Le service militaire de mai 1961 à janvier 1963
     

Pour mémoire, en ce temps là, les activités militaires commençaient bien avant, et entre autre par :

  1. le conseil de révision ; (je l'ai passé à Longjumeau, dans le folklore le plus complet, tous à poil, à la queue leuleu...)
  2. les 3 jours ; (du 28 février au 1er mars 1961 au Fort de Vincennes)
  3. Sous les drapeaux du 15 mai 1961 au 15 novembre 1962 (18 mois légal) et maintenu sous les drapeaux jusqu'au 13 janvier 1963. Un ami que je ne connais que par Internet, m'a envoyé la Note de Service de la libération de notre contingent 61/2, avec la procédure de rassemblement et de prise du bateau pour Marseille. C'est un document exceptionnel.
     
Chartres BA 122 (fermée en 1997)
 

Les classes et surtout les vaccinations :

TAB-DT et Typhus : 3 injections de chaque entre le 26 mai et le 30 juin. Le rappel de Typhus a été fait en Algérie le 21 juillet 1962.

 

 

Un dimanche après-midi, pendant les classes sur la Base aérienne de Chartres (BA-122) avec ma soeur. Je n'avais pas 20 ans.

C'est là que j'ai fait mes "classes" avant d'embarquer à Marseille sur le Sidi-Ferruch le 21 juillet 1961.

 

Le passage à Marseille par le centre de transit de Saint-Charles, fut un mauvais souvenir, dans la mesure où il y avait à l'extérieur des manifestations pour nous empêcher de partir !

 

  © A.Hillion Photo prise le 4 juin 1961  
  Dès la première semaine, nous savons à quoi nous en tenir. Voilà un document qui va rappeler des souvenirs à beaucoup d'entre nous. On y trouvera, entre autre, le barème de la solde du soldat (voir ci-dessous), mais aussi les formalités pour se marier par exemple.
Merci à Emile Grimaud qui m'a fait parvenir ce souvenir
Algérie
 
Nous débarquons dans le port d'Alger le 22 juillet 1961 et en route pour le nouveau centre de transit d'Hussein-Dey BA 148, où nous ne restons qu'une nuit avant de nous embarquer dans des camions pour Mouzaïaville ERT 805 , ( un document trouvable sur internet raconte un morceau de l'histoire de cette base, en cliquant) une petite bourgade à l'ouest de Blida, dans la plaine de la Mitidja (entrée de la base et autres vues). En fait, la caserne de Mouzaïaville BA-140 est une école. L'école des transmissions où j'ai été affecté pour environ 3 mois afin d'apprendre une spécialité. Dès la première semaine, nous prenons connaissance de nos nouveaux outils, ci-dessous !!! non je plaisante, mais comme dans toutes bonnes casernes, il y a des corvées pour les bizuts et ce premier week-end passe en entretient de la caserne. Pour vous repérez, cliquer ici pour voir la carte de la région, j'ai entouré en bleu tous les endroits où je suis passé. Voir une carte postale de l'algérois.
Il n'y a pas de sots métiers (je suis le 3ème en partant de la gauche)
Photo prise le 30 juillet 1961
Cette photo a été reprise par un ancien pour décrire la base, le document est accessible ici
 

Nous sommes fiers d'arborer notre insigne des Transmissions de l'armée de l'air

retrouvé par un ami

Autre souvenir, le barème des soldes de soldat, ci-dessous avec la notation en NF (*)

(*) Revenu au pouvoir en juin 1958, le général de Gaulle décide de réformer la structure économique du pays, et confie à Antoine Pinay et à l'économiste Jacques Rueff, la mission de créer un « franc lourd », en parallèle d'une nouvelle dévaluation de 17,5 %. Ce « nouveau franc » vaudra 100 « anciens francs ». L'abréviation est « NF ». 1er janvier 1960 : mise en circulation. En 1963, le nouveau franc est simplement appelé « franc ».

Ma première paye en 1958 était de 128 F de l'heure, transformée en 1,28 NF, mais ma première solde 9 NF par mois, un bon prodigieux. (P.D.L = pendant la durée légale de 18 mois) et (A.D.L.= au-delà de la durée légale), le pérou avec 78,30 NF, eh oui entre temps j'étais passé caporal.

