée d’une bulle sans vent, il pourrait aussi toucher le flux qui va propulser Sam ! Ce serait un énorme soulagement pour le solitaire et toute son équipe car il naviguerait bâbord amure sur un même bord, et surtout travers au vent. Il n’aurait donc pas à louvoyer : la possibilité de concéder moins de 50 heures à la Britannique refait donc surface !
Du suspens jusqu’au quai
Reste que l’instabilité de son monocoque ne joue pas en sa faveur : le plus efficace est une brise stable qui permet de porter suffisamment de toile sans prise de risque. De là à contrer le retour des deux autres Britanniques qui le poursuivent, il y a un pas difficile à franchir. Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) peut faire parler la poudre : avec un peu plus de cent milles de retard, le Britannique a désormais de grandes chances de devancer Marc Guillemot sur la ligne d’arrivée, mais pas assez pour le dépasser au classement avec la bonification due à l’intervention auprès de Yann Eliès. Quant à Dee Caffari (Aviva), elle était tout simplement la plus véloce du plan d’eau avec une grand voile qui ne ressemble plus à rien : les photos qu’elle a fait parvenir en disent plus qu’un long discours !
Bonne pioche pour Arnaud Boissières (Akéna Vérandas) qui peut faire route directe vers le cap Finisterre sans passer par la case Açores : ce raccourcissement lui est ouvert par un front sur le milieu de l’Atlantique et l’Arcachonnais peut de nouveau glisser sur l’eau plutôt que de planter des pieux face à l’alizé. Ce n’est pas encore le cas pour Steve White (Toe in the water) qui n’aura probablement pas la même chance de tourner à droite aussi tôt : derrière le front, la situation météo revient à la normale et le Britannique devra très certainement contourner l’anticyclone des Açores par l’Ouest.
La tête à l’envers
Du côté de l’hémisphère Sud, Rich Wilson (Great American III) voit le début du tunnel s’approcher : pratiquement à la hauteur de Recife (Nord-Est du Brésil), l’Américain profite d’une brise qui tourne progressivement au Sud-Est. Il va pouvoir aborder le Pot au Noir dans trois jours car celui-ci est positionné sur l’équateur. Sera-t-il aussi actif après le week-end que maintenant ? Ne le souhaitons pas au doyen du Vendée Globe qui a encore 3 700 milles à parcourir… Enfin pour Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) et Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch), ce vendredi a des allures de pause après la tempête qui les a secoués avant-hier et avant un nouveau coup de vent de Nord.

jeudi 12 février 2009 :
Tout droit !
À l’entrée du golfe de Gascogne et à moins de 300 milles des Sables d’Olonne, Samantha Davies conforte sa place de troisième, mais va devoir composer avec des vents plus faibles et devenant contraires dès ce jeudi midi. Quant à Marc Guillemot, sa fin de parcours s’annonce extrêmement délicate face à une brise qui s’orientera à l’Est pour ce week-end.
Finalement, Samantha Davies (Roxy) a maintenu une bonne vitesse toute la nuit en restant sur une route assez Nord : la Britannique est déjà à la latitude de Saint-Nazaire et sur la longitude du cap Finisterre. Mais la brise encore portante qui la propulse vers l’arrivée devrait s’écrouler dans les heures qui viennent avec l’installation d’une bulle anticyclonique dans le golfe de Gascogne. Et comme ces hautes pressions semblent se centrer plus au Nord que prévu initialement, c’est face à des vents de secteur Est que la solitaire devrait franchir la ligne mouillée devant les Sables d’Olonne, très certainement samedi matin. Car s’il ne reste effectivement que 300 milles à courir pour le monocoque déjà double vainqueur du Vendée Globe, le cumul d’un net ralentissement ce jeudi associé à un louvoyage pour atteindre le but ultime ne plaide pas en la faveur d’un final avant le week-end. Et puis peut-on imaginer arriver en pleine nuit quand on a passé plus de trois mois en mer, lorsqu’on aime par-dessus tout, les couchers et les levers de soleil et de lune ? Rien de mieux qu’un matin blafard pour conclure un tour du monde de plus de 25 000 milles…
Nouvelle contrariété
Marc Guillemot
(Safran) semble avoir pris la mesure de la difficulté à faire marcher un monocoque sans quille : pour maintenir la stabilité tout en essayant d’être performant, il faut être en constance vigilance. Une configuration qui ne peut s’étaler sur une semaine, surtout lorsque le skipper a cumulé autant d’évènements, d’émotions, de fatigue, de stress et de difficultés. La raison impose sa loi pour préserver les acquis surtout lorsque les prévisions météorologiques changent le synopsis : les calmes prévus seront certes bien là dans les heures à venir, mais derrière, ce ne sont plus des vents de secteur Nord qui s’annoncent, mais des brises de secteur Sud-Est tournant à l’Est ! Il va donc falloir faire du près, voir même tirer des bords pour atteindre les Sables d’Olonne… Le défi devient nettement plus complexe quand il manque une quille car Marc Guillemot va devoir sous-toilé son monocoque pour ne pas risquer le chavirage.
Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) pourra en profiter pour revenir dans son tableau arrière, voire même lui griller la politesse sur la ligne d’arrivée : il n’a plus que 350 milles de retard en bénéficiant encore d’un flux portant assez soutenu. Quand toute la flotte va compresser dans le petit temps du golfe de Gascogne, le géant britannique sera certainement très à l’aise face au vent avec son monocoque hyper puissant… Même Dee Caffari (Aviva) ne sera pas très loin malgré sa grand voile qui continue à partir en lambeau : l’Anglaise démontre une nouvelle fois que son incroyable détermination fait fi des plus ennuyeuses avaries ! Rappelons que le « syndrome de l’épluchage » date de la Nouvelle-Zélande… Et que la Britannique n’a cessé de jouer les infirmières en collant sparadraps sur rustines, en renouvelant les opérations chirurgicales pour limiter l’hémorragie de fibres baladeuses. Il ne serait pas étonnant d’accueillir les trois marins (Marc, Brian, Dee) à quelques heures d’intervalle, probablement lundi.

mercredi 11 février 2009 :
Un trou dans le golfe
Alors que Samantha Davies est à moins de 600 milles de l’arrivée ce mercredi matin et que Marc Guillemot arrive à maintenir une vitesse supérieure à dix nœuds malgré l’absence de quille, les conditions météorologiques sont en plein chambardement sur les derniers milles de course…
Il y a un trou dans le golfe, un trou de vent béant qui impose de faire route au Nord à Nord-Est pour les quatre prochains navigateurs attendus aux Sables d’Olonne. Mais heureusement, en bordure de cette zone sans vent qui s’installe en plein milieu du golfe de Gascogne, un flux de secteur Sud-Ouest à Ouest permet de maintenir une vitesse très correcte sur une mer enfin assagie, pour quelques heures encore. De quoi rassurer Marc Guillemot (Safran) qui en l’absence de quille, peut tout de même faire des pointes à plus de quatorze nœuds et une moyenne supérieure à onze nœuds ce mercredi matin… D’ailleurs Samantha Davies (Roxy) qui a pris la troisième place au classement provisoire depuis hier, n’est pas beaucoup plus rapide dans cette brise qui dépasse rarement plus de quinze nœuds. Et à ce rythme-là, la jeune Britannique pourrait bien en finir dès samedi !
Une approche par à-coups
Mais voilà : s’il y a encore du gradient de pression entre les Açores et le golfe de Gascogne, cela va totalement changer dès jeudi midi ! C’est un véritable magma sans consistance qui va se propager de la Vendée à Ouessant jusqu’au grand large de la pointe de la Bretagne… Seule solution : contourner par le Nord cette énorme bulle en sachant que les calmes vont de toute façon freiner considérablement la progression, mais au moins, le retour du vent se fera par cette voie du Nord. En bref, pour parer le trou, il faut faire un grand swing vers Ouessant, pour une approche délicate et progressive, afin d’amerrir sur le « fair-way » vendéen pour putter vers les Sables… En évitant les « bunkers » répartis sur la route et à position fluctuante ! Les golfeurs sauront retrouver leurs marques dans ce jeu pour faire « birdy »…
Donc il devient très délicat de prédire une arrivée car si ce mercredi, la progression des quatre prochains solitaires attendus aux Sables d’Olonne est plutôt bonne, c’est à partir de demain jeudi que les choses se gâtent… Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) qui est bien revenu la nuit dernière grâce à un flux de Sud puissant, a pu faire le break face à sa compatriote Dee Caffari (Aviva) et revenir sur Marc Guillemot : malheureusement, ce n’est un effet éphémère puisque les deux Britanniques seront les premiers à se faire engluer…
Quant aux autres navigateurs, les conditions sont très modérées et il n’y a pas beaucoup de solutions, si ce n’est patienter jusqu’à ce que Eole reprenne des couleurs : Arnaud Boissières (Akéna Vérandas) peine dans un vent peu coopératif au large des Canaries et s’il tente de revenir par la terre, cela risque d’être très provisoire car quand l’anticyclone va revenir à son état normal, la solution de couper le fromage pourrait être pénalisante. Steve White (Toe in the Water) n’a pas d’autre choix que de monter au près contre les alizés de Nord-Est capverdiens alors que Rich Wilson (Great American III) arrive à s’extraire des côtes brésiliennes. Pour Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) et Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch), il faut encore affronter des vents contraires, au moins jusqu’à la latitude de Rio de Janeiro…

mardi 10 février 2009 :
La tempête des Sables
Cette nuit, comme prévu, le vent a soufflé en tempête sur la ville de départ et d’arrivée de ce 6e Vendée Globe. Les violentes rafales se sont abattues sur les Sables d’Olonne dès 21h00 et ont duré toute la nuit causant quelques dégâts urbains : barrières, arbustes ou panneaux de signalisation arrachés. Le Village Arrivée a également subi des dégâts importants, il est donc fermé au public jusqu’à nouvel ordre.
C’est une de ces fortes dépressions qu’on rencontre en hiver sur les côtes de l’Europe. Cette nuit, elle n’a pas épargné toute la façade ouest de la France s’est engouffrée à l’intérieur des terres. Même si un beau ciel de traîne s’est installé en Vendée, ce matin, les Sables d’Olonne conservait les séquelles de ce violent coup de vent (rafales à 140 m²). En dehors des belles déferlantes qui balayent la plage, les dégâts sont visibles au détour des rues. A Port Olona, le Village Arrivée est partiellement endommagé.
Heureusement, cette dépression qui s’est creusée au fil de sa progression vers les côtes françaises a précédé les marins, notamment Marc Guillemot et Samantha Davies, potentiellement les plus exposés.
Safran évolue sans quille depuis lundi après-midi mais malgré l’absence de son appendice, le plan VPLP-Verdier a maintenu cette nuit une très honorable moyenne de 9,2 nœuds. Il est désormais devancé de 35,7 milles par Roxy, forcément plus rapide depuis 36 heures.
Marc Guillemot sait que la troisième place va probablement lui échapper (au moins en temps réel) au profit de la navigatrice anglaise. Qu’importe. Son objectif est de terminer la course, quelle que soit sa position au classement.
Hier après-midi, lors d’une vacation exceptionnelle, le marin trinitain semblait même galvanisé par ce nouveau défi, malgré la fatigue et le stress accumulés. 500 milles dans l’ouest de la Corogne, les deux compères font route parallèle, Samantha positionnée dans le sud de ‘Marco’. Un nouveau challenge les attend d’ici la ligne d’arrivée : négocier sans trop de dégâts un anticyclone qui gonfle et les rattrape. Ils devront probablement orienter leur cap vers le nord pour conserver des vents portants et un brin de vitesse.

lundi 9 février 2009 :
Problème de quille à bord de Safran
Ce matin à 6h40, Thierry Brault, responsable de l'équipe technique de Marc Guillemot, a appelé la Direction de Course du Vendée Globe pour lui signaler une avarie sérieuse à bord de Safran, au niveau de la quille.
Pour rappel, le 11 décembre, alors que Marc Guillemot naviguait à plus de 20 nœuds en direction des Îles Kerguelen, Safran percutait violemment un mammifère marin. Ce choc pourrait être à l’origine du problème rencontré aujourd’hui.
En effet, la quille du monocoque a du jeu dans sa boîte et elle est aussi descendue de quelques centimètres.
Depuis ce constat, Marc Guillemot a réussi à sécuriser la quille par plusieurs brêlages en textile, reliant la tête de quille au mât et au winch de mât. L'étanchéité et la stabilité du bateau sont donc préservées mais la réparation demeure précaire.
Marc Guillemot ne demande pas d’assistance pour l’instant. Il est en bonne santé et continue sa route.
De plus amples informations dans le courant de la journée.
Safran se trouvait à 9h20 par 24° 54.28 W 42° 4.00 N et avançait à 10 nœuds dans une mer forte et avec 30 à 35 nœuds de vent.
Marc Guillemot n’a pas réussi à circonscrire complètement son problème de quille qui s’est déplacée dans son puits, au point que la mer a finalement eu raison du système de brélage réalisé par le solitaire pour sécuriser le bateau. Le lest a coulé et Safran navigue donc à vitesse réduite, ballasts pleins. Et une tempête est annoncée pour la nuit prochaine et mardi matin sur la Vendée…
Crise d’appendicite… Après Dominique Wavre (Temenos II) avant les Kerguelen, Jean Le Cam (VM Matériaux) avant le cap Horn et Roland Jourdain (Veolia Environnement) en approchant des Açores, c’est au tour de Marc Guillemot de voir que son appendice n’est plus opérationnel. Et pour cause : tout le bas de la quille repose désormais par plus de trois milles mètres de fond, à 250 milles au Nord de Sao Miguel, à 800 milles de la pointe espagnole et à environ 1 000 milles des Sables d’Olonne ! Le skipper de Safran semblait en fait plutôt soulagé de ne plus avoir sa quille à moitié sortie de son logement : bien que Marc Guillemot ait pu la bloquer dans l’axe en la retenant par des cordages traversant le rouf pour se fixer sur le mât, les trois tonnes de plomb plongé à 4,50 mètres de profondeur avaient toujours de quoi déplacer le voile de quille. Le bras de levier est tel que l’appendice aurait pu détruire le puits, voire les fonds du bateau, provoquant une voie d’eau impossible à colmater !
Pour la troisième marche…
Comme Roland Jourdain avant les Açores, Marc Guillemot a donc réduit la toile et remplit tous ses ballasts au vent pour alourdir le bateau et lui donner plus de stabilité. En fait, la dépression qui va balayer la Vendée la nuit prochaine et mardi matin, est loin devant Safran qui n’avait plus qu’une quinzaine de nœuds de vent de Nord-Ouest sur une mer qui s’assagissait. Pour l’instant, le navigateur essaye toujours de faire route vers Les Sables d’Olonne pour finir le parcours et être classé : les simulations laissent entendre que le solitaire pourrait atteindre le but en fin de week-end ou en début de semaine, selon les pièges météorologiques de l’Atlantique…
Et pendant ce temps, Samantha Davies (Roxy) s’est aussi fait sérieusement brasser au large des Açores lors du passage d’un front très actif avec une mer déferlante et de grosses rafales à plus de cinquante nœuds. La Britannique était ce lundi après-midi à moins de 1 000 milles de l’arrivée et devait repasser devant Marc Guillemot avant la nuit. Reste à savoir si la navigatrice pourra finir avec plus de 50 heures de marge pour l’acquisition de la troisième marche du podium… puisque les deux solitaires ont été redressés, Marc avec 82 heures de bonus, Samantha avec 32 heures. Mais l’Atlantique réserve encore des rebondissements car après cette tempête dans le golfe de Gascogne, l’anticyclone des Açores s’installe pile sur la position des deux skippers… De quoi faire une pause sur Safran après ces journées harassantes pour Marc Guillemot et de quoi tenter une échappée pour Sam Davies !
Un laborieux final
Pour les deux autres Britanniques qui poursuivent les deux prétendants au podium, la situation ne va pas être des plus simples : justement avec ces hautes pressions qui vont bloquer le passage entre les Açores et le golfe de Gascogne… Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) et Dee Caffari (Aviva) vont probablement devoir incurver leur route vers le Nord-Nord Est pour éviter les calmes anticycloniques. Leurs estimations d’arrivée oscillent entre lundi matin et mercredi soir, alors que Samantha Davies est plutôt attendue entre jeudi après-midi et vendredi soir ! Alors que pour Arnaud Boissières, ce déplacement des hautes pressions est plutôt une bonne nouvelle : dès mardi, le skipper de Akéna Vérandas va enfin quitter des alizés d’Est pour un bon flux de Sud-Ouest. Il devrait pouvoir grignoter des milles sur Brian et Dee.
Et avec un peu de chance (enfin !), Steve White ne va pas naviguer trop longtemps au près : lui aussi va voir les alizés de Nord-Est s’incurver vers le Sud, puis le Sud-Ouest à la latitude des Canaries, mais il lui faudra auparavant, traverser une zone de transition avec des vents faibles. Rich Wilson (Great American III) progresse lui aussi dans des alizés d’Est, mais dans l’hémisphère Sud : l’Américain a encore 1 300 milles avant de franchir l’équateur… Quant à Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital), la dépression qui l’a cueillie après les Malouines a été dure à vivre : plus de cinquante nœuds contraire, ce n’est pas très agréable mais le vent est ce lundi après-midi devenu portant et nettement moins musclé. Les conditions de navigation sont à peu près les mêmes pour Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) car l’Autrichien sort enfin des mers du Sud.

dimanche 8 février 2009 :
Pressé mais stressé
Au nord des Açores, à 1200 milles du dénouement, le skipper de Safran endure des conditions de portant musclé. Comme Armel Le Cleac'h, Marc Guillemot a décidé de jouer « la sécurité et la prudence » pour ne pas hypothéquer son finish aux Sables d’Olonne. Sa pressante envie de finir est ternie par la fatigue et l’angoisse de casser du matériel. Du coup, son heure estimée d’arrivée en Vendée est légèrement repoussée : pas avant le mercredi 11 février à 7h00 du matin.
« Mollo jusqu’à l’arrivée »
Le Vendée Globe semble réclamer un ultime droit de passage à ses prétendants. Après Armel Le Cléac’h, fortement secoué à 4 jours de l’arrivée, Marc Guillemot navigue sur le fil du rasoir avec 35 nœuds de vent portant et 6 à 8 mètres de creux. En temps normal, ces conditions sportives seraient propices à des moyennes journalières fulgurantes. Mais c’est sans compter sur la fatigue accumulée après 3 mois de mer. A la vacation du jour, Marc Guillemot, s’avouait stressé et angoissé. La faute à un probable déficit de sommeil mais aussi à la peur de casser du matériel, en plus d’un rail de mât désormais endommagé au dessus du deuxième ris. Il sait aussi que lundi, à l’arrière d’une forte dépression qui s’abattra sur l’ouest de la France, les conditions vont encore se corser. Avec trois ris dans la grand-voile, sa décision est prise : « y aller mollo », soit tout de même une moyenne de 16 nœuds entre les deux derniers classements de la journée.
Richard Silvani de Météo France prévoit son arrivée aux Sables d’Olonne à partir du mercredi 11 février à 07h00. Mais comme pour Armel, les heures estimées d’arrivée conçues pour des vitesses et des routages optimums doivent aussi prendre en compte le rythme qu’a choisi de s’imposer le marin dans ses dernières journées de mer.
Surf session pour Samantha
Plus au sud, à 107 milles du plan VPLP/Verdier, Samantha Davies expérimente le même vent, mais avec beaucoup moins de mer, d’où de belles sessions de glisse pour Roxy, dont la configuration ressemble à nouveau à celle du grand sud. Après avoir réduit la toile toute la journée d’hier, la navigatrice anglaise a déplacé ses 500 kilos de matériel à l’arrière du bateau : en route pour des surfs à 20 nœuds aux abords de l’archipel des Açores qu’elle devra traverser cette nuit.
A moyen terme, l’avenir de Brian Thompson et surtout de Dee Caffari semble plus compliqué. Le navigateur de Bahrain Team Pindar subissait ce matin le passage d’un front, synonyme de manœuvres pour s’adapter au nouveau flux de nord-ouest. Il s’inquiétait également de la formation de deux anticyclones sur sa route…Bref, le chemin vers les côtes françaises s’annonce plus tortueux pour les deux anglais attendus aux Sables d’Olonne à partir du week-end prochain, dans le sillage de Marco et Sam.
Pour Arnaud Boissières qui a vécu deux jours pénibles sous les grains dans une mer de face, rendez-vous est pris autour du 20 février…
Une rasade de vin pour Neptune
A plus de 3000 milles de l’arrivée, Steve White (Toe in the Water) a fêté son passage de l’équateur ce matin à 04h25. Il tenait à être éveillé pour la circonstance : une mignonnette de vin a fait l’affaire pour remercier Neptune. Le marin britannique qui navigue en compétition depuis moins de 10 ans est une des révélations de ce Vendée Globe. Avec un projet bouclé à la dernière minute, que ce soit au plan technique (il finissait de préparer son bateau quelques jours avant le départ) ou financier, Steve White réalise une course à sa mesure, mais toujours avec plaisir et bonne humeur.
Pour les trois derniers solitaires de l’hémisphère sud, la situation n’est pas très réjouissante, pour des raisons diamétralement opposées. Rich Wilson, dans un anticyclone au sud du Brésil, évolue au près serré. De leurs côtés, Raphaël Dinelli et Norbert Sedlacek, en pleine dépression argentine, sont au portant dans des conditions musclées, les rafales de sud-est atteignant les 50 nœuds, et les creux 6 à 7 mètres.

samedi 7 février 2009 :
Les mots d’Armel
Sourire accroché aux lèvres, Armel Le Cleac'h a tenu une longue conférence de presse quelques minutes après l’arrivée de Brit Air au ponton de Port Olona. C’est un marin heureux, décontracté et ému qui a répondu avec humour aux questions des journalistes et qui s’est même fendu de la lecture d’une lettre envoyée par son grand oncle Monseigneur Le Cléac’h, ancien évêque aux îles Marquises ! …Morceaux choisis
Fierté
« Je ne réalise pas vraiment encore la performance, mais je suis très fier d'avoir fait mon tour du monde, ce n'était pas facile et les derniers jours, le matériel a commencé à souffrir, mais on est arrivé, avec le bateau et c’est le principal. »
Atterrissage
« Je crois que je suis encore dans ma bulle. C'est incroyable, depuis ce matin, dès les premières vedettes autour du bateau, le gens ont été de plus en plus nombreux…. C'est fou, toute cette émotion ! Et puis cette incroyable remontée du chenal, c'est des moments qu'on est venu chercher et après trois ans de travail, on en a profité. Ça fait chaud au cœur de voir tous ces gens, sur l'eau, sur les quais, merci, merci à tous !
Vivres
« Ma mère est un peu inquiète, c'est souvent la question importante dans la famille : bien manger, et là, ça manquait un peu. En fait, je n’avais plus rien à manger depuis deux jours. Avant le départ les anciens, enfin, les mecs expérimentés, disaient « on va mettre moins de 80 jours », donc j'ai pris 90 jours de nourriture en me disant que j’avais de la marge. Mais dans le Sud, j'ai grignoté sur les réserves à cause du froid, j’avais très faim. Je peux vous dire que les crêpes fraîches et le pain-beurre apportés par l'équipe ce matin, c’était un bonheur ! Le stress, la fatigue physique et mentale, tout ça fait qu'on maigrit. Mais bon ça va, j'arrivais encore à aller manœuvrer sur le pont. »
Objectifs
« Pour moi l'objectif numéro un, c'était d'aller au bout de ce tour du monde. Deuxièmement, bien naviguer, faire une belle trajectoire et bien gérer mon rythme dans les mers du sud. Voilà, j'ai fait en fonction de cette philosophie pendant toute cette course, je me suis tenu à cette ligne de conduite et ça a payé. J'ai rempli mes objectifs à 100%. »
Bilou et la seconde place
« Je suis triste pour Bilou, il méritait d'être là sur le podium, mais voilà, c'est la dure loi de la course au large. Quant à ma deuxième place en tant que bizuth et bien je suis un habitué. A mon premier Figaro, j'ai fait deuxième, ma première transat anglaise j'ai fait deuxième et voilà, mon premier Vendée Globe, deuxième, donc finalement, c'est dans l’ordre des choses »
La jeunesse et le métier
« Je me suis dit, avant le départ : le plus jeune a trente ans, c'est bizarre qu'il n'y ait pas de concurrent plus jeune... Maintenant, j'ai compris pourquoi. C'est une course qui demande beaucoup d'expérience, beaucoup d'investissement. On ne peut pas partir comme ça. C'est une course à part, dure, mentalement et physiquement. Il faut du métier et ce n'est pas un hasard si Michel a gagné. Ceux qui se battaient aux avant-postes étaient des gens qui avaient déjà fait le tour du monde, qui connaissaient bien leur bateau, qui avaient beaucoup d'expérience et de métier. »
Brit Air
« Brit Air, ils s'y connaissent en voyage... On avait programmé un vol des Sables d'Olonne aux Sables d'Olonne. Le seul problème c’est que je devais tout faire : pilote, copilote, hôtesse, mécano... C'est une grande aventure que je leur ai fait vivre et qu'on a vécu ensemble. »
Avaries
« J'ai eu quelques avaries, que je n'ai pas forcément dévoilées, mais jamais de souci majeur qui m'aurait obligé à m'arrêter ou à ralentir pour réparer. J'ai peut-être pris moins de risques que les autres, notamment dans les mers du sud. Au niveau de la porte de sécurité Pacifique, j'ai couché le bateau dans un gros vrac. La tête de mât s’est retrouvée dans l'eau et mes girouettes aussi. Pendant les quinze jours qui ont suivi, elles ont commencé à ne plus marcher, donc depuis le cap Horn, j'ai navigué aux penons, comme en dériveur... J'ai aussi eu quelques problèmes de batteries. Puis ces derniers jours, dans les rafales violentes, la casquette du cockpit a été arrachée. Une première vague a commencé à la soulever, puis une seconde qui l'a faite voler. Dans la nuit, le chariot de têtière est sorti du rail. J'ai pris trois ris, ça a commencé à être un souci. Mais au pire, j'aurais aussi pu affaler ma grand-voile et finir avec un petit foc.»
Expérience et vitesse
« On a de belles machines et un niveau sportif qui grimpe. Par moments ça va vite sur les bateaux, alors oui, l'expérience des hautes vitesses – comme en multicoque par exemple - aide à un peu moins stresser quand on est à 17 ou 18 nœuds. Dans les mers du sud par exemple, je me sentais moins à l'aise, moins habitué, j'allais moins vite. Je n'avais pas de regrets car je restais dans ma philosophie « je fais ma course et on verra ». Je n'ai pas fait de bêtise, car j'aurais pu très bien me dire « je renvoie de la toile », mais non, je me suis vraiment tenu à ma ligne de conduite et ça a marché. »
Le Grand Sud
« Même si on n’y est jamais allé, on apprend en écoutant les gens, ceux qui l'ont fait, qui l'ont vécu. Mais c'est sûr qu’une fois qu’on y est, on est vite pris par le froid, la dureté des éléments et la mer qui change très vite. Le vent bascule rapidement d'un côté à l'autre et la mer devient vite croisée, mauvaise... Trouver la bonne configuration de voiles devient tout de suite compliqué. J'ai appris énormément de choses, ce n'est pas facile au début mais peu à peu on prend confiance. Ça s'est vu sur les classements, l'expérience paye. Les gens qui avaient de l'expérience ont fait une super course. Jean-Pierre Dick , par exemple, était à l'aise, il allait vite et il n'hésitait pas à tirer vers les glaces. Deux tours du monde, ça aide. Je suis très content d'avoir partagé cette expérience là. »
La gestion du temps
« C'est vrai qu’avec seulement 21 jours d’affilée passés en mer auparavant, je partais sur ces trois mois avec cette appréhension de la durée. La descente de l'Atlantique a été assez sportive, avec très vite une dizaine de bateaux au contact, donc je n'ai pas vu le temps passer. Puis dans le Sud, il a fallu s'adapter à un nouveau rythme un peu différent avec des conditions nouvelles, les glaces. Par contre, pour la remontée de l’Atlantique, j'étais un peu seul par moment. Les premier étaient loin devant et les autres loin derrière. J’ai parfois trouvé le temps un peu plus long. »
Une victoire en 2012 ?
« Il me manque encore de l'expérience et du travail. Il n'y a pas de secret, il faut du métier et il faut naviguer. J'ai appris énormément de choses sur le bateau, sur la façon de naviguer. Tout ça fait que peut-être, avec encore un peu de travail, on peut toujours faire mieux. Pour l'instant, en ce qui concerne une éventuellement participation en 2012, je n'ai pas pris de décision, c'est un gros projet, trois ans de travail, des sacrifices, des investissements, ce n'est pas facile de laisser la famille seule. Il faut être sûr, s'investir à 100% et ne pas se décider à la légère.»
Le programme 2009
« Avec Brit Air, on a décidé d'être présent sur la Solitaire du Figaro. Puis il y aura la transat Jacques Vabre sur le 60 pieds. On va aussi profiter du bateau pour faire naviguer les salariés de Brit Air. C'est important car c'est le bateau de toute une entreprise. Mais bon, d'ici là, on prendra un peu de vacances. »
La longue route (Moitessier)
« J'avais amené ce livre là, et j'essayais de lire les chapitres au fur et à mesure de ma progression. Au final on s'y retrouve parfois, dans sa façon de prévoir les coups de vent, le temps qui passe, la contemplation paysages. Mais à la fin du livre, quand il décide de repartir…je n’y étais plus du tout ! J'ai continué vers l'arrivée. C'est marrant, quarante ans après, de faire un tour du monde sur des bateaux complètement différents. C'était une aventure incroyable et c'est pas mal de retrouver parfois les mêmes sentiments, les mêmes sensations ».
Hommage à Michel
« Chapeau bas, Michel, il n'y a pas grand chose à dire, c'est la grande classe. Une course quasi parfaite : il a su revenir, se bagarrer et être au contact. Il a imposé son rythme et sa façon de naviguer. Il fait partie des grands champions comme Federer ou Loeb, on sait qu'ils sont là, on sait qu'ils vont peut-être gagner et il a prouvé son talent encore une fois. Je ne peux qu'être fier d'être derrière lui. Même si j'aurais aimé finir avec moins de 5 jours d’écart. »
Le bateau
« Mon bateau, a été conçu par le cabinet Finot-Conq et construit par Multiplast. On a voulu qu'il soit costaud, marin et simple, avec pour objectif de finir un tour du monde. C'est une réussite. La transat B to B et mon démâtage ont servi de test. Enfin, désolé de faire baisser les statistiques de Finot-Conq. Pour une fois, ce n’est pas un de leur bateau qui a gagné. Michel était trop fort.»

vendredi 6 février 2009 :
Rendez-vous samedi matin
Armel Le Cleac'h se souviendra longtemps de sa dernière semaine de course comme celle d’une ultime mise à l’épreuve avant la délivrance. Samedi en fin de matinée, Brit Air est attendu sur la ligne d’arrivée des Sables d’Olonne avec à la clé une deuxième place amplement méritée.
A 170 milles du but
« Samedi avant midi, je serai sur la ligne » a promis le skipper de Brit Air à la vacation du jour. Une arrivée qui sonnera comme une libération pour Armel Le Cléac’h, malmené depuis les Açores par une dépression qui stagne sur sa route. Dire que le navigateur a passé une nuit « sportive » dans le golfe de Gascogne est un doux euphémisme. Mais le marin de Morlaix, malgré les conditions dantesques, n’est pas du style à verser dans le pathos. Pourtant, la casquette de son monocoque (prolongement du roof qui protège l’espace de manœuvre dans le cockpit) a bien explosé la nuit dernière sous la violence d’une vague et le chariot de têtière de grand-voile est sorti de son logement. Avec 35 nœuds de vent moyen (10 de plus sous les grains) et des creux de 5 à 6 mètres par le travers, on comprend aisément qu’Armel le Cléac’h persiste à naviguer prudemment vers les côtes françaises. Le plan Finot-Conq arbore trois ris dans la grand-voile et rien à l’avant… Une configuration qui a permis à Armel de faire quelques courtes siestes de trois quarts d’heure ce matin. Le moins qu’on puisse dire est qu’il aura sacrément mérité cette deuxième place et le steak frites qui l’attend à l’arrivée.
Marco à fond sous spi
L’odeur de l’écurie se fait aussi plus présente pour Samantha Davies et Marc Guillemot qui rivalisent pour un fauteuil sur la troisième marche du podium… en temps réel. En ce 89e jour de course, la bagarre semble tourner à l’avantage du skipper de Safran. Il a réussi à contourner par l’Ouest l’anticyclone des Açores et a envoyé son petit spi. Au portant dans 25 nœuds de Sud-Ouest, le plan VPLP-Verdier filait à 15 nœuds tandis que Roxy progressait toujours au près à proximité des hautes pressions, dans un vent voué à s’écrouler. Ces deux-là sont attendus aux Sables d’Olonne à partir du mardi 10 février 13 heures… Une prévision que Marc jugeait un peu optimiste.
Derrière, le duel fratricide entre Brian (Bahrain Team Pindar) et Aviva suit son cours. Les deux concurrents britanniques s’apprêtent à négocier à leur tour le fameux anticyclone avec un avantage pour Dee Caffari qui a la possibilité de raccourcir sa route. La navigatrice se réjouissait de pouvoir choquer les voiles et de limiter les embardées de son bateau. Comme sa compatriote Samantha Davies qui rêve d’une douche chaude et de moelleuses serviettes en éponge, Dee commence à penser aux fruits et aux légumes frais de l’arrivée.
Excepté Arnaud Boissières (Akena Vérandas), dans la même situation que Dee Caffari, chacun compose avec des conditions météo variées, typiques de cette remontée de l’Atlantique. Steve White (Toe in the Water) voit les alizés s’essouffler en approche du Pot au Noir, Rich Wilson (Great American III) est englué dans les orages au large du Brésil, Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) galère au près dans une dépression très active qui pourrait permettre à son compère Norbert Sedlacekde gagner du terrain. Devant les étraves de Nauticsport-Kapsch, encore 6 700 milles, soit un bon mois de course avant de boucler la boucle...

jeudi 5 février 2009 :
Statu quo et ralentissements
Depuis cette nuit, les vitesses des 10 concurrents encore en course sont loin de battre des records. Armel Le Cleac'h, à 190 milles du cap Finisterre, progresse prudemment. De leur côté, Samantha Davies et Marc Guillemot commencent à amorcer leur freinage aux abords de l’anticyclone des Açores.
Plutôt samedi matin ?
A 582 milles des Sables d’Olonne, à la latitude du cap Finisterre, Brit Air, probablement contrarié par un angle de vent peu favorable, a maintenu toute la nuit une petite moyenne de 12 nœuds. Si Armel Le Cléac’h continue à ce train, alors, le scénario d’une arrivée samedi matin semble le plus probable.
1350 milles derrière lui, Samantha Davies et Marc Guillemot poursuivent leur duel stratégique autour de l’anticyclone des Açores. La navigatrice anglaise se trouve dans le sud des hautes pressions et navigue au près débridé. Sa logique voudrait qu’elle poursuive à cette allure pendant au moins 24 heures. De son côté, le skipper de Safran aborde la face ouest de l’anticyclone mais il devra persister vers le nord dans des vents portants de faible intensité avant de mettre le clignotant à droite. Il faudra attendre samedi matin pour connaître le verdict concernant ces deux options. Quoi qu’il en soit, à l’instar d’Armel Le Cléac’h, les deux marins ont passablement ralenti cette nuit et les heures estimées d’arrivée pourraient en prendre un coup.
Dans leur sillage, Brian Thompson navigue toujours dans l’alizé de nord-est et semble opter pour la voie suivie par Safran. Derrière, chacun poursuit son chemin au large des côtes sud-américaines, y compris Raphaël Dinelli dont l’escale technique aux Malouines a été contrariée hier après midi.
Opération drisse de grand-voile annulée
L’arrêt au stand a tourné court pour le 10e concurrent de la flotte. Après être entré dans la baie de port Stanley en fin d’après-midi, le skipper de Fondation Ocean Vital n’a pu se maintenir au mouillage. A 17h25, son équipe prévenait la Direction de Course que l’ancre du bateau avait chassé et que ce dernier avait commencé à dériver à la côte. Dans l’impossibilité de relever les 50 mètres de câblot et de chaîne, Raphaël a dû couper son mouillage avant de se mettre à la cape. Entre temps, une vedette des affaires maritime est venue à sa rencontre et a réussi à lui jeter un sac contenant des médicaments. Après quoi, Raphaël épuisé et déçu, a repris sa route. Ce matin, il avait laissé les Malouines à bâbord et faisait cap au nord-est… avec une drisse de grand-voile toujours endommagée.

mercredi 4 février 2009 :
Tous dans l’Atlantique
Vers midi, Norbert Sedlacek, dixième et dernier solitaire en mer, va franchir le Cap Horn et revenir dans l’océan Atlantique. Raphaël Dinelli fera escale aujourd’hui aux Malouines. Arnaud Boissières a passé l’équateur mardi soir. Et Armel Le Cleac'h n’est plus qu’à 841 milles de l’arrivée.
Malgré des conditions très difficiles au large du Portugal, Armel Le Cléac’h (Brit Air) progresse à vive allure (13,7 nœuds de moyenne cette nuit) vers l’arrivée qu’il espère atteindre vendredi soir ou samedi matin, soit plus de cinq jours après le vainqueur
Michel Desjoyeaux (Foncia). Loin derrière lui, au milieu de l’Atlantique Nord, la bataille est toujours aussi indécise entre Samantha Davies (Roxy) et Marc Guillemot (Safran). La Britannique privilégie la route directe et augmente régulièrement son avance, désormais de 177 milles. De son côté, Guillemot poursuit son option nord-ouest pour contourner l’anticyclone et progresse toujours quelques nœuds plus vite que la Miss Sam. Suspense pour le podium !
En cinquième position, Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) n’aura pas ménagé sa peine question bricolage pendant ce Vendée Globe. Aujourd’hui, ce sont ses vérins de quille qui fuient. Le grand Britannique pense devoir bloquer sa quille dans l’axe pour finir son tour du monde. Plus au sud, à la sixième place, Dee Caffari (Aviva) a retrouvé la vie penchée qu’elle a tant connue lors de son tour du monde à l’envers. Au près dans les alizés de nord-est, elle remonte l’Atlantique Nord à la poursuite de son rêve : être la première femme à boucler le tour du monde dans les deux sens. Pour Arnaud Boissières (Akena Vérandas), la traversée de l’équateur est toujours une fête, même pour la sixième fois. C’est à 19h43 mardi soir qu’il a franchi la ligne imaginaire et remercié Neptune comme il se doit.
Dans l’Atlantique Sud, Steve White (Toe in the Water) et Rich Wilson (Great American III) ne sont pas logés à la même enseigne. L’Anglais profite de bons alizés pour glisser le long du Brésil quand le doyen Américain lutte toujours au large de l’Uruguay dans des grains orageux. Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital), qui a passé le Horn lundi, s’apprête à faire escale aux Malouines, à Port Stanley, là même ou s’était arrêté Marc Guillemot. Objectif de Raphaël : monter dans le mât et résoudre son problème de drisse de grand-voile. Quant à Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch), il va vivre son premier passage du Cap Horn aux alentours de midi. Les dix solitaires encore en mer seront alors tous revenus en Atlantique…

mardi 3 février 2009 :
Chassé-croisé
Marc Guillemot et Sam Davies croisent actuellement la flotte de la Transquadra au milieu de l’Atlantique Nord. Armel Le Cleac'h, deuxième et prochain solitaire attendu aux Sables, n’est plus qu’à 1200 milles du but.
Vigilance orange dans les alizés de nord-est !
Eux rentrent d’un tour du monde de trois mois et filent plein nord pour rejoindre la France. Les autres traversent l’Atlantique en quête des douceurs des Antilles. Samantha Davies (Roxy) et Marc Guillemot (Safran), à la lutte pour la troisième place, croisent en ce moment la flotte des 70 concurrents de la Transquadra. Par son option ouest, Marco continue de progresser 3 nœuds plus vite que sa camarade mais perd encore du terrain en distance au but en s’écartant vers l’ouest. Une tactique qui lui a au moins permis de doubler Sam en latitude et de pointer 35 milles plus au nord que la jeune Anglaise. Un décalage qui pourrait s’avérer payant lorsqu’il faudra accrocher les vents portants au nord de l’anticyclone des Açores.
65 milles au sud de São Miguel
Armel Le Cléac’h (Brit Air), nouveau deuxième depuis l’abandon lundi de Roland Jourdain suite à sa perte de quille, naviguait ce matin à 65 milles dans le sud du port de Ponta Delgada aux Açores où s’est justement arrêté Bilou. Fonçant à 15,5 nœuds, Armel était le plus rapide des dix concurrents encore en mer. Son arrivée est toujours prévue pour vendredi aux Sables d’Olonne. Derrière, les sept derniers concurrents s’étalent sur tout l’Atlantique et jusqu’à 270 milles du Cap Horn côté Pacifique. Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch), le dernier, devrait franchir demain pour la première fois de sa vie le rocher légendaire. Devant lui, Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) contourne par l’ouest l’île des Etats. Et beaucoup plus au nord, Arnaud Boissières (Akena Vérandas) fait son entrée dans le pot-au-noir, à 120 milles dans le sud de l’équateur.

lundi 2 février 2009 :
Le jour d’après…
Le Vendée Globe continue pour onze concurrents toujours en mer après la magnifique victoire de
Michel Desjoyeaux dimanche après-midi (16h11) en un temps record de 84 jours 3 heures 09 minutes 08 secondes. Roland Jourdain, toujours deuxième ce matin, n’est plus qu’à 70 milles de São Miguel, la plus grande île des Açores, qu’il devrait atteindre en fin d’après-midi et prendre sa décision de poursuivre ou non l’aventure du Vendée Globe.
Quelle fête pour célébrer l’implacable victoire de Michel Desjoyeaux (Foncia) ! Cela a commencé en mer où des centaines d’embarcations (voir photo) l’ont accompagné jusqu’au passage de la ligne d’arrivée, saluée par un rayon de soleil et une lumière magnifique au large des Sables d’Olonne. Plus de cent mille personnes ont ensuite bravé le froid polaire pour acclamer le héros tout le long du chenal des Sables, ces Champs-Elysées des solitaires du Vendée Globe. Et la fête s’est poursuivie tard dans la nuit dans le village du Vendée Globe. En grand vainqueur qu’il est, Mich’ Desj’ a tenu son rang et animé la soirée, arborant amusé une écharpe Mich’ Monde 2009 toute la nuit.
Mais la course continue pour les onze autres marins solitaires encore en mer. Roland Jourdain (Veolia), au ralenti depuis sa perte de quille jeudi matin, n’était plus qu’à 70 milles de la principale île des Açores lundi à 4h30. A une vitesse de 5-7 nœuds, il devrait arriver devant le port au plus tôt en début d’après-midi et décider d’arrêter ou de poursuivre son Vendée Globe. Une décision certainement très difficile à prendre compte tenu des conditions météo peu favorables prévues cette semaine dans l’Atlantique Nord. Quelle que soit sa décision, il est probable qu’Armel Le Cleac'h (Brit Air), troisième à 219 milles de Bilou, s’empare de la deuxième place. Aujourd’hui en cas d’abandon ou bien dans les 48 heures puisqu’il progresse deux fois plus vite que son adversaire.
Derrière, à la latitude du Cap Vert, Sam Davies (Roxy) a gagné 16 milles dans la nuit sur Marc Guillemot (Safran) qui concède désormais 100 milles de retard sur la Britannique. Les deux autres Britanniques, Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) et Dee Caffari (Aviva), qui a franchi hier l’équateur, remontent au près dans l’alizé de nord-est à 300 milles de distance l’un de l’autre. Arnaud Boissières (Akena Vérandas), huitième et proche des îles brésiliennes de Fernando de Noronha, n’est plus qu’à une journée de mer du pot-au-noir, et le double voire plus de l’équateur. Enfin, Steve White (Toe in the Water), au large de Rio, et Rich Wilson (Great American III), au large de Buenos Aires, remontent l’Atlantique Sud à vitesse moyenne.
Dans le Pacifique, la fin des mers du sud est proche pour Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) qui n’était plus qu’à 70 milles du Cap Horn à 4h30 ce matin. Raphaël devrait revenir dans l’Atlantique aux alentours de midi. A 300 milles derrière, Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) devra s’armer de patience avant de franchir pour la première fois le mythique rocher. Englué dans un anticyclone, il se traînait ce matin à seulement 1,2 nœud !

dimanche 1er février 2009 :
Nouvelle victoire de Michel Desjoyeaux !
Après 28 300 milles au compteur, soit une moyenne sur l’eau de 14,02 nœuds,
Michel Desjoyeaux explose tous les temps de référence du Vendée Globe ! Le solitaire a franchi la ligne d’arrivée en vainqueur pour la deuxième fois (après 2000-2001), ce dimanche 1er février à 16h 11’ 08’’ (heure française), soit après 84 jours 03 heures 09 minutes 08 secondes de course. Foncia a terminé ce tour du monde face à une brise de vingt-cinq nœuds et sous un ciel ensoleillé, devant une foule compacte tant sur l’eau que le long des digues du chenal d’entrée des Sables d’Olonne.
Tout commence pourtant très mal pour le marin de Port la Forêt : après un départ le 9 novembre à 13h02, sous un ciel gris et un vent de Sud-Ouest qui fraîchit, Foncia doit revenir aux Sables d’Olonne, à 200 milles de son tableau arrière ! Une fuite du ballast avant a noyé la cale moteur et cramé le circuit électrique… Après une escale express, Michel Desjoyeaux repart en course le 11 novembre avec 360 milles d’écart et quarante heures de décalage : les premiers (Peyron, Josse, Jourdain, Dick…) sont déjà dans les alizés portugais avec des vents portants modérés. L’écart augmente car le solitaire peine dans les petits airs au large de la péninsule ibérique : le 15 novembre, Michel Desjoyeaux cumule 670,3 milles de retard sur Loïck Peyron, leader du moment, le plus gros écart par rapport au premier de tout son Vendée Globe !
Un Atlantique express !
Le navigateur commence à remonter la flotte : après Norbert Sedlacek au large de Madère, Michel Desjoyeaux revient sur Raphaël Dinelli à la latitude des Canaries, puis dépasse Rich Wilson, Unai Basurko et Jonny Malbon avant le Cap Vert dans des alizés qui s’animent mais obligent à une route sans option. Le Pot au Noir ralentit la tête de flotte alors que Foncia passe l’équateur le 23 novembre à 4h43 en 15ème position, avec 383,5 milles de retard sur le premier. Après huit jours de près pour contourner l’anticyclone de Sainte-Hélène, le monocoque peut enfin tourner à gauche à l’approche des Quarantièmes : Michel Desjoyeaux a été le plus extrême dans l’option Ouest, ce qui lui permet de raccrocher le wagon à la treizième place dès le 30 novembre !
Dans le Sud des hautes pressions atlantiques, le navigateur met du charbon au point de rentrer dans le top ten le 3 décembre à 193 milles de Sébastien Josse à l’abord de la première porte des glaces… Au passage de la longitude du cap de Bonne Espérance, il ne concède plus que 89,5 milles alors que les vents des mers du Sud commencent à prendre des tours ! La position très basse en latitude des icebergs venus de la mer de Weddell incite la Direction de Course à modifier le parcours : les portes des glaces vont presque toutes être remontées ce qui n’empêche pas Michel Dejoyeaux de croiser un glaçon le 11 décembre juste avant de laisser les Kerguelen à bâbord…
Leader dès l’Australie
Les mers de l’océan Indien sont violentes et les avaries succèdent aux abandons : Loïck Peyron, Bernard Stamm, Dominique Wavre, Yann Eliès, Jean-Pierre Dick, Mike Golding… et le skipper de Foncia réalise le meilleur score de tout ce sixième Vendée Globe : 466,6 milles en 24 heures le 16 décembre, le jour même où il franchit la longitude du cap Leeuwin, pour la première fois en tête ! Toujours sur un rythme extrêmement élevé, Michel Desjoyeaux entre dans le Pacifique le 19 décembre avec 59,1 milles d’avance sur Roland Jourdain et déjà plus de 400 milles sur Armel Le Cleac'h. Car les mers du Pacifique sont particulièrement traîtresses : alors que le solitaire a évité de justesse une catastrophe qui l’aurait obligée le 25 décembre, à abandonner, Sébastien Josse se fait écraser par une déferlante ! C’est dire l’état de la mer dans ce front froid très actif que les deux leaders arrivent à attraper : les écarts avec leurs poursuivants directs se creusent…
Seul le skipper de Veolia Environnement ne le quitte pas d’une étrave : le 5 janvier à 4h10, Michel Desjoyeaux passe le cap Horn avec moins de 100 milles d’avance sur Roland Jourdain, mais le reste de la flotte est désormais reléguée à plus de 700 milles. Le marin de Port la Forêt en profite pour rattraper tout le retard accumulé sur le temps de référence de Vincent Riou en 2004 : il a désormais deux heures d’avance… La remontée de l’Atlantique est une nouvelle fois express ! À l’équateur Michel Desjoyeaux a déjà quasiment une journée d’avance sur 2004 et il laisse son dauphin à plus de 330 milles… Et si le Pot au Noir est peu coopératif, la fin de parcours est un véritable sprint : une douzaine de jours pour en finir ! Et en ce dimanche 1 février, Michel Desjoyeaux termine son deuxième Vendée Globe, une nouvelle fois sur la plus haute marche du podium…

samedi 31 janvier 2009 :
Soir ou matin ?
Dimanche c’est certain… Mais quand ? Les dernières analyses météorologiques fournies par Météo France sont claires.
Michel Desjoyeaux a encore la possibilité d’arriver dimanche matin devant le port des sables d’Olonne. A condition toutefois que le leader décide de chauffer à blanc la chaudière. Car avant de rallier le port vendéen, le skipper de Foncia va devoir composer avec une petite dorsale anticyclonique qu’il faudra traverser : des vents faibles devraient ralentir sa progression entre 22 heures et 3 heures du matin.
L’équation est simple : plus Michel Desjoyeaux ira vite dans les prochaines heures, moins longtemps il sera retenu par la zone de vents faibles qu’il devra traverser. Plus sud-ouest il sera, plus sa progression sera ralentie. Deuxième paramètre à intégrer : le monocoque blanc du vainqueur sera interdit d’accès pour cause de marée basse entre 11 heures et 17 heures. Actuellement, seul le skipper de Foncia connait la réponse.
Veolia Environnement aura subi cette nuit un excellent test sur sa capacité à relier l’arrivée dans sa nouvelle configuration, sans quille et ballasts remplis. 8000 litres d’eau, soit 8 tonnes, font office actuellement de lest mobile et permettent au dauphin actuel de Michel Desjoyeaux de continuer de progresser correctement vers la ligne. Mieux, Roland Jourdain préserve actuellement sa place puisqu’il a repris depuis hier soir près de 80 milles à Armel Le Cleac'h (Brit Air) qui s’est fait piéger dans le centre de l’anticyclone des Açores. Le navigateur de la Baie de Morlaix avançait au classement de onze heures à la vitesse dérisoire de 1,6 nœuds.
Ils sont maintenant six dans l’hémisphère nord puisque Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) a franchi l’équateur cette nuit. Si le navigateur britannique pouvait espérer être enfin sorti des pièges du pot-au-noir, il n’en est pas de même pour Dee Caffari (Aviva) qui devrait se débattre avec les calmes de la Zone de Convergence Intertropicale pour encore au moins vingt-quatre heures. Arnaud Boissières (Akena Vérandas) devrait en avoir fini avec les vents erratiques : il peut maintenant faire route vers l’équateur dans un alizé stable mais relativement faible. Steve White (Toe in the water) devra négocier une zone de transition avant de récupérer les fameux régimes d’est. Enfin Rich Wilson (Great American III) n’en a pas fini avec son pensum : les vents de nord-ouest forts qu’il affronte depuis plusieurs jours vont s’orienter au nord puis au nord-est sous l’influence d’une dépression orageuse en formation sur l’Argentine. Ne dit-on pas des allures de près, deux fois la route, trois fois la peine ?
Encore dans le Pacifique pour deux ou trois jours, Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) et Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) devraient passer le Cap Horn sous le soleil et dans vents relativement modérés… Comme en 2000-2001, c’est bien un océan complet qui séparera la tête de flotte de son arrière-garde.

