Algérie (suite)
     

Installation à Maison-Blanche BA 149 en octobre 1961, jusqu'à l'abandon définitif de la base en septembre 1962, j'étais dans les derniers à la quitter. En fait, une partie de l'aéroport est restée une enclave française (le contrôle aérien) et à cause de ma spécialité, je me rendais au moins une fois par semaine depuis Réghaia à Maison-Blanche dans le contrôle aérien pour la maintenance jusqu'à mon départ en janvier 1963.
Pour l'anecdote, les algériens n'avaient aucune aviation, alors que faire d'une base aérienne ? En fait la piste était aussi celle de l'aviation civile et donc logiquement, elle revenait de droit aux algériens, bien qu'exploitée par les français. Pendant les 4 mois où je suis revenu travailler, je n'ai vu que des chameaux sur les pistes.

Pour se repérer dans les différents lieux décrit ci-après, voir la carte centrée sur Maison-Blanche et une carte postale de l'époque.

     
Dans le trapèze ci-dessus, on trouvait le standard de la base (manuel avec des fiches pour mettre en relation les correspondants), nos ateliers et magasins, nos chambres et, en haut (il reste quelques arbres) un petit jardin avec une fontaine,

où nous venions nous reposer.


Cela pour l'aspect convivial, car la vie à Maison Blanche n'a pas été de tout repos...

Entre autre au niveau discipline, car la prison et les corvées étaient supervisées par un adjudant-chef complètement "taré" (et je pèse mes mots) qui avait transformé la prison de la base en véritable bagne, j'ai failli la visiter, mais c'est une autre histoire pour plus tard.

Au bout de la cour, nous étions très près des pistes.

Les derniers mois de 1961 et début 1962, (avant les "accords d'Evian"), la vie à Maison-Blanche était plutôt sympathique, je perfectionnais mon métier, je montais en grade, et les corvées, comme gardes des pistes et de la base, se transforment très vite en assistance au convoyage des officiers pour leur déplacement, plus cool, mais aussi une aventure à vous conter, c'est toujours la guerre.

 

Nous pouvions bénéficier de permissions le dimanche pour aller nous baigner sur les plages, celle que je préférai, c'était "les ondines" à la Pérouse (c'était le nom de la plage ci-dessous et la pointe d'El Marsa où nous faisions de la plongée, avec un copain sergent) ...

 

ou aller danser à Alger, assez peu finalement. Nous allions pas loin de la fac, Rue Michelet qui s'appelle aujourd'hui Rue El Khettabi.

 

 

cliquer sur la photo pour voir ex-café l'OTOMATIC

En plus l'aéronavale faisait des fêtes d'enfer, comme la Saint-Eloi par exemple, en décembre 61, heureusement car l'atmosphère "politique" était assez lourde après les évènements d'avril 61. Je rappelle que l'aéroport de Maison Blanche avait été pris par les putschistes et beaucoup de gradés avaient été remplacé malgré l'opposition d'une grande partie de la base (lire quelques témoignages ici).

Pendant les 12 mois où je vis à Maison-Blanche, beaucoup d'aventures, ma mémoire peut me jouer quelques tours, et je ne garantie pas l'exacte chronologie des évènements, mais je vais essayer de vous les illustrer.
Pour commencer, parlons un peu de mon travail sur la base en images :

La tenue est un peu sale, mais quand il faut y aller, je répare des lignes dans le répartiteur

Sur un télétype dans l'atelier

 

 

 

la photo est râtée, mais en tirant sur les pixels... cela fait un souvenir de plus.

Toujours dans le répartiteur, mais je suis plus propre et surtout je suis passé caporal

Malheureusement, l'inscription au tableau, ce n'est pas pour moi, j'ai encore un an a tirer...

 

 

Je rédige un compte-rendu de dépanage.

Nous rendions souvent visite aux téléphonistes, après le travail, dans le standard proche. Il m'est aussi arrivé de les remplacer de temps en temps, mais le grand intérêt et aussi un jeu pour nous, c'était d'intercepter les lignes après la fin de conversation (pile au moment où la petite lumière s'éteignait). Nous pouvions souvent accrocher les téléphonistes de France. Je finis par en connaître pas mal, surtout à Orly, et je pouvais ainsi communiquer quelques minutes par semaine avec mes parents qui habitaient à Juvisy-sur-Orge.
Avant de partir en Algérie, je connaissais une fille, une bretonne de Brest, dont le père travaillait à la poste de Brest et cela facilitait les communications entre nous : en me fixant un créneau horaire, il m'appellait au standard de la base et je pouvais ainsi faire la "causette" avec sa fille. Ce n'était qu'une bonne copine, mais avec l'éloignement, les relations sont difficiles, et à la première et seule permission en métropole, nous avons rompu, le téléphone n'y était pour rien.
     
 
Quelques témoignages avril 61, je ne suis arrivé qu'en juin 61
 
1) dans la nuit du 21 avril 1961 les troupes du 1er REP ont pris possession de l'aéroport d'Alger Maison-Blanche et nous nous sommes réveillés ce matin là encerclés . Les généraux CHALLE, JOUHAUD, SALAN et ZELLER ont tenté un coup d'état que tout le monde connait . Les personnels bloquent les pistes et empêchent les avions de décoller ....
A la fin du Putsch nous avons eu la visite de l'Amiral CABANIER et divers messages reçus ....

2) Je me rappelle trés bien de cette journée, j'étais déjà civil et je travaillais à la compagnie d'hélicoptères GYRAFRIQUE, affolement général je me souviens d'un Nord 2501 de l'armée de l'air qui voulait décoller si vite que dans un virage de taxyway, il a planté son train dans l'herbe. Pour nous, civils c'était un sacré spectacle...

 
La suite