   
C'est le jour de mon anniversaire, j'ai 20 ans aujourd'hui (un titre de film : 20 ans dans les Aurès).
  photo prise le 6 août 1961 en plein effort, je suis à gauche
 
  photo prise le 6 août 1961 la pause, je suis à gauche
Nous devions monter la garde très souvent, et pendant plus d'un mois, faute d'effectif suffisant, nous prenions notre tour, un jour sur deux. Ces gardes consistaient, soit à surveiller la caserne (dans des miradors), soit à garder des fermes isolées dans la plaine. Les lieux sont indiqués par une croix au milieu d'un petit carré bleu sur la carte. La ferme, à gauche, était sympatique dans la mesure où les propriétaires nous accueillaient avec beaucoup de respect et de gentillesse. Ils nous accueillaient à leur table pour boire et manger (petit-déjeuner) et discutaient souvent avec nous. Ils avaient une fille très sympa!!! C'est pourtant dans cette ferme que je me suis fait tiré dessus la première fois. Ce n'était pas mon tour de garde, je dormais sur le toit de la petite tour qui nous servait de mirador car il faisait trop chaud en bas et bonjour les punaises, nous étions littéralement "bouffé". Jamais je ne suis descendu aussi vite de mon perchoir. En fait, nous l'avons su après par la radio, nous n'étions pas directement visés cette fois, c'est une patrouille de la légion qui avait été "accrochée" à moins de 100m des bâtiments où nous nous trouvions. Pour l'autre ferme, celle à droite de Mouzaïaville, là c'était une autre galère, malgré plusieurs attaques de leur ferme, nous étions là pour défendre leurs biens, et les propriétaires ne nous parlaient pas, pas un bonjour, pas un merci, et pour le petit-déjeuner, un coup de pied dans la porte pour nous réveiller et un broc de café. Une horreur, du même coup, nous ne leur faisions pas de cadeau. Dès que nous arrivions dans la ferme, les propriétaires étaient priés de rentrer chez eux et de se barricader. Nous pouvions alors à loisir, avant qu'il fasse nuit, nous servir dans l'orangeraie... Trois photos des fermes que nous gardions cet été 1961
 
Photo prise le 27 août 1961
en attendant de partir à la garde
  Photo prise le 9 août 1961 C'est l'heure de la relève

Pour les loisirs pendant cette période d'apprentissage des transmissions (téléphones et télétypes), nous avions quelquefois la possibilité d'aller boire un coup en ville et d'acheter quelques friandises, cela nous changeait du foyer où il n'y avait pas grand chose (grâce à un ami du web, vous trouverez une photo du foyer prise un peu après mon départ, il me l'a fait découvrir sur "Copains d'avant"). Ci-dessous quelques photos de Mouzaïaville.

 
Le panneau pas très loin du mur de l'enceinte de la base
 
Mouzaiaville

Vue d'avion, Mouzaïaville est une bourgade entre Blida et El Affroun sur la N29, la base se situait à l'entrée du bourg. (On ne peut la voir sur cette photo, elle est hors cadre à droite)

 

cliquer pour agrandir

 
La rue Mirabeau où il y avait des commerçants
 
Le carrefour principal, avec le monument Aux Morts.
 
Autre vue centrale
 
Mouzaiaville

L'église de Mouzaïaville, bien que pratiquant à l'époque, je n'y suis allé qu'une seule fois. Les messes étaient dites sur la base.

Elle a été démolie et remplacée par une mosquée.

Cliquer sur la vignette pour voir d'autres photos.

 

 

 
La rue principale
Toutes les photos de Mouzaïaville sont extraites du web ou de carte postale.
Lorsque nous n'étions pas de garde le week-end, nous pouvions aller à la plage, en fait nous n'y sommes allés que quatre fois, car cela présentait malgré tout un risque. Nous allions à la plage des "Sables d'or" près de Sidi-Ferruch et de Zéralda.
Une fois nous sommes allés visiter les ruines de Tipasa, magnifiques. Quelques photos ci-dessous.