vendredi 30 janvier 2009 :
Lire entre les lignes
A regarder les lignes formées par les trajectoires des concurrents, on pourrait brosser un petit portrait de leur manière de naviguer et des conditions qu’ils rencontrent. Des trajectoires en escalier d’un
Michel Desjoyeaux (Foncia) à celles d’une exemplaire continuité d’un Armel Le Cleac'h (Brit Air), elles en disent peut-être plus long qu’on ne pense sur la manière dont ils vivent leur course.
Une courbe parfaitement fluide et tout d’un coup, un petit décrochage avant de reprendre son chemin. Atlantique Nord, Atlantique Sud, Michel Desjoyeaux a une manière bien à lui de tracer sa route. Comme un trois-quarts centre au rugby qui lance sa course, fait un changement d’appuis pour effacer un adversaire, puis reprend son envolée vers l’en-but. Plus prosaïquement, ces petits décrochements traduisent bien la capacité du leader de la course de saisir une opportunité quand le vent n’est pas aussi favorable que souhaité, puis de profiter du recadrage pour continuer son chemin. Atavisme résurgent des années Figaro ? Toujours est-il que la méthode est visiblement payante.
Armel Le Cléac’h, depuis qu’il est passé dans l’hémisphère nord, n’a pas besoin de ces subtilités. Sa trajectoire traduit bien la tranquillité des gens sans histoires. Incroyablement linéaire depuis le passage de l’équateur, sa route est le reflet d’une navigation heureuse où les vents se mettent en ordre devant son étrave et lui permettent de tracer son sillon. A force de régularité, sans faire de bruit, celui qui est devenu le benjamin de la course depuis le retrait de Jean-Baptiste Dejeanty, s’est hissé tranquillement sur le podium et peut envisager de devenir aux Sables d’Olonne, le dauphin de Michel Desjoyeaux.
A rebours, les trajectoires d’un
Marc Guillemot (Safran) ou d’un Arnaud Boissières (Akena Vérandas) le long des côtes du Brésil, traduisent bien l’ampleur du piège dans lesquels les deux navigateurs se sont trouvés englués : vents erratiques, obstacles en tous genres, incitent à dessiner des lignes brisées qui ne sont que le juste reflet des efforts consentis pour s’extraire d’une situation peu enviable.
Ligne de flottaison, Roland Jourdain a bien perdu son bulbe
Il n’est pas sûr que ces considérations géométriques soient actuellement le souci premier d’un Roland Jourdain. Pour l’heure, l’obsession du navigateur est de conserver son Veolia Environnement dans des lignes qui, si elles ne sont pas empreintes de la plus grande des orthodoxies en matière de performance, lui permettent de conserver une relative stabilité. Enfoncée dans l’eau, la carène du monocoque de Bilou perd en efficacité ce qu’elle gagne en sécurité. En tout état de cause, la ligne de conduite de Roland qui va déjà tenter de ramener son voilier vers les Açores, avant de décider s’il pousse l’aventure jusqu’aux Sables d’Olonne, ne peut que forcer le respect.
Considération plus terre à terre : pour nombre de navigateurs, ce Vendée Globe sera aussi l’occasion d’affiner sa ligne : d’un Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) qui avouait commencer à compter ses réserves de nourritures quand il était encore à l’orée du Pacifique à un Armel Le Cléac’h qui sait qu’une arrivée au-delà du 6 février lui imposerait un régime de diète sévère, ils sont plusieurs qui vont revenir au port affutés comme jamais, le poil luisant, le corps endurci et quelques petites ridules supplémentaires au bord des yeux. Ces petits signes-là sont autant de témoignages de ce qu’ils viennent de vivre : trois mois de mer en solitaire ne forgent pas seulement le caractère. Ils modèlent aussi les apparences…

jeudi 29 janvier 2009 :
Foncia à 1090 milles du but
Propulsé par de forts vents d’ouest-nord-ouest, Foncia est sorti cette nuit de l’archipel des Açores. S’il maintient ses moyennes quotidiennes de plus de 300 milles,
Michel Desjoyeaux devrait franchir la ligne d’arrivée des Sables d’Olonne samedi après-midi ou dimanche matin.
A fond dans les îles
Hier soir, Michel Desjoyeaux s’est engouffré au beau milieu de l’archipel des Açores, se payant même une ballade sportive au portant, à 13 milles des côtes de l’île principale de Sao Miguel qu’il a finalement laissée à tribord. Auteur de belles moyennes nocturnes (entre 15 et 17 nœuds), le skipper de Foncia a légèrement ralenti ce matin. Dans le sud d’une dépression qui lui prodigue de vigoureux vents d’ouest-nord-ouest (30 à 40 nœuds moyens), il y a de fortes chances pour que Michel ait réduit la toile et fasse le dos rond. Ce flux généreux devrait l’accompagner toute la journée en mollissant légèrement cet après-midi.
Mais avec des moyennes journalières de plus de 300 milles, le scénario d’une arrivée victorieuse aux Sables, samedi soir ou dimanche matin se précise.
Bilou sorti du trou
Après 24 heures de calmes presque blancs dans l’anticyclone des Açores, Roland Jourdain a inévitablement perdu du terrain. Ce matin, il accuse presque 800 milles de retard sur le leader et voit Armel Le Cleac'h revenir à 350 milles de son tableau arrière. Mais le retour de Brit Air devrait être contenu au moment où Armel traversera à son tour la dorsale : c’est justement son programme en ce 81e jour de course.
En attendant, Bilou a renoué avec des vitesses dignes de son grand monocoque rouge. Comme Michel Desjoyeaux, il se dirige vers le chapelet d’îles portugaises, mais avec un angle de vent nettement moins favorable : ce matin, Veolia Environnement naviguait au près océanique.
Équateur en vue pour Sam et Marco
A l’ordre du jour pour Samantha Davies et Marc Guillemot : le pot au noir et le passage de l’équateur. Dans des vents faiblissants aux abords de la zone de convergence intertropicale, Safran, handicapé par une grand-voile bloquée à deux ris, a logiquement du mal à tenir la cadence face à sa concurrente britannique qui progresse deux à trois nœuds plus vite. Victimes d’une remontée de l’Atlantique sud contrariante, Sam et Marco commencent aussi à surveiller dans leurs rétroviseurs l’arrivée de Brian Thompson. Mais sa fulgurante ascension pourrait subir un coup d’arrêt dès aujourd’hui. Ce matin, le plan Juan K était pointé à 1,4 nœuds sur une heure ! Brian est-il encalminé entre deux grains ou est-il contraint à une énième séance de bricolage ? Dee Caffari (Aviva), qui caracole à 13 nœuds, en profitera certainement pour combler son retard.
Un peu esseulé, Arnaud Boissières s’est enfin écarté de la zone côtière délicate où il vient de vivre deux journées sans sommeil. « L’homme et le bateau commencent à accuser les milles et la fatigue » confiait-il hier à la vacation. Après une session de slalom entre les plates-formes pétrolières, ses échanges acerbes avec les pêcheurs brésiliens, les manœuvres entre les grains et les multiples bricoles à bord d’Akena Vérandas, « Cali » a enfin retrouvé la vitesse et bien progressé vers le nord.
Loin dans son sillage, Steve White (au large du Brésil) et Rich Wilson (dans le nord-est des Malouines) naviguent contre les vents.
Quant à Norbert Sedlacek et Raphaël Dinelli, il ne leur reste que 1080 milles avant de quitter définitivement l’océan Pacifique. Ce matin, la distance qui les sépare du Horn est la même que celle qui sépare Michel Desjoyeaux de son arrivée en Vendée….
Avarie de quille sur Veolia Environnement
Vers 5 heures (heure française) ce jeudi matin, Roland Jourdain a appelé son équipe technique pour signaler un problème de quille. Pour le moment, le bateau est stable et poursuit sa route en direction de l’île de Sao Miguel aux Açores distante de 640 milles.
Ce matin à 9h40 locales, Denis Horeau, Directeur de Course du Vendée Globe recevait à son tour un appel de Nicolas De Castro, chef de projet de Veolia Environnement, l’informant du problème.
Alors qu’il naviguait en fin de nuit, sous grand-voile et génois, Roland a entendu un bruit suspect à bord de Veolia Environnement et a alors cherché à identifier son origine. Il a donc arrêté son bateau pour l’inspecter sans rien constater d’anormal. Ce n’est qu’après avoir rebordé ses voiles que le bateau a gîté anormalement permettant à Roland d’en déduire une avarie sur la quille. Pour le moment, il n’a pas réussi à identifier s’il avait perdu son bulbe ou si le voile de quille était touché.
Le problème rencontré aujourd’hui est probablement une conséquence ultérieure du choc avec un cétacé le 8 janvier dernier, car le bateau n’est pas entré en collision avec un ofni.
Pour l’heure, Veolia Environnement est stable et poursuit sa route à petite vitesse en direction des Açores. Roland est actuellement en concertation avec son équipe technique pour décider de la suite des événements.

mercredi 28 janvier 2009 :
Le tour du monde en 83 jours ?
Pour battre le temps de référence du Vendée Globe établi en 2004 par Vincent Riou en 87 jours, 10 heures et 47 minutes, il faut que
Michel Desjoyeaux franchisse la ligne d’arrivée des Sables d’Olonne avant le 4 février à 23h49.
Scénario plus que probable puisqu’il est attendu, sauf pépin, entre le 31 janvier 15h00 et le 1er février à minuit. Ce faisant, le skipper de Foncia (voir photo) améliorerait le chrono de Vincent de quatre jours environ… pour un tour du monde en 83 jours.
Un gain d’un peu moins de 5 % qui ne correspond pas tout à fait à l’augmentation de performance estimée des nouveaux bateaux. Jean Le Cam, lors de la conférence de presse d’avant départ déclarait : « on devrait tutoyer les 80 jours. En tout cas, si l’on considère que l’on va 8 à 9 % plus vite que lors du dernier Vendée Globe. Or, quand on sait ce qu’on sait et que l’on voit ce qu’on voit… on devrait y arriver. ». Mêmes prévisions de la part de Mike Golding : « avec les VPP dont nous disposons, nous pouvons passer sous la barre des 80 jours. C’est possible, mais encore faut-il que la météo soit optimale ».
Or, on ne peut pas dire que la remontée de l’Atlantique ait été favorable à la progression des marins. Par ailleurs, si ce temps de référence est calculé quel que soit la longueur du parcours du Vendée Globe, il est bon de préciser que la présence des portes de sécurité glaces – remontées au fil de cette édition – a rallongé le tracé de presque 1200 milles.
En dépit de ces facteurs contrariants, le temps de Vincent sera bel et bien battu peut-être même par Roland Jourdain, attendu entre le 3 et le 5 février. Il est loin le temps ou l’on s’interrogeait sur la capacité d’un bateau à faire le tour du monde en 80 jours – base de lancement au début des années 1990 du fameux Trophée Jules Vernes, record autour du monde à la voile- ! Désormais, en course, en solitaire et sans choix de sa fenêtre météo, il est possible de s’approcher des élucubrations de l’écrivain nantais dont l’imagination visionnaire a donné naissance aux aventures de Phileas Fogg et à de sacrés défis nautiques.
La double peine de Roland
Roland Jourdain a passé toute la nuit à l’arrêt dans l’anticyclone des Açores. Pendant ce temps, Michel Desjoyeaux file grand train, à 15 nœuds de vitesse, à moins de 1500 milles de la ligne d’arrivée. L’écart entre les deux hommes se monte ce matin à 633 milles !
Le troisième Armel Le Cleac'h subira t-il lui aussi les affres des hautes pressions açoriennes, dernière grande difficulté de cette remontée Atlantique ? Le skipper de Brit Air, qui semble vouloir couper le fromage avec un léger décalage à l’est, profite de ses dernières 36 heures dans les alizés avant de savoir à quelle sauce il sera mangé.
Sam et Marco bientôt dans le pot
Derrière, l’actualité de
Samantha Davies et de Marc Guillemot s’appelle le pot au noir. Le tandem franco-britannique qui communique beaucoup par email pour agrémenter leur long pas de deux, n’est plus très loin de la zone de convergence intertropicale, ce no man’s land météorologique parsemé de vents erratiques, de grains et d’orages. Pour une fois depuis trois jours, la navigatrice anglaise est moins rapide que son adversaire. Safran, handicapé par une bastaque intermédiaire cassée et sa grand-voile réduite, était pourtant un des bateaux les plus véloces cette nuit.
Mais dans cette catégorie, la palme revient à Brian Thompson dont le puissant Bahrain Team Pindar se régale aux allures de largue, des angles de vents pour lequel ce bateau large et toilé a été conçu. Le long du Brésil, Dee Caffari est toujours sur ses talons (157 milles) et s’accroche tant bien que mal pour ne pas se faire distancer. Mais la navigatrice d’Aviva perd tous les jours une poignée de milles sur son homologue masculin.
En 8e position, à proximité des terres Brésiliennes, Arnaud Boissières est en train de vivre la même pénible expérience endurée par Marc Guillemot quelques jours plus tôt. Hier soir sous les grains, « Cali » n’était pas à la fête. Il déplorait un cruel manque de vitesse et confiait devoir faire attention à ses réserves de nourriture et d’énergie. Akena Vérandas a fini par virer à 50 milles des côtes. Ce matin, sa vitesse était toujours inférieure à 10 nœuds.
Pour les autres, les conditions de navigation sont aussi variées que les positions sont espacées : Steve White semble se sortir lentement de l’anticyclone dans lequel il était englué depuis 24 heures ; Rich Wilson qui a laissé l’Île des États sur la gauche, progresse prudemment vers le nord. Enfin, Raphaël Dinelli et Norbert Sedlacek, par 47 degrés sud, poursuivent leur descente en route directe vers le cap Horn, à 1400 milles de leurs étraves.

mardi 27 janvier 2009 :
Un océan d’écart
900 milles au large de Madère, Michel Desjoyeaux est allé chercher le flux perturbé qui pourrait l’accompagner jusqu’à l’arrivée ce week-end aux Sables d’Olonne. Presque 7000 milles plus loin, l’autrichien Norbert Sedlacek fête aujourd’hui son anniversaire, après avoir passé la dernière porte de sécurité Pacifique…
Foncia à la chasse au front
Michel Desjoyeaux a empanné hier en fin d’après midi pour gagner dans le nord, à la rencontre du flux perturbé qui balaye l’Atlantique à la latitude de Madère. Le leader bénéficie actuellement d’un bon vent de sud-ouest qui devrait fraîchir tout au long de la journée. De quoi aligner les milles en direction de l’arrivée, toujours prévue ce week-end.
Calé sur la même trajectoire, Roland Jourdain vit avec 40 heures de retard les mêmes péripéties que son prédécesseur : il s’approche aujourd’hui de l’anticyclone des Açores. Mais en attendant un probable ralentissement, Veolia Environnement était le plus rapide de la flotte cette nuit avec 13,7 nœuds de vitesse moyenne.
Question vitesse, pas de quoi s’inquiéter pour Armel Le Cleac'h qui allonge la foulée depuis deux jours dans les alizés de nord-est. Le skipper de Brit Air a gagné 44 milles ces dernières 24 heures et semble pouvoir raccourcir sa route en navigant plus à l’est que ses devanciers.
Samantha Davies s’empare de la 4e place
Plus rapide que Marc Guillemot depuis au moins deux jours, Samantha Davies a fini par lui voler la vedette cette nuit. La voici placée en quatrième position, 11 milles devant Safran qui souffre toujours à proximité des côtes nord brésiliennes. En s’écartant de la terre, Samantha a touché des vents plus frais et s’est probablement épargné les nombreuses manœuvres. Ce double mixte est bien parti pour se livrer une belle bagarre en direction de l’équateur.
Derrière Dee Caffari – en perte de terrain sur Brian Thompson pour cause de finition sur les réparations de grand-voile -, Arnaud Boissières doit faire attention. Certes, « Cali » est encore 75 milles au large du continent sud-américain, mais s’il continue de la sorte, il pourrait bien commencer à apercevoir l’ombre des footballeurs brésiliens sur la plage ! Chose qu’il redoute par-dessus tout. Il a d’ailleurs passablement ralenti cette nuit et affichait avec Steve White (empêtré dans une bulle anticyclonique au large de l’Uruguay), les moyennes les plus lentes.
Wilson double l’Île des États
Après son entrée lundi à 14h50 dans l’océan Atlantique, Great American III, à la pointe sud-est de l’Amérique du Sud, est en train de laisser l’Ile des États à bâbord. Dans un message envoyé hier soir, le vétéran de ce Vendée Globe a indiqué qu’il était très fatigué, malgré l’euphorie de doubler le Horn. En pleine grisaille, voire en plein brouillard, il a quand même réussi à entrevoir le rocher. Il a également aperçu un patrouilleur, son premier bateau depuis la descente de l’Atlantique et a été survolé par un avion chilien avec qui il est entré en contact. Le vétéran du Vendée Globe ferme la liste des concurrents navigant en atlantique.
Joyeux anniversaire Norbert !
Le skipper autrichien, dernier du classement, a passé lundi à 20h00 TU la dernière porte de sécurité Pacifique, la veille de souffler ses 47 bougies. Aujourd’hui, alors qu’il entame une longue plongée vers le sud derrière son compagnon de route Raphaël Dinelli, Norbert fête son anniversaire. Les deux hommes doivent encore patienter une bonne semaine avant de doubler le Horn.

lundi 26 janvier 2009 :
Au front !
Michel Desjoyeaux est passé de l’autre côté de l’anticyclone des Açores : à plus de quatorze nœuds de moyenne, il bénéficie maintenant de vents d’Ouest portants qui devraient le pousser jusqu’aux Sables d’Olonne. La hiérarchie semble établie même si Samantha Davies revient très fort sur Marc Guillemot.
C’était l’incertitude de ce denier sprint final : combien de temps Michel Desjoyeaux (Foncia) allait-il rester bloqué dans la dorsale qui prolonge l’anticyclone des Açores au large des Canaries ? Mais finalement le passage de la nuit dernière n’a pas été très long et malgré des ralentissements à moins de huit nœuds, le monocoque blanc a traversé plutôt rapidement cette zone de vents mollissants qui basculaient progressivement du secteur Sud-Est au Sud-Ouest. Désormais, il ne reste plus au leader qu’à piquer sur le golfe de Gascogne, cap au 45° pour moins de 1900 milles à courir ! Mais ce rush n’est pas si simple que cela : d’abord, il faut que le premier aille chercher les vents portants établis qui sont encore à quelques centaines de milles dans son Nord ; puis il va lui falloir négocier le passage des Açores et ce n’est pas si simple avec la formation d’une dépression sur l’archipel jeudi ; enfin, il faudra éviter de le gros de la tempête qui est annoncée au large du cap Finisterre avant d’embouquer le golfe de Gascogne qui pourrait finir par être paresseux…
Dernière cartouche aux Açores
Le premier objectif de Michel Desjoyeaux est de se dégager très vite des hautes pressions pour aller chercher un front associé à une première dépression attendue pour demain mardi soir avec du vent de Sud-Ouest trente nœuds. Ensuite, il faudra au solitaire choisir de quel côté il va passer l’archipel car après une zone de transition avec des brises moins soutenues de secteur Ouest, c’est une dépression très creuse qui se forme… sur les Açores ! Et cette perturbation semble extrêmement vigoureuse : plus de 55 nœuds sont prévus dans sa partie Sud. Logiquement, la route semble laisser à bâbord l’archipel que le navigateur aura à cœur de ne pas trop approcher car le relief volcanique et l’état de la mer peuvent sensiblement aggraver la situation.
D’autre part, si la mer se forme assez rapidement en prenant de l’ampleur, cela pourrait offrir l’opportunité de réaliser la plus grande distance parcourue sur 24 heures… Mais Michel Desjoyeaux n’a pas intérêt à prendre des risques à quelques jours de l’arrivée d’un Vendée Globe qu’il a marqué de son empreinte ! Tout déprendra de l’enchaînement vent-houle-vagues mais sur le papier, c’est au minimum 400 milles qui vont défiler sur son compteur de milles en 24 heures… Notons toutefois que le leader a indiqué qu’il avait rangé son « arme fatale », une trinquette en Cuben Fiber, spécialement conçue pour les mers du Sud. Voudra-t-il remettre une dernière couche à l’approche du golfe de Gascogne ? En tous cas, une fois cette dépression violente accroché, c’est un long bord de portant qui s’annonce vers le cap Finisterre dans une brise d’une quarantaine de nœuds vendredi alors qu’une nouvelle perturbation arrive samedi sur les Açores…
Pas le même programme
Roland Jourdain (Veolia Environnement) n’est pas sûr d’enchaîner de même façon cette fin de parcours : derrière ces dépressions açoriennes, l’anticyclone se compresse en perdant de son intensité, ce qui risque fort de rendre sa traversée plus laborieuse. Le dauphin pourrait peiner à retrouver les vents portants au-dessus du 35° Nord mais ensuite, c’est aussi dans un violent coup de vent que le poursuivant va se faire cueillir au large des Açores ! Quant à Armel Le Cleac'h (Brit Air), avec quatre jours de décalage, ce passage pourrait être beaucoup plus mou, donc moins véloce…
Dans l’Atlantique Sud, les alizés de Sainte-Hélène sont toujours aussi inconstants : Marc Guillemot (Safran) a dû mal à s’éloigner des côtes brésiliennes où la brise est assez molle tandis que Samantha Davies (Roxy) est revenue très fort ces dernières heures grâce à sa route au large. Il est probable que les deux solitaires vont aborder le Pot au Noir en milieu de semaine, quasiment en même temps. Ils peuvent être assurés que le duo britannique n’est plus inquiétant : Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) et Dee Caffari (Aviva) sont ce lundi matin moins pressants dans une zone orageuse, certes moins active que précédemment, mais qui va les ralentir quelque peu. Arnaud Boissières (Akéna Vérandas) pourra en profiter pour grappiller des milles, même s’il est toujours au près…
Quant à Steve White (Toe in the water), il continue sa progression au large de l’Uruguay en se décalant vers le Nord-Est, ce qui n’est pas très productif en ce moment, mais pourrait l’être dans la semaine quand les alizés d’Est vont s’installer à nouveau. Rich Wilson (Great Americain III) aborde le cap Horn qu’il doit franchir dans l’après-midi de ce lundi avec du vent portant maniable et une belle houle, quand Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) et Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) vont passer la dernière porte des glaces du Pacifique. L’ETA de Michel Desjoyeaux est toujours prévue ce week-end alors que les deux derniers ont encore 1900 milles avant d’entrer dans l’Atlantique : il y aura bien un océan d’écart à l’arrivée du vainqueur !
Après le passage de l’Américain Rich Wilson au cap Horn cet après midi vers 14h30 (voir photo), ils sont désormais 10 concurrents à naviguer en Atlantique. Restent Raphaël Dinelli et Norbert Sedlacek qui quitteront le Pacifique quand Michel Desjoyeaux aura franchi la ligne d’arrivée vendéenne samedi ou peut-être dimanche… tout dépend de l’option du leader dans les prochaines heures.

dimanche 25 janvier 2009 :
Pause dominicale
Pour clore cette onzième semaine de course, ce week-end se présente sous le signe de la tranquillité : des brises modérées pour toute la flotte répartie du large des Canaries au milieu du Pacifique. Il y aurait comme un moment de détente météorologique sur le Vendée Globe !
Quasiment aucun changement dans les écarts entre tous les solitaires après une nuit plutôt paisible, de l’Atlantique Nord au Pacifique Sud. À quelques milles près, ce sont les mêmes distances parcourues pour tous les concurrents, ce qui indique bien qu’il n’y a pas ce dimanche, de grands évènements météorologiques sur le plan d’eau. Presque tout le monde navigue dans des conditions agréables, entre neuf et treize nœuds de moyenne, sur une mer maniable et des températures clémentes. Mais le grand gagnant de ce week-end est bien Armel Le Cleac'h (Brit Air) qui semble être déjà sorti du Pot au Noir, une Zone de Convergence Inter Tropicale (ZCIT) qui ne l’a pratiquement pas ralenti ! L’air de rien, il a grappillé deux cents milles à son prédécesseur Roland Jourdain (Veolia Environnement) sur ce passage toujours assez incertain… Ce dernier est à son tour au large du Cap Vert, dans de bons alizés d’Est qui lui permettent de maintenir son écart face au leader.
Michel Desjoyeaux n’a pas beaucoup de questions à se poser : les conditions sont telles que son dauphin ne peut que suivre sa trace avec 500 milles d’écart.
Ralentissement progressif mais temporaire
Après quarante jours de domination, le skipper de Foncia peut dérouler tranquillement une fin de course qui annonce un vent d’Est qui adonne pour passer au secteur Sud ce dimanche en mollissant, mais ce passage délicat ne devrait pas durer plus d’une journée. Au fur et à mesure qu’il gagne en latitude, Michel Desjoyeaux peut arrondir sa courbe vers Les Sables d’Olonne sur une mer qui se lisse lentement. Mais la semaine prochaine se présente sous d’autres auspices : un autre train de dépressions arrive sur la Vendée et va sérieusement brasser le golfe de Gascogne avec de très forts vents d’Ouest !
Ce n’est pas le même scénario pour les concurrents de l’Atlantique Sud : Marc Guillemot (Safran) est arrivé doucement à s’extraire de la zone orageuse brésilienne et doit passer près de Salvador de Bahia ce dimanche. Le Trinitain est encore assez proche des côtes (60 milles) et navigue dans un alizé très modéré d’Est, tout comme Samantha Davies (Roxy) qui a aussi réussi à retrouver des brises plus établies depuis hier soir. L’hémorragie de milles face à Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) est enfin circonscrite et il semble même que le Britannique a dû fait un arrêt technique en plein milieu de l’océan pour réparer quelque chose, car il y perdu bien des milles sur Dee Caffari (Aviva). Les réparations de la grand voile de l’Anglaise font donc leur effet dans cette brise de secteur Est modérée : quatorze nœuds de moyenne...
Même environnement pour Arnaud Boissières depuis le début du week-end : les brises se sont installées durablement d’Est et Akéna Vérandas peut tracer sa route directement vers l’équateur. Tout comme Steve White (Toe in the water) qui tire un trait rectiligne depuis son passage de l’île des Etats… Pour Rich Wilson (Great American III), le cap Horn s’approche à 350 milles de son étrave et l’Américain doit le franchir lundi dans des conditions météorologiques très maniables. Une situation similaire pour les deux derniers qui filent à une dizaine de nœuds vers l’ultime porte des glaces. En ce onzième dimanche en mer depuis le départ des Sables d’Olonne le 9 novembre dernier, c’est probablement l’un des plus agréables pour tous les solitaires !

samedi 24 janvier 2009 :
Le Village Arrivée
La grande caravane du Vendée Globe reprend la route le lundi 26 janvier et quitte son PC parisien de la Tour Maine-Montparnasse pour rejoindre les Sables d’Olonne qui redeviendra dès lors le centre névralgique de la course. Le Village Arrivée sera officiellement inauguré le 30 janvier à 10h30 tandis que le premier concurrent est attendu en Vendée entre le 31 et le 2 février.
Thompson au charbon
Tandis que l’écart se stabilise entre les deux concurrents de tête, Brian Thompson, en 6e position, était l’homme le plus rapide de la nuit. En compagnie de sa compatriote Dee Caffari, le marin britannique est en train de se rapprocher dangereusement de
Samantha Davies, ralentie depuis trois jours.
Desjoyeaux-Jourdain : écart stabilisé
L’hémorragie des milles qui séparent
Michel Desjoyeaux de Roland Jourdain semble être enrayée ce matin. Calé dans le sillage de Foncia, qui poursuit son cavalier seul dans le nord-ouest du Cap Vert, Veolia Environnement a bien accéléré cette nuit et affichait, poussé enfin par de solides alizés de nord-est, des moyennes de 14 nœuds.
A 150 milles dans le sud de l’équateur, Armel Le Cleac'h, est sensé aborder le pot au noir, un passage qui a piégé son prédécesseur pendant presque 48 heures. Mais comparée aux récits de Roland Jourdain, qui relatait une nuit cauchemardesque coincé sous un grain gigantesque et une pluie diluvienne, la traversée de cette zone tant redoutée semble pour l’instant indolore pour le skipper de Brit Air. Cette nuit, il n’avait pas encore ralenti !
Marc Guillemot et Sam Davies à la recherche du vent perdu
La situation est moins agréable pour les 4e et 5e du classement. Marc Guillemot, fidèle à sa stratégie « côtière », continue de tirer des bords 30 milles au large du Brésil. Une vraie partie de slalom entre les plates-formes de forage et les bateaux de pêche comme en témoignent les images expédiées au petit matin par le skipper de Safran. Les vents thermiques et autres effets de sites recherchés par Marc Guillemot ont un prix : une grosse fatigue générée par une veille constante et l’obligation de manœuvrer au portant. Bien plus au large, la première femme de ce Vendée Globe n’est pas mieux servie, bien au contraire. Depuis trois jours, Marco et Sam, coincés entre lignes de grains et dorsale anticyclonique, sont en recherche de vent et de vitesse. Résultat : une nette bien que discrète remontée de leurs poursuivants.
Brian à l’attaque
Brian Thompson est en effet le plus rapide au pointage de ce samedi matin. Dans des conditions idéales pour faire parler son puissant Barhain Team Pindar, le navigateur Britannique a passé toute la nuit à glisser au largue à plus de 15 nœuds. Il y a une semaine, Brian accusait encore 1000 milles de retard sur Samantha Davies. Ce matin, il n’est plus qu’à 350 milles ! Englué dans une bulle anticyclonique uruguayenne que Brian et Dee ont réussi à éviter, Arnaud Boissières voit ses compagnons de route s’échapper. Ce matin, Akena Vérandas était toujours deux fois moins rapide.
Au large de l’Argentine, tout va bien pour Steve White, dernier de la troupe à évoluer en Atlantique. Hier, Steve a pu enfin choquer les écoutes et progresse à 12 nœuds. Lui aussi opère depuis une semaine une timide mais constante remontée, avec pas loin de 300 milles de gagnés sur Akena Vérandas.
L’actualité est différente pour les trois bateaux qui ferment la marche. Rich Wilson plonge doucement vers le sud pour doubler, d’ici deux jours environ, le mythique cap Horn. Quant à Raphaël Dinelli et Norbert Sedlacek, ils vont devoir infléchir leur route vers le nord pour passer la dernière porte de sécurité Pacifique. Les deux hommes ont franchi ce matin la barre des 7000 milles de retard sur les leaders.

vendredi 23 janvier 2009 :
Place nette
Mich’ Desj’ a fait place nette, tout comme Bilou devant Armel. En ce 75e jour de course, jamais les écarts n’ont été aussi importants depuis le départ de ce Vendée Globe. Il est loin le temps du convoi compact et homogène où l’on pouvait assister à des croisements torrides entre deux concurrents au milieu de l’Atlantique !
535 milles entre Foncia et Veolia Environnement, puis 507 pour arriver jusqu’à Brit Air et encore 941 de plus pour trouver Marc Guillemot qui n’est pas loin de poser sa serviette sur les plages brésiliennes, tant il s’est approché de la côte pour y capter des vents thermiques. A moins d’un bouleversement météo aussi soudain qu’improbable, à moins d’un gros pépin technique que personne de souhaite, on ne voit pas très bien ce qui pourrait révolutionner cette hiérarchie.
Restent quelques mini régates éparpillées sur deux océans : le duel qui oppose Marc Guillemot à Samantha Davies, le ménage à trois entre Brian Thompson, Dee Caffari et Arnaud Boissières et le pas de deux des retardataires Sedlacek et Dinelli.
Mais pour Michel Desjoyeaux, Roland Jourdain, Armel Le Cléac’h, et beaucoup plus loin pour Steve White et Rich Wilson, tout le travail dès à présent, consister à faire marcher la monture, peaufiner ses trajectoires et préserver le matériel.
Aussi faut-il s’attendre à des arrivées relativement espacées en Vendée, avec des écarts de deux ou trois jours pour le tiercé de tête. Pour l’instant, l’heure estimée d’arrivée calculée quotidiennement par Météo France, n’a pas bougé d’un iota. Le vainqueur de cette édition est toujours attendu entre le 31 janvier 01heure et le 2 février à la même heure.
Trois semaines après l’arrivée de Temenos II (Dominique Wavre ) à Fremantle (Australie), le plan Owen Clarke a été chargé sur un porte container en route pour la Malaisie. Le monocoque sera ensuite chargé sur un second cargo qui partira pour Le Havre fin janvier. « Avec les équipes de Mike Golding et de Loïck Peyron, on a choisi de mettre nos forces en commun. C’est ainsi que le "Gitanover" a vu le jour ! Tous ensemble on se consacrait à un bateau puis l’autre, ça nous a permis d’être beaucoup plus efficace. On a effectué un gros travail de démontage et de préparation en vue du chargement des bateaux. Les bateaux vont effectuer un demi-tour du monde, on a essayé de les protéger au maximum avec des étuis, des bâches, des mousses de protection. ?Le chargement à bord du Maersk Garonne s’est très bien passé, les dockers australiens ont pris le plus grand soin de nos bateaux.?Le bateau va arriver au Havre le 15 février, le mât et la coque seront chargés sur deux camions et regagneront La Rochelle en convoi exceptionnel. »

jeudi 22 janvier 2009 :
La loi de Murphy
Les orages sont au programme pour tous les solitaires qui sont dans l’Atlantique Sud : autant pour Roland Jourdain qui est toujours dans un Pot au Noir plutôt actif, que pour Armel Le Cleac'h au large de Recife, que pour Marc Guillemot devant Rio et
Samantha Davies au large, et même pour le trio franco-britannique et l’Anglais Steve White.
Faites tomber une tartine et vous constaterez qu’elle va systématiquement retomber du côté beurre, que celui-ci soit salé ou pas… Et ce n’est pas un problème de gravité, de répartition de masse ou d’effet de glisse du support gras : ça marche aussi avec de la confiture ! C’est la loi de Murphy : « si le pire existe, il ne manquera pas de se réaliser. » C’est un peu le scénario qui se profile à l’horizon pour presque tous les poursuivants de
Michel Desjoyeaux (Foncia). Celui-ci déroule désormais tranquillement son sillage vers Les Sables d’Olonne et avec plus de 450 milles de marge sur son dauphin et des alizés qui n’ont pas l’intention de mollir, le delta pourrait rapidement atteindre les 500 milles et plus. Rien ne semble pouvoir freiner le dernier sprint du leader qui va théoriquement ralentir (un tout petit peu) lorsqu’il devra traverser le bout du bout de l’anticyclone des Açores, au large des Canaries. En attendant, c’est un bon alizé de Nord-Est à plus de vingt nœuds qui souffle dans ses voiles, un alizé qui va en plus lentement tourner à l’Est d’ici ce jeudi soir, ce qui permettra au solitaire de faire route plein Nord à plus de quinze nœuds de moyenne !
Orages sans espoir…
Ce n’est pas du tout le même synopsis pour les autres navigateurs : Roland Jourdain (Veolia Environnement) vient tout juste de passer l’équateur, mais a encore une petite demie journée à galérer dans un Pot qui lui colle au tableau arrière. Au fur et à mesure qu’il gagne dans le Nord, le Noir s’étend sur sa route et il lui faut grappiller mille par mille les 70 qui restent avant que les grains ne laissent place à un ciel moins chargé. Perte de terrain et chance de revenir sur le leader qui s’étiole un peu plus… Rien n’est jamais acquis en voile, mais le canevas semble de plus en plus solide : Michel Desjoyeaux devrait conserver un matelas (et pas un oreiller !) de marge s’il n’a aucun avatar technique, facteur par nature impondérable… Quant à Armel Le Cléac’h (Brit Air), les dés ne roulent pas en sa faveur : les alizés sont toujours aussi asthmatiques ! À peine une dizaine de nœuds de secteur Est, mais surtout des masses orageuses qui perturbent le régime et ce, jusqu’à l’entrée du Pot au Noir…
Même motif, même punition : Marc Guillemot (Safran) est lui aussi proche des côtes brésiliennes, là où les bulles d’air chaud s’échappent pour aller rejoindre l’Afrique du Sud… Un véritable rail de dépressions orageuses qui entraîne des grains, des vents erratiques, des pluies diluviennes et… des prises de tête ! La sortie s’annonce laborieuse. Et si Samantha Davies (Roxy) semble s’être sortie du tunnel, il ne faut pas qu’elle pousse trop tôt un soupir de soulagement : après la pluie, vient le beau temps, mais le problème c’est qu’il va faire très beau ! Au point que c’est une dorsale anticyclonique qu’il lui faudra traverser ensuite…
Alors y a-t-il des rescapés dans ce « 24 heures chrono » haletant ? Même pas le « gang des trois » qui s’engluent doucement dans un anticyclone uruguayen ! Petit répit pour Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) et Dee Caffari (Aviva) qui vont profiter d’un petit flux de Sud pendant quelques heures… Avant que la bulle ne les couvre. Et Arnaud Boissières (Akéna Vérandas) va patienter 24 heures pour que cet anticyclone glisse aussi lentement vers le Sud-Est : il pourra ensuite glisser vers le Nord. La vie n’est pas une longue mer tranquille… Sauf pour Michel qui se fait de plus en plus la belle !

mercredi 21 janvier 2009 :
Quelques références

Alors que Michel Desjoyeaux en a fini avec le Pot au Noir, très Sud ces derniers temps, les classements du leader depuis le départ du Vendée Globe donnent un idée plus précise des tranches de parcours où il a sensiblement fait l’écart par rapport à ses concurrents.
Le départ de la sixième édition du Vendée Globe ayant été donné le 9 novembre à 13h02 pour tous les concurrents, les données fournies se référent à un classement quotidien effectué à 11h00. On note ainsi que les écarts entre Michel Desjoyeaux et la tête de flotte ont été les plus importants quelques jours après son deuxième départ des Sables d’Olonne, le solitaire ayant alors 360 milles de retard. Le plus gros retard a été enregistré le 15 novembre lorsque Loïck Peyron était en tête (entre les Canaries et le Cap Vert), avec 671 milles de marge sur Michel Desjoyeaux (alors à Madère), le skipper de Foncia ayant été englué dans le golfe de Gascogne alors que les premiers touchaient déjà les alizés.
Michel Desjoyeaux s’adjuge le leadership le 16 décembre lorsque Jean-Pierre Dick alors premier, percutait un objet flottant qui abîmait sérieusement son safran tribord, Mike Golding reprenant la main quelques heures avant de démâter. Et si depuis cette date, il n’a pas quitté la première place, notons que Roland Jourdain n’a pas non plus laissé à un autre concurrent la position de dauphin ! Il a fallu attendre le passage du cap Horn, le 5 janvier, pour que le delta dépasse les cent milles… Et la plus grande marge entre les deux compères n’a été atteinte que juste avant le passage de Michel Desjoyeaux dans le Pot au Noir, le 19 janvier, avec 462 milles d’écart !
Quelques chiffres sur le parcours de Michel Desjoyeaux
Les Sables-équateur : 13j 15h 41’ (retard sur Loïck Peyron : 1j 06h 43’)
Les Sables-cap Bonne Espérance : 27j 00h 34’ (retard sur Sébastien Josse : 4h 56’)
Les Sables-cap Leeuwin : 37j 07h 23’ (avance sur Roland Jourdain : 50’)
Les Sables-Antiméridien : 43j 23h 33’ (avance sur Roland Jourdain : 2h 55’)
Les Sables-cap Horn : 56j 15h 08’ (avance sur Roland Jourdain : 8h 50’)
Les Sables-équateur : 71j 17h 12’
Écart par rapport au temps du vainqueur du Vendée Globe 2004
Les Sables-équateur 2004 : 10j 12h 13’ (retard de Michel Desjoyeaux : 3j 03h 28’)
Les Sables-cap Bonne Espérance 2004 : 24j 02h 18’ (retard de Michel Desjoyeaux : 2j 22h 16’)
Les Sables-cap Leeuwin 2004 : 36j 11h 48’ (retard de Michel Desjoyeaux : 19h 35’)
Les Sables-cap Horn 2004 : 56j 17h 13’ (avance de Michel Desjoyeaux : 2h 05’)
Les Sables-équateur 2004 : 72j 13h 58’ (avance de Michel Desjoyeaux : 20h 46’)
Les Sables-Les Sables 2004 : 87j 10h 47’ (Michel Desjoyeaux doit arriver avant le 4 février à 23h 55’)

mardi 20 janvier 2009 :
Un autre trou dans la grand-voile de Caffari

Dee Caffari (Aviva) : « On savait que le vent allait arriver et que cela allait durer 24 heures. Cela devrait nous aider en termes de performance. J’ai payé le prix pour avoir essayé de rester en contact avec les gars, car j’ai perdu une autre partie du taffetas, et ma grand-voile est encore plus trouée mais qui sait une ventilation au niveau de la GV pourrait être l’avenir ! Aviva avance majestueusement. Elle a une mission à accomplir. J’ai fait le choix de bien naviguer pendant que nous avons encore une bonne brise afin de rester avec les garçons autant que possible, car je travaille sur le principe que nous devrions toucher des vents plus faibles au même moment et que nous serons ainsi ralentis en même temps. A ce moment-là, je perdrais moins de milles. Je suis contente de pouvoir rester en contact malgré l’état de ma grand-voile. Depuis l’équateur je suis à moins de 100 milles d’Akena et depuis ma rencontre avec Pindar, nous restons bien groupés. Il est incroyable de voir tous ces milles parcourus ensemble. La fête à la fin va être impressionnante ! »
Steve White, 9ème au Cap Horn
Steve White (Toe in the Water) au passage du Cap Horn hier soir :
« Je suis content d’être ici, content d’avoir laissé tous nos soucis derrière nous et d’y être arrivé en bon état. Avant, ce n’était qu’une marque sur les cartes à atteindre aussi rapidement que possible, mais cela mérite bien sa réputation. J’ai 43 nœuds de vent avec des pointes à 58, mais cela a molli un peu. Sur la remontée du plateau continental, c’était incroyable. Des murs d’eau. On remonte une vague et on se heurte contre la suivante tout de suite après. Il y a un sentiment désolant de solitude et cela vous fait penser aux voiles carrées d’autrefois. Cela a dû être affreux dans ces parages et on peut se demander si cela valait vraiment le coup pour un peu de thé. J’ai hâte de retrouver une mer plus calme pour pouvoir accélérer et rattraper ceux de devant. Avec un peu d’espoir ils seront bien ralentis dans le Pot au Noir. » Plus que trois concurrents dans le Pacifique…
Desjoyeaux à l’équateur
Leader depuis 35 jours, Michel Desjoyeaux devrait franchir l’équateur ce mardi sur les coups de 7h du matin. Cette nuit dans le pot-au-noir, son avance a encore fondu de 45 milles sur Roland Jourdain, pointé à 334 milles derrière.
Michel Desjoyeaux (Foncia) est-il sorti de ce satané pot-au-noir avant même de franchir l’équateur ? C’est possible au regard des vitesses de retour à la hausse ce matin (9,9 nœuds). Mais la méfiance reste de mise tant cette zone imprévisible, où la violence des grains n’a d’égal que leur soudaineté (voir photo), peut réserver encore bien des surprises à l’incontestable leader de ce 6e Vendée Globe. A 334 milles au sud, Roland Jourdain (Veolia Environnement) ne se pose pas de questions. En 36 heures, il a repris 160 milles à son compère et ça doit suffire à lui remonter le moral. A 13,3 nœuds de vitesse ce matin, il exploite toujours un alizé conséquent pour grappiller tous les milles possibles sur son adversaire. Pointé à 22 milles de l’équateur à 4h30 mardi, Mich’ Desj’ devrait signer son retour dans l’hémisphère Nord aux alentours de 7h00. En 2004, Vincent Riou avait coupé l’équateur 14 jours avant son arrivée triomphale aux Sables-d’Olonne. Mais le pot-au-noir se trouvait encore sur sa route…
Pour Samantha Davies (Roxy), quatrième au sud de Rio, ce n’est pas le pot-au-noir mais le résultat est le même. La jeune Anglaise lutte depuis plus de 24 heures avec des vents très faibles et affiche une moyenne journalière de seulement 6,5 nœuds. Au même moment, Marc Guillemot (Safran), plus près de la côte brésilienne, conserve une vitesse constante (11,6 nœuds) qui lui permet de revenir à seulement 35 milles de son adversaire (contre 250 il y a 48 heures !). La régate est à peine moins serrée entre le trio Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) / Dee Caffari (Aviva) / Arnaud Boissières (Akena Vérandas) au large de la péninsule de Valdès (Argentine). Sur son bateau de dix ans d’âge, le Français ne peut tenir le rythme imposé par ses concurrents britanniques. Dee Caffari, flashée ce matin à 16,9 nœuds malgré sa grand-voile ajourée, signe une nouvelle fois la plus grande performance en 24 heures.
Enfin Steve White (Toe in the Water) a franchi le Cap Horn lundi soir à 21h30. Mais dans une mer agitée, à plus de 11 milles du cap, l’Anglais n’a pu admirer le mythique rocher qu’il contournait pour la première fois. Il ne reste plus que trois solitaires dans le Pacifique qui devront respectivement patienter une et deux semaines avant de connaître la délivrance des mers du sud. Le doyen américain Rich Wilson (Great American III) précède de 1500 milles le duo de queue Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) / Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch).

lundi 19 janvier 2009 :
Grand écart

Si Michel Desjoyeaux (Foncia) a baissé d’un ton dans sa chevauchée vers les sables d’Olonne, c’est toujours le grand écart avec son camarade de jeu de Port-la-Forêt, Roland Jourdain (Veolia Environnement) qui n’a eu lui-même de cesse que de creuser avec son poursuivant Armel Le Cleac'h (Brit Air). Pour d’autres, c’est leur différentiel de vitesse qui les distingue. Sam Davies (Roxy) a battu, hier au soir, ses records de lenteurs quand Marc Guillemot (Safran) filait ce matin à plus de 16 nœuds.
Ils vont bientôt cesser de naviguer la tête en bas, pouvoir regarder les siphons de leur évier se vider dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, voir le soleil de midi dans leur sud. Toute une série de détails qu’ils avaient finis par oublier depuis deux mois qu’ils se promènent dans l’hémisphère austral. Le passage de l’équateur, s’il a un caractère symbolique évident annonce surtout l’une des deux dernières difficultés à négocier avant l’arrivée en Vendée. Il y a fort à parier que les navigateurs du Vendée Globe sont plus préoccupés par les caprices du pot-au-noir que par le fait de voir à nouveau les chiffres des latitudes croître à nouveau sur leur compteur. D’autant que celui-ci s’annonce hors norme cette année : positionné usuellement aux abords du 5ème ou 6ème degré nord, il semble s’étendre jusqu’aux limites de l’hémisphère sud et manifeste un caractère anormalement actif aux longitudes de la flotte sur le chemin du retour. Il reste que le matelas que chacun des trois premiers possède sur son poursuivant immédiat devrait leur permettre de gérer ce passage sans trop d’inquiétudes. Il s’agira plutôt d’être prudent, de ne pas se faire piéger par une brusque montée des vents sous un grain, accepter de perdre quelques milles en jouant la sécurité plutôt que la gagne.
La fin du Pacifique pour Steve White
Ce qui disparait peu à peu du quotidien des solitaires, ce sont ces écarts de route forcés qu’ils ont subi dans les mers du sud quand, emporté par une vague un peu plus puissante que les autres, le bateau partait en survitesse et finissait sur la tranche… Les petits écarts de conduite restent dans l’ordre du plus que raisonnable, quand on fait une entorse à son régime ascétique pour s’offrir un verre d’une bonne bouteille où que l’on abandonne les règles monastiques qui président aux journées pour s’offrir une petite douceur, telle la tablette de chocolat retrouvée par hasard au gré d’un rangement du bateau. Restent sûrement quelques écarts de langage quand tombe un classement particulièrement décevant où que l’on a raté une manœuvre pourtant répétée cent fois… La course au large suppose aussi quelques petites contrariétés. Toujours pas d’écarts significatifs en tous les cas, entre Arnaud Boissières (Akena Vérandas), Brian Thompson (Bahrain team Pindar) et Dee Caffari (Aviva). Ces trois-là vont avoir des histoires à se raconter dans les bars de La Chaume et nul doute qu’ils sauront trouver le langage adéquat pour le faire. Steve White (Toe in the water) s’apprête, quant à lui, à faire route vers le nord après le passage du Horn. Enfin, Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) et Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) ont trouvé la vitesse de croisière qui convient à leur navigation collée-serrée. Pour eux, le Horn est encore loin. Quand ils franchiront le Cap Dur, il y a de fortes chances que le Vendée Globe ait déjà consacré son nouveau roi. Un océan d’écart, c’est parfois un monde.

