Maud Fontenoy
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"Maud Fontenoy
dans le grand bain"
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Elle est née le 7 septembre 1977 à Meaux en Seine-et-Marne
(77). L'historique de son exploit sur le Pacifique Sud
Elle a réussi |
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Disparue des écrans marins en 2005
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Son Palmarès |
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Portrait À vingt-cinq ans, parrainée par Gérard dAboville, elle a été la première femme, en 2003, à réussir la traversée de lAtlantique Nord à la rame et en solitaire. Un combat de quatre mois entre St-Pierre-et-Miquelon et La Corogne en Espagne. Maud est une véritable passionnée de locéan. Sept jours après sa naissance, embarquée sur la goélette familiale, elle traverse pour la première fois lAtlantique à la voile. Suivront quinze merveilleuses années à naviguer dans les îles, le hamac entre les deux mâts du bateau, tout en suivant sa scolarité par correspondance... Revenue vivre à terre, elle n'a eu de cesse de compléter sa formation de navigatrice à l'école Devenue responsable dune agence immobilière, elle fut la présidente - fondatrice de la Fédération française des bateaux à voile et avirons traditionnels - et a créé par passion une association dont le but est de faire naviguer des jeunes de quartiers difficiles sur une yole de Bantry ... |
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Dernières news | |
Le 12 janvier 2005 Mercredi 12 janvier 2005, à 17h 15 heure Lima (23h 15 Paris), Maud Fontenoy a quitté le ponton du Yacht Club de Puerto Callao pour partir affronter seule locéan Pacifique sur Océor, son bateau à rame de 7,50 m. Devant elle, un immense désert maritime de 8 000 km, qui la sépare de sa destination, la Polynésie. Le 13 janvier 2005 Début difficile du point de vue "amarinage", la houle et le stress du départ ont rendu malade Maud, malgré la visite d'une poignée d'otaries. Jours passés en mer : 1 jours Distance parcourue : 35 km - 18,90 miles Le 14 janvier 2005 Maud prend son rythme de croisière,
Jours passés en mer :
2 jours Distance parcourue : 58 km
- 31,32 miles Le 15 janvier 2005 Jenrage sur mes avirons car malgré tous mes efforts pour avancer vers louest, je monte injustement vers le nord à cause des courants, du vent et de la houle. Cela me rappelle les Grands Bancs de Terre Neuve : un mois à être scotchée dans un pot de miel. Jours passés en mer : 3 jours Distance parcourue : 84 miles - 155,57 km Le 16 janvier 2005 Jours passés en mer : 4 jours Distance parcourue : 142 miles - 262,98 km Le 17 janvier 2005 Jours passés en mer : 5 jours Distance parcourue : 183 milles - 338,92 km Le 18 janvier 2005 Jours passés en mer : 6 jours Distance parcourue : 221 milles - 409,29 km Maud a très chaud. Le 19 janvier 2005 Vrai départ Ça y est, on est dedans ; 3 mètres de creux et plus de 15 nuds de vent. OCÉOR se débat, je suis cognée dans tous les sens, locéan gronde, ça tape et retape sur la cloison, rude nuit. Je suis enfermée à lintérieur. Tout se casse la figure. Les capots sont clos. Jétouffe un peu. Je me cale avec mes genoux dans ma petite couchette et jattends. Jours passés en mer : 7 jours Distance parcourue : 248 milles - 459,30 km Le 20 janvier 2005 Montagnes Russes Quand nous sommes en haut de la vague, jen profite pour regarder si un bateau narrive pas. Je me tiens à mes avirons et passe mon temps à maintenir léquilibre. Jours passés en mer : 8 jours Distance parcourue : 286 milles - 529,67 km Le 21 janvier 2005 Ça va Je nai ni mal aux dents, ni mal aux pieds, ni mal aux genoux, ni mal aux oreilles dailleurs .pour tout vous dire, cest surtout ma cuisse droite qui commence à me faire souffrir ; sûrement un début de tendinite. Jours passés en mer : 9 jours Distance parcourue : 334 milles - 618,57 km Le 22 janvier 2005 Ablutions Cette traversée est une école de simplicité, de patience et de persévérance. Voilà ce à quoi je pensais ce matin au réveil. Je suis si petite et si dérisoire sur cet océan que cela remet en cause bien des choses. Lhorizon fuit encore et encore sous mes yeux ; lorsque nous sommes sur la crête dune vague, mon regard se précipite au loin, mais locéan sétire toujours de plus belle. Lespace semble infini et mes coups de rame me paraissent être des pas de fourmi. Jours passés en mer : 10 jours Distance parcourue : 382 miles - 707,46 km Le 23 janvier 2005 Pêche ou pas ? Quelques pétrels fendent lair à toute vitesse vers la surface de l océan qils percent vivement du bec. Il doit bien y avoir du poisson ! Je décide de mettre une ligne à la traîne ; qui sait si une bonite ne sy attardera pas ? Jours passés en mer : 11 jours Distance parcourue : 431 miles - 798,21 km Le 24 janvier 2005 Poissons Volants Impossible de fermer lil de la nuit. Je me cramponne et me cale sans grand succès avec mes genoux. Ma tendinite me lance et jenrage de ne pas pouvoir mendormir. Il faut dire que tous les capots sont fermés et il fait une chaleur étouffante. Ce matin j'aperçois : un petit poisson volant, suicidé dans mon cockpit, les ailes grande ouvertes. Je le regarde sous toutes les coutures ; il est trop petit pour être mangé, et puis au réveil, ça ne me dit rien. A midi, jinstalle une ligne de pêche : il est lappât ! Jours passés en mer : 12 jours Distance parcourue : 485 miles - 898,22 km Le 25 janvier 2005 Pleine lune Jai ramé tard ; le soleil sest dabord couché comme pressé de rejoindre la fraîcheur de locéan. La chaleur qui se dégage est telle que tous les éléments semblent en effervescence. La mer bouillonne, des nuages de condensation semblent se former sur lhorizon, la lumière est encore si forte quelle méblouit. Jours passés en mer : 13 jours Distance parcourue : 540 miles - 1000,08 km Le 26 janvier 2005 Tempête / Déferlantes / Ciel couvert d'une très épaisse couche nuageuse. Le jour a disparu. Une chaleur humide gène la respiration. Je suis fatiguée. Vivement que ça se calme. Jours passés en mer : 14 jours Distance parcourue : 591 miles - 1094,53 km Le 27 janvier 2005 Ça bouge ! Au réveil une vague impressionnante recouvre OCÉOR par larrière et vient sécraser sur la bulle ; je sursaute, je me force à croire que la mer commence néanmoins à baisser ; les nuages voilent toujours le soleil et lécume blanche et mousseuse des déferlantes mannonce que le calme nest pas pour tout de suite. Je sors dans le cockpit et métire aussi difficilement quun fil de fer rouillé.. OCÉOR semble rassuré de me voir. Jours passés en mer : 15 jours Distance parcourue : 637 miles - 1179,72 km Le 28 janvier 2005 Enfin le redoux Seuls quelques nuages blancs et gris en forme denclume ( des cumulonimbus ) perchés sur lhorizon, trahissent ce qui sest passé ces derniers jours. Le ciel, partout ailleurs, est dun bleu presque blanc et le soleil est redevenu des plus éblouissants. Lair est chaud. Assise à mes avirons, je regarde mes jambes et mes bras asséchés par le soleil. Il est loin le temps des bonnes douches à leau claire et de la crème hydratante une fois par jour. Tout à lheure, France Info ma appelé pour faire un direct avec Ellen Mc Arthur ( tentative de record du tour du monde à la voile ) et Vincent Riou ( leader du Vendée Globe ) ; Ça ma fait drôle de les entendre. Quelle merveille ce téléphone satellite ! Jours passés en mer : 16 jours Distance parcourue : 680 miles - 1259,36 km Le 29 janvier 2005 Rien en vue Voilà plus de deux jours que je nai plus croisé de cargo. Locéan semble aujourdhui totalement déserté ; pourtant, au milieu de la nuit, je suis réveillée par des voix et des rires... Les bruits ne sont autres que ceux de Pétula qui vient de regagner notre bord et qui est en pleine discussion avec OCÉOR. En sortant, je constate que des algues commencent à pousser dans le fond du cockpit et sur la ligne de vie qui y séjourne. Nous commençons à faire corps avec locéan ; peut-être quà larrivée jaurai les pieds palmés, qui sait ? Mes avirons, au fil des jours sont devenus des nageoires qui inlassablement tentent de nous rapprocher de la Polynésie. Jours passés en mer : 17 jours Distance parcourue : 723 miles - 1339,00 km Le 30 janvier 2005 Catastroumpf Il nest pas plus stroumpf que 11 heures quand cest arrivé. Je ramais stroumpfement bien, mon Ipod dans la poche et mon stroumpf tout doux sur les oreilles ; Cest alors quune vague, plus grande que trois stroumpfs sur un buisson de salsepareille, stroumpfa en grognant sur le bâbord d OCÉOR. Mon Ipod eu beau se sauver ventre à terre, il néchappa pas à leffroyable stroumpf et poussa son dernier cri sans même laisser à Johann Pachelbel le temps de terminer un de mes canons préférés. Locéan, sentant bien que la stroumpf me montait au nez, préféra se faire discret. Jours passés en mer : 18 jours Distance parcourue : 776 miles - 1437,15 km Le 31 janvier 2005 Mouvement perpétuel Ce matin le ciel très nuageux est taché dencre. L océan semble avoir la migraine ; nous sommes deux. Une grosse houle sest formée pendant la nuit ; OCEOR tangue, roule, sagite comme sil était en proie à dhorribles cauchemars. Les vagues sont agressives. La tête haute, elles défient tout ce qui se trouve sur leur passage. Nous nous faisons tout petits... Jaimerais être un poisson pour me réfugier dans les entrailles de locéan, au calme des profondeurs. Jours passés en mer : 19 jours Distance parcourue : 835 milles - 1546,42 km Le 1er février 2005 Nuit houleuse De toute la nuit, ça na jamais cessé de taper. Emporté par les flots, OCEOR semble rouler sur du gravier. Tout tremble à lintérieur, et pour ajouter un peu à ce tintamarre, laxe de la barre claque avec insistance. Pas facile de fermer lil. A plusieurs reprises, les vagues submergent le cockpit et se glissent malicieusement à lintérieur par les quelques centimètres de hublot laissé entrouvert pour respirer. Jours passés en mer : 20 jours Distance parcourue : 886 milles - 1640,87 km Le 2 février 2005 Grands espaces Il neige à gros flocons, je suis dans un épais brouillard blanchâtre et ny vois pas plus loin que le bout de mon nez, comme un navire perdu en plein hiver sur les Grands Bancs de Terre