Algérie (suite)
   

Les temps forts à Maison-Blanche, était quand même les gardes, la nuit, qui heureusement n'ont pas durées longtemps. Comme je suis monté en grade rapidement, je devais accompagner, en voiture, les gradés qui se rendaient à Alger. C'est ainsi que j'ai fait de nombreux aller et retour de convoyage. Malheureusement un soir, notre véhicule (bien que banalisé) a été pris pour cible dans un carrefour de Bab El Oued, pas loin de l'hôpital d'Alger. Le chauffeur a eu le rélexe d'accélérer comme un malade et personne n'a été blessé. Mais nous avons eu chaud sur ce coup là. C'est la deuxième fois que je me faisais tirer dessus, même si je n'étais pas visé directement, ça fait drôle. L'ambiance dans à Alger en ce début de l'année 1962 est très glauque.

Premier retour en Métropole : Notre base était complètement consignée (vu les évènements) et impossible de sortir, même pour aller à la plage et je reçois un courrier m'annonçant la mort de mon oncle Jacques, il est décédé le 21 mars 1962, et avec lequel j'avais beaucoup d'affinité. J'en parle à mon sergent qui me dit "pour un décès de famille proche, il y a la possibilité d'avoir une permisssion de trois jours". Je remplie la demande qu'il me signe sans problème. Comme la date de l'enterrement était très proche, il me conseille de suivre le papier de bureau en bureau, d'abord mon adjudant, responsable de notre section, puis un lieutenant responsable du service des transmissions. Tout ce petit monde signe sans problème, pensant peut être que cela bloquerait plus haut. Et voilà la permission emportée chez le colonel, chef de notre base de Maison-Blanche, qui lui signe aussi, sachant que la base était complètement fermée et que je pourrai pas aller bien loin, il n'avait pas voulu me faire de la peine. Il est 4h de l'après-midi, j'ai une "perme" de 3 jours. Je me prépare et décide de rejoindre l'aéroport par les pistes près de nos ateliers (impossible de sortir). J'arrive à la limite militaire-civile, et là je tombe sur le barrage de protection de notre base. Après discussion avec le gendarme, plutôt sympa et compréhensif qui me laisse passer, mais me prévient que je ne pourrai pas faire demi-tour car il ne sera plus de garde. Qu'à cela ne tienne, j'ai une permission de trois jours en poche et une certaine inconscience.
J'arrive dans l'aéroport par le tarmac et là je découvre une pagaille absolument gigantesque, les français d'Algérie (pieds-noirs) essaient d'embarquer par tous les moyens. Je rappelle que les accords d'Evian ont été signé il y a 4 jours, le cessez-le-feu aussi, jusqu'au jour de l'indépendance en juillet prochain. Tous les services de l'aéroport sont fermés et en grève, quand je vous dis pagaille... Pas assez de siège, du monde allongé par terre. Je réussis à me faire remarquer par un officier de l'air et je passe dans les bureaux pour expliquer mon cas. Ça va être difficile. Un avion d'Air France arrive et je vois débarquer le pilote, un bon copain, nous volons souvent ensemble à Toussus-le-Noble, car je fais parti de l'aéroclub d'Air France. Il est désolé, il ne peut pas m'emmener, il continue vers Dakar, mais il va laisser un mot à son collègue qui retourne à Paris ce soir.

Bréguet deux ponts, appellé "Provence"
© Ralf Manteufel

Je rencontre le pilote qui doit rentrer sur Orly ce soir sur un Breguet comme sur la photo ci-dessus. Il me dit qu'il va s'arranger et me fait une petite place dans le pont du bas (on a peut être laissé un pied-noir dans l'aéroport, tous les vols sont pris d'assaut) toujours est-il que l'avion décole vers minuit et que je me retrouve à Orly à 3 heures du matin. Comme promis à Air France, j'ai régularisé mon billet à Orly en arrivant. Là j'ai trouvé un taxis qui m'a emmené jusqu'à Juvisy, rue Albert Sarrault où nous habitions. Lorsque j'ai sonné à la porte, il était 4h30 du matin, ma mère n'en croyais pas ses yeux, il n'y avait pas de portable à l'époque et de toute façon, mes parents n'avaient pas le téléphone.
Toute le famille a été vraiment très surpris, moi le premier : faire du stop sur un aéroport pour revenir en métropole, c'est simplement incroyable.

Deuxième retour en métropole, au mois de mai : à cette époque, j'étais croyant et pratiquant, je fréquentais l'aumonerie et la cathédrale d'Alger. C'est là que des copains m'ont suivi et ce sont fait baptisés et j'ai

la cour de l'évêché
la cathédrale Saint-Philippe en 1962
participé à l'organisation du pélerinage de l'armée de l'Air à Lourdes. Par contre, pour ce voyage, l'aller et le retour 6 jours après c'est fait en bateau. L'aller sur le Sidi Ferruch, ça va rapeller des bons souvenirs à certain. Le retour, c'est fait sur le Kairouan. Cliquer ici pour voir le départ.