dimanche 18 janvier 2009 :
421, les dés sont jetés
421 milles, c’est le nouvel écart entre
Michel Desjoyeaux (Foncia) et Roland Jourdain (Veolia Environnement). A ceux qui supputaient des soucis techniques à partir des faibles vitesses de Foncia tout au long de la remontée de l’Atlantique Sud, le leader de la course depuis maintenant 33 jours apporte un démenti cinglant : à la manière du personnage, sans précautions oratoires particulières avec ce mélange de confiance et de capacité d’analyse. En ce dimanche 18 janvier, la tentation est grande de considérer que la messe est dite.
Jean de la Fontaine doit se retourner dans sa tombe : le lièvre Desjoyeaux est en train de manger tout cru les tortues rescapées de ce Vendée Globe 2008-2009. Même si son retour aux Sables d’Olonne n’avait rien d’une partie de campagne dans la luzerne, « Miche » n’a eu de cesse depuis, de naviguer un cran au dessus de la concurrence et d’avaler mille après mille jusqu’à prendre le pouvoir dans l’Océan Indien pour ne plus le lâcher par la suite. 421 milles, c’est plus d’une journée de mer, un monde quand tout est sous contrôle, une poussière en cas de pépin. Ses concurrents commencent à en convenir eux-mêmes : seuls des soucis techniques pourraient maintenant faire que leur copain de Port-la-Forêt n’empoche pas la mise aux Sables d’Olonne. Et la question n’est visiblement pas à l’ordre du jour.
Ateliers de réparation
Derrière le patron, la flotte s’étale maintenant des côtes du Brésil aux portes du Pacifique. Les plus à l’ouest, Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) et Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) semblent se tenir à leur pacte de collaboration. Les deux navigateurs sont séparés de 0,7 milles seulement et adaptent visiblement leur vitesse l’un à l’autre. Qui va doucement, va sûrement : une chose est certaine, la navigation en convoi n’est sûrement pas le meilleur aiguillon pour tenir des vitesses élevées. Steve White (Toe in the water) a dû, lui aussi, ralentir aux abords du cap Horn. Le navigateur britannique a quelques soucis de rail de grand-voile et attend une accalmie pour réparer et retrouver des vitesses plus conformes aux impératifs de la course au large. Dee Caffari (Aviva) s’apprête à ravauder sa grand-voile : une opération complexe puisque la navigatrice va devoir affaler de nouveau au quatrième ris, étaler les surfaces endommagées dans son cockpit et coller, par dessus les zones les plus abîmées, des pièces découpées dans une de ses voiles d’avant. Pour finir un Vendée Globe, il faut savoir faire tous les métiers : mécanicien de fortune, maître voilier, technicien composite, électronicien, l’éclectisme est devenu une des vertus cardinales du parfait circumnavigateur…
Grand-voile affalée pour Steve
"Tout va bien à bord, mais mon chariot de têtière est cassé et j’ai dû affaler la GV, ce qui explique mon ralentissement. Il est coincé au niveau des barres de flèche, et je ne peux pas monter là-haut pour le moment pour des raisons évidentes......." Steve White, Toe in the Water
Punition pour Rich Wilson
"Le bateau subit une vraie punition avec une mer croisée et des creux de sept mètres. Le mouvement du bateau est violent, ce qui rend la vie dangereuse sur le pont et également dangereuse à l'intérieur. Il faut s'accrocher tout le temps. J'ai modifié l'angle de la quille pour que le bateau retombe sur son flanc plutôt que sur son fond et cela semble le soulager. Avant d'entrer dans le compartiment il fallait mettre le casque, car j'aurais pu voler dans cet espace. Je n'ai dormi que deux heures depuis 40 heures, car j'étudie les instruments afin d'essayer de trouver les moyens de faire face à cette offensive. La mer est énorme et désordonnée et régler les voiles ne change en rien cela." Rich Wilson, Great American III, dans son carnet de bord hier soir

samedi 17 janvier 2009 :
Rendez-vous dans le Pacifique
Raphaël Dinelli et Norbert Sedlacek, les deux derniers marins en course, se sont donné rendez-vous au milieu du Pacifique Sud, à moins de 70 mètres l’un de l’autre. A 6670 milles devant eux, Michel Desjoyeaux a enfin touché les alizés, accéléré et augmenté son avance de 60 milles en 24h sur Roland Jourdain. Brian Thompson, Arnaud Boissières et Dee Caffari semblent sortis indemnes de la violente tempête du Cap Horn.
Samedi, jour de répit
Tout vient à point pour qui sait attendre. Depuis plusieurs jours, Michel Desjoyeaux attendait de pouvoir toucher les alizés qui allaient le propulser vers l’équateur. C’est bel et bien fait depuis cette nuit : Foncia file maintenant à plus de quatorze noeuds de moyenne et creuse à nouveau l’écart. Le trio du Horn est définitivement à l’abri de la dépression tempétueuse et peut se concentrer à nouveau sur sa route. La tension tombe, on décompresse, c’est le week-end.
Francis Joyon disait à l’issue de son tour du monde : « la nature m’a laissé passer… » A l’heure où Thomas Coville arrive à Brest sans avoir pu déloger le menhir trinitain de son trône, malgré un parcours en tous points remarquables, les trois rescapés du Horn doivent se dire qu’au final la mer a été bonne fille. Tous trois filent actuellement à bonne allure vers le nord poussés par des vents de sud-ouest, forts mais maniables. Comble de bonheur, la situation devrait leur permettre de recoller légèrement Marc Guillemot (Safran) et peut-être même Sam Davies (Roxy). Les deux navigateurs butent actuellement sur une zone de transition et doivent composer avec des vents variables faibles. Plutôt que de profiter du soleil et de goûter le charme des chaleurs retrouvées, le week-end risque pour eux d’être un peu occupé, comme quand on a des étagères à poser à la maison et que l’on n’a qu’une envie, c’est de paresser sous la couette.
Roland Jourdain (Veolia Environnement) comme Armel Le Cleac'h (Brit Air) vont devoir prendre leur mal en patience et accepter de voir Foncia creuser l’écart. Au classement de 11h (TU+1), l’inamovible leader de la course comptait déjà plus de 350 milles d’avance sur Bilou et plus de 800 sur Armel. Les écarts devraient logiquement continuer de se creuser jusqu’à lundi matin où Foncia devrait subir un léger ralentissement quand ses poursuivants pourraient espérer grappiller quelques milles. Pas de quoi, néanmoins inquiéter un meneur de revue bien installé à l’avant-scène. Après avoir bataillé toute la semaine pour essayer de revenir au contact, les deux dauphins de Michel doivent bien convenir qu’il n’y a rien d’autre à faire que de laisser les choses suivre leurs cours. Le samedi parfois, il est urgent d’attendre la fin du week-end.

vendredi 16 janvier 2009 :
Longues heures d’attente
Autour du Cap Horn, le trio de navigateurs Thompson/Boissières/Caffari fait le dos rond au passage d’une violente tempête sur la pointe sud-américaine (voir photo). En tête depuis 31 jours, Michel Desjoyeaux maintient son avance aux alentours de 270 milles sur Roland Jourdain.
Depuis 16h30 jeudi après-midi, Brian Thompson (Bahrain Team Pindar), 6ème de ce Vendée Globe, a mis sa course entre parenthèses. Arrivé à l’extrémité est de l’île des Etats, il a compris que Neptune ne le laisserait pas passer. Face à des vagues de plus en en plus grosses (7 à 9 mètres de creux) et un vent de nord de force 11 avec des rafales possibles de 70 à 85 nœuds, le skipper britannique, en bon marin, a fait demi-tour pour s’abriter sous le vent de l’île des Etats en attendant que la tempête poursuive son chemin vers le sud-est. Depuis jeudi après-midi, il zigzague donc à vitesse quasi nulle, grand-voile à 4 ris et le tourmentin prêt à l’emploi (plus petites voiles du bord), le long de la côte sud de cette île qui marque la pointe orientale de la Terre de Feu. Derrière lui, Arnaud Boissières (Akena Vérandas) a franchi la longitude du Cap Horn cette nuit à 0h25, à 45 milles dans le sud du rocher. Trop tard pour espérer rejoindre son prédécesseur britannique à l’abri des îles. Du coup, il a opté pour un cap au sud-est afin d’éviter la zone la plus forte de la tempête qui se trouve au nord. Arnaud attend ainsi la rotation du vent au sud-ouest pour reprendre sa route vers l’arrivée. Autre stratégie pour Dee Caffari (Aviva). Handicapée par une grand-voile endommagée (voir photo), la Britannique progresse tout doucement à 45 milles dans le sud-ouest du Cap Horn. Elle attend sûrement elle aussi que le vent redevienne portant dans la journée de vendredi pour franchir le mythique rocher. Mais une fois le pire de la tempête passé vendredi, le fort vent de sud-ouest combiné avec la mer croisée (houle de nord et vagues de sud-ouest) rendront encore la navigation délicate pendant quelques dizaines d’heures. Vivement dimanche…
Changement de décor en tête de course Michel Desjoyeaux (Foncia), sous les tropiques, poursuit son cavalier seul devant son ami Roland Jourdain (Veolia Environnement). A 250 milles au large de la ville brésilienne de Porto Seguro, où débarquèrent les premiers explorateurs portugais en 1500, il poursuit sa remontée plein nord vers l’équateur, à 1000 milles devant son étrave, l’équivalent de quatre à cinq jours de navigation. En troisième position, Armel Le Cleac'h (Brit Air) est ralenti par des vents de nord qui le contraignent à naviguer au près dans une mer formée. Ambiance rodéo garantie ! Pour une partie de la flotte, cette remontée de l’Atlantique ressemble sérieusement à une longue ascension…
Jean et Vincent sont dans un bateau
Vincent Riou et Jean Le Camétaient ensemble de passage à Paris pour revenir sur le chavirage de Jean et son sauvetage par Vincent. Des premières heures de l’accident à leur arrivée à Ushuaia, morceaux choisis de la conférence de presse donnée au PC Course, ce jour. (voir photo) la conférence ici
Le chavirage
Jean Le Cam : « je venais juste d’empanner pour filer bâbord amures vers le Horn. Pile poil au bon moment, juste au moment où le vent venait de basculer. J’étais super content. Vincent m’appelle au téléphone, on commence à discuter et là je sens un choc. Derrière, le bateau commence à avoir une attitude bizarre. Je crie et je donne ma position à Vincent… »
Vincent Riou : « en fait, la communication coupe juste au moment où il crie. Je ne savais pas trop si c’était parce que le bateau était parti au tas, mais j’avais quand même un mauvais pressentiment. Trente minutes plus tard, je reçois l’appel de la direction de course qui me demande de me dérouter… »
Jean Le Cam : « quand le bateau a commencé de chavirer, j’ai tenté de fermer les portes. J’ai réussi à en fermer une, pas la deuxième. J’ai tout de suite sauté sur ma TPS (combinaison de survie) et sur un sac de vêtements enfermés dans un sac étanche. A l’avant, j’avais un endroit plus ou moins sec. Je revenais de temps en temps à l’arrière pour récupérer une caisse de nourriture, de l’eau, mon pouf, une couverture de survie… Je faisais mon petit marché ! »
L’attente
Jean Le Cam : « quand j’ai entendu l’avion me survoler, j’ai su que j’étais repéré. J’étais rassuré… je savais que le temps jouait pour moi. Quand Vincent est arrivé ensuite et que j’ai entendu sa voix, je me suis dit dans un premier temps que je rêvais. Au deuxième coup, je n’ai plus eu de doute. Ce sont des situations où il faut être sûr du coup : c’est oui ou c’est non, ce n’est pas peut-être. »
Vincent Riou : « le temps de descendre sur la position de jean, j’avais préparé du matériel : des trucs à lancer sur la coque de Jean pour me faire reconnaître, une amarre avec une pomme de touline au bout. J’avais bien un lance-amarre, mais je ne voulais pas trop l’utiliser, je sais à quel point ce genre d’engin peut être imprécis… »
Fusée de détresse
Vincent Riou : « une fois que je suis arrivé, il fallait que je sache s’il allait bien. Je suis passé à côté, j’ai crié… Crier c’est bien mais il faudrait avoir quelque chose qui fasse du bruit. Après il s’est signalé par un petit drapeau par le passe-coque. Il nous a même fait un spectacle pyrotechnique, une fusée parachute par un passe-coque, c’est balèze. J’ai même eu un peu peur ! ça aurait très bien pu finir dans la grand-voile de PRB ! Je me suis dit, il sait que je suis là… S’il décide de sortir, il faut que je sois à côté. J’ai commencé à tirer des bords à proximité le temps qu’Armel arrive. »
Jean Le Cam : « L’histoire de la fusée, c’est terrible. Je regarde la fusée. C’est écrit en tout petit, c’est pratique. Il y aurait des trucs avec des signes simples et idiots, comme on est dans ce genre de cas… Quand il y a trois pages écrites sur une fusée avec un diamètre comme ça, la seule crainte qu’on a c’est de se faire éclater en utilisant des trucs de la pyrotechnie… J’en avais trouvé une avec des trucs lisible, une grosse flèche, j’ai dit celle-là, elle me va bien ; avec un coup de pot c’est peut-être le diamètre du passe coque de speedo. Et là, c’était diamètre pour diamètre, mais ça ne rentrait pas dans le passe coque. Quand tu mets la fusée à l’entrée du passe coque, il ne faut pas mollir. Si tu dévies un peu, tu vois le truc ! J’ai tiré la fusée, mais une fusée, ça dégage de la fumée. A l’intérieur de VM, il y avait de la fumée partout et je me suis dit : maintenant t’arrêtes tes c…, le petit pavillon ça suffit. »
Le passage du Horn
Jean Le Cam : « J’ai fait un film. J’ai dit à Vincent, ce n’est pas possible. Quatre ans auparavant, on était concurrents et là, on se retrouve sur PRB, les deux, en train de passer le Cap Horn. Là, j’ai dit, on va passer tout à côté du Cap Horn. Le dernier coup j’étais passé de nuit, avec Tabarly on était bien au large, je lui dis, on va passer à côté. C’est moi le metteur en scène en plus… C’est quand même une situation complètement exceptionnelle. Tu veux l’écrire cette histoire, tu n’y arrives pas. Forcément, je perds mon lest au Cap Horn ; évidemment, c’est Vincent qui vient me récupérer. Evidemment, il y a quatre ans, on est concurrents ; évidemment on passe le cap Horn ensemble… Evidemment on démâte vingt-quatre heures après. On se retrouve bloqués au Chili. »
Vincent : « Pour notre bien psychologique, il fallait tourner ça à la dérision. On a fait ça très bien, on a bien rigolé. C’était prioritaire de regarde les choses simplement, de prendre du recul. Ce qui était important, c’était qu’on soit là tous les deux, il fallait en profiter. »

jeudi 15 janvier 2009 :
L’effet accordéon
Michel Desjoyeaux a repris une trentaine de milles dans la nuit sur son principal adversaire, Roland Jourdain. Exténué par sa réparation, Marc Guillemot a quitté son mouillage mercredi soir après une escale de sept heures aux Malouines.
Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) a doublé le Cap Horn ce matin à 4h15. La flotte de concurrents encore en course est désormais scindée en deux, entre Atlantique et Pacifique. Six solitaires remontent vers Les Sables d’Olonne quand six autres rêvent de Cap Horn et de retour dans un océan plus clément. Pour Arnaud Boissières (Akena Vérandas) et Dee Caffari (Aviva), les deux prochains candidats au passage du cap cet après-midi et ce soir, la symbolique du Horn ne sera pas synonyme de soulagement à cause d’une tempête qui les attend vers l’île des Etats. Plus au nord, devant des spectateurs insolites répartis sur un bateau de pêche, un petit cargo et un paquebot, Marc Guillemot (Safran) a salué de loin les Malouines après une réparation exténuante de son rail de mât. Les douze travaux de Guillemot n’entament pas la motivation du marin trinitain qui a passé plus de quatre heures perché dans son mât avec 30 nœuds de vent. Sans parler du froid qui règne dans ces latitudes. Dans ces conditions, le moindre geste est une épreuve…
En tête depuis maintenant 30 jours, Michel Desjoyeaux (Foncia) a repris – comme il l’avait prévu – une trentaine de milles cette nuit sur son plus tenace adversaire Roland Jourdain (Veolia Environnement). Mais Jourdain n’a pas eu besoin semble-t-il d’enchaîner les virements de bord pour traverser la dorsale anticyclonique qui avait tant ralenti Mich’ Desj’ hier. Derrière le duo de tête, Armel Le Cleac'h (Brit Air), après une journée à batailler dans les petits airs, a enfin touché les alizés de Sainte-Hélène. Les chaleurs tropicales ne sont plus qu’une question d’heures…
Alerte météo
Une tempête exceptionnelle doit passer la nuit prochaine sur le Cap Horn et engendrer localement (dans le détroit de Le Maire notamment) des rafales de vent jusqu’à 85 nœuds ! Pour Brian Thompson, Arnaud Boissières et Dee Caffari, l’objectif sera de se mettre à l’abri sous le vent de la Terre de Feu.
« Sur les trois derniers mois, c’est la première dépression aussi grosse dans les parages » avoue Sylvain Mondon de Météo France. « Il y avait longtemps qu’on n’avait pas vu ça sur une course au large. C’est le genre de dépression qui a obligé l’année dernière Gitana 13 à se mettre à l’abri pendant cinq jours lors de son record New York-San Francisco. » En clair, cette dépression très creuse de Force 11 génèrera localement dans sa moitié nord des rafales de 70 à 85 nœuds avec des creux jusqu’à 11 mètres. Ce n’est donc pas au passage du Cap Horn en lui-même que le danger sera le plus élevé, mais au niveau de l’île des Etats dont le détroit de Le Maire s’annonce infranchissable. Pour Sylvain Mondon, la seule solution pour les trois marins dans les parages consiste « à rejoindre un abri sous la Terre de Feu lorsque le vent soufflera de nord, puis faire route lentement vers le large de l’île des Etats après la bascule au sud-ouest en laissant partir la dépression devant. » Brian Thompson a franchi le Cap Horn ce matin à 4h15 avec seulement 6 nœuds de vent et dispose de temps pour décider de sa stratégie. Pour Arnaud et Dee, qui ne passeront le Cap Horn que ce soir, le timing est nettement plus serré.
Sisyphe navigue
Faire et défaire… Se dire qu’on en a peut-être fini et devoir remettre du cœur à l’ouvrage. La vie des navigateurs du Vendée Globe est ponctuée par ces épreuves qu’il faut affronter de nouveau quand on pensait s’ouvrir de nouveaux horizons. Arnaud Boissières (Akena vérandas), Dee Caffari (Aviva) et Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) se préparent à affronter une forte tempête venue du Pacifique alors qu’ils auront juste passé le Horn (voir photos des voiles de Dee). Marc Guillemot (Safran), malgré six heures d’escales aux Malouines, n’a pu réparer la totalité de son rail de grand-voile quand Roland Jourdain (Veolia Environnement) voit son compagnon d’échappée lui reprendre à nouveau des milles.
Il faut avoir la foi chevillée au corps pour ne pas baisser les bras par moments… Alors qu’ils espéraient en avoir fini avec les coups de vent des mers du sud, le trio franco-britannique en approche du Cap Horn s’apprête à vivre une forte tempête. Selon Météo France, ce sont des vents moyens de secteur nord de 55 nœuds, avec rafales possibles à 80, qui marqueront leur entrée dans l’Atlantique. Sylvain Mondon depuis le centre de prévision de Toulouse l’annonçait : « Le Détroit de Lemaire sera, quoi qu’il advienne, impraticable… » A la mer du vent, viendra s’opposer une houle d’ouest puissante qui pourrait lever des creux de 9 à 12 mètres. On comprend mieux le choix de Dee Caffari et d’Arnaud Boissières de ne pas tenter le diable et de venir naviguer à l’abri des îles au plus vite, dès le Horn franchi. Brian Thompson, quant à lui, au regard des informations qui lui ont été fournies par la direction de course et des prévisions de Météo France, a fait le choix de revenir s’abriter sous le vent de la Terre de Feu de manière à trouver une mer plus maniable. Une prudence indispensable au vu de l’intensité du phénomène météo attendu. Il reprendra sa route après le passage du système perturbé. Pour ces trois-là, les heures d’attente risquent d’être longues et il y a fort à parier qu’ils aimeraient bien être plus vieux de quelques quarante-huit heures. Le franchissement du Horn n’est pas toujours une délivrance.
Marc Guillemot, est reparti des Malouines après une escale éclair sur un coffre de Port Stanley. En six heures de temps, le navigateur trinitain a du entreprendre quatre ascensions successives de son mât pour réparer son rail de grand-voile. Pour un résultat finalement inférieur à ses espérances : compte tenu des dégâts occasionnés, il aurait fallu pouvoir déboulonner la partie supérieure de son rail entre le premier ris et la tête de mât et la fixer un étage plus bas. Une opération qui aurait demandé trop de temps pour Marco, pressé de repartir à la chasse à la Sam Davies (Roxy). Et le monocoque gris souris de repartir en solitaire des Malouines sous le regard incrédule des passagers d’un paquebot (voir photo), venus chercher leur visa pour le Cap Horn. Les deux solitaires bénéficieront provisoirement d’un vent de sud-ouest qui les propulsera à bonne vitesse vers le nord, avant de retrouver les allures de près. Faire et défaire…

mercredi 14 janvier 2009 :
A chaque jour, suffit sa peine
Beaucoup de solitaires ont des raisons d’espérer ce matin. En tête de flotte, les deux leaders devraient voir le bout du tunnel de Sainte-Hélène d’ici peu de temps, quand les concurrents en approche du Cap Horn ont droit à une pause bienvenue après les très forts vents subis ces dernières heures. Enfin, Marc Guillemot (Safran) est en approche des îles Malouines où il espère pouvoir réparer son rail de grand-voile.
Prendre les choses dans l’ordre où elles viennent. Ne pas chercher à forcer le destin. Qu’il s’agisse des navigateurs aux portes du Cap Horn ou des premiers englués dans les calmes de Sainte-Hélène, la navigation en bon marin, comme on dit dans les livres, suppose avant tout une capacité à ne pas se laisser dépasser par les événements. C’est en quelque sorte ce que résume Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) au plus fort de la tempête qu’il affrontait comme Dee Caffari (Aviva) et Arnaud Boissières (Akena Vérandas). Le plus dur reste l’attente : une fois que le vent est rentré, on peut avoir des moments d’inquiétude, mais on est dans l’action. On a l'occasion de valider les choix qu'on a du faire auparavant quand le gros temps menaçait. Et Brian d’avouer même qu’il prenait un certain plaisir à dévaler les vagues comme s’il était sur une planche de snowboard de 60 pieds dans la poudreuse… Pour Dee Caffari, cette dernière tempête aura été fatale à sa grand-voile. La navigatrice britannique doit naviguer avec quatre ris et ne sait pas encore quelle solution de rechange envisager. Car remonter l’ensemble de l’Atlantique avec un bateau notoirement sous-toilé peut vite tourner au calvaire. C’est d’ailleurs bien ce qui motive Marc Guillemot, qui se trouvait au classement de 5h (TU+1) à une petite dizaine de milles sous le vent de l’archipel des Malouines. Marc devrait, dans les heures qui viennent, entamer son approche et chercher une baie abritée pour faire sa réparation de rail de grand-voile. Pendant ce temps, à l’arrière de la flotte, Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) et Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kasch) semblaient retrouver un rythme de navigation plus conforme à leurs objectifs de progression.
Langueurs monotones
En tête de course, c’est encore le régime des petits airs qui domine. Michel Desjoyeaux (Foncia) tente de contenir le retour de Roland Jourdain (Veolia Environnement) à qui le travail d’atelier semble avoir donné des ailes. En 24 heures, Bilou a repris 70 milles à son compère de Port-la-Forêt. Les deux naviguent dans des vents variables et relativement faibles, mais devraient d’ici peu retrouver des régimes plus stables. Il ne serait donc pas étonnant de voir l’accordéon s’étirer alors dans l’autre sens. Mais parfois le temps peut sembler long : quand on a goûté aux plaisirs de la survitesse, voir sa progression rester obstinément en deçà des dix nœuds de moyenne peut vite avoir un caractère frustrant. Dans ce type de conditions, il s’agit de ne pas se mettre martel en tête, de continuer de naviguer proprement, de prendre du repos… Ce n’est pas l’heure de se mettre en surrégime, il reste encore plus de quinze jours de mer sous haute tension. Armel Le Cleac'h (Brit Air) marque le pas après sa remontée des derniers jours : il subit lui aussi les calmes de l’anticyclone de Sainte-Hélène. A bord de Roxy, Sam Davies est toujours gratifiée de la meilleure moyenne de la flotte atlantique. Et pourtant, la demoiselle a du lutter contre du kelp (sortes d’algues filamenteuse géante) qui freinait la progression de son bateau. Et comme il vaut toujours mieux voir le bon côté des choses, Sam se réjouissait de n’avoir pas du se mettre à l’eau pour s’en débarrasser. Entre bouteille à moitié vide et moitié pleine, la jeune navigatrice britannique a définitivement choisi son camp.
Safran est reparti des Malouines
Marc Guillemot a quitté son abri aux Malouines ce soir après six heures d’escale pour réparer son rail de mât.
Il est arrivé à Stanley Bay aux Malouines à 11h mercredi matin. Prendre une bouée à la voile en solitaire sur un monocoque de 18 mètres représente déjà un sacré exploit. Grimper dans le mât tout seul pour réparer un rail défectueux en deux endroits différents en moins de six heures en est un autre… Vers 17h15, Marco avait remis les voiles et repris son cap vers le large. La course a repris pour lui avec encore 6588 milles à parcourir avant le bonheur du retour aux Sables. Un océan à remonter en surveillant de près ce rail récalcitrant.

mardi 13 janvier 2009 :
Inextricable
La remontée de l’Atlantique Sud est souvent considérée comme la zone la plus piégeuse du Vendée Globe… Entre la sortie des Quarantièmes et les alizés de Sud-Est, la zone de transition est une des plus complexes à négocier. Les navigateurs doivent jouer avec les excroissances de l’anticyclone de Sainte-Hélène et de petites dépressions orageuses qui viennent perturber le jeu.
Qui pourrait maîtriser les phénomènes de cyclogénèse sur l’Atlantique Sud deviendrait maître es stratégie pour cette partie de parcours entre la latitude des îles Malouines et celle de Salvador de Bahia. Car leur formation est pour le moins imprévisible : sur les hauts plateaux de l’Uruguay et du Sud brésilien, la température au sol crée des conditions propices à une forte instabilité. Par ailleurs, cette instabilité est renforcée par la proximité de la Cordillère des Andes qui provoque des descentes d’air froid. Soit les conditions idéales pour la formation d’affrontements entre masses d’air chaud et d’air froid. Il suffit que le phénomène se déplace sur l’eau pour qu’il soit alimenté en humidité et que se forme immédiatement de petites dépressions orageuses au caractère très actif. Conjugué aux velléités de l’anticyclone de Sainte-Hélène, le passage de ces dépressions provoque des situations au caractère imprévisible, incroyablement changeantes d’un jour à l’autre.
Un matelas plus solide qu'il n'y parait
Visiblement le caractère profondément instable de la météo dans cette zone devrait avoir bénéficié au duo de tête : Michel Desjoyeaux (Foncia) comme Roland Jourdain (Veolia Environnement) ont pu ainsi remonter le long des côtes de l’Amérique du Sud en ne négociant qu’un seul passage de centre dépressionnaire. La situation risque d’être beaucoup plus compliquée pour Sam Davies (Roxy) et Marc Guillemot (Safran) : la formation de plusieurs petits fronts successifs risque de déboucher sur un train de petites dépressions orageuses. Avec au menu des vents qui pourraient varier considérablement en force comme en direction.
Au bout du compte, même si le skipper de Foncia peine à s’extirper des langueurs ectoplasmiques de l’anticyclone de Sainte-Hélène, il pourrait avoir, ici encore, consolidé son petit matelas d’avance. Roland Jourdain devrait, quant à lui, s’en tirer à moindre mal. La situation risque d’être un peu plus complexe pour Armel Le Cleac'h (Brit Air)… Même si Michel Desjoyeaux doit, pour l’heure, faire route plein Est pour récupérer les alizés salvateurs, il risque sauf accident, de repasser rapidement la peau d’âne à ses poursuivants.
Grand-voile déchirée pour Caffari
Marc Guillemot (Safran), qui a franchi le cap Horn hier, devrait arriver aux Malouines demain pour tenter une nouvelle réparation de son rail de mât endommagé. Une intervention d’autant plus complexe qu’il n’a plus d’ancre pour mouiller et devra soit tenter la prise d’une bouée de la Marine britannique, soit se laisser dériver sous le vent de l’île. Derrière, la situation est toujours aussi délicate pour les concurrents encore dans le Pacifique. Notamment pour Dee Caffari (Aviva) qui, en plus de subir l’un des plus gros coups de vent de son tour du monde, déplore désormais la déchirure de sa grand-voile sous le 3e ris. Elle navigue donc désormais avec 4 ris dans la grand-voile. Pour l’instant, sa préoccupation est de franchir le cap Horn dans la tempête. Elle réfléchira plus tard aux possibilités de réparer. Les deux derniers jours avant le Horn s’annoncent en effet exceptionnellement musclés pour Brian Thompson (Bahrain Team Pindar), Arnaud Boissières (Akena Vérandas) et Dee Caffari. Pour ces trois-là, le passage du mythique rocher sera véritablement synonyme de libération…

lundi 12 janvier 2009 :
La peau de l'ours

Rien ne sert de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. La tentation serait quand même grande pour certains de commencer à se projeter vers un avenir de moins en moins incertain. En tête de flotte,
Michel Desjoyeaux (Foncia) conforte sa place de leader quand Roland Jourdain (Veolia Environnement) s’avouait particulièrement content de la tenue de son chantier d’hiver. Sam Davies (Roxy) goûte à plein son bonheur de cap-hornière nouvellement adoubée quand Marc Guillemot (Safran) va s’offrir son premier passage du caillou en solo. Il reste que pour tous la prudence est plus que jamais de mise.
La course au large est faite de cette alternance de moments de fortes tensions et de périodes de rémission où l’on s’aperçoit que l’on peut desserrer une étreinte que l’on n’avait pas toujours senti venir… En tête de flotte Michel Desjoyeaux, qui ne cesse de creuser l’écart sur son pote de Port-la-Forêt, Roland Jourdain doit forcément se dire que les statistiques commencent à jouer en sa faveur. A près de 5000 milles de l’arrivée, il a constitué un petit matelas d’avance de près de 300 milles. Soit un gain de plus de 5%, eu égard à la route qu’il reste à parcourir : ce n’est pas encore le Klondike, mais nombre de rentiers s’en contenteraient. « Bilou » quant à lui, peut d’ores et déjà se satisfaire de voir son bateau en état de naviguer proprement : après des heures de chantier à malaxer du carbone, il a terminé son boulot. Du travail d’artisan, bien fait, sans fioriture, mais qui devrait lui permettre de rallier la ligne d’arrivée sans encombre et qui sait, si les circonstances s’y prêtent, rester en lice pour la victoire finale ? Armel Le Cleac'h (Brit Air), pour sa part, est bien accroché à son fauteuil de troisième et seules des circonstances exceptionnelles pourraient le déloger du podium. Mais comme chacun sait, une régate n’est jamais terminée tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie ; récemment, Michel Desjoyeaux avait beau jeu de rappeler qu’il ne tenait pas à rallonger la litanie des concurrents du Vendée Globe qui avaient vu leur marche en avant s’arrêter aux portes du Golfe de Gascogne.
Terre promise
Pour tous ceux qui naviguent encore dans le Pacifique, le Cap Horn constitue la prochaine marche à franchir. Ce devrait être chose faite d’ici quelques heures pour Marc Guillemot qui continue d’afficher des moyennes impressionnantes malgré ses trois ris dans la grand-voile. Pour lui, la délivrance viendra réellement après les Malouines quand il aura pu réparer son rail de grand-voile endommagé. Jusqu’à cette échéance, une prudence de bon aloi reste de mise. Une remontée de l’Atlantique sans pouvoir utiliser le potentiel de son bateau aurait des allures de pensum… Même circonspection pour Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) qui espérait que les multiples travaux de bricolage de l’handicaperait pas face aux ambitions du couple franco-britannique, Dee Caffari (Aviva) – Arnaud Boissières (Akena Vérandas), même si l’un comme l’autre ont leur part de petits soucis. Pour Cali, il s’agit d’anticiper une remontée de l’Atlantique sans son solent déchiré à l’entrée des mers du sud, quand Dee devra composer avec une grand-voile qui continue de se délaminer dangereusement. Si pour Steve White (Toe in the water) et Rich Wilson (Great American III), le Pacifique rime avec répit en cette journée de lundi, Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) et Norbert Sedlacek (Nauticsport - Kapsch) s’apprêtent à vivre des heures particulièrement difficiles. Ces deux-là se sentent plutôt dans la peau de l’ours aux prises avec la violence du Pacifique et quoi qu’il advienne, n’ont aucune envie de se faire dépecer.
Jonny Malbon (Artemis) vient d’accoster à Auckland. Il devrait être rejoint dans la journée par Jean-Pierre Dick (Paprec – Virbac 2). Le navigateur niçois sera accueilli par trois membres de son équipe technique et s’est d’ores et déjà assuré du soutien logistique de Bruno Troublé, organisateur de la Louis Vuitton Cup en Nouvelle-Zélande.
C’est l’antienne des retours maussade au bureau quand on sait que la semaine va être pénible. « Comment va ? Bof, comme un lundi… » Les employés de la grande fabrique Vendée Globe devraient quasiment tous être soumis au même régime pour ce début de semaine. Tous sauf le boss qui se frise les moustaches…
Déprime et dépression. La flotte du Vendée Globe n’en a donc pas fini avec les régimes perturbés. Dernière en date, la petite dépression orageuse qui s’est formée sur le Brésil touche de plein fouet Roland Jourdain (Veolia Environnement) qui affronte actuellement des vents forts de nord-est. A la mer formée, s’ajoutent des grains pouvant monter jusqu’à 50-60 nœuds. Pas vraiment l’idéal quand il s’agit de tester une réparation de fortune et que l’on n’a pas encore pu valider totalement la solidité du travail effectué. Cette même petite dépression devrait ensuite affecter Armel le Cléac’h (Brit Air) qui sera soumis au même régime de douche écossaise. Seul Michel Desjoyeaux (Foncia) à la faveur de son petit décalage dans le nord devrait échapper aux caprices de cette petite perturbation particulièrement active. Et continuer de creuser l’écart…
Cap Horn, cap dur
Pour tous ceux qui sont dans le Pacifique et particulièrement Arnaud Boissières (Akena Vérandas), Dee Caffari (Aviva) et Brian Thompson (Bahrain Team Pindar), la descente jusqu’au Horn devrait être scabreuse. Les prévisions de Météo France annoncent des vents de 45 à 50 nœuds avec rafales à 60 voire 70 nœuds et surtout des creux de 10 à 12 mètres. Des conditions particulièrement musclées qui devraient accompagner les trois solitaires jusqu’à virer l’île des Etats à la pointe orientale de la Terre de Feu. Pour ces trois-là, le Cap Horn aura parfaitement mérité son surnom.
Mais ceux qui risquent de souffrir le plus sont les deux derniers de la flotte, Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) et Norbert Sedlacek (Nautic-Sport Kapsch). Le navigateur autrichien qui risquait d’être mangé tout cru par une dépression tropicale venant de l’Australie, ne doit actuellement son salut qu’au choix d’un cap plein sud pour rejoindre un centre anticyclonique plus calme. Raphaël, quant à lui, semblait temporiser sur la route directe… A ce régime, le retard sur la tête de course ne cesse de grandir. La barre des 7000 milles devrait être franchie d’ici la fin de semaine. Définitivement, il est plus facile d’être riche et bien portant que pauvre et malade.
Décisions du jury pour PRB et Brit Air
Le jury international a rendu ses décisions concernant la réparation demandée par Vincent Riou (PRB) et la bonification de temps accordée à Armel Le Cleac'h (Brit Air) lors du sauvetage de Jean Le Cam.
Armel Le Cléac’h se voit donc créditer de 11 heures pour sa participation au sauvetage de Jean Le Cam. Ces 11 heures seront retranchées de son temps final à l’arrivée.
Vincent Riou, troisième au moment du sauvetage de Jean (en considérant que Jean était de fait hors course suite à son chavirage), sera classé troisième ex-æquo du Vendée Globe avec le (ou la) concurrent(e) arrivé(e) en 3e position.

dimanche 11 janvier 2009 :
Une Anglaise et le continent

En approchant du Cap Horn qu’elle devrait franchir aujourd’hui entre 11h et 12h (heure française), Sam Davies (Roxy) redécouvre les contraintes de la navigation côtière. Entre les empannages à négocier, les îles Ildefonso au nord et Diego Ramirez au sud à parer, les glaces, tout en veillant à la position de l’épave de VM Matériaux, Sam en viendrait à regretter les grands espaces vierges. En tête de flotte, Michel Desjoyeaux (Foncia) qui a retrouvé du vent le premier creuse à nouveau l’écart sur un Roland Jourdain (Veolia Environnement) qui doit sûrement tester sa réparation avant de monter en puissance.
Décidément Sam Davies a le goût des choses bien faites. Pointée en quatrième position à quelques heures de franchir le Cap Horn, elle devrait avoir l’élégance de franchir le cap mythique vers 12h (heure française), juste au moment de la grand-messe médiatique du dimanche, la vacation en direct avec les navigateurs. Et pourtant c’est juste un concours de circonstances qui devrait l’amener à franchir cet ultime barrière avant la longue remontée, « back home ». Et compte tenu de l’envergure de la dame, il serait étonnant qu’elle ne manifeste pas une légère pointe de regret de quitter ces mers du sud que d’autres n’en finissent plus de subir… Dans son sillage, Marc Guillemot (Safran) continue malgré son handicap de trois ris dans la grand-voile, de gratifier la flotte de la meilleure moyenne du jour. Ce qui doit aviver encore plus les regrets du navigateur trinitain qui démontre là qu’il possède bien une machine exceptionnelle pour peu qu’elle ne soit pas freinée par des soucis techniques.
Chats et souris
Dans le rôle du matou vigilant, Michel Desjoyeaux semblait ce matin avoir réussi à s’extirper des calmes de la petite bulle anticyclonique qui le bloquait sur sa route. Si tel est le cas, la souris Roland Jourdain peut se faire du souci. Pour le skipper de Veolia Environnement, une voie de salut pourrait être d’infléchir sa route vers le nord afin d’aller chercher des vents plus soutenus. Mais, rayon de courbure de l’anticyclone oblige, il bénéficiera plus tard que son adversaire du moment de la rotation des vents à l’est. Faisons les comptes : une route au près sur un bateau fragilisé peut difficilement rivaliser avec une voie triomphale aux allures de largue. Entre les griffes du skipper de Foncia et la tapette à fromage au large des côtes du Brésil, il semble bien que les quelques heures à venir soient plutôt difficiles pour le navigateur quimpérois. "Bilou", en bon stratège, a tenté un coup, mais tous les tacticiens le savent : quand on est derrière, sous pression de l’adversaire, trouver la martingale qui permettra d’empocher la mise tient plus de l’audace ou du coup de génie que de la logique cartésienne.
Entre Arnaud Boissières (Akena Vérandas) et Dee Caffari (Aviva), les deux skippers ont la délicatesse d’alterner les rôles du chasseur et de sa proie. Alors qu’ils naviguaient à vue depuis la porte « Pacifique Est », Cali semble vouloir prendre la poudre d’escampette. Il comptait 13 milles d’avance sur sa compagne de navigation, hier au soir ; il en a 21 ce matin. Il reste que moins de deux heures de décalage à l’échelle d’une course autour du monde n’est pas vraiment significatif. A l’évidence, l’Arcachonnais, qui perfectionne chaque jour ses acquis dans la langue de Shakespeare, doit se dire que les sujets d’Albion sont décidément nos plus fidèles adversaires.
A chacun sa croix
Pain blanc, pain noir… De la tête de course aux derniers, les navigateurs solitaires du Vendée Globe se préparent à des lendemains qui déchantent. Une dépression orageuse en phase de constitution sur le Brésil devrait générer des vents forts sur les deux leaders quand un train de profondes dépressions accompagne tous ceux qui n’ont pas encore franchi le Horn. Seul Armel Le Cleac'h (Brit Air) devrait tirer quelques marrons du feu.
« Qui trop écoute la météo perd ses heures au bistrot ». Il est des jours où l’on ferait mieux de ne pas tenir compte des préceptes des marins baromètres et rester tranquillement attablé derrière le comptoir d’un bar. La dépression orageuse qui est en train de se former sur le Brésil va singulièrement modifier la donne pour les deux leaders. Au menu, des vents de nord à nord-est de 30 à 35 nœuds, pouvant atteindre 40 nœuds sous les rafales, devraient cueillir à froid les skippers de Foncia et Veolia Environnement. On imagine que devoir subir des vents forts aux allures de près avec un bateau déjà passablement fatigué accroit le facteur risque de manière significative.
Pacifique en colère
Pour Sam Davies, le passage du Horn ne marquera visiblement pas la délivrance attendue. La profonde dépression qui accompagne le groupe des poursuivants génère déjà sur la navigatrice britannique des vents de 40 à 45 nœuds. Mais surtout, les vents forts devraient encore l’accompagner au moins jusqu’à l’île des Etats qui marque l’extrémité orientale de la Terre de Feu. Pour le groupe depuis Marc Guillemot (Safran) jusqu’à Dee Caffari (Aviva), les vents puissants devraient s’accompagner d’une mer très formée avec des creux de 8 à 10 m. Steve White (Toe in the water) sera un peu moins touché par cette dépression.
Mais surtout une nouvelle dépression est en formation au large de la Nouvelle-Zélande qui touchera de plein fouet les deux derniers Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) et Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) : vents de nord-est supérieurs à 40 noeuds, creux de 8 à 9 mètres, vagues courtes et croisées, ce régime devrait durer trois à quatre jours. Trois à quatre jours dans la froidure de l’Océan Pacifique, à tenter de lutter aux allures de près contre une mer déchaînée, la route des deux retardataires va ressembler à un long chemin de croix.

samedi 10 janvier 2009 :
Lentement mais sûrement

Plus que 5 574 milles devant les étraves de Foncia tandis que Michel Desjoyeaux s’apprête aujourd’hui à vivre son 25e jour aux commandes d’une course épique. Au large de l’Amérique du Sud, en compagnie de l’éternel Bilou, les deux hommes naviguent à faible vitesse aux parages d’un anticyclone. Derrière, la flotte n’est pas très rapide non plus.
Bye bye les quarantièmes
Michel Desjoyeaux est sorti des 40e rugissants, tous derrière et lui devant. Après ce qu’on imagine être une sérieuse journée de bricolage pour consolider les fissures apparues autour du puits de quille et sur la cloison de pied de mât suite à sa collision jeudi avec un animal marin, Roland Jourdain (Veolia Environnement) s’est calé dans le sillage de Foncia. Les deux hommes poursuivent leur remontée vers les eaux chaudes du Brésil, au milieu d’un bel anticyclone. D’où des vitesses relativement faibles depuis hier après-midi, autour de 10 nœuds de moyenne. Troisième à plus de 750 milles, Armel Le Cleac'h n’est pas tellement plus rapide, mais pas pour les mêmes raisons. Au nord des Malouines, le skipper de Brit Air navigue au près océanique dans un flux de nord-ouest qui contrarie quelque peu son ascension.
Safran le plus véloce
En fait, les deux concurrents les plus véloces ces dernières 24 heures glissent au portant autour du 55 degrés sud. Il s’agit de Samantha Davies (Roxy) et surtout Marc Guillemot (Safran), le seul à frôler les 15 nœuds moyens dans sa plongée vers le Horn. Dans un message envoyé cette nuit, Sam ne cachait pas son impatience de franchir cette barrière symbolique. Il lui reste encore 390 milles avant d’entrer en Atlantique, soit encore une grosse journée de portant dans un vent fraîchissant et des grains. Derrière, dans le sillage de Brian Thompson (Bahrain Team Pindar), Dee Caffari (Aviva) et Arnaud Boissières (Akena Vérandas) poursuivent leur éternel pas de trois. Mais à bord d’un bateau plus récent et surtout plus puissant, Dee Caffari est la plus rapide. Vendredi, elle a réussi à doubler ‘Cali’ et ce matin, elle disposait d’une petite marge de sept milles.
Huit ont claqué la porte
Ces huit bateaux sont pour l’instant les seuls à avoir franchi la dernière porte de sécurité qui jalonne le parcours avant le passage du dernier des trois grands caps. Steve White (Toe in the Water) qui a repris de sa superbe après avoir passé pratiquement 48 heures englué dans les hautes pressions, est encore à 1 100 milles de cette porte. Comme Rich Wilson (Great American III), Steve navigue ce matin à la lisière d’un front qui le propulse gentiment sur la route. Enfin, Norbert Sedlacek (Nauticsport- Kapsch) qui devance Raphaël Dinelli (Fondation Ocean Vital) de presque 150 milles, devrait passer dans la journée l’antiméridien, la fameuse ligne de changement de date.
Bizarre, vous avez dit bizarre…
Décidément ce Vendée Globe 2008 n’est en rien conforme à ce qu’on aurait pu imaginer. La grande régate planétaire a cédé en partie le pas à l’aventure humaine. La régate au contact qui avait valu lors du premier mois se transforme chez nombre de concurrents en la volonté de rallier l’arrivée coûte que coûte. Des candidats au podium se dessinent qu’on n’attendait pas forcément à pareille fête… et pourtant. Suivant les derniers modèles météo, le vainqueur du Vendée Globe 2009 pourrait exploser les données statistiques. Michel Desjoyeaux (Foncia) n’est plus qu’à 5500 milles de l’arrivée et possède près de 400 milles d’avance sur le temps de Vincent Riou en 2004 à cet endroit du parcours. Sam Davies (Roxy) devrait, quant à elle, franchir le Horn cette nuit.
Cette course n’en est pas à un paradoxe près. Elle a rassemblé un des plus beaux plateaux de la course au large, pour ce qui s’est avéré être une des courses transocéaniques les plus palpitantes qui soient, avant que l’Océan Indien puis le Pacifique ne commencent leur lent travail de sape. A ce petit jeu, nombre de favoris sont tombés dans l’escarcelle du grand méchant sud sur avarie technique ou pire, suite à des collisions dans une mer visiblement de plus en plus encombrée.
A ce petit jeu, Michel Desjoyeaux que beaucoup imaginaient perdu pour le podium s’installe chaque jour un peu plus en solide leader d’autant que les infortunes de mer semblent vouloir maltraiter tous ceux qui tenteraient de se mettre en travers de sa marche. Dernier en date, Roland Jourdain (Veolia Environnement) contraint de consolider la cloison qui soutient son pied de mât et de transformer son fier navire en atelier de matériaux composites… Sa rencontre brutale et fortuite avec un cétacé a provoqué de sérieux dommages que le navigateur s’efforce de réparer avec les moyens du bord. Avant de stratifier, il faut poncer : un moindre mal quand on travaille dans un hangar équipé pour aspirer les microbilles de carbone qui se dégagent, mais c’est une toute autre paire de manches quand il s’agit d’accomplir le même labeur en navigation. On savait déjà que le seau et l’éponge étaient les meilleurs amis du navigateur solitaire. L’aspirateur vient s’ajouter à la liste de la parfaite panoplie de l’homme d’intérieur. Mais, « Bilou » n’a pas abdiqué, loin de là. Au dernier pointage, il conservait une vitesse légèrement supérieure à celle du leader de la course toujours aux prises avec les calmes de l’anticyclone qui sévit au large des côtes uruguayennes.
Que dire encore des frères de mer, Vincent Riou (PRB) et Jean Le Cam (VM Matériaux), unis en 2005 pour la gloire et qui voient cette année leurs destins toujours liés suivre une toute autre pente ? Pour l’heure, les deux navigateurs se débattent dans les méandres administratifs liés à une arrivée inopinée dans le port de Puerto Williams. Il semble bien que la solidarité des gens de mer s’arrête parfois aux limites d’un poste de douane.
La valeur n’attend pas
Dans le maelström des classements, certains se retrouvent propulsés sur le devant de la scène sans crier gare. Ainsi de Sam Davies qui s’apprête à passer le Cap Horn dans la nuit en quatrième position sur le bateau double vainqueur de la course. Sans oublier non plus Armel Le Cléac’h (Brit Air) qui voit ses principes de sagesse largement récompensés par une place sur le podium. Avec un bon sens évident, il a apprivoisé doucement les mers du sud avant de trouver son rythme et d’imprimer une cadence qui lui permettra de faire jeu égal avec Vincent Riou tout au long du parcours. De plus, Armel retrouve ici des mers plus familières qui devraient l'autoriser à faire parler son talent de régatier qu’il a déjà largement montré sur la Solitaire du Figaro. 700 milles de retard, c’est à la fois un monde et une goutte d’eau à l’échelle de la traversée de deux océans sur des bateaux déjà bien éprouvés par la mer cassante de des Quarantièmes. Deux bizuths cap-horniers aux troisième et quatrième places, voilà qui démontre une fois de plus que le talent peut compenser une bonne part de l’expérience.
Dernier des paradoxes : alors qu’ils affichent déjà plus de 6000 milles de retard sur la tête de flotte (soit plus que la distance qu’il reste à parcourir à Michel Desjoyeaux), Norbert Sedlacek (Nauticsport – Kapsch) et Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) se retrouvent aux prises avec un anticyclone qui risque de les engluer dans des calmes durant de longues heures. Des côtes de l’Uruguay aux portes du Pacifique, il existe encore des correspondances…

vendredi 9 janvier 2009 :
RTT

Même s’il a ralenti en tête de la course, le tandem Michel Desjoyeaux et Roland Jourdain est nettement en avance : après deux mois de course, les deux solitaires n’ont plus que 5 800 milles à parcourir en moins de 27 jours pour améliorer le temps de référence du Vendée Globe alors qu’ils auront parcouru 1 160 milles en sus…
Réduction du Temps de Traversée : la RTT Atlantique s’annonce marquée si on en juge par la facilité avec laquelle le duo leader s’est déjoué de cette première partie de la remontée de l’Atlantique Sud. Trois cents milles par jour depuis le passage du cap Horn et même si on sait, au vu des conditions météorologiques à venir, que la glissade le long des côtes brésiliennes va être un peu laborieuse, il ne fait presque pas de doute que le vainqueur (si c’est l’un des deux premiers actuels !) arrivera avant le 4 février au soir… Vincent Riou avait en effet mis 87 jours 10 heurs et 47 minutes pour boucler son tour du monde en 2004.
Les aléas des alizés
Reste que les deux compères de Port la Forêt doivent d’abord traverser une belle bulle anticyclonique et d’ores et déjà, les prévisions qui annonçaient un ralentissement à partir de ce week-end semblent en avance : Michel Desjoyeaux (Foncia) comme Roland Jourdain (Veolia Environnement) ont sensiblement baissé de rythme ce vendredi matin avec une dizaine de nœuds au compteur… Mais c’est justement la moyenne minimale qu’ils doivent tenir pour arriver en moins de 87 jours !
Ils sont normalement en bordure d’anticyclone avec des vents de secteur Sud-Ouest d’une douzaine de nœuds, mais pour l’instant, ils cherchent à se décaler vers le Nord-Est pour contourner le centre qui s’est expansé au large de l’Uruguay. Et dans ces conditions, le deuxième s’aligne sur la route du premier… et perd des milles par rapport au but. Mais les alizés de l’anticyclone de Sainte-Hélène semblent installer au Nord du 30° Sud, à un peu plus de 700 milles des étraves du duo. Et même si le tempo descend d’une mesure, les deux monocoques sont loin d’être plantés dans des calmes : ils vont juste passer à des valeurs plus proches de 240 milles quotidiens. On peut même imaginer qu’à l’issue de cette pause du week-end, le rythme reprenne de plus belle dans les alizés d’Est…
Plus ou moins venté
Cette trêve estivale australe en tête de flotte ne peut faire que les affaires de Armel Le Cleac'h qui caracole désormais à l’Est des Malouines, contournées cette nuit. Le skipper de Brit Air cherche aussi à glisser sous la bulle anticyclonique qui s’étend vers lui et n’a pas d’autre solution que de s’échapper vers le Nord-Est : il devrait toutefois grignoter des milles sur les deux leaders et c’est probablement le solitaire qui va gagner le plus ces prochains jours…
Pour Samantha Davies (Roxy) et Marc Guillemot (Safran), l’objectif est avant tout de s’extirper enfin de cet océan Pacifique : à 700 milles du cap Horn, la Britannique est la plus rapide de la flotte grâce à un flux de secteur Nord-Ouest qui s’établit à une vingtaine de nœuds. Mais la journée de samedi s’annonce plus agitée avec une dépression qui se forme au large des côtes chiliennes : il y aura des grains, des rafales, des vents instables… ce qui n’est jamais très réjouissant dans ces parages patagons.
Autre lieu, autre temps : pour la troïka Brian Thompson (Bahrain Team Pindar), Arnaud Boissières (Akéna Vérandas) et Dee Caffari (Aviva), l’ultime porte des glaces est déjà un souvenir ou presque ! Si le géant Britannique en a fini avec les contraintes glaciaires, il a perdu du terrain face au couple franco-anglais qui pointait ses étraves sur le point le plus occidental de la porte Est Pacifique. En bordure d’anticyclone, tous trois vont chercher à plonger au plus vite vers les Cinquantièmes pour ne pas se faire avaler par des molles et attraper le flux de Nord Ouest.
La pieuvre anticyclonique
Englué dans des calmes au beau milieu de nulle part ! Qui aurait imaginé voir ses voiles battre la chamade dans une longue houle du Pacifique avec une brise digne d’un Pot au Noir à plus de 2 000 milles de toute terre ? Steve White (Toe in the Water) a eu le malheur de se faire prendre par un tentacule anticyclonique qui l’a scotché pendant près d’une journée entière. Il n’a rien pu faire pour l’éviter et s’en extrait difficilement ce vendredi matin, mais n’est pas franchement sorti de « l’auberge » car les hautes pressions se décalent vers l’Est, vers la prochaine porte !
Il faut qu’il se dépêche pourtant, car une dépression tropicale pointe ses mauvais vents et va sérieusement secouer le Pacifique en son milieu : Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) et Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) ne devraient pas être touchés, mais l’Américain Rich Wilson (Great American III) risque fort d’être sur la trajectoire de cette perturbation à caractère orageux. Le Vendée Globe aura définitivement été plus violent en queue de peloton…
Suite à l’avarie de gréement survenue lors de l’opération de sauvetage de Jean Le Cam, Vincent Riou avait fait une demande de réparation auprès du Jury International. Le skipper de PRB s’était en effet dérouté à la demande de la Direction de Course conformément aux Règles de course à la voile.
La règle fondamentale 1.1 des Règles Internationales gérant les courses à la voile (ISAF) indique que : « un bateau ou un concurrent doit apporter toute l’aide possible à toute personne ou navire en danger ». Vincent Riou considère qu’aucune faute ne peut lui être imputée dans les dommages subis par son monocoque lors du sauvetage de Jean Le Cam. Et il note que : « ces dommages nécessitent une intervention lourde qui ne peut être réalisée seul et en mer ».
Après le démâtage complet de PRB le mercredi 7 janvier 2009 provoqué par la rupture de la réparation de fortune, le skipper a confirmé jeudi par courrier au Jury International qu’il maintenait sa demande de réparation. Vincent Riou juge en effet ces derniers « événements directement consécutifs et intégralement imputables à l’opération de sauvetage » et note que désormais, il lui est définitivement devenu impossible de « poursuivre la compétition vers le port d’arrivée situé aux Sables d’Olonne ». À moyen terme, Vincent Riou ne dispose en effet sur place d’aucun espar de remplacement ni même d’un autre espar pouvant être acheminé dans un délai de temps raisonnable. En conséquence, le skipper de PRB précise qu’il demande un reclassement de son bateau comme cela se pratique régulièrement sur des régates internationales lorsqu’un bateau est lésé d’une manière ou d’une autre sans que sa responsabilité soit engagée.
Au nom du Jury International, le président Bernard Bonneau a indiqué en substance que les derniers événements ne changeaient rien à l’acceptation par le Jury d’instruire cette demande et en attendant, demandait à la Direction de Course d’indiquer que PRB et son skipper était « RDG » (« Redress Given », soit « Réparation donnée »). Ce qui signifie clairement que le principe de la réparation est acté mais que sa nature n’est pas encore tranchée. Jusqu’à ce que soit connue la décision du Jury, c’est donc sous cette dénomination qu’apparaîtra PRB dans le tableau officiel des positionnements de la course.
Veolia Environnement heurte un animal marin
En début de soirée jeudi (heure française), Veolia Environnement a heurté un cétacé au large de l’Argentine. La collision avec cet animal marin a provoqué plusieurs fissures qui contraignent actuellement Roland Jourdain à poursuivre sa course sous voilure réduite, le temps pour lui de réparer en mer.
Alors qu’il dormait dans sa bannette, Roland Jourdain a été réveillé par un choc violent en début de soirée, jeudi. Après être sorti en catastrophe pour choquer les voiles et redresser Veolia Environnement parti à l’abattée, il a alors constaté la couleur anormalement rouge de l’eau autour de son bateau. Le skipper de Veolia Environnement a d’abord pensé avoir perdu une voile avant de très vite s’apercevoir, en reprenant ses esprits, qu’il avait heurté un cétacé en voyant l’animal s’éloigner.
Après inspection de son bateau, la quille et le bulbe ne semblaient pas touchés mais plusieurs fissures aux alentours du puits de quille ainsi que sur la cloison du pied de mât sont à dénombrer. Roland Jourdain a d’abord prévenu son équipe avant d’informer, ce vendredi à 16h30, la direction de course du Vendée Globe.
En liaison avec le cabinet Lombard et le chantier CDK depuis l’incident, Roland et son équipe à terre ont alors analysé la situation et échafaudé une réparation en mer que Roland est en ce moment en train de mettre en œuvre avec les moyens du bord sous voilure réduite. Les conditions de mer plate et de petit temps anticyclonique dans lesquels évolue actuellement Veolia Environnement se prêtent donc plus favorablement à la situation.
Deux mois tout juste après son départ des Sables d’Olonne, Roland Jourdain occupe actuellement la deuxième place du classement, à 178 milles de Michel Desjoyeaux.