Neuve. Tout à coup, nous heurtons une terre ; je me réveille..non, nous ne sommes pas arrivés, ce nest quune vague de plus qui gifle OCEOR. Jours passés en mer : 21 jours Distance parcourue : 938 milles - 1737,18 km Le 3 février 2005 Plancton Cette nuit encore jobserve la mer. Le ciel presque entièrement dégagé ( tout arrive ! ) diffuse une douce lumière qui, à chaque mouvement dOCEOR rend autour de lui locéan phosphorescent. Comme si la fée Clochette était passée par là, on croirait quil est dans un écrin de lumière fait de millier détoiles scintillantes. Assise sur le rebord de mon capot, je mémerveille de cette coulée de diamants... Jours passés en mer : 22 jours Distance parcourue : 993 milles - 1839,04 km Le 4 février 2005 Et Voilàààààà ! Non, je sais, Vous nallez pas me croire, pourtant SI et après le coup du plancton dhier, cest une drôlement belle revanche. Enorme quil était mon premier poisson ! Allez, je vous raconte :Il était environ 13 heures, javais faim. Un petit poisson volant ayant atterri dans la nuit à côté de Pétula, je décide de mettre en place une ligne de pêche. Trois quarts dheure plus tard ; ça mord ! Je ny crois pas ! Avec le bol que jai, sil y a une seule vieille paire de chaussures ou un sac poubelle déchiré, il est pour moi... Jours passés en mer : 23 jours Distance parcourue : 1057 milles - 1957,56 km Le 5 février 2005 Migraine Le ciel est complètement couvert, la lumière est blanchâtre, presque pâteuse. Il fait une chaleur étouffante, épuisante. Mes mains collent aux poignées des avirons. Je suis cassée, jai mal au dos, à ma jambe bien sur, mais pire que ça ; jai la migraine. Un essaim dabeilles semble bourdonner dans ma tête. Je serre les dents. Jours passés en mer : 24 jours Distance parcourue : 1110 milles - 2055,72 km Le 6 février 2005 Et si Cest toujours un vrai spectacle que d assister au réveil de Pétula. Je lève la tête vers le cockpit; le ciel est encore plus noir quhier. Elle est là qui se frotte les yeux puis qui tend les pattes vers le ciel en sétirant comme un chat. Elle fait une grimace qui pourrait bien ressembler à un bâillement et dans la foulée, elle se met à chanter Alexandrie Alexandra. Jours passés en mer : 25 jours Distance parcourue : 1153 milles - 2135,36 km Le 7 février 2005 A.N.I. ( Animal Non Identifié ) Tout dun coup la ligne se tend à rompre. Apparemment, la tête de poisson volant a fait son effet, trop, je dirais même. Je saute de mon siège et attrape la ligne devenue aussi dure quun câble. Je suis contente de sa solidité. Lhameçon n a pas été mis à leau depuis cinq minutes quil a déjà attiré quelque chose, quelque chose de très gros, dénorme même : mon cur bat la chamade. OCEOR pâlit et se demande si le monstre ne va pas nous entraîner dans les profondeurs. Jours passés en mer : 26 jours Distance parcourue : 1216 milles - 2252,03 km Le 8 février 2005 Alarme Il sest mis à pleuvoir et la nuit est tombée aussitôt. Je naime pas trop quand le ciel est si nuageux. Au milieu de la nuit, mon alarme se déclenche : comme dans une caserne de pompiers, ni une, ni deux, tout le monde est sur le pied de guerre. OCEOR a mis sa lampe frontale et scrute lhorizon, Pétula est en équilibre sur la bulle avec les jumelles...Ah ! le voilà, derrière nous ; il était caché par une vague : un porte-containers illuminé comme un sapin de Noël. Ça fait drôle de voir un de ces monstres de fer de si près. Il se dirige dans la même direction que nous. « Pourvu quil ne nous rase pas trop » supplie Océor... Jours passés en mer : 27 jours Distance parcourue : 1272 milles - 2355,74 km Le 9 février 2005 A.N.I . Bis ...Constatant que des algues avaient encore poussé dans le cockpit, je me suis décidée à me pencher pour voir létat de la coque. Cest alors que, le nez au ras de leau, jai vu sortir à peine deux mètres de moi, un aileron. Mon sang na fait quun tour ( dixit Chantal ). Je me suis redressée comme un ressort, le souffle coupé. Jai dabord cru que cétait un requin, mais laileron est sorti beaucoup plus de leau : il faisait plus de cinquante centimètres de hauteur, très pointu, dentelé sur larrière et ressemblait plus à un aileron despadon géant. Je nose pas imaginer de quelle taille devait être lanimal . Et vous ? ça vous donne envie de vous baigner ? ! ! ! Jours passés en mer : 28 jours Distance parcourue : 1314 milles - 2433,53 km Le 10 février 2005 Un mois : le bilan Assise comme à lhabitude sur mon siège à coulisse, le dos calé contre le capot avant, mon regard se perd. Sous mes yeux, une mer bleu velours, immense, qui semble respirer à travers une multitude de vaguelettes écumantes. Chaque jour jai le sentiment de faire un peu plus corps avec elle à la poursuite commune dun mystérieux horizon quil semble impossible de rattraper...Cest dans cet univers que se joue cette traversée heure après heure sadapter, cest peut-être ça le secret ! Jours passés en mer : 29 jours Distance parcourue : ? Le 11 février 2005 Cest reparti ! A un moment, jy ai cru, mais cétait trop beau. Nayant aucune échappatoire, je vois le vent forcir, balayant avec lui tout espoir dune bonne