Notre séjour à Mouzaïaville était d'apprendre une spécialité, les transmissions et également notre "métier" militaire.

1) Pour les transmissions, 2mois de classe et de travaux pratiques, comme je l'ai dit plus haut, j'ai appris comment fonctionne les téléphones et les télétypes. Cela allait des lignes et leurs supports, mais aussi aux postes d'appel et aux standards qui n'étaient pas encore automatiques. Le stage s'est terminé par un examen et nous donnait le choix de notre affectation en fonction de la place obtenue. Je terminais 2ème sur 60 et j'avais donc tous les choix possibles. J'ai longtemps hésité entre trois possibilités. La première, le sahara, j'avais l'opportunité de me faire affecter à Réggane, la seconde Maison-Blanche (aéroport d'Alger) ou en troisième de rester comme "prof" à Mouzaïaville. J'ai opté pour mon second choix, avec une arrière pensée : Maison-Blanche représentait une porte vers la France. Nous verrons par la suite que cela m'a beaucoup servi, se fut donc un bon choix, malgré la très grande attirance vers le désert et peut être inconsiemment vers le nucléaire.

2) Pour le militaire, nous n'avions, bien entendu, pas terminé notre apprentissage à Chartres et donc les cours étaient entrecoupés de séances d'entrainement : au "parcours du combattant", close-combat, maniement d'arme et approndissement des études théoriques sur les armes, la stratégie, les transmissions etc. Notre stand de tir était près de l'entrée des gorges de chiffa (nous n'avons pas eu le loisir de vraiment les visiter). C'est au cours d'un parcours du combattant, le 12 août, que je me suis foulé la cheville (je me suis mal reçu en sautant du haut du premier obstacle, l'échelle de corde). Le médecin me fit rapidement une piqûre de "novocaïne" dans la cheville, mais il a du toucher quelquechose qu'il ne fallait pas car sur le brancard, je me suis tétanisé complètement et eu égard à la température ambiante, je commençais à me déshydrater (la flotte coulait sous le brancard). Décision fut prise de m'envoyer à l'hôpital de Blida (quelques images de Blida), de toute façon Mouzaïaville n'était pas équipée en matériel de radiographie. Comme nous étions dimanche, il ne se passa pas grand chose ce jour là et j'en bavais pas mal. Il n'y avait rien de cassé, mais l'entorse était sévère. J'allais être tranquille un moment. Détail amusant, si l'on veut, mais le lundi après-midi, alors que j'étais assoupi dans mon lit, je me réveillais brusquement, quelqu'un secouait mon lit. Stupeur, j'étais seul dans la chambre et mon lit bougeait ? C'était, en fait les traces d'un tremblement de terre dans la région de Constantine.

Vue de l'agglomération de Blida

autre vue (en couleur)

Autres anecdotes : (pas drôle sur le coup), comme j'étais au repos sous la tente (exempté de gardes et de corvées), mes copains m'avaient chargé des approvisionnements de la chambrée. Ainsi, un matin de très bonne heure, (avant l'heure légale du lever) pour avoir du café chaud sans faire la queue, je me suis rendu dans les cuisines pour faire le plein. Aïe, je me suis fait pincé par la garde et envoyé au poste. J'écoppais de 8 jours de salle de police, c'est à dire coucher au "niouf" et travailler dans la journée. Heureusement pour moi, je n'y suis resté que deux nuits, car comme je l'ai dit plus haut, la base manquait d'effectif pour les gardes et en plus, l'adjudant de semaine, était breton et entre pays il a très vite effacé l'ardoise.

Il n'y avait pas que moi qui bravait le couvre-feu, un matin que j'étais de garde dans un des miradors de la base, côté route nationale (près du stade), je me suis trouvé en face d'un grave problème, voyant arrivé un petit groupe d'algériens (en fait des femmes et des enfants qui partaient aux champs), ne s'agissant pas de fellaghas, que faire ? je me suis fait tout petit et j'ai laissé passé, mais il s'en passe des choses dans la tête...

À la mi-octobre, nous quittions Mouzaïaville et la BA 140 pour rejoindre nos nouvelles affectations :

     
 
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Suite : Maison-Blanche