jeudi 8 janvier 2009 :
PRB en remorque

Après le démâtage mercredi soir de son monocoque, Vincent Riou a fait appel à une assistance pour remorquer son bateau : le patrouilleur chilien Alacalufe est arrivé sur zone à 3h00 (heure française) pour ramener le skipper et son passager Jean Le Cam, à Puerto Williams.
Décidément l’incroyable aventure du Vendée Globe ne cesse de rebondir ! Lors du sauvetage de Jean Le Cam suite au chavirage de son monocoque, le bateau de Vincent Riou avait touché le voile de quille en carbone de VM Matériaux et sectionné un outrigger (barre de flèche à plat pont servant à tenir le mât aile) de PRB. Le profil avait failli tomber, n’étant presque plus tenu latéralement sur bâbord, mais les deux hommes réussirent à manœuvrer pour sauver le mât et assurer sa verticalité le temps de s’abriter derrière les terres patagonnes. Jean Le Cam et Vincent Riou (PRB) étaient donc en route vers l’île des Etats après avoir passé le cap Horn mercredi soir lorsque, vers 20h, le mât s’écroulé suite à la rupture du brêlage (ligature en cordage) qui servait de réparation à l’outrigger.
Remorquage vers Puerto Williams
Dans 25 nœuds de Nord-Ouest, le bateau dérivait en direction de l’entrée du canal de Beagle sans pouvoir manœuvrer car les deux marins n’avaient pu récupérer que la bôme… De plus, Vincent Riou avait déjà signalé auparavant que son moteur ne fonctionnait plus depuis plusieurs jours. Après avoir lancé un signal de demande d’assistance, les deux skippers apprenaient que le patrouilleur chilien LSG Alacalufe était en route et faisait la liaison à 23h00 locale (3h00 heure française). Pris en remorque, PRB devrait arriver à Puerto Williams vers 9h45 (heure française) avec ses deux navigateurs qui n’ont pas été blessés lors du démâtage. C’est un coup dur pour Vincent Riou qui venait de sauver Jean Le Cam et pensait pouvoir réparer les conséquences de l’abordage entre PRB et VM Matériaux lors de l’ultime approche salvatrice.
Divergence en tête
Pour les deux leaders qui sont déjà à plus de 850 milles du cap Horn, la remontée de l’Atlantique est déjà très différente : si Michel Desjoyeaux (Foncia) reste toujours en tête selon les critères du classement par rapport à un parcours théorique, Roland Jourdain semble en position de le déstabiliser ! A 250 milles plus à l’Ouest, le skipper de Veolia Environnement est déjà 20 milles plus au Nord que son compère de Port la Forêt… Les deux solitaires n’ont donc pas la même approche pour aborder les petites dépressions qui essaiment au large de l’Argentine et la position de premier n’est pas forcément la plus confortable avec seulement une centaine de milles d’avance ! Il y a du match, il y a des coups à jouer, il y a des retournements de situation à attendre… Pour Armel Le Cleac'h (Brit Air), les conditions météorologiques sont beaucoup plus paisibles qu'en tête de flotte et le solitaire avance plein Nord après avoir contourner par le Sud l'île des Etats.
Grand calme pacifique
De l’autre côté de la barrière de l’Amérique du Sud, le Pacifique a changé de visage : beaucoup plus maniable, voire carrément « pacifique » ! A l’image de Steve White (Toe in the Water) qui se retrouve encalaminé dans un anticyclone et ne progressait ce jeudi matin qu’à 1,5 nœuds… De même pour le dernier : Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) s’est retrouvé englué dans de petits airs du côté de l’île Stewart tout comme son prédécesseur Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) qui va avoir une bonne journée de pause. De quoi faire un check-up complet du bateau avant de s’engager pleinement dans cet océan qui réserve bien des surprises... Quant aux autres solitaires, c’est dans des brises d’une vingtaine de nœuds seulement et sur une mer enfin assagie qu’ils peuvent progresser sous des températures clémentes et même parfois un soleil généreux ! Comme quoi d’une semaine à l’autre le paysage maritime marque ses contrastes… Samantha Davies (Roxy) sera la prochaine à passer le cap Horn, distant de 1 000 milles ce jeudi matin.
Le duel entre Michel Desjoyeaux et Roland Jourdain semble très incertain même si le classement de ce jeudi matin laisse encore entendre que le leader depuis trois semaines, garde la main. Mais pour combien de temps ? Car l’un coupe au plus court vers l’équateur quand l’autre s’écarte sensiblement de la route directe…
Dans la presse
Il n’est pas d’usage de commenter les fortunes de mer. Pas plus que de contester la loi du sport. La course est ainsi faite : elle prélève sa dime cruelle sans un remords, sans un regard sur les espoirs brisés. Mais qu’on nous accorde pour une fois le droit de crier à l’injustice. Perdre la course en sauvant la vie d’un autre concurrent ne peut pas et ne doit pas être une défaite sportive. Et, quels que soient les desseins d’Eole ou de Poséidon, nous placerons en notre panthéon Vendéen le nom de Vincent le Terrible en tête du palmarès de ce Vendée Globe.

L’équipe de Canyousea.

mercredi 7 janvier 2009 :
Paires de mer

Alors qu’ils ne sont plus que treize concurrents en course, la flotte s’étale sur plus de 6 000 milles, mais la plupart des solitaires naviguent de conserve… Un phénomène surprenant puisque certains sont restés ensemble depuis pratiquement deux mois ! Et en tête, la paire de Port la Forêt semble se faire la belle dans des conditions particulièrement favorables pour remonter l’Atlantique.
Ça défile par-devant ! Michel Desjoyeaux (Foncia) et Roland Jourdain (Veolia Environnement) sont toujours ensemble à moins de cent milles l’un de l’autre et suivent la même trace pour remonter un Atlantique Sud particulièrement coopératif : du vent portant de secteur Ouest de 15-20 nœuds, sur une mer modérément agitée pour progresser à plus de quinze nœuds pratiquement sur la route directe. Enfin presque, puisque le leader a obliqué nettement au passage de l’archipel des Malouines pour éviter une bulle sans vent. D’ailleurs plusieurs petites dépressions se forment au large des côtes argentines et l’option de prendre le large pour en faire le tour va être extrêmement favorable ! Les deux compères vont remonter quasiment jusqu’au Brésil au portant avec toujours au minimum quinze nœuds et jusqu’à trente nœuds et plus de Sud-Ouest jeudi et vendredi… Et si tout s’enchaîne comme prévu, le duo leader pourrait arriver à l’équateur en un temps record !
Les couples se font et se défont
Armel Le Cleac'h (Brit Air) et Vincent Riou (PRB) s’étaient retrouvés une nouvelle fois ensemble autour du monocoque de Jean Le Cam (VM Matériaux) pour lui porter secours. Depuis que le naufragé est sauvé, Armel a pu remettre en route vers le cap Horn et revenir progressivement dans le match. Cela va forcément prendre un peu de temps et les conditions météorologiques ne lui seront pas aussi favorables que pour les premiers : il devrait perdre du terrain ces prochains jours mais aussi perdre le contact avec son « inséparable » Vincent… Lequel est désormais en couple avec Jean Le Cam, le temps de le débarquer, probablement du côté du détroit de Le Maire…
Après l’ultime porte du Pacifique Est, Samantha Davies (Roxy) et Marc Guillemot (Safran) glissent en direction de la Patagonie à vitesse modérée : la brise de Nord-Ouest associée à la dépression qui avait emmené les cinq premiers à « fond la caisse » vers le cap Horn, s’est délitée pour faire place à un flux modéré d’Ouest entre dix et vingt nœuds. Une pause pour le couple franco-britannique qui devrait pointer au large du cap Horn ce week-end : une nouvelle perturbation étant annoncée, c’est avec un régime très musclé de Nord (trente nœuds minimum) que la fin du Pacifique s’annonce pour ce tandem… Mais même si Marc Guillemot revient sur la jeune Anglaise, il a toujours prévu de faire un pit-stop après le cap Horn pour réparer son rail de grand voile arraché : un divorce en perspective !
Un triumvirat en séparation
Naviguant de conserve depuis l’Atlantique Sud, le trio Brian Thompson (Bahrain Team Pindar), Dee Caffari (Aviva) et Arnaud Boissières (Akéna Vérandas) s’effiloche : le Britannique s’échappe inexorablement depuis qu’il a réussi à réparer ses cloisons d’étrave au Sud de l’Australie. Près de 300 milles de décalage alors qu’il approche de la dernière porte des glaces Pacifique Est. En revanche, Dee et Arnaud sont toujours à quelques milles l’un de l’autre (neuf !) et il ne serait pas étonnant qu’ils se voient ce mercredi au lever du jour… Steve White (Toe in the water) est probablement le plus solitaire des solitaires de ce Vendée Globe ! Depuis des lustres, le Britannique réalise un parcours exceptionnel sur un monocoque qui n’est pas de première jeunesse et qui n’a pas été préparé aussi méticuleusement que les autres. Il est ce jour, le plus seul au monde à plus de 3 500 km de toute terre, en plein milieu du Pacifique, en train de passer l’avant dernière porte du parcours…
Rich Wilson (Great American III) va probablement regretter l’abandon de Jonny Malbon (Artemis) qui fait route vers Auckland et se trouve au large du détroit de Cook (situé entre les deux îles de la Nouvelle-Zélande), cap au Nord-Est à dix nœuds. L’Américain se fait brasser dans une dépression assez active alors qu’il passe la porte de Nouvelle-Zélande : il devrait toutefois bénéficier d’une accalmie dès cet après-midi avec l’installation de hautes pressions et une brise d’une vingtaine de nœuds de secteur Nord. Enfin, Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) et Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) vont aussi pouvoir faire une pause après avoir subi trois fronts successifs mardi : une bulle anticyclonique pointe ses calmes au Sud de l’île Stewart et les deux navigateurs pourraient même avoir à tirer des bords face à un régime de Nord-Est !
Une paire devant, un couple au milieu, un trio qui se sépare, deux solitaires bien seuls, un tandem pour fermer la marche… Un véritable inventaire à la Prévert !
Le visage de Jean Le Cam bouffi de sommeil est apparu sur les écrans de la visioconférence, aux côtés de son sauveur Vincent Riou (voir photo). Les deux hommes, relayés par Armel Le Cléac’h, sont revenus avec leurs mots sur l’incident qui a tenu en haleine toute de la communauté de la course au large, suspendue aux nouvelles du skipper de VM Matériaux, bloqué pendant plus de 10 heures à l’intérieur de son monocoque chaviré. Après de longs moments d’inquiétude, l’histoire se termine bien et presque de manière cocasse.
« Une seule balle dans le barillet »
Jean a expliqué qu’étonnamment, il était au téléphone avec Vincent juste avant que son bateau ne se couche et qu’il pensait avoir heurté quelque chose, peut-être un container entre deux eaux, cause de la perte du bulbe. Il a eu le réflexe de récupérer habits chauds et combinaison de survie avant de se retrancher dans la soute avant, seul endroit encore sec, l’arrière de son bateau étant immergé, rendant une sortie par la trappe de secours très compliquée.
Jean, dans son cocon exigu et froid, s’est inquiété pour ses réserves d’air, conscient qu’il ne fallait pas quitter le bateau en l’absence des secours.
Vincent, arrivé sur zone mardi à 15h21 n’avait quant à lui qu’une crainte : que Jean n’ai pas réussi à enfiler sa combinaison de survie et qu’il entre en hypothermie, dans une eau à 5 degrés. C’est pourquoi les deux hommes n’ont pas hésité à saisir l’opportunité qui s’est présentée vers 19h00. Une opportunité provoquée par Jean, dès qu’il a compris que son ami se trouvait près de lui. Après avoir viré des caisses qui lui barraient la route dans le compartiment arrière inondé, puis la porte de la trappe, il a attendu qu’une vague lève l’arrière du bateau pour s’extirper, puis s’amarrer à l’un de ses safrans. « Et là tu sais que tu n’as qu’une balle dans le barillet » commentait-il avec le recul. La suite a déjà été racontée : c’est dans sa quatrième tentative (réussie) pour récupérer Jean Le Cam que l’outrigger de PRB s’est cassé en partie, exposant le bateau orange à un démâtage. Mais les deux marins ont vite retrouvé leurs réflexes en empannant aussitôt et en assurant le gréement. « L’empannage de notre vie » assurait Jean.
Isabelle Autissier pourrait récupérer Jean
Ce mercredi à 16h00, PRB était à 30 milles du cap Horn et faisait route à 10 nœuds de moyenne vers l’entrée du canal de Beagle (sud de la Terre de Feu) où devrait l’attendre Isabelle Autissier. Jean pourrait alors être débarqué jeudi matin à bord du bateau de la navigatrice.
Quant à Vincent, il souhaite plus que tout finir sa course, arriver aux Sables et être classé. « Pour faire partie des 13 encore en course, il a fallu se battre et je peux vous dire que je me suis battu pendant toutes ces semaines ! ». Pour cela, Vincent sait qu’il devra consolider son gréement. Il attend également des précisions du jury international concernant sa situation et les compensations qui pourraient lui être accordées.
Premier cap Horn pour Armel (voir photo)
Le skipper de Brit Air a quant à lui repris sa route et ses esprits après une journée chargée d’émotions contradictoires. Le voici, lui le bizuth du Vendée, propulsé sur la troisième marche d’un podium provisoire, à 659 milles de Michel Desjoyeaux. Armel peut déboucher le champagne, pour une triple occasion : le sauvetage réussi de Jean, sa position au sein de la flotte et son premier passage du cap Horn, commenté en direct par ses soins à la vacation du jour. Le visage barbu, le navigateur de la baie de Morlaix ne cachait pas sa joie de croiser le fameux rocher.
13 en course et deux devant
Armel fait partie de la nouvelle bande des 13, en espérant que ce chiffre porte bonheur pendant les 6300 milles de course restants. Au sein de cette bande, un homme se distingue depuis 22 jours déjà, soit le record de durée en tête de course depuis le début de ce Vendée Globe. Le skipper de Foncia qui met de l’est dans sa trajectoire pour négocier une paire d’anticyclones sud-américains, est devenu le « Monsieur Plus » de cette giration planétaire mouvementée. Dans ses choix stratégiques, dans sa façon de mener le bateau, dans l’apparente absence de soucis techniques, dans sa vitesse, Mich’ est toujours plus. Ce qui faisait dire à son fidèle poursuivant Roland Jourdain : « mon Mich, il m’énerve, mais il m’énerve ! Il va falloir que je me gratte la tête, que je brûle des cierges pour le dépasser ». Au classement de 16h00, le skipper de Veolia Environnement était pointé à 108,9 milles d’un Foncia plus rapide de 5 nœuds ! Mais l’espoir est toujours permis pour Roland : selon Sylvain Mondon de Météo France, il y aura des coups à jouer pour négocier les anticyclones argentins et uruguayens devant leurs étraves.
A chacun sa porte
Derrière, toute la flotte étalée sur 6000 milles profite aujourd’hui d’une relative accalmie. De belles tranches de pétole attendent même Steve White, en plein anticyclone. Ce dernier a franchi aujourd’hui la première porte Pacifique. Derrière lui, l’Américain Rich Wilson a respecté le tronçon de sécurité néo-zélandais, tandis que Samantha Davies, 5e et Marc Guillemot, 6e, se dirigent librement vers le cap Horn.
PRB a démâté, Vincent et Jean sont sains et saufs
A 20h20 ce jour, Vincent Riou a téléphoné à son équipe pour signaler que son bateau venait de démâter. Le skipper et Jean le Cam sont sains et saufs. PRB se situait alors par 55°55 Sud et 66° 59 Ouest à 7,8 milles dans le nord-est du phare du Horn. Un bateau de la Marine chilienne de 32,7 mètres baptisé Alacalufe est en route pour tenter un remorquage. Il devrait être sur zone à 3 heures, heure française.
Pratiquement une heure et demie après avoir doublé le cap Horn, Vincent Riou contactait son équipe pour annoncer son démâtage et signaler qu’ils naviguaient dans les îles. PRB se situait alors par 55°55 Sud et 66° 59 Ouest à 7,8 milles dans le nord-est du phare du Horn. Juste avant, Isabelle Autissier les avait joints par téléphone pour préparer leur rendez-vous du lendemain et indiquait « qu’ils avaient 25 nœuds de vent de nord-ouest ».
A 21h17 lors d’un nouvel appel, Vincent indiquait ne pas vouloir lancer un SOS.
C’est le brelage effectué sur la cadène bâbord, celle de l’outrigger cassé, qui s’est rompu entraînant la chute du mât de PRB. A bord, ne restait plus que la bôme donc aucune possibilité pour réaliser un gréement de fortune dans l’immédiat.
Les deux hommes s’affairaient rapidement à couper les câbles et dégager le pont très endommagé et privé de chandeliers. Le bateau dérivait alors à 1,5 nœud au 25° ce qui les éloignait des îles.
Vincent contactait ensuite Denis Horeau, le directeur de course du Vendée Globe, et émettait un PAN-PAN. A la différence d’un May-Day, il ne s’agit pas d’une demande d’assistance pour les hommes (ce qui les conduit à quitter obligatoirement le bord dès les sauveteurs arrivés) mais d’une « simple » demande d’assistance pour remorquage.
Denis Horeau contactait immédiatement les autorités chiliennes qui dépêchaient un bateau polyvalent de la Marine de 32.7 mètres, le Alacalufe, qui quittait Puerto Williams (canal de Beagle) vers 23h30. Le bateau est attendu sur zone à 3 heures jeudi matin (heure française).
PRB se trouvait alors environ à 55 milles de Puerto Williams. Sur zone, le vent est annoncé se renforçant progressivement au nord-ouest en cours de nuit avec des creux de 4 à 5 mètres. A 22 heures, Vincent signalait que le bateau progressait vers l’entrée du Beagle.

mardi 6 janvier 2009 :
Les secours mis en place

Suite au signal de détresse de Jean Le Cam, le MRCC a mis en place les moyens disponibles sur la zone. Un cargo et un avion seraient en route pour intervenir au plus tôt.
Le décalage horaire entre la France et le Chili est de quatre heures : à Punta Arenas, le soleil se couche à 22h00 (locale, soit 2h00 heure française) et se lève à 5h30 (locale, soit 9h30 heure française). Il faisait donc nuit sur la position de Jean Le Cam (à 200 milles dans l’Ouest du cap Horn) lors du déclenchement de la balise détresse à 2h40 (heure française).
Le MRCC (service international de sécurité en mer) a contacté un cargo situé à 65 milles de la position de VM Matériaux repérée par sa balise de détresse Sarsat-Cospas : il devrait être sur zone vers 11h30 (heure française). Un avion chilien de repérage aurait été missionné pour aller sur zone au levé du jour, soit vers 9h30 (heure française).
Rappelons que Vincent Riou et Armel Le Cleac'h se sont aussi détournés vers Jean Le Cam et, compte tenu des conditions météorologiques, ils sont attendus à la mi-journée (13-14h heure française) à proximité de la position du monocoque VM Matériaux.
Jean le Cam a donné signe de vie !
C’est un grand soulagement pour tous les acteurs et organisateurs du Vendée Globe ! Vincent Riou, arrivé sur VM Matériaux à 15h 21 (heure française) a pu constater que Jean était sain et sauf, réfugié à l’intérieur de son bateau.
Sous bonne escorte, Le Cam attend les secours chiliens
Ce 58e jour de course a été marqué par le chavirage de VM Matériaux vers 2h40 ce mardi, à 200 milles dans l’Ouest du cap Horn. Il a fallu attendre de longues heures pour avoir un signe de vie de Jean Le Cam, soit jusqu’à 15h20, au moment de l’arrivée de Vincent Riou à côté du monocoque retourné. Un remorqueur chilien doit arriver sur zone mercredi vers 06h (heure française) pour secourir le skipper enfermé dans son habitacle. Pendant ce temps, Michel Desjoyeaux et Roland Jourdain prennent la poudre d’escampette.
Rappel des faits
A 2h40, après une brève communication avec son équipe où Jean Le Cam signalait qu’il était en grande difficulté, sur le point de chavirer, sa balise de détresse se déclenchait. VM Matériaux était alors situé par 56° 17’ Sud et 73° 46’ Ouest, soit à environ 200 milles dans l’Ouest du cap Horn. Immédiatement, le MRCC (service international de sécurité en mer) était prévenu et Vincent Riou (PRB) et Armel Le Cléac’h (Brit Air) déroutés vers la position de Jean Le Cam. A 9h50, une deuxième balise de détresse était activée sur VM Matériaux, avant qu’un avion de la Marine chilienne ne survole le monocoque, confirmant que le bateau était bien chaviré (voir photo).
Vers 11 heures, un pétrolier de 270 mètres, le Sonangol Kassanje dérouté par le MRCC, arrivait sur zone, se postait à quelques centaines de mètres du bateau rose, émettait plusieurs coups de corne de brume. Mais l’état de la mer (4 à 5 mètres de creux) ne permet pas à l’équipage du navire de mettre à l’eau un canot de sauvetage. A ce moment-là, Jean Le Cam n’a toujours pas donné signe de vie, même si tous les acteurs de la course sont persuadés qu’il est en sécurité à l’intérieur de son bateau.
Riou, le Cléac’h et un pétrolier en guise d’escorte
Sous l’impulsion de Philippe de Villiers, Président de la SEM Vendée, l’organisateur de la course, les pouvoirs français sont en contact avec les autorités chiliennes pour activer le processus. Un bateau de pêche se déroute et un remorqueur de la Marine quitte Puerto Williams à 13h30. Il faudra attendre 15h21 et l’arrivée de Vincent Riou pour avoir des nouvelles de Jean. Ce dernier, qui a réussi à glisser un petit pavillon dans un des passe-coques de son bateau retourné, répond par un cri aux appels de Vincent ! Soulagement général au sein de la famille du Vendée Globe. Jean Le Cam est sain et sauf à l’intérieur de son monocoque. Le bateau n’a plus de bulbe, ce qui explique le chavirage. Le plan Lombard a l’arrière enfoncé dans l’eau ; la trappe de sortie est immergée. A 16h30, Brit Air arrivait à son tour sur zone. Les deux marins ainsi que le pétrolier vont rester aux côtés de VM Matériaux jusqu’à l’arrivée du remorqueur chilien attendu demain mercredi vers 6h00 du matin. Le remorqueur est équipé d’un semi-rigide et d’une équipe de plongeurs qui seront vraisemblablement sollicités pour aider Jean à sortir de son bateau.
Treize en course et deux échappées
Si Vincent Riou et Armel Le Cléac’h ont mis la compétition entre parenthèses, elle se poursuit pour les hommes de tête, et plus loin pour Samantha Davies, Marc Guillemot et consorts. Aux abords des Malouines, avec deux tiers du parcours dans leur tableau arrière, Michel Desjoyeaux (Foncia) et Roland Jourdain (Veolia Environnement) se préparent à un combat singulier qui pourrait durer jusqu’au Sables d’Olonne. En tandem aux avant-postes depuis trois semaines, les deux hommes séparés de 135 milles, sont en train de s’échapper au gré d’un joli flux de Sud-Ouest qui les propulse à bonne vitesse vers le Nord. C’est le début d’une partie de « poker menteur » comme l’évoquait hier Michel Desjoyeaux, conscient d’aborder une semaine de navigation aléatoire le long des côtes sud-américaines, l’endroit le plus risqué, le plus casse-gueule, poursuivait-il, où « Bilou le farceur » pourrait lui réserver quelques entourloupes...
Roxy cinquième
Et voilà la régulière et enjouée Sam Davies (Roxy) propulsée malgré elle en 5e position. Navigant à l’avant d’un front froid dans des vents de Nord-Ouest, Sam, qui a respecté la dernière porte Pacifique, était la plus rapide ce jour, alignant des moyennes de 16 à 17 nœuds. Elle devance de 418 milles un Marc Guillemot (Safran) handicapé par son rail de mât arraché. Derrière, Brian Thompson (Bahrain Team Pindar), Dee Caffari (Aviva) et Arnaud Boissières (Akena Vérandas) évoluaient dans des conditions plus instables, tandis que Steve White (Toe in the water), rattrapé par un anticyclone, était le plus lent de toute la flotte.
L’Américain Rich Wilson (Great American III), en approche de la porte néo-zélandaise, devrait commencer à entrevoir ce soir les prémices de la belle dépression qui a frappé toute la journée Raphaël Dinelli (Fondation Ocean Vital) et Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch). Entre la Tasmanie et la Nouvelle-Zélande, les deux compères viennent de vivre leur troisième passage de front avec des vents moyens de 45 nœuds ! Comme d’habitude, malheureusement, c’est en queue de peloton que les conditions sont les plus rudes. Enfin, à noter l’arrivée de Sébastien Sébastien Josse (Nouvelle-Zélande) peu avant 1 heure ce mardi. BT est actuellement amarré dans le Viaduct Basin, berceau légendaire de l’America’s Cup en 2000 et 2003.
Jean Le Cam à bord de PRB !
Pendant que les secours chiliens étaient en route (hélicoptère transportant des plongeurs et remorqueur), Vincent Riou, joint par la direction de course à 19h10 a indiqué qu’il avait récupéré Jean Le Cam à bord de PRB ! « C’est une histoire incroyable qui se termine bien » selon les mots d’Alain Gautier, le consultant sécurité du Vendée Globe.
Jean entre de bonnes mains mais outrigger cassé pour PRB
Revêtu de sa combinaison de survie, Jean est sorti tout seul de son bateau. Vincent a fait quatre passages pour tenter de le récupérer. Au quatrième passage, le bout de l’outrigger bâbord de PRB s’est pris dans la quille de VM Matériaux et s’est cassé. Dans la foulée, Jean Le Cam a pu grimper à bord, mais les deux hommes ont dû bricoler pour assurer le gréement et virer de bord rapidement pour éviter que le mât ne tombe. Ils font actuellement cap au 110, tribord amures, avec trois ris dans la grand-voile et rien à l’avant, en attendant de réaliser une réparation de fortune sur le gréement.
Armel Le Cléac’h qui était également sur zone, s’est mis en route dans leur sillage.
Les opérations de sauvetage de la marine chilienne sont en cours d’annulation. Le pétrolier sur place depuis ce matin va pouvoir reprendre sa route. L’hélicoptère a rebroussé chemin, de même que le remorqueur de la marine chilienne qui devait arriver sur VM Matériaux mercredi matin.

lundi 5 janvier 2009 :
Premier de cordée

Pour l’ascension de l’Atlantique, Michel Desjoyeaux est désormais l’ouvreur d’un parcours de 7 000 milles bourré de pièges. Attendu vers midi au passage du cap Horn, son poursuivant direct Roland Jourdain, devrait gagner un peu de terrain ces prochaines heures mais l’incertitude règne sur la météo à venir le long des côtes argentines…
Deux heures et cinq minutes de moins qu’en 2004 : Michel Desjoyeaux (Foncia) a en fait navigué depuis le départ donné le 9 novembre 2008 à 13h02, à 13,12 nœuds de moyenne par rapport à l’orthodromie (route directe théorique). Un gain de près de 0,8 nœuds puisque Jean Le Cam en 2004 avait parcouru 1 060 milles théoriques en moins en 56j 17h 13’, indiquant bien que le rythme de course et le potentiel des duos skipper-bateau a sensiblement grimpé… Reste que rien n’est encore acquis avec un Atlantique entier à traverser du Sud au Nord avec des conditions météorologiques pas clairement calées. Déjà le leader a dû faire face à des brises nettement plus molles une fois le cap Horn paré car le long des reliefs patagons, le vent est dévié et ralenti. Conséquence, au pointage de 11h00, le skipper de Foncia progressait sous le soleil à 6 noeuds de moyenne, tandis son compère Bilou continuait à marcher à 13,5 nœuds, de quoi grappiller quelques longueurs du moins temporairement.
Quant à savoir si Michel passera ou non par l’étroit détroit de Le Maire (16 milles de large) entre la pointe chilienne et l’île des États, il faudra attendre la cartographie du prochain classement de 16 heures. Il devrait alors retoucher une brise plus établie après le cap San Diego, d’une vingtaine de nœuds de secteur Ouest à Nord-Ouest.
La chanson de Roland
Le skipper de Veolia Environnement peut chanter tout l’été (austral) : dans le sillage et le même système météo que son devancier, Bilou a encore de nombreuses cartes à jouer pendant la première semaine de remontée de l’Atlantique où la stratégie est loin d’être limpide. Il a déjà pu voir de près le cap Horn (ce que n’a pas pu faire son prédécesseur passé de nuit) et ne concède qu’une centaine de milles soit environ huit heures à son compère de Port la Forêt. Roland Jourdain est une nouvelle fois second au passage du Pacifique à l’Atlantique, mais n’a cette fois pas besoin de mouiller dans une crique patagonne pour réparer un rail de grand voile comme en 2001, ce qui ne sera pas le cas de Marc Guillemot, bien décidé à s’arrêter soit après le cap Horn, soit aux Malouines pour réparer son rail de mât arraché au niveau du 3e ris.
32 heures pour Samantha Davies
Roxy a droit à réparation en vertu de la règle 62.1(c). Roxy reçoit une bonification de 32 heures qui devra être retranchée de son temps réel d’arrivée.
Le 4 janvier 2009 par le Jury International : Bernard BONNEAU (FRA – Président) ; Ion ECHAVE (ESP) ; Trevor LEWIS (GBR) ; Christian PEYRAS (FRA) ; Jean VERMANT (BEL)
Bonification pour Marc Guillemot
Safran a droit à réparation en vertu de la règle 62.1(c). Safran a enfreint l’article 2.2 de l’avis de course en recevant du ravitaillement et l’article 12.3 en déplombant l’arbre d’hélice. Safran reçoit une bonification de 82 heures qui devra être retranchée de son temps réel d’arrivée. Les infractions aux articles 2.2 et 12.3 de l’avis de course ayant été commises dans le cadre de l’opération d’assistance, Safran est exonéré de ces infractions en vertu de la règle 62.1(c). Cependant, le skipper doit mettre en place un système permettant de prouver à l’arrivée que l’arbre d’hélice n’a pas pu bouger. Des photos de ce système doivent être envoyées au Directeur de Course.
Le 4 janvier 2009 par le Jury International : Bernard BONNEAU (FRA – Président) ; Ion ECHAVE (ESP) ; Trevor LEWIS (GBR) ; Christian PEYRAS (FRA) ; Jean VERMANT (BEL)

dimanche 4 janvier 2009 :
Le Cap Horn en ligne de mire

En tête depuis 19 jours, Michel Desjoyeaux franchira le Cap Horn en premier la nuit prochaine. La flotte s’étale désormais sur près de 6000 milles du Cap Horn à la Tasmanie. Les premiers s’apprêtent à quitter le Pacifique quand les derniers, Sedlacek et Dinelli, vont y entrer.
Retrouver l’Atlantique, la proximité des côtes, la civilisation des grandes routes maritimes et, surtout, une mer un peu moins déchaînée que celles rencontrées successivement dans les Océans Indien et Pacifique, voilà ce que représente le passage du Cap Horn pour les coureurs du Vendée Globe… Aussi dangereux soit-il, le Cap Horn est attendu avec impatience. Après un mois dans les mers du sud (pour les premiers et deux pour les derniers), il représente un grand soulagement psychologique d’être sorti indemne des tempêtes des mers australes. Comme en 2001, Michel Desjoyeaux (Foncia) devrait franchir le légendaire Cap Horn en chef de file la nuit prochaine. Une dernière journée dans le Pacifique où le vent souffle toujours aussi fort (40 nœuds) et les vagues restent une menace permanente.
Avec 73 milles d’avance sur Roland Jourdain (Veolia Environnement), son plus tenace adversaire, et 452 milles sur Jean Le Cam (VM Matériaux), Desjoyeaux a nettement profité de la traversée du Pacifique pour creuser un écart conséquent avec ses concurrents. A l’entrée du Pacifique, les six premiers se tenaient en 450 milles. Ils ne sont désormais plus que trois sur la même distance. La sixième, Samantha Davies (Roxy), bien que la plus rapide sur les dernières 24h, est reléguée à plus de 2000 milles du leader. Seuls les cinq premiers peuvent encore rêver des honneurs du vainqueur. Et encore, renvoyés à plus de 700 milles de Desjoyeaux alors qu’il reste 7000 milles à parcourir, Vincent Riou (PRB) et Armel Le Cleac'h (Brit Air), 4e et 5e, affichent donc un retard équivalent à 10% de la route à parcourir. Sans un bon coup de pouce météorologique, il leur sera impossible de rattraper un tel écart en vitesse pure. Mais la route est encore longue avec toute la remontée de l’Atlantique au programme et cette 6e édition s’est déjà révélée riche en surprises. Et avant ce dernier grand sprint dans l’Atlantique, il faut déjà franchir le Cap Horn et ses parages redoutés. Pour Michel Desjoyeaux, ce n’est plus qu’une question d’heures…
Artemis se déroute
Jonny Malbon a décidé de faire route vers la Nouvelle-Zélande : suite à une succession de problèmes techniques depuis son départ des Sables d’Olonne, le skipper britannique en accord avec son sponsor a préféré jeter l’éponge avant de s’engager totalement dans l’océan Pacifique.
Le jeune solitaire n’a pas été à la fête depuis 55 jours ! En percutant violemment un cétacé dans l’Atlantique Sud, Artemis avait perdu sa dérive tribord, ce qui n’était pas trop gênant au portant, mais posait déjà problème pour sa remontée de l’Atlantique. Avec en sus des soucis de charge des batteries et désormais une grand voile qui risque à tout moment d’exploser, Jonny Malbon a pris la décision de faire route vers l’île Sud de la Nouvelle-Zélande, probablement Dunedin, port où le trimaran géant Groupama 3 avait été remorqué après son chavirage l’hiver dernier…
« Je suis absolument effondré. J’étais encore confiant il y a quelques jours pour traverser le Pacifique mais les avaries de grand voile que je subis depuis deux jours ne peuvent plus me permettre d’envisager une navigation de 12 000 milles : ma grand voile se désagrège de plus en plus par délaminage du film Mylar et du tissu Kevlar ! » indiquait le solitaire situé à environ 300 milles de l’île du Sud de la Nouvelle-Zélande. « Cela a été un effort colossal pour toute l’équipe afin de prendre le départ et d’arriver jusque là. Je remercie tous les membres du Team Artemis car je sais la chance que j’ai eu de participer à ce Vendée Globe. » Jonny Malbon devrait arriver à bon port mardi prochain.
Coucher du soleil sur le Horn
À moins de 300 milles du cap Dur, Michel Desjoyeaux (Foncia) devrait passer la pointe mythique de l’Amérique du Sud au coucher du soleil (heure locale), c’est-à-dire vers 4 heures (heure française). Et Roland Jourdain devrait le suivre environ cinq heures plus tard : le skipper de Veolia Environnement devrait peut-être pouvoir regagner un peu de terrain grâce à son arrivée par le Nord-Ouest. En effet, le vent encore très fort qui règne au large du Chili (40 nœuds de Nord-Ouest) va mollir ce dimanche pour basculer au secteur Ouest 20-25 nœuds, mais la mer sera encore très forte… Des conditions qui devraient aussi permettre à Jean Le Cam (VM Matériaux) de moins souffrir pour aligner les milles en cette fin de Pacifique, alors qu’une nouvelle dépression pourrait poser quelques problèmes au couple suivant : Vincent Riou (PRB) et Armel Le Cléac’h (Brit Air) devront affronter une mer très grosse dans des vents de plus de quarante nœuds à leur passage au Horn !

samedi 3 janvier 2009 :
Vite aujourd’hui pour préserver demain

Comme prévu, le mauvais temps (voir photo) annoncé sur l’approche du Cap Horn est là. Un flux de nord-ouest très puissant accompagne les premiers, mais surtout la mer devient de plus en plus difficile à négocier. Des creux de 7 à 9 mètres et un début de phénomène de résonnance de la houle du fait des côtes du Chili provoquent une mer particulièrement difficile à négocier. Une seule solution : faire le dos rond… sans oublier d’avancer malgré tout.
Ce n’est pas dans le grand mauvais temps que les navigateurs atteignent leurs plus belles vitesses. Pour preuve, c’est bien Sam Davies qui enregistre actuellement les meilleures moyennes : la navigatrice britannique bénéficie en effet de conditions idéales. Par 25 à 30 nœuds de vent et une mer bien ordonnée, elle peut donner toute la puissance de son Roxy qui allonge ainsi la foulée. En revanche, les hommes de tête doivent veiller à préserver avant tout leur matériel : trouver le bon compromis entre une vitesse nécessaire pour ne pas se faire capeler par une déferlante venant de l’arrière et la nécessité de ne pas forcer la machine ni lui imposer des sauts de vagues intempestifs. Pour la tête de course, il est important de continuer de cravacher car c’est après le Horn que la décision pourrait se faire. Au vu des conditions actuelles, Michel Desjoyeaux (Foncia) et Roland Jourdain (Veolia Environnement) pourraient bénéficier de conditions favorables pour entamer leur remontée vers le nord. Ce sera déjà un petit peu plus limité pour Jean Le Cam (VM Matériaux) qui devra s’arracher pour rester dans le même flux. Malheureusement pour eux, il se pourrait que la porte se referme avant l’arrivée de Vincent Riou (PRB) et Armel Le Cleac'h (Brit Air). Néanmoins, il reste encore plus de trois jours pour l’arrivée de ces deux concurrents et les systèmes évoluent rapidement dans les quarantièmes.
Pour leurs poursuivants, c’est un nouveau système perturbé qui risque de les accompagner jusqu’au Cap Horn. De Sam Davies à Arnaud Boissières (Akena Vérandas), l’ensemble de la flotte pourrait bénéficier d’un régime comparable pour arriver à la dernière marque de parcours avant les Sables d’Olonne. Pour le reste de la flotte, il n’est pas encore temps de penser à la sortie. Le nombre de milles qui restent à négocier rendraient vaines toutes les supputations sur le passage du Cap des Tempêtes, comme avaient coutume de l’appeler certains Cap-horniers d’antan.

vendredi 2 janvier 2009 :
Retour dans les Cinquantièmes hurlants

Avec les portes à franchir pour éviter les zones de glace, les 15 concurrents encore en course étaient remontés dans les Quarantièmes rugissants. Michel Desjoyeaux, en tête depuis 17 jours, vient de replonger au cœur des tempêtes des Cinquantièmes afin de franchir le Cap Horn lundi prochain.
Dans un message de la nuit, Sam Davies (Roxy), toujours rayonnante et désormais pointée en sixième position, se plaignait qu’il n’y ait plus de vent sur sa zone. 2000 milles devant la joyeuse Anglaise, Michel Desjoyeaux (Foncia) a retrouvé l’ambiance marmite des Cinquantièmes avec vent fort et mer croisée. Sa vitesse au pointage de 5h s’en ressentait puisque – fait suffisamment rarissime pour le souligner – il était le moins rapide des cinq premiers avec un “petit“ 11,6 nœuds de moyenne contre 16 nœuds pour ses poursuivants. Les écarts pourraient donc se réduire légèrement dans les prochaines heures. A moins de 1100 milles d’un Cap Horn aussi dangereux que libérateur, les trois premiers zigzaguaient vent arrière en direction du légendaire cap. Armel Le Cleac'h (Brit Air) et Vincent Riou (PRB), toujours aussi inséparables, ont franchi la dernière porte de sécurité en milieu de nuit et ont abattu à leur tour vers ce dernier des trois grands caps du Vendée Globe. Avec le ralentissement de Michel Desjoyeaux, le passage au Cap Horn est plutôt prévu lundi matin après 56 ou 57 jours de mer. Soit le même timing que Jean Le Cam en 2004, mais avec un parcours plus long de 1160 milles.
L’odyssée continue
Pour Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac 2), Sébastien Josse (BT), Derek Hatfield (Algimouss Spirit of Canada) et Unai Basurko (Pakea Bizkaia), les quatre marins ayant abandonné et toujours en mer, l’aventure n’est toujours pas finie. Le Basque Unaï, aujourd’hui à la latitude de Gibraltar, remonte toujours vers le Portugal. Le Canadien Derek espère atteindre Hobart dimanche. Pour les deux Français, la route est encore longue pour rejoindre la Nouvelle-Zélande. Sébastien, à 600 milles d’Auckland, pourrait y arriver mardi. Quant à Jean-Pierre, il lui reste encore 2000 milles à parcourir avec un seul safran, soit une bonne douzaine de jours de mer.

jeudi 1er janvier 2009 :
Un 1er janvier contrasté

A part le quinté de tête qui progresse toujours dans 30 à 40 nœuds de vent, le reste de la flotte connaît un 1er janvier plutôt “clément“ pour les mers du sud. Un petit répit bien venu pour célébrer une nouvelle année que tous espèrent entamer par un retour grandiose aux Sables d’Olonne. Pour Jean-Pierre Dick, ce 1er janvier a un goût amer. Il a envoyé la photo hier quelques heures avant de heurter un OFNI et de devoir quitter la course. Il ne pouvait imaginer pire façon de commencer 2009...
Les écarts se creusent et ne cessent de se creuser entre les cinq premiers et leurs poursuivants. A l’avant d’une large dépression stationnaire, ils profitent toujours de vents soutenus et caracolent à 17 nœuds de moyenne vers le Cap Horn pour les trois premiers (Desjoyeaux, Jourdain, Le Cam), et la dernière porte pour les deux suivants (Le Cleac'h, Riou). Derrière, les conditions sont moins fortes et expliquent en partie la différence de vitesse entre le quinté de tête et les dix suivants.
Le Cam à la porte
20 heures après Michel Desjoyeaux, Jean Le Cam était le troisième concurrent à franchir la dernière porte du parcours et pouvoir mettre le cap vers le Horn. Armel Le Cléac’h et Vincent Riou passeront la porte ce soir avec un jour et demi de retard sur le leader. Samantha Davies, désormais 6e, est un peu isolée. Elle pointe à plus de 1200 milles derrière le cinquième, Vincent Riou, et possède 300 milles d’avance sur Marc Guillemot. Mais dans une vidéo envoyée hier, elle se réjouissait d’une accalmie météo et d’un peu de chaleur revenue pour se filmer pieds nus, en t-shirt et tout sourire sur le pont de son bateau.
Retour aux sources
C’est en Nouvelle-Zélande que tout a commencé pour Jean-Pierre Dick. C’est là que sa deuxième participation au Vendée Globe va se terminer. La Nouvelle-Zélande tient une place à part dans le cœur de Jean-Pierre Dick qui y a construit ses deux monocoques Imoca. Il en est parti à chaque fois avec une monture neuve pour un demi-tour du monde de mise au point de sa monture. Les résultats ne se sont pas fait attendre avec un doublé sur la Transat Jacques Vabre, la victoire dans la Barcelona World Race et une belle troisième place sur la Route du Rhum. C’est donc en Nouvelle-Zélande que, dans 8 à 10 jours, Jean-Pierre Dick va toucher terre et mettre un terme à ce Vendée Globe. Il y retrouvera Jean-Pierre Dick, également victime de ses safrans, et qui progresse à 5 nœuds à 850 milles dans l’est d’Auckland.

mercredi 31 décembre 2008 :
Ambiance grand froid

Tous les concurrents ne sont pas logés à la même enseigne. Au sud de la Tasmanie, Jonny Malbon et Rich Wilson vont connaître leurs heures les plus froides avec une tempête de neige et de grêle prévue aujourd’hui.
Si le duo de tête, séparé d’une centaine de milles, profite toujours d’un vent de nord-ouest de 25-30 nœuds pour filer bon train, ses poursuivants subissent toujours des vents soutenus à 35-40 nœuds avec rafales à 45. C’est le cas notamment de Jean Le Cam, Armel Le Cleac'h et Vincent Riou qui fonçaient entre 18 et 20 nœuds de moyenne ce matin. Mais ce vent plus orienté ouest les a obligé à rallonger la route vers le sud pour conserver une bonne vitesse. Devant Michel Desjoyeaux pensait franchir la dernière porte aux alentours de midi et abattre ensuite vers le Cap Horn, même s’il prévoit une descente en « zigzag dans un corridor étroit entre le Chili et la zone des glaces » !
Au sud de la Nouvelle-Zélande, la galère continue pour Steve White qui souffre toujours d’un vit-de-mulet cassé et doit en plus faire face maintenant avec des vents contraires et des problèmes de pilote automatique. Derrière lui, son compatriote Jonny Malbon et l’Américain Rich Wilson vont connaître leur première neige avec un fort vent de sud venant directement de l’Antarctique. Un froid polaire qui ne va pas faciliter la vie à bord d’un monocoque déjà aux prises avec les dépressions des Quarantièmes rugissants.
Peyron dans l’avion, Stamm à la Réunion
A peine arrivé à Fremantle à 1h45 (HF) ce matin, Loïck Peyron n’a pas traîné sur place et a embarqué dans le premier avion vers l’Europe. Après un détour par l’île d’Amsterdam avec le navire des TAAF, le Marion Dufresne, Bernard Stamm a débarqué hier matin à La Réunion avec son monocoque. Sébastien Josse, qui a abandonné lundi suite à son avarie de safran, était ce matin à 1000 milles d’Auckland et le Canadien Derek Hatfield doit encore parcourir 600 milles avant d’être en sécurité à Hobart avec son gréement fragilisé.
Paprec-Virbac 2 perd son safran bâbord.
Aux alentours de 13h TU le safran bâbord de Paprec-Virbac 2 de Jean-Pierre Dick est entré violemment en contact avec un objet solide. Dans le choc l’ensemble du safran et son palier se sont arrachés. Après avoir empanné Jean-Pierre Dick fait route actuellement au 350.
A l’instant du choc Paprec-Virbac 2 était positionné par 47°49,53S et 143°08,10W. Le bateau faisait route à 15 nœuds sous gennaker et grand-voile. Après inspection des dégâts, Jean-Pierre a immédiatement affalé le gennaker, empanné, puis réduit la grand-voile. Son bateau navigue actuellement sous trinquette et deux ris.
Jean-Pierre décidera par la suite, s’il fait route vers la Polynésie Française distante de 1830 milles ou vers la Nouvelle-Zélande distante de 2000 milles.
C’est un coup dur pour le navigateur niçois qui, jusqu’à l’avarie qui avait affecté son safran tribord, avait remarquablement mené sa course, prenant la tête de flotte plusieurs jours durant. Malgré ce premier coup du sort, Jean-Pierre avait décidé de continuer la course vaille que vaille, même s’il voyait ses rêves de podium s’envoler. L’avarie qui affecte son safran valide signifie pour lui, l’obligation de mettre le cap vers des eaux plus clémentes.

mardi 30 décembre 2008 :
Conditions pour un record

Roland Jourdain, le plus rapide de la flotte avec Michel Desjoyeaux, a mis le turbo depuis hier après-midi. Avec 18,4 nœuds de moyenne sur les dernières 24h (soit 441 milles parcourus), il se rapproche doucement du record en monocoque et solitaire détenu par Alex Thomson depuis 2003 avec 468 milles. Marc Guillemot déplore à nouveau un problème avec son rail de mât.
Déjà mi-décembre, Michel Desjoyeaux était venu taquiner le record de Thomson de très près avec un joli 466 milles en 24h au sud de l’Australie. Aujourd’hui, en plein milieu du Pacifique Sud, c’est au tour de Roland Jourdain de faire parler la poudre. En survitesse permanente, la moitié du bateau hors de l’eau, avec des embruns qui giclent à plusieurs mètres de chaque côté de la coque, il trace un sillage de hors bord dans les Quarantièmes rugissants. Et en profite pour réduire à nouveau son retard sur Michel Desjoyeaux qui ne le devance plus que de 59 milles au pointage de 11h. Les conditions météo sont plus stables pour les deux premiers avec un vent de nord-ouest qui leur permet de faire route directe vers la dernière porte de sécurité qu’ils passeront pour le réveillon du jour de l’an.
Nouvelle avarie pour Guillemot
Marc Guillemot est victime pour la deuxième fois du même problème de rail de grand-voile arraché. Si sa réparation au mouillage de l’archipel d’Auckland Islands s'est révélée parfaitement efficace, le rail s'est de nouveau cassé, mais à hauteur du deuxième ris. Guillemot est de nouveau handicapé, il attend de voir les conditions après le passage du Cap Horn pour savoir s'il décide de s'arrêter à nouveau...