nuit tranquille. Locéan est comme ça, il ne vous demande pas votre avis. A tout moment vous devez être prêt à laisser au vestiaire votre corps dhumain pour vous habiller du plus simple instinct animal : tenir, sans regarder sa montre, et sans chercher des raisons à tout cela ! Voilà en quoi consisteront mes prochaines heures... Jours passés en mer : 30 jours Distance parcourue : 1412 milles - 2615,02 km Le 12 février 2005 En croûte de sel ! La mer est hachée ; conséquence : je ne sais plus comment me protéger des vagues qui viennent de tous cotés. OK, quand je laisse mon petit capot arrière ouvert au mauvais moment, jadmets. Mais là, cest par mon capot avant à peine entrouvert la nuit que se faufile locéan. Et pourtant, il faut bien que je respire un peu tout de même ! Bref, mon oreiller est trempé et quand je dis trempé, je ne veux pas dire humide. Alors, certes, il y a le soleil, je suis daccord, mais tout tenir à bout de bras au-dessus de sa tête pour éviter une nouvelle douche, ce nest pas très pratique. Et puis reste le problème du sel... Jours passés en mer : 31 jours Distance parcourue : 1461 milles - 2705,77 km Le 13 février 2005 Stimulus Pas dautre couleur que le bleu et le blanc. Le même tube de peinture semble avoir peint tout mon univers. Locéan sest mis à respirer plus lentement. OCEOR, fier comme un paon, se dandine sur les vagues. Les poissons volants sont partout, par petites troupes, ce sont des rayons argentés qui sautent hors de leau. Les jours senchaînent, parfois la solitude me pèse. Jours passés en mer : 32 jours Distance parcourue : 1510 milles - 2796,52 km Le 14 février 2005 Étoile filante Le soir venu, assise dans lembrasure de mon capot arrière, jai entre les mains un bol de soupe en sachet dites "aux légumes " ( entre nous ; délicieuse ), les yeux vers le ciel, jadmire les étoiles apparaissant les unes après les autres comme pour habiller la nuit, au grand plaisir de la lune qui déteste se sentir seule. Pourtant à des millions dannées lumière de moi, ici, au milieu de ce si grand océan, jai limpression quelles sont toute proches. La nuit ne va pas être trop sombre ; je suis contente... Vers une heure du matin, jouvre les yeux et à travers la bulle vois passer une étoile filante : vite, vite, un vu ! Pourvu que le Grand Univers ne dorme pas... Jours passés en mer : 33 jours Distance parcourue : 1562 milles - 2892,82 km Le 15 février 2005 Sourire Le ciel est régulièrement balayé par dépaisses masses nuageuses. Ce matin le plafond était bas, plutôt gris. Il a beaucoup plu cette nuit. A midi, tout cest miraculeusement dissipé. La voûte au-dessus de moi est à nouveau dun bleu tendre uniforme à faire pâlir un été en Provence. La mer chantonne sous mes pieds. OCEOR transpire, je rêve de me baigner et pourtant je sais que cela nest pas sérieux. Terrible tentation du diable .les requins sont là ! Je rame plus fort du bras gauche pour compenser la houle ; je me demande si je vais arriver difforme en Polynésie. Jours passés en mer : 34 jours Distance parcourue : 1627 milles - 3013,20 km (la plus grosse journée depuis le début avec 120km) Le 16 février 2005 Comme au printemps « Forcément, si tu attends quil ny ait plus de creux pour te laver, cest pas demain la veille » clame OCEOR. Je passe ma main dans mes cheveux collés par le sel. Pas de soleil aujourdhui. Le ciel est uniformément gris, il bruine de temps à autre, la lumière semble poussiéreuse. Locéan est parcouru de spasmes qui rendent mes coups de rame difficiles. « Cest un jour à rester planqué dans le coffre au trésor au fond de laquarium » ronchonne Pétula. Peu importe, cest décidé : je me lave... Jours passés en mer : 35 jours Distance parcourue : 1685 milles - 3120,62 km Le 17 février 2005 Rencontre La mer est formée et on distingue mal lhorizon. Mon détecteur de radar se met à sonner. Je crois avoir mal entendu. Ici, en plein milieu, je ne mattends pas à avoir de la compagnie ( de terriens jentends ). Mais non, voilà quun nouveau son strident retentit... Ah ! le voilà ; il était caché par les vagues. Une masse métallique dans laquelle se reflète le soleil se dirige vers nous... Jenfile à toute vitesse mon pantalon ( je ne lai pas remis depuis le départ, il y a encore des soles péruviens dans les poches ) et je sors mes jumelles. Il ny a pas de doute : un engin flottant surdimensionné de couleur grise sapproche. Dans des moments comme celui là, jai toujours le cur qui bat plus vite. Je fais les cent pas dans mon cockpit!!!. Je suis sidérée par la taille de ce bateau... Tranquillement, limmense robot de fer avance ; il ne semble pas nous voir. Sommes-nous donc devenus invisibles à force de faire corps avec locéan ? ? ? Déterminé et tout puissant il nous passe sous le nez sans nous jeter le moindre regard... Les Humains, cest en Polynésie quils mattendent. Jours passés en mer : 36 jours Distance parcourue : 1729 milles - 3202,11 km Le 18 février 2005 Mahi Mahi Ces derniers temps, locéan semble avoir oublié OCEOR, comme sil faisait maintenant presque partie de la famille, se mêlant le plus discrètement possible aux éléments. Il est vrai que nous ne voulons pas nous faire repérer, chaque coup de rame sefforçant de ne pas briser lharmonie avec la mer. Nous nous adaptons au mouvement des vagues et je crois quil va bientôt me pousser un troisième bras ( toujours utile pour se tenir ). Aujourdhui, nous avons la visite de dorades coryphènes. Elles se glissent sous le bateau, à labri du soleil. Jours passés en mer : 37 jours Distance parcourue : 1773 milles 3283,60 km Le 19 février 2005 Mi-parcours Jai une migraine à me taper la tête contre les murs, mais passons . Le bleu profond de locéan se mélange avec celui du ciel. Nous avons limpression, OCEOR et moi, dêtre suspendus dans lespace, notre seul point de repère étant lastre doré et brûlant au-dessus de nos têtes. Jours passés en mer : 38 jours Distance parcourue : 1833 milles - 3394,72 km Le 20 février 2005 Creux de 4 mètres Des jours comme aujourdhui on préférerait être bien tranquillement au port. La météo sest considérablement dégradée cette nuit. Jai, bien sur, toujours la migraine et yen a marre dêtre secouée dans tous les sens. On mannonce un cyclone plus au sud. Jours passés en mer : 39 jours Distance parcourue : 1901 milles - 3520,65 km Le 21 février 2005 Sur le rail Invasion des robots de fer au milieu du Pacifique. Entre deux déferlantes, rencontre avec cinq cargos cette nuit, deux au réveil et encore trois dans la journée. Autant vous dire quil ny a pas que cette mer croisée qui perturbe mes nuits. Me voient-ils ? Pour ce qui est des deux derniers, la réponse est assurément négative : ils navaient pas leur radar branché. Jours passés en mer : 40 jours Distance parcourue : 1950 milles - 3611,40 km Le 22 février 2005 Liberté Vous aussi vous regardez la carte, et certains se demandent à quoi on pense au milieu du Pacifique ? Sur mon petit OCEOR, ici, minuscule face au gigantesque paysage, dix mille mètres de profondeur en dessous de nous, de locéan à perte de vue, sous un ciel bleu infini ; jai la tête qui tourne. Comment ne pas se sentir à la fois seule au monde et si libre. Libre des chemins tout tracés, libre de lengagement quon sest fait den arriver là, libre des amarres de plomb dont on se croit à tort prisonnier. Si le bonheur, comme je le pense, cest dêtre là où lon a rêvé dêtre ; alors je suis heureuse. Jours passés en mer : 41 jours Distance parcourue : 2005 milles - 3713,26 km Le 23 février 2005 Poissons pilotes Je suis réveillée par le cliquetis de la pluie de plus en plus fort sur la bulle. Ce bruit est lun de mes préférés. Il me rappelle mon enfance sur la goélette... La pluie mappelle. Puis très vite, comme si lhorloge de la cuisine venait de sonner, le soleil sort de son lit et dun revers de main, sans laisser à la pluie le temps dun arc-en-ciel, repeint tout de lumière. Locéan scintille à nouveau et nous avons la visite de poissons pilotes : une dizaine, en forme de cigares, tout zébrés, que je regarde sagiter à travers leau transparente. OCEOR a remis son masque, je le charge de surveiller Pétula qui pourrait bien avoir envie den croquer un. Ils nont pas lair de raffoler des céréales que je leur tends, mais nous suivent néanmoins toute la journée. Jours passés en mer : 42 jours Distance parcourue : 2103 milles - 3894,76 km Le 24 février 2005 Dauphins Fascinés, OCEOR et moi sommes complètement sous le charme. Pétula, elle, joue la blasée, prétextant quelle en a déjà vu. Autour de nous, sous un soleil brûlant, gambade une famille de dauphins, enfin, vu leur taille, je pense que ce sont plutôt des marsouins. Debout dans le cockpit, je les observe bouche bée. Une bulle de magie se forme autour de nous. Je tape dans mes mains, fait claquer ma langue, siffle, et aussitôt, ils se mettent à faire des cabrioles. Jours passés en mer : 43 jours Distance parcourue : 2165 milles 4009,58 km Le 25 février 2005 Soleil couchant Pétula, les jumelles en mains, recherche un arbre sous lequel nous pourrions nous abriter de la chaleur, mais rien en vue pour le moment. Elle guette alors les premiers coups de fatigue du soleil, OCEOR simpatiente, tout le monde a hâte dune petite pause. Quelques heures plus tard, lastre brûlant baisse enfin sa garde, il cligne des paupières. Je réouvre les yeux doucement, lair devient moins sirupeux, le vent se fait caresse sur mes épaules crispées. Un rideau de nuages tombe sur lhorizon comme pour clore la journée. Nous navons pas eu beaucoup dentracte aujourdhui et cette fin dacte est un soulagement. Jours passés en mer : 44 jours Distance parcourue : 2244 milles - 4155,89 km Le 26 février 2005 Ailleurs Soleil, rafales de vent, orages, puis re-soleil, re-nuages qui recouvrent tout ; la météo est des plus instable. Pour tout vous dire, votre Petit Point Rouge a la tête en fromage blanc aujourdhui, il a du attraper une sorte dinsolation. Jattends avec impatience ce soir pour un peu de fraîcheur. Il y a des jours comme ça où lon aimerait fermer les yeux et se réveiller ailleurs. Je souhaiterais laisser mon corps ici un moment. Jours passés en mer : 45 jours Distance parcourue : 2319 milles - 4294,79 km Le 27 février 