lundi 29 décembre 2008 :
Generali perdu en mer

Alors que l’état de santé de Yann Eliès permettra son rapatriement mercredi 31décembre, son monocoque Generali est perdu en mer. Suite à leur chavirage respectif, le Canadien Derek Hatfield poursuit sa route à vitesse réduite vers Hobart avec un gréement endommagé et Sébastien Josse continue de remonter vers le nord pour décider – semble-t-il aujourd’hui – de poursuivre ou d’arrêter la course. En tête depuis 13 jours, Michel Desjoyeaux creuse régulièrement l’écart avec ses plus proches adversaires.
Nouveau coup dur pour le skipper Yann Eliès. Après sa grave blessure à la jambe gauche, son calvaire en attendant les secours et son hospitalisation en Australie, une mauvaise nouvelle lui est parvenu hier soir. La balise de positionnement de son bateau a cessé d’émettre le 23 décembre et la balise de détresse s’est déclenchée automatiquement le même jour. Celle-ci s’est arrêtée trois jours plus tard le vendredi 26. Face aux conditions météo dégradées et en l’absence de position récente du bateau, l’équipe partie récupérer le monocoque a renoncé dimanche soir à poursuivre les recherches. Le monocoque Generali est donc perdu en mer, à environ 700 milles au sud de l’Australie.
Devant, Michel Desjoyeaux (Foncia) enfonce chaque jour un peu plus le clou. Seul Roland Jourdain (Veolia Environnement) réussit à s’accrocher à moins de 100 milles du leader. Jean Le Cam (VM Matériaux), troisième, pointe à 280 milles tandis que l’inséparable duo Armel Le Cleac'h (Brit Air)/Vincent Riou (PRB) est relégué à plus de 500 milles du premier. Après 49 jours de course, une première vraie hiérarchie semble se dessiner dans le Pacifique Sud.
Depuis son chavirage vendredi matin, Sébastien Josse (BT) a mis le cap au nord pour établir un diagnostic précis des dégâts sur son monocoque 60 pieds. 450 milles plus tard, il a enfin atteint la latitude de 40° sud où les conditions de mer plus stable devraient lui permettre d’analyser précisément son problème de safran et décider de poursuivre ou d’arrêter la course. 3000 milles derrière, sous l’Australie, Derek Hatfield (Algimouss Spirit of Canada) ne se pose plus la question de continuer ou pas. Avec deux barres de flèches en moins, son premier souci est de rejoindre le port le plus proche en conservant un mât intact. Il pointe vers Hobart à 6 nœuds de moyenne et espère atteindre le port tasmanien, distant de 1000 milles, dans une semaine.

dimanche 28 décembre 2008 :
Barres de flèche brisées sur Algimouss

Pendant que Michel Desjoyeaux semble vouloir faire le break, la flotte est toujours secouée par une série de dépressions dans le Grand Sud. Au point que Derek Hatfield s’est fait blackbouler ce dimanche matin, couché sur l’eau. Deux barres de flèche bâbord sont cassées et le Canadien pense faire escale à Hobart (Tasmanie)…
Le message est bref ce dimanche matin : quarante nœuds de vent de Sud-Ouest, bateau couché, deux barres de flèche brisées, skipper OK… Derek Hatfield (Algimouss-Spirit of Canada) fait route à petite vitesse (7 nœuds) vers la pointe de la Tasmanie, distante d’environ 1 000 milles. Le solitaire devrait fournir plus d’explications lors de la vacation radio de midi sur les circonstances de son avarie et sur ses décisions à venir. Du côté d’Auckland Island, Marc Guillemot (Safran) en a fini avec sa réparation du rail de grand voile (voir photo) : après quelques péripéties et un peu plus de temps que prévu, le Trinitain a repris sa route avec un bateau désormais capable de naviguer à son potentiel maximum. Le monocoque n’avait plus que 150 milles d’avance sur le trio Dee Caffari (Aviva), Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) et Arnaud Boissières (Akéna Vérandas) qui navigue quasiment à vue, mais Marc Guillemot était l’un des plus rapides de la flotte après son départ de la baie de Port Ross.
L’avant dernière porte
Pour Sébastien Josse (BT), la situation évolue peu car le bateau est encore malmené par une mer dure et des vents soutenus : le solitaire persévère sur sa route Nord pour atteindre le plus tôt possible le 40° Sud où les hautes pressions pourraient enfin lui permettre de faire un check-up complet de son système de safran. De sa capacité à résoudre ce problème d’alignement en mer dépend sa décision de reprendre la course ou de retourner sur la Nouvelle-Zélande : il faudra encore patienter quelques heures voire jusqu’à demain lundi matin.
Si le vent et la mer sont encore musclés au milieu du Pacifique par 45° Sud, la situation se régule lentement avec la dépression au Sud qui se comble désormais lentement. Mais des fronts sont encore annoncés sur la route alors que Michel Desjoyeaux (Foncia) toujours en tête depuis treize jours, n’est plus qu’à quelques milles de la porte Ouest Pacifique. L’écart d’une cinquantaine de milles par rapport à Roland Jourdain (Veolia Environnement) est stable depuis plusieurs jours mais cette fois, le leader a réussi à se caler plus au Nord que son camarade, ce qui devrait lui permettre de faire cap direct plus tôt vers l’ultime porte du Pacifique qui a été remontée de plus de 300 milles à cause des glaces dérivantes. C’est la raison pour laquelle le parcours s’est allongé de près de 450 milles (à cause de la courbure de la Terre) : ce n’est que ce dimanche qu’il ne restera plus que 10 000 milles à parcourir pour rallier Les Sables d’Olonne…
Précisions sur la situation
Côté météo, Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) et Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) vont enfin pouvoir souffler un peu : la dépression qui les secoue encore ce dimanche matin continue sa route sous l’Australie en laissant derrière elle une zone de transition importante. Les deux solitaires vont ainsi passer la longitude du cap Leeuwin en début de semaine dans des conditions beaucoup plus maniables avec du vent de secteur Ouest d’une quinzaine de nœuds en bordure d’anticyclone. Pour le triumvirat anglo-saxon, les vents sont encore très soutenus à plus de quarante nœuds, comme l’indiquait Derek Hatfield ce matin : cette dépression va passer ce midi en offrant une brise de secteur Ouest 20-25 nœuds, puis une nouvelle perturbation leur passera dessus en début de semaine avant une pause bienvenue…
Sous la Nouvelle-Zélande, une succession de fronts chauds venus d’Australie perturbe le régime général d’Ouest et le quatuor Boissières-Thompson-Caffari-Guillemot doit parfois composer avec des vents de secteur Nord, voire Nord-Est… Mais en devant remonter pour aller chercher la porte néo-zélandaise, ces skippers devraient retrouver un flux plus régulier de Sud-Ouest pour quelques jours. Samantha Davies (Roxy) fait une bonne opération ce dimanche et continue de rattraper Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac 2) empêtré dans des vents instables et modérés. Enfin, pour le « club des cinq » devant, c’est toujours le même régime musclé ! Du vent d’Ouest à Sud-Ouest 25-30 nœuds minimum, qui doit tourner progressivement en début de semaine au secteur Ouest-Nord Ouest 25-30 nœuds… Mais la mer va commencer à mieux s’organiser.
Michel Desjoyeaux se fait la belle ! En ce dernier dimanche de l’année 2008, le skipper de Foncia fonce de nouveau à des moyennes hallucinantes, à près de vingt nœuds sur une mer qui commence à devenir plus régulière et dans un vent de secteur Ouest d’une trentaine de nœuds. Le leader a été le premier à franchir la porte Ouest Pacifique en son milieu ce matin, avec plus de 70 milles d’avance sur Roland Jourdain (Veolia Environnement) qui, par sa position plus au Sud, devra la traverser sur sa partie la plus orientale. Mais comme la brise va tourner progressivement au Nord-Ouest et que l’ultime porte Est Pacifique est plus haute en latitude (44° Sud), il n’y aura pas d’option tactique jusqu’à cette « barrière de sécurité » déplacée pour parer les glaces dérivantes du Pacifique. C’est donc de nouveau une course de vitesse pure en tête de la flotte, avec un Jean Le Cam (VM Matériaux) qui a perdu des milles depuis le début du week-end.
Desjoyeaux s’échappe, Hatfield vers Hobart
Victime de barres de flèche brisées, le Canadien Derek Hatfield se déroute vers Hobart. Marc Guillemot a quitté samedi soir son mouillage d’Auckland Islands après une réparation réussie sur le rail de mât, Dominique Wavre est arrivé à 0h30 (HF) dimanche à Fremantle et Michel Desjoyeaux creuse l’écart sur l’ensemble de ses adversaires au passage de la porte Pacifique Ouest.
Armel Le Cleac'h, 4e, et Vincent Riou, 5e, ont quasiment suivi la même route depuis le départ. Ils se croisent régulièrement sur l’eau, se filment et discutent à l’occasion. Séparé d’une trentaine de milles depuis ce matin, le “couple“ s’est reformé ce soir… (voir photo)

samedi 27 décembre 2008 :
Système D... pressions

Ce sixième Vendée Globe est désormais tamponné « dantesque » ! Les dépressions qui avaient déjà fait de gros dégâts dans l’océan Indien, ont été relayées dans le Pacifique par des perturbations à caractère orageux extrêmement dynamiques : moins de trente nœuds de vent ont des allures de calme… Ces conditions violentes ne vont pas affecter seulement la tête de la flotte : la mer de Tasman s’annonce aussi particulièrement mauvaise !
La mer possède une puissance phénoménale et le tsunami qui a balayé les côtes asiatiques il y a quatre ans, démontre la capacité destructrice qu’une vague peut développer ! La déferlante qui a couché brutalement le monocoque de Sébastien Josse (BT) vendredi après-midi a probablement développé une force herculéenne au point de compresser la coque, de désolidariser une cloison intérieure, de fissurer le rouf et semble-t-il, d’avoir faussé un des deux safrans… Et cette mer démontée n’est pas prête de se calmer : la dépression qui a balayé la tête de course, ne se déplace que lentement avec un creusement à 939 hPa.
De plus, elle va être réactivée par une nouvelle perturbation orageuse venue de Nouvelle-Zélande, renforçant les vents à plus de 45-50 nœuds avec des lignes de grains très violents. La mer ne va pas non plus se réguler, car les brises de Sud-Ouest à plus de trente nœuds, vont se mélanger avec des houles de Nord-Ouest ! La position de la dernière porte du Pacifique Est devant être remontée pour éviter les glaces qui traînent aussi au Sud du 45° Sud, incitent les cinq premiers à gagner vers le Nord-Est, ce qui est une bonne décision car les vents sont (un peu) moins musclés au-dessus de cette latitude…
À Auckland Island
Marc Guillemot (Safran) a mouillé ce samedi à 10h00 (heure française) dans la baie de Port Ross, devant Sandy Bay. Il faisait nuit quelques minutes après la manœuvre et comme ce soir est une nouvelle lune (lune noire), le solitaire n’aura pas beaucoup de lumière pendant six heures, le temps que le soleil se lève à l’horizon dans cet été austral par 51° Sud… Cela ne devrait pas empêcher le Trinitain d’intervenir à la lampe torche et au projecteur pour remplacer un morceau de rail de grand voile. Marc comptait six heures pour en finir, mais cela va réellement dépendre de la gravité de l’arrachement, du froid qui ne manquera pas de ralentir les gestes, de la facilité à tarauder dans le mât.
Dépression sur dépression
L’unique solitaire à passer au travers des dépressions qui se succèdent, est Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac 2) qui avait sensiblement ralenti dans une bulle anticyclonique et se faisait rattraper par Samantha Davies (Roxy) à 400 milles de son tableau arrière, la Britannique profitant d’un bon flux portant avant de se faire avaler par une autre dépression… Comme d’ailleurs presque tous les autres concurrents : Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) et Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) seront les premiers ce samedi soir à supporter des vents de 60 nœuds ! Puis c’est le triumvirat anglo-saxon qui va se faire cueillir au large de la Tasmanie : Derek Hatfield (Algimouss-Spirit of Canada), Rich Wilson (Great American III) et Jonny Malbon (Artemis) devront faire le gros dos dimanche… Enfin, Steve White (Toe in the water) puis Arnaud Boissières (Akéna Vérandas), Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) et Dee Caffari (Aviva) vont aussi devoir composer avec une mer très dure à l’approche des hauts fonds au Sud de la Nouvelle-Zélande.
Ce système dépressionnaire permanent n’est pas inhabituel dans ces mers du Sud, mais il semble que ce mois de décembre soit particulièrement agité par une confrontation frontale entre l’air très chaud du désert australien, qui s’échappe par « bulles » vers les latitudes polaires, formant des dépressions orageuses à très forte activité nuageuse, électrique, éolienne ! Si Michel Desjoyeaux (Foncia) conserve son leadership en grattant même une dizaine de milles sur ses poursuivants directs, Roland Jourdain (Veolia Environnement) et Jean Le Cam (VM Matériaux), il n’en est pas pour autant très rapide : avec un peu plus de douze nœuds de moyenne en VMG, les premiers ne peuvent pas naviguer sereinement dans une mer qui risque à tout instant de déferler violemment. Quant au couple Vincent Riou (PRB) et Armel Le Cleac'h (Brit Air), il a décidé de se séparer ce samedi midi : le vainqueur du Vendée Globe 2004 part au Nord-Est quand le novice du tour du monde choisit le Sud-Est…

vendredi 26 décembre 2008 :
BT couché par une vague

L'équipe à terre de Sébastien Josse (BT) a reçu un appel de son skipper aujourd’hui à 12h47, l’informant que le bateau avait été couché sur le côté par la mer démontée.
Sébastien, dont la position était approximativement 47º37' S - 159º14' W (soit environ 1000 milles dans l'est-sud-est de Wellington, NZ) au moment de l'incident, est sain et sauf et ne requiert pas d'assistance extérieure. Cette nuit dans des rafales à 60 noeuds, le monocoque a été renversé par une vague déferlante. Le bateau est resté sur la tranche, le haut du mât dans l'eau, pendant plusieurs minutes avant de revenir droit, et Sébastien doit à présent attendre le lever du jour pour estimer les dégâts (dans l’après-midi en France).
Sébastien Josse, joint par son équipe : « Hier soir j'ai décidé de monter plus au nord pour éviter le plus gros de la tempête, mais les conditions étaient affreuses avec des déferlantes et des grains à plus de 65 nœuds, avec de la grêle et de la neige. Je faisais route prudemment avec 3 ris et la trinquette quand une vague m'a balayé. Le bateau s'est couché à 110º au moins, avec le mât dans l'eau. J'ai mis 5 minutes à me faire une idée claire de ce qui s'était passé, mais les éléments vitaux du bateau sont OK - le mât, la quille... et on flotte toujours ! Je vais avoir la lumière du jour d'ici deux heures et je pourrai alors estimer précisément les dégâts et la suite des opérations - pour le moment il faut que j'y aille doucement. »
Cap au nord à sec de toile, le skipper attend le lever du jour pour inspecter sa monture.
Chaviré par une vague
A la vacation du jour, Jean Le Cam ne cachait pas sa crainte de naviguer dans une mer aussi chaotique. Une mer casse bateau. Des craintes malheureusement confirmées quelques heures plus tard lorsque le monocoque de Sébastien Josse (BT), en pleine nuit australe et dans des rafales à plus de 60 nœuds de vent, s’est fait couché sur la tranche par une vague plus violente que les autres. Tête de mât dans l’eau, le voilier est resté couché plusieurs minutes avant de se redresser. Actuellement quatrième, Séb Josse a mis le cap au nord à petite vitesse en attendant le lever du jour (ce soir en France) pour constater l’étendue des dégâts.
Neige et grains à plus de 65 nœuds !
Dans une mer fracassante, le décor des océans du sud ne déroge pas à sa mauvaise réputation. Au milieu du Pacifique, la tête de flotte n’échappe pas à la règle. « C’est vraiment l’enfer ! » déclare Jean Le Cam (VM Matériaux). « Y a de quoi traumatiser un mec ! » confirme à distance Vincent Riou (PRB). « C’est vraiment impressionnant. Je n’ai même pas pu déballer mes cadeaux car j’ai peur qu’ils valsent n’importe où » ajoute Roland Jourdain (Veolia Environnement). Pas de trêve de Noël pour les skippers du Vendée Globe. Les dépressions se succèdent et engendrent une mer terriblement violente. « On a eu jusqu’à 6 mètres de creux avec des crêtes hautes de 2 mètres qui déferlent » précise Riou. Et cette situation devrait durer encore au moins 24 heures pour les premiers. Malgré les conditions, la course continue et Roland Jourdain reste la principale menace pour le solide leader Michel Desjoyeaux, en tête depuis 10 jours.
Escale en vue
Marc Guillemot (Safran) devrait arriver demain matin dans l’île d’Auckland (250 milles au sud de la Nouvelle-Zélande) pour réparer son rail de mât endommagé depuis plus d’une semaine. Il espère n’y rester que quelques heures, le temps de mouiller son bateau et de monter dans son mât. Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) envisage lui aussi de faire escale, mais plutôt vers Stewart Island, juste au sud de la Nouvelle-Zélande, où Parlier avait réparé son mât en 2000. Outre la drisse de grand-voile, Dinelli déplore également la défaillance d’un pilote automatique et des problèmes d’énergie. Il navigue actuellement sous trinquette seule, grand-voile affalée, à 4300 milles derrière le premier. Avec l’Autrichien Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch), ils n’ont pas encore franchi la longitude du cap Leeuwin.
Premier bilan de Josse
La tête de course vit les pires heures de ce 6e Vendée Globe. Chacun leur tour, les six skippers de tête relatent l’enfer des conditions qu’ils rencontrent actuellement dans les Quarantièmes Rugissants. Dans des grains à plus de 65 nœuds, le pont balayé par la neige ou la grêle, ils font le dos rond en espérant ne pas casser. Malheureusement, Sébastien Josse a croisé sur sa route une vague plus violente que les autres qui lui a envoyé un sérieux uppercut. Mis au tapis, son monocoque a mis quelques minutes avant de se relever. En pleine nuit australe, le skipper a préféré réduire l’allure pour attendre le lever du jour et compter les bleus.
Aux premières lueurs, Jojo a d’abord découvert le capharnaüm à l’intérieur de son bateau où tout a volé. Plongée plusieurs minutes dans l’eau, la tête de mât est ressortie sans les instruments de navigation. L’anémomètre et – plus embêtant – la girouette ont disparu. A priori, le skipper de BT ne peut donc plus utiliser son pilote en mode vent. Le gouvernail aussi semble avoir souffert dans le chavirage mais, pour l’instant, les conditions sont encore trop violentes pour aller ausculter l’appendice de près. Le rouf est fissuré en trois endroits. L’une de ces fissures court sur toute la longueur du rouf et laisse l’eau s’infiltrer lentement à l’intérieur du bateau. Une cloison intérieure (jonction pont-rouf) est également endommagée.
La course est donc sérieusement mise entre parenthèses pour l’instant. Si, d’après son équipe à terre, les dégâts structurels ne semblent pas remettre en cause la sécurité du marin, la bagarre pour la première place ne semble plus d’actualité. Une nouvelle course commence pour Sébastien Josse… Il y a quatre ans, le 26 décembre, dans les mêmes parages qu’aujourd’hui, Jojo se lançait déjà dans une nouvelle course. Trois jours après avoir heurté un growler (le 23 décembre 2004 donc), il terminait les réparations de son étrave et repartait en course. Aujourd’hui, l’histoire se répète malheureusement un peu. Josse doit surmonter un nouveau coup dur et espérer profondément que les dégâts ne se révèlent pas plus importants dans les prochaines heures…

jeudi 25 décembre 2008 :
Un traîneau de dépression

Ce jour de Noël n’est pas très festif pour les dix-huit solitaires du Vendée Globe qui naviguent presque tous dans une succession de dépressions très creuses et violentes. La situation la plus complexe est à l’actif des quatre premiers qui ont dû et doivent encore ce matin, négocier des vents contraires de Nord pour aller chercher la porte néo-zélandaise…
Santa Klaus avait dans sa hotte des paquets cadeaux plutôt explosifs ! Surtout pour le leader Michel Desjoyeaux (Foncia) qui a dû naviguer cette nuit au près contre des vents de plus de trente nœuds avec rafales, au point de longer à 120 milles dans son Sud, la porte de Nouvelle-Zélande. Le problème, c’est que le solitaire doit absolument gagner dans le Nord-Est pour respecter cette marque de parcours située par 48° Sud… Heureusement le puissant vent de Nord était en train ce jeudi matin, de basculer au Nord-Ouest ce qui va permettre au vainqueur 2000 d’incurver sa route pour remonter, mais toujours au près dans une mer très chaotique. Michel Desjoyeaux devrait donc perdre du terrain ces prochaines heures en passant à l’extrémité Est de la porte. Comme le centre de cette dépression orageuse passe sur lui, ses poursuivants directs sont moins affectés par ses vents contraires : Jean Le Cam (VM Matériaux) va pouvoir allonger la foulée avec du vent de Sud-Ouest, mais devra enchaîner les empannages, alors que Sébastien Josse (BT) peut faire une route directe très rapide vers cette porte. Mais c’est probablement Roland Jourdain (Veolia Environnement) qui va s’en sortir le mieux au point de revenir dans le tableau arrière du leader !
Du près aussi derrière !
À trois cents milles derrière, Vincent Riou (PRB) qui a dépassé Armel Le Cleac'h (Brit Air) dans la nuit, va aussi sensiblement réduire son écart grâce à un bon flux de Sud-Ouest : une belle journée qui s’annonce. De même pour Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac 2) qui va aligner les milles toute la journée sur une mer devenue plus ordonnée et dans un flux de Sud-Ouest bien régulier. Ce ne sera pas du tout les mêmes conditions pour ses deux suiveurs : Samantha Davies (Roxy) et Marc Guillemot (Safran) sont en avant d’une autre dépression avec des vents de Nord à Nord-Est ! Pas les meilleures conditions pour traverser la mer de Tasman…
Et plus loin, le trio Arnaud Boissières (Akéna Vérandas), Dee Caffari (Aviva) et Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) subissent les assauts d’un front froid alors qu’ils vont entrer dans l’océan Pacifique, au Sud de la Tasmanie. Et ce n’est pas bon du tout pour tous les autres qui sont encore dans l’océan Indien : deux grosses dépressions se succèdent avec des vents de 60 nœuds ! Il faudra attendre le Pacifique pour espérer voir s’arrêter cette alternance de tempêtes qui durent 24 heures et d’accalmies qui n’offrent un bref répit que de six heures…

mercredi 24 décembre 2008 :
Le clan Campbell
Depuis qu’ils ont débordé le plateau Campbell, les six premiers ne se lâchent plus le kilt et à fond sur les Highlands antipodiens, ils mènent la charge au son strident des cornemuses éoliennes… Ca envoie du lourd dans une dépression néo-zélandaise qui va avoir le mauvais goût de glisser juste derrière (ou juste devant) les étraves des leaders pour générer un gros flux de secteur Sud-Ouest ou un régime puissant de Nord-Est….
Ils sont passés à l’Ouest ! Les « révoltés du Bounty » (petit îlot perdu aux antipodes par 48° Sud et 179° Est), ont passé l’antiméridien… Direction la porte de Nouvelle-Zélande qui pourrait bien être fermée pour cause de dépression orageuse sur le chemin. Une perturbation qui peut créer un sacré remue ménage dans les eaux pacifiques car de sa vitesse de déplacement, de sa trajectoire réelle, va dépendre la direction du vent et l’état de la mer. Cette dernière risque fort d’être plus qu’agitée : bouillonnante ! Car à quelques dizaines de milles près, le centre de la dépression va passer devant les étraves ou derrière les tableaux arrières, du moins pour les deux leaders, Michel Desjoyeaux (Foncia) et Roland Jourdain, (Veolia Environnement), voir même pour leurs deux poursuivants, Sébastien Josse (BT) et Jean Le Cam (VM Matériaux)… Et si la situation ne sera qu’éphémère, elle pourrait provoquer un énorme rebondissement hiérarchique car si les premiers doivent faire du près contre 40 nœuds de vent pendant que Armel Le Cleac'h (Brit Air) et Vincent Riou (PRB) mettent le propulseur à près de vingt nœuds en route directe vers la porte, il y aura du grand chambardement !
À quelques milles près
L’œil de la dépression ne va de toute façon pas passer loin, ce qui laisse augurer d’une mer démontée ! Et même si c’est du vent portant si les premiers sont « chanceux », les vagues déferlantes et dépareillées risquent fort d’imposer un rythme nettement en dessous des valeurs des polaires. Le but va être avant tout de ne pas casser… Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac 2) a en revanche cravaché ces dernières heures et il a bien fait : il a réussi à devancer l’anticyclone descendu d’Australie et devrait ainsi échapper aux tentacules des calmes antipodiens ! C’est probablement lui qui va grappiller le plus de milles ces prochaines heures… Car pour le peloton dispersé de la Tasmanie, où naviguent Samantha Davies (Roxy) et Marc Guillemot (Safran), jusqu’au cap Leeuwin où Steve White (Toe in the water) ouvre la voie au trio anglo saxon (Malbon, Wilson, Hatfield), ça cartonne sévère !
Le couple qui fait son entrée dans l’océan Pacifique ce mercredi va devoir affronter une dépression très creuse et très rapide qui génère des vents de Nord à Nord-Est violents, et donc une mer par le travers qui va imposer une sérieuse réduction de voilure… Pour le triumvirat au Sud de l’Australie, Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) a pu valider la solidité de sa consolidation structurelle à l’avant de son bateau : ce mercredi matin, il a vu passer au-dessus de lui le centre d’une dépression qui l’a profondément marqué, tout comme Dee Caffari (Aviva) qui a repris l’ascendant sur Arnaud Boissières (Akéna Vérandas) dans la nuit. Enfin, les deux derniers Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) et Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) ne sont pas sortis de l’auberge : une dépression très étendue les cueille au large des Kerguelen avec des vents de plus de 40 nœuds annoncés…
Écarts à l’antiméridien
Les quatre premiers solitaires ont passé la ligne virtuelle de changement de longitude Est-Ouest dans la nuit : Michel Desjoyeaux a été le premier après 43 jours 23 heures et trente-trois minutes depuis le coup de canon du départ des Sables d’Olonne le 9 novembre. Il a laissé Roland Jourdain à 3h 55’ derrière qui a donc perdu plus de deux heures sur la tranche de parcours entre le cap Leeuwin et l’antiméridien. Sébastien Josse a quant à lui concédé plus de sept heures sur cette même tranche et Jean Le Cam environ quatre heures et demie…

mardi 23 décembre 2008 :
L’antiméridien, cure de jouvence ?

Quand Phileas Fogg, le héros du roman de Jules Verne, décida de faire le tour du monde en 80 jours, il ne savait pas que l’heureux épilogue se serait joué quelque part à la longitude des antipodes. Le fameux antiméridien venait de lui sauver la mise, lui qui était persuadé de rentrer dans les locaux de son club londonien avec une journée de retard sur son plan de marche. En faisant un tour du monde d’Ouest en Est, il avait en fait gagné une journée par rapport à son horloge personnelle.
La nécessité d’imposer l’antiméridien date de la constatation d’une évidence. Quand Magellan entreprit sa première circumnavigation, le navigateur, en bon capitaine, consigna chaque jour ses observations. Aussi quand l’équipage rentra en Espagne, leur surprise fut grande de constater qu’ils possédaient un jour de décalage avec leurs compatriotes restés au pays. En faisant le tour du monde d’Est en Ouest et en vivant aux heures locales, ils avaient en réalité navigué un jour de moins que ceux qui étaient comptabilisés… Le problème, bien que parfaitement compréhensible au vu des connaissances de l’époque, n’en provoqua pas moins des débats sophistiqués au point d’envoyer une délégation de l’expédition se justifier auprès du Pape. Aujourd’hui, aucun des navigateurs du Vendée Globe n’aura besoin de l’onction du chef de l’Eglise catholique romane pour pouvoir justifier de son temps de navigation. La référence du temps de parcours est, une bonne fois pour toutes, ancrée en terre de Vendée, qui sait faire la part du bon sens et des élucubrations.
Il reste que pour résoudre cette quadrature du cercle, il a bien fallu adopter un méridien de ligne de changement de date. Si Greenwich constituait le temps de référence universel, il fallait donc que le méridien 180°E ou 180°W, devienne la ligne imaginaire de changement de date. En quelques heures nos navigateurs qui vont arriver le 23 décembre vont devoir, une fois passé, le fameux méridien accepter de revenir au 22 décembre pour ensuite laisser filer le cours du temps. Le phénomène n’a au fond guère d’importance si ce n’est par sa brutalité : imaginons maintenant que notre navigateur arrive dans les parages le jour de Noël, il devra, dès la ligne du changement de date passée, remballer tous ses cadeaux et attendre 24 heures avant de découvrir ce que le Père Noël a amené dans sa hotte. A moins d’espérer d’être servi deux fois, mais l’antiméridien n’est pas encore magicien.
Un jour de plus ou un jour de moins ?
Dans la pratique, les conséquences de ce dispositif ne se font sentir que pour les voyageurs qui franchissent cette ligne imaginaire. Pour ceux qui résident dans les parages, les géographes n’ont pas hésité à distordre l’antiméridien et prendre quelques libertés avec la rigueur de la ligne droite : le méridien 180° laisse ainsi Nouvelle-Zélande et îles Fidji à l’Ouest quand il fait basculer les îles aléoutiennes dépendant des Etats Unis dans son Est. On imagine sinon la vie d’un habitant de l’antiméridien qui pourrait au gré de ses allées venues entre son domicile et son travail changer de journée plusieurs fois par vingt-quatre heures. De quoi rendre schizophrène la plus rigoureuse et la plus solide des personnalités. C’est cette situation absurde qu’avait d’ailleurs mis en scène Umberto Eco dans son roman, l’île du jour d’avant.
Petit élément de polémique : le record à battre de cette épreuve détenu en 2004 par Vincent Riou sur PRB de 87 jours 10 heures et 47 minutes est-il vraiment réel ? En reculant d’un jour lors de son passage de l’antiméridien, le vainqueur du Vendée Globe 2004-2005 n’aurait-il pas navigué en 88 jours sans que nous n’en sachions rien ?

lundi 22 décembre 2008 :
Le train soufflera trois fois

Un train de trois dépressions successives va cueillir la flotte des solitaires du Vendée Globe qui, à l’exception du trio composé de Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 2), Marc Guillemot (Safran) et Sam Davies (Roxy) vont tous affronter des conditions pour le moins rugueuses. Vents moyens de 40 nœuds voire plus, rafales à plus de 50. Aux portes du Pacifique, les conditions de vent comme de mer devraient rappeler que le chemin des mers du sud est toujours aussi chaotique.
Gros dos et clairvoyance : tel devrait être le mot d’ordre à l’entame de cette nouvelle journée. La queue de flotte qui navigue entre l’archipel des Kerguelen et le Cap Leeuwin subit déjà des vents forts à très forts. Le milieu de peloton qui a dépassé la première porte australienne s’apprête à subir les foudres d’un deuxième centre dépressionnaire qui s’est formé depuis la pointe de l’Australie, quand la tête de flotte de Vincent Riou (PRB) à Michel Desjoyeaux (Foncia) va devoir négocier le passage d’un petit centre dépressionnaire à caractère orageux…
Pour les deux premières, le schéma classique devrait être respecté : orientation progressive des vents au nord-ouest avec baisse du plafond et renforcement progressif des vents… La mer grossit peu à peu et le bateau est entraîné dans des surfs de moins en moins gérables. Tout l’art consiste à trouver la juste mesure entre bonne gestion du matériel, nécessité de conserver une vitesse minimale et sens de l’anticipation. Une prise de ris à bon escient fatigue moins le matériel et les hommes qu’une manœuvre effectuée quelques dizaines de minutes trop tard qui peut vite de se transformer en galère.
Casse-tête néo-zélandais
Pour la tête de flotte, la situation est un peu plus complexe. La position très nord de la dépression inciterait les concurrents à venir se positionner très au nord de la route pour être certain de bénéficier de vents portants. Un bateau qui serait positionné dans le sud du centre de la dépression se retrouverait confronté à des régimes de vents d’est à nord-est. Autant dire que faire du près dans quarante nœuds de vent n’enthousiasme personne. Mais dans un premier temps, le salut tactique passe par le sud : des vents faibles à l’amont de cette dépression et la logique de l’orthodromie poussent les concurrents à plonger vers des latitudes plus méridionales. En d’autres termes, il va falloir trouver jusqu’où il est possible de savoir aller trop loin…
Yann Eliès à bon port
A 4h10 ce matin, la frégate HMAS Arunta, est arrivée au Port de Fremantle à Perth. Yann Eliès, récupéré par la marine australienne samedi dernier à 10h30, a été accueilli par son équipe, Philippe Laot et Jean-Baptiste Epron dépêchés sur place et Benoît Gilles représentant le Groupe Generali. Le skipper, affaibli mais heureux de voir des visages connus, a été transféré directement au Royal Perth Hospital.

dimanche 21 décembre 2008 :
Se méfier de l’eau qui dort

Après une journée du 20 décembre riche en émotions, le cours des choses redevient plus tranquille… Les premiers de la classe continuent leur partie de yoyo, Sam Davies (Roxy) s’est trouvé un nouveau compagnon de route en la personne de Marc Guillemot (Safran), la queue de flotte continue son bonhomme de chemin quand les éclopés de l’Indien voient se profiler le bout du tunnel. Mais la vigilance reste de mise.
Pause bienvenue sur la route Pacifique. La flotte continue de glisser à une allure correcte vers le sud de la Nouvelle-Zélande pour les six premiers, vers le méridien 147°E qui marque la fin de l’Indien pour les autres. Après des heures intenses, les esprits comme les corps ont besoin de retrouver des habitudes, de s’ancrer à nouveau dans une sorte de routine… Dans la journée, la tête de flotte atteindra la moitié du parcours : l’occasion pour chacun de mesurer ce qui a été accompli et ce qu’il reste à faire.
A l’avant, les quatre continuent de se tenir dans un mouchoir de poche à l’échelle de la planète : si Michel Desjoyeaux (Foncia) mène toujours la danse, c’est Jean Le Cam (VM Matériaux) qui s’est révélé le plus rapide sur les dernières vingt-quatre heures, reprenant près de 50 milles au leader de la course… Sur une route un peu plus sud que ses trois compagnons d’échappée, Jean a réussi à maintenir une cadence plus élevée démontrant toujours sa propension à choisir des trajectoires atypiques mais souvent diablement efficaces. Visiblement entre voisins de palier, ce n’est pas encore l’heure des étrennes et derrière le statu quo, chacun est prêt à lancer son coup de griffe si l’occasion se présente.
Tapis dans l’ombre
Plus à l’arrière, personne n’a encore abdiqué. D’Armel Le Cleac'h (Brit Air) à Marc Guillemot (Safran) en passant par Vincent Riou (PRB) chacun attend l’opportunité de passer à l’attaque à la faveur d’un regroupement météo, voire de petits pépins techniques pour les premiers. Tous l’ont dit : il s’est créé une véritable fracture au sein de la flotte entre ceux qui ont embrayé dans le sillage du rythme imposé par Michel Desjoyeaux et ceux qui pensent que la route est encore longue et que le matériel a de la mémoire… Après le Cap Horn, il reste encore un tiers de la route à parcourir pour rallier les Sables d’Olonne et ils sont plusieurs à penser qu’un voilier en parfait état de marche peut faire la différence le long d’une remontée de l’Atlantique Sud qui, si elle se déroule aux allures de près, risque de solliciter encore sérieusement le matériel. Ceux-là ne sont pas encore sortis du bois mais ils sauront prendre leur chance si elle se présente.
Coup de vent à l'horizon
A l’arrière de la flotte, Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital), Norbert Sedlacek (Nauticsport Kapsch) et dans une moindre mesure Derek Hatfield (Algimouss Spirit of Canada) ont aussi de bonnes raisons de se méfier. Une profonde dépression se creuse actuellement dans l’ouest de l’archipel des Kerguelen, générant des vents puissants de force 9 à 10 et une mer particulièrement difficile à négocier. Sa trajectoire estimée interdit la route du sud aux navigateurs de l’arrière-garde et les inciterait même à mettre un peu de nord dans leur trajectoire. Pour l’heure tout est calme, mais les promesses de l’Océan Indien n’engagent le plus souvent que ceux qui veulent bien y croire. Les éclopés de la flotte en savent quelque chose qui, contre mauvaise fortune, tentent de faire bonne figure. Dominique Wavre (Temenos 2) a fait la jonction avec Loïck Peyron (Gitana Eighty) : à deux, les revers de médaille sont parfois plus faciles à supporter. Mike Golding (Ecover) devrait être ravitaillé en gazole par le HMAS Arunta qui devient la providence des navigateurs du Vendée Globe. Quant à Yann Eliès, il recouvre petit à petit des forces et du moral. Il devrait être opéré à Perth à son arrivée, mais une chose est sûre : le navigateur briochin est entre de bonnes mains.

samedi 20 décembre 2008 :
Yann Eliès : les secours sont à bord de Generali
Vers 10h française (TU+1) ce samedi matin, la frégate HMAS Arunta de la Marine Australienne est arrivée sur la zone (voir photo) où se trouve Generali. Joint lors d’un point presse qui s’est tenu ce matin à 10h30 au PC Course du Vendée Globe, Marc Guillemot aux côtés et en communication avec Yann depuis jeudi soir, relatait les faits.

Marc Guillemot : « Actuellement la Frégate est sur zone et un Zodiac avec 5 membres d'équipage a été mis à l'eau. Cela n'a pas été simple car il y a de la mer sur zone. Le semi-rigide tourne autour du bateau Generali. Ils sont à 10 mètres du bateau de Yann. ça y est, deux personnes viennent de monter à bord. Il y a donc 2 personnes à bord et 3 autres qui sont restés dans le semi-rigide. Un médecin vient de monter sur Generali, la vedette continue de tourner autour du bateau. Vous devez imaginer la joie et le soulagement de Yann dans ce moment. c'est un grand moment.... C'est pas une nouveauté de constater que la marine australienne est un concentré de compétences. »

Erwan Steff : " C'est un gros soulagement de savoir la marine australienne à bord de Generali. je pense aussi à Sam Davies qui fait tout ce qu'elle peut pour arriver au plus vite près de son copain. Yann a prévenu son équipe qu'il parlera d'abord à sa famille dès qu'il sera en mesure de le faire. Nous avons suivi Yann cette nuit en l'appelant tous les 2 heures, il a pu dormir et s'alimenter un peu. Nous attendons la suite des opérations."

Jean-Yves Chauve, médecin de la course : "Grâce au fait qu'il a pu prendre des médicaments cette nuit, il a pu dormir. On a décidé de réduire le dosage pour qu'il soit plus opérationnel lors des sauvetages. Il commence à voir son calvaire se terminer. Les 48h ont été très difficiles et je garderai longtemps en mémoire le premier appel de Yann en détresse qui a été très dur à entendre et à vivre car on ne pouvait répondre à la demande d'aide du skipper qui ne pouvait arriver à atteindre ses médicament. J'ai pu parler plusieurs fois avec le médecin australien, la solidarité médicale et des gens de mers a très bien fonctionné. La suite des opérations et l'examen direct va nous permettre se savoir si le premier diagnostic sur la fracture de Yann est la bonne. Yann va maintenant être très entouré et on va pouvoir s'occuper de sa jambe dès qu'il sera à bord de la frégate. Il y a tous les moyens à bord de cette Frégate et nous saurons dans quelques temps le type d'intervention médicale ou chirurgicale qui sera mise en oeuvre à bord".

Les conditions météo sur place sont relativement bonnes pour procéder au débarquement du navigateur : le mer est encore formée, mais le vent a molli autour de 15 nœuds. Comme nous l’avion indiqué ce matin, le skipper de Generali doit être débarqué sur une civière, puis transféré dans un semi-rigide avant d’être reçu à bord du bateau australien qui dispose d'un bloc opératoire où il recevra les soins médicaux adéquats.

Samantha Davies qui a été ralentie dans sa progression, ne devrait rejoindre la position de Yann que vers 14h00, alors que les secours seront déjà en cours. Mais pas question pour la navigatrice de reprendre sa route en course avant de s’être assurée que Yann a été évacué et se trouve entre de bonnes mains.
Fin du calvaire pour Eliès, début du Pacifique pour les autres
Happy end pour Yann Eliès efficacement secouru ce matin à 10h30 par la Marine australienne. Le skipper blessé est désormais à bord de la frégate Arunta, en route pour Perth. Côté course, Michel Desjoyeaux (Foncia) peut fêter son 5e jour en tête et son entrée dans l’océan Pacifique en compagnie de ses fidèles poursuivants Roland Jourdain, Sébastien Josse et Jean Le Cam.
Happy end
Dans les annales du Vendée Globe 2008-2009, ce 41e jour de course restera gravé à jamais comme celui du soulagement et de l’émotion partagés par toute la communauté de la course au large, marins, équipes à terre et organisateurs. Le témoignage émouvant de Marc Guillemot, commentant en direct l’arrivée des secours et l’évacuation de Yann Eliès, parle de lui-même : « je ne sais pas si j’ai rêvé mais j’ai vu des dizaines de dauphins se mêler à la fête quand le bateau australien est arrivé. Parce que c’est une fête aujourd’hui, un grand jour, un Noël avant l’heure. Je suis hyper ému. Sur cette course, nous sommes devenus des boules de sensibilité et il arrive qu’on craque un peu ». « C’est une histoire normale, une simple histoire d’hommes » (voir photo) poursuivait le skipper de Safran. Pourtant, l’escorte sensible de « Marco » qui a accompagné Yann dans son calvaire de 48 heures aura été déterminante. Celle de Samantha Davies qui a fait son possible pour arriver à temps sur zone –en vain- également. Au sein de la flotte, tous les concurrents ont retenu leur souffle en attendant les bonnes nouvelles de ce matin.
Les sauveteurs australiens rapides et efficaces
A 10h00 (TU+1) ce samedi, la frégate Arunta, armée par cent hommes d’équipage, est arrivée sur la position de Generali. Les opérations menées par la marine australienne sous les ordres du commandant Stephen Bowater ont été un modèle de professionnalisme et d’efficacité. En moins d’une heure, après avoir été embarqué sur une civière dans un semi-rigide, Yann était à bord du navire, confié aux soins d’un médecin urgentiste du « Royal Flying Doctor Service ». D’après les informations livrées par le Commandant Bowater, Yann souffre bien d’une fracture du fémur mais aussi de côtes fêlées. Il était cet après-midi en cours d’examen médical.
Quant au bateau lui-même, il devrait être récupéré dans les jours prochains par l’équipe de Generali. Philippe Laot et Jean Baptiste Epron ont été dépêchés sur place pour mener les opérations de récupération. Actuellement, le 60 pieds Generali dérive lentement vers le nord, à 700 milles au sud des côtes australiennes. Sa configuration de voilure a été conservée (grand-voile 3 ris et trinquette) et il est équipé de deux balises qui indiquent en permanence sa position.
Les anges gardiens reprennent leurs ailes à 1300 milles de Foncia
Marc Guillemot, coiffé d’un bonnet offert par la Marine australienne, peut dès lors retirer ses ailes d’ange gardien et retrouver, comme Sam Davies, celles du compétiteur reprenant le fil de sa circumnavigation.
Loin devant, dans le sud-est de la Tasmanie, la course est menée tambour battant depuis le 16 décembre par Michel Desjoyeaux. Depuis 5 jours, le skipper de Foncia impose un rythme qu’il est le seul à tenir. Roland Jourdain, accroché dans son sillage le reconnaissait volontiers : « Mich va toujours plus vite et ce n’est pas étonnant venant de lui ». La nuit dernière, les deux marins quittaient l’Océan Indien, reléguant leurs poursuivants les plus proches entre 150 et 400 milles derrière. Aujourd’hui, ils étaient suivis par Sébastien Josse et Jean Le Cam, entrés à leur tour dans le Pacifique.
Même s’il est prématuré de parler de « décrochage » alors que la flotte n’est pas tout à fait à la mi-parcours, le fameux top 10 qui a longtemps animé la régate a explosé sous la pression conjointe du rythme de course, des soucis techniques, des chutes de moral et des coups de fatigue.
Jean-Pierre Dick en sait quelque chose, lui qui a perdu énormément de terrain pour réparer son safran tribord. Ce faisant, le Niçois signe un véritable exploit en matière de bricole, fait d’arme salué par plusieurs de ses adversaires. Toutefois, fatigue et inquiétude quant à la fiabilité de sa réparation transperçaient dans la voix du marin à la vacation du jour.
Côté performance, Sébastien Josse (BT), Jean Le Cam (VM Matériaux), Armel Le Cleac'h (Brit Air) et Vincent Riou (PRB) ont eu aujourd’hui une petite opportunité à saisir : profiter de la dépression qui les propulsait vers l’est pour combler leur retard sur une tête de course provisoirement ralentie dans une dorsale. Jean le Cam, notamment, n’a pas hésité à mettre du charbon. Au pointage de 16h00, VM Matériaux glissait à plus de 19 nœuds en direction de la prochaine porte Néo-zélandaise.

vendredi 19 décembre 2008 :
Tant qu’il y aura des hommes
La vie continue : alors que la tête de flotte n’est plus qu’à 250 milles de la frontière du Pacifique, Marc Guillemot (Safran) continue son travail de soutien psychologique (voir photo) de Yann Eliès (Generali) quand Sam Davies (Roxy) cravache pour rejoindre les deux navigateurs. En tête, le quatuor se délite petit à petit pour un double pas de deux. Michel Desjoyeaux (Foncia) et Roland Jourdain (Veolia Environnement) jouent au chat et à la souris quand Sébastien Josse (BT) et Jean Le Cam (VM Matériaux) ont du concéder des milles aux deux leaders. A l’arrière de la flotte, tout le monde goûte un répit bienvenu.
La faculté de l’être humain à reprendre pied est phénoménale… En ce 40ème jour de course, alors que Yann Elies sous l’effet du soutien psychologique et de la présence de Marc Guillemot a retrouvé une certaine sérénité, les navigateurs du Vendée Globe continuent leur course. Non qu’ils se désintéressent du sort de Yann, mais parce qu’ils savent bien que leur pote de Generali n’aurait pas compris qu’il en soit autrement. La solidarité des gens de mer se démontre minute par minute : la frégate australienne lancée à pleine vitesse avec les sauveteurs à son bord devrait arriver sur zone un peu plus tôt que prévu ; Marc Guillemot et Sam Davies sont décidés à tout faire pour entretenir le moral de leur pote. Ce matin, Marc a tenté de lancer à travers la porte de la cabine une bouteille d’eau sur laquelle étaient scotchés des médicaments et plus anecdotique, une boite de pâté Hénaff. Le pâté Hénaff fait partie de la symbolique des navigateurs bretons : son goût inimitable est en quelque sorte la madeleine de Proust des coureurs au large.
Côté course, Michel Desjoyeaux et Roland Jourdain impriment une cadence toujours aussi soutenue. Ils ont creusé un écart, qui s’il n’a pas de caractère irrémédiable, n’en est pas moins significatif. Derrière l’ineffable Desjoyeaux, Roland Jourdain mène une course toute en sagesse et discrétion. Le Quimpérois, toujours aux avant-postes, s’est glissé progressivement dans le groupe de tête jusqu’à se retrouver à quelques milles à peine de son voisin de Port-la-Forêt. On aura sûrement encore l'occasion de reparler de la jolie prose de Monsieur Jourdain.
Pour le reste, qu’il s’agisse des messages des navigateurs toujours engagés dans la course, du travail fantastique des opérations de sauvetage, de la solidarité sans retenue de Sam et Marc ou des messages des Internautes tous ne peuvent enlever d’un coin de leur tête que si la casse matérielle fait partie de la course, la blessure ou le risque humain reste toujours aussi insupportable.

jeudi 18 décembre 2008 :
Yann Eliès se blesse gravement
Ce jeudi matin, alors qu’il manoeuvrait à l’avant de son bateau, Yann Eliès s’est fracturé le fémur. En attendant d’être évacué de son bateau, Marc Guillemot s’est dérouté à la demande de la direction de course afin de porter une assistance psychologique à Yann. Safran n’était alors qu’à une centaine de milles de Generali.
Ce jeudi matin 18 décembre, sur les coups de 10 heures, Yann Eliès, engagé dans le 6è Vendée Globe, manoeuvrait à l’avant. En appui sur le balcon avant, alors qu’il préparait une voile, Generali, son voilier, s’est brutalement arrêté dans une vague. Le solitaire a ressenti une douleur très vive. Il s’est écroulé sur la plage avant et a dû ramper pour rejoindre l’intérieur de son bateau et contacter son équipe. D’après le premier diagnostic du docteur Jean- Yves Chauve, le médecin de la course, Yann souffre d’une fracture du fémur.Le monocoque Generali, que son skipper a mis à la cape, se situe à 800 milles dans le sud de l’Australie dans l’océan Indien. Les secours australiens ont été aussitôt alertés, ils étudient les meilleures solutions à apporter pour évacuer Yann au plus vite.