2005 27 ° sous les pieds Ça fourmille de jolis petits poissons au dos bleu électrique. On croirait quOCEOR sest vu pousser des nageoires pendant la nuit. Au premier regard ce matin jai limpression que leau na pas la même couleur que dhabitude. Elle arbore une teinte beaucoup plus translucide, un bleu presque tendre ; je regarde sa température : 27 ° waouh, et dire que tout le monde part au ski en France ! Je suis dans une veine de courant, ça souffle et la mer est loin dêtre celle qui lèche le pied des cocotiers. Elle se lève, toute puissante, grince des dents, et dans un râle vient sécraser à nos pieds. Jours passés en mer : 46 jours Distance parcourue : 2337 milles - 4328,12 km Le 28 février 2005 Horizon et mystère Dans la nuit, je me retrouve nez à nez avec un poisson volant ; il vient datterrir sur mon oreiller : une complicité dont avouons le je me passerais bien ! Ils sont partout et semblent apprécier notre hospitalité. Petit à petit, je madapte à cette nouvelle vie, avec ces charmantes surprises, mais surtout sans horloge, sans fioriture ni tricherie. Quarante sept levers de soleil que jai dit au revoir à mes amis péruviens. Jours passés en mer : 47 jours Distance parcourue : 2394 milles - 4433,69 km Le 1er mars 2005 Requin « UN REQUIIIIIIN ! ! ! ! » hurle Pétula debout sur la cabine arrière. Il est environ 12h20, le soleil tape dur, et je suis, les yeux mi-clos, en train de terminer nonchalamment une de mes « délicieuses » purées-jambon lyophilisées. Je suis tellement surprise que le petit sac en aluminium contenant mon repas fait un bond dans mes mains. Sans faire de bruit laileron sapproche doucement. Ma respiration saccélère, je tente de rester le plus tranquillement possible les fesses sur mon siège. Je ne le quitte pas du regard. Jours passés en mer : 48 jours Distance parcourue : 2448 milles - 4533,70 km Le 2 mars 2005 Coriolis A chaque coup de rame un petit tourbillon se crée. Pétula se demande si la mer nest pas en train de se vider. Ça tourne dans le sens inverse des aiguilles dune montre : nous sommes bien dans lhémisphère sud. Toujours sur mes avirons, je compte dans ma tête : 1, 2, 3, 4 .jusquà 10 pour me donner un repère. Parfois je me retourne, comme persuadée quun début d ombre de terre va enfin se présenter, mais lhorizon reste pur, imperturbable, semblant me chuchoter à loreille que rien ne presse. Jours passés en mer : 49 jours Distance parcourue : 2508 milles - 4644,82 km Le 3 mars 2005 Gravure OCEOR est malmené par les flots. Je ne parviens pas à me caler dans ma couchette, ma tête me brûle. Bien réveillée au milieu de la nuit, je regarde à travers la bulle la lune qui sourit de toute sa clarté ; on croirait une gravure à lencre de Chine. Je me laisse envoûter et soigneusement, le sommeil revoile mes yeux. Je rêve de larrivée surtout ... Jours passés en mer : 50 jours Distance parcourue : 2561 milles - 4742,97 km Le 4 mars 2005 Rythme solaire Les jours se succèdent. Je me lève avec le soleil, vis au rythme de sa progression dans le ciel, et ne suis pas longue à me coucher quand lui-même, fatigué, décide de se retirer. Mon désalinisateur me fabrique tous les jours un peu plus deau que nécessaire pour « au cas où » ; cest ma petite réserve de sécurité, un genre de pied de pilote, quoi ! Jours passés en mer : 51 jours Distance parcourue : 2614 milles - 4841,13 km Le 5 mars 2005 Tentation Cest le milieu de la nuit, le ciel est entièrement dégagé et je décide pour fêter ça daller masseoir dans le cockpit. « Attention à ne pas réveiller Pétula » me chuchote OCEOR. Des myriades détoiles font vibrer le plafond dencre au-dessus de nous ; je nen ai jamais vu autant. Elles sont si nombreuses que certaines ne trouvent une place quà lapproche de lhorizon... Ce matin le temps sest calmé, la chaleur est étouffante ; je décide de mettre les pieds dans leau. Les rayons du soleil pénètrent la surface, disparaissent dans les profondeurs en dessinant comme un cône de lumière. Jai limpression dêtre au-dessus dun gouffre ; à la moindre ombre suspecte je relève mes jambes. Diable, quil est tentant ce plongeon qui rafraîchirait mes brûlures ! Jours passés en mer : 52 jours Distance parcourue : 2660 milles - 4926,32 km Le 6 mars 2005 Du pied gauche Quelques gros nuages menaçants traînent dans le ciel comme des blousons noirs en quête dun mauvais coup. Locéan semble avoir été recouvert par un souffle de poussière, ça lui rend la mine triste. Il a la respiration saccadée des jours difficiles, ses ongles grincent sur la coque d OCEOR qui sursaute à chacun de ses brusques mouvements... Jours passés en mer : 53 jours Distance parcourue : 2705 milles - 5009,66 km Le 7 mars 2005 Règles du jeu Le ciel a enfilé un épais manteau de laine ; le gris anthracite des jours où il veut tout laver il pleut cela semble nous isoler encore plus du reste du monde. Océor marmonne entre ses dents quelque chose comme « Forcément, quand Pétula se met à chanter !.. » Mon siège à coulisse grince, on dirait que lui non plus naime pas ce temps. De grosses déferlantes nous surprennent et me voilà trempée... Jours