mercredi 17 décembre 2008 :
La locomotive Foncia
Emmenés par Michel Desjoyeaux, Roland Jourdain, Sébastien Josse et Jean Le Cam ont franchi cette nuit la longitude du cap Leeuwin, deuxième des trois grands caps de ce Vendée Globe. En maintenant une cadence élevée, ce quatuor bénéficie désormais de plus de 200 milles d’avance sur leurs proches poursuivants.
Desjoyeaux l’éclaireur
On se demandait si une fois en tête, Michel Desjoyeaux (Foncia) retrouverait la pédale de frein. Que nenni ! Le nouveau leader assume pleinement son rôle de locomotive et s’échine à faire marcher toujours un peu plus vite que ses congénères. Le consensus que Roland Jourdain (Veolia Environnement) appelait hier de ses vœux n’est donc pas pour demain. C’est pourtant à force de vitesse que ce nouveau carré d’as a fait exploser le peloton. Désormais, il y a plus de 200 milles d’étendues liquides entre Jean Le Cam (VM Matériaux) et Armel Le Cleac'h (Brit Air). Ce dernier endosse de fait le statut de guide du premier groupe de chasseurs composé de Vincent Riou (PRB), Marc Guillemot (Safran) et Yann Eliès (Generali).
Quant à Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac 2), il ne joue plus le même jeu depuis 48 heures : il fait cap au Nord-Est, à 90 degrés de la route, dans l’espoir de réparer son safran tribord, un exercice délicat qu’il ne manquait pas de qualifier de « réparation à la Parlier ». Pas de « réparation à la Parlier » en revanche pour Mike Golding (Ecover 3) qui a perdu son mât hier à 7h47 (heure française) et cherche à gagner un abri. David Adams, le consultant sécurité du Vendée Globe basé en Australie, a prévenu les autorités de Freemantle et de Hobart (en Tasmanie), mais ce matin, on ne savait toujours pas vers quel port comptait se diriger le marin britannique.
Excepté Jean Pierre Dick, les neuf premiers plongent vers le Sud-Est dans un vent d’Ouest de 25 nœuds, en direction de la deuxième porte de sécurité australienne. La course de vitesse continue dans un océan Indien mal pavé.
A chacun son Indien
Ce mercredi matin, les 19 concurrents encore en course s’étirent en un long chapelet de 3200 milles. Les lanternes rouges Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) et Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) ont laissé la porte des Kerguelen dans leur sillage ; le Canadien Derek Hatfield (Algimouss-Spirit of Canada), un peu esseulé, navigue au Nord des îles Crozet ; Rich Wilson (Great American III) et Jonny Malbon (Artemis) pointent vers l’archipel des Kerguelen que Steve White (Toe in the water) a contourné par le Nord ; Arnaud Boissières (Akena Vérandas) et Dee Caffari (Aviva) poursuivent leur route en tandem à 21 milles l’un de l’autre, tout comme Samantha Davies (Roxy) et Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) qui visent la première porte australienne. De Desjoyeaux à Sedlacek, les objectifs, les motivations et les conditions météo varient… à chacun son Indien.
Excès de vitesse
Du Cap de Bonne espérance au Cap Leeuwin, ils ont affolé les compteurs. Au prix de quelques belles frayeurs, ils ont aligné des moyennes impressionnantes. Certains d’entre eux estimant même parfois qu’on allait au-delà de ce que la raison demande… En quelques chiffres l’évolution des vitesses en quelques éditions.
Le meilleur temps depuis le départ jusqu’à la longitude de la pointe ouest de l’Australie est toujours détenu par Vincent Riou (PRB) en 36j11h48mn puisque Michel Desjoyeaux (Foncia) aura coupé la même ligne en 37j07h23mn.
Par rapport à 2004, la flotte accuse toujours un retard de 19h35mn sur le record absolu de l’épreuve. Mais les navigateurs ont d’ores et déjà comblé leur déficit de 45h45mn.
On le voit bien, les temps de référence montrent une première chose : de la pointe sud de l’Afrique à l’Australie les navigateurs ont poussé les feux de leurs machines. L’Océan Indien a permis à la flotte de combler une partie de son retard… Si l’objectif des 80 jours semble maintenant hors de portée, il serait étonnant que le record de 2004 se maintienne solidement sur son socle

mardi 16 décembre 2008 :
La bande des quatre
Ils en sont à plus de 37 jours de course et ils sont quatre à se tenir dans un mouchoir de poche à l’échelle d’un tour du monde. En chef de meute, Michel Desjoyeaux (Foncia) endosse à nouveau le costume de patron qu’il connaît si bien ; à ses trousses un trio qu’il connaît parfaitement en les personnes de Sébastien Josse (BT), Roland Jourdain (Veolia Environnement) et Jean Le Cam (VM Matériaux). Et la grande question est de savoir le tempo qu’ils vont adopter…
Quatre gros bras ont pris les commandes aux avant-postes du Vendée Globe. Quatre marins d’exception aux tempéraments affirmés qui ont tous de bonnes raisons de vouloir gagner ce tour du monde.
A tout seigneur tout honneur, Michel Desjoyeaux qui depuis ce matin a pris la tête de la course : parti avec une quarantaine d’heures de retard sur le reste de la flotte le vainqueur du Vendée Globe 2000-2001 s’est retrouvé dans une situation inédite pour lui, celle de l’outsider. Témoignant d’une faculté d’adaptation phénoménale, Michel a navigué libéré plaçant le curseur de la marche de son bateau à un niveau nettement plus élevé que le reste de la flotte. Une navigation parfaite conjuguée à une situation météorologique plutôt favorable aux poursuivants lui ont permis de dévorer les milles de retard jusqu’à reprendre la tête de flotte. Michel nous avait habitués depuis le début de ce Vendée Globe à des aphorismes multiples, à nous faire partager son bonheur de vivre en mer… Conservera-t-il cette même capacité à s’épancher alors qu’il vient de reprendre les commandes ? Rien n’est moins sûr. Le goût de la gagne est souvent propre à faire taire les états d’âme.
Un contre tous, tous contre un
Ce pourrait être la devise de chaque membre de quatuor inédit. Sébastien Josse a déjà bien intégré cette notion. Le benjamin de l’édition 2000-2001 est revenu sur cette course, moins disert, mais aussi plus mûr et incroyablement serein. Jojo, s’il n’a rien perdu de ses qualités humaines, n’en a pas moins appris qu’il existe une part de psychologie indispensable pour accéder au sommet et que parfois il vaut mieux ne pas trop dévoiler ses intentions. Gérant sa course avec une parfaite maîtrise, il déclare pourtant refuser de tirer sur son bateau et garder ses forces pour la grande bagarre finale.
Roland Jourdain est aussi trop avisé du grand jeu de la course au large pour tout dévoiler de ses batteries. Il n’est pas de meilleur moyen de ne pas trop focaliser l’attention sur sa stratégie que de savoir rester dans l’ombre. Entre les petits moments de vie à bord, ses élevages de grillon, Roland veille constamment à ne pas trop en dire tout en restant fidèle à lui-même. Un exercice de haute voltige où le navigateur quimpérois excelle.
Jean Le Cam enfin, a acquis cet art de détourner les questions indiscrètes par des pirouettes dont lui seul a le secret. Capable de répéter à l’envi que le rythme de cette course est déraisonnable, il sait aussi hausser le ton quand il le faut pour marquer son territoire et montrer qu’il faudra compter sur lui. Même s’il lui faut parfois se faire violence pour maintenir le cap, il sait toujours trouver les moments opportuns pour revenir dans la partie.
Ces quatre-là se connaissent trop bien pour attendre un cadeau quelconque les uns des autres. Mais ils savent aussi saisir toutes les opportunités pour enfoncer le clou vis-à-vis de la concurrence. Leur trajectoire de la nuit dernière est un modèle d’école. Flirtant tous avec le record de vitesses des vingt-quatre heures, ils sont su garder, par delà la fatigue, la lucidité nécessaire pour pousser les feux de leur machine. Et créer ainsi un écart de plus de 200 milles sur leurs poursuivants. Deux bateaux construits spécialement pour le Vendée Globe sont ainsi à la lutte avec deux bateaux de 2004, très largement optimisés par leurs skippers. Visiblement, dans cette bataille, au-delà des petits handicaps qui ont pu affecter les uns et les autres, il semble bien que ce soit la capacité des navigateurs à puiser dans leurs ressources qui fait la différence. Quoi d’étonnant que dans ces conditions, le poker menteur redevienne un jeu fort à la mode.
Golding démâte, Dejeanty se déroute
Ce matin, à 06h47 GMT, la direction de course a été prévenue par l’équipe d’Ecover que le bateau de Mike Golding venait de démâter. Le marin britannique est sain et sauf, il fait route vers l’Australie, à plus de 1000 milles dans son nord-est. Par ailleurs, Jean-Baptiste Dejeanty (Maisonneuve) a fait part à la direction de course de sa décision de rallier l’Afrique du Sud.

lundi 15 décembre 2008 :
Les malheurs de Stamm, les gros tracas de Dick
Cheminées Poujoulat déséchoué aux Kerguelen, safran tribord HS pour Paprec-Virbac 2, étai cassé pour PRB : l’Indien se montre impitoyable avec les concurrents du Vendée Globe qui connaissent ces derniers jours leurs lots de petits soucis et gros tracas. Les dépressions s’enchaînent et toutes les 12 heures, un nouveau coup de vent s’abat sur la flotte. Dur pour le matériel, peut-être plus que pour les hommes.
Cheminées Poujoulat bientôt sauvé des eaux ?
Le cauchemar de Bernard Stamm a trouvé ce matin une issue heureuse. Son bateau a pu être déséchoué (voir photos) au terme d’une opération extrêmement délicate qui a mobilisé les équipes du TAAF, dont un camion et des plongeurs. Le marin suisse était arrivé dimanche soir à Port-aux-Français (Kerguelen) pour y trouver refuge après avoir constaté une avarie de safran. Mais avec des rafales à 50 nœuds dans la baie, impossible de stopper le bateau et d’accrocher le mouillage qui lui avait été préparé, et ce malgré l’aide des hommes du TAAF et de Dominique Wavre, présent à bord. Cheminées Poujoulat s’est trouvé drossé à la côte, couché sur le flanc bâbord. Comme le relatait Frédéric Martineau, chef du district des Kerguelen joint à la vacation du jour, les deux marins ont du gonfler le bib (canot de sauvetage du 60 pieds) pour évacuer le bateau. Et ce n’est que ce matin à marée haute que l’opération de déséchouage a pu avoir lieu… avec succès. Mais le plan Farr souffre d’une importante voie d’eau à l’arrière. Désormais, Bernard Stamm a entamé une course contre la montre pour charger son 60 pieds à bord du Marion Dufresne (bateau de ravitaillement des TAFF), et tenter de rejoindre la Réunion pour entreprendre des réparations.
Cette mauvaise fortune rappelle à quel point ces régions australes sont extrêmes : une manœuvre ratée peut prendre une tournure catastrophique, et le matériel est plus que jamais sollicité par les chevauchées à haute vitesse dans les mers croisées.
Dick sans safran tribord
Pourtant, c’est le hasard qui est à l’origine de l’avarie survenue cet après-midi à 13h30 sur Paprec-Virbac 2. Après avoir percuté un objet flottant, Jean-Pierre Dick a constaté que la barre de liaison de ses safrans était cassée et que le support de fixation du safran tribord (au niveau du pont) était endommagé. Seul le safran bâbord est pour l’instant utilisable. « JP » a donc ralenti l’allure pour étudier les modalités d’une réparation. Au pointage de 16h00, toujours au sud de la porte ouest Australie, il menait encore la flotte mais n’avait plus que 51,5 milles d’avance sur son dauphin Mike Golding.
Terrible Indien
Depuis trois jours, les dépressions se succèdent presque toutes les 24 heures n’offrant que peu de répit entre deux coups de vent. Or, la semaine qui commence risque de se jouer sur le même tempo. Dans ces conditions, l’arrière de la flotte est pour ainsi dire aux premières loges. Aujourd’hui, Rich Wilson, 19e à bord de Great American III, confiait naviguer sous tourmentin seul, grand-voile affalée, après deux départs au tapis par 50 nœuds de vent ! Jean-Baptiste Dejeanty qui évolue dans le même secteur, prévenait aujourd’hui la direction de course d’une accumulation de problèmes techniques (pilotes automatiques défaillants, génois déchiré, drisse de grand-voile abîmée) l’obligeant à ralentir l’allure. La balise de positionnement de Maisonneuve est également passée à l’eau, mais le bateau est suivi par la Direction de Course via son standard C.
Premiers à toucher le vent, les retardataires sont aussi les premiers à connaître l’accalmie comme c’était le cas en cette fin d’après midi. A contrario, les leaders positionnés à l’avant du front, notaient déjà une bonne quarantaine de noeuds à l’anémomètre. La nuit sera rude pour ces derniers.
Leeuwin mardi soir
Derrière Jean-Pierre Dick, contraint de réduire la cadence – il marchait à 12 nœuds au pointage de 16 heures, contre 18 à 20 nœuds pour ces poursuivants -, Mike Golding, Roland Jourdain et Michel Desjoyeaux sont les premiers à avoir respecté la porte ouest Australie située sur le 47e degré sud. Dans 24 heures, les leaders auront franchi la longitude du cap Leeuwin, deuxième des trois grands caps de ce tour du monde, situé à la pointe sud-ouest de l’Australie. Mais ce ne sera pas encore la fin du terrible Indien qui s’étend géographiquement jusqu’à la Tasmanie.
Cheminées Poujoulat déséchoué
Petits soucis et gros tracas ce matin sur la flotte. Mais la bonne nouvelle de cette fin de matinée est que Cheminées Poujoulat a pu être déséchoué à l’issue d’une opération extrêmement délicate qui a mobilisé un camion et plusieurs plongeurs.
Le bateau de Bernard Stamm est désormais au mouillage mais souffre d’une voie d’eau importante à l’arrière. Les dégâts sont en cours d’expertise. Rappelons que Bernard Stamm, arrivé hier soir aux Kerguelen – suite à son avarie de safrans- dans des conditions météo exécrables, n’avait pas réussi à amarrer son bateau sur le mouillage qui lui était destiné et ce malgré l’assistance de Dominique Wavre et des équipes des TAAF (terres australes et antarctiques françaises). Cheminées Poujoulat avait été drossé à la côte, l’arrière bâbord couché sur les rochers.
Dejeanty victime de nombreux soucis techniques
Depuis 48 heures, les conditions de navigation dans l’océan indien sont très mouvementées notamment pour l’arrière de la flotte qui a enduré le passage de deux dépressions générant des vents moyens de 45 nœuds rafales à 60, et une mer très forte. Ce matin, Jean-Baptiste Dejeanty (19e à 2278 milles des leaders) a révélé qu’il était victime d’une succession de problèmes techniques : pilotes automatiques, génois déchiré, drisse de grand-voile défaillante. Il avait également perdu sa balise de positionnement, d’où sa vitesse réduite. Le skipper de Maisonneuve prévenait qu’il allait ralentir pendant quelques heures pour rejoindre une zone de vents plus calmes. Il est actuellement en contact avec son équipe technique pour tenter de trouver des solutions à tous ses problèmes.
Semaine agitée en perspective
D’après les informations de Sylvain Mondon de Météo France, c’est une nouvelle semaine agitée qui s’annonce dans l’océan indien avec une succession de dépressions rapides et très actives. Et là encore, ce sont les poursuivants qui seront exposés en première ligne, après une brève accalmie aujourd’hui pour ces derniers.
La première perturbation est en train de rattraper les leaders et déjà Samantha Davies relatait ce matin 40 nœuds établis et de grosses vagues. Au pointage de 11 heures, les vitesses étaient montées d’un cran dans la première moitié de la flotte. Dans le sillage de Jean-Pierre Dick, positionné 40 milles au sud de la porte ouest Australie, Sébastien Josse (BT) était le plus rapide entre deux pointages avec 19,8 nœuds de moyenne !!

dimanche 14 décembre 2008 :
L’échappée belle
Jean-Pierre Dick a profité de la nuit pour semer ses petits camarades et s’octroyer une avance record de 72 milles sur le deuxième Mike Golding. Ils ne sont plus que quatre dans un rayon de moins de 100 milles.
Trente-quatre jours après le départ, jamais l’écart entre les deux premiers concurrents n’avait été aussi important. Dans la nuit de samedi à dimanche, Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac 2) a navigué au moins 2 nœuds plus vite que l’ensemble de ses adversaires. Le résultat est sans appel. Son avance sur Roland Jourdain (Veolia Environnement), 3e, a doublé dans la nuit, passant de 45 à 92 milles entre samedi 20h et dimanche 5h du matin. Jean Le Cam (VM Matériaux), 6e, est relégué à près de 200 milles et le suivant – Vincent Riou (PRB) – à plus de 300 milles ! Avec 444 milles avalés sur les dernières 24h, l’ex-vétérinaire flirte une nouvelle fois avec les distances records. Les angles des premiers et de leurs poursuivants montrent qu’ils n’ont plus les mêmes conditions de vent. Là où Le Cam, Riou, Le Cleac'h, Guillemot et autres enchaînent les empannages avec des angles serrés, les premiers tracent une longue courbe plus proche de la route directe qui explique en partie l’augmentation des écarts de la nuit.
A l’assaut des Kerguelen
Le Suisse Dominique Wavre (Temenos II), arrivé à Port-aux-Français samedi après-midi pour réparer sa quille, pourrait être rejoint par son compatriote Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat), victime pour sa part de ses safrans, et qui n’était plus ce matin qu’à 100 milles de la Baie du Morbihan. S’il décide de s’y arrêter, il sera sur place en fin d’après-midi. De l’autre côté de l’île, le Britannique Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) joue à se faire peur et a failli attaquer la falaise. Il n’est passé qu’à un petit mille des îles Nuageuses, au nord-ouest de l’archipel, par des fonds de moins de 100 mètres ! Au passage, Thompson s’est fait doubler par sa compatriote Samantha Davies (Roxy), remontée en 24h de la 14e à la 11e place. La jeune Britannique réalise un tour du monde exemplaire, et frappe désormais à la porte du top 10.
La longue route
Pour les retardataires, les conditions météo ne sont pas favorables aux grandes vitesses. Les six derniers progressaient à moins de 10 nœuds ce matin, dont deux à moins de 5 nœuds – Jean-Baptiste Dejeanty (Groupe Maisonneuve) et Rich Wilson (Great American III). L’Américain suit une route nord-est très à l’écart des chemins empruntés par ses prédécesseurs.

samedi 13 décembre 2008 :
Coup dur pour les Suisses
En moins de 24 heures, les deux navigateurs helvètes de ce Vendée Globe ont été victimes d’avaries sérieuses. Dominique Wavre est hors course depuis qu’il a atteint Port-aux-Français à 13h30 samedi pour réparer sa tête de quille cassée. Et Bernard Stamm n’est pas très optimiste sur sa capacité à réparer seul les articulations de ses safrans endommagées. En tête, Jean-Pierre Dick conserve la main devant le duo Jourdain/Golding, ex-æquo à 41,1 milles.
Pour gagner le Vendée Globe, il faut d’abord le terminer ! Cette Lapalissade rappelle surtout à quel point le Vendée Globe reste la plus éprouvante des courses au large en solitaire, aussi bien pour le marin que pour sa monture. Une course à élimination. La casse fait partie intégrante des risques auxquels sont confrontés les solitaires. C’est une véritable épée de Damoclès qui, à chaque choc dans une vague, à chaque sortie de route, peut s’abattre irrémédiablement. Après un choc avec un mammifère, Marc Guillemot (Safran) a raconté avoir vécu une grosse frayeur. D’autres solitaires comme Yann Eliès, Jean-Baptiste Dejeanty, Brian Thompson ou Jonny Malbon ont relaté récemment d’inquiétants empannages involontaires qui peuvent se traduire par des casses importantes. La mer furieuse et désordonnée, avec des creux de 6 à 8 mètres, peut envoyer n’importe quel bateau au tapis.
Neuvième avarie
Si Bernard Stamm ne peut réparer seul ses safrans, cela portera à quatre le nombre de concurrents hors course en moins d’une semaine après le Basque Unai Basurko (Pakea Bizkaia, safran), dimanche, Loïck Peyron (Gitana Eighty, démâtage), mercredi et le Suisse Dominique Wavre (Temenos II, quille) aujourd’hui. Et à neuf depuis le départ après Bestaven, Pavant, Thiercelin (démâtages), Thomson (structure) et Beyou (gréement). Stamm, qui avait fait demi-tour après le départ suite à une collision avec un cargo, n’est pas très confiant quant à sa capacité à réparer. Les articulations de ses safrans sont composées de roulements à crayons. Ces crayons sont écrasés, cassés. Le Suisse a mis le cap sur l’Australie avec la possibilité de s’arrêter en cours de route aux Kerguelen si besoin. A 16h, ces îles françaises qui font partie des TAAF (Terres Australes et Antarctiques Françaises) étaient distantes de 230 milles dans son nord-ouest.
En escale
Dominique Wavre, pour sa part, est arrivé aux Kerguelen samedi à 13h30 et a déclaré son abandon peu après. Il compte y réparer provisoirement sa quille afin de rejoindre plus tard l’Australie avec un appendice bloqué en position verticale. Mais le marin helvète attendra pour cela que le très mauvais temps prévu sur zone dans les prochaines 48 heures soit passé.
Mers hostiles
Du brouillard, des températures glaciales ou des grains à 60 nœuds. Chaque concurrent décrit l’atmosphère dans les 50es Hurlants à sa façon. Seul point commun, l’aspect à la fois inhospitalier et magique de ces latitudes australes peuplées uniquement d’oiseaux marins, de poissons et d’icebergs. En tête de course, Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac 2) s’affirme en nouveau patron de la course. Mise à part l’incursion en tête de Sébastien Josse (BT) sur un classement mercredi, le skipper niçois mène la flotte depuis maintenant une semaine. Sans faire de bruit, Roland Jourdain (Veolia Environnement) et Mike Golding (Ecover) restent à porté de fusil du leader. Si les écarts se sont accentué par l’avant, les dix premiers se maintiennent encore dans un rayon de 300 milles. Rien de majeur après 34 jours de mer…

vendredi 12 décembre 2008 :
L’éclat Desjoyeaux
Si Jean-Pierre Dick est encore et toujours leader au passage de l’archipel des Kerguelen, Michel Desjoyeaux a désormais endossé le maillot de chasseur à l’affût de sa proie. Plus proche des îles australes, le skipper de Foncia est en effet un peu mieux placé pour la remontée vers la porte de sécurité australienne.
Pour dire vrai, personne n’aurait imaginé il y a un mois que le vainqueur de 2000 allait revenir dans le match aussi rapidement puisqu’il concédait une semaine après son retour express aux Sables d’Olonne, jusqu’à 670 milles de retard sur le premier du moment : Loïck Peyron… Depuis de l’eau a coulé sous la quille et Michel Desjoyeaux (Foncia) a réalisé un retour express exceptionnel grâce à des conditions météorologiques, certes devenues plus favorables pour les poursuivants, mais surtout grâce à une persévérance et une fougue pour cravacher son bateau qui laisse pantois ! Résultat : dites « 33 » et vous voyez un « revenant » vous fondre dessus en autant de jours…
Une longue ligne droite
Alors que le premier, Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac 2) a choisi une voie plus proche de l’île Heard, talonné par Roland Jourdain (Veolia Environnement) et Mike Golding (Ecover 3), Michel Desjoyeaux emmène deux autres chasseurs dans ses traces sur une trajectoire qui rase le plateau continental des Kerguelen : Sébastien Josse (BT) et Jean Le Cam (VM Matériaux). A priori, les deux jours à venir vont n’être qu’une course de vitesse pure dans un flux soutenu de Nord-Ouest et le groupe de tête devrait aligner ses meilleures distances parcourues en 24 heures depuis le départ des Sables d’Olonne le 9 novembre dernier. Un flux puissant de plus de trente nœuds avec rafales, une mer qui va se régulariser après l’archipel, des températures plus douces en remontant vers le 47° Sud, une trajectoire rectiligne : paradoxalement, les solitaires vont pouvoir se reposer (en mettant des boules Quiès !) car il n’y aura pas de manœuvre à faire pendant un bon bout de temps…
Et si le match est toujours aussi intense en tête de flotte, il y a aussi de sacrés duels derrière ! A l’image de celui du trio Yann Eliès (Generali), Marc Guillemot (Safran) et Dominique Wavre (Temenos II) qui bataille sec dans un rayon de moins de vingt milles, en approche des Kerguelen. Trois solitaires au caractère bien trempé qui connaissent le Grand Sud et leurs montures, comme par hasard dessinées par trois architectes différents : là encore, il va être intéressant de voir les différences de vitesse pure sur cette droite des « Hunaudières » de 1 300 milles de long… De même, le duel entre Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) et Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat), lui aussi revenu du diable vauvert, va être palpitant puisque les deux hommes convergent vers le même point (la porte australienne), mais par deux chemins bien différents. Le Britannique semble en effet le seul concurrent à l’heure actuelle, à tenter un passage par le Nord des Kerguelen…
Contre mauvaise fortune
Enfin, Loïck Peyron (Gitana Eighty) fait route rapidement au vu de son gréement de fortune, vers le Nord-Est à plus de dix nœuds : il est déjà à la latitude des îles Crozet sur le 46° Sud, ce qui devrait lui éviter les mauvaises surprises d’une dépression australe. Le Baulois se donne encore la possibilité d’obliquer vers l’Afrique dès que les conditions météorologiques lui permettront de naviguer plus près du vent, mais il conserve l’opportunité de prolonger sa route vers l’Australie-Occidentale (Perth), à 2700 milles…

jeudi 11 décembre 2008 :
Salut l’artiste
Loïck Peyron (Gitana Eighty) faisait route ce matin au nord-est à 6 nœuds. C’est un des grands favoris de la course qui la quitte prématurément. Reste à savoir si le démâtage du navigateur baulois influera sur le comportement de la flotte. Pour l’heure, il semble bien que le tempo soit resté le même. Michel Desjoyeaux (Foncia) est maintenant en 5ème position quand Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) n’est plus qu’à 14 milles de Brian Thompson (Barhain Team Pindar)
Il avait quasiment tout gagné à la barre de son Gitana Eighty bleu nuit. Et depuis le départ du Vendée Globe Loïck Peyron démontrait qu’il n’avait rien perdu de sa vista : trajectoires au cordeau, initiatives inspirées, vitesse… Mine de rien, il s’était imposé comme un des patrons de cette course, jouant avec son habileté coutumière de silences nécessaires et de vérités distillées au compte-gouttes. Parfaitement à son aise dans ce rôle de gentleman-skipper, Loïck participait à la bataille de chiffonniers qui animait la tête de flotte sans donner l’air d’y toucher comme si les contingences bassement matérielles n’étaient que vils petits détails à régler. Son abandon rappelle instamment que la casse, encore plus sûrement que tout autre biais, est encore la plus implacable des guillotines. La sortie de piste de Gitana Eighty portent maintenant à sept le nombre de concurrents ayant du jeter l’éponge dans ce Vendée Globe….
Top five
Il reste que ce coup du sort n’a visiblement pas atteint un Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac 2), toujours aussi incisif, qui a repris les commandes à la faveur de la nuit. Pointé à plus de 17 nœuds de moyenne, le navigateur niçois a visiblement décidé de montrer qu’il ne fallait pas compter sur lui pour changer de tempo et adopter un rythme moins endiablé. Dans son sillage, Roland Jourdain (Veolia Environnement) et Sébastien Josse (BT), relégués à 35 milles, sont sous la menace directe d’un certain Michel Desjoyeaux qui pourrait bien monter sur le podium à la faveur de la journée. Alors qu’il s’apprête à croquer Mike Golding (Ecover), le navigateur de Port-la-Forêt montre qu’il a encore suffisamment d’appétit pour s’attaquer à quelques autres gros morceaux. D’autant que d’ores et déjà, Michel n’a pas grand-chose à perdre : qu’il arrive à maintenir la cadence et il entrerait dans la légende du Vendée Globe. Qu’il soit contraint de rentrer dans le rang, il restera, de toutes les manières, l’auteur d’une des plus belles courses-poursuites jamais enregistrées dans un tour du monde. A près de 50 milles derrière, Jean Le Cam (VM Matériaux) mène un petit groupe qui reste sur une position d’attente entre besoin de rester dans la course et souci de préserver le matériel. Au regard du retour flamboyant de Michel qui focalise toute l’attention, ce n’est certainement pas la position la plus confortable…
Plus en arrière encore, le peloton de queue s’apprête à faire le gros dos : des vents de 45 à 50 nœuds avec rafales entre 55 et 60 attendent les navigateurs solitaires dès leurs premiers jours dans l’Océan Indien. Dans ce genre de cas, il ne s’agit plus de faire le malin : la meilleure façon de passer entre les gouttes est de se faire le plus humble possible, de faire face sans en remontrer… On ne vient pas tirer la queue du malin quand il a décidé de vous faire danser la sarabande.
L’heure de Heard
À une journée de mer du passage entre les Kerguelen et l’île Heard, le groupe de tête converge à grande vitesse vers ce goulet large de 230 milles mais pavé d’une mer très chaotique. Jean-Pierre Dick a refait le break alors que plusieurs solitaires ont un peu levé le pied après le démâtage de Loïck Peyron hier mercredi.
Les écarts oscillent sensiblement, depuis que le vent est de nouveau rentré fort de secteur Ouest (25-30 nœuds), selon que les skippers estiment qu’il faut tout de même trouver des limites aux excès de vitesse ou qu’ils pensent que si les machines sont arrivées à ce point de sophistication, elles se doivent de tenir le choc… Mais entre une transat musclée d’une douzaine de jours et un tour du monde de près de trois mois, l’usure et la fatigue du matériel ne sont pas les mêmes, surtout dans les mers du Sud qui n’offrent que peu de répit pendant trois semaines. Du répit, il y en a eu après le week-end au passage d’une dorsale, mais cela est désormais bien terminé avec l’arrivée d’une bonne perturbation glissant au Sud de l’île Heard.

mercredi 10 décembre 2008 :
Gitana Eighty a démâté
Vers 14h00 (heure française) ce mercredi, le monocoque de Loïck Peyron a démâté alors qu’il se trouvait à environ 180 milles dans le Sud des îles Crozet et 650 milles de l’archipel des Kerguelen.
Alors qu’il était pointé ce mercredi midi en troisième position à une quinzaine de milles du nouveau leader Sébastien Josse (BT), Loïck Peyron (Gitana Eighty) a signalé à la Direction de Course qu’il avait démâté. Le solitaire naviguait à cet instant, sous un ris dans la grand voile et foc solent poussé par une trentaine de nœuds de vent, et se trouvait à l’intérieur de son habitacle quand il a constaté que le mât s’était cassé. Le skipper n’a donc pas été touché et est donc en parfaite santé.
La cause de cette avarie n’est pas encore connue mais le Baulois indiquait qu’il avait conservé sa bôme et réfléchissait à une destination sous gréement de fortune. Rappelons que Loïck Peyron avait été l’un des grands animateurs de ce premier tiers du parcours puisqu’il avait été pointé en tête seize jours (au classement de 11h00) particulièrement lors de sa descente de l’Atlantique, avant de passer la main, d’abord à Sébastien Josse, puis à Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac 2). Sans aucun doute, ce démâtage va sensiblement refroidir les ardeurs des autres solitaires qui indiquaient tous ces derniers jours qu’ils avaient particulièrement tiré sur le matériel. Rappelons aussi que Loïck Peyron avait connu des problèmes avec sa drisse de gennaker avant l’entrée dans l’océan Indien et qu’il n’avait pu monter dans son mât que hier mardi…
Par 49°36 Sud et 52°47 Est ce mercredi à 16h00, le monocoque armé par le Baron Benjamin de Rothschild progresse à allure réduite. Dans des déclarations succinctes, Loïck Peyron est revenu rapidement sur les circonstances de son démâtage : « Il y avait 30 nœuds de vent et Gitana Eighty était sous un ris dans la grand voile et le Solent à l’avant. Il n’y avait pas de raison de se faire mal et tout allait très bien à bord quand le mât est tombé brutalement sans aucun signe avant-coureur. J’étais à l’intérieur quand j’ai entendu un énorme bruit. En sortant sur le pont, j’ai constaté qu’il n’y avait plus de mât. Il me reste la bôme et nous réfléchissons actuellement sur la suite des opérations. »
Le droit de rêver

Ils ont repris leur chemin conjoint. Ils sont encore une petite quinzaine à pouvoir légitimement prétendre encore à la victoire finale. A la faveur du tassement opéré par le passage de la dorsale anticyclonique, le peloton s’est encore resserré. Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac 2) mène toujours la danse même si Sébastien Josse (BT)se fait de plus en plus menaçant. Le dernier, Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) pointe désormais à plus de 2000 milles du leader.
Tous ont maintenant le passage de l’archipel des Kerguelen en ligne de mire… Et bon an, mal an, tous semblent avoir choisi de laisser les îles et leur plateau dans le nord. Entre le petit coup de mou enregistré hier qui n’affectait pas seulement la vitesse des bateaux et le repositionnement stratégique, les écarts se sont à nouveau resserrés puisqu’ils sont à nouveau huit à se tenir en moins de cent milles. En tête, Jean-Pierre Dick continue d’imprimer la cadence quand Sébastien Josse revient à moins de 10 milles. Au tiers de la course, c’est un écart d’environ 40 minutes qui sépare les deux premiers de la flotte. La prédiction de Michel Desjoyeaux (Foncia) qui envisageait une arrivée à vue en rade des Sables d’Olonne serait-elle en passe d’être réalisée ?
Porte étroite
Devant la flotte se profile maintenant le passage de l’archipel des Kerguelen. Les îles de la Désolation sont un des derniers obstacles tangibles avant le Horn. Si leur relief n’est pas toujours de nature à provoquer des dévents aussi puissants que certains archipels comme les Canaries, les hauts-fonds qui les bordent incitent les navigateurs à prendre un large tour. En effet, pour éviter de rencontrer une mer cassante, il faut accepter de passer à plus de 150 milles au nord et de 60 milles au sud. On imagine facilement que la route du nord, sauf circonstances météorologiques exceptionnelles, est quasiment interdite aux solitaires du Vendée Globe. Le passage entre l’archipel et l’île Heard située environ 230 milles dans le sud sera un bon moyen de faire un premier bilan, d’autant que les écarts en latitude seront faibles. Plus que les distances, les temps de passage seront un premier révélateur d’une hiérarchie qui risque encore d’être bousculée avant la sortie du Pacifique. Il restera alors près de deux mois de mer pour dessiner le portrait du futur vainqueur de cette édition 2008. Si l’on considère la barre des 700 milles comme une limite absolue, ils sont encore quinze à pouvoir prêcher la bonne parole… En 2004, Mike Golding postulant au podium à moins de vingt-quatre heures du leader, avait encore plus de 700 milles de retard au passage de l’archipel. Bernard Stamm, pointé aujourd’hui à 534 milles de la tête de course, a mathématiquement le droit de rêver…

mardi 9 décembre 2008 :
Intermezzo

Comme dans toute bonne dramaturgie, il faut bien par moments permettre aux spectateurs comme aux acteurs de reprendre leur souffle. Cette journée du 9 décembre est à la fois l’occasion de faire les comptes, de remettre en ordre ce que le vent et la mer ont bousculé, de préparer le prochain acte. Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac 2) continue d’emmener une flotte qui s’étire en langueur, même si le vent qui revient de l’arrière devrait permettre une nouvelle compression. Etre ou ne pas être distancé, telle est la question…
Océan Indien, acte premier, scène finale… Les acteurs ont joué leur rôle à la perfection : Jean-Pierre Dick endosse celui de la divine surprise qui démontre qu’il n’a plus grand-chose à envier aux monstres sacrés de la course au large. Michel Desjoyeaux (Foncia) s’est mis dans la peau du chasseur de prime dont on ne sait s’il faut admirer ou craindre le savoir-faire. Sébastien Josse (BT), Roland Jourdain (Veolia Environnement) ou Loïck Peyron (Gitana Eighty) nous jouent la partition des enfants terribles que rien ne sépare et qui ne cessent de se chamailler. Un peu plus en retrait, Yann Eliès (Generali), Vincent Riou (PRB) ou bien encore Jean Le Cam (VM Matériaux) se verraient bien dans le rôle de la cavalerie dont on a craint qu’elle ne manque et qui, comme dans les bons westerns, arrive toujours à temps. Rattrapés par la dorsale qui étendait ses ramifications sur l’arrière de la flotte, les leaders marquent aussi un temps de pause. Pour affoler les compteurs, il faudra attendre des jours meilleurs.
Nettoyage et balisage
Pour autant, il serait étonnant que ce mardi soit décrété férié à bord des bateaux. Car c’est un des paradoxes de la course au large. Que le vent vienne à mollir et voilà que ressurgissent quelques tâches annexes : nettoyer le grand bazar qu’ont souvent laissé quelques jours à la limite du raisonnable, réparer les ineffables bobos, combler le déficit de sommeil et d’ores et déjà se projeter vers le deuxième acte. Dans les coulisses, on s’active pour essayer de se positionner au mieux dans l’attente de la nouvelle dépression qui les emportera : les modèles météos tournent à plein sur les ordinateurs, car chacun sait que ces quelques heures de répit sont peut-être celles qui vont permettre d’optimiser les routes à venir. D’autant que venant du fond de la scène, les poursuivants ont déjà repris leur route avec fifres et tambours. Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) et Marc Guillemot (Safran) étaient ainsi crédités de la meilleure progression de cette nuit quand Samantha Davies (Roxy) empochait la meilleure moyenne sur la dernière heure de course.
A l’avant Jean-Pierre Dick se préparait à abandonner « Joséphine » dans l’Océan Indien. « Joséphine » est la première des balises Argos qui seront jetées à la mer dans le cadre du projet Argonautica qui permettra de recueillir des informations sur les courants circumpolaires. Cette opération menée par le CNES servira de support pédagogique à destination d’enfants d’une cinquantaine de classes dans toute la France. Arnaud Boissières (Akena Vérandas), puis Dominique Wavre (Temenos) devraient répéter l’opération, pour le premier au large des Kerguelen et pour le second, après le passage du Cap Horn. Entre la longue route de Bernard Moitessier et les coureurs d’océans du Vendée Globe 2008, les liens sont peut-être moins ténus qu’on ne l’imagine.

lundi 8 décembre 2008 :
Lièvres et tortues

A force de jouer sur la tension de l’élastique, on peut imaginer qu’un jour il se casse. Une fois de plus, la tête de flotte semble avoir pris un avantage non négligeable sur les poursuivants immédiats. Mais depuis le début de ce Vendée Globe, le même scenario se répète, qui voit ceux qui étaient relégués à une centaine de milles revenir. Jusqu’à quand ? Ce matin, Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac 2) mène toujours la flotte avec une quarantaine de milles d’avance sur Roland Jourdain (Veolia Environnement) et Sébastien Josse (BT).
Il y a deux manières de considérer une course par élimination. La première, la plus insidieuse, consiste à observer petit à petit les candidats à la victoire finale se laisser distancer à la faveur d’une option mal négociée, d’une baisse de rythme, de soucis techniques mineurs. La seconde, nettement plus brutale, relève de la casse qui, au mieux vous laisse sur le flanc pendant quelques jours, au pire vous contraint à l’abandon.
Après quatre semaines de course, force est de constater que l’écrémage continue. A la lecture des classements, il apparait que pour la majorité des concurrents, un écart de plus de cent milles sur la tête de course constitue une sorte de point de non-retour. Le rythme de la course est si dense, que faire l’effort de revenir dans le match se paye de plus en plus difficilement. Insensiblement, certaines têtes de série ont perdu pied avec la tête de course : on a ainsi vu à la défaveur d’une option mal négociée ou d’une baisse de régime, certains favoris décrocher tels Dee Caffari (Aviva), Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) ou bien encore Marc Guillemot (Safran). Dans le groupe des dix, Armel Le Cleac'h (Brit Air) ne semble plus donner la même assurance tranquille depuis qu’il est entré dans les mers du sud : le baptême du feu peut-être… Quant à Jean Le Cam (VM Matériaux) ou Vincent Riou (PRB), les deux navigateurs ne semblent pas tout à fait dans le même tempo que leurs prédécesseurs. Gestion personnelle d’un rythme de navigation ou pause contrainte, les prochaines heures devraient amener des éléments de réponse. Derrière, les écarts continuent de se creuser : Dominique Wavre (Temenos 2) ou bien encore Brian Thompson, décalés d’un système météo ne bénéficient plus des mêmes régimes de vent. Le plus pénalisé par cette distorsion est sans aucun doute Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) qui voit tous ses efforts pour revenir sur la tête de flotte freinés, tout au moins provisoirement.
Vérité d’aujourd’hui, mensonge de demain ?
A bord de Foncia, Michel Desjoyeaux ne semble pas s’émouvoir de ces considérations. Comme un métronome, le navigateur de Port-la-Forêt, continue de mener la cadence sur un rythme constamment plus élevé que les autres. Et bien évidemment, la question que tout le monde se pose est de savoir qui aura, au final, raison. Le Cap Horn sera bien évidemment un premier juge de paix, mais il ne faut pas oublier que la remontée de l’Atlantique Sud est longue et particulièrement éprouvante pour les bateaux et les hommes. Il reste alors encore un tiers de la course à parcourir et les précédentes éditions ont montré que c’est bien souvent là que surviennent de nombreuses avaries qui handicapent parfois gravement la marche du bateau. Des deux côtés, on joue un jeu dangereux : ceux qui lèvent le pied en invoquant la mémoire du matériel ne voient certainement pas d’un très bon œil la cavalcade de certains et prennent le risque de laisser s’échapper définitivement des adversaires. Mais les autres, qui impriment un tempo d’enfer, doivent aussi se souvenir qu’à force de monter vers le soleil, Icare avait fini par se brûler les ailes.

dimanche 7 décembre 2008 :
Avantage à l’option sud

Si Sébastien Josse conserve ce matin son leadership, les grands gagnants de la nuit sont les concurrents qui ont tiré au sud à partir de Bonne Espérance. Ils s’appellent Jean-Pierre Dick, Roland Jourdain et Mike Golding. Ces trois navigateurs ont gagné des places ou des milles grâce à une fort belle trajectoire dans le vent d’ouest, quand leurs poursuivants ont dû se résoudre à quelques empannages nocturnes.
Deuxième porte
Trois concurrents ont passé cette nuit la deuxième porte de sécurité glaces ( BT, Paprec-Virbac et Generali). Comme le pressentaient hier Loïck Peyron ou encore Dominique Wavre, l’option sud entre le cap de Bonne Espérance et cette deuxième porte dite des Kerguelen, a été la meilleure, ses partisans profitant d’un angle de vent plus favorable à la vitesse.
Jean-Pierre Dick, premier de la meute à plonger hier dans les basses latitudes (par 47 sud), a donc été récompensé : il a grignoté 21 milles cette nuit et revient dans le tableau arrière du leader BT. Ce matin, Dick persiste et signe : à peine respecté le deuxième segment de sécurité, son plan Farr fait à nouveau cap au sud. Autres lauréats de la nuit : Mike Golding (Ecover) qui a gagné trois places et se voit propulsé au 4e rang, sa meilleure position depuis le départ du Vendée Globe ; mais aussi Roland Jourdain (Veolia Environnement) qui fait une incursion sur le podium après avoir « mangé » les nordistes Eliès et Peyron. Le skipper de Generali est ce matin le plus haut sur la cartographie, il naviguait en effet à 150 milles au nord de Dick.
Foncia plus rapide sur une heure
Quant aux vitesses de progression, elles restent relativement stables : entre 15 et 18 nœuds pour les leaders. Ce matin, Jean Le Cam (VM Matériaux) et Michel Desjoyeaux (Foncia) étaient les plus rapides, crédités respectivement de 17,8 et 18,5 nœuds de moyenne sur une heure. Mich’ Desj’ a remis du charbon aux premières lueurs du jour – par 45 sud, la nuit commence à s’estomper vers 2 heures du matin- et vise désormais Vincent Riou (PRB).
Cette 28e journée devrait perdurer sur ce rythme avec encore beaucoup de jeu dans les options et quelques empannages à la clé pour ceux qui souhaiteraient gagner dans le sud.

samedi 6 décembre 2008 :
Et revoilà Josse

Trois leaders successifs en 24h ! Après Yann Eliès et Loïck Peyron, Sébastien Josse retrouve la première place qu’il avait quittée vendredi matin. Dans la matinée, les premiers franchiront la longitude du cap de Bonne-Espérance et feront leur entrée officielle dans l’Océan Indien.
Ce n’est “que“ le 21e changement de leader en moins de 27 jours de course ! Du jamais vu ! Inimaginable sur n’importe quelle course au large, et notamment sur les précédents Vendée Globe. Mais le plateau exceptionnel au départ répond aux attentes suscitées. Et la météo instable déroule un scénario hitchcockien où le suspense jette chaque jour un coup de projecteur sur le talent de ces marins. Semaine après semaine, jour après jour, minute après minute, sans la moindre relâche, les solitaires du Vendée Globe doivent remettre sur le métier leur ouvrage. Une tension permanente exacerbée par le bruit infernal des chocs avec les vagues et l’angoisse d’une casse rédhibitoire. La moindre erreur est sanctionnée sur le champ. Un pilote qui décroche, une voile qui tombe à l’eau, et voilà une dizaine de nautiques qui s’envolent. Plus facile de perdre des milles que d’en gagner. Michel Desjoyeaux (Foncia) en sait quelque chose, lui qui bataille depuis trois semaines pour revenir sur le groupe de tête à cause d’un fichu capuchon de ballast. 10e à seulement 118 milles du leader – et à seulement 16 milles de Mike Golding (Ecover) – Mich’ Desj’ a réalisé un incroyable retour en tête que peu de monde imaginait possible. Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat), 15e, peut lui aussi garder espoir. En 24h, il a encore repris plus de 100 milles sur les premiers (558 milles de retard ce matin).
L’éternelle valse des positions
Les classements se suivent et se ressemblent dans leur inconstance. Par rapport à vendredi soir, Roland Jourdain (Veolia Environnement) a repris trois places (8e à 5e). Sébastien Josse, 1er, Yann Eliès (Generali), 2e, Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac 2), 4e, et Jean Le Cam (VM Matériaux), 8e, remontent d’une place quand Vincent Riou (PRB), 7e en perd une. Loïck Peyron désormais 3e, Armel Le Cleac'h (Brit Air), 6e, et Mike Golding (Ecover), 9e en perdent deux. Ces classements en perpétuel mouvement prouvent à quel point la lutte est intense. En revenant vers le groupe du milieu, Loïck Peyron cède donc le leadership et laisse Armel Le Cléac’h se démarquer seul au nord de la flotte. Les traces des sillages, leurs angles entre eux et les différentes vitesses laissent à penser que les configurations de voiles, synonymes de la cylindrée du moment, varient d’un bateau à l’autre. Avec un incroyable 19,8 nœuds de moyenne sur la dernière heure, Sébastien Josse déboule juste 4 à 5 nœuds plus vite que ses trois premiers poursuivants ! Dans un environnement aussi hostile que les mers du sud, certains n’hésitent pas à passer la cinquième…

vendredi 5 décembre 2008 :
Nuit torride

Après 40 nœuds de nord-ouest dans une nuit presque noire, les marins vivent ce matin quelques heures de relative accalmie. Yann Eliès a profité de cette première colère du grand sud pour s’emparer des commandes de la course d’un cheveu. A moins de 300 milles du cap de Bonne Espérance, chacun a choisi sa voie en Atlantique Sud, en attendant un deuxième renforcement du vent dans la journée.
Pointe à 30,44 nœuds pour Foncia
Choses promise, chose due. Hier soir et cette nuit, le vent a escaladé l’échelle de Beaufort pour atteindre les 40 nœuds et dans une mer désordonnée, les monocoques ont frôlé l’excès de vitesse. Dans un message envoyé au petit matin, Michel Desjoyeaux (10e à 21 milles de Golding) annonçait avoir battu le record de son propre bateau, avec 30,44 nœuds affiché sur son GPS ! « A quand les 35 nœuds » se demandait en trépignant le skipper de Foncia ? Mais la vitesse a un prix et quelques violents enfournements dans les vagues ont rappelé à l’ordre des marins qui péchaient par excès de griserie.
Josse et Eliès qui naviguent en couple depuis jeudi ne se quittent plus d’une semelle. Aussi, devait arriver ce qui arriva : Generali a pris le dessus avec deux infimes milles d’avance sur son ancien lièvre BT ! Qui aurait pu croire à ce fantastique match racing par 43 degrés de latitude sud ? Très rapide cette nuit, Loïck Peyron a retrouvé de sa superbe, en même temps que sa place dans le trio de tête. Il n’est qu’à 12,8 milles d’Eliès. Toujours plus véloce ce matin, il s’est calé sur une trajectoire au nord de ses adversaires.
Portant stratégique par 43° sud
Car désormais, c’est chacun sa voie pour aller chercher la deuxième porte de sécurité des Kerguelen, 589 milles devant. Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac 2) a littéralement plongé au sud, et se retrouve sur le 45e, au risque de flirter avec une zone de vent mous. Le top 10 est désormais dispersé sur 250 milles entre Dick au sud et Le Cleac'h/Peyron au nord. C’est reparti pour une formidable régate de portant, dans une brise qui ne cessera de fraîchir aujourd’hui.
Dans moins de 24 heures, les leaders auront franchi la longitude du premier des trois grands caps qui jalonnent ce tour du monde. Bonne Espérance est à moins de 300 milles des étraves.

jeudi 4 décembre 2008 :
Champ de bataille autour de la porte
(voir la carte)
Sept concurrents ont respecté la première porte de sécurité glaces. Les empannages se multiplient autour de cette ligne virtuelle et le classement de ce jeudi matin s’en ressent. Mais la hiérarchie et les écarts – infimes à l’aube de ce 25e jour de course - sont à considérer au regard de ces multiples manœuvres et des bords plus ou moins rapprochants par rapport à la route optimale théorique.
Sac de noeuds
Ça croise dans tous les sens aux abords de la porte de sécurité glaces que sept concurrents ont respectée depuis mercredi après-midi. Ce matin, au sein des 10 hommes de tête, seuls Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac 2), Loïck Peyron (Gitana Eighty) et plus loin Michel Desjoyeaux (Foncia) devaient encore se soustraire à cette obligation, à savoir, laisser un point de cette ligne virtuelle à tribord.
Les trajectoires des leaders forment sur la cartographie un vrai sac de nœuds et le pointage de ce matin révèle quelques évolutions dans le classement.
Sébastien Josse (BT), n’est plus qu’un fragile leader au regard de ces 1,7 milles d’avance sur son nouveau second Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac), très rapide sur une heure avec 17,7 nœuds au compteur. Troisième, à 3,7 milles, Yann Eliès (Generali) navigue littéralement bord à bord avec Josse. Les deux hommes ont plongé vers le sud pour aller chercher du vent plus fort, de même que Roland Jourdain, Vincent Riou et Mike Golding.
Vitesses disparates
Une seule chose est sûre : le skipper de BT est toujours plus lent que ses poursuivants (plus de deux nœuds en moyenne), d’où un retour tonitruant de quelques-uns dans son tableau arrière, à l’instar de Loïck Peyron et Jean Le Cam qui ont gagné une trentaine de milles dans la nuit.
Deuxième certitude ce matin : les vitesses de progression sont toujours aussi variables. Il y a fort à parier que le vent soit très irrégulier sur le plan d’eau. Dans un message envoyé cette nuit, Michel Desjoyeaux (10e à 154 milles) relatait des transitions rapides de 20 à 30 nœuds, d’où des manœuvres incessantes de changement de voile. Il suffit d’être un temps sous-toilé, ou simplement moins bien servi par Éole que ses camarades, pour perdre immédiatement 1, 2 voire 3 nœuds de vitesse.
Troisième (quasi) certitude: avec des écarts aussi infimes et des options nuancées sur la route du cap de Bonne Espérance, les pointages de la journée devraient continuer de semer le trouble dans la hiérarchie.

mercredi 3 décembre 2008 :
Négociation de la porte et premier coup de vent en perspective

Le front est passé sur la tête de flotte qui glisse en direction de la première porte de sécurité. Au pointage de 11 heures, Sébastien Josse se situait à 90 milles dans le Nord-Ouest de cette ligne virtuelle longue de 445 milles et qu’il faut laisser au Sud en un point. Les concurrents aux avant-postes doivent désormais composer avec des vents d’Ouest un peu plus faibles et du coup, les empannages sont à nouveau à l’ordre du jour. Les manœuvres ont repris cette nuit et elles devraient perdurer cet après-midi, notamment pour tous ceux situés ce matin au Sud de la porte, à l’instar de Jean-Pierre Dick (3e), Loïck Peyron (4e), Vincent Riou (6e), Jean Le Cam (7e) et Mike Golding (9e).
Le leader Sébastien Josse est bien moins rapide ce matin que son second Yann Eliès (Generali) : le skipper de BT a ainsi perdu 20 milles entre deux classements. Mais ces deux hommes, comme Roland Jourdain (Veolia Environnement) et Armel Le Cleac'h (Brit Air), se sont judicieusement positionnés au Nord de la latitude de la porte. A noter que Michel Desjoyeaux (Foncia) est entré dans le top 10 et devance désormais Marc Guillemot (Safran) d’une quinzaine de milles.
A l’arrière, le deuxième groupe de chasse, de Samantha Davies (Roxy) à Unai Basurko (Pakea Bizkaia), va connaître cet après midi les signes avant-coureurs d’une dépression venue du Brésil. Concrètement un net renforcement du vent orienté au Nord-Nord Ouest : 35 à 40 nœuds moyens, rafales à 45-50 noeuds. La mer sera très forte avec des creux de 4 à 6 mètres.
Ce flux ne cessera de fraîchir la nuit prochaine mais ne devrait atteindre la tête de flotte que jeudi après-midi.
Au sein du groupe qui ferme la marche (on note la remontée de Derek Hatfield en 22e position, devant Jean-Baptiste Dejeanty et Norbert Sedlacek), seul Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) connaîtra des vents forts aujourd’hui tandis que ses camarades seront relativement épargnés puisque positionnés dans le Nord de cette dépression.