passés en mer : 54 jours Distance parcourue : 2748 milles - 5089,30 km Le 8 mars 2005 Inondation Je suis allongée sur ma couchette ; jécope avec mon bol leau de mer qui vient d inonder ma cabine. Une vague impressionnante nous roule en une seconde sur le côté. OCEOR na pas le temps de me prévenir que déjà ma tête vient heurter la cloison. Par réflexe je me précipite de lautre côté comme je commence à avoir lhabitude pour rétablir léquilibre et éviter un chavirage. Tout sest cassé la figure... Jours passés en mer : 55 jours Distance parcourue : 2798 milles - 5181,90 km Le 9 mars 2005 Le redoux ...Je constate que le cockpit se vide mal ; les dalots ont lair dêtre bouchés. Après un travail de ramonage, je découvre les fautifs : des anatifes. Ça laisse présager létat de la coque. Je me penche alors au maximum vers lextérieur, mais le bateau suit mon mouvement et je ne peux rien voir. Un plongeon va-t-il être indispensable ? Jours passés en mer : 56 jours Distance parcourue : 2842 milles - 5263,38 km Le 10 mars 2005 Deux galères Vous y croyez, vous, aux anges gardiens ? Et bien moi, si jen ai un, il a du pain sur la planche pour les prochains jours. Jai réussi à tendre une main et un bras sous la coque : pas de chance ; jen ai retiré un anatife à multiples pieds de plus de trois centimètres ! Plus de doute, nous avons des passagers clandestins qui ralentissent OCEOR. Je vais donc devoir descendre faire du nettoyage... et mon gouvernail ... Jours passés en mer : 57 jours Distance parcourue : 2877 milles - 5328,20 km Le 11 mars 2005 Plongée sous-marine Jy vais
? Jy vais pas ? Je suis assise sur le bord d OCEOR, les pieds
dans leau, vêtue de mon seul harnais qui, grâce à
ma ligne de vie, me relie au bateau. Le souvenir des derniers jours à
galérer sur mes avirons me donne du courage. « Allez Maud
» me lance Pétula. Le 12 mars 2005 Ça se couvre Une mer hachée stop grosses déferlantes stop OCEOR est brinquebalé dans tous les sens stop je me cogne partout stop mal à la tête et au ventre stop espoir que ça aille mieux demain stop -Maud Jours passés en mer : 59 jours Distance parcourue : 2992 milles - 5541,18 km le 13 mars 2005 Moins une Je maccroche à mes avirons, aux poignées, aux filières, à tout ce qui me tombe sous la main. OCEOR bascule tant et plus. Je rampe dans mon cockpit pour ne pas être entraînée à leau. Le vent souffle et soulève de grosses vagues qui déferlent bruyamment, tous mes muscles sont tendus, quand tout à coup nous manquons de chavirer le capot ouvert. Je rattrape le coup en magrippant du coté opposé. OCEOR serre les dents et se rétablit tant bien que mal. Nouvelle inondation, mais ça a bien failli être pire. Jours passés en mer : 60 jours Distance parcourue : 3042 milles - 5633,78 km le 14 mars 2005 Dans le creux de la vague. La mer reste très forte. Je regarde les déferlantes se former; les creux augmentent, des montagnes deau surgissent en quelques minutes ; elles courent à perdre haleine, écumant de rage, puis, à bout de souffle, sécrasent dans un bruit sourd, ne laissant derrière elles quune longue traînée blanche. Mon ventre se vide. Jours passés en mer : 61 jours Distance parcourue : 3090 milles - 5722,68 km le 15 mars 2005 Pluie apaisante Et il se mit à pleuvoir le ciel semble être venu à mon secours afin dadoucir locéan. Je regarde inlassablement la pluie rebondir sur la surface de leau comme sur une terre desséchée. Locéan joue au dur, mais les gouttes deau sont patientes, elles redoublent deffort. Je vois déjà la mer se faire plus tendre, une longue houle sinstalle, le ciel a tourné la page et a tout redécoré de bleu clair. Pétula, étonnée de voir lhorizon toujours aussi vierge de terre ferme, est partie faire un petit tour devant. Jours passés en mer : 62 jours Distance parcourue : 5833,80 km Reste : 1064,90 km le 16 mars 2005 Baleine Là-bas ! Là-bas !
à moins de 40 mètres devant nous, un puissant geyser déchire
la surface de locéan. Mon estomac se noue, mon cur
se met à battre plus fort, mes jambes se font coton ; une baleine,
un gigantesque cétacé croise notre route. Je suis totalement
subjuguée. Vite, se rapprocher. Une petite voix à mon oreille
me supplie de minquiéter, mais je ne lécoute
pas... le 17 mars 2005 Grain sur le Pacifique Pétula est rentrée bredouille, la terre est encore trop loin ..faut ramer ! Le ciel est devenu progressivement tout noir ; je regarde lombre menaçante sapprocher, la lumière sest presque éteinte, la mer se lève, comme attirée par la voûte immense au-dessus delle. Bien décidée à rester dehors, je tiens ferme mes avirons ; tout à coup il se met à pleuvoir ; un vrai déluge, locéan devient tout blanc ; il semble en ébullition et fume sous mes yeux, leau me fouette le visage. Jours passés en mer : 64 jours Distance parcourue : 6033,82 km Reste : 864,88 km le 18 mars 2005 De la visite Imaginez ma surprise, quand,
alors quisolée, seule dans mon grand univers bleu depuis
si longtemps, je vois arriver sur moi un hélicoptère. Il
tourne bruyamment autour d OCEOR, visiblement très satisfait
de nous avoir enfin dénichés dans cette immensité.
A la VHF on mannonce ; « La frégate PRAIRIAL sera sur
vous dans à peine vingt minutes. Nous faisons route sur CLIPPERTON
pour retrouver Jean Louis ETIENNE, nous voulons savoir si tout va bien
de votre côté » le 19 mars 2005 Il parait que "macarons chauds" ca n'existe pas, mais moi ça me plait bien comme titre Aujourd'hui le ciel est comme un macaron. Une épaisse couche nuageuse craquelée de toutes parts laisse transparaître un bleu presque fondant. J'en ai l'eau à la bouche. L'océan gourmand vient lécher l'horizon fuyant toujours devant moi. Appuyée sur mes avirons, je repense à la journée d'hier. Drôle de sensation que cette rupture dans ma solitude. De retour dans mon monde, l'océan respirant tranquillement sous mes pieds, j'observe le vol de quelques pétrels et j'ai encore plus l'impression que ce n'était qu'un mirage. Cette rencontre inattendue me prépare peut être doucement à l'arrivée. Des poissons volants me sortent de mes rêveries. Pétula les attire avec des grains de riz. La mer ne m'est jamais parue aussi belle, brillante comme un soulier verni, elle joue innocemment avec le vent qui la fait écumer par endroit. Des sourires, Jours passés en mer : 66 jours Distance parcourue : 6237,54 km Reste : 661,16 km le 20 mars 2005 Rappel à lordre Chavirage le
capot à demi ouvert pour pouvoir respirer = frayeur assurée.
le 21 mars 2005 Sur le fil Mon téléphone ne marche plus une fois sur dix. L'écran n'affiche plus rien, la touche ON/OFF ne répond plus et je ne sais pas s'il charge convenablement. La procédure avec la Terre est la suivante: dans le cas où il s'éteint définitivement je branche ma deuxième balise ARGOS et rendez-vous à l'arrivée! La nuit fut rude, sans air; allongée sur ma couchette autant gorgée d'eau que mon duvet et mon oreiller, je grelottais. De grosses déferlantes soulèvent sans cesse OCEOR, qui retombe à chaque fois plus violemment sur les flots. J'ai mal partout. La peur d'un nouveau chavirage me hante. Impossible de faire sécher quoi que ce soit avant que l'océan ne se calme. Je fais le gros dos. Jours passés en mer : 68 jours Distance parcourue : 6424,59 km Reste : 474,11 km le 22 mars 2005 Dans ma bulle ...Le soleil se lève, Pétula mon petit coq des mers a retrouvé sa voix. Dans le cockpit elle fixe des yeux quelques moelleux nuages, édredons de l'aube qui, à l'horizon se maquillent d'une douce et tendre lumière rose. OCEOR y voit là d'appétissants marshmallows. Décidément on a envie de sucre à bord. Il va faire beau et chaud, je sors enfin mes affaires pour qu'elles sèchent. Dans la journée le ciel se dégage complètement et prend une teinte si pâle qu'il m'apparait presque blanc. Jours passés en mer : 69 jours Distance parcourue : 6533,86 km Reste : 364,84 km le 23 mars 2005 Trève Ce midi, coucous lyophylisé (cest quelque chose !) et petite discussion avec locéan. Nous avons conclu une trève. De combien dheures, de jours... je ne sais pas mais je vois néanmoins dun bon oeil le répit accordé. A chaque pause je scrute attentivement lhorizon comme si je mattendais à voir bondir le début dune Terre. Mais rien ! Toujours aucun signe des îles Marquises. Je regarde la carte. La civilisation semble maintenant si proche. Je vise un petit point ocre sur un fond bleu, île bien connue dHiva Oa. Je fredonne déjà des airs de Brel en rêvant aux toiles de Gauguin. Je pense y être Samedi ou Dimanche si tout va bien. Jai du mal à y croire. Je redouble de vigilance et de prudence. Jours passés en mer : 70 jours Distance parcourue : 6650,53 km Reste : 248,17 km le 24 mars 2005 Survol de Yelling Delta Deux mètres
de creux, vingt noeuds de vent, mer croisée...courte trêve
! OCEOR serre les dents, tandis que je fais très attention de ne
pas passer brusquement par dessus bord. Un avion de la Marine doit me
survoler ; cest super sympa mais entre nous je suis un peu ennuyée
parce que je voudrais bien me laver. Ben oui, avant larrivée
quoi. Je joue donc ma carte chance. Enfin, soyons honnêtes, disons
plutôt que je mise sur le fait quils vont avoir, je pense,
du mal à me localiser. le 25 mars 2005 Toujours rien en vue! Ca en devient presque rageant. Les côtes nont tout de même pas pu disparaître du jour au lendemain, saperlipopette !? Oui, il y a bien une multitude doiseaux autour de moi, cest un signe je vous laccorde. Mais où la terre ? La chaleur est cuisante. Jai limpression dêtre sous un grill dans un four géant. Impossible de régler le thermostat. Je toaste littéralement. Je vois bien quelques nuages à lhorizon, peut-être que les Marquisiens se cachent dessous pour sabriter du soleil !? Je rame toujours. Jours passés en mer : 72 jours Distance parcourue : 6893,14 km Reste : 5,56 km le 26 mars 2005 C'est pour aujourd'hui Au pointage de 7h54 ce matin, il ne restait que 0 km à parcourir ? Entendu à la radio elle est arrivée Je me retourne encore une fois timidement... Ca
y est, je la vois ! le 27 mars 2005 Arrivée Pas beaucoup de commentaires sur le site de Maud, mais trois belles photos de son arrivée triomphale. Elle l'a bien méritée.
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Positions en direct | |
La dernière position : carte | |
Le parcours
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La route vue de loin le 25 mars 2005 |
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Le point chaque jour, enfin presque !
Arrivée ce soir
26 mars 20h |
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Ses livres | |
Son livre sur la traversée de l'Atlantique
Nord
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Son livre sur la traversée du Pacifique Sud
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Bientôt un livre sur son Tour du Monde à
Contre-Courant
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