mardi 2 décembre 2008 :
Sébastien Josse enfonce le clou

C’est le propre des différents leaders de cette édition 2008 du Vendée Globe : une fois installés aux commandes, ils n’ont de cesse d’asseoir leur domination à coup de milles grappillés ça et là. Sébastien Josse (BT) ne déroge pas à la règle. Seuls Yann Eliès (Generali) et Jean Le Cam (VM Matériaux) ont repris des milles au leader. Michel Desjoyeaux (Foncia), quant à lui, vise maintenant le top ten.
D’ici 36 heures, les premiers concurrents devraient être à la hauteur de la première porte des glaces, la Porte Atlantique. Pour l’heure, la flotte continue de descendre au gré des empannages dans un couloir entre les 40ème et 41ème degrés sud. Les gains respectifs des uns et des autres se jouent avant tout sur la capacité des navigateurs à conserver une toile adaptée et sur leur angle de descente par rapport au vent arrière. Plus l’angle est proche de l’axe du vent, moins la vitesse est grande : il s’agit alors de trouver le meilleur compromis entre cap et vitesse. En la matière, la gestion du navire dépend de nombre de facteurs : l’état de la mer, la capacité du bateau à partir au surf, la toile portée et bien évidemment, la fatigue du navigateur. Car naviguer ainsi sur le fil du rasoir suppose une vigilance de tous les instants : pour pouvoir dormir un peu, les solitaires doivent alors adapter leur voilure, réduire et bien souvent accepter un petit déficit de vitesse ou de cap. Et c’est bien souvent la nuit que se fait la différence. Si Jean Le Cam a pu reprendre 30 milles à Mike Golding (Ecover) dans la nuit, il y a fort à parier que le skipper de Port-la-Forêt a du passer plus de temps à régler le bateau que dans la bannette. Un autre navigateur qui a du puiser dans ses réserves, c’est Michel Desjoyeaux qui, au classement de 4h30 (TU+1), ne se trouvait plus qu’à 6,8 milles du Safran de Marc Guillemot. Michel était encore crédité de la meilleure vitesse de la nuit avec un respectable 16,5 nœuds de moyenne. Il est actuellement aux portes du top ten et peut de nouveau prétendre à la victoire, même s’il sait bien que les places vont devenir de plus en plus chères.
Mises en ordre et petits soucis
Dans le deuxième peloton, c’est l’heure des mises à jour. Ainsi Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch), comme Steve White (Toe in the Water), ont effectué leur pénalité de 30 mn pour n’avoir pas respecté une marque lors du départ. Norbert doit aussi faire face à quelques infiltrations d’eau sur le pont de son bateau, de même qu’à quelques soucis de transmissions. Rien de très pénalisant, mais c’est le genre de petits détails qui pourrissent le quotidien du navigateur solitaire. Steve White continue d’épater la galerie : bien calé en 17ème position, il prouve jour après jour, une étonnante capacité d’adaptation et tire visiblement parfaitement partie de son bateau. Enfin, Dee Caffari (Aviva), après diagnostic du Docteur Chauve, le médecin de la course est en partie rassuré. Il semble bien que son inflammation au genou soit superficielle et puisse être guérie rapidement avant d’aborder l’Océan Indien… La vigilance reste de mise, mais Dee peut toujours envisager d’aller au bout de ses rêves.

lundi 1er décembre 2008 :
Portes, mode d’emploi

Pour cette édition 2008-2009 du Vendée Globe, huit portes ont été définies par l’organisation. Le rôle de ces portes est de contribuer à renforcer la sécurité des solitaires en course… Pour certaines, il s’agit de limiter une descente éventuelle des navigateurs vers des latitudes trop proches des zones d’icebergs. Pour deux autres, il s’agit de rester à portée d’éventuelles interventions de sauveteurs.
Le parcours possède donc 8 portes :
Les portes Atlantique, Kerguelen, Ile Heard, Nouvelle Zélande, Ouest Pacifique, Est Pacifique sont définies pour que les concurrents ne puissent pas descendre trop sud, où les risques de collision avec des glaces dérivantes seraient plus importants.
Les portes Ouest Australie et Est Australie sont définies pour que les concurrents ne naviguent pas à plus de 1000 milles des côtes sud de l’Australie. Ce qui permettrait aux secours australiens de faire un repérage par avion de plus d’une heure sur un éventuel skipper en détresse. Ce repérage serait d’une durée plus courte si l’éloignement du skipper était supérieur à 1 000 milles.
Le changement possible de position des portes
En cas de risque important pour les concurrents (glaces dérivantes ou autres risques importants) la direction de course pourra changer la position d’une ou de plusieurs portes en latitude et en longitude. Elle en avertira les concurrents avec une porte d’avance.
Le passage des portes
Une porte est un ensemble de points d’une même latitude limité à l’Ouest et à l’Est par des points de longitude différente. Pour la Porte Atlantique, première de la série, tous les points sont à 42° sud. Les extrémités sont par 01°00 Est et 11°00 Est.
Une porte représente un segment de 445 milles, soit environ 36 heures de navigation pour un concurrent.
Comment passer une porte
Chaque concurrent doit laisser au moins une fois, un point de chaque porte dans son sud. Il peut donc franchir la porte du nord vers le sud, la franchir du sud vers le nord ou plus simplement rester sur une trajectoire au nord de la porte.

dimanche 30 novembre 2008 :
Vincent, Jojo, Loïck et les autres

C’est l'ironie de la course au large. Si ce Vendée Globe est formidable, c’est aussi parce qu’il y a trente acteurs de talents. Et si les premiers brillent, c’est en partie parce que derrière, d’autres permettent de marquer les différences entre un couple bateau-skipper affuté pour la gagne et d’autres qui n’ont pas toujours les mêmes arguments. Mais qui méritent autant de considération.
Pendant que la tête de flotte croise au large de Tristan da Cunha, le gros du peloton continue sa longue descente de l’Atlantique Sud. Quand certains se battent pour la gagne, d’autres sont là avant tout pour rendre une copie propre, pour engranger de l’expérience parfois, pour aller au bout d’un rêve. Sans oublier ceux que la malchance a forcé à revenir au port pour ensuite partir à la chasse.
Favoris et seconds couteaux mêlés
Il y a déjà tous ceux qui savaient par avance : bateau d’ancienne génération, budgets comprimés, manque de temps de navigation, les raisons sont multiples pour expliquer le débours de milles entre ces sans-grades de la flotte et les éclaireurs avancés en route vers les Quarantièmes. D’autant que bien souvent, ils ne sont pas épargnés par les mille et un petits soucis qui affectent des navigateurs en course sollicitant leur machine. C’est Dee Caffari qui à bord de Aviva voit chaque jour la liste des travaux à effectuer qui s’allonge, c’est Derek Hatfield qui doit barrer pendant des heures, par la faute d’un générateur récalcitrant sur Algimouss Spirit of Canada… C’est enfin Raphaël Dinelli contraint de chercher un mouillage pour son Fondation Ocean Vital, par la faute d’un surgainage qui coince sa drisse de grand-voile. D’autres continuent leur bonhomme de chemin à leur mesure, bien souvent talentueuse : comment ne pas être épaté par la vitalité d’une Samantha Davies qui témoigne chaque jour de son bonheur de mener son Roxy devant plusieurs prototypes de nouvelle génération ? De même, Arnaud Boissières, tout en discrétion, promène son Akena Vérandas avec beaucoup de justesse et démontre qu’il mérite pour l’avenir de disposer d’une machine plus performante. Tous ceux-là ne paient pas forcément de beaucoup de mots : mais leur parcours en dit plus que de péremptoires déclarations d’intention. Pendant ce temps Jean-Baptiste Dejeanty sur son Maisonneuve se paie, quant à lui, le luxe d’empocher le record de cette édition entre les Sables d’Olonne et l’équateur.
On n’oubliera pas dans cet inventaire, les favoris handicapés par la malchance dès le début de course. C’est ainsi qu’on découvre un Michel Desjoyeaux (Foncia) qui a su faire fi de certaines pudeurs bien compréhensibles quand on joue sa réputation de maître des océans pour adopter une défroque bien plus humaine. C’est un Dominique Wavre jovial qui, jour après jour, nous fait goûter le plaisir de naviguer à bord de Temenos II plutôt que se complaire dans ses malheurs de début de course. C’est enfin un Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) qui ne lâche rien pour pouvoir, quelque soit le résultat final, se dire qu’il est allé au bout de ce qu’il savait faire et qu’il n’y a rien à regretter.
Bord à quai
Tous savent qu’au bout du compte, tant qu’on est en course, il reste du bonheur à prendre. Il suffit de penser à la détresse de ceux qui d’ores et déjà ont vu leurs espoirs abandonnés le long d’un quai. Kito de Pavant (Groupe Bel), Alex Thomson (Hugo Boss) ou bien encore Yannick Bestaven (Aquarelle.com) et Marc Thiercelin (DCNS) en savent quelque chose qui ont du ravaler leur déception pour reprendre pied dans la vie commune du terrien… Sans oublier non plus la tristesse d’un Jérémie Beyou qui, à bord de son Delta Dore blessé, a tenté de retarder ce qu’il savait inéluctable après une première inspection de son mât trahi par ses barres de flèche. Ceux-là auraient finalement donné cher pour pouvoir être dans la bagarre, même retardé, même en butte à des circonstances hostiles…
Pendant ce temps, en tête de flotte, Sébastien Josse, à bord de BT, confirme tout le bien que l’on pensait de lui. Celui qui disait au départ des Sables d’Olonne ne pas avoir de crainte particulière d’un concurrent ou d’un autre n’avait finalement pas tort. La course est loin d’être terminée mais beaucoup paieraient cher pour pouvoir être assis à sa place.

samedi 29 novembre 2008 :
Eliès, nouveau leader

Avec ce vent de secteur Sud-Est qui ne veut pas changer de direction depuis une semaine, la flotte est toujours contrainte de piquer plein Sud, mais certains se décalent légèrement plus à l’Est, à l’image de Yann Eliès qui prend les commandes ! ...
C’est le week-end ! Et ça sent le grand chambardement dans la hiérarchie, du moins pour les tout premiers… Ainsi, en glissant plus à l’Est pour se recaler devant Jean Le Cam (VM Matériaux), Yann Eliès (Generali) s’impose comme le nouveau leader mais la marge est plus qu’étroite face à Armel Le Cleac'h (Brit Air) qui devance un pack serré (Dick, Riou, Jourdain, Golding) à portée de lance-pierre. Car les deux précédents leaders, Sébastien Josse (BT) et Loïck Peyron (Gitana Eighty) ont choisi de confirmer franchement leur volonté de gagner avant tout dans le Sud pour sortir au plus vite des hautes pressions qui traînent à se déplacer vers l’Afrique…
Encore du gain derrière
C’est aussi pour les poursuivants une bonne nouvelle car eux aussi grappillent de précieux milles sur la tête de la flotte : Marc Guillemot (Safran) n’est plus qu’à une centaine de milles du premier, Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) et Dominique Wavre (Temenos II) à 180 milles tandis que Michel Desjoyeaux (Foncia), désormais le plus extrême à l’Ouest ne concède plus que 265 milles ! Et encore derrière, Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat), le plus rapide sur l’eau (16,1 nœuds) et n’est qu’à 800 milles : de quoi fêter un bon anniversaire au Suisse de Genève… Et Jean-Baptiste Dejeanty (Maisonneuve) est en train de dépasser le Canadien Derek Hatfield (Algimouss-Spirit of Canada)… Il y a encore de quoi bouleverser la donne avec ce passage de l’autre côté de la barrière anticyclonique, dimanche !

vendredi 28 novembre 2008 :
Régate au contact

Sébastien Josse et Loïck Peyron alternent à l’avant de la course. Le groupe de tête de plus en plus serré traverse une zone météorologique instable où les cartes sont régulièrement redistribuées. Seul Jean Le Cam fait cavalier seul et tente une option à l’Est. D’un point de vue météo, les 36 prochaines heures s’annoncent cruciales…
« On a l’impression de régater en baie de Quiberon » ont déclaré en chœur plusieurs navigateurs aujourd’hui. Et pour cause ! Après 19 jours de mer et pas loin de 5 000 milles parcourus, ils se retrouvent bord à bord, à portée de canon. A l’échelle d’un tour du monde (environ 24 000 milles marins, près de 45 000 km), naviguer à vue entre concurrents est tout simplement insolite. Hier, Sébastien Josse (BT) a aperçu Loïck Peyron (Gitana Eighty) s’engluer sous un nuage noir et en a fait le tour pour prendre la tête de la course. Ce matin, il a opéré un contre-bord d’école pour se recaler dans l’axe de son adversaire direct. Tout le groupe de tête progresse dans un mouchoir de poche et se surveille du coin de l’œil. Tous sauf Jean Le Cam (VM Matériaux), irréductible Breton qui se décale régulièrement de ses rivaux. Son option orientale laisse dubitatifs ses adversaires. Tel Icare trop proche du soleil, Le Cam se rapproche dangereusement du centre anticyclonique où règnent des calmes piégeurs. Mais s’il a vu juste, cette tactique osée lui rendra les rênes de la course qu’il a lâchées depuis le Cap-Vert.
Nouveau départ
Ils arrivent à l’entrée des mers du Sud et des fameux 40es Rugissants qu’ils atteindront dimanche. Cette descente de l’Atlantique n’a pas défini de hiérarchie précise dans ce 6e Vendée Globe. Malgré sa longue domination, Loïck Peyron sait que rien n’est établi. Que la route est encore très longue. Ses passes d’armes régulières depuis hier avec Sébastien Josse prouvent à quel point cette régate est serrée. N’importe quel solitaire du peloton de tête peut pointer en haut de chaque classement. Et la situation météorologique actuelle et à venir s’avère plutôt compliquée à négocier.
Retour par derrière
Le ralentissement du groupe de tête à l’approche de cet anticyclone offre la plus belle opportunité aux "retardataires" de fondre sur le peloton de devant. Même si les écarts se réduisent plus ou moins rapidement, c’est un cadeau du ciel qui se présente à eux. 22e de la course, le Suisse Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) a établi la plus forte progression sur les dernières 24h (257,9 milles en VMG). Même à 900 milles des premiers, tous les espoirs sont bons…

jeudi 27 novembre 2008 :
Josse au contact de Peyron

Au pointage de 11h, Sébastien Josse est revenu à 3,7 milles du leader. Depuis le passage de l’équateur, jamais Loïck Peyron n’a été aussi menacé de perdre le leadership. Les neuf premiers se tiennent désormais en 61 milles après 18 jours de course ! Et la situation météo très instable avec des passages de grains aujourd’hui pourrait continuer à jouer les trouble-fêtes.
Avec une vitesse de seulement 4,1 nœuds sur une heure, contre 10,6 nœuds pour Sébastien Josse (BT), Loïck Peyron (Gitana Eighty) rencontre soit un problème à bord soit des conditions météo bien différentes de ses adversaires. Cette dernière solution est plus que probable tant la situation météo au milieu de l’Atlantique Sud est instable. Joint ce matin par téléphone, Sylvain Mondon de Météo France annonçait que des passages de grains sur la tête de flotte pourraient entraîner des différences de caps et vitesses importantes entre les coureurs. Illustration immédiate au pointage de 11h. Et cela devrait durer toute la journée. Du chamboulement au classement est donc à prévoir.
Comme prévu, un grand anticyclone barre toujours la route des leaders qui n’ont depuis une semaine d’autre choix que de continuer plein Sud alors que le cap de Bonne-Espérance se trouve quasiment dans leur Est ! Depuis le passage du Pot-au-Noir, les marins naviguent entre le près et le travers, bâbord amures, dans une mer souvent chaotique et des conditions instables qui obligent à manœuvrer régulièrement. Et cela devrait durer encore jusqu’à dimanche.
Conséquence immédiate de ce tassement en tête, Mike Golding (Ecover) retombé en 9e position pointe néanmoins à 61 milles du leader. A 1000 milles derrière, le plus rapide de la flotte s’appelle Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat), flashé à 14,6 nœuds. Classé 22e au large de Recife, Bernard revient très fort sur Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) et Rich Wilson (Great American III), désormais à moins de 100 milles. Le Canadien Derek Hatfield (Algimouss-Spirit of Canada) et Jean-Baptiste Dejeanty (Groupe Maisonneuve), les deux derniers concurrents, devraient franchir l’équateur la nuit prochaine. Les 25 solitaires encore en course navigueront alors tous dans l’hémisphère Sud, étalés sur 1 500 milles du Nord au Sud

mercredi 26 novembre 2008 :
Abandon de Jérémie Beyou

Arrivé ce mercredi matin au Brésil, Jérémie Beyou a confirmé son abandon : le skipper de Delta Dore a dû mettre en route son moteur pour s’amarrer à quai à Recife. Le solitaire est le cinquième à devoir jeter l’éponge sur avarie grave. Pendant ce temps, la course continue avec un groupe de tête qui se compresse à l’approche de hautes pressions, positionnées très au Sud…
Toujours stable
Du côté des leaders, la situation évolue peu si ce n’est que les neuf premiers se tiennent désormais en moins de 85 milles avec une grande stabilité des positions, même avec des écarts à quelques milles près : Sébastien Josse (BT) est ainsi un peu plus proche du leader Loïck Peyron (Gitana Eighty) mais cela n’est pas très significatif, tout comme Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac 2) et Mike Golding (Ecover 3), légèrement décalés plus à l’Ouest qui s’avéraient les plus véloces ces dernières heures. Effet local ou volonté de marquer un ascendant : il semble que l’objectif des solitaires est de rester au contact sans se démarquer en attendant que la situation anticyclonique évolue devant les étraves. Et ce n’est pas encore au programme ! Pour le trio poursuivant, Marc Guillemot (Safran) est toujours le plus rapide : il est désormais à moins de 200 milles du leader et à 110 milles de Jean Le Cam (VM Matériaux), neuvième et le plus décalé vers l’Est du groupe de tête.
Michel Desjoyeaux (Foncia) est encore à 415 milles et n’a donc pas encore tout à fait rattrapé son retard de son deuxième départ des Sables d’Olonne (360 milles) : il devrait toutefois bénéficier de conditions météorologiques plus favorables à l’orée du week-end car Météo France annonce un ralentissement par devant dû à cet anticyclone qui s’écroule sur lui-même… Enfin, ils ne sont plus que trois solitaires dans l’hémisphère Nord : l’Autrichien Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) devrait franchir la ligne équatoriale ce mercredi ; le Canadien Derek Hatfield (Algimouss-Spirit of Canada) et Jean-Baptiste Dejeanty (Maisonneuve) profitent de conditions très favorables puisqu’ils naviguent déjà dans les alizés de Sud-Est sans avoir été ralentis au passage du Pot au Noir…

mardi 25 novembre 2008 :
Vitesse ou précipitation ?

Alors que depuis quatre jours, les solitaires en tête de la flotte progressent toujours au près contre les alizés de Sud-Est, la stabilité de l’anticyclone ancré au large de l’Uruguay pose le problème du choix de la route : faut-il continuer plein Sud pour faire de la vitesse ou obliquer vers le Sud-Est au risque de se planter dans les hautes pressions ?
L’anticyclone de Sainte-Hélène est dans tous les esprits : va-t-il oui ou non bouger, et quand, et comment ? Car de sa position dans deux jours, c’est-à-dire jeudi soir, dépend la trajectoire à suivre… Et celle-ci n’est pas forcément la même si le solitaire est devant comme Loïck Peyron (Gitana Eighty), toujours leader avec près de vingt milles d’avance sur Sébastien Josse (BT), ou un peu derrière comme Michel Desjoyeaux (Foncia) à plus de quatre cent milles du premier. Le vent est certes plus favorable ces dernières heures pour grappiller de l’angle afin d’arrondir la route vers le cap de Bonne Espérance, puisque les alizés prennent un peu d’Est dans leur Sud-Est. Serrant moins le vent, les monocoques peuvent accélérer et progressent ainsi à plus de quinze nœuds. Mais le choix est désormais de piquer plein Sud (180°) pour aller plus vite vers les 40èmes (à plus de 1 200 milles des étraves) ou d’obliquer pour se rapprocher de la route directe (140°). Quarante degrés d’angle à bord d’un voilier, cela fait un différentiel de vitesse conséquent : plus de quatre nœuds !
Des alizés inconstants
Sur l’eau, le groupe de tête n’a pas tout le temps les mêmes conditions avec un alizé qui mollit puis reprend du souffle, qui oscille entre Sud-Est et Est-Sud Est, voir Est… De fait, les vitesses ne sont pas toujours aussi constantes et les caps varient de plus ou moins vingt degrés ! Dans l’ensemble, le leader a perdu du terrain ce mardi midi face à sa meute de poursuivants, et Sébastien Josse naviguant plus haut et plus vite, a gagné quasiment dix milles en six heures… Et Jean Le Cam (VM Matériaux) est encore le plus rapide de la flotte en compagnie d’Armel Le Cleac'h (Brit’Air) qui dépasse 17,5 nœuds sur une heure de pointage ! Enfin, pour Derek Hatfield (Algimouss-Spirit of Canada) et Jean-Baptiste Dejeanty (Maisonneuve), l’approche du Pot au Noir s’effectue très rapidement : à plus de treize nœuds de moyenne…

lundi 24 novembre 2008 :
Statu quo

Alors que les leaders sont déjà à la latitude de Salvador de Bahia (Brésil), le vent a légèrement (mais éphémèrement) tourné vers l’Est ce qui a permis au groupe de tête d’accélérer. Mais cette bascule n’était que passagère et il faudra encore attendre deux jours pour que la situation météorologique puisse évoluer.
Pas de changement radical en ce quinzième jour de course : les alizés étaient ce midi toujours présents, de secteur Sud-Est quinze nœuds pour le peloton, de secteur Est vingt nœuds pour les premiers. De cette petite différence d’orientation et de force est né un différentiel de vitesse de près de trois nœuds entre ces deux groupes, tandis que les cinq solitaires qui ont franchi l’équateur en ce début de semaine (White, Bazurko, Malbon, Dinelli, Wilson) commençaient seulement à toucher des prémices d’alizés. Quant à Bernard Stamm, il a pu s’extraire très rapidement d’un Pot au Noir très Nord, alors que l’Autrichien Norbert Sedlacek ouvre une voie (peu rapide) très à l’Est... Et pour les deux « revenants » des Sables d’Olonne (Derek Hatfield, Jean-Baptiste Dejeanty), l’archipel du Cap Vert est déjà dans le tableau arrière… Malgré plus de 1 500 milles de décalage Nord-Sud, les conditions de navigation sont finalement assez semblables, sous le soleil et dans une brise modérée.

dimanche 23 novembre 2008 :
Avarie de gréement sur Delta Dore

Jérémie Beyou se détourne depuis 9h00 ce matin vers le Brésil, probablement Recife, afin de trouver un mouillage et d’expertiser son avarie de gréement tribord (barres de flèche sous le vent). Le skipper de Delta Dore n’abandonne pas et espère pouvoir réparer par lui-même cette avarie.

samedi 22 novembre 2008 :
Derrière la ligne
L’horizon est désormais penché derrière la ligne de séparation des hémisphères : le vent de Sud-Est est bien installé entre 15 et 20 nœuds et ce régime devrait durer au moins quatre jours, si ce n’est plus ! Les dix premiers ont passé l’équateur, poursuivis par quatre autres solitaires qui devraient franchir la ligne en début de nuit prochaine.
Ce n’est pas très important, mais si cela continue à ce rythme comme en ce début de week-end, il va y avoir du doute dans l’air ! Car maintenant que les dix leaders ont franchi l’équateur, les conditions météorologiques sont stables : constater que Loïck Peyron (Gitana Eighty) arrive à gratter encore trois milles par jour sur ses deux dauphins, Sébastien Josse (BT) et Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac 2) et jusqu’à vingt milles sur Jean Le Cam (VM Matériaux) et Jérémie Beyou (Delta Dore), n’est pas de bon augure ! Surtout que les vents de Sud-Est qui soufflent désormais sur la tête de la flotte sont au programme pendant quelques jours… Quatre ou cinq au moins, voire plus. Car l’anticyclone de Sainte Hélène a des velléités vacancières du côté du Brésil, loin, très loin de sa position habituelle au Sud du golfe de Guinée. En conséquence, les leaders vont devoir faire du près dans une mer assez hachée au moins jusqu’à la latitude de Salvador de Bahia, soit plus de 1 200 milles !
Vitesse pure
Deux facteurs vont donc jouer sur le différentiel de vitesse dans ce « club des dix » : le bateau avec son concept architectural et son optimisation ; le skipper avec sa présence sur le pont pour affiner les réglages. Or les quatre premiers sont tous des plans de l’architecte néo-zélandais Bruce Farr ! Le Baulois a l’art de mettre la pression sur ses concurrents en marquant son ascendant par touches homéopathiques : il l’avait déjà fait lors de la descente dans les alizés canariens, il recommence dans les alizés de Sainte-Hélène…
Il est probable que le vent est un peu moins établi pour le groupe suivant comprenant Dominique Wavre (Temenos II), Brian Thompson (Bahrain Team Pindar), Samantha Davies (Roxy) et Marc Guillemot (Safran) : ils ont passé l’équateur qu’en milieu d’après-midi. Mais d’ors et déjà, il va falloir surveiller le plan Juan Kouyoumdjian du Britannique : très puissant, très lourd et très toilé, ce monocoque est attendu au tournant car ce sont les conditions idéales pour qu’il s’exprime et à première vue, il grappille déjà presque un nœud sur ses plus proches concurrents !
Changement de Pot
Michel Desjoyeaux (Foncia) peut souffler : il a passé le Pot au Noir la nuit dernière avec quelques grains mais peu de ralentissement alors que celui-ci est en train de gonfler, de se reformer et même de se refermer sur Steve White (Toe in the water)… Sans parler des plus « extrémistes » qui ont voulu « couper le fromage » en cherchant un passage sur le 23° Ouest, trop près des côtes africaines ! Le Basque Unai Basurko (Pakea Bizkaia) en fait les frais avec une des plus faibles progressions vers le but de toute la flotte : cette situation pourrait lui coûter cher, tout comme au Britannique Jonny Malbon (Artemis) qui voit revenir dans son tableau arrière, l’Américain Rich Wilson (Great American III) et Raphaël Dinelli (Fondation Ocean Vital) qui a pourtant perdu son gennaker.
Vu de l’arrière
Jean-Baptiste Dejeanty (Maisonneuve) est toujours le plus rapide de la flotte avec une moyenne journalière de plus de treize nœuds : le benjamin du Vendée Globe a ainsi pu rattraper une grande partie du terrain perdu lors de son deuxième départ, quand le golfe de Gascogne a été très mou… Il n’est plus qu’à 1 660 milles du leader. Tout comme Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) qui est sorti de l’archipel du Cap Vert la nuit dernière : avec plus de dix nœuds de moyenne sur la route, le Suisse a pu repasser sous la barre des 900 milles en écart par rapport au premier. Bonne pioche !

vendredi 21 novembre 2008 :
Changement de décor
Fini le pot-au-noir, finalement peu actif, et place à l’hémisphère Sud qui se profile avec le passage cette nuit de l’équateur. Derrière Loïck Peyron toujours en tête, neuf solitaires se tiennent en moins de 60 milles. Ce top 10 attaque l’Atlantique Sud les écoutes entre les dents !
Les traditions se perdent ! Peu de marins joints aujourd’hui à la vacation n’ont prévu de fêter dignement le passage de l’équateur la nuit prochaine. Quasiment pas la moindre offrande à Neptune qui, pourtant, leur a concocté un pot-au-noir des plus complaisants. Un ersatz de pot même, sans orages ni grains à 40 nœuds. Une version allégée que les premiers ont traversé comme des fleurs. Et selon certains, le plus facile pot-au-noir qu’ils aient connu ! Finalement, le groupe de tête a plus été ralenti dans son approche de la zone de convergence, lorsque l’alizé était faible, que dans la traversée elle-même de cette zone redoutée. Pour les retardataires aussi le pot-au-noir semble des plus cléments. Mais méfiance. D’humeur ombrageuse, Neptune pourrait se vexer de l’ingratitude des premiers et se venger sur les suivants.
Statu quo en tête
Grâce à cette traversée express, le classement n’a pas été chamboulé. L’inamovible Loïck Peyron (Gitana Eighty) mène la flotte depuis maintenant neuf jours, avec Sébastien Josse (BT) toujours collé dans son sillage. Plutôt discret jusque-là, le vainqueur du dernier Vendée Globe se hisse sur le podium provisoire. Vincent Riou (PRB) profite d’une position décalée dans l’est par rapport à ses adversaires directs pour grappiller quelques places. Tout ce petit monde navigue désormais penché, au près bâbord amures dans une mer désordonnée. Le top 10 de ce Vendée Globe, toujours aussi groupé en 75 milles, a changé de garde-robe, rangé les spis et ressorti les génois ou trinquettes. Au menu des prochains jours, du près et encore du près. Et en l’absence d’un anticyclone de Sainte-Hélène bien établi, les options stratégiques vont de nouveau fleurir au large du Brésil.
Gasoil ou baignade
Au registre des petites avaries du quotidien, Jean Le Cam (VM Matériaux) a déploré une fuite de gasoil au fond de son bateau, l’obligeant à éponger les 30 litres nauséabonds qui se baladaient dans la cale moteur. De son côté, Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac 2) a perdu quelques milles en accrochant un filet de pêche dans sa quille. Comme à son habitude, Jean-Pierre n’a pas traîné longtemps avant d’affaler les voiles et plonger sous la coque de son navire un couteau à la main. Enfin une tradition qui ne se perd pas…

jeudi 20 novembre 2008 :
A la merci du pot
Victimes de la mobilité du pot au noir, les bateaux de tête se sont embourbés ce matin dans les calmes, pour la seconde fois en 24 heures. Conséquence immédiate de ce deuxième ralentissement : un tassement de la flotte et un retour tonitruant de l’arrière garde. A 344 milles de l’équateur et après 11 jours de course, le top 10 se tient en 80 milles et nul ne sait quelle en sera la hiérarchie au sortir du pot au noir.
Hier, aux abords du 7e degré de latitude nord, les leaders du Vendée Globe ont vécu un premier épisode de calmes. Voiles faseyantes et claquant dans une houle sans vent, douches tièdes sous les orages, de nombreux empannages et des changements de voiles ont été le lot de la nuit. Manque de chance, le pot au noir persiste aujourd’hui à leur faire des misères.
Cette zone de conflit entre les deux alizés (hémisphère nord et sud) s’est en effet décalée dans le sud pour se placer à nouveau en travers de leur route. Conclusion : à la mi-journée, l’avant-garde de la course subissait un nouveau coup de frein.
Pétole, moiteur et guerre des nerfs
Vaillant leader depuis 8 jours, Loïck Peyron avait la voix fatiguée et la verve fataliste. A la vacation du jour, il avouait n’avoir aucune idée de l’issue de cette affaire, ne plus regarder les infos météo et tenter simplement d’avancer droit devant, cap au sud. Depuis ce matin, le skipper de Gitana Eighty avait en effet de quoi se faire des cheveux blancs. Dans son rétroviseur, se profile l’ombre de ses adversaires qui profitent de ses difficultés pour peaufiner leur trajectoire et avancer. De fait, ils sont désormais dix en 80 milles à se bagarrer comme des chiffonniers au prix de quelques litres de sueur. Car l’atmosphère est toujours aussi torride à 344 milles de l’équateur. Dans les habitacles de carbone, le thermomètre dépasse les 30 degrés tandis qu’un soleil cuisant inonde les cockpits, ce qui a valu à Dominique Wavre quelques vilains maux de crâne, tandis que Samantha Davies se baladait sur le pont de Roxy en bikini. Dans ce contexte, les quelques grains pluvieux croisés dans le pot étaient accueillis comme des douches providentielles. Mais les conditions de navigation restent éreintantes, d’autant que ce pot au noir est en train de devenir le lieu d’un nouveau départ.
Au pointage de 16h00, Loïck Peyron, crédité d’une vitesse de 7 nœuds (contre 2,2 nœuds ce midi !), conservait certes une avance de 20 milles. Mais dans son tableau arrière, c’est la guerre entre Sébastien Josse (BT), Jean Pierre Dick (Paprec-Virbac 2), Vincent Riou (PRB), Armel Le Cléac’h (Brit Air), Yann Eliès (Generali), Mike Golding ( Ecover), Roland Jourdain (Veolia Environnement), Jérémie Beyou (Delta Dore) et enfin Jean Le Cam (VM Matériaux). D’après les données météo, tout ce petit monde pourrait entrevoir la porte de sortie dans la soirée et toucher cette nuit ou demain matin les premiers signes de l’alizés du sud-est. Mais dans quel ordre ? Peyron, lui, avait déjà sorti son génois…
116 milles de gagnés pour Foncia
En deuxième et troisième rideau, les bateaux de chasse assistent de loin à ce spectacle en applaudissant des deux mains. Crédités de vitesses parfois deux à trois fois supérieures à leurs prédécesseurs, ils sont les grands gagnants de ces dernières 48 heures. Onzième, Dominique Wavre (Temenos II) a récupéré une quarantaine de milles ; Marc Guillemot (Safran), émerveillé par le spectacle d’un groupe de gros mammifères marins, en a rattrapé 70. Enfin, Michel Desjoyeaux (Foncia) qui a passé sa nuit allongé dans le cockpit à admirer les étoiles, a quant à lui gagné 116 milles en 24 heures. Mais en navigateur prudent et expérimenté qu’il est, il estimait à raison qu’il était bien trop tôt pour se réjouir !

mercredi 19 novembre 2008 :
Bienvenue dans un univers aléatoire
Emmenés par Loïck Peyron, les premiers concurrents ont abordé le pot au noir et expérimentent depuis cet après midi le douloureux exercice d’une navigation sans vent. Contraints à une veille de tous les instants pour extirper de leurs grands monocoques quelques dixièmes de nœuds, les voici plongés pour 24 à 36 heures dans un univers aléatoire. Un regroupement est à prévoir.
La ligne de départ est fermée
En ce 10e jour de course, 2100 milles séparent les chefs de file du dernier concurrent. Quand les premiers pensent déjà au franchissement de l’équateur, d’autres abordent ou s’extirpent de l’archipel du Cap Vert. Plus haut sur la carte de l’Atlantique nord, Bernard Stamm arrondit les Canaries, Derek Hatfield glisse à l’ouest de Madère et Jean-Baptiste Dejeanty file au large du Portugal. Le skipper de Maisonneuve surveille l’étanchéité du pont de son bateau comme du lait sur le feu. Il est le dernier concurrent à avoir profité des 10 jours d’ouverture de la ligne de départ pour rentrer aux Sables d’Olonne et réparer à terre. La ligne est d’ailleurs définitivement fermée depuis ce mercredi 13h02.
Le Cam puni par ses pilotes
Les autres, depuis longtemps déjà, sont contraints de résoudre sur l’eau le moindre pépin technique, à la force des bras et des méninges.
Jean Le Cam en a fait la douloureuse expérience la nuit dernière : ses quatre pilotes automatiques hors service, il a passé plusieurs heures en travers de la route pour résoudre la panne et estime avoir perdu 45 milles dans l’opération. A ce contretemps viennent s’ajouter les milles envolés au cours de son recalage obligatoire dans l’ouest. Résultat des courses : VM Materiaux a dégringolé à la 8e place, à 93 milles de Loïck Peyron.

mardi 18 novembre 2008 :
Resserrement en tête de flotte
Le ralentissement du groupe de tête à cause d’un alizé erratique profite à l’ensemble des poursuivants qui réduisent leur retard. La flotte se resserre à l’approche du pot-au-noir que les premiers aborderont dans la journée de mercredi. Derrière Loïck Peyron, impérial aux avant-postes depuis cinq jours, la lutte des places est soutenue entre les sept poursuivants. Et la traversée du pot-au-noir pourrait bien redistribuer les cartes…
La course au large n’est pas très morale ! Le malheur des uns fait le bonheur des autres… quand ça tamponne devant, les attardés se frottent les mains et retrouvent un grand sourire. De Brian Thompson (Bahrain Team Pindar), actuellement 12e à Michel Desjoyeaux (Foncia), 18e et qui continue de remonter ses adversaires les uns après les autres, les écarts au premier ont fondu de 100 à plus de 200 milles en moins de 24 heures. Quel bonheur de voir tant d’efforts récompensés ! En repartant des Sables deux jours après tout le monde, Mich’ Desj’ avait rapidement vu son retard doubler, passant de 340 à près de 700 milles à cause de conditions météo moins favorables derrière. Ce n’est finalement que justice que la tendance s’inverse enfin. Avec 444 milles de déficit mardi à 16h, son solde reste encore négatif. Mais à ce rythme, les compteurs pourraient être remis à zéro demain.

lundi 17 novembre 2008 :
Jean Le Cam seul contre tous

La valse des positions entre les deux leaders se poursuit ce lundi soir. A la faveur d’une route décalée à l’est (donc plus proche du but) et d’un empannage de Loïck Peyron vers l’ouest pour se recaler dans l’axe d’un club des cinq dangereux poursuivants, Jean Le Cam a repris les commandes de ce 6e Vendée Globe. Comme ce matin au pointage de 5h… Et une nouvelle fois, pour combien de temps ?
Si la théorie s’appliquait immanquablement en course au large, Loïck Peyron (Gitana Eighty) et Jean Le Cam (VM Matériaux) devraient continuer à s’échanger la première place à chaque fois qu’ils naviguent sur des bords opposés. Ainsi, le classement provisoire profite à celui (actuellement Jean Le Cam) qui file bâbord amures vers le sud (bord le plus rapprochant) lorsque l’autre a empanné tribord amures pour se recaler vers le sud-ouest (le cas de Peyron ce soir). Lorsque les deux hommes empanneront de nouveau, c’est logiquement Loïck Peyron, alors sur le bord favorable, qui reprendra les commandes. Voilà pour la théorie. A vérifier demain au premier classement du matin…
A 126 milles d’écart latéral, mais quasiment à la même latitude, le duel à distance entre les deux leaders traduit deux stratégies différentes. D’un côté, Loïck Peyron et Sébastien Josse (BT) se recalent dans l’axe du club des cinq pour mieux les contrôler et aussi se positionner en vue de l’entrée du pot-au-noir dans les 48 heures à venir. Ces contre-bords coûtent chers puisqu’il ont permis à Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac 2), Vincent Riou (PRB), Armel Le Cleac'h (Brit Air), Yann Eliès (Generali) et Roland Jourdain (Veolia Environnement) de réduire leur retard sur Peyron de près de 40 milles en 4 heures !
Du coup la flotte se resserre, à l’exception de Jean Le Cam qui se retrouve bien seul dans son option à l’est. Toujours en théorie, la porte d’entrée pour traverser au plus vite la zone de convergence inter-tropicale se situe entre 27° et 28° de longitude ouest. Naviguant actuellement par 24° Ouest, trois solutions se présentent à Jean Le Cam.
1) Tirer plein sud et tenter une traversée du pot-au-noir dans sa partie “théoriquement“ la plus large. Très risqué ! Loïck Peyron l’a payé comptant lors de la Transat Jacques Vabre l’année dernière – et pour beaucoup moins d’écart latéral que ça !
2) Profiter de régulières variations de l’alizé entre le nord-est et le nord pour se recaler dans l’ouest vers ses adversaires. Solution la plus préférable que tente semble-t-il Le Cam qui a déjà “contre-border“ une fois aujourd’hui. Encore faut-il que le vent le permette.
3) Se recaler dans l’ouest coûte que coûte pour éviter la partie large du pot-au-noir sans avoir bénéficié de variations régulières du vent pour minimiser la perte des contre-bords. Solution conservatrice qui évite le pari risqué de l’est seul contre tous, et permet de revenir au contact des autres, quitte à perdre la position de leader.
Les prochaines 48 heures de course seront-elles déterminantes ?

dimanche 16 novembre 2008 :
La tendance se confirme

Le classement de 11h00 ce dimanche matin confirme la tendance : Loïck Peyron (Gitana Eighty), Sébastien Josse (BT) et Jean Le Cam (VM Matériaux), à 150 milles dans le Nord de l’archipel du Cap Vert, ont réussi à s’extirper de la meute en glissant cette nuit vers le Sud.
Depuis samedi soir, ils bénéficient d’un vent plus soutenu que leurs poursuivants positionnés à l’Ouest. Deux à trois nœuds supplémentaires, qui se concrétisent automatiquement par deux à trois nœuds de vitesse en plus. Derrière, Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac 2) était un peu perplexe de s’être fait coincer dans une zone de vent plus faible, à proximité d’une bulle anticyclonique que tous n’avaient pas anticipée.
Ce tiercé de tête a donc trouvé le bon couloir dans un alizé perturbé et instable, voire parfois aux abonnés absents. En milieu de paquet, Dominique Wavre (Temenos II), stoppé pendant quatre bonnes heures cette nuit, décrivait à nouveau des conditions lacustres. Plus loin, au sortir des Canaries où il est allé empanner près des plages, Jonny Malbon (Artemis) confiait à la vacation avoir passé deux heures, voiles faseyantes…
Prochain casse-tête à venir : l’archipel du Cap Vert.

samedi 15 novembre 2008 :
Soleil, chaleur et instabilité
Les premiers concurrents ont doublé vendredi les Iles Canaries et poursuivent leur descente cap Sud-Ouest en direction du Cap Vert, dans une atmosphère très estivale.
L’alizé soutenu ces dernières 48 heures a perdu de sa ferveur, pour cause de dorsale anticyclonique qui s’étale vers le Sud-Ouest. Les vitesses moyennes ont chuté (10 à 11 noeuds contre 15 à 16 vendredi) et la tête de course s’est légèrement regroupée. Marc Guillemot a été le grand perdant de ces dernières 24 heures. Passé trop près de l’archipel des Canaries, le skipper de Safran est resté plusieurs heures « tanqué » sous le vent de Palma, progressant à 3 ou 4 nœuds de vitesse, soit quatre fois moins vite que ses adversaires. Ce matin, le bilan est lourd pour « Marco » : 141 milles de perdus.
En cette sixième journée de course, un top 10 circonscrit sur une centaine de milles, se détache désormais du reste du peloton, Loïck Peyron en éclaireur. Dans son sillage, comme prévu, les places valsent au gré des classements.
Les marins joints à la vacation de ce samedi midi ont décrit des conditions de navigation pour le moins agréables : grand soleil, 25 degrés sur le pont, mer calme. La plupart d’entre eux en profitent pour faire sécher leurs petites affaires, faire leur toilette, voire raser pour la première fois les barbes naissantes. Pas question cependant de céder au farniente. Les conditions de vent restent instables et obligent les marins à rectifier en permanence leurs réglages.

vendredi 14 novembre 2008 :
Peyron leader, Le Cam rapide dans les alizés musclés
Alors que la flotte s’étale au large de l’archipel des Canaries, Loïck Peyron (Gitana Eighty) mène la danse depuis plus d’une journée maintenant et tient les rennes d’un quatuor de tête où s’est illustré Jean Le Cam, très rapide ces dernières 24 heures.
Au classement de 11 heures ce jour, le skipper de VM Materiaux est passé en seconde position, 27,5 milles derrière le leader (classement de 11h00) tandis que Sébastien Josse (BT) et Jean Pierre Dick (Paprec-Virbac2) complètent ce carré d’as qui se tient en 36 milles à peine.
Dans les alizés de nord-est (20 à 25 nœuds de vent et des grains), les moyennes de vitesse des bateaux sont montées d’un cran et les conditions de navigation sont loin de ressembler à « la croisière s’amuse ». Sous gennaker, les grands monocoques glissent à 17 nœuds moyens, avec des pointes à 25. L’atmosphère est humide et sportive. La concentration est de mise pour éviter les sorties de route. Seule consolation : les températures relativement douces de l’eau et de l’air.
Stratégiquement, chacun a placé ses pions. Dans le groupe des 10 premiers bateaux, la flotte est éparpillée d’ouest en est sur 170 milles et au sein de ce peloton, c’est Marc Guillemot (Safran) qui est le plus oriental de tous. Safran est en effet en train de croiser 30 milles au large de Palma. A l’opposé, Vincent Riou (PRB) et Armel Le Cléac’h (Brit’Air) sont les plus à l’ouest et naviguent littéralement à vue, à 3 milles l’un de l’autre. Tant et si bien que le deuxième a reçu un coup de fil du premier cette nuit, lors du passage d’un grain…
Dès maintenant, et tant que les pilotes automatiques continuent de bien maîtriser les grandes glissades au portant, chacun se penche sur sa stratégie pour le passage du pot au noir, un des points clés de ce parcours de 24 000 milles.

jeudi 13 novembre 2008 :
Bestaven et Pavant de retour, Stamm reparti
Yannick Bestaven (Aquarelle.com) sous gréement de fortune, puis Kito de Pavant (Groupe Bel), au moteur, sont arrivés à 2h40 et 2h55 au ponton des Sables d’Olonne. Une heure plus tard, ils souhaitaient bon vent à Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) qui, après 74h d’escale, repartait en mer.

mercredi 12 novembre 2008 : 
En bordure d’anticyclone

Les solitaires ont définitivement quitté le mauvais temps du golfe de Gascogne et presque tous naviguent dans les alizés portugais à plus de douze nœuds de moyenne en direction de l’archipel de Madère. Jean-Pierre Dick a repris la main.
Le petit train en direction de l’équateur est sur des rails ! Le vent de secteur Nord qui sévit au large du Portugal est désormais plus régulier en soufflant à une quinzaine de nœuds et les vitesse des monocoques sont (à quelques dixièmes de nœud près) identiques. Sous grand voile haute et spinnaker maxi, les skippers peuvent reprendre des forces, s’alimenter correctement et dormir plus sereinement après le coup de vent de la veille. Mais attention tout de même : le portant sous spi peut rapidement devenir une galère si la brise rentre…

mardi 11 novembre 2008 : 
Le point sur les avaries

Le très mauvais temps qui a sévi danx le golfe de Gascogne n’a pas ménagé la flotte des trente concurrents du Vendée Globe. Dans l’après-midi du 10 novembre, les monocoques ont dû affronter des vents de 45 à 50 nœuds dans une mer confuse mettant à mal une partie des concurrents.
-Dominique Wavre (Temenos II) : problème électrique, retour aux Sables d’Olonne le 9 novembre. Il a repris la course le 9 novembre au soir.
-Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) : abordage avec un cargo, retour aux Sables d’Olonne dans la nuit du 9 au 10 novembre. Il a prévu de repartir le 11 novembre vers midi.
-Michel Desjoyeaux (Foncia) : problèmes électriques consécutifs à une fuite de ballast. Arrivée aux Sables d’Olonne dans la nuit du 10 novembre. Il a prévu de repartir le 11 novembre au matin.
-Jean-Baptiste Dejeanty (Maisonneuve) : panneau de pont endommagé dans la matinée du 10 novembre. Arrivée prévue aux sables d’Olonne dans l’après-midi du 11 novembre. Escale technique d’au moins deux jours.
-Derek Hatfield (Algimouss-Spirit of Canada) : problèmes électriques dans l’après-midi du 10 novembre. Arrivée prévue aux Sables d’Olonne dans l’après-midi du 11 novembre. Escale technique d’au moins une journée.
-Yannick Bestaven (Aquarelle.com) : démâtage dans l’après-midi du 10 novembre. Arrivée prévue aux Sables d’Olonne dans la nuit du 11 au 12 novembre.
-Kito de Pavant (Groupe Bel) : démâtage dans l’après-midi du 10 novembre. Arrivée prévue aux sables d’Olonne dans la nuit du 11 au 12 novembre.
-Alex Thomson (Hugo Boss) : problème de structure dans l’après-midi du 10 novembre. Voie d’eau. Arrivée prévue aux Sables d’Olonne dans la nuit du 11 au 12 novembre.
À noter que malgré les conditions météorologiques déplorables, hormis les deux démâtages de Groupe Bel et de Aquarelle.com et le problème de structure affectant Hugo Boss, les autres retours au port sont motivés par la volonté des solitaires d’effectuer leur tour du monde dans les meilleures conditions de navigation possible.
Le service communication de DCNS a indiqué à la Direction de Course que le monocoque de Marc Thiercelin avait démâté 7h30 ce mardi par 44°15 Nord et 8°43 Ouest. Le solitaire a précisé que les dégâts étaient importants et qu’il lui paraissait difficile de repartir en course. Le solitaire n’a pas confirmé vers quel port il comptait se diriger.
À 6h00, Michel Desjoyeaux était sorti du port des Sables d’Olonne : il devait repartir incessamment en course en passant au Sud de la bouée Nouch. Foncia concède environ 360 milles sur les leaders en approche du cap Finisterre. « Foncia est reparti en mer vers 5h40 après un pit-stop digne de Ferrari, comme neuf. Un grand bravo à l’équipe technique et aux deux gars de chez Nanni. La mer est toujours formée et le vent a bien molli en passant à l’Ouest-Nord Ouest. Les Sablais étaient encore ne nombre sur les quais et au ponton : c’était top ! » indiquait Michel Desjoyeaux par mail.

lundi 10 novembre 2008 : 
Les deux navigateurs Suisse de retour aux Sables
Difficile début de Vendée Globe pour les deux navigateurs suisses de cette sixième édition. Dominique Wavre (Temenos) et Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) sont tous les deux revenus au port des Sables d’Olonne. Problème d’énergie pour le premier déjà reparti. Casse du bout-dehors dans une collision pour le second toujours à quai. Pendant ce temps-là, Marc Guillemot (Safran) a pris la tête de la course dès le premier classement de 16h00 dimanche et ne la lâche plus.
Michel Desjoyeaux est le troisième concurrent à revenir s’amarrer au quai de Port-Olona après les Suisses Dominique Wavre et Bernard Stamm. La course contre la montre a commencé pour l’équipe technique et les électriciens afin de réparer le problème électrique au plus vite. Le vainqueur du Vendée Globe 2000-2001 espère repartir avant 4h30 ou à partir de midi.

On pressentait que ce début de Vendée Globe serait sélectif. Il l’est au-delà de toutes les supputations. Les vents forts et la mer désordonnée qui balayent le golfe de Gascogne frappent sans discrimination, des favoris aux sans-grades, des amateurs éclairés aux professionnels les plus aguerris. On oublie parfois qu’avant d’avoir le droit de tutoyer les mers du Sud, il existe des examens de passage impitoyables.
La mer, quand elle décide de corriger les devoirs, ne fait pas toujours dans la dentelle. Elle peut décider d’infliger une correction à ses meilleurs élèves comme aux petits nouveaux de la classe.
Et pourtant, quand on y regarde bien, ce sont rarement des problèmes de structure qui affectent les malheureux qui doivent en rabattre et prendre la décision difficile de retourner à la case départ. Dans ce jeu de l’oie grandeur nature, il suffit parfois d’un détail pour mettre à mal un projet élaboré patiemment depuis des années : fortune de mer comme pour Bernard Stamm, le skipper de Cheminées Poujoulat, victime d’une collision avec un cargo, problèmes électriques à bord de Téménos II, Foncia, Algimouss Spirit of Canada, violence d’une vague capable d’endommager les superstructures comme pour Jean-Baptiste Dejeanty à bord de Groupe Maisonneuve ou de provoquer le démâtage d’Aquarelle.com, le voilier de Yannick Bestaven, tout comme celui de Kito de Pavant (Groupe Bel), les causes sont multiples, mais le constat est le même. Il n’est pas toujours besoin d’aller très loin pour subir les colères de l’océan. Le golfe de Gascogne tient à rappeler qu’il n’est pas de danger que dans les mers du Sud et que certains quarantièmes Nord valent bien parfois les cinquantièmes hurlants de l’océan Pacifique.
Cette première série de retours au port ne doit pas masquer que le reste de la flotte souffre aussi. Il serait étonnant que les rescapés de cette première série se soient sortis sans aucun dommage collatéral de cette furie qui a assailli la flotte. A ce petit jeu, la guerre psychologique risque de reprendre ses droits dans les jours à venir. Il faudra faire bonne figure, ne pas laisser transparaître ses éventuels points de faiblesse. Ceux qui seront passés à travers les mailles du filet mesurent aussi qu’entre l’exploit et la catastrophe, la marge est parfois ténue. On comprend mieux pourquoi les navigateurs solitaires ne se départissent jamais d’une forte dose d’humilité. Ils savent…
A 9h19 (heure française) ce lundi matin, alors qu'il était à 200 milles nautiques des Sables d'Olonne, Michel Desjoyeaux - skipper de FONCIA - a informé son équipe technique de sa décision de faire demi-tour et de revenir au port. Une fuite d'eau venant de l'un des ballasts a provoqué un problème électrique empêchant de démarrer le moteur nécessaire au rechargement des batteries. Michel Desjoyeaux : « J’ai senti une odeur de cramé… J’avais une petite fuite sur un capot de ballast, j’avais un peu sous-estimé son importance et les dégâts qu’elle pourrait faire. De l’eau est entrée dans la cale moteur… Je pensais qu’il y en avait très peu et ce matin quand j’ai fait tourner mon moteur, au bout de 40 minutes de charge, j’ai senti une odeur de cramé… A priori, le faisceau du moteur a appris à nager. C‘était sa première leçon ce matin et cela ne lui a pas plu du tout !... Je sais déjà ce que c’est de faire un bout de tour du monde avec un moteur qui ne démarre pas facilement, alors avec un moteur qui ne démarre pas du tout, cela ne me plaît pas trop. J’ai donc décidé de faire demi-tour et de revenir aux Sables d’Olonne pour réparer. J’espère arriver ce soir aux Sables d’Olonne en espérant que la mer me permettra de passer l’entrée du port. Quand je vois déjà, hors plateau continental, comment la mer est formée, je me dis que devant nous, cela va être assez fort. Mais bon, je pense que cela passera ! Je pense entrer vers 22h (heure française) dans le chenal.»
« L’équipe technique est déjà prévenue de l’ampleur des dégâts que j’ai pu constater, maintenant je n’ai pas tout ouvert non plus. L’équipe va déjà rassembler les morceaux mis en cause dans les dégâts. On repartira au mieux à la marée du lendemain matin sachant que nous devons faire un diagnostic très précis, chose qu’il est impossible de faire dans les conditions actuelles ».

dimanche 9 novembre 2008 : 
Face à la mer…
Bon départ pour cette sixième éditon du Vendée Globe ce dimanche à 13h02 : dans une brise de secteur Sud-Ouest modérée et sur une belle houle du large, Mike Golding prenait le meilleur au coup de canon, mais volait de quelques mètres l’alignement... Mais grâce à sa surface de voile plus importante, Alex Thomson partait très vite vers l’Ouest devant une foule compacte de bateaux accompagnateurs.
Les trente solitaires sont donc partis pour environ 80 à 100 jours de mer autour du monde ! Sous un ciel gris, couvert, parfois légèrement pluvieux, mais avec une petite éclaircie au moment du coup de canon, les monocoques pouvaient envoyer presque toute leur voilure car la brise ne dépassait pas les douze nœuds… Seul Michel Desjoyeaux se retrouvait en difficulté en raison d’un virement de bord imprévu juste avant le départ !
Ecover 3 se présentait le plus favorablement sur la ligne de départ, une ligne mouillée pour que les skippers s’élancent directement vers le large en bâbord amure, cap vers l’Ouest dans cette brise et cette mer contraire. Mais le Britannique préférait s’adjuger le meilleur départ en tribord amure : malheureusement, Ecover 3 mordait légèrement la ligne avant le coup de canon. Il revenait passer le ligne ! La majorité des monocoques avait pris un ris dans la grand voile et envoyé la trinquette à l’exception de trois Britanniques, Mike Golding, Dee Caffari, Alex Thomson et des Français Vincent Riou, Michel Desjoyeaux… avec certains sous trinquette et d’autres sous foc solent !
C’est donc dans la soirée que les conditions météorologiques vont se dégrader avec l’arrivée d’une dépression sur l’Irlande générant des vents de secteur Sud-Ouest de plus de 30 nœuds avec des rafales à plus de 45 nœuds au passage des fronts. Après quelques minutes, les monocoques s’alignaient avec Vincent Riou sous le vent, en compagnie de Jérémie Beyou, Jean-Pierre Dick, Dee Caffari, Sébastien Josse… tandis qu’Alex Thomson et Marc Guillemot se positionnaient plutôt au vent de la flotte.

2 novembre 2008 : 
Le 7, c'est quoi ce numéro ?
C’est celui de Cheminées Poujoulat, en réalité, celui choisi il y a 8 ans par Bernard Stamm pour le 60 pieds construit pas ses soins. Explications de l’intéressé : « En 2000, peu de gens croyaient à mon projet, le fait que je sois au départ, que j’arrive à construire mon bateau. Le 7, c’était un petit clin d’oeil aux joueurs de poker : si tu joues bien, avec une paire de 7, tu peux battre un carré d’as !».

1er novembre 2008 : 
Hugo Boss a été maté et remis à l’eau hier vendredi dans le port de commerce des Sables d’Olonne
et devait rejoindre ce soir vers 18h00 son emplacement sur les pontons de Port Olona, après une semaine de réparations (coque et mât) aussi efficace que stressante pour toute l’équipe d’Alex Thomson.
Une équipe composée d'une trentaine de personnes, composée d’ingénieurs, de constructeurs, de gréeurs et de fabricants du mât, a mené à bien et dans un temps record les réparations du gréement -cassé en deux lors de la collision avec un pêcheur le 17 octobre dernier-, ainsi que celles de la coque du 60 pieds open, trouée sur 3 m sur 2. En tout, il a fallu plus de mille heures de travail pour permettre au bateau désormais en parfait état, de quitter le chantier d'Alliaura Marine hier.

L'opération, bien préparée en amont, a nécessité la fabrication d'un manchon à Auckland, où le mât a été initialement construit, ainsi qu’un gréement dormant complet (réalisé à Valencia en Espagne), tandis que les morceaux de la coque et du pont ont été fabriqués à Vannes.

Lors d’une conférence de presse donnée vendredi soir, Alex Thomson, de retour aux Sables d’Olonne après un court séjour en Angleterre a déclaré:
“C’est incroyable de voir ce que les gars ont pu réaliser. Quand je pense au pétrin dans lequel nous étions jeudi dernier, c'est absolument fabuleux, car les gars ont fait un boulot incroyable. Maintenant, il faut que je me mette en mode course. J'ai passé quelques journées à la maison en essayant de me reposer autant que possible et en dormant au maximum. Je suis sûr que dès mon retour sur le bateau et une fois sur l'eau, je serai à nouveau dans le rythme.”

Jason Carrington, responsable de la construction de Hugo Boss, a pris un vol spécial de Malte pour assister aux réparations. Hier soir, il a confirmé que le navigateur britannique avait eu une certaine chance dans son malheur car si la collision avait eu lieu 50 centimètres plus loin, la réparation n'aurait pas été possible, car cela aurait touché les cadènes et la structure, qui tiennent le gréement dormant. Le bateau a désormais retrouvé son état initial. Tout est résistant, bien que plus lourd. Alex a précisé que le gréement dormant (environ 2 kilomètres de long), a été entièrement remplacé. “Il aurait été impossible de réaliser cet exploit ailleurs au monde, mais aux Sables d’Olonne, tout le monde a la passion du Vendée Globe. Tout le monde a rendu cela possible.”

Après quelques tests aujourd’hui sur le quai du port de commerce, le plan Finot-Conq devait regagner en fin d’après-midi les pontons de Port Olona. Le but est aussi de réaliser une sortie en mer aussi vite que possible pour valider les réparations. “Initialement notre but était de remporter le Vendée Globe. Après l'accident, notre volonté était de s'aligner au départ du Vendée Globe, ce qui est toujours le cas. Mais d'ici trois jours, peut être que nous basculerons à nouveau vers notre objectif initial !” a déclaré le navigateur britannique.

29 octobre 2008
Les musiques de l´Afrique du Sud
A partir de ce soir et jusqu´au 2 novembre prochain, les musiques de l´Afrique du sud sont à l´honneur, avec les 25 artistes de l’ensemble « Matsamo cultural group » en concert "gratuit" sur le Village du Vendée Globe. Dans leur sang coule encore celui des guerriers Swazi qui firent trembler, en leur temps, l’Angleterre victorienne… Vêtus de costumes somptueux, les 25 artistes remontent le temps pour faire découvrir au public vendéen les moments de la vie quotidienne d’un peuple qui fut l’un des plus puissants d’Afrique, au rythme des percussions et de chants mélodieux et poétiques. A suivre chaque soir à 21h00 sur la scène de la brasserie "Le Vogue" au coeur du Village du Vendée Globe. Cliquez ici pour voir des photos et des vidéos de ce groupe

27 octobre 2008
L’animateur vedette des émissions de télévision de pleine nature devenu depuis le poil à gratter des responsables politiques était de passage aux Sables d’Olonne pour apporter son soutien à Raphaël Dinelli et sa fondation Océan Vital . Interview croisée des deux protagonistes, et la photo ici.

Nicolas Hulot :
« Le projet de Raphaël Dinelli m’a séduit à plus d’un titre. Le personnage tout d’abord et sa volonté de travailler dans le concret. Il est à la fois dans l’innovation et dans la recherche appliquée. A son niveau, il essaye de faire franchir des étapes à la créativité écologique. Dans le domaine des énergies renouvelables on n’en est encore qu’aux balbutiements et Raphaël fait partie de ces gens qui accélèrent le processus. Au-delà d’une compétition, nous sommes en dette vis à vis de la nature. Au-delà des mots il faut apporter notre contribution de manière concrète. Si une compétition comme le Vendée Globe peut apporter sa notoriété à ce combat, on a tous à y gagner. Raphaël lui, agit. Il cherche des solutions globales. L’obligation qu’on a aujourd´hui est de faire mieux avec moins. A son échelle, Raphaël a réussi sur un panneau solaire de même surface à diviser son poids par dix.»

Raphaël Dinelli :
"Le vrai challenge de ce bateau laboratoire, c’est d’être totalement autonome par rapport aux énergies fossiles. On sait que la voile est un sport mécanique qui demande pas mal de moyens énergétiques. Certains concurrents partent ainsi avec près de 300 litres de gazole. Maintenant, on a mis au point des systèmes novateurs, il ne faudrait pas qu’ils me lâchent au cours de l’épreuve. Nous autres navigateurs, on constate depuis quinze ou vingt ans les ravages du réchauffement climatique : les remontées d’icebergs à des latitudes anormales, puisqu’on a trouvé des glaces jusqu’au large de la Nouvelle-Zélande et l’Afrique du Sud. Ce que je sais, c’est que des navigateurs connus comme Loïck Peyron ou Vincent Riou sont venus voir ces panneaux. Si je peux prouver qu’avec 1200 g de panneau solaire au mètre carré, on peut obtenir les mêmes performances énergétiques, les coureurs y viendront tous. Car dans ce cas, le devis de poids n’est plus un problème. Une chose est sûre, c’est ma passion."

24 octobre 2008
Alain Gautier, consultant sécurité Vainqueur de la deuxième édition du Vendée Globe en 1992, Alain Gautier est conseiller auprès de l’organisation de course pour la seconde fois consécutive. Il revient sur ses deux bateaux du tour du monde en solitaire, précurseurs des monocoques d’aujourd’hui…
Tu as participé à la première édition du Vendée Globe en 1989: quels souvenirs ?
« Mon premier souvenir concerne la semaine avant le départ : le bateau avait été mis à l´eau en août, soit trois mois avant ! Les derniers jours, c´était l´enfer : il y avait trop de monde pour préparer le monocoque et je suis parti trois jours pour laisser faire mon équipe... Je leur ai fait confiance. Et le jour du départ, c´était extraordinaire sur les quais des Sables d´Olonne et sur l´eau : on a commencé à se bagarrer tout de suite avec Loïck Peyron ! Les conditions météorologiques étaient hivernales, très fraîches mais très belles. »

Tu partais sur un bateau extrêmement puissant pour l´époque, un peu un précursseur de ce que nous voyons ici cette année !
« Generali-Concorde était le premier plan du Groupe Finot-Conq en 60 pieds monocoque : il a donné le jour à beaucoup d´autres bateaux ensuite, dont quatre qui ont gagné le Vendée Globe... C´est vrai qu´il dénotait un peu par rapport au reste de la flotte, même si Charente Maritime était déjà large à l´époque. Mon bateau était le plus extrême et cela m´a valu des quolibets, les mauvaises langues disant qu´il tiendrait mieux à l´envers qu´à l´endroit ! Certes le pont était large et plat, mais c´était un bateau qui aurait pu gagner la première édition si je n´avais pas eu mes problèmes techniques, de gréement en particulier. »

Et lors de la deuxième édition, tu pars aussi sur un plan Finot-Conq mais gréé en ketch.
« On a eu moins de temps entre les deux éditions car pour réguler le calendrier des courses de ces bateaux, on est passé à un rythme quadriennal, débutant aux années paires. Il n´y a eu que trois années pour trouver un nouveau partenaire et construire un bateau neuf : au lieu du mois d´août 1989 pour mon premier bateau, celui-ci fut mis à l´eau au mois de juillet 1992 ! Et j´ai choisi le gréement de ketch pour limiter les risques à l´empannage : en divisant la voilure, la bôme du mât principal n´avait plus neuf mètres de long... Je ne me suis jamais posé la question de l´empannage dans les mers du Sud et je pouvais faire la manoeuvre dans les deux minutes qui suivaient. Au vent de travers, je pouvais aussi mettre beaucoup plus de toile qu´un sloop, et le bateau était très stable de route car je pouvais diviser la voilure pour mieux la répartir. C´était certes un bateau puissant mais complet. »

Justement la puissance est le maître-mot de cette sixième édition...
« Je pense que la puissance permet de mieux gérer le potentiel : il vaut mieux utiliser un voilier à 70% de ses performances qu’à 100% avec un bateau moins puissant, pour aller à la même vitesse. Sur un Vendée Globe en solitaire, c´est important car c´est un gage de performance et de fiabilité. »

En 2008, il n´y a que des monocoques puissants, voir surpuissants...
« Est-ce qu´on n´est pas allé trop loin ? Nous le saurons dans trois mois... Mais si les marins arrivent à contenir la puissance et à la gérer au mieux, ils iront plus vite, mais il est certain que ce sont des voiliers beaucoup plus exigeants physiquement et ils nécessitent d´avoir toujours une bonne configuration de voile. »

C´est aussi la deuxième fois que tu participes à l´organisation du Vendée Globe en tant que conseiller technique pour la sécurité.
« C´est tout de même un petit rôle quand on voit tout le travail préparatoire qui a été effectué par l´organisation. Je ne suis que consultant auprès de la direction de course, pour l´aider en cas de problème, pour la suppléer si nécessaire, pour être son porte-parole auprès des médias pour expliquer une situation de crise. Je n´ai presque pas été sollicité il y a quatre ans, et j´aimerais qu´il en soit autant cette fois ! Cela ravirait tout le monde... »

23 octobre 2008
Pour les navigateurs, les semaines qui précèdent le départ d’une grande course ne sont pas toujours les plus sereines
. Rançon du succès, les sollicitations sont proportionnelles à la teneur de leur prochaine aventure. Si le tumulte des jours d’avant est vécu comme un bien nécessaire par la plupart des marins, ces derniers se réservent aussi quelques sas de décompression quotidiens pour échapper au grand tourbillon.
Avec les multiples rendez-vous média, les impératifs de partenariat et de représentation auxquels s’ajoutent les différents briefings officiels, les journées, pour les 30 marins du Vendée Globe, passent à la vitesse d’un 60 pieds au portant. Dans ce contexte, comment trouver du temps pour soi et pour ses proches ? La plupart des navigateurs y veille pourtant, tant bien que mal. Avant leur ultime semaine aux Sables d’Olonne, la majorité d’entre eux a d’ailleurs choisi de s’échapper quelques jours, qui dans les montagnes corses (Jean-Pierre Dick), qui au Maroc (Kito de Pavant), en thalasso en famille (Bernard Stamm), ou tout simplement à la maison. Michel Desjoyeaux et Vincent Riou seront les rares à rester en Vendée jusqu’au départ.

Apnée et bains d’algues
Sur place, leur planning quotidien prévoit néanmoins quelques parenthèses auxquelles ils ne dérogent pas. Pour le skipper de Foncia, prière de ne pas déranger de 13h00 à 16h30. Vincent Riou (PRB) qui avoue avoir besoin de s’ « éloigner physiquement du village pour décompresser », passe en général tous ses après-midi dans la maison louée avec sa famille. Sur place, Yann Eliès (Generali) s’accorde toujours un « break entre 13h30 et 15h00 » et fera appel, la semaine avant le départ, aux bons soins d’un kinésithérapeute.
Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac 2), lui, file tous les jours au centre de thalassothérapie pour nager, pratiquer l’apnée et les bains d’algues. « J’adore m’immerger dans l’eau de mer, c’est ma façon à moi d’essayer de tout oublier et de ne penser qu’à moi ». Quant à Samantha Davies (Roxy), elle réserve ses moments de pause à la natation, au sport ou au travail sur la stratégie, dans l’appartement où loge son équipe. « Ce n’est pas vraiment du repos, ajoute t-elle, mais durant tous ces moments, au moins, je coupe le portable ! ».

Derniers instants en famille
La navigatrice anglaise profite aussi de ses parents qui ont amarré leur bateau aux Sables d’Olonne et chez qui elle peut s’inviter de temps à autres pour le « tea time ». A l’aube d’une telle aventure, la présence des amis et de la famille est évidemment fondamentale, même s’il n’est pas toujours facile de se rendre disponible pour eux. Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) : « ici, c’est aussi la fête des sponsors. Les gens nous accaparent et c’est normal. Mais c’est vrai que d’un coup, tout repose sur un seul homme. Alors on essaie de ne pas trop compresser les plannings. C’est bien que ma femme et mes deux filles aient l’impression que je leur appartiens aussi un peu ! ». Jérémie Beyou (Delta Dore) : « L’après-midi, je rentre au moins une heure à l’appartement pour couper un peu avec les pontons. La famille vient une semaine avant le départ, j’avais envie de partager cela avec eux. Je sais que ce sera de plus en plus tendu, mais si je suis stressé, ma femme est là pour me remettre dans mes bottes ! ». Jean-Pierre Dick : « à chaque course, il y a maintenant un petit rituel. Ma mère, mes frères et sœurs sont là et j’ai mes neuf neveux et nièces qui me préparent une petite chanson pour le jour du départ. ».Yann Eliès, lui, avoue que l’exercice d’équilibriste entre travail et famille est parfois périlleux : « je vais passer 7 jours à la maison pour profiter d’eux à fond, puis ils viendront la semaine avant le départ. Mais idéalement, je dois dire que s’ils ne venaient pas, ce serait presque mieux. Car je sais que je ne suis pas tout à fait disponible et c’est extrêmement frustrant pour tout le monde ».

22 octobre 2008
L’autre course contre la montre Alors que les projecteurs sont braqués sur l’infortuné Alex Thomson et son Hugo Boss en cours de réparation, un autre skipper britannique court lui aussi après le temps. Steve White (Spirit of Weymouth) a bouclé hier son financement et doit maintenant rattraper son retard dans sa préparation.
Pour beaucoup de solitaires du Vendée Globe, à moins de trois semaines du départ, les journées sont bien remplies mais plutôt agréables. Séances de sport, interviews avec les médias, dédicaces sur le stand de leur partenaire ou sorties en mer pour vérifier une dernière fois que tout va bien… Rien de véritablement stressant !

Le décor est moins rose pour deux sujets de sa majesté. Alex Thomson met en place son petit commando pour remettre Hugo Boss en état. Des techniciens sont arrivés ce matin et Alex prévoit la découpe du morceau de coque endommagé demain jeudi. Une nouvelle pièce réalisée par le chantier Multiplast à Vannes sera livrée demain soir ou vendredi. Steve White, de son côté, a rejoint les Sables d’Olonne la semaine dernière sans savoir s’il aurait assez de budget pour prendre le départ du Vendée Globe, son rêve depuis plus de dix ans. Hier mardi, il a reçu confirmation d’un sponsor de dernière minute qui va lui permettre de s’aligner avec les 29 autres solitaires. Jusqu’à présent, Steve n’avait pas de préparateur en dehors de sa propre famille. Son premier souci est donc de trouver de la main d’œuvre pour s’attaquer à sa longue liste des travaux à effectuer. Grâce à des bers venus de La Rochelle et aux conformateurs (supports) du bateau Akena Vérandas d’Arnaud Boissières, Steve White a pu sortir de l’eau mercredi son 60 pieds monocoque, l’ex-Gartmore de Josh Hall, pour repeindre la partie sous-marine de la coque. Un travail primordial pour obtenir une bonne glisse dans l’eau.

« Un générateur arrive aujourd’hui. Je me sens beaucoup moins stressé depuis hier, mais je suis sûr qu’il y aura des millions de petites choses à surmonter » avoue en souriant le jeune Anglais. « Une personne qui a réalisé les peintures sous-marines d’une partie de la flotte va s’occuper de refaire la mienne. Je suis rassuré de ce côté-là. » Quelques jours plus tôt, Steve White était nettement plus tendu. « J’avais le sentiment de me taper la tête sur le bateau, et de lutter contre la barrière de la langue. Mais maintenant, tout se met en place. »

Steve White n’a pas conscience du nombre d’articles parus dans la presse locale vendéenne pour raconter son rêve et ses difficultés. « Je n’en sais rien car je n’ai pas lu tous ces articles racontant ma bataille pour être au départ car je n’ai pas de budget pour ça. Tout le monde me dit que je devrais écrire un livre. Je ne pense pas que les gens imaginent ce qu’on vit tant qu’on n’a pas écrit un livre. Mais pour l’instant, ce n’est pas le sujet. Je suis déjà tellement content d’être là et que tous mes problèmes soient du passé. »

L’Anglais à la tignasse blonde a également commandé quatre nouvelles voiles (spi, solent, trinquette et grand-voile) chez North Sails France et un gréement dormant chez Lancelin pour son 60 pieds. Ce mini chantier devrait durer au moins une semaine.

21 octobre 2008
Mobilisation générale pour l’équipe renforcée d’Alex Thomson
qui va tenter de réparer à temps le monocoque noir éventré et démâté. Pour tous skippers du Vendée Globe, et encore plus pour le skipper britannique, être au départ du Vendée Globe sera déjà une sacré victoire…
Heurté par un bateau de pêche vendredi dernier à 2h40 du matin, le 60 pieds monocoque Hugo Boss est entré en chantier mardi après-midi sur le port des Sables d’Olonne grâce au soutien de la SEM Vendée et du chantier Alliaura Marine. Les dégâts se résument principalement à un grand trou dans la coque et le mât brisé en deux. L’espar, dont une partie a été récupérée par des plongeurs dans le week-end, sera manchonné et réparé sur place. Les voiles n’ont subi que peu de dégâts. Pour la coque, une pièce de cinq mètres sur deux réalisée chez Multiplast à Vannes dans le moule du Generali de Yann Eliès – quasi sistership d’Hugo Boss – sera greffée sur le flanc de la coque. « Cela ne sera pas très joli à voir, mais n’aura aucune conséquence sur la fiabilité ou la performance du bateau. Mais pour le moment, mon souci est d’être sur la ligne de départ » a déclaré Alex Thomson mardi après-midi. Le compte-à-rebours a commencé.

20 octobre 2008
Contrôles et sécurité
Tous les skippers se retrouvaient ce lundi matin à 9h30 pour deux briefings à suivre avec la Direction de Course, le Comité de Course, le Comité de Protestation et le Comité de Jauge afin d’expliquer comment vont se dérouler les contrôles de jauge et de sécurité des monocoques pendant les quinze jours qui viennent.

18 octobre 2008
Arrivé en fin de nuit aux Sables d’Olonne
, le second du dernier Vendée Globe se joue à ravir des interviews et distille avec malice des informations parfois surprenantes. Jean Le Cam est très content des modifications apportées à son VM Matériaux et laisse entendre qu’il y a encore plein d’optimisation à réaliser sur ces monocoques de 60 pieds. Pour dans quatre ans ?
Qu’est-ce qui a changé en quatre ans ?
« Le bateau a changé de couleur ! Il n’est plus jaune mais fushia rose… Mais le nombre de dossiers pour préparer et optimiser VM Matériaux n’a pas diminué bien qu’il y a quatre ans, on avait mis à l’eau au mois de mai pour un départ six mois plus tard. Notons que les bateaux étaient plus simples, mais ils allaient beaucoup moins vite ! Et ce n’est pas une petite amélioration, c’est énorme… L’évolution est particulièrement sensible ces deux dernières années. Que du potentiel en plus. »

Et Jean Le Cam, a-t-il changé depuis sa première participation au Vendée Globe en 2004 ?
« L’homme a probablement changé : en bien ou en mal, je n’en sais rien… Côté mental et préparation, c’est toujours un peu pareil, même si la deuxième fois n’est jamais identique à la première. Il y a un saut entre la première fois et la seconde… Et encore plus pour la troisième ! »

Est-ce à dire que tu annonces déjà ta participation à la prochaine édition dans quatre ans ?
« Oui ! Parce qu’on est sur une évolution vraiment intéressante et je trouve cela génial. À chaque fois qu’on sort en mer, on va plus vite ! Il y a du mouvement, ça bouge… Dans quatre ans, ce sera encore plus sensible. »

Quelle optimisation vois-tu prochainement ?
« Actuellement, on est au summum de la complexité et on ira forcément vers plus de simplicité. Tout est beaucoup plus sophistiqué par rapport à la précédente édition, au niveau du gréement, des voiles, des appendices, de l’énergie… Tout est beaucoup plus approfondi. Quand tu vas chercher de la performance, le mode d’emploi est plus compliqué. Disons plutôt qu’il y a un mode d’emploi à chaque chose et que le nombre de paramètres à prendre en compte par le navigateur est beaucoup plus important. »

Ce qui donne un atout supplémentaire à un bateau et un skipper qui ont déjà fait le Vendée Globe !
« Certainement : j’ai mes atouts ! Mais chaque projet à ses propres atouts quand même… Juste, je sais à peu près où j’en suis et où je vais. Pour le reste, on verra bien ! »

Tous aux Sables

Ce samedi à 9h00, Yannick Bestaven (Aquarelle.com-Charente Maritime) était l’avant-dernier à embouquer le chenal d’entrée au port des Sables d’Olonne, portant à trente le nombre de monocoques arrivés pour les trois semaines préparatoires avant le départ du Vendée Globe. Vendredi soir, ce sont Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) et Loïck Peyron (Gitana Eigthy) qui arrivaient à la nuit tombée. Et ce samedi matin, le public pouvait découvrir en sus, les voiliers de Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat), de Sébastien Josse (BT), de Jean-Baptiste Dejeanty (Maisonneuve) et de Marc Thiercelin (DCNS). Ne manquait donc à l’appel que le Britannique Steve White (Spirit of Weymouth) qui était en approche des Sables d’Olonne à 9h30.

17 octobre 2008
Alors qu’il était à deux milles au large du port des Sables d’Olonne, Alex Thomson s’est fait aborder par un bateau de pêche qui a percuté son monocoque par le travers et provoqué son démâtage. Le voilier est amarré au port de commerce pour une expertise plus précise…

C’est vers 2h30 ce vendredi que Hugo Boss s’est fait percuter par un bateau de pêche ce qui a provoqué le démâtage du monocoque et des dégâts importants sur le bordé tribord. Celui-ci a été remorqué vers le port de commerce des Sables d’Olonne où il doit être expertisé dans la journée. Une conférence de presse sera organisée cet après-midi avec Alex Thomson pour expliquer les circonstances de cet incident et donner toutes les informations sur les décisions prises par le team Hugo Boss.

Arrivées de nuit

Il n’était que 5h00 ce vendredi quand trois monocoques sont entrés à Port Olona pour s’amarrer alors que la brise était plutôt molle au large. Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac) fut le premier à rallier les Sables d’Olonne, suivi par Yann Eliès (Generali), Jonny Malbon (Artemis) et Samantha Davies (Roxy). Puis vers 6h30, ce sont Jérémie Beyou (Delta Dore), Michel Desjoyeaux (Foncia) et Jean Le Cam (VM Matériaux) qui ont passé leurs amarres. D’autres skippers sont attendus à la marée de ce soir (entre 16h et 22h) tels que Marc Guillemot (Safran), Loïck Peyron (Gitana Eighty), Armel Le Cléac'h (Brit Air), Roland Jourdain (Veolia Environnement), Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat)... La date limite pour rallier les Sables d’Olonne étant à la marée de samedi matin.

Le skipper de Hugo Boss abordé et démâté ce vendredi à 3h00 au large des Sables d’Olonne par un bateau de pêche, a expliqué lors de sa conférence de presse à 17h00, les circonstances de cet incident. L’équipe technique et les architectes établissent un plan de travail et une expertise fine pour évaluer les dégâts afin de réparer le bateau et permettre au Britannique de prendre le départ du Vendée Globe dimanche 9 novembre.
À 3h00 ce vendredi, Hugo Boss s’est fait percuter par un bateau de pêche au niveau des cadènes de haubans, ce qui a provoqué le démâtage du monocoque et des dégâts importants sur le bordé tribord. Le voilier a été remorqué vers le port de commerce des Sables d’Olonne où il a été expertisé dans la journée par l’équipe technique de Hugo Boss et les architectes du bateau, le Groupe Finot-Conq.

« À 3h00 ce vendredi alors qu’Hugo Boss était à 1,5 mille dans le Sud des Sables d’Olonne à l’arrêt sous grand voile seule, avec toutes ses lumières allumées, un bateau de pêche a percuté le bateau par le travers. Cela a causé beaucoup de dégâts et le mât est tombé en se cassant. Nous avons rapidement libéré le mât pour qu’il ne cause pas plus d’avarie et nous l’avons largué avec sa voile en mouillant une bouée pour le récupérer. Nous avons pu rentrer au port des Sables d’Olonne vers 4h30 et depuis, nous étudions les dégâts pour savoir quelles types de réparation sont possibles et en combien de temps.
En ce moment (17h00), l’équipe de Hugo Boss est en train de récupérer le mât et la voile pour pouvoir aussi effectuer une expertise sur le gréement. Pour l’instant, je n’ai pas plus d’informations. Cela fait quatre ans que je prépare ce Vendée Globe et je n’ai pas l’intention d’abandonner maintenant ! Il reste trois semaines et deux jours avant le départ. J’ai la chance d’être entouré par une super équipe et nous avons déjà eu à affronter des problèmes aussi difficiles, et à chaque fois nous avons trouvé des solutions. Jusqu’à ce que quelqu’un me dise qu’il n’est plus possible de prendre le départ le 9 novembre, je prendrais le départ ! »

Qu’en est-il pour le mât ?
« Il y a plusieurs solutions pour le mât : la première est de le réparer, la seconde est d’en fabriquer un nouveau, la troisième est d’utiliser un mât de rechange d’une autre équipe. Les autres teams ont proposé leur aide : celui de Dominique Wavre, celui de Yann Eliès ou celui de Sébastien Josse. »

Le bateau serait réparé ici aux Sables d’Olonne ou ailleurs ?
« Pour l’instant, Hugo Boss ne peut pas partir des Sables d’Olonne à cause de son trou dans la coque qui est très proche de la flottaison. Il faudra de toute façon le rentrer dans un hangar pour le réparer. Mais le bateau ne sera plus tout à fait le même car il avait demandé beaucoup de temps de travail… »

Qu’a fait le bateau de pêche après la collision ?
« Il a fait des tours autour de nous pour savoir si tout le monde à bord était sain et sauf. Puis il est rentré au port des Sables d’Olonne et certains marins sont revenus ensuite en pneumatique pour vérifier que tout allait bien. Ma première priorité a été de sécuriser l’équipage et le bateau, puis nous avons prévenu les centres de sécurité en mer. Nous n’étions pas en danger immédiat et c’est pourquoi il y a eu un délai avant que cet incident soit connu à terre. »
Combien étiez-vous à bord ?
« Trois, deux dormaient et le troisième était sur le pont avec tout le gréement allumé comme un sapin de Noël ! Nous avions aussi activé radar, activ-écho… Je pense qu’il était difficile de voir arriver ce bateau parce qu’il est venu très vite : l’équipier de quart a essayé de démarrer le moteur, mais c’était déjà trop tard. Il y avait déjà beaucoup d’autres bateaux de pêche autour de nous avec leurs feux de route, rouge ou blanc, en plus des lumières de la ville… Nous étions en plus en dehors du chenal d’entrée au port des Sables d’Olonne. »

Trois semaines, cela va être très court pour être prêt ?
« C’est difficile de savoir : il faut attendre le rapport d’expertise… Les architectes du bateau (Jean-Marie FInot et Pascal Conq) sont à bord depuis 14h00. »

16 octobre 2008
Après le Canada, l’Autriche et les Etats-Unis, c’est la Grande-Bretagne qui s’est amarré à Port Olona avec l’arrivée au petit matin de Dee Caffari, suivi deux heures avant la pleine mer de l’après-midi, par son compatriote Mike Golding.
À eux deux, ils ont presque dix tours du monde à leur actif ! La Britannique a déjà effectué deux fois la rotation terrestre dans le « mauvais » sens et plaisante d’ailleurs à ce sujet : « Il ne faudrait pas que je me trompe de sens cette fois-ci ! ». L’Anglais va s’élancer pour son troisième Vendée Globe, mais il a déjà fait d’autres tours, à l’endroit et à l’envers, en solo ou en équipage… Tous deux ont travaillé ensemble avec le même cabinet d’architecture, Owen Clarke Design, pour concevoir des machines identiques et plutôt puissantes dont les premières navigations en course ont confirmé l’excellent potentiel.

Demain jeudi, aucun bateau n’est prévu dans le chenal des Sables d’Olonne, mais en revanche, beaucoup de skippers ont annoncé leur départ de leurs ports d’attache de Brest, Lorient, Port la Forêt, La Rochelle ou La Trinité/mer et nombre de navigateur devraient arriver à la marée de vendredi matin, aux alentours de 8h00, au lever du soleil, pour le petit déjeuner… En attendant, les équipes techniques des huit bateaux amarrés au ponton du Vendée Globe travaillent essentiellement dans leur container atelier et tous le marins et préparateurs rencontrés à ce jour sont incontestablement sereins, heureux d’être enfin à l’orée du grand départ après des années de préparation. Derek Hatfield (Algimouss-Spirit of Canada) : « être aux Sables d’Olonne me donne le sens d’une réalité de la course ! J’étais venu aux deux précédents départs du Vendée Globe comme spectateur, mais cette fois, je suis acteur : c’est un gros événement pour moi, surtout avec mon nouveau partenaire Algimouss qui me permet de boucler mon budget. Je suis confiant et je suis très heureux d’être ici. »

PRB est arrivé aux Sables
Le vainqueur de la dernière édition du Vendée Globe s’est amarré ce jeudi au lever du jour au ponton de Port Olona : c’est le neuvième monocoque Imoca arrivé aux Sables d’Olonne. Vincent Riou avait convoyé avec son équipe technique son nouveau PRB, un plan Farr de dernière génération, au départ de Port la Forêt. Rappelons que tous les voiliers et leurs skippers seront présents au plus tard samedi matin pour l’inauguration du village du Vendée Globe par Philippe de Villiers, à 10h00. Un grand nombre de navigateurs a prévu de quitter leur port d’attache ce jeudi soir, pour une arrivée vendredi matin en Vendée, à l’image de Michel Desjoyeaux annoncé pour le petit déjeuner demain…

15 octobre 2008
Les Sables d’Olonne se préparent à accueillir les trente skippers et leurs bateaux à Port Olona tandis que le village du Vendée Globe se met en place sur le terre-plein adjacent. Déjà six monocoques sont amarrés au ponton dans une ambiance sereine et tranquille.
C’est le bon moment pour prendre la dimension de l’énorme challenge que se sont donnés les deux navigatrices et les vingt-huit marins autour du monde ! Près de 25 000 milles à parcourir et environ trois mois pour revenir au point de départ après une rotation planétaire, aux Sables d’Olonne… À moins d’un mois du coup de canon libérateur, les solitaires ne le sont pas vraiment mais ne sont pas encore sous tension médiatique : six bateaux sont déjà à Port Olona et si l’effervescence est palpable pour finir d’installer le magnifique et immense village du Vendée Globe, les pontons sont encore peu fréquentés si ce n’est par les équipes techniques qui commencent quant à elles, à prendre place dans une zone dédiée pour mettre à l’eau leurs pneumatiques et déposer leur container atelier.

Les concurrents vont désormais se succéder pour entrer à Port Olona et rejoindre les six premiers monocoques déjà amarrés au ponton : Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) était le premier à occuper le port puisqu’il a installé sa base ici même, suivi par Arnaud Boissières (Akena Vérandas) lui aussi Sablais d’adoption pour ce tour du monde. Trois étrangers sont venus depuis quelques jours animer Port Olona avec l’Américain Rich Wilson (Great American III) doyen de l’épreuve, accompagné par le Canadien Derek Hatfield (Algimouss-Spirit of Canada). Enfin à poste aux Sables d’Olonne, l’Autrichien Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) a pris ses quartiers depuis longtemps sur l’un des plus anciens monocoques de cette sixième édition. Venu de Méditerranée vendredi dernier, Kito de Pavant (Groupe Bel) complète ce plateau : « on était parti avec des bonnes conditions en Méditerranée, mais en s’arrêtant en Espagne pour prendre un équipier, Sébastien Audigane, on a raté le coche et on a fait presque toute la remontée au près ! » Sont en route vers le port du Vendée Globe, quatre Britanniques Dee Caffari (Aviva) pouvant peut-être arriver à temps pour la marée haute de ce mardi soir (pleine mer à 17h05)… Mike Golding (Ecover) et Alex Thomson (Hugo Boss) sont partis depuis quelques jours d’Angleterre, mais en ont profité pour naviguer une dernière fois au large avant le départ. Quant à Jonny Malbon (Artemis), il a quitté la Grande-Bretagne ce mardi… La plupart des autres skippers sont attendus jeudi et vendredi, quittant leur port d’attache à La Trinité/Mer, Lorient, Port la Forêt, Brest…

10 octobre 2008
Plus qu’un mois avant le grand départ.
Le 9 novembre à 13h02, les trente concurrents du Vendée Globe s’élanceront pour donner corps à l’aventure exceptionnelle que ce millésime prépare. Dans toutes les équipes, on fourbit ses dernières armes, on finit de rayer les derniers éléments manquants de la check-list, on essaye d’évacuer la pression qui insensiblement monte autour de chaque navigateur.
A faire le tour des différentes équipes engagées, ce qui frappe c’est le niveau de leur préparation. Les bateaux sont prêts comme jamais : les impératifs sont plutôt de lister une dernière fois le matériel de rechange, de procéder à l’avitaillement du bateau, de préparer le convoyage vers les Sables d’Olonne puisque le règlement précise que tous les bateaux devront être amarrés à Port Olona le 18 octobre au plus tard.

Echapper au stress
Pour beaucoup de navigateurs ces dernières semaines ont marqué un changement de rythme évident : sollicitations de plus en plus pressantes des médias, derniers stages de navigation commune, tension perceptible des proches qui sentent pointer l’échéance. Pour les skippers, c’est le moment de commencer à se préparer pour entrer dans sa bulle, faire le vide, ne pas se laisser gagner par l’excitation légitime que provoque l’événement. Jean-Pierre Dick a prévu de se ressourcer à la montagne quand Yann Elies va chercher à profiter des derniers instants de vie de famille dans l’intimité.

Travaux d’approche et divines surprises
Pour d’autres, c’est déjà l’heure du convoyage : ainsi Kito de Pavant a déjà quitté sa base de Port Camargue pour amener son Groupe Bel à temps au ponton du Vendée Globe. Il est vrai que passer par le Détroit de Gibraltar et la côte ouest du Portugal exige plus de patience que d’embouquer les courreaux de Groix et de Belle-Île avant de contourner le plateau des Barges, dernier obstacle avant l’entrée dans le chenal des Sables d’Olonne.
Il y a ceux qui sont tout heureux de se découvrir une nouvelle identité, à l’image de Derek Hatfield qui a vu son bateau rebaptisé Algimouss.

18 septembre 2008
Lors de la conférence de presse de présentation du Vendée Globe 2008-2009 mardi dernier à Paris, le dispositif de sécurité de la course a été révélé. Des mesures exceptionnelles ont été pensées et mises en œuvre pour le 6e Vendée Globe, afin de garantir que la course se déroule dans des conditions optimales de sécurité.
Des portes pour éviter les glaces
Afin d’éviter des collisions éventuelles avec des glaces dérivantes, la partie la plus sud du parcours (la traversée des mers du sud) a été légèrement remontée en définissant des points de passage obligatoires, les portes de glace. Le positionnement de ses portes évitera aux concurrents d’opter pour des routes trop extrêmes au sud. Par ailleurs, certaines de ces portes permettent de garder les bateaux dans le rayon d’action des avions de secours australiens ou néo-zélandais en cas de besoin d’intervention.

Un site internet dédié aux sauveteurs du monde entier.
Un site internet dédié à la sécurité des skippers du Vendée Globe a été mis en place afin de permettre aux organismes et centres de sauvetage du monde entier de prendre connaissance des principales informations sur chaque marin et chaque bateau et ainsi de gagner un temps précieux en cas d’opération de secours.

Alain Gautier, consultant sécurité
Alain Gautier, Vainqueur du Vendée Globe 1992, apportera son expérience à la direction de course pour la gestion de la sécurité des concurrents. De l’autre côté du globe, l’Australien David Adams assurera le contact avec les différents centres de sauvetage dans l’hémisphère sud. Enfin, le Docteur Jean-Yves Chauve, médecin de la course au large, veillera au suivi médical de chaque concurrent durant la course.

16 septembre 2008
Ce mardi 16 septembre en présence des 30 navigateurs solitaires qui s’élanceront le 9 novembre prochain des Sables d’Olonne pour la 6e édition du Vendée Globe, Philippe de Villiers, Président de la SEM Vendée, organisateur de l’épreuve, a présenté les points essentiels qui caractérisent cette édition exceptionnelle. Cette édition du Vendée Globe est marquée par le nombre et la qualité des participants. Sept nationalités seront représentées : 17 navigateurs français, 7 Britanniques, 1 Américain, 2 Suisses, 1 Canadien, 1 Espagnol et 1 Autrichien.
Record de participation battu !
Ils étaient 13 au départ de la première édition du Vendée Globe en 1989, 20 en 2004. Ils seront 30 en 2008. Au-delà du nombre, c’est la qualité des candidats qui impressionne. Deux anciens vainqueurs (Vincent Riou et Michel Desjoyeaux), cinq skippers déjà présents sur le podium des éditions précédentes (Jean Le Cam, Mike Golding, Roland Jourdain, Loïck Peyron, Marc Thiercelin) et deux tourdumondistes vainqueurs d’autres courses (Jean-Pierre Dick sur la Barcelona World Race et Bernard Stamm). Ajoutez à cela de jeunes régatiers ambitieux issus de la filière Figaro tels Yann Eliès, Jérémie Beyou, Armel Le Cléac’h. Mélangez à quelques récidivistes venus enrichir un palmarès déjà fourni comme Sébastien Josse, Dominique Wavre ou bien encore Alex Thomson. Ajoutez enfin une poignée de navigateurs bardés d’expérience comme Marc Guillemot, Brian Thompson, Jonny Malbon, ou Kito de Pavant. Remuez le tout et vous obtenez là le plateau le plus intéressant de la course au large.
Pour finir assaisonnez d’une pincée de navigateurs qui viennent autant pour l’aventure humaine que pour le défi technique. Jean-Baptiste Dejeanty, Arnaud Boissières, Yannick Bestaven et Raphaël Dinelli partent avant tout pour naviguer proprement, boucler la boucle avec leurs propres armes et une volonté de fer. N’oubliez pas la touche d’exotisme indispensable amenée par l’identité basque revendiquée de Unai Basurko, la participation pour la 2e fois consécutive de l’Autrichien Norbert Sedlacek, le parcours autodidacte de Steve White, la présence du nouveau monde avec la venue de Rich Wilson et Derek Hatfield. Et enfin la touche féminine indispensable incarnée par les deux navigatrices britanniques Dee Caffari et Sam Davies.

Au total, les 30 skippers de ce 6e Vendée Globe totalisent pas moins de 32 tours du monde et 21 Vendée Globe. Plus que jamais dans l’histoire du Vendée Globe, ce sera bien la qualité du marin, son expérience, son talent, sans doute alliés à un peu de chance, qui feront à nouveau la différence.

1er août 2008
Le décompte des jours qui précèdent le départ du 6e Vendée Globe, vient de prendre une tournure "dramatique" au sens théâtral du terme. Nous sommes en effet à moins de 100 jours du départ, le dimanche 9 novembre prochain, de ce que les skippers ont pris l´habitude d´appeler l´Everest de la Voile et plus on se rapproche de cette date fatidique plus les interrogations se multiplient.
Qui succédera au palmarès de la course autour du monde en solitaire ? Quel skipper inscrira son nom à la liste éloquente des précédents vainqueurs : Titouan Lamazou (1989-1990), Alain Gautier (1992-1993), Christophe Auguin (1996-1997), Michel Desjoyeaux (2000-2001 et Vincent Riou (2004-2005) ? Un skipper étranger (ils seront 12 candidats à la victoire) mettra-t-il un terme à la suprématie française ? Combien des 30 bateaux au départ franchiront la ligne d´arrivée au large des Sables d´Olonne ? Le record des 87 jours de Vincent Riou sera-t-il battu ?
Ce qui est déjà certain, c´est que le prochain Vendée Globe sera celui de tous les supperlatifs ! Jamais dans l´histoire de la course au large, un événement n´avait connu un plateau d´un tel niveau sportif et technologique. Jamais le Vendée Globe n´avait eu un tel impact international, avec plus d´un tiers de skippers étrangers. Bien malin qui peut donner un premier pronostic, mais premier début de réponse dans moins de 100 jours...

 
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Les classements provisoires
 
   

dimanche 15 mars 2009

1 Michel Desjoyeaux Foncia Arrivé le : Le dimanche 01 février 2009 à 15:11 TU - Temps de course : 84 jours 3 heures 9 mn. 8 sec.
Distance réelle parcourue sur l'eau : 28303.2 Nm. - Vitesse réelle sur l'eau : 14.0 Noeuds - Vitesse moy. sur le parcours : 12.30 Noeuds

2 Armel Le Cléac´h Brit Air Arrivé le : Le samedi 07 février 2009 à 08:41 TU - Temps de course : 89 jours 9 heures 39 mn. 35 sec.
Distance réelle parcourue sur l'eau : 27232.6 Nm. - Vitesse réelle sur l'eau : 12.7 Noeuds - Vitesse moy. sur le parcours : 11.57 Noeud

3 Marc Guillemot Safran Arrivé le : Le lundi 16 février 2009 à 01:21 TU - Temps de course : 95 jours 3 heures 19 mn. 36 sec.
Distance réelle parcourue sur l'eau : 28401.2 Nm. - Vitesse réelle sur l'eau : 12.4 Noeuds - Vitesse moy. sur le parcours : 10.88 Noeuds

4 Samantha Davies Roxy Arrivé le : Le samedi 14 février 2009 à 00:41 TU - Temps de course : 95 jours 4 heures 39 mn. 1 sec.
Distance réelle parcourue sur l'eau : 27470.2 Nm. - Vitesse réelle sur l'eau : 12.0 Noeuds - Vitesse moy. sur le parcours : 10.87 Noeuds

5 Brian Thompson Bahrain Team Pindar Arrivé le : Le lundi 16 février 2009 à 08:31 TU - Temps de course : 98 jours 20 heures 29 mn. 55 sec.
Distance réelle parcourue sur l'eau : 28699.8 Nm. - Vitesse réelle sur l'eau : 12.1 Noeuds - Vitesse moy. sur le parcours : 10.47 Noeuds

6 Dee Caffari Aviva Arrivé le : Le lundi 16 février 2009 à 13:12 TU - Temps de course : 99 jours 1 heures 10 mn. 57 sec.
Distance réelle parcourue sur l'eau : 27906.9 Nm. - Vitesse réelle sur l'eau : 11.7 Noeuds - Vitesse moy. sur le parcours : 10.45 Noeuds

7 Arnaud Boissières Akena Vérandas Arrivée : Le dimanche 22 février 2009 à 14:35 TU - Temps de course : 105 jours 2 heures 33 mn. 50 sec.
Distance réelle parcourue sur l'eau : 27841.0 Nm. - Vitesse réelle sur l'eau : 11.0 Noeuds - Vitesse moy. sur le parcours : 9.85 Noeuds

8 Steve White Toe in the Water Arrivée : Le jeudi 26 février 2009 à 12:38 TU - Temps de course : 109 jours 00 heures 36 minutes et 55 sec.
Distance réelle parcourue sur l'eau : 28197.0 Nm. - Vitesse réelle sur l'eau : 10.78 Noeuds - Vitesse moy. sur le parcours : 9.49 Noeuds
9 Rich Wilson Great American III Arrivée : Le mardi 10 mars 2009 à 12:43 TU - Temps de course : 121 jours 0 heures 41 mn. 19 sec.
Distance réelle parcourue sur l'eau : 28590.2 Nm. - Vitesse réelle sur l'eau : 9.8 Noeuds - Vitesse moy. sur le parcours : 8.55 Noeuds

10 Raphaël Dinelli Fondation Océan Vital Arrivée : Le samedi 14 mars 2009 à 14:34 TU - Temps de course : 125 jours 2 heures 32 mn. 24 sec.
Distance réelle parcourue sur l'eau : 28140.0 Nm. - Vitesse réelle sur l'eau : 9.4 Noeuds - Vitesse moy. sur le parcours : 8.27 Noeuds

11 Norbert Sedlacek Nauticsport-Kapsch Arrivée : Le dimanche 15 mars 2009 à 17:33 TU - Temps de course : 126 jours 5 heures 31 mn. 56 sec.
Distance réelle parcourue sur l'eau : 27706.9 Nm. - Vitesse réelle sur l'eau : 9.1 Noeuds - Vitesse moy. sur le parcours : 8.20 Noeuds

NL
ABD Roland Jourdain Veolia Environnement 02/02/09
Réparation donnée Vincent Riou PRB 08/01/09 sera 3ème ex-aequo
ABD Jean Le Cam VM Matériaux 06/01/09
ABD Jonny Malbon Artemis 05/01/09
ABD Jean-Pierre Dick Paprec-Virbac 2 02/01/09
ABD Derek Hatfield Algimouss Spirit of Canada 29/12/08
ABD Sébastien Josse BT 29/12/08

ABD Yann Eliès Generali 20/12/08
ABD Jean-Baptiste Dejeanty Maisonneuve 16/12/08
ABD Mike Golding Ecover 16/12/08
ABD Loïck Peyron Gitana Eighty 15/12/08
ABD Bernard Stamm Cheminées Poujoulat 15/12/08
ABD Dominique Wavre Temenos II 13/12/08
ABD Unai Basurko Pakea Bizkaia 07/12/08
ABD Jérémie Beyou Delta Dore 26/11/08
ABD Marc Thiercelin DCNS 17/11/08
ABD Alex Thomson Hugo Boss 13/11/08
ABD Kito de Pavant Groupe Bel 11/11/08
ABD Yannick Bestaven Aquarelle.com 11/11/08

NL non localisé ABD Abandon

 
haut
La carte du jour

Le 15 mars 2009 à 5h00


dernière carte

 

Le 4 décembre 2008

passage de la première porte, les marins doivent laisser une fois la ligne sur tribord : un joli sac de noeuds.

Sébastien Josse (en vert) toujours leader

Le 18 décembre 2008

Accident Yann Eliès

Le 6 janvier 2009

Le bateau de Jean Le Cam se retourne, à ses côté Vincen Riou et Armel Le Cleac'h

voir photo

Le 16 janvier 2009

Tempête sur le Cap Horn, Brian Thompson fait des ronds, Arnaud Boissière a fait route au sud, Dee Caffari a fortement ralenti sous le Cap en attendant que le vent tourne

Le 17 janvier 2009

Rencontre improbable, mais réelle en plein Pacifique, Raphaël Dinelli et Norbert Sedlacek se retrouvent à moins de 100 mètres l'un de l'autre

Le 9 février 2009

Marc Guillemot en difficulté et non localisé au pointage de midi

cette nuit Samantha Davies (en vert) a subi l'assaut de très grosses vagues

La flotte le 16 février 2009

ce sera la dernière carte, la carte du jour prend en compte